Ah, les vacances … La plupart des élèves étaient repartis chez eux, pour voir leur famille. Quoi de plus normal ? D’autant plus que les fêtes de fin d’année étaient des fêtes familiales, avec des repas en famille, les cadeaux autour du sapin, les enfants qui se jettent dessus au matin … Oui, ça c’était Noël, pour les enfants des familles normales. C’était loin d’être le cas pour Emilien, avec sa famille étrange. Pour ne parler que de ses parents, son père habitait dans le Suffolk, et sa mère en Italie ! Alors Emilien avait décidé de profiter de son avantage : il était à Poudlard, et s’il décidait de rester, eh bien ses parents ne pourraient rien faire contre. Ça leur apprendrait, tiens ! Peut-être que la prochaine fois, ils réfléchiraient un peu plus, ou mieux, ils lui demanderaient son avis. Enfin, c’était beau de rêver, mais Emilien n’y croyait pas trop. Ces vacances lui offraient une période de tranquillité, mais ce serait fini dès la fin de l’année. Il n’y avait vraiment pas moyen qu’il reste à Poudlard en juillet et en août ? Probablement que non … De toute façon, ses parents lui demandaient déjà de revenir pour les vacances de février, et Emilien allait peut-être accepter. À certaines conditions seulement.

Ce matin-là, quelques jours après Noël, le jeune Serpentard était assis en travers d’un couloir du deuxième étage. Celui-ci avait de nombreuses et larges fenêtres, et était orienté de sorte que tout le couloir baignait dans la lumière du soleil. Rien à voir avec la pénombre des cachots ! Emilien était adossé au mur, en face des fenêtres. Non, non, il n’était pas là pour bronzer. Il voulait juste profiter du soleil sans pour autant aller se geler dehors. Pour ça, les vacances étaient très bien. Comme pratiquement tous les élèves étaient partis, il ne restait plus grand monde dans l’école, et Emilien avait le couloir pour lui tout seul. Il n’avait pas été dérangé depuis huit heures, et il était à présent dix heures passées. Et il pouvait encore passer quelques heures là, sans bouger, il était plutôt bien installé. En effet, le Serpentard avait pris un manteau assez chaud – eh oui, les couloirs n’étaient pas chauffés, c’était une honte d’ailleurs – et son écharpe aux couleurs de sa maison. Ainsi, bien protégé contre le froid de l’hiver, Emilien ne bougeait pas depuis quelques heures. Outre le fait de voir un élève assis par terre, ce qui pouvait paraître bizarre quand on passait dans ce couloir, c’était de un, le casque sur les oreilles du première année, et de deux, l’énorme livre posé devant lui.

Pour la première chose bizarre, autrement dit le casque, c’était un cadeau. Lorsque Emilien, deux jours plus tôt, avait ouvert ses cadeaux, il avait trouvé un super livre de la part de sa belle-mère – un truc de religion, en plus, elle voulait vraiment sa mort – un autre super livre de la part de son beau-père – en italien, mais ils s’étaient donné le mot pour lui offrir des livres qu’il ne lirait pas, ou quoi ? – et, entre autres choses sans intérêt de la part de ses parents … Un truc moldu pour écouter de la musique ! Le Serpentard avait considéré un instant l’objet bizarre, qui était l’abruti qui lui avait envoyé ça ? Sûrement un de ses beaux-parents. Evidemment, les moldus qu’ils étaient croyaient qu’il était en internat en Irlande, alors ils ne pouvaient pas se douter que ça ne marcherait pas ! Toute cette histoire était ridicule, d’ailleurs, pourquoi est-ce qu’on ne pouvait tout simplement pas leur dire la vérité ? Parce que ses parents étaient des lâches, voilà tout ! Mais, surprise, c’était Camille qui lui faisait ce cadeau ! Qu’est-ce qui était passé par la tête de sa chère cousine ? Emilien avait donc lu la lettre qui allait avec, dans laquelle on lui expliquait que le baladeur avait été modifié et devrait marcher. Pour un temps indéterminé, toutefois.

Alors Emilien l’essayait. Il y avait là-dessus un tas de chansons moldues qu’il ne connaissait, mais Camille avait eu le bon goût de ne lui mettre aucune chanson en italien. Par contre, elle avait réussi on ne sait par quel miracle à enregistrer sa voix, pour lui laisser un message plein de bonne humeur, qu’Emilien avait réussi malencontreusement à effacer dès le premier jour. Et bah quoi, il n’avait rien compris au fonctionnement de cet appareil stupide, ce n’était pas de sa faute ! Maintenant, il se débrouillait un peu mieux. Pour ce qui était de la deuxième chose bizarre, c’est-à-dire le livre … C’était une longue histoire. Emilien l’avait trouvé par hasard en entrant dans le « Bureau des Objets Trouvés, Oubliés, Perdus, Volés, Abandonnés, Cachés, Etc. ». Il s’agissait d’un livre qui avait appartenu à son grand-père, à son arrière-grand-père, au père de son arrière-grand-père, et au grand-père de son arrière-grand-père. Bref, à beaucoup de gens avant lui. Et, Emilien l’avait découvert sans le vouloir, le livre était magique et renfermait … Des souvenirs ! Des tonnes de souvenirs, un par page, chaque page représentait un jour … A un moment, il avait été obligé de le laisser à la bibliothèque, mais il était retourné le chercher pendant la nuit.

Le Serpentard avait décidé de l’étudier un peu ce matin-là. Il avait donc posé l’énorme livre devant lui et en tournait les pages de temps en temps. La veille, il avait remarqué que son nom s’était inscrit sur la couverture, et rien à faire pour l’effacer, c’était gravé dans le cuir. Bon, eh bien, comme ça, il ne l’aurait pas volé … Emilien, curieux à propos de sa famille, avait donc feuilleté le livre. La première fois, il avait réussi à voir un souvenir, qui appartenait à son grand-père, grand joueur de Quidditch. Ce matin, il avait pu voir un autre souvenir, une scène entre deux Serpentard du temps de son arrière-grand-père. Mais certaines pages lui résistaient plus que d’autres, et ne voulaient pas montrer le souvenir qu’elles renfermaient. Emilien aurait bien aimé se renseigner davantage sur le livre, mais à qui s’adresser ? Son père avait juré ne plus jamais toucher à la magie, de près comme de loin. Son grand-père était mort. Peut-être que son oncle saurait quelque chose à ce sujet ? Il l’espérait … Le Serpentard réfléchissait à ça, en observant un match de Quidditch du temps de son grand-père, lorsqu’il entendit des pas. Ceux-ci s’arrêtèrent, juste devant lui.

- Dégage, s'il te plait, tu me fais de l’ombre, lança-t-il avec mauvaise humeur sans lever la tête.

La personne s’était certes un peu poussée, mais elle projetait toujours son ombre sur les pages du livre. Emilien soupira, il y avait vraiment des gens qui étaient durs d’oreille ! Ou tout simplement stupides. Et ce matin, le Serpentard n’était pas d’humeur à supporter de genre de personnes, s’il était venu là, c’était pour avoir la paix, pas pour subir la stupidité de certains. Il décida de temporiser, et compta mentalement jusqu’à cinq. C’était le psychologue de l’école qui lui avait appris à se calmer de la sorte, c’était comme les gens qui tournaient sept fois leur langue dans leur bouche avant de parler. Eh bien lui, il le faisait avant d’agir. Et ça marchait plutôt bien, car, depuis cette fameuse année de primaire, l’avant-dernière, il avait rarement perdu son sang-froid. C’était son père qui avait voulu qu’il aille voir le psy de l’école, après le « petit incident » qui s’était déroulé dans les toilettes des garçons. Emilien se mordait la lèvre rien qu’à y penser, même s’il estimait qu’à présent, il avait assez changé pour ne pas commettre le même type d’erreur. Alors qu’il en était à quatre – il comptait, si vous vous souvenez bien – une canne blanche entra dans son champ de vision et le poussa gentiment vers le mur.

Emilien n’en croyait pas ses yeux, pour qui il se prenait, l’autre là, avec sa canne ? Le Serpentard leva soudainement la tête pour voir une élève plutôt petite, qui devait être en première année tout comme lui. Et c’était elle qui venait de le pousser avec sa canne ! Prêt à répliquer – il avait à peine écouté ce qu’elle avait dit, mais avait noté qu’elle le vouvoyait, ce qui lui paraissait bien étrange – il remarqua alors le bandage blanc sur les yeux de la fille. Ah, mais oui, la canne blanche … Elle était aveugle ! Il aurait dû le deviner tout de suite, en voyant la canne, mais ça ne lui était pas passé par la tête. Emilien s’en voulut aussitôt de s’être adressé à elle comme ça, évidemment qu’elle n’avait pas pu le voir ! Puisqu’elle ne voyait rien … Et lui, qui lui avait aimablement demandé de dégager sans même la regarder. C’était malin, ça. Heureusement, la fille – dont l’uniforme lui indiquait qu’elle était à Gryffondor – ne s’en était pas offusquée, et sitôt qu’Emilien se fut poussé – bien obligé, elle l’avait poussé avec sa canne – la jeune fille continua son chemin.

Le Serpentard la laissa partir, bien sûr. Après tout, maintenant qu’elle était passée, ça ne le regardait plus … Il l’entendit parler un peu plus loin, mais n’y prêta pas attention, et se replongea dans son livre. Mais alors qu’il tournait une page, il y eut du mouvement à sa gauche. Emilien leva à peine les yeux de son livre et reconnut Miss Teigne, l’infatigable chatte de l’abruti de service, Rusard. Ce qui voulait dire que le concierge était dans le coin ! Le Serpentard n’avait aucun doute quant à ce qui lui arriverait s’il croisait encore le vieil homme. Certes, cette fois-ci, il n’avait rien fait, pas une bombabouse ni un pétard lancé depuis presque une semaine. Mais le concierge le reconnaîtrait sûrement ! De plus, il encombrait le couloir, raison de plus pour le punir … Emilien eut une idée, ramassa toutes ses affaires – il remit son énorme livre dans son sac, rangea ses écouteurs, remit son écharpe en plus – et se dépêcha de rattraper la petite aveugle, qu’il prit par le bras.

- Attends, avant de dire quoi que ce soit, commença le jeune Backhand.

Oui, il n’avait pas trouvé mieux, pour que Rusard le laisse tranquille, que de faire le gentil garçon qui aidait la pauvre aveugle ! Bah, au moins, elle servait à quelque chose … Ce serait une manière de s’excuser de l’avoir poussé avec sa canne, non ? Sans presser le pas, tranquillement, le Serpentard entraîna la Gryffondor avec lui, et continua :

- Désolé pour toute à l’heure, je t’avais pas regardée, en fait.

Bon, maintenant, elle serait sûrement davantage enthousiaste à l’idée de l’aider. En tout cas, elle n’avait pas intérêt à le dénoncer à Rusard, du genre, quand celui-ci arriverait, lui expliquer toute la situation. Si elle faisait ça, Emilien était mort. Il se demanda soudain ce qui lui prenait de faire confiance à quelqu’un qu’il ne connaissait absolument pas et qui, de plus, avait failli lui donner un coup de canne. Mais bon, ce n’était pas comme s’il avait vraiment le choix.

- Rusard est pas loin, mais il me fera rien si j’ai l’air de t’aider. Non, non, j’ai rien fait ! Mais enfin tu connais le concierge, ou peut-être pas, il trouvera toujours quelque chose pour me punir.

Plus qu’à espérer qu’elle serait d’accord …

- Au fait, comment tu t’appelles ?

[Désolée pour le retard, mais … J’arrivais pas à trouver une idée pour continuer le topic, déjà que mon précédent post, ça aurait plus été dans le caractère de mon perso de la laisser partir, il a fallu que je fasse intervenir Rusard … J’peux pas me servir du concierge à chaque fois … Bref, je suis désolée, mais en désespoir de cause, je termine le topic comme ça … Je trouve pas de raison pour qu'Emilien courre arès ton perso ... ]

L’aveugle s’était gentiment laissée prendre par le bras, et Emilien l’entraînait à présent dans les couloirs. Il entendait déjà les pas de Rusard derrière eux, et si ce dernier l’avait reconnu ? De toute façon, à présent, qui ne connaissait pas Emilien Backhand, le Serpentard qui s’était battu avec un Poufsouffle au bord du lac, le matin de Noël ? On en avait beaucoup trop parlé à son goût, mais bon … D’ailleurs il avait encore les traces de cette « bagarre », ça ne datait que de quelques jours. Ça lui avait fait drôle de se défouler sur quelqu’un, c’était la deuxième fois de sa vie et comme la dernière fois, il s’était promis que ce serait la dernière. Emilien avait du mal à comprendre ce qui lui était passé par la tête, il aurait peut-être fallu qu’il en parle avec quelqu’un, mais … avec qui ? Pomfresh lui avait posé des tonnes de questions, il s’était contenté de répondre par des haussements d’épaule évasifs. Sa famille, il n’en était pas question, et ses amis … Avait-il des amis ?

Ces derniers temps, Emilien n’allait pas bien, vraiment pas. Le matin de Noël, il s’était disputé avec Lucy, et depuis … Il ne savait pas trop quoi faire, est-ce qu’il devrait aller s’excuser ? Mais non, puisqu’il avait raison sur toute la ligne ! D’accord, il avait exagéré, ce n’était pas la peine de se mettre à hurler comme il l’avait fait … Mais quelle idée de sortir avec Gatween, aussi ! Pourquoi est-ce qu’Emilien s’était à ce point mis en colère à cette idée ? Mis à part le fait que Stanislas était complètement inintéressant ? Peut-être de la jalousie. Mais pouvait-on être à ce point jaloux en ce qui concernait une amie ? Emilien préférait ne pas trop se poser de questions, c’était plus simple. Pour le moment, il évitait Lucy, lorsqu’il croyait l’apercevoir dans les couloirs, il changeait brusquement de chemin, en prenant un passage secret par exemple. Son amie – sa meilleure amie – lui manquait affreusement, il se l’avouait, mais ce n’était pas encore le bon moment pour aller lui parler. Emilien avait besoin de temps pour ça, mais si ce temps là, il le passerait à regretter ses gestes.

Tandis qu’il conduisait la Gryffondor à travers les couloirs sans même savoir où il allait – les tableaux le regardaient bizarrement sur son passage, bah quoi, un Serpentard qui aide une Gryffondor, ça leur paraissait si étrange que ça ? Il les comprenait bien – l’autre s’était remise à parler. Emilien n’écoutait pas vraiment ce qu’elle disait, en réalité il s’en fichait bien, tant qu’elle suivait sans faire de problème. Le seul truc qui le dérangeait, c’était le vouvoiement. Qu’est-ce qu’ils avaient tous à parler comme ça ? Enfin, tous … Il en avait rencontré plusieurs, quoique rencontré était un grand mot. Il en avait entendu, alors. Des élèves de première année qui en vouvoyait d’autres, si ce n’était pas ridicule, ça ! Non seulement c’était totalement dépassé et stupide, mais en plus, ça mettait une certaine distance entre eux, et les autres. Oui, parce que le vouvoiement, c’était fait pour ça. Pour créer des distances. Pas étonnant que les nobles l’utilisent, ils voulaient se tenir loin du peuple. Tu parles de politesse …

La Gryffondor marmonna quelque chose qu’il ne comprit même pas. C’était bien la peine de lui parler, si c’était pour le faire de cette façon. Puis elle s’arrêta, et détacha le bandeau qu’elle avait sur les yeux. Emilien, intrigué, détourna soudain le regard lorsqu’il aperçut ses yeux. C’était … c’était horrible ! Le Serpentard s’obligea à regarder ailleurs tandis qu’elle faisait son petit manège. Mais c’était quoi, ça ? Il ne lui avait rien demandé de tel ! Il lui avait juste demandé de l’accompagner gentiment le temps que Rusard soit passé ! D’ailleurs, le concierge s’était ramené, et aidait l’aveugle, en lui rendant sa canne. Abasourdi, le Serpentard écouta la gamine raconter comme lui, il l’avait sauvée, que c’était un héros, tout ça. Mais … qu’est-ce qui lui passait par la tête ? Elle n’avait pas besoin de faire tout ça ! Le Serpentard l’aurait laissée tranquille sitôt que Rusard les aurait dépassés ! A quoi ça rimait, de faire son petit numéro ? En tout cas, le concerge était reparti, non sans l’avoir regardé de travers. C’était clair, il l’avait reconnu, mais peut-être juste comme le « bagarreur ».

- T’es vraiment malade, déclara le Serpentard alors que la Gryffondor s’éloignait.

Il la laissa partir, ça allait bien, toute cette comédie ! Quant à lui, il préférait retourner dans la salle commune, pour étudier encore un peu son énorme livre … C’était sûrement le premier livre qu’il regardait avec autant d’attention, ses parents en auraient été étonnés. Emilien reprit son chemin en se jurant que, la prochaine fois qu’il verrait l’aveugle, il la laisserait se débrouiller toute seule, ça lui éviterait bien des problèmes !