Le Deal du moment :
Display 24 boosters Star Wars Unlimited – ...
Voir le deal

Partagez
 
 Chroniques d'un temps, par Joana O'Donnell
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
  • Invité
  • Invité
MessageSujet: Chroniques d'un temps, par Joana O'Donnell   Chroniques d'un temps, par Joana O'Donnell EmptyLun 21 Aoû - 8:30:56

*Titre de ta nouvelle : Chroniques d'un temps
*Présentation de l'histoire: la 4ème année de nos héros poudlariens, vue sous un autre angle...
*Protagonistes : en plus des personnages inventés, les jumeaux Weasley, Lee Jordan, Lavande Brown, Parvati Patil...
*Catégorie : 4ème année de un ou plusieurs élèves à Poudlard
*Genre : c'est un mix de genres, on va dire
* Nombre de chapitres : 16
* Statut : complet

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------

© Les personnages originaux et la trame de fond sont la propriété de J.K.Rowling. Cette histoire n’a pas écrite dans un but lucratif et ne rapporte rien à son auteur, sinon le plaisir de se plonger dans l’univers créé par J.K.Rowling.

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------


Chapitre 1: Il pleut…

Il pleut. J’aime pas la pluie. Je n’ai jamais aimé d’ailleurs. C’est froid et déprimant. La température tombe brusquement, et je vais encore attraper la grippe. Déprimant, je vous dis. Ah non, de l’orage. Pitié, tout sauf ça. Si je n’aime pas la pluie, je hais l’orage. Ne le répétez pas, mais ça me terrifie.
« une si grande fille ? Encore avoir peur de l’orage ? Ce n’est pas sérieux ? »
Et bien, si, ça l’est.
Pff, encore une journée où je me dis que j’aurais mieux fait de ne pas me lever. Pourtant, je suis bien obligée. Que voulez-vous, magie ou pas, les emplois du temps ne sont pas modulables à volonté, et je suis bien forcée d’aller en cours.
D’ailleurs, on est en cours d‘étude sur les moldus, là. Enfin, je crois.
« comment ça, tu crois ? »
On va dire que je ne suis pas exactement ce qu’on pourrait appeler un modèle de sérieux. En plus, la pluie bat vraiment fort sur les carreaux. Bon, d’accord, ce n’est pas franchement une excuse.
Mais pourquoi j’ai choisi cette matière là en option ? Je m’y connais en moldus, pourtant. Mon père est moldu. Ma mère, elle, c’est une cracmol, dont la famille n’a pas très bien vécu l’absence de pouvoirs. Allez savoir pourquoi chez certains sorciers, cracmol, c’est la pire des maladies qui soit, ce n‘est pas très loin de pestiféré. Moi je ne vois pas l’inconvénient. D’ailleurs pour le moment, je n’ai pas bien trouvé où est l’intérêt de vivre dans le monde magique. Certes, il y a des avantages…. Mais au moins, chez les moldus, on ne vit pas sous la menace perpétuelle de l’éventualité d’un retour du plus grand méchant que la terre n’ait jamais portée. Vous voyez de qui je veux parler. Bien sûr que vous savez. De Voldemort, évidemment. Arrêtez de grimacer comme ça. Ça aussi, c’est quelque chose que je ne comprend pas vraiment : cette manie de pousser des cris de chouette effraie à chaque fois que ce nom est prononcé. Il faut croire qu’il faut être sorcier à 100% pour comprendre.

Au fait, je ne me suis pas présentée. J’m’appelle Ellis. Ellis Maxwell. Comme le café moldu, si ça vous amuse. Personnellement, je préfère dire comme le grand physicien, vous savez, James Clerck Maxwell, celui qui a établi les équations de l’électromagnétisme…. Non ? …. Bande d’incultes.
Mon père, lui, loin d’être un scientifique, travaille dans le bâtiment. Rien d’aussi palpitant que joueur de Quidditch ou langue-de-plomb au département des mystères. Il est architecte en fait. Quant à ma mère, elle ne trouve pas vraiment sa place, tant du côté sorcier que moldu. Trop sorcière pour être une vraie moldue, et trop moldue pour être une vraie sorcière.

Tiens, ça sonne. Le cours doit être fini. Il faudrait que je voie à remballer mes affaires et sortir.
- Mademoiselle Maxwell, venez.
Je ferme les yeux et je me retourne vers la prof avec un sourire totalement faux sur le visage.
- Oui, professeur ?
- Mlle Maxwell, je sais que vous…. enfin… vos parents….
Il faudrait m’expliquer pourquoi ils se sentent tous aussi coincés. A ce que je sache, moldu, ce n’est pas une maladie incurable.
Dans un élan de philanthropie, je lui facilite la tâche. De la bonté d’âme ? Non, j’ai juste envie de sortir de là le plus vite possible.
- … sont moldus, professeur.
- En effet. Cependant, cela ne vous empêche pas de suivre le cours comme tous vos petits camarades.
Cette prof a le don de nous traiter comme des gamins de trois ans. Elle n’a peut-être pas bien compris qu’on était en quatrième année, raison pour laquelle je suis dans ce cours d’ailleurs.
« Si ça t’embête de faire ça, pourquoi tu as choisi cette option ? »
Parce que c’était ça ou étude des runes. Déjà que décrypter ce qu’il y a écrit sur les annonces publicitaires relève de l’exploit, alors si en plus je dois essayer de comprendre des runes ancestrales…. Et puis, c’est tellement marrant de voir les autres essayer de comprendre à quoi sert un micro-ondes et comment ça marche….

Ça y est, elle a fini par me laisser sortir après son sermon. « Je serais obligée d’en référer aux autres professeurs lors de la prochaine réunion. C’est bien à contrecœur, mais vous m’y contraignez et…. »
Sale conne. Si c’est à contrecœur, ne le fait pas. Mais bon, la vie est ainsi faite…. De plein de petites choses qui viennent perpétuellement vous pourrir le quotidien.
Mais non, je ne suis pas défaitiste, je suis réaliste. Un réalisme plutôt noir, je vous l’accorde. Et alors ? J’aime pas la guimauve. Je crois même que je fais de l’allergie au bonheur. Et croyez-le ou non, je ne suis pas à Serpentard. Encore plus surprenant, je suis à Gryffondor. La maison des super-héros, paraît-il. Et pourtant, la vieille chiffe qui fait le tri à notre arrivée a hésité longuement à me placer. Je finis par me dire qu’il s’est résigné à me mettre là en espérant se débarrasser de moi lors d’un acte héroïque à souhait. « Inclassable, n’a pas sa place à Poudlard. » Ça n’aurait pas vraiment fait sérieux. D’autant plus qu’il paraît que j’ai développé d’étranges pouvoirs très tôt. Je suis métamorphomage. -Moi, je me plais à dire ‘métamorfromage’-. Des fois que vous ne sauriez pas ce que ça veut dire, je peux changer d’apparence à volonté. D’ailleurs, il paraît que ça a fait hérisser les cheveux de quelques unes de mes maîtresses en primaire, de se retourner pour découvrir que mes cheveux sont brusquement devenus vert pomme voire pour tomber face à leur propre visage. Il y en a même une qui a essayé de me faire interner, c’est un monde.


Trêve de bavardages en tous genres. Je ne comprends même pas pourquoi je déballe ma vie devant vous. Parce qu’il le faut ?
Comment est-ce arrivé ? Je n’en sais rien, moi, comment voulez-vous que je le sache d’ailleurs ? Et puis, qu’est-ce que c’est que ça ? Un interrogatoire ? Oui ? Ah bon. Et je suis vraiment obligée de répondre à toutes ces questions ? En plus, vous les connaissez déjà les réponses, non ? Elle est agaçante, cette lumière, il n’y aurait pas moyen de la baisser un peu ? J’aime pas ça, point. Vous m’agacez, vous savez ça? Comment ça, c’est moi qui suis agaçante ? Eh oh, je ne vous permet pas !


Dernière édition par le Ven 19 Jan - 23:25:18, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
  • Invité
  • Invité
MessageSujet: Re: Chroniques d'un temps, par Joana O'Donnell   Chroniques d'un temps, par Joana O'Donnell EmptyLun 21 Aoû - 8:33:49

Chapitre 2: le temps des martyres

J’ouvre les yeux ce matin là l’esprit totalement embrouillé. Tout en me levant pour chercher mes affaires, j’ai l’étrange impression d’avoir oublié quelque chose. Mais pas moyen de mettre la main sur ce que ça peut bien être. Je descends dans la salle commune -je vous ai dit à quel point elle était affreuse cette tapisserie rouge?- et en voyant la plupart de mes camarades en train de bouquiner, ça me revient. Le devoir de DCFM ! Et merde ! En plus, ce Maugrey est vraiment pas commode -doux euphémisme-. Si vous saviez comment ça peut être perturbant cet espèce d’œil qui tourne partout et qui vous empêche de faire la sieste en cours. Je le revoies encore :

« - Tarantallegra !
J’ai fait un bond sur ma chaise. Rien de plus efficace pour réveiller un élève somnolent. Mes jambes se sont mises à danser sous moi, et bien évidemment, dans l’instant qui suivait, toutes les têtes se tournaient dans ma direction.
- Finite. Miss Maxwell ! Vous voulez que je vous prête mon bureau pour aller dormir ?
Une fois que mes jambes ont arrêté de danser une polka effrénée, j’ai réintégré ma place, et avec un sourire faux à souhait -même si un peu inquiet- j’ai osé lui répondre.
- Non merci professeur, je suis totalement réveillée maintenant.
- Vous viendrez quand même me voir ce soir -et tous les soirs suivants jusqu’à la fin de la semaine-. Je vous passerai l’envie de dormir pendant mes cours. »
Quoi de mieux pour se faire remarquer de toute la classe et se faire des amis ?

Et tandis que tous mes chers camarades révisent, moi, je cherche un moyen de me faire porter pâle pour le devoir. À choisir entre les grognements de Maugrey et me faire chouchouter par Mme Pomfresh, le choix est vite fait. Le plus simple, c’est de trouver un Serpentard et l’inciter à me mettre une raclée, mais je suis trop fière pour ça. Je peux toujours aller embêter le poulpe dans le lac. Ah non, j’ai une meilleure idée. Je vais aller voir les Weasley. Ils auront bien quelque chose pour moi. Ils sont cool, ces deux là. Je ne les rangerais peut-être pas au rang d’amis -pour la simple et bonne raison que je n’en ai pas-, mais de personnes dignes d’intérêt. Si vous voyiez le sourire qu’ils affichent quand ils me voient arriver. Il faut dire que je figure au rang de leurs meilleurs clients.
A peine m’aperçoivent-ils qu’ils m’encadrent et m’accueillent d’un « alors, de quoi as-tu besoin aujourd’hui, Max ? ». Ah ouais, on m’appelle Max ici. De toute façon, ça m’arrange, parce que j’ai horreur de me faire appeler Ellis. Les seules personnes au monde qui m’appellent comme ça sont ma mère… et Neville. Non, vous ne rêvez pas. Oui, vous avez bien entendu. Neville Londubat. Me demandez pas de vous expliquer, je n’arrive déjà pas à me l’expliquer moi-même.

Heureusement pour moi, les jumeaux cherchent justement un volontaire pour essayer leur nouvelle trouvaille, la« colique en coque ». Et bien évidemment, il faut que la préfète-en-chef en puissance -si elle ne le devient pas, je mange ma baguette avec du beurre de cacahuète- vienne y mettre son grain de sel. Et j’ai droit au troisième sermon de la semaine.
Fred profite du discours de Granger pour me glisser les comprimés dans la poche.

Efficace leur truc dis donc. A peine avalés et je me retrouve pliée en deux à terre, en proie à une douleur effroyable. Ils se précipitent tous vers moi, et j’entrevois Granger lancer un regard noir aux jumeaux.

Tiens, je n’ai jamais remarqué à quel point il était haut le plafond de cette infirmerie. Au moins, j’ai réussi. Pas de contrôle de DCFM. Sûrement la meilleure chose qui puisse m’arriver cette semaine… si l’on oublie les crampes d’estomac qui me torturent depuis maintenant deux heures. Il faudra que j’en parle aux frères Weasley.


Il est vraiment blanc cet endroit. J’ai horreur du blanc. Je peux sortir ? Non ? Pourquoi ? Allez, soyez sympa. Je m’ennuie. J’aime pas m’ennuyer. Et j’aime pas le blanc. J’en ai assez de discuter avec vous. Je veux m’en aller. Vous n’avez pas le droit de me garder enfermée comme ça. C’est quoi ce sourire, là? Allez. J’peux avoir une biéraubeurre, au moins ? Pff, vous êtes vraiment pas drôle, vous.


Enfin, je sors de l’infirmerie, après y avoir passé une nuit en observation. Direction, la salle commune. Quoique, j’ai trop peur de tomber sur Granger qui va vouloir me faire rattraper tous les cours. Et si j’allais faire un tour du côté du lac?

Oh lala, quelle tête !
Je viens juste de passer devant un miroir. Je ne me suis jamais vue aussi pâle. Tu m’étonnes, je viens de perdre cinq kilos en moins de 24h. On va raviver tout ça. J’opte pour des cheveux mi-longs, roux et des yeux verts. En temps normal je suis châtain et mes yeux sont bleus. En plus, je ne fais pas d’acné, ce qui est pas mal pour une fille de mon âge, donc je n’ai pas à me plaindre. Changer de tête ne relève pas du complexe, mais du jeu… ou de mes sautes d’humeur. Une fois, après avoir perdu un pari, j’ai passé la journée en arborant le même look que Rogue: cheveux noirs raides et gras, nez crochu et yeux sombres. Le concerné n’a pas bien dû apprécier la plaisanterie, parce que j’ai eu droit à deux semaines de retenue. Comme il n’a pas réussi à se faire Potter, il a dû décider de se venger sur moi.
Tiens, en parlant de Potter, qu’est-ce qu’il m’énerve celui là. C’est le martyre officiel du monde des sorciers. Enfin, soit il est pleuré en martyre, soit soutenu en héros. Là, je crois qu’on est en période héros. Ils ont fini de lui en vouloir d’avoir vu son nom sortir de la coupe.
Ah oui, j’ai oublié de vous le dire. Cette année, ils ont décidé d’organiser de nouveau le tournoi des trois sorciers. Je n’ai pas besoin de vous expliquer comment ça marche. Vous savez, trois écoles, trois champions, et au final, la gloire éternelle pour le vainqueur. Bref, sauf que cette année, pour le grand retour du tournoi, il y a eu un hic. Pas trois champions mais quatre. Et je vous le donne en mille, la cinquième roue du carrosse, c’était Potter. Ça a fait hurler tout le monde. Si vous aviez entendu Fred et Georges ! Aucune de leur tentative a eux n’a abouti. Ils étaient si mignons pourtant avec des cheveux blancs et une longue barbe assortie ! Mais la solidarité gryffondore a vite pris le dessus et ils soutiennent tous Potter. Je crois bien que je suis la seule de ma maison à être pour Krum. Rien à voir avec ces amourettes de groupies enragées. On va dire que c’est par élimination. À choisir entre une barbie française, mister beau-gosse Diggory (je vous ai dit que je ne pouvais pas supporter son air suffisant?), le pauvre petit orphelin et mister champion-du-monde Krum, je prends Krum. C’est un excellent joueur de quiddité en plus. Potter aussi ? Ouais, mais bon. C’est déontologique. Je ne PEUX pas soutenir Potter. C’est pas de ma faute, il m’énerve. J’aime pas les martyres.


Comment ça j’en suis un de martyre ? Je ne permets pas à des inconnus de me parler de la sorte. Attendez, attendez, ne détournez pas la conversation. C’est quoi cette histoire de martyre ?
QUOI ?!
Vous plaisantez.
Si c’est une farce, elle n’est vraiment pas drôle.
Je veux donner un coup de pied dans quelque chose pour me défouler, mais il n’y a rien à taper. C’est alors que je réalise. Il n’y a rien ici. Rien que lui et moi. Et tout ce blanc autour. Il m’énerve ce blanc d’ailleurs.
Et c’est alors que ses mots réussissent à se frayer un passage pour atteindre ce que je me permets d’appeler mon cerveau.
Mais comment ?
Je ne peux pas être effectivement… morte.
Revenir en haut Aller en bas
  • Invité
  • Invité
MessageSujet: Re: Chroniques d'un temps, par Joana O'Donnell   Chroniques d'un temps, par Joana O'Donnell EmptyMar 29 Aoû - 7:53:18

Chapitre 3: Rentrée mouvementée

- Elliiiiiiiiiiiis! Tu as oublié de mettre ton réveil !
Ma mère entre comme une tornade dans la chambre, en poussant ce cri strident qui ne manque jamais de me faire sauter au plafond.
Sauf que pour parer le coup, j’ai fait quatre tours dans ma couette et je l’ai remontée jusqu’aux oreilles.
- Ellis. Ton train part dans moins de trois heures ! Et avec cette circulation ! Dépêche-toi !
Je ne comprends pas l’effervescence de sa mère à chaque rentrée, même si je me doute que ça a un rapport avec le fait qu’elle, elle n’a jamais eu l’occasion d’aller à Poudlard.

Après un réveil plus que chaotique, je réussis tant bien que mal à atteindre la douche et trouver des vêtements plus ou moins ‘portables’. Pour la suite, il faut remercier les talents de conducteur de mon père. J’embrasse mes parents, et je me dépêche de traverser le mur avant que ma mère ne se lance dans un long monologue sur les mesures de précaution à prendre en cas de ceci ou cela.
J’atterris sur un quai rempli d’embrassades et câlineries et autres recommandations de dernière minute. Neville m’aperçoit sur le quai et me fait un petit signe de la main. Il doit espérer que je vienne le libérer de l’emprise de sa grand-mère. Raté, il a beau être gentil avec moi, je n’ai pas l’intention de l’en sortir. En plus, la dernière fois que j’ai essayé, je me suis faite harceler de questions par la mamie au drôle de chapeau. Débrouille-toi tout seul, cette fois, lui fais-je comprendre.
Je monte dans le train en traînant ma lourde malle derrière moi, et en passant devant le compartiment où se trouvent les Weasley et Jordan, Fred me fait signe de les rejoindre, ce que je fais. Ils sont sympa, les jumeaux.
Je les aime bien parce qu’ils ne me prennent pas la tête, contrairement à une bonne partie des élèves de ma classe. Entre Granger qui se fait un devoir de m’inciter à travailler et de me faire la morale à la moindre occasion, et les deux pipelettes -je parle de Lavande et Parvati- noyées dans la niaiserie, on peut dire que j’ai tiré le gros lot question colocataires. La dernière, ça va. Enfin, elle ne fait pas de remous, quoi. C’est le genre de fille qu’on pourrait qualifier de transparente ou invisible, au choix. Elle s’appelle Eloïse. C’est tout ce que je sais d’elle, d’ailleurs.

Après, c‘est comme d‘habitude. Le voyage en train, la promenade en calèche. D’ailleurs, je n’ai toujours pas compris comment ils tirent les calèches. J’ai eu le malheur de poser la question devant Granger une fois. J’ai eu droit à une histoire assez bizarre de Sombrals, de mort à affronter pour les voir…. Je n’ai plus rien osé dire après cela.

Cette année, on a droit à une surprise en arrivant dans la Grande Salle. Le tournoi des Trois Sorciers. Poudlard contre Durmstrang et Beauxbâtons. Vous savez, les brutes néandertaliennes et les poupées barbies.
Ça fait un tollé quand on apprend qu’on ne peut pas participer en dessous de dix sept ans. Je n’ai jamais vu les jumeaux aussi remontés. Je ne comprends vraiment pas comment on peut vouloir participer à ce truc là. Risquer de se faire tuer au cours de trois épreuves plus dangereuses les unes que les autres, le tout pour avoir son nom gravé en tout petit au bas d‘une coupe. Ajouter à cela les BUSE qui approchent…. Oui, bon, c’est l’an prochain seulement, mais ÇA, tous les profs n’ont pas l’air de l’avoir bien compris.
Je ne sais pas encore bien pourquoi, mais je la sens vraiment très mal cette année.

Quand je finis par rejoindre le dortoir, mes trois colocataires préférées ne sont pas encore arrivées. J’en profite pour déballer mes affaires et m’allonger un petit peu. C’est épuisant la rentrée ! Mais je suis très vite rattrapée par des gloussements et le nom de Krum le précéde dans neuf cas sur dix. Je prends mon pull, et je sors du dortoir, en espérant qu’elles s’endormiront assez vite afin que je puisse remonter me coucher. L’ambiance ne valant guère mieux dans la salle commune, je me glisse par le trou du portrait, après avoir entendu la grosse me rappeler qu’il faut que je sois de retour avant vingt deux heures.

Je descends jusqu’au bord du lac. Raison de sécurité. Je crois n’avoir jamais vu Rusard descendre traquer les noctambules jusqu’aux rives du lac noir. Enfin, je peux me tromper. Je viens d’entendre quelque chose craquer un peu plus loin derrière moi. Immédiatement, je change d’apparence pour en prendre une qui se rapproche de celle de Trelawney, la prof de divination. En clair, yeux exorbités et cheveux en pétard.
Pourquoi elle ?
De une, parce qu’il n’y a aucune chance que Rusard l’ait croisée dans les couloirs, vu qu’elle est enfermée en haut de sa tour; de deux, parce que je trouverais bien une connerie sur l’aura mystique qui règne au bord de ce lac.
Raté, ce n’est pas Rusard. C’est un groupe d’élèves de Durmstrang qui rejoignent leur bateau. Je ne comprends pas comment ils peuvent dormir là-dedans. Moi, rien qu’à le voir comme ça, j’ai déjà le mal de mer.
Rassérénée, je reprends mon apparence normale et je reviens m’installer là où j’étais quelques instants auparavant.

Le bout froid d’une baguette vient se planter sur ma nuque.
- Que fait une jeune demoiselle ainsi seule au borrrrrd d’un lac au beau milieu de la nuit?
- Je fuis les groupies qui sont occupées à baver sur vous.
Forcément, la discrétion n’étant pas vraiment mon point fort, ils ont dû sentir ma présence. Et il a fallu qu’au lieu de poursuivre leur chemin, ils bifurquent pour me tomber dessus. Pendant un moment, je me suis attendue au pire. Mais quand je reconnais cet accent -qui m’énerve- qui fait craquer bien plus d’une fille de Poudlard, je me calme. Quoique, ça pourrait très bien être Karkaroff qui est là. Ce type ne m’inspire vraiment, mais alors vraiment pas confiance.
Quand j’entends rire derrière moi, je sais qu’il est tout seul. Qui est ce ‘il’, ça, je n’en sais encore rien. Au moins, il a rabaissé sa baguette. Je respire un peu mieux.

Il s’appelle Ian. Il me le dit en venant s’asseoir à côté de moi. Ian Ajtos. Du moins, c’est ce que j’ai cru comprendre. Il est en sixième année à Durmstrang et il aimerait beaucoup participer au tournoi. Je crois que ses espoirs vont tomber à l’eau. Intuition féminine. Ou bon sens… quand on voit la popularité de Krum.
Il est là en train de me déballer sa vie et ses ambitions, sans que je ne comprenne pourquoi il m’a choisie, moi, comme confidente.
Je l’écoute vraiment d’une oreille distraite, en faisant des petits ronds de fumée avec ma baguette. C’est alors qu’il se tourne vers moi avec la phrase qui tue:
- Tu ne dis rrrien. Parrrle moi un peu de toi.
Je le regarde de travers, comme si je venais de réaliser sa présence à mes côtés. Et sans réfléchir, je lui réponds, franchement agacée.
- Je m’appelle Max, je suis en quatrième année et je me moque éperdument du tournoi. Si tu cherches ton fan club ou celui de ton pote Krum, il a squatté mon dortoir. Et moi, j’vais devoir me trouver un autre coin où dormir pour la nuit.
Je le laisse pantois. Je me lève d‘un bond et je disparais dans le parc. Je n’avais aucune raison de m’en prendre à lui de la sorte, mais il faut me comprendre un peu. J’ai besoin de mes huit heures de sommeil, et j’en ai jusque là d’entendre parler des dieux du stade bulgares.
Dire que l’année ne fait que commencer.
Revenir en haut Aller en bas
  • Invité
  • Invité
MessageSujet: Re: Chroniques d'un temps, par Joana O'Donnell   Chroniques d'un temps, par Joana O'Donnell EmptyDim 3 Sep - 17:43:47

Chapitre 4: Bousculade

On doit être en train d’assister aux derniers moments de soleil avant des mois. Et pourtant, pas moyen de profiter de la météo. Je suis dans les cachots, en cours de potions. Ils ont dû se dire qu’il n’y avait rien de mieux que de commencer la semaine par un cours avec Rogue. En plus, il n’arrête pas de me regarder méchamment. J’ai cru qu’avec les vacances, il oublierait le coup du pari perdu. Rancunier le prof. Enfin, s’il ne l’était pas, il n’en voudrait peut-être pas autant à Potter. Je stresse tellement à chaque fois qu’il passe à côté de moi que je renverse la moitié de ma poudre d’écaille à côté du chaudron. Je n’aime vraiment pas le sourire en coin qu’il arbore.
Mon intuition se confirme. On a droit à quarante centimètres de parchemin à rendre pour le prochain cours. Je hais les potions. Du moins, je hais les potions avec Rogue.

Heureusement, l’après-midi est libre. En traversant un couloir, je vois les deux malins de service en train de chuchoter.
- Alors, qu’est-ce que vous manigancez cette fois ?
- Hors de question de se laisser abattre par cette mesure à la noix.
Bien sûr, ça discute du tournoi. La coupe a été protégée par Dumbledore pour éviter que n’importe qui ne puisse mettre sa candidature. Réservé aux plus de 17 ans.
- Ok. A plus tard les gars.
Je n’ai pas besoin d’un nouveau couplet sur « à quel point ce tournoi est important » et « il faut qu’on y arrive à tout prix ». Je les abandonne donc là, et je continue à marcher, sans vraiment savoir ce que j’ai l’intention de faire.
Pourquoi ne pas aller à la bibliothèque, histoire de me débarrasser de ce devoir de potion.
Oh la, je me mets à penser à la Granger. Elle ne serait pas un peu en train de déteindre sur moi ? Avec le beau soleil qu’il y a, je ne peux pas travailler, et encore moins faire une dissertation de potion. Je vais aller faire un tour dans le parc. Oh, et puis non, je ne veux pas tomber sur les minettes de Beauxbâtons qui doivent s’y dorer la pilule. Tiens, je devrais….

- Tu peux pas regarder où tu marches, abrutie ?
- Dégage, sale sang-de-bourbe.
Et merde. Pour pas gâcher cette journée déjà pas franchement bien commencée, il faut que je tombe -au sens propre comme au figuré- sur Parkinson. Quel boulet celle là. Et ça se prend pour de la graine de racaille.
- Oh, par Merlin, je suis terrifiée !
- Et tu fais bien de l’être.
L’ironie, elle n’a pas l’air de bien comprendre ce que ça veut dire. Je lui explique ?
Je ne suis pas franchement d’humeur à me prendre la tête avec elle.
- Retourne ramper dans ton trou, Parkinson, et fous-moi la paix.
J’ai vite fait de ramasser mes quelques livres et je passe mon chemin. Quelques mètres plus loin, elle m’interpelle de nouveau. Le temps que l’information monte au cerveau et qu’elle comprenne que je viens juste de me foutre d’elle.
- Hey, Maxwell !
Je m’arrête, et je daigne même me retourner.
- Non, tu te rappelles de mon….
- Furunculus !
Je n’ai même pas le temps de réagir. En plus, ma baguette est dans la poche arrière de mon jean et j’ai encore mes livres dans les bras. Je hais les livres.
Un second éclair passe à côté de moi cette fois ci en direction de Parkinson. Les deux sorts semblent s’entrechoquer et l’instant d’après, la serpentarde se trouve recouverte de furoncles.
Sa copine la soutient aussitôt pour l’emmener en direction de l’infirmerie tandis qu’elle pousse des cris suraigus. Je ne peux pas m’empêcher d’éclater de rire.
- Joli sort.
Je dis ça en me parlant à moi-même, mais suffisamment fort pour que l’auteur du sort puisse l’entendre, du moins s’il est encore dans les parages. D’ailleurs, qui a lancé ce sort ?
- Ça va, Max ?
Oh non, pitié, pas lui.
C’est Ajtos. Marrant, il n’a même pas l’air de m’en vouloir de l’avoir rembarré la semaine dernière. S’il le faut, il ne s’en rappelle même pas. Je vais lui rendre la mémoire.
- Ça va très bien, j’aurais pu m’en sortir toute seule.
Il m’énerve, d’autant plus qu’il arbore cet air préoccupé pour moi, alors qu’on ne se connaît même pas. Et quand je m’énerve, j’arrête de réfléchir.
- Si tu te sens le besoin de jouer les héros, il y a toute une bande de groupies qui se pâmerait pour que quelqu’un vienne les secourir !
Je ne sais pas pourquoi, je ne peux pas m’en empêcher.
Ma voix s’élève dans le couloir, et les quelques visages qui n’étaient pas rivés sur moi au moment de l’altercation avec Parkinson, se posent à leur tour sur moi. Quelques filles me regardent d’un air ahuri. Ben quoi ?
C’est vrai, quoi. Je ne supporte pas qu’on me traite comme une poupée en sucre. Je suis indépendante, et fière de l’être. Et aussi mignon soit-il, je n’aime pas les héros.
Vous savez ce que je fais à ce moment-là ?

- Parvati ! Viens voir !
La susnommée, qui discute comme d’habitude avec sa sœur, me regarde sans comprendre. Je l’incite de la main à me rejoindre, et après quelques instants d’hésitation, elle accepte de s’approcher. Je la place entre Ian et moi, en mettant mes mains sur ses épaules.
- Parvati, je te présente Ian, de Durmstrang. Il adorerait faire ta connaissance.
Puis je glisse à l’oreille du bulgare.
- Voilà une admiratrice pour toi, amuse-toi bien.
Si elle comprend la supercherie, elle va m’en vouloir jusqu’au mois prochain. Passer un mois à ne plus croiser ni entendre les gloussements de Parvati. Par Merlin, je suis d’un génie, quand je veux….

Et comme la dernière fois, je détale.
Mais cette fois-ci, mon ami bulgare a compris et réagit au quart de tour. Je ne sais pas ce qu’il a dit à Patil, si tant est qu’il lui ait dit quelque chose; mais en moins de deux, il me rattrape et se met à marcher à mes côtés, en silence.
Ça devient insoutenable. Je m’arrête brusquement, et je le regarde droit dans les yeux.
- Qu’est-ce que tu me veux, exactement ?
Et le plus naturellement du monde, lui de me répondre.
- Devenirrr amis.
Revenir en haut Aller en bas
  • Invité
  • Invité
MessageSujet: Re: Chroniques d'un temps, par Joana O'Donnell   Chroniques d'un temps, par Joana O'Donnell EmptySam 9 Sep - 19:47:18

Chapitre 5: Blanc benêt et benêt blanc

Je le regarde, totalement atterrée. Qu’est-ce qu’il vient de dire, là ? Il est un peu masochiste ou complètement débile ? Devenir ami ?! Avec moi ?!
Et dans ce cas là, que fait-on? On demande des explications.
Je croise les bras avec plus d’assurance et je le toise.
- Tu crois avoir qui en face de toi, l’abbé Pierre ?! 36 15 Sans amis ?
- Qui ça ?
- C’est rien, laisse tomber.

- Pourquoi moi ?
- Comment cela ?
C’est pas possible, il fait exprès.
- Je suis persuadée qu’il y a plein de filles dans cette école qui aimeraient devenir amies avec toi… voire plus si affinités…. Alors pourquoi tu me viens me voir, moi ?
- Parrrce que tu es…. différrrente.
Je viens d’entrer dans la cinquième dimension. Je viens d’apprendre que je n’étais pas comme les autres. Dites moi, c’est d’une originalité….
- Vas-y, développe.
- Tu es la seule perrrsonne qui ne se comporte pas bizarrement seulement en notrrre prrrésence.
Il parle de lui à la troisième personne ? Ah non, il parle de tous ses potes.
- Je t’ai aperrrçue avec d’autrrres gens.
Tiens, il m’espionne avec ça.
- Et tu agissais parrreil.
Me faire dire que je suis tout le temps bizarre, est-ce que je dois prendre ça comme un compliment? Bon, il faut dire que je ne fais pas grand chose pour le contredire.
- Alors tu veux dire que tu m’apprécies parce que je passe mon temps à t’envoyer balader, contrairement à la majorité des filles de cette école.
Le plus étonnant, c’est qu’il opine du chef.
- Vas te faire foutre, Ajtos, et va te trouver quelqu’un d’autre pour jouer les mousquetaires.


C’est pas possible, on ne peut plus être tranquille nulle part ! Il y en a partout, partout, partout. Des minettes françaises, des beaux gosses bulgares, et des troupeaux de fans. Je traverse les couloirs à toute vitesse, fuyant les conversations superficielles, toutes orientées autour de la coupe et du tournoi.

Je me sens empoignée par deux paires de bras. Deux longues tignasses rousses, ce sont les jumeaux. Je respire. Quoique….
- Ça y est, c’est au point. Prépare-toi à ravaler tes commentaires, Maxwell.
Ils me traînent jusqu’à la salle où trône la coupe de feu. Je reste là, accoudée dans l’encadrement de la porte, un sourire narquois aux lèvres, tandis qu‘ils entrent.
- Si vous réussissez, je mange la cravate de mon uniforme avec un peu de beurre et d’ail.
Les deux me lancent un regard noir avant de s’avancer. De nombreux élèves les regardent en les encourageant. Certains sont plus sceptiques, dont moi d’ailleurs.
Au moment où je les vois passer la barrière magique mise en place par Dumbledore, un relent d’ail me traverse les narines. Et merde! Réfléchis un peu avant de causer la prochaine fois, Max.
Je n’ai pas le temps de finir le fil de ma pensée que les deux valsent à travers la pièce. Quand ils se relèvent, on dirait des sosies du Père Noël. Je suis morte de rire, et la moitié de l’assistance l’est avec moi. Quand ils passent près de moi, furibonds, je ne peux pas m’empêcher de leur souffler:
- Autant pour moi, je ne ferais plus aucun commentaire.

De retour au dortoir, ça n’a pas raté. Parvati m’en veut à mort de lui avoir fait un coup pareil. - Tu m’a tournée en ridicule ! Totalement en ridicule, et en plus, devant nos invités ! Ne t’avises plus jamais de m’adresser la parole !
Je vais jusqu’à mon lit quand je l’entends derrière moi.
- Et ne fais pas semblant de ne pas m’entendre!
Je fais un demi tour très lent tout en affichant un sourire mauvais. Je crois même voir Lavande frissonner à côté de sa copine. Et d’une voix, bien posée, j’articule.
- Je ne t’adresse plus la parole, tu me l’as interdit.
Patil trépigne un moment, et sort en furie du dortoir. Lavande n’ose pas ajouter quoi que ce soit, et elle sort à son tour.
- Bien, si tu n’as rien à ajouter, Granger, je vais me coucher.
- Tu sais, Max, tu devrais être plus sympa avec Pa….
- Je vais donc me coucher. Bonne nuit, Granger.
Je ferme les rideaux de mon lit à baldaquin. Je l’entends soupirer de l’autre côté. Il y a un peu de bruit, puis plus rien.


Cette semaine, les profs sont plutôt cool avec nous. Du moins, c’est le cas pour quelques uns, dont MacGonagall. Je crois surtout que cette histoire de tournoi la stresse plus qu’elle ne veut bien l’admettre. Il faut dire que la compétition a été annulée pendant des années parce qu’un élève est mort la dernière fois.
En plus, les noms des champions vont être donnés sous peu. Toute l’école va être réunie pour ça. J’ai bien pensé à ne pas y aller, mais finalement, je me suis ravisée. Je dois y aller, ne serait-ce que pour voir encore une fois la mine dépitée des jumeaux.

Tous les professeurs sont là, d’un côté de la pièce. L’œil de Maugrey n’arrête pas de faire la girouette dans son orbite. Alastor Maugrey, notre professeur de DCFM pour cette année. Je dis « cette année » parce qu’on en change tous les ans. C’est une coutume qui s’est mise en place depuis quelques temps….
Je hais ce prof, et je hais ses cours. Il est trop angoissant, à surveiller tous nos faits et gestes. C’est d’autant plus inquiétant que je passe mes soirées dans son bureau, à ranger des objets plus bizarres les uns que les autres. Je suis sûre qu’il y a des gens enfermés dans son miroir.
Oui, je me suis faite coller pendant une semaine pour « tentative de sieste en cours ». C’est pas très glorieux, je l’admets.

On n’attend plus que Dumbledore. Tiens, le voilà qui arrive. Un rapide coup d’œil dans la salle me prouve que presque toute l’école est réunie là. La flamme change de couleur, et les noms commencent à sortir.
Diggory pour Poudlard. Mister beau gosse en action. À ce rythme là, il est ministre dans six ans et vainqueur du concours du plus beau sourire dans deux.
Delacour pour Beauxbâtons. Bizarre, j’ai cru comprendre que c’était un championnat de sorcellerie, pas un concours de beauté.
Krum pour Durmstrang. Je lance un regard du côté des brutes épaisses. L’ami Ajtos a l’air attristé, même s’il félicite Krum avec le reste de ses camarades. Pendant un éclair de seconde, son regard croise le mien avant de s’en détourner. Mais pourquoi est-ce que je m’apitoie sur son sort ?

Et puis la grande surprise, qui finalement, ne m’étonne pas autant que je l’aurais cru.
Potter pour Poudlard.
Ça a fait un tollé pendant plusieurs jours et la une de la gazette pendant des semaines ! On le doit à Rita Skeeter, cette fouine qui dégote ses pseudo informations d’on ne sait où.


La première tâche de la compétition va avoir lieu d’ici quelques semaines. Entre temps, on revient à un rythme plus normal: des tonnes de devoirs, et l’habituel temps pourri qui caractérise si bien la campagne anglaise.
Ils n’ont encore jamais pensé à inventer le beau temps en poudre ?
Revenir en haut Aller en bas
  • Invité
  • Invité
MessageSujet: Re: Chroniques d'un temps, par Joana O'Donnell   Chroniques d'un temps, par Joana O'Donnell EmptyMer 20 Sep - 8:12:00

Chapitre 6: Règlement de comptes

- Eh, Max, tu descends avec nous ou tu restes là à baver sur notre-seigneur-Krum ?
Je ne sais pas par quel hasard mon regard s’est perdu en direction du lac, où Krum est en train de se baigner, accompagné par un troupeau de groupies qui l‘attend sur la rive.
À un détail près : ce n’est pas lui que je fixe; j’ai l’impression d’avoir vu un truc bouger dans les arbres, au loin, derrière lui. C’est rien, je dois juste être en train de me faire des idées.

- C’est bon, j’arrive.
J’attrape mon pull et je rejoins les jumeaux et Lee. Je traîne avec eux parce que sont bien les seuls qui ne me prennent pas la tête avec la proximité des BUSE ou avec le fessier de Krum pour les filles et celui de Fleurrrr pour les garçons.
On descends à Pré-au-lard, et après une razzia chez Zonko, le magasin de farces et attrapes, puis chez Honeydukes pour refaire nos stocks de friandises, on fait un tour aux Trois Balais pour discuter autour de quelques bièraubeurres.
- Alors, quelles nouvelles aujourd’hui ?
- Ron s’est fâché avec Harry, les filles essayent de les raccommoder, enfin, on croit. A cause de la coupe en tous cas.
Un élan soudain de sympathie pour cet autre Weasley m’envahit….
- Il doit être jaloux.
…. Pour disparaître presque aussitôt.
- Il y a une épidémie de badges anti-Potter dans l’école….
Il vaut peut-être mieux que je ne leur dise pas que j’en ai un en ma possession.
- Il y a aussi une épidémie de varicelle chez les Première Année….
- Non, vous n’avez quand même pas osé !
Je me retiens de rire, et les jumeaux se montrent mutuellement du doigt.
- C’était son idée !
- MacGonagall a failli s’étouffer en apprenant ça, rajoute Jordan.
Je n’en peux plus. J‘éclate de rire, en train d’imaginer la scène.
- Et quatre très beaux dragons attendent les champions pour leur première épreuve.
Je m’étouffe avec ma biéraubeurre. Georges -du moins je crois, je ne suis pas vraiment en état de réfléchir sur la question- me met quelques tapes dans le dos en souriant à pleines dents.
- Des QUOI ?
J’ai peut-être parlé un peu trop fort. Quelques gens me regardent bizarrement avant de s’intéresser de nouveau à leurs propres tables.
- Vous n’êtes pas sérieux.
- Je serais toi, je ne mettrais plus ma cravate en jeu, Maxwell, me rétorquent-ils en chœur.
Marrant, si je ne les connaissais pas aussi bien, je dirais qu’ils m’en veulent encore pour la dernière fois. Je n’ajoute rien de plus. Je me demande juste où est-ce qu’ils ont réussi à dégoter ça. Je crois qu’un de leurs frères élève des dragons ou un truc du genre.
- Ah, au fait, on a entendu dire que tu as un devoir de métamorphose à la fin de la semaine. Parce que justement, on a ….
- Désolée les gars, pas cette fois. Je n’ai pas l’intention de sécher. La métamorphose est bien la seule matière où j’obtiens des « Optimal ».
- On se demande bien pourquoi, marmonne Jordan.
- Bon, je dois y aller. J’ai une punition qui m’attend avec ce cher Fol Œil.
Juste avant de me lever, je me concentre et je me fais apparaître de longues dreadlocks avant de regarder Lee avec un sourire.
- Ouais, t’as raison, Jordan, j’me demande aussi.


- Eh Maxwell, c’est toi qui cherche des noises à Pansy ?
C’est pas possible ! C’est vraiment pas mon jour….
- Nan, c’est le pape !
- Qui ça ?
- Rien, Goyle, c’est trop pour ton petit cerveau.
Le petit blond gominé le retient d’avancer, afin qu’il puisse me faire son petit numéro.
Je sais que je ferais mieux de me taire, mais c’est plus fort que moi.
- Que j’ai peur, tu m’effraies encore plus que ta petite copine!
- Comment oses-tu me parler sale Sang-de-bourbe !
- J’ose, mon cher, j’ose.
- Si j’avais une mère comme la tienne -Merlin m’en garde-, je ne jouerais pas au plus malin. Quel effet ça fait de descendre d’une telle tare ?
J’ai assez d’expérience dans l’univers de la magie pour que ces paroles là me blessent. Autant venant de Parkinson, elles passaient largement au-dessus, autant là….
Je m’élance pour lui mettre un coup de poing dans la figure, mais mon geste est arrêté par Crabbe qui me broie maintenant les phalanges. Pff, ils n’avaient jamais précisé que ça faisait aussi mal, dans les films.
Sous la douleur, je tombe à genoux, et Malefoy ne peut s’empêcher de grincer.
- Tu trouves enfin la place que tu mérites, Maxwell.
A cet instant, je me prends à espérer qu’Ajtos passe dans le coin. Mais loin de me laisser démonter, je prends un air satisfait en regardant derrière lui et murmure.
- Y’a pas à dire, il tombe toujours à pic ce Maugrey.
Malefoy vire brusquement au blanc. Une réminiscence de fouine, sûrement. Dans le temps où ses gorilles et lui font volte-face pour voir approcher ledit professeur de DCFM -tout droit sorti de mon imagination en cet instant précis-, je prends la poudre d’escampette. En temps normal, je n’aime pas me débiner, mais je n’aime pas me prendre des raclées non plus. Qui plus est, je ne sens plus mes doigts.
Malgré tout, il me le paiera.

Je tombe sur Neville, un peu plus loin, qui en me voyant arriver dans cet état se précipite vers moi avec la ferme intention de m’emmener à l’infirmerie. Neville, derrière ses apparences de garçon timide et maladroit, peut s’avérer parfois très persuasif.
Il est vraiment gentil, Neville. Parfois, j’ai l’impression qu’il se prend pour mon grand frère, voire pour ma mère. Aussi loin que je me souvienne, à chaque fois que je me retrouve en difficulté, Neville est là. Pas au moment où je me prends la raclée, mais après, au moment de réparer les dégâts.

Mlle Pomfresh daigne me libérer au bout d’une demi-heure. Ça ne m’empêchera pas d’aller faire mon heure de colle chez Fol Œil.
Ma main est couverte d’onguents en tous genres et d’un bandage. Il ne l’a vraiment pas loupée, le gros balourd.
Vous savez ce qu’il y a de plus ironique dans l’histoire? Je viens de croiser Parkinson, à l’infirmerie. Toujours alitée. Et elle a pâli en me voyant arriver.
Plutôt efficace le contre sort du bulgare.
Revenir en haut Aller en bas
  • Invité
  • Invité
MessageSujet: Re: Chroniques d'un temps, par Joana O'Donnell   Chroniques d'un temps, par Joana O'Donnell EmptyJeu 12 Oct - 12:31:14

Chapitre 7: Une valse à mille temps

Nom d’une gargouille, ils n’ont pas lésiné sur les dragons !

Les jumeaux sont un peu plus loin dans les gradins, en train de prendre les paris. J’ai parié sur Krum, bien évidemment. Il a beau ne pas avoir le moindre neurone, je suis certaine qu’il va s’en sortir, et haut la main, de préférence.
De préférence pour les 10 gallions que j’ai misés sur lui….
Hey, elle a failli me griller les cheveux, la saleté de bestiole. Le jet de flammes du dragon de Delacour s’est dirigé droit sur le public. Mais quelle cruche, celle-là !

Le bilan de cette journée est plutôt positif.
Personne n’est mort dès la première épreuve, je ne suis pas collée ce soir et j’empoche 50 gallions. Krum vient de remonter un peu plus dans mon estime. J’ai parié 10 gallions à 5 contre 1, je vous laisse faire le calcul. Les jumeaux ont bien essayé de m’arnaquer à cause des œufs cassés et de l‘ex-aequo avec Potter, mais je ne me suis pas laissée faire….
On est tranquilles avec cette histoire de tournoi jusqu’en février. La prochaine tâcha aura lieu le 24. C’est du moins ce que je crois sur le chemin du retour à ma salle commune. Mais je me fait rapidement démentir.
Quand je rentre, il y a une foule incroyable et Potter est porté aux nues avec son œuf à la noix. Bon, je crois que je vais encore aller faire un tour du côté du parc, moi. Ou plutôt au stade de Quidditch. Non que je sois amatrice -j’ai trop le vertige, en plus-. Mais il ne doit y avoir personne à cette heure-ci.

Je m’installe dans les gradins vides en resserrant la longue écharpe rouge autour de mon cou. Il fait un froid de canard. Je sens des picotements dans ma jambe. En baissant les yeux, je tombe sur un tout petit hibou en train de me marteler le genou à coups de bec. Ça, ça ne peut être qu’un message de mon père. Ça va faire quatre ans que je vais à Poudlard, et autant que mon père n’a pas compris que les hiboux s’envoient le matin ! Et pas en milieu de journée. La dernière fois, le hibou a débarqué en plein cours d’histoire de la magie. Heureusement que le professeur ne voit jamais rien de ce qu’il se passe dans sa salle.
On est fin novembre, et il m’écrit pour s’assurer que je n’ai pas oublié que je dois les rejoindre pour les vacances. Et comme tous les ans, on va aller faire du ski. J’aime bien le ski.
Le petit hibou repart juste après avoir réussi à me soutirer un bout de gâteau au potiron. Et moi, je regagne l’école gelée, certes, mais ravie.


En me réveillant ce matin, je vois tout le monde regroupé autour du panneau d’affichage. Je m’attends au pire. Tiens, il y a une réunion en salle de métamorphose, cet après-midi. Elle n’oserait quand même pas nous refaire le coup de l’interrogation surprise quand même ?

Un QUOI ?
À mon avis, je ne suis pas la seule à penser cela quand MacGonagall évoque un bal de Noël dansant. De toute façon, je pars pour les fêtes. J’esquisse un sourire. Ma chère directrice réussit à me faire déchanter en un instant.
- La présence des élèves à ce bal est fortement recommandée…
Fortement recommandée, ça veut dire « vous avez intérêt à être là ».
- N’oubliez pas que c‘est votre école que vous représenterez. De plus, les départs seront effectués au 25 décembre, afin de ne pas perturber les préparatifs de la fête.
Ce n’est pas possible. Elle doit lire dans mes pensées. Pire, ce n’est pas possible parce que je ne sais pas danser la valse. Reste qu’aux sourires béats de certaines de mes chères camarades glousseuses, ça ne semble pas les déranger du tout. Tu parles ! Elles veulent toutes faire inviter par les musclés de Durmstrang ou les poupées Ken de chez Beauxbâtons.
Suis-je bête, c’est l’objet de cette réunion, la danse, sinon il n’y aurait pas cet immense tourne-disque au beau milieu de la pièce.

- Aieuh ! Ça fait la septième fois que tu me marches sur le pied, Fred !
- Sept, c’est un chiffre porte-bonheur !
- Je t’en ficherais moi, du porte-bonheur, espèce de babouin.
Je ne saurais pas dire lequel de nous deux danse le plus mal. Je crois qu’à ce stade, on est aussi peu doué l’un que l’autre. Mais je ne perds pas espoir, on s’améliore. Et franchement, j’ai vu pire que nous. Eloïse Midgen danse avec Colin Crivey. C’est à mourir de rire. Elle est au moins deux fois plus haute et large que lui…. Et toujours couvert d’acné. Heureusement qu’au moins, Madame Pomfresh a réussi à lui recoller à peu près correctement le nez après sa dernière tentative pour faire disparaître ses boutons !

Le fait que je sache maintenant effectuer quelques pas de danse ne change rien à mon problème. Je hais les bals. Alors qu’elles sont toutes là à glousser en espérant qu’un garçon veuille bien les inviter. Comment elles veulent qu’on les approche alors qu’elles sont perpétuellement en grappes de six ou dix ?! Si j’étais un garçon, ça me paniquerait vraiment.
Le fait est que je ne le suis pas. Et puis même seule, personne ne va m’inviter, alors….
Je crois que je vais aller voir les jumeaux pour qu’ils me donnent de quoi me rendre malade avant le bal.

Ces deux imbéciles refusent ! Je n’en reviens pas ! Ils me refusent ça à moi, leur meilleure cliente. Fred se moque même de moi.
Évidemment, c’est facile pour lui, il a une cavalière. Si j’ai bien compris, il y va avec Angelina, et Georges avec Alicia. Enfin, je n‘en suis pas sûre. Je ne sais jamais quand je dois les croire, ces deux-là.
Même Neville a une cavalière ! Je suis contente pour lui, ça va de soi. Mais je n’apprécie vraiment pas le regard désolé qu’il me lance quand je lui réponds que « Non, je n’ai toujours pas de cavalier… et je n’ai pas l’intention de m’en chercher un. »
Le comble, c’est qu’en passant dans un couloir, je viens de voir Parvati avec Ajtos. Je ne sais pas pourquoi ça m‘agace. C’est pourtant bien moi qui l’ait envoyé dans les roses le mois dernier alors qu‘il voulait sympathiser avec moi, et toutes les autres fois où il a essayé après ça, par ailleurs. Tout compte fait, ça prouve que j’ai bien eu raison de faire ce que j’ai fait.

Je n’ai pas envie de retourner à mon dortoir. Pourtant il se fait tard. J’y vais quand même. Là, je tombe sur Parvati et Lavande qui harcèlent Hermione pour savoir qui est son cavalier mystère. Elle n’y va pas avec Ron, ni avec Harry. Oui, de temps à autres, il m’arrive d’écouter Radio Poudlard pour les ragots. Weasley, d’ailleurs, s’est aussi fait rembarré par Delacour; de même que Potter par Chang. Ça me fait bien rire. Par contre, les trois, là, elles m’énervent. Alors j’attrape mon plaid préféré et je sors en quatrième vitesse. Je crois que Parvati m’a vue, et elle veut me dire quelque chose parce que je l’entends prononcer mon nom, mais je ne m’arrête pas. Je n’ai pas envie de l‘écouter.

Je vais jusqu’au stade de Quidditch. Si Rusard arrive à me débusquer ici, c’est vraiment que je suis maudite. Je monte tout en haut des gradins et je m’installe dans un coin à l’abri du vent glacial qui commence à me mordre le visage. Je me pelotonne dans le plaid en laine douce et je commence à somnoler.

Un contact chaud sur ma joue frigorifiée me fait doucement émerger.
La lumière que j’aperçois entre mes paupières encore mi-closes me fait dire que j’ai passé la nuit ici.
- Tu as passé la nuit ici ?
Mon cœur vient de rater un battement. Il a failli me faire avoir une attaque cardiaque ce con. J’ai cru que c’était Rusard.
J’opine du chef, sans encore réussir à ouvrir correctement les yeux. Je crois que mes cils se sont soudés à cause du froid. Ah non, tiens, ça s’ouvre. Et d’un œil. Et de deux. Et le bulgare me regarde d’un air ahuri.
- Tu es complètement folle !
Même mes lèvres sont givrées. J’arrive quand même à les étirer en un sourire digne du chat de Cheshire, vous savez, celui dans Alice au Pays des Merveilles. J’ai le cerveau encore embrumé, mais j’arrive à articuler.
- La folie est effectivement l’une de mes qualités majeures.
Puis, tout doucement, ça me revient. Comment j’ai quitté la salle commune hier soir, et ma décision de dormir à la belle étoile ici. À la lumière qu’il y a, je dirais qu’on doit se trouver quelque part aux environs de cinq heures du matin.
Un silence un peu pesant s’installe.
- Au fait, ton amie Parrrvati….
Depuis quand Parvati est-elle mon amie ? Je ne le laisse même pas finir.
- … avait l’air ravie que tu lui ai demandé de t’accompagner au bal, oui.
Qu’est-ce qu’il fiche là d’ailleurs ? Qui plus est pour venir me parler de Patil. Je n’ai qu’une envie, là, c’est de me recoucher, mais dans mon lit cette fois-ci.
- Quoi ? De ? Oh…. C’est-à-dirrre que…. Elle ne t’a pas donné la lettrrre ?
Je le regarde sans comprendre.
- Quel lettre ?
- Celle dans laquelle je te demande de m’accompagner au bal.
Revenir en haut Aller en bas
  • Invité
  • Invité
MessageSujet: Re: Chroniques d'un temps, par Joana O'Donnell   Chroniques d'un temps, par Joana O'Donnell EmptyDim 22 Oct - 21:49:34

Chapitre 8: After-shave

Il faut encore que ce qu’il vient de dire atteigne mon cerveau qui dégèle tout doucement. C’est la dernière fois que je dors à la belle étoile en plein hiver !
Ajtos me tire par les mains pour m’aider à me relever. Il a peut-être tiré un peu fort. Je me retrouve collée à lui et j’arrive à sentir le souffle de sa respiration dans mon cou.
J’aime bien son after-shave. Ça me dit quelque chose. Mais je ne suis pas en état de réfléchir. D’ailleurs, là, je crois que je suis complètement HS. Je ne vois que cela pour justifier le fait que je n’ai toujours pas bougé.
Brusque rappel à l’ordre intérieur. Je le repousse, plutôt sèchement d’ailleurs, j’attrape mon plaid et avant même qu’il ait le temps de comprendre, je dévale déjà les escaliers qui mènent à ces gradins.

Qu’est-ce qu’elle m’énerve, la grosse !
- Fariboles
- Non!
- Comment ça, non ? Vous n’allez pas me dire que le mot de passe n’est déjà plus valable, on en a changé la semaine dernière. Fariboles!
- Oui, mais non. Le mot de passe est correct, mais je ne vous laisserais pas entrer. Ce n’est pas une heure pour réveiller les honnêtes gens.
- J’étais en cours d’astronomie, ça vous va ?!
Elle grimace un moment et finit par m’ouvrir. Je suis sure qu’elle ne croit pas un traître mot de ce que je viens de lui baratiner, mais elle doit se dire que c’est la meilleure chose à faire si elle veut pouvoir se rendormir tranquillement.
Une fois entrée, je me précipite vers les dortoirs, je balance le plaid et j’hurle à plein poumons.
- PATIL !
Je crois bien que je viens de réveiller tout le château, mais en cet instant, c’est la moindre de mes préoccupations. La concernée fait un bond dans son lit.
- Mais t’es complètement marteau, Ellis ! me crie dessus Granger en guise de réponse, à l‘autre bout de la pièce.
Si je n’étais pas aussi remontée contre Patil, je lui passerais l’envie de m’appeler Ellis.
- Ouais, je sais ! Mais je ne t’ai rien demandé à toi !
D’ailleurs, pourquoi est-ce que je suis aussi remontée contre Patil? La question me traverse l’esprit pour disparaître aussi vite qu’elle est venue. Je méditerai là-dessus plus tard.

Ce doux intermède laisse à Parvati le temps d’achever de se réveiller. Elle me fixe cependant avec des yeux exorbités.
- Alors Patil, n’as-tu pas l’impression d’avoir oublié quelque chose ?
A la tête qu’elle fait, on dirait qu’elle a tout oublié, qu’elle est complètement amnésique.
- Quelque quoi ?
- Je ne sais pas moi, une lettre, par exemple.
Depuis tout à l’heure, je lui parle d’un ton doucereux qui ne laisse rien présager de bon. Et elle à l’air de s’en douter.
- Une quoi ? …. Ah ouais, la lettre…
- Ben ouais la lettre !
- C’est de ta faute, tu refuses de m’écouter. J’ai essayé de te le dire hier soir. D’ailleurs, elle est posée sur ta malle. Maintenant, laisse-moi dormir !
Elle me referme les rideaux de son lit au nez. Moi qui me suis préparée à lui débiter tout un flot de méchancetés, me voilà coupée dans mon élan. Je reste là, muette de stupéfaction.
Quelques visages ensommeillés apparaissent dans l’entrebâillement de la porte du dortoir pour savoir qui est mort, puis disparaissent petit à petit. Les rideaux des lits de Lavande et Hermione se referment à leur tour. Eloïse me regarde encore quelques instants, d’un air dépité.
Tiens, est-ce que quelqu’un l’a invitée au bal, elle? En fait, j’en ai strictement rien à faire.
J’attrape l’enveloppe sur la malle et je me laisse tomber à plat ventre sur le lit, et je regarde cette lettre avec des yeux de collégienne. Enfin, je suis une collégienne, mais bon, je me comprends.

Il a plutôt une belle écriture pour un garçon dont l’essentiel du charme réside, d’après le commun de ses admiratrices, dans sa masse musculaire.

« Pour Max. »

C’est vrai que je ne lui ai jamais donné mon nom complet. D’un côté, encore heureux, il aurait été capable de m’appeler Ellis.

Je lis la lettre une seconde fois, et la repose. S’il y a une chose que je ne peux pas lui reprocher, ce sont bien ses manières. Quand je repense à la façon dont les jumeaux ont invité leurs cavalières respectives….

Mais quelle conne ! Je viens de planter l’original au stade pour pouvoir lire le contenu de sa lettre ?!
Et aussi brusquement que je suis venue, je repars. Sauf que cette fois, j’emmène une grosse écharpe et mon manteau, dans la poche duquel je glisse la lettre. Quand elle me voit sortir, la grosse dame du portrait ne peut s’empêcher de marmonner dans sa barbe sur mon compte. En deux temps trois mouvements, j’atteins le terrain de Quidditch.
Mais quelle quiche ! Tu croyais vraiment qu’il allait gentiment t’attendre ?
Je viens de ruiner mon dernier espoir d’aller au bal accompagnée, et pas trop mal accompagnée. Par précaution, j’escalade quand même le gradin sur lequel j’ai passé la nuit. Je monte tellement vite que je ne le vois pas descendre. Je lui rentre dedans de plein fouet, et je bascule en arrière, l’entraînant avec moi dans ma chute.

Je n’arrive plus à respirer. C’est peut-être dû à sa proximité… ou au fait qu’il m’écrase -moi et mes poumons- de tout son poids.
Est-ce que je lui demande de bouger? Pas la peine, il doit lire dans mes pensées. Il se relève, et me tend poliment le bras, tout en s’excusant. Je sais bien que j’ai pris un ou deux petits kilos pendant les vacances, mais ce n’est pas une raison pour me tirer d’une poigne si ferme.

J’atterris dans ses bras. Ça fait deux fois en moins d’une heure.
Je devrais le remercier et m’écarter. Oui, je devrais. Mais je ne le fais pas. Non pas que je n’en ai pas envie, mais mon corps refuse de m’obéir. Bon d’accord, je n’en ai peut-être pas vraiment envie non plus.
Je ne sais pas depuis combien de temps on est comme ça, front contre front, incapables de bouger. Il finit par se décider à m’embrasser, d’abord timidement. Et là, je crois qu’on s’embrasse comme si nos vies en dépendaient.

Au fait, j’ai trouvé. Je savais bien que je la connaissais cette odeur.
Son after-shave, c’est Hiver, d‘Irma Sangbond.
Revenir en haut Aller en bas
  • Invité
  • Invité
MessageSujet: Re: Chroniques d'un temps, par Joana O'Donnell   Chroniques d'un temps, par Joana O'Donnell EmptyMar 31 Oct - 12:38:14

Chapitre 9: Mode et travaux

Je ne ressens rien pour lui. Absolument rien ! C’était juste un moment d’égarement. J’étais fatiguée et absolument pas dans mon état normal ! En plus, je ne le connais presque pas. Les seules fois où on s’est parlés, je lui ai envoyé des piques ou je lui ai demandé -avec tout le tact et la subtilité dont je suis capable- de dégager.
Ça ne justifie absolument rien, je sais, mais j’ai besoin de ça pour me rassurer. Je passe le reste de la matinée à me poser des questions et à accuser les filles de ma classe de m‘avoir « groupie-isée », le tout pour aboutir à la conclusion que mieux vaut faire comme si de rien n’était. Il ne s’est absolument rien passé. Rien du tout.

Elle m’agace cette Patil. Depuis tout à l’heure, elle me lance des œillades avec un sourire en coin. Pourtant, elle n’est pas au courant de quoi que ce soit. C’est sûrement à cause de la crise que j’ai piquée pour la lettre. C’est vrai que je n’avais pas vraiment de raisons de me comporter comme ça. C’est pas comme si c’était important pour moi ce bal.

Aie, cette saleté de plante vient de me mordre la main. Je hais la botanique. Comme d’habitude, Neville examine ma main avant d‘y appliquer un truc visqueux. Je ne préfère même pas savoir ce que c’est. Mais je lui fais confiance, il est doué en botanique, Neville. C’est pour ça que je me mets souvent en équipe avec lui en cours.

Ça commence à m’énerver ces gloussements hystériques qu’on entend à chaque bout de couloir. Je crois que pour une fois, je vais écouter Granger. Je vais aller me planquer à la bibliothèque et me mettre à jour dans mes devoirs. Il faut dire que dans les cours où je ne dors pas ou que je ne sèche pas, je ne fais même pas l’effort d’essayer de comprendre. Les seules matières où je m’en sors bien sont la métamorphose -bien évidemment- et l’étude des moldus. Deux cours où je n’ai pas vraiment besoin de me fouler pour m’en sortir. Pour le reste, je passe mon temps à me faire sermonner pour le manque de sérieux et de régularité dans mon travail. Le blabla habituel, quoi.
En sortant du cours de botanique, j’ai pris ma résolution. Je vais à la bibliothèque. Quelle n’est pas ma surprise en arrivant quand je surprends Granger avec Krum. Je fais comme si je ne les avais pas vus et je me trouve une table un peu à l’écart. J’ouvre le calepin où j’ai noté tous mes devoirs. Quand je finis de le parcourir, toutes mes bonnes résolutions disparaissent. Je n’ai pas envie de bosser. Je remballe tout. Un papier glisse de l’un de mes manuels. Je l’attrape et reconnais la brochure de ski que mon père a jointe à sa lettre.
Tout en marchant dans les couloirs, je continue à la parcourir, un grand sourire aux lèvres. Plus que deux semaines à tenir avant les vacances ! J’ai vraiment hâte d’y être. En plus, Ash nous rejoint pour les vacances. Ash, c’est mon cousin préféré. En fait, il s’appelle Ashley. Preuve que c’est de famille : ma mère et sa belle-sœur n’ont vraiment aucun goût quant au choix de prénoms. C’est pour dire, ma mère a même essayé de me faire appeler Britanny.

Il faut vraiment que j’apprenne à regarder où je marche. Je viens de rentrer au milieu d’un groupe de filles parmi lesquelles se trouvent les sœurs Patil et Lavande Brown. Parvati me regarde toujours de cet air niais qui m’agace.
- Alors ?
- Alors quoi ?
- Tu n’as rien à nous dire ?
Son ton guilleret commence sérieusement à me taper sur le système.
- Non, je n’ai rien à dire, et surtout pas à une bande d’hystériques occupées à discuter fripes et maquillage.
- Certaine ?
- Si tu me lâchais pour aller te chercher un cavalier ?!
Je l’ai entendu dire à une de ses copines que personne ne l’avait encore invitée au bal. Alors je profite lâchement de l’occasion. Vive Radio Poudlard, mieux que RITM (Radio Indépendante à Transmission Magique, vous savez bien, la radio sorcière, quoi). Ça marche. Quelques filles s’étonnent et Patil me lance un regard noir. Encore un mois tranquille -sans l’entendre me parler- en perspective.
Je passe mon chemin. Je lance un regard à la brochure de ski qui est encore dans ma main. Elle vient de me gâcher mon plaisir. Je m’engouffre dans la salle commune, et je me laisse tomber dans un sofa bien moelleux, et je balance mon sac un peu plus loin. La salle est déserte de chez déserte. Mon regard tombe sur un vieux numéro de Sorcière-Hebdo qui traîne par là. Et je réalise que je n’ai rien à porter pour le bal.
Personnellement, je n’aurais aucun scrupule à y aller en jean, mais je crois que MacGonagall me tuerait. Surtout après le discours qu’elle nous a fait l’autre jour. Il me faut une idée. Mentalement, je fais le tour de ce que contient ma malle. Je ne crois pas avoir emmené quoique ce soit qui puisse convenir.
Le plus simple, c’est que j’écrive à ma mère. Hors de question que j’aille faire du lèche-vitrine à Pré-au-lard ! J’ai mes principes. D’autre part, autant ma mère a mauvais goût pour les prénoms, autant ça va pour les vêtements. Et comme elle jongle entre tenues de sorciers et de moldus, elle a appris à se débrouiller plutôt bien. J’attrape une plume et un bout de parchemin dans mon sac, je griffonne quelques mots dessus et je monte à la volière.
Baboo -je vous ai dit que me mère à d’affreux goûts en ce qui concerne les noms-, le minuscule hibou de mes parents descend se poser sur mon bras en me voyant arriver. Je lui attache le message à la patte.
- Fais vite.
Il s’envole aussitôt de mon bras. Je ne sais pas pourquoi je lui ai dit ça. C’est vrai, quoi. C’est pas comme si c’était important.

Moi je l’aurais appelé Speedy Gonzalez, le piaf. En début d’après-midi, il est déjà de retour. Il m’attend gentiment à la fenêtre de mon dortoir. Ma mère a fait vite. Je lis sa réponse, étonnée. Dans ma malle ? Mais je n’ai rien mis dans ma malle qui ressemble à une tenue de soirée. Je hais quand ma mère touche à mes bagages. Sauf dans ce cas précis.
En moins de deux, le contenu de ma malle est répandu à travers la chambre. Heureusement que mes colocataires ne sont pas encore là. Tout au fond, il y a un sac noir avec un cintre qui déborde. Dedans, il y a une superbe robe bordeaux. Assez simple, longue jusqu’aux chevilles, décolletée en V devant et qui s’attache derrière la nuque.
- Waouh!
L’exclamation n’est pas de moi.
C’est Brown qui vient d’entrer dans le dortoir.
- C’est ta robe de bal ?
Elle a l’air émerveillée.
- Faut croire que ouais.
Elle me regarde surprise, et s’extasie.
- Elle est superbe. Tu l’as achetée où ?
- Je sais pas. Je viens de la trouver dans ma malle.
Elle me regarde bizarrement. Elle ne s’imagine quand même pas que je l’ai volée quelque part ?! Je me sens le besoin de bien faire le point là-dessus.
- Ma mère…. Elle a le don de toujours rajouter des trucs dans mes bagages sans me prévenir.

Mince, avec tout ça, je vais en retard, moi.
Je me dépêche de la remettre dans son sac et je sors ma baguette.
- Failamalle !
Mes affaires éparpillées viennent reprendre place dans la malle, en vrac, certes, mais c’est mieux que rien.

Je me coltine un TP de potions cet après-midi. On a une heure pour concocter la potion. La meilleure de l’histoire, c’est qu’il nous a donné les ingrédients sans le dosage. Il paraît qu’on l’a étudiée le mois dernier et qu’on est censés la connaître par cœur. Bien évidemment, Granger n’a aucune difficulté à faire son TP. Mais pour ce qui est du commun des mortels, on est tous en train de patauger. Le bon côté des choses, c’est que Rogue est trop occupé à se défouler sur Potter pour s’occuper des autres.
Malheureusement, Malefoy et sa bande n’ont pas l’air de m’avoir oubliée, eux. Et pendant que je m’engueule à voix basse avec Parkinson, je ne vois pas que dans mon dos, Goyle est en train d’intervertir certains de mes ingrédients. Et moi, je connais tellement bien la recette que je ne vois pas la différence.

Ça ne manque pas. Et c’est exactement au moment où Rogue passe à côté de moi que mon chaudron explose. Quand l’âcre fumée se dissipe, tout le monde est recouvert d’une espèce de mêlasse verdâtre très poisseuse. Et collante. Très collante.
Tout le monde me lance des regards noirs. Les serpentards sont à moitié morts de rire. À moitié seulement, parce qu’ils n’ont pas réchappé à la mixture verdâtre. Quant à Rogue, s’il était sûr de ne pas terminer ses jours à Azkaban pour ça, je crois qu’il me tuerait sur place.

Je viens tout juste d’inventer la super glue à l’odeur la plus infecte qui soit.
Revenir en haut Aller en bas
  • Invité
  • Invité
MessageSujet: Re: Chroniques d'un temps, par Joana O'Donnell   Chroniques d'un temps, par Joana O'Donnell EmptySam 11 Nov - 9:30:40

Chapitre 10: Vive la glue

Potter devrait me remercier, je viens de lui sauver la peau. L’attention de Rogue s’est totalement reportée sur moi. L’attention de tout le monde d’ailleurs.
Il demande à tous les élèves de quitter le cachot, mais certains d’entre eux sont littéralement glués au sol. Quelques courageux viennent au secours de leurs camarades coincés, et tout le monde remballe ses affaires, avec plus ou moins de difficulté. J’en fait de même.
- Pas si vite, Mlle Maxwell.
C’est pas faute d’avoir essayé.

Je finis par sortir du cachot après dix minutes d’engueulade et la promesse de venir récurer des chaudrons tous les soirs pendant une semaine.
Parkinson m’accueille à la sortie avec son rire de crécelle. Elle a l’air de ne pas bien réaliser qu’elle est encore couverte de ma super glue maison. Je suis fatiguée, énervée et recouverte d’un truc visqueux innommable.
Mon sang-froid choisi ce moment précis pour m’abandonner.
- Oppugno !
Une volée de moineaux s’élance de ma baguette pour attaquer Parkinson. Des plumes volent de partout et viennent se coller à la serpentarde qui pousse des petits cris suraigus. On dirait un pigeon géant. Aussitôt, Malefoy s’avance pour m’attaquer, mais je réagis plus vite que lui.
Je lui lance un sort de crache-limaces. Le blondinet est pris de haut-le-cœur. Et le plus drôle, c’est que les limaces qu’il vomit viennent se coller sur ses vêtements. Dommage que je ne me rappelle pas ce que j’ai mis dans ce chaudron, parce que c’est vraiment efficace comme colle.
- La vengeance est un plat qui se mange froid, Malefoy, tâche de t’en rappeler.
Les deux gorilles, alias Crabbe et Goyle, essayent de s’avancer à leur tour, mais je les menace de ma baguette. « Allez-y, approchez, je suis remontée à bloc », ai-je l’air de leur dire.
Les deux déguerpissent aussitôt, traînant derrière eux la reine des moineaux et le seigneur des limaces. Un large sourire s’étire sur mon visage. Un petit rayon de soleil pour illuminer ma journée ?
Non, le calme avant la tempête. Un bras s’abat lourdement sur mon épaule. Je ferme les yeux et soupire, sachant exactement ce qui est sur le point de se produire.
La durée de ma punition est désormais indéfinie. Je crois comprendre que j’en ai pour jusqu’aux vacances de Pâques. Et je ne vous parle même pas du nombre de points que je viens tout juste de faire perdre à ma maison.

Je n’ai pas envie de rentrer dans ma salle commune. Je n’ai pas envie de voir la tête hilare des jumeaux quand ils vont apprendre la nouvelle, ni la mine furibonde des autres élèves de ma classe, et encore moins entendre les cruches parler du bal.
J’aimerais bien descendre à Pré-au-lard, histoire de me planquer à la Tête de Sanglier. Mais je ne peux pas. Alors je vais jusqu’aux cuisines le plus discrètement possible, et je pique quelques bouteilles de biéraubeurre. Je réussis même à trouver un fond de Whisky Pur feu. C’est fou ce qu’on trouve dans ces cuisines.
Sur le chemin du retour, je fais attention à ne pas me faire surprendre par les Poufsouffles dont la salle commune est dans le coin. Et je me dirige vers le parc. Je connais un coin bien tranquille par là-bas. En fait, ce sont les jumeaux qui me l’ont fait découvrir. Aucune chance que l’on puisse m’y trouver.

J’ouvre une première bouteille que je vide d’un trait. Je suis sur les nerfs. « Heureusement » pour moi, ma punition ne démarre qu’à compter de lundi. Je crois surtout qu’il a fait ça pour se donner le temps de trouver quelque chose de bien sadique à me faire faire.
Je ne comprend vraiment pas ce qu’il m’arrive en ce moment. Je suis carrément en train de perdre le contrôle de la situation.
Je vide la deuxième bouteille avant de réaliser que j’ai besoin de quelque chose de plus fort. J’examine le contenu de la bouteille de Whisky. Il doit en rester juste de quoi remplir deux verres. Et pourtant, c’est largement suffisant. Largement, parce que je ne tiens pas, mais alors pas du tout, l’alcool.
Je descends le fond de bouteille en moins d’une minute.
Mes yeux s’embuent de larmes. Qu’est-ce qu’il est fort, ce truc là ! Je comprends mieux pourquoi ça s’appelle Pur Feu.

- Je t’avais bien dit qu’elle serait là.
La voix me donne l’impression d’être vraiment lointaine.
- Ça te va vraiment bien au teint, le vert, Maxwell.
Tiens, les jumeaux. Pendant un moment, je crois que c‘est moi qui voit double….
Forcément, il n’y a qu’eux pour venir me débusquer ici. J’essaie de focaliser mon regard, mais ça reste assez flou.
- Eh, Max, il y a Parvati qui te cherche pour te faire la peau pour lui avoir ruiné son brushing….
- Et Hermione pour lui avoir ruiné son travail….
- Bah, qu’elles viennent. Je les attends !
- Neville essaie de te défendre….
- Dites à Neville d’arrêter de se prendre pour ma mère. J’en ai déjà une et c’est assez chiant comme ça.
- Ah ouais, et ton pote bulgare te cherche.
- C’est pas mon pote. C’est rien qu’un gros crétin qui s’imagine que je vais aller au bal avec lui.
Je glousse en fermant à moitié les yeux. Ça doit pas vraiment être beau à voir quand je suis dans cet état.
- Mais il a rien compris. Parce que le bal, je vais le passer avec Rogue.
Je suis prise d’un fou rire incontrôlable.

C’est alors que je le vois, par-dessus les épaules de mes deux rouquins préférés. Il me lance un regard rempli de dégoût, mais surtout d’une pitié qui fait mal -j’ai horreur qu’on ressente de la pitié pour moi-. Puis il tourne les talons.
Tant mieux. De toute façon, ça n’aurait pas pu finir autrement. De plus, dans le flot de conneries que j’ai débité, il y a une part de vérité. Je revois encore le visage de Rogue quand il m’a très narquoisement dit.
« J’espère que vous n’aviez pas de projets pour le bal ? »
Revenir en haut Aller en bas
  • Invité
  • Invité
MessageSujet: Re: Chroniques d'un temps, par Joana O'Donnell   Chroniques d'un temps, par Joana O'Donnell EmptyDim 26 Nov - 10:24:27

Chapitre 11: Il faut savoir souffrir pour être belle…

- Aaaahh !
J’ouvre les yeux pour tomber nez à nez sur Neville dont le visage doit être à trente centimètres du mien. Il a l’air paniqué. Je le connais cet endroit. Bien sûr, on est dans la salle commune. Je reconnais l’affreuse tapisserie rouge. Fred et George ont dû me traîner jusque là. Et comme ils ne peuvent pas monter dans le dortoir des filles -il y a une protection qui en interdit l’accès aux garçons… valeurs ancestrales obligent-, ils ont dû décider d’abandonner mon épave sur un canapé.
Neville me regarde d’un air préoccupé. Est-ce que les garçons lui ont tout raconté ? J’espère qu’ils ont rien dit. Je me sens déjà assez mal comme ça. En plus, j’ai une de ces migraines.
Je n’ai pas le temps de l’ouvrir qu’il me fourre un truc dans le gosier. Je ne sais pas ce que c’est comme plante, mais ça va un peu mieux. Heureusement que Neville suit aussi bien en botanique.
Ça me permet de me lever. Je le remercie et je monte quatre à quatre les escaliers qui mènent à mon dortoir. Je me laisse tomber sur mon lit, et je me rendors.


Le bal, c’est après demain. C’est ce que je viens d’entendre cette Poufsouffle dire à sa copine. Et finalement, Parvati va au bal avec Potter. C’est fou ce qu’on apprend rien qu’en marchant dans les couloirs. Là, je me dirige vers les cachots pour mon heure de colle. Je croise MacGonagall qui sort du bureau de Rogue au moment où je rentre. Vu la tête de Rogue, je sens le sale quart d’heure en perspective.
Après m’avoir fait faire un inventaire de tout ce que contient la réserve, et un tri des ingrédients par ordre alphabétique, je dois maintenant nettoyer tout le matériel. Comme j’en ai pris l’habitude, j’enfile sans un mot mes gants en peau de dragon, j’attrape le flacon de produit et je me dirige vers la réserve.
Sauf qu’aujourd’hui, Rogue m’arrête.
- Non, pas de gants. Et vous utilisez cela.
Je prends la fiole qu’il me tend et j’en lis l’étiquette.
- Mais professeur, c’est….
- Je sais parfaitement ce que c’est, Miss Maxwell.

Pendant près de deux heures, ce connard m’a fait récurer des chaudrons qui datent de Mathusalem avec de l’acide, le tout sans gants. Mes mains ressemblent à un champ de bataille à la fin des hostilités. J’espère que d’ici trois jours, elles auront fini de cicatriser. J’ai bien l’intention de faire du ski. Et je risque d’avoir besoin de mes mains pour tenir les bâtons.
En attendant, elles sont rouge poivron. La peau est brûlée, j’ai des ampoules un peu partout et le sang suinte même par endroits. Je ne comprends pas pourquoi il me fait ça. Pourtant, je n’ai pas fait de nouvelles vagues dans son cours depuis la dernière fois.
Quand je termine, je repose tant bien que mal le flacon d’acide et l’éponge, et je me dirige vers la sortie.
Rogue me rappelle. Je reste debout, face à lui, de l’autre côté du bureau. Je prends le soin de mettre mes mains dans mon dos. Je ne veux pas qu’il les voit; même s’il sait pertinemment dans quel état elles doivent être.
- J’ai pour vous une nouvelle qui devrait vous satisfaire.
J’ai les mains en charpie. La seule chose qui pourrait me satisfaire en cet instant, c’est qu’il me passe quelque chose pour guérir mes mains.
- Le professeur MacGonagall est venu me voir dans mon bureau pour m’expliquer à quel point il est important que TOUS les élèves participent au bal de Noël qui aura lieu dans deux jours. De fait, elle m’a prié de suspendre votre punition pour demain.
Tu parles. Il a dû se prendre un de ces savons ! Ça commence à expliquer le pourquoi du traitement de faveur auquel j’ai eu droit aujourd’hui.
- De fait, nous reprendrons cette punition dès la rentrée.
Je me force à sourire respectueusement, et j’arrive même à lâcher un: « Merci Professeur ».
Puis je sors en quatrième vitesse du cachot, avant qu’il ne lui prenne l’idée de changer d’avis. Je planque mes mains meurtries au fin fond de mes poches, et je prie pour ne pas croiser Neville en chemin. Pourtant, ça irait beaucoup mieux. Mais j’ai trop d’orgueil pour ça. Aller le voir, ça serait admettre que Rogue a réussi à m’affaiblir.

Je m’assieds sur mon lit en contemplant l’étendue du désastre. Et je ne parle pas que de mes mains. Ce qui aurait dû être une bonne nouvelle s’avère être un cauchemar. Je pousse un long soupir. Me voilà revenue au point zéro, et même moins que zéro.
Quand je dis que le bonheur me fuit, personne ne veut me croire. Mais je ne m’en plains pas. Les emmerdes constituent mon quotidien.

- Oh, mon dieu !
Je vous le donne en mille. Granger ne fait pas un pas dans le dortoir que son regard se pose sur mes mains. C’est vrai qu’elles sont bien amochées.
Si j’arrive encore à négocier avec Neville, Granger, elle, est intraitable. En moins de temps qu’il n’en faut pour dire Quidditch, elle me met les mains dans un bol et verse dessus de l’essence de Murlap. Je ne veux même pas savoir ce qu’est un Murlap, mais ce que je sais, c’est que ça soulage vraiment.
Si je montre mes mains à MacGonagall, ça me dispense d’aller au bal ? Je n’y crois vraiment pas. Surtout que si elle est allée voir Rogue, c’est justement pour que je puisse y assister, à son fichu bal.
J’ai pris ma décision. Cavalier ou pas, je vais y aller. Je fais acte de présence pendant un petit moment, et je peux remonter dans mon dortoir pour finir de boucler tranquillement mes bagages. Comme ça, je fais plaisir à tout le monde.
- Dis moi, par le plus grand des hasards, tu n’aurais pas des gants ?
Granger me répond par un sourire. Il y a des moments comme ça où je l’apprécie. Surtout quand elle n’essaie pas de me faire la morale.

Le pire, c’est qu’elle réussit vraiment à me dégoter des gants noirs -et jolis avec ça- qui s’arrêtent juste au-dessous du coude. Bon, entre temps, j’ai laissé mariner mes mains dans l’essence de Murlap et elles ont retrouvé une apparence un peu plus normale. Il reste encore quelques cicatrices par endroits, là où ça a saigné.

J’enfile la robe que m’a dégoté ma mère, à laquelle je rajoute une paire de sandales lacées noires à talons. Pas trop hauts les talons. Je n’arrive pas bien à garder l’équilibre sur ce genre de chaussures. Le résultat n’est pas trop mal finalement. Puis juste pour le fun, je me fais apparaître quelques mèches rouges dans les cheveux, assorties à ma robe. Et je noue le tout en un espèce de chignon volontairement négligé. Je suis plutôt fière du résultat. Y aller seule ne rime pas forcément avec y aller moche.

Je rentre dans la salle et direction le bar. Je crois que je vais descendre quelques verres de punch, ça me détendra. Une réminiscence de ma dernière expérience au Whisky Pur Feu achève de m‘en dissuader.
J’ai l’impression que tout le monde me regarde, l’air de dire: « regarde là, la pauvre fille que personne n’a invité ». Je crois que je suis un peu paranoïaque. Reste que je viens quand même de voir passer Eloïse Midgen au bras d’un garçon et me lancer un regard désolé….
Les quatre champions entrent dans la salle avec leurs cavalières au bras. Tous les regards masculins convergent brusquement vers Fleur Delacour, qui se dandine dans sa robe de satin argentée. C’est assez marrant à voir en fait. Surtout que Davies, son cavalier, n’arrive plus à fermer la bouche tellement il s’extasie devant elle. Les voilà qui ouvrent le bal en dansant les premiers. Tiens, Granger est au bras de Krum. Ça ne m’étonne pas plus que ça après ce que j‘ai pu voir à la bibliothèque et lire dans la Gazette des Sorciers. Ce qui m’étonne par contre, c’est le changement de look plutôt radical…. J’ai failli ne pas la reconnaître.

Petit à petit, des couples prennent place sur la piste de danse aux côtés des champions. Je vois Neville danser avec Ginny, la cadette de la tribu Weasley, et je ne peux pas m’empêcher d’être contente pour lui. Il mérite bien cela.
Bon, je crois que j’ai assez traîné là. Je vais rentrer. Comme ça je pourrai me vanter de m’être couchée tôt au moins une fois dans ma vie. Oui, je sais bien, c’est pitoyable. Mais là, je m’ennuie trop. Et je préfèrerais ne pas avoir à vider le contenu du bar.

Je passe les grandes portes en sens inverse.

Il me regarde, les mains dans les poche, l’air désinvolte, un sourire au coin des lèvres.
- J’ai crrru comprrrendrrre qu’une élève de ta maison n’avait pas de cavalier pourr la soirrrée.
Revenir en haut Aller en bas
  • Invité
  • Invité
MessageSujet: Re: Chroniques d'un temps, par Joana O'Donnell   Chroniques d'un temps, par Joana O'Donnell EmptyMer 27 Déc - 19:25:43

Chapitre 12: Shall we dance ?

- Qu’est-ce que tu fais là ?
Qu’est-ce qu’il espère ? Que je sois folle de joie et que je lui saute au cou ? Ma voix reste désespérément froide. C’est de saison.
- Ton amie Parrvati m’a expliqué.
Quand est-ce qu’il va comprendre que Patil n’est PAS mon amie. Mais une seconde, elle lui a expliqué quoi exactement ?
Il doit réaliser que j’ai loupé un épisode, parce qu’il s’empresse de me fournir une explication.
- A prrropos de ta punition. C’est elle qui est allée en informer la dirrrectrrice de votrre maison.
Elle a quoi ? Patil ? Est-ce qu’on parle bien de la même Parvati Patil ? Ce n’est pas possible. Cette fois, je suis clairement entrée dans la cinquième dimension. Parvati ? -La même qui menaçait de me tuer il y a quelques jours à peine.- Aller voir MacGonagall pour plaider en ma faveur ? C’est impossible. C’est de la science-fiction. Elle espère quoi en échange ?
Attends, ça veut dire que c’est à elle que je dois l’état de mes mains ? Celle-là, si je l’attrape, elle….
Au diable les explications. Ça attendra plus tard.

- Tu veux danser ?
- Je ne sais pas. À vrai dire, je n’ai plus de cavalier. Le dernier s’est débiné quand il a réalisé que je suis folle à lier.
- Vrrraiment ? Il a fait ça ? Quel imbécile!
On se toise du regard, sourire en coin.
Il me tend son bras. Je pose ma main sur la sienne, et pour la deuxième fois de la soirée, je passe les portes de la salle de bal. On est loin de l’entrée grandiose à l’instar de celle des contes de fées, -de toute façon, je hais les contes de fée-. D’autant que je croise Granger qui elle, sort, l’air furieuse. Il y a eu un problème avec Krum ? Ah non, peut-être pas. Weasley sort sur ses talons. Ils ont encore dû s’engueuler. Je crois qu’au fond ils s’aiment.

Pour l’instant, j’ai d’autres chats à fouetter. Là, je compte essayer de profiter de l’instant présent, pour ne pas changer.
Il m’emmène jusqu’à la piste de danse où tout le monde se bouge sur un rock endiablé.
Le rythme change, s’adoucit. Il glisse une main dans mon dos et me ramène contre lui; et de l’autre main, il prend la mienne. Je retiens une grimace de douleur. Elles n’ont peut-être pas si bien guéri que ça, mes mains.
À ce moment précis, je suis totalement incapable de dire ce qu’il se passe dans le reste de la salle. D’ailleurs, je ne saurais même pas dire où je me trouve. Pourtant, je n’ai rien bu. Quoi, ça ? C’était juste un petit verre de punch de rien du tout.
Je suis dans un état second.
Je me sens bien. Pleinement et profondément bien. Moi qui me suis jurée de ne pas ressembler à ces furies en perpétuelle quête d’amour. En même temps, je réalise que je suis à des millions de kilomètres de leur ressembler. Je ne suis PAS une groupie !

D’accord, je ne suis pas dans un conte de fée, mais qui a dit que je n’ai pas le droit d’en vivre un pour changer ? Parce qu’on est dans le monde réel, et que la réalité finit toujours par rattraper les doux rêveurs.
La musique s’arrête. Je ne sais pas depuis combien de temps on est là. Mais je crois que la soirée touche à sa fin. La plupart des élèves sont déjà rentrés. On n’est plus que quelques rares à s’accrocher à la piste. D’un signe de tête, je lui indique la sortie. Il me suit sans rien dire. À peine ai-je traversé les grandes portes que je me rue sur mes chaussures pour les enlever. Elles sont aussi jolies qu’elles me font mal aux pieds. Et je peux vous dire qu’elles sont très jolies !
Ian lève les yeux au ciel avec un sourire.
- Je voudrais bien t’y voir, moi, avec des chaussures comme ça.
Il éclate de rire. Mais c’est qu’il se moque de moi, le bulgare !
Il recule de quelques pas en rigolant, et je me mets à le poursuivre tant bien que mal. C’est pas évident de courir en tenant d’une main mes chaussures et de l’autre le bas de ma robe. Je finis par lui lancer mes chaussures dessus. Il en esquive une mais se prend l’autre dans le dos. Je vise pas si mal que ça, finalement. Il tombe à genoux dans l’herbe givrée, et j’atterris à ses côtés, en proie à une crise de fou rire.
Le froid fait vite de me rattraper. Tu m’étonnes, le parc est couvert de neige ! Entre ma robe décolletée et mes pieds nus, je vais mourir congelée. La meilleure, c’est que je n’arrive pas à mettre la main sur ma deuxième chaussure.
Mes lèvres ont déjà sûrement viré au mauve. Je grelotte. Il est grand temps de rentrer.
- Accio chaussure gauche.
Je manque de me la prendre en pleine figure. Ce sort me pose encore parfois quelques problèmes.
J’enfile mes deux tortionnaires pour orteils, et Ian, en parfait gentleman, me passe sa cape sur les épaules. Ça va déjà mieux. Il me raccompagne jusqu’au château, et arrivés dans le hall, me murmure « Bonne nuit ». Comment ça bonne nuit ?
Je le regarde d’un air malicieux et je lui réponds aussi à voix basse.
- Tu n’espères quand même pas te débarrasser de moi aussi facilement ?
Je l’attrape par la main et je l’entraîne à ma suite dans les couloirs. Je m’arrête en face de la statue de Mavrick le fol et je tourne le pommeau de son épée. Une porte dérobée s’ouvre derrière lui. Je m’y engouffres, Ian à ma suite. Cette adresse là, je la dois aussi aux jumeaux.

On est dans une sorte de grand salon décoré avec beaucoup de goût. Je soupçonne cette pièce d’avoir un jour été la salle des professeurs. M’en témoignent les quelques casiers sur le mur du fond. J’allume un début de feu dans l’âtre, histoire de réchauffer mes membres engourdis. J’enlève de nouveau mes chaussures et m’installe confortablement sur le canapé. Confortablement, ça signifie enlacée par mon -désormais un peu plus qu’- ami bulgare, mon dos contre son torse et ses bras passés autour de moi.

On s’est endormis comme ça. C’est du moins ce que j’en déduis en me réveillant. Il dort encore. Je me lève doucement et je m’assieds en tailleur sur le tapis, devant le feu où quelques braises se consument encore lentement. Je retire doucement les gants noirs et je tends mes doigts glacés vers l‘âtre. Je sens que je vais encore avoir besoin d’essence de Murlap.

Nous voilà devant le portrait qui mène à ma salle commune.
Il m’embrasse. Sans préambule. Mais tendrement. Je m’apprête à répondre à son baiser quand un « hum hum » sonore retentit derrière moi. Elle a vraiment le don pour tout gâcher, celle là !
- Ça va, je ne vous dérange pas trop ? Ironise la grosse dame violette, qui nous surveille depuis son portrait.
- En fait si, un peu.
Ma voix se fait grinçante. J’ai horreur d’être interrompue.
- Moi, de mon temps….
- Vous êtes morte il y a de ça au moins trois siècles !
La grosse dame pousse une exclamation outrée. Non mais, c’est elle qui a commencé à me chercher!
La porte de la salle commune s’ouvre à la volée et un groupe de dindes gloussantes apparaît. Ian me fait un dernier sourire et disparaît dans le couloir. J’en profite pour me glisser en vitesse dans l’ouverture avant qu’il ne prenne l’envie à la Castafiore de me piquer une nouvelle crise et de me coincer dehors.
Revenir en haut Aller en bas
  • Invité
  • Invité
MessageSujet: Re: Chroniques d'un temps, par Joana O'Donnell   Chroniques d'un temps, par Joana O'Donnell EmptyMer 27 Déc - 19:26:27

Chapitre 13: Retour au bercail

Trois heures ! C’est le temps qu’il me faut avant de réussir à boucler ma valise.
Il a bien fallu que je me résigne à la faire à la moldue cette valise. Les résultats de mon sort de « failamalle » sont plutôt piètres.
Heureusement que je ne prends pas le train pour rentrer ! Oui, ceux qui le désirent peuvent emprunter le réseau de cheminées pour rentrer chez eux pour les vacances. Ça évite de faire partir le train seulement pour une poignée d’élèves. Voilà. Je fais un rapide tour du dortoir pour vérifier que je n’ai rien oublié. Même si c’est le cas, ce n’est pas très grave. Je suis de retour dans quelques semaines.

- Mobilifatra
Mes bagages se mettent à léviter. Je quitte le dortoir en catimini. Pas la peine de passer des heures à dire des « au revoir » bien hypocrites à tout le monde. Par contre, j’ai quand même besoin de faire quelque chose avant de partir.
Si le dortoir des filles est protégé de toute intrusion masculin, celui des garçons ne l’est pas. J’y monte assez discrètement et je vais vers celui de Neville. Il n’est pas trop dur à trouver. Trevor, son crapaud, se promène sur son lit. Je sors un paquet de mon sac à dos et je le pose au pied de son lit. Je lui dois bien ça, à Neville, il est toujours tellement sympa avec moi. J’ai même pris la peine de lui écrire un petit mot. Je sors du dortoir, et je le croise au moment de quitter la salle commune. Je lui lance un « Joyeux Noël » et mes valises et moi nous dirigeons vers notre point de départ.
Dans les couloirs, je tombe sur les jumeaux, occupés à vendre quelques uns de leurs articles « Spécial Noël » à des Première Année admiratifs, au rang desquels figure encore leur « crème Canari » ou encore les « Praline Longue Langue ». De loin, je les salue, et avant de m’éloigner, j’ajoute:
- J’espère que cette fois-ci vous avez bel et bien réussi à annuler les effets secondaires de la « Colique en Coque ».
Ils me répondent par un clin d’œil amusé.


Il y a quelques cheminées alignées contre un mur, et une queue d’élèves devant. Certains discutent avec véhémence de ce qui les attend de retour à la maison. Moi, j’ai toujours ma brochure au fond de ma poche, et à chaque fois que je la touche, je ne peux pas m’empêcher de sourire. En plus, il ne reste plus aucune séquelle de ma dernière punition. Ces vacances vont être parfaites !
- Miss Maxwell.
Je m’approche de la cheminée de droite. Je regarde mes malles partir avant moi et je m’avance à mon tour dans l’âtre. Je prends une pincée de poudre de cheminette.
- Max !
Quelques élèves s’écartent, médusés, tandis qu’un grand brun, bulgare s’approche de moi.
Il me vole un baiser juste avant de me regarder disparaître dans le réseau de cheminées. Ça, c’est parti pour circuler sur Radio Poudlard jusqu’à l’an prochain.
Je souris, mais je n’arrive pas à m’empêcher de ressentir un étrange pincement au cœur. Un sentiment de malaise. C’est comme si, quelque chose, au fond de moi, me soufflait que je le vois pour la dernière fois. Je sais que c’est totalement débile, parce qu’il reste là jusqu’à la fin de l’année et que je suis de retour dans à peine deux semaines. Je me déteste quand je deviens mélodramatique.

Dès que mon regard croise les sourires rayonnants de mes parents, tout s’estompe. Je manque de me casser la figure en me prenant les pieds dans ma malle. Ils ont encore oublié de la pousser avant que j’arrive.
- Ma chérie ! Je suis tellement contente de te revoir !
- Moi aussi, maman, mais tu m’étrangles.
- Ça fait deux heures qu’elle attend devant la cheminée, me souffle mon père.
Je rigole tandis qu’elle lui met une tape sur l’épaule.
Ça m’a manqué de ne plus voir mes parents se chamailler. Je lève les yeux au ciel, et en chemin, mon regard tombe sur une silhouette béate qui me fixe depuis l’encadrement de la porte du salon. Je retiens une exclamation. Je viens de me faire surprendre en train de sortir de ma cheminée par un inconnu. La silhouette quitte son recoin d’ombre, et à la lumière du salon, je reconnais mon cousin. Ashley, mon cousin préféré. Grand, blond, le genre à plaire aux filles, un an de plus que moi.
- Ash! Tu m’as fait peur, espèce d’imbécile !
- Salut, ma sorcière bien-aimée.
C’est sa nouvelle marotte. Depuis qu’il a découvert que je suis une sorcière, il m’appelle comme ça. En temps normal, je m’énerve et je menace de le transformer en cochon. Malheureusement pour moi, ma mère a fini par lui expliquer que je n’ai pas le droit de faire usage de la magie en dehors de l’école.
- Alors, ton école de dingues, comment ça se passe ?
Ma mère lui met une claque derrière la tête.
- Ben quoi, on ne peut même plus plaisanter, tante Liz ?
Je lui tire la langue en me moquant de lui.
- Comme d’hab. Ah si, il y a eu de la nouveauté cette année. On a des correspondants étrangers à l’école.
- Des correspondants, hein ?
- Et des correspondantes aussi…. Des françaises en plus !
- Mais c’est très bien tout ça, s’extasie mon père.
- Si l’on veut. C’est dans le cadre d’une compétition entre écoles, qu‘ils ont décidé de rétablir cette année.
Ma mère pâlit. Bien qu’elle ne soit jamais allée à Poudlard, elle comprend très bien de quoi je parle. Et je crois qu’elle a aussi entendu parler de l’accident de la dernière fois.
- Une compétition sportive ? Avec des concours d’aviron et de tir à l’arc, comme dans les grandes universités?
- Mouais, pas vraiment en fait. Ce serait plutôt combattre des dragons et ce genre de trucs.
- Extra !
Oh non, pitié, pas mon cousin. Pas lui. Que tout Poudlard s’extasie sur le tournoi, je veux bien, mais pas lui….
- Attends, pourquoi tu dis qu’ils ne l’ont rétablie que cette année ? demande mon père. Rien ne lui échappe dans mes propos, décidément.
Je répond d’un ton tout à fait désinvolte.
- Parce qu’il y a eu un mort la dernière fois.
Ma mère ne dit rien, mon père me regarde comme pour vérifier si je plaisante ou non, et Ash, lui, s’imagine déjà en train d’affronter un dragon. La tension est presque palpable. Ma mère décide de rompre le silence.
- Le repas est presque prêt. Ellis, tu devrais aller te doucher avant qu’on passe à table.
Mon père, quant à lui, empoigne ma malle pour la monter à l’étage. Même si je n’ai pas le droit d’utiliser la magie, ça ne m’empêche pas de l’aider, mais j’ai la flemme. Et puis, Ash est là, maintenant ! Ma mère aussi à l’air de le réaliser, à mon grand plaisir.
- Ashley, soit un ange et aide Edward à monter la valise de ta cousine.
Il empoigne l’autre côté de la malle et s’exclame:
- Mais qu’est-ce que t’es allée mettre là-dedans ?
- Un chaudron, mon nez crochu et des plombs de 10 kilos chacun !
Il me fait une grimace et je le nargue de loin. Avant de disparaître dans l’escalier, je l’entends me dire.
- Hey, Max, je crois que t’as un truc sur la figure.
Je passe ma main sur ma joue.
- Maman ! Combien de fois faudra-t-il que je te dise d’utiliser un rouge à lèvres anti-traces !
Revenir en haut Aller en bas
  • Invité
  • Invité
MessageSujet: Re: Chroniques d'un temps, par Joana O'Donnell   Chroniques d'un temps, par Joana O'Donnell EmptyMar 9 Jan - 15:35:10

Chapitre 14: La maison sur la colline

Après une semaine de folie à dévaler des pentes recouvertes de poudreuse, on finit par rejoindre Tante Dana et Oncle Marc, les parents d’Ash.
Ils ont une maison de vacances, dans un petit village éloigné. Little Hangleton, que ça s’appelle. Ne me demandez pas de le situer sur la carte, j’en suis strictement incapable. Et pourtant, j’y vais tous les ans depuis l’âge de 8 ans. Malgré tout, j’aime bien. Ash s’énerve un peu parce qu’il a laissé son lecteur mp3 à la maison, et parce qu’il n’a pas accès à Internet pour discuter avec ses copains. Moi, ça ne me perturbe pas trop. Allez passer quelques années dans un endroit où on s’éclaire encore à la bougie ! En plus, cet endroit me fait un peu penser à Pré-au-lard, mais version moldue.
Le confiseur du coin, par exemple, est plutôt doué dans son genre, même si l’absence de magie me gêne parfois un peu. Entre autres, Ash se marre à chaque fois qu’il me voit tenir un chocolat. C’est pas de ma faute, j’ai tellement l’habitude des chocogrenouilles qui cherchent systématiquement à s’enfuir que je les serre toujours très fort.
Pour en revenir aux similitudes entre Pré-au-lard et cet endroit, il y a un vieux bar un peu miteux qui me rappelle la Tête de Sanglier, sauf qu’ils n’y servent pas de biéraubeurre. Et un peu plus loin, au sommet de la colline, il y a une vieille demeure abandonnée, qui fait penser à la Cabane Hurlante. Elle est abandonnée, certes, mais farouchement protégée par un vieux gardien aigri. Il paraîtrait que c’est un criminel repenti ; glauque, n’est-ce pas ? On va souvent y jouer les explorateurs ou les enquêteurs. Ouais, il paraît qu’il y a eu un meurtre là il y a une cinquantaine d’années. Que de rumeurs bizarres dans ce village….
Ça le fait toujours enrager, le pauvre Franck, mais il n’a encore jamais réussi à nous attraper.

Étant donné qu’on a passé les fêtes à skier et que le soir de Noël, j‘étais encore à Poudlard, on a prévu l’ouverture des cadeaux pour ce soir. Il y a plein de paquets étalés sur le tapis du salon, devant la cheminée. Je soupçonne ma mère d’avoir emprunté celle-ci pour faire venir les paquets pendant que le reste de la famille se promenait dans le village.
On s’assoit tous en rond autour des cadeaux, et on les déballe au fur et à mesure, en se faisant des commentaires et en se remerciant. Tandis que tout le monde rigole, ma mère me souffle à l’oreille.
- J’ai mis le reste là-haut.
Elle fait allusion aux cadeaux qui peuvent provenir de camarades de Poudlard. Mon oncle et ma tante ne sont pas au courant. En dehors de mes parents, Ash est le seul à savoir. Tout le monde croit que je suis dans un internat huppé pour jeunes gens bien éduqués.

Il commence à se faire tard. Tout le monde part se coucher. Je monte dans la chambre que je partage avec Ash, et je verrouille derrière lui. Mieux vaut ne prendre aucun risque. Surtout s’il y a un cadeau qui provient des jumeaux….
Il y a trois paquets sur mon lit. L’emballage du premier provient de chez Zonko. Sûrement les jumeaux. Je ne suis pas déçue. J’ouvre le paquet. Une dizaine de petites souris en papier sortent de la boîte et se mettent à couiner en tournant autour de nous. Ash, charmé par les petites bêtes, tend la main pour en attraper une.
- Non !
Trop tard. Ils explosent tous les uns après les autres comme une rafale de pétards. J’en étais sûre !
En même temps, ça ne fait que confirmer que j’ai très bien choisi leur cadeau. Je leur ai envoyé une « cocotte qui cocotte ». Le principe est simple. C’est au départ une jolie et gentille poule, mais qui a un très gros défaut. Elle ne s’arrête jamais de parler. J’espère qu’il ne leur a pas pris l’idée d’appuyer sur le bouton sur son dos, parce que s’il éteint la cocotte, il la transforme en une boule puante géante. J’ai intérêt à me faire discrète quand je rentrerai à l’école….
Le deuxième est de Neville. Il y a un sachet de friandises et une belle plante en pot.
Je suis en train d’admirer la fleur qui danse dans son pot quand Ash pousse un petit cri. Le malheureux vient d’ouvrir un paquet de chocogrenouilles, et voilà la locataire de la boîte qui se promène sur le mur. Je tends le bras et je l’avale d’une bouchée. Il me lance un regard un peu dégoûté, et je suis obligée de passer un bon quart d’heure à lui expliquer que ce n’est pas une grenouille trempée dans du chocolat, mais une grenouille en chocolat.
Tiens, il y a un troisième paquet. Pas de nom dessus ni d’emballage significatif. Je retourne la boîte d’un air interrogateur. Je finis par l’ouvrir.
Dans un écrin de velours noir se trouve un superbe pendentif en forme de griffon. C’est tout en or, avec deux petites pierres en guise d’yeux. Je le prends dans ma main, et comme par magie -c‘est le cas de le dire-, les ailes du griffon se déploient et il se met à voleter comme un vif d’or. Je tends la main pour le saisir, et il se pose dans ma paume, se cabre et se fige de nouveau. Je ne suis pas la seule à avoir l’air émerveillée.
« Merci pour ce Noël ». C’est tout ce qu’il y a de marqué dans le fond de la boîte. Mais c’est suffisant. Je reconnaîtrais cette écriture entre milles. Je passe la chaîne autour de mon cou, et je regarde encore une fois le pendentif.
Il faudra que je pense à lui offrir un truc à la rentrée.


- Bon, qu’est-ce qu’on fait, maintenant ?
Ash me regarde, interloqué.
- Je veux dire, tu n’as pas l’intention de… dormir tout de suite ?
- Max, je te rappelle qu’on n’est pas à Londres. Il n’y a pas d’endroits où sortir tard le soir, ici.
- Et ça alors ?
Du doigt, j’indique le vieux manoir, perché sur sa colline.
- Oh non, pas cette année, Max.
- Oh si, cette année aussi, Ash.
Il n’a pas l’air très rassuré. Je m’en fiche. De toute façon, je ne vais pas réussir à dormir, alors autant m’amuser un peu.
J’enfile un pull et mon manteau, j’enroule une longue écharpe autour de mon cou. J’attrape une lampe torche et je tends l’autre à Ash. Et dans la poche arrière de mon jean, je glisse ma baguette. Plus par réflexe que par autre chose. De toute façon, je n’ai pas le droit de l’utiliser. Et puis, il ne va rien nous arriver là-bas. Mais quand même. Juste au cas où….

La porte s’ouvre dans un grincement, et je m’apprête à rentrer à la suite de mon cousin. Mais celui-ci ne semble pas vouloir bouger.
- Alors Ash, on a peur du noir ?
Pas de réponse.
- Tu as peur que ce soit hanté ? Je te rappelle que tu traînes avec une sorcière… qui a quelques copains fantômes avec ça.
Je lui ai parlé de Sir Nicholas, une fois… et de pourquoi il se fait appeler Nick « quasi-sans-tête ».

Je le pousse gentiment et il entre. Je lance un dernier regard dehors pour m’assurer que le gardien du manoir ne nous a pas repérés, et je referme la porte derrière moi. Nos pas résonnent dans l’imposant hall d’entrée.
- On commence par le rez-de-chaussée ou l’étage ?


A ce moment précis, comment est-ce que je peux savoir qu’être une sorcière et connaître quelques fantômes ne suffira pas, pour la simple et bonne raison que c’est précisément à cet endroit que Voldemort a décidé d’élire domicile ?
Revenir en haut Aller en bas
  • Invité
  • Invité
MessageSujet: Re: Chroniques d'un temps, par Joana O'Donnell   Chroniques d'un temps, par Joana O'Donnell EmptyVen 19 Jan - 17:11:36

Chapitre 15 : Souvenirs douloureux

Mais comment ? Je ne peux pas être… morte.

L’ange gardien affiche un air désolé et hoche imperceptiblement la tête, sans daigner croiser mon regard. Je le regarde d’un air suppliant. Je prends son visage entre mes mains, pour le forcer à me regarder dans les yeux et je sais qu’il ne ment pas.
Qu‘est-ce que je fais après ça ? Je tourne les talons et je pars. Pas très facile de s’enfuir ici. C’est tout plat et tout blanc. Ils ne se sont pas vraiment foulés pour le décor. Je tombe à genoux, et pour la première fois de ma vie -enfin, je me comprends- je verse des larmes de tristesse et d’incompréhension. Je ne le sens même pas approcher. Je me retrouve là, les joues envahies de larmes, ma tête reposant contre son épaule.
Quand je réussis à retrouver un tant soit peu de contenance, je me redresse. Il m’incite à fermer les yeux. Je sens ses mains qui viennent se placer sur mes tempes. Et je me rappelle.

- On commence par le rez-de-chaussée ou l’étage ?

Avec un nom comme Manoir « Jeux du sort », comment voulez-vous que j’ai fait le rapprochement. Il aurait au moins fallu que je m’appelle Granger pour ça. Sauf que moi, je suis Max. Ellis Maxwell. Et je ne savais pas. Et j’ai payé le prix de mon ignorance…

Il me regarde sans me répondre.

- Bon, alors pour changer on commence par l’étage.
- Max, attends.

Ash me saisit fermement le bras pour arrêter mon avancée.

- Tu… tu es vraiment sûre que tu veux le faire ?
- Allez, Ash, ne commence pas à jouer les rabat-joie, ça va être marrant.

On monte lentement les escaliers qui craquent sous nos pieds. Je m’arrête. J’ai l’impression d’avoir entendu quelque chose là haut. Ma main se referme instinctivement sur le pendentif autour de mon cou. Mais je ne faiblis pas. En courageuse Gryffondor -tu parles-, je continue à avancer en silence.
Arrivés sur le palier, je bute dans quelque chose. Je dirige ma lampe torche dessus et la lumière se reflète sur le vert écailleux de la chose qui gît au sol.
J’hurle de toutes mes forces. Et après, tout va très vite.
Ash, un peu en retrait, avale les dernières marches pour me rejoindre. Je me cramponne désespérément à lui sans m’arrêter de crier. Il essaie de me calmer en me demandant ce qu’il se passe. J’arrive à peine à parler.

-S… serpent… monstrueux… cauchemar… géant….

Le temps que j’essaie de retrouver mes esprits, la créature retourne voir son maître pour lui annoncer la présence de nouveaux invités. Une voix au loin siffle.

- Tue-les.
- Ash ! Cours ! Sors de là !

Je le tire en hurlant, et je l’entend dévaler les escaliers derrière moi. Je me précipite vers la porte d’entrée mais celle-ci est bloquée par le monstrueux serpent de tout à l’heure, qui doit faire au moins trois mètres de long et me fixe de son effroyable tête triangulaire.

- La cuisine ! Il y a une sortie secondaire dans la cuisine ! Depêche, Ash !

Un homme apparaît brusquement devant nous. Il a dû transplaner. Il a le physique ingrat, c’est le moins qu’on puisse dire. Petit, gros, échevelé. Il lui manque un doigt sur la main de laquelle il tient sa baguette. Bizarre, ça me rappelle quelque chose. Ça me fait penser à un truc que j’ai lu il y a longtemps. L’histoire d’un gars dont on n’avait retrouvé que le petit doigt. Comment c’était son nom déjà ? Tiens, ben un truc pas loin de petit gros, d’ailleurs. Ah ouais, Peter Pettigrow. Ne me demandez pas comment je fais pour penser à tout ça alors que je suis probablement en train de vivre mes derniers instants.
Ce n’est pas le moment d’être défaitiste. Je pousse Ash derrière moi, pour le protéger, et je dégaine ma baguette.

- Expelliarm….
- IMPERO !

Qu’est-ce qu’il se passe ? Je ne sens plus rien. J’essaie de bouger, mais mon corps refuse de m’obéir. Je -enfin, mon corps sur lequel je n’ai plus aucune emprise- se retourne vers mon cousin. J’essaie de lui crier de courir, de ne pas rester là, mais mes paroles n’atteignent jamais ma bouche.
La voix de l’autre homme s’élève derrière moi.

- Maintenant, finis-en.

Noooooooooon ! Ash ! Dégage de là !

Mais au lieu de s’enfuir, il s’avance vers moi, l’air inquiet, en essayant de me raisonner. Il plonge un regard à la fois terrifié et marqué par l’incompréhension, qui me déchire le cœur.

Va-t-en, je t’en supplie, va-t-en !

J’essaie désespérément de reprendre le contrôle, mais mes tentatives sont vaines.

- Avada Kedavra !

Cette voix, c’est la mienne. Ma voix que je viens d’entendre prononcer un sort impardonnable. Déformée par la haine et la rage, certes, mais ma voix quand même. Un éclair vert émane de ma baguette et le touche de plein fouet. Son corps s’effondre au sol, inerte.
Nooooooooon ! La main qui tient ma baguette tremble, et dans un sursaut, je retrouve le contrôle de mon corps. Je pousse un hurlement déchirant. Dans un élan de rage totalement déraisonnée, je me précipite vers le monstre qui m’a fait ça. Et cette fois, c’est bel et bien moi qui prononce la formule en pointant ma baguette vers l’inconnu.

- Avada Keda…
- Impero.

Je n’ai pas le temps d’arriver jusqu’au bout. Je perds de nouveau tout contrôle. Mon bras retombe le long de mon corps et lâche ma baguette. Que peut faire une gamine de 14 ans face à un mangemort expérimenté ?
Et je l’entends marmonner.

- Voilà un peu de distraction pour Nagini….

J'apprends très vite que Nagini est le nom de mon charmant camarade reptilien. Mes joues ruissellent de larmes tandis que je me dirige, impuissante, vers la porte d’entrée, là où attends le basilic. J’essaie de me débattre et reculer, mais je n’y arrive pas.
Je m’arrête. Je suis totalement terrifiée. J’aimerais pouvoir me retourner pour voir Ash se relever et me dire que c’est une farce, mais je n’y arrive pas. Quelque chose au fond de moi vient de se briser. Je sais que c’est fini pour lui, et que d’ici peu, ce le sera aussi pour moi.
Le serpent avance très lentement en ma direction, semblant savourer cet instant. Je sens quelque chose de très froid contre mes jambes, et qui commence à s’enrouler autour de moi. Ses anneaux se resserrent petit à petit. Je commence à suffoquer. Contre toute attente, il me lâche et s’écarte de moi. Un fol espoir naît dans mon esprit. Quelqu’un l’a fait fuir, et vient me sauver. Mais ce n’est qu’un espoir fou. Le serpent se redresse et me fixe, paré à l’attaque.
J’arrive tout de même à fermer les yeux.
J’espère qu’il va viser le cœur, pour m’achever d’un coup sec.

Je sens deux crocs me transpercer la poitrine.
Je ne crie pas.
Je bascule en arrière, mais au lieu de cogner violemment le sol, ma chute est amortie par le corps du reptile. Je ne ressens aucune douleur, du moins pour le moment. Je suis prise d’une violente quinte de toux. Je sais que c’est du sang que je crache, au goût ferreux qu’il me reste dans la bouche.

Je dois être en train de me vider de mon sang. Ma poitrine se soulève à un rythme de plus en plus irrégulier.
Je n’aurais jamais cru que tout terminerait comme ça.

Ça y est, c’est fini.
Revenir en haut Aller en bas
  • Invité
  • Invité
MessageSujet: Re: Chroniques d'un temps, par Joana O'Donnell   Chroniques d'un temps, par Joana O'Donnell EmptyVen 19 Jan - 17:24:48

Epilogue

Officiellement, c’est un accident.
Ash et moi, on fait une colonne entière à la page faits divers du «Herald Tribune », un journal moldu, et de la « Gazette des Sorciers ». Nos deux corps ont été retrouvés au beau milieu de la forêt. La version officielle des faits dit que nous avons été attaqués par une créature dans les bois, probablement un ours dans la version moldue ou une créature magique.

« Il s’en serait violemment pris à la jeune fille, et à la vue de cette scène, le cousin de la victime aurait fait un arrêt cardiaque. »

Je n’en reviens pas !
Dumbledore n’est pas débile. Je ne crois pas qu’il ait avalé cette histoire d’ours. Du moins je l’espère. Je crois juste que c’est plus confortable pour le ministère que d’admettre qu’il y a des meurtriers en liberté.
Après tout, qu’ils se débrouillent avec tout cela. Ça ne me concerne plus… maintenant.

L’ange me regarde et me demande si ça va mieux. Comment veut-il que ça aille mieux ? Je suis morte, nom d’une gargouille. M-O-R-T-E !

- Dites, il est où, Ash ?

J’ai la voix de la petite fille qui demande à sa mère où elle a bien pu ranger sa peluche préféré.

- Il devrait être là, non ? Si lui aussi est… mort, il devrait être là, alors pourquoi il n’y est pas ?

Oh mon dieu !
Si je me rappelle bien ce que nous a dit une fois Maugrey en cours, l’âme de la victime du sortilège de Mort reste prisonnière de la baguette de l’auteur du sortilège. Ça veut dire que… j’ai détruit son âme ? Il ne viendra pas, alors ?
Attendez, si je suis morte aussi, ça annule le sort, non ? Je veux dire, il, enfin, son âme… est libérée de ma baguette. Non ? Mais pourquoi il ne dit rien du tout ?

Je m’effondre en larmes une nouvelle fois. Mon âme est vouée à être damnée pour l’éternité, parce que j’ai intégralement détruit mon cousin, jusqu’à son essence.
Mais pourquoi je ne l’ai pas écouté quand il m’a dit de ne pas y aller ? Je n’en peux plus. Toutes mes barrières cèdent les unes après les autres. J’ai l’impression d’être en chute libre et de m’enfoncer jusque dans les entrailles de la terre.

- Tu sais que t’es pas belle quand tu pleures ?

Je relève les yeux vers la voix qui vient de m’adresser la parole.

- Je suis désolée, vraiment désolée. Je, j’aurais dû t’écouter ! Merci mon dieu, tu es quand même là. J’ai eu tellement peur !

Je me lève, je saute dans ses bras et je le serre de toutes mes forces. De toute façon, je peux l’étrangler à volonté, on est morts. Il me regarde avec un sourire en coin, l’air totalement relax.

- Oh, merci seigneur.
- Tu sais, tu peux juste m’appeler Ash….

Je le lâche et je lui mets une grosse claque derrière la tête.

- Aieuh !

****

Ils sont tous regroupés là, autour de nos deux cercueils. Heureusement qu’on est en hiver et que ça ne se fait pas sous des cerisiers blancs. Je n’aime pas les cerisiers blancs.
Je lance un regard à nos corps. Ils m’ont pas trop mal rafistolée. Et puis, la saleté ne s’en est pas prise mon visage. C’est fou ce que je peux avoir l’air pâle, quand même. Tu m’étonnes vu le sang que j’ai perdu. C’est marrant, j’ai encore les mèches bordeaux que je me suis faite pour Noël. Ils m’ont revêtue de cette robe d’été pastel un peu arc-en-ciel que j’adore et qui fait ressortir le bleu de mes yeux. Et autour de mon cou, je constate avec stupéfaction qu’il y a encore la chaîne avec son griffon en pendentif.

Mon regard se porte désormais sur l’assistance.
Il y a là mes parents, ma tante et mon oncle, et d’autres membres de la famille, que je ne connais pas tous. Puis il y a les amis de la famille et des copains d’Ash. Dumbledore est là aussi. Il est facile à reconnaître avec ses allures de Père Noël. Et je crois que c’est le professeur MacGonagall, là, à côté de lui. Pas évident de la reconnaître ainsi accoutrée. Oh, Neville aussi est là, avec sa grand-mère et son éternel chapeau surplombé d’un vautour empaillé. Dites moi que je rêve ! Ce n’est pas… ? Les jumeaux ?! Non, fausse alerte. Ça m’aurait étonné qu’ils soient là, d’ailleurs. Ah si, tiens, ils sont là ! Mais qu’est-ce que c’est que ça ? S’ils osent allumer la mèche de ce truc en plein milieu de…. Ils osent ! Je vais les tuer ! Du moins, les hanter toute leur vie….
Ce que je prends pour un pétard s’élève dans le ciel avant d’éclater sans bruit et de retomber en une pluie d’étoiles argentées. C’est magnifique. Merci les gars.
Je me glisse entre les rangs de visages attristés, et j’énumère les différentes personnes de mon école que je reconnais, en rajoutant quelques commentaires qui amusent mon cousin. Il fixe avec insistance le chapeau de Mme Londubat, comme s’il attendait que l’oiseau se mette à bouger.
Je m’arrête. Je fais signe à mon cousin de m’attendre là ou de continuer la
« promenade » tout seul.

Il est debout, là derrière. Les mains dans les poches, l’air désinvolte, comme le soir du bal. Sauf que cette fois, il ne sourit pas. Mais il ne pleure pas non plus. Il a le même air impassible que la première fois que je l’ai vu entrer dans la grande salle, au milieu de ses camarades de Durmstrang.
Je passe ma main sur sa joue. Il me regarde.
Quelle idiote! Il ne doit rien sentir du tout. Et ce n’est pas moi qu’il regarde, mais c’est à travers moi. Reste que ça me fait du bien d‘y croire pendant quelques instants.

- Il est temps d’y aller.

Je fais signe à Ash de me laisser encore une minute.
Je regarde Ian et je me murmure à moi-même en esquissant un sourire.

- Et ne t’avises pas de m’oublier, grand crétin !

Je rêve ou je viens de l’entendre souffler « aucune chance»?
Même morte je reste paranoïaque; c’en est inquiétant. Je lui lance un dernier regard, mais j’ai l’impression que quelque chose a changé dans son expression. Je suis encore en train de me faire des illusions.
A côté de moi, Ash s’impatiente.

- J’arrive.

Non, ce n’est pas qu’un effet d’optique.
Je sais ce qui a changé.
Il sourit.

Le cimetière enneigé disparaît. On est de retour dans cet endroit tout blanc. Je n’aime toujours pas le blanc. Il faudra que je discute décoration avec le propriétaire du local, parce que si je dois passer l‘éternité ici….
A côté de moi, la voix d’Ash s’élève.

- C’était qui le grand brun ?

Je le regarde d’abord sans comprendre de quoi il me parle, puis je lui souris.

- Oh, lui ? Un correspondant bulgare.

Il y a une lumière qui clignote là-bas. Je me mets à avancer, et je retrouve mon ange gardien.

- Tiens, je vous cherchais justement. C’est au sujet de la décoration.

Mon cousin me regarde avec des yeux de merlan frit. Ben quoi, c’est vrai. Tout ce blanc, ça fait mal aux yeux. D’un geste de la main, notre hôte me fait taire. Et avec solennité, il nous demande.

- Vous êtes prêts ?
- Prêts à quoi ? Demande mon cousin.
- A y aller.
- On va où ? Poursuit-il.

Et moi d’ajouter.

- Est-ce que je vais rejoindre les fantômes de Poudlard ?

Il hoche négativement la tête.

- Eux sont encore là parce qu’ils n’ont pas encore fini ce qu’ils devaient accomplir….
- Ça veut dire que nous, on a réussi le test ? Interroge encore Ash.

Cette fois-ci, notre hôte opine du chef.

- Bien. Alors on vous suit, n’est-ce pas Max ?

Subitement, j’éclate de rire. J’ai encore droit à un regard éberlué, mais cette fois, de la part de mes deux compagnons. Je viens tout juste de réaliser quelque chose. Moi non plus je n’ai pas fini ce qu’il me restait à faire.

Pauvre Rogue, il va être déçu. Lui qui a dû passer ses vacances à chercher quelque chose d’inhumain à souhait à me faire faire pour ma prochaine punition….









Carine

Août 2006
Revenir en haut Aller en bas
  • Contenu sponsorisé
MessageSujet: Re: Chroniques d'un temps, par Joana O'Donnell   Chroniques d'un temps, par Joana O'Donnell Empty

Revenir en haut Aller en bas
 Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» Commentaires sur "Chroniques d'un temps"
» Joana O'Donnell
» Les voix impenétrables ... [ Joana ^^]
» Joana O'Donnell [Validée]
» Cause et conséquence [Pv Joana et Lysa]

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Le Miroir du Riséd :: Hors-Jeu :: Vos créations :: Fanfictions-