On était dans les premiers jours d’Octobre, et cela se sentait dans l'air. Il faisait encore chaud et le soleil illuminait le parc. Comme quoi, ceux qui disent qu’il ne fait que pleuvoir en Grande Bretagne on tord, na ! Avec la chaleur, les élèves avaient troqué capes et robes rembourrées pour les plus légères, celles d'été, qui n’étaient pas encore bannies au fond du placard, et tous se promenaient dans les jardins de Poudlard. L'atmosphère chaleureuse donnait envie aux amoureux de se balader main dans la main et aux autres de profiter du grand air.

Beurk.
Cela donnait la nausée à Millicent, mais enfin, faut bien vivre…

On entendait au loin les cris de jeunes gens jouant au Quidditch dans le stade, les rires et les jeux. Tous étaient détendus, les vacances approchant, et de nombreux élèves discutaient du bal prochain, qui se déroulerait prochainement.

« Tu vas mettre quelle robe ? Moi, j’ai choisi la mienne il y deeeees mois déjà… »
« Non, c’est pas vrai ?! Tu y vas avec Bidule ?! Nan, j’y crois pas ? »

Jetant des regards noirs aux jeunes filles qui gloussaient devant elle, Millicent gagna d’un pas digne un petit coin à l'ombre d'un chêne un peu à l'écart du parc au creux d'une racine.
Pff, ce bal, quelle idiotie ! Se pavanait au bras d’un garçon, dans une robe élégante, se gaver de petits fours et boire des litres de bière au beurre, tout en dansant sur le dernier tube des Bizarre Sisters… Non, vraiment, cela n’intéressait PAS DU TOUT Millicent.

…

Mais vous êtes idiot ou quoi ?! Bien sûr que cela intéressait Millicent ! C’était une fille ! Le petit truc, c’est qu’elle n’avait pas encore de cavalier… Il faut dire que le seul qui se soit présenté à elle faisait trois fois sa taille, avait une tête à rivaliser avec celle d’un troll, et puait le cheddar.

Avec une moue désabusée, elle se plongea dans la lecture des sonnets de Shakespeare. Elle lisait avec plaisir les vers ciselés de l'auteur faisant rouler sous sa langue leurs sonorités. Elle avait les joues un peu roses à cause de la chaleur et les rayons du soleil, que la frondaison de l'arbre laissait passer. La brise soulevait doucement ses mèches qu'elle repoussait doucement derrière l'oreille en un geste charmant.

Bien sûr, PERSONNE ne devait savoir qu’elle, Millicent Bulstrode, Serpentarde de sang pur, lisait du Shakespeare. D'ailleurs, personne ne devait savoir qu'elle avait ce livre en sa possession... Seulement voilà, une petite idiote de première année l’avait fait tomber dans sa malle, et depuis qu’elle l’avait ouvert, impossible de le lâcher…

Envoûtée par les poèmes, Millicent n'avait pas remarqué que quelqu'un venait vers elle. Jusqu'à ce qu'il dise...

[HJ: comme on est en 3ème année tous les deux, j'ai fais comme si on se connaissait déjà sinon ça aurait fait un peu bizarre]

Malcolm courait depuis quelques minutes dans les couloirs à la couloir de ses camarades adorés : les deux préfets Drago Malefoy et Joana O’Donnell, qu’il avait perdu de vue après la fin du cours de potion. Le terme « camarade adoré » n’est bien sur pas réciproque. En effet, Malcolm passait ses journées à suivre partout comme un bon chienchien ses deux idoles, ce qui le faisait bien évidemment passer pour un pot de colle de première. Le jeune garçon, trop borné et orgueilleux pour s’en rendre compte, n’avait pas remarqué qu’il « gênait » un peu trop les deux préfets.

Le voilà donc courant à tord et à travers comme un échappé d’asile et débarquant dans le parc. Après un ratissage assez long du château et de ses environs (du potager de la mère Chourave à la cabane du gros barbu) Malcolm finit pas jeter l’éponge et alla s’asseoir sur un banc. Il était tellement essoufflé d’avoir trop couru qu’il cru qu’il allait s’écrouler par terre. Le Serpentard passa une main dans ses cheveux d’un geste plus ridicule que sensuel (mais ça il n’en savait rien) et essuya avec la manche de sa robe de sorcier les mini gouttes de sueur qui tombait de son front.

Des gloussements de filles lui firent relever la tête et il aperçut juste devant lui un troupeau de Serdaigle blablatant de mecs sûrement. Une vilaine grimace apparue sur son visage et Malcolm leur tira la langue pour leur montrer qu’il ne fallait même pas qu’elles comptent l’aborder ne serait ce qu’un instant.

Ses yeux furent alors attirés par une touffe de cheveux bruns enfouie derrière un bouquin. La jeune fille, qui lisait on-ne-sait-quoi, portait une robe noir avec une sorte d’écharpe verte et argent. Une serpentarde, good point. Malcolm remarqua aussi qu’elle semblait peu élégante et avait une tête assez carrée qui la faisait ressembler à un camionneur baraqué.

*Milicent Bulstrode bien sur*

Comme il s’ennuyait profondément sans ses deux maîtres, Malcolm décida d’aller embêter un peu Milicent. Il se leva d’un bond, resserra avec brusquerie son écharpe autour du cou (qui lui donner par conséquent encore plus chaud qu’avant) et s’approcha d’elle les mains dans les poches.

D’une voix moqueuse, il déclara à la jeune fille en s’accroupissant vers elle pour lire le nom du livre qu’elle était en train de cacher :

« Tiens, tiens.. Mais on dirait que ma chère Bulstrode traîne encore toute seule dans le parc.. Tu devrais essayer de te trouver des amis et accessoirement un cavalier pour le bal au lieu de lire.. euh… »

Il se baissa encore plus et, n’arrivant pas à lire le titre de l’ouvrage, il lui arracha finalement des mains. D’un œil critique il comprit qu’elle était en train de lire un livre de cet imbécile de Shakespeare. Des histoires d’amours à tous les coups. Il fit la grimace et poursuivit en lui renvoyant le bouquin à ses pieds :

« Du Shakespeare ?? Tu lis ces foutaises ? Bah dis donc ma pauvrette…tu crains franchement. »

Malcolm songea à s’en aller mais comme il ne savait pas quoi faire vu qu’il avait perdu de vue ses deux gourous, il décida finalement de s’asseoir à côté d’elle par terre. Le Serpentard connaissait Milicent Bulstrode depuis maintenant presque 3 ans et il l’appréciait assez. Certes elle n’était pas très canon mais elle avait un petit côté attachant. En plus, devant elle il se sentait toujours supérieur ce qui était plutôt agréable.

Comme il avait trop chaud au pieds, Malcolm s’empressa de retirer ses chaussures noires cirées à grandes valeurs et les jeta négligemment un peu plus loin. Il loucha alors vers Milicent et répondit :

« Quoi ? Me regarde pas comme ça ! Contrairement à toi j’ai pas de gros boutons sur le nez ! »

Il lui sourit alors et ajouta, pour éviter de la vexer (si elle s’en allait il allait se retrouver tout seul comme un plouc en plein dans le parc des amoureux, quelle horreur !)

« Bon je plaisanteuuuuuh.. Te vexe pas Milli chérie… »

[HJ : Pas de problème ! Au contraire, c’est très bien comme ça ^^ Hum, par contre…Un ‘camionneur baraqué’ ?! ^^]

Millicent sursauta, dans une imitation quasi parfaite de l’élève model prit en faute.
L’importun, qui venait de la déranger au beau milieu du soliloque déchirant de Macbeth, n’étant autre que Malcolm Badock, un de ses camarades de troisième année.
C’était un garçon plutôt sympathique, qui faisait toujours beaucoup rire la jeune fille. Seulement là, LA, ça ne la faisait plus rire du tout…

Millicent commença par rougir fortement, (ce qui n'arrivait pourtant pas souvent) suite au premier commentaire du jeune homme. Non mais commet osait-il l’attaquer ainsi ? Bien sûr, qu’elle avait des amis. Pff, c’était évident. Etait-il aveugle, ce jeune présomptueux ?! C’était juste que ses amis, ses chers, chers amis, étaient… hum, momentanément indisponibles.

Mais alors que la fillette allait répliquer, Malcolm lui piqua effrontément son livre. Alarmée, Milly fit un geste désespéré vers lui, priant pour qu’il ne sache pas lire (en même temps, il y avait peu de chance…). Malheureusement, le jeune homme déchiffra le nom de l’auteur, et ne manqua pas de faire un commentaire sarcastique sur les goûts littéraires de la Serpentard…

Alors que, pour la seconde fois, la demoiselle allait lancer une réplique cinglante, il s’assit à ses côtés, retira ses chaussures, et recommença à l’accabler de paroles fort vexantes. Rouge comme une tomate restée trop longtemps au soleil, Milly pinça les lèvres, et glapit d’une voix aigue :
« Malcolm, tu n’es qu’un… qu’un… un imbécile ! »

Croisant les bras, elle lui jeta un regard mauvais.
Et puis l’épisode du livre lui revint en mémoire… Si son père savait cela… Oh mon Dieu, elle ne préférait pas y songer…

Tandis que le livre disparaissait dans un pan de sa cape, elle songea qu’il fallait à tout prix que ce garçon se taise. Si les autres venaient à savoir, s’en était fini de sa réputation.
La première solution consistait à effrayer le Serpentard. Néanmoins, après une courte réflexion, la demoiselle songea que menacer le petit chien de Drago Malefoy et Joana O’Donnell n’était peut-être pas l’idée du siècle

« Ce n'est pas du tout ce que tu crois »,. tenta-t-elle de mentir, en agitant le livre sous son nez, « J'ai pris ce livre pour... pour euh... Pour l'ensorceler! Oui oui, pour l'ensorceler! »

Très fière de son esprit hautement inventif, elle sourit d'un air goguenard.
Toutefois, son sourire s’atténua bien vite. L’angoisse prenait peu à peu possession de son cerveau… Une goutte de sueur perla sur sa nuque…

« Ne dis rien à personne, je ferais ce que tu voudras… »

Elle avait tenue huit secondes et douze centièmes.

[hrp: bon, je squatte, et pis moi aussi je vous connais...^^]

Joana avait décidé de prendre l'air dans le parc. Qu'est-ce qu'elle en avait marre d'entendre toutes ces cruches parler de bal ! Elle savait les pouffys totalement hystériques de manière générale, mais là, l'hystérie était carrément devenue collective. Toutes les filles, de toutes les couleurs, se baladaient en tous sens en troupeaux gloussants. C'était infernal les périodes de bal. Toutes ne faisaient que parler de leur petit copain, de leur cavalier ou de comment elles allaient s'habiller pour ce bal à la noix. La préfète en avait frissonné de dégoût et s'était enfuie des dortoirs.
Pour sa part, elle n'avait même pas essayé de réflechir à ce qu'elle allait mettre. D'ailleurs, elle ne savait pas si elle allait y aller. Une réminiscence du bal de l'an dernier l'en avait relativement dissuadé. En même temps, là, ce serait le bal d'Halloween, donc elle serait légitimement autorisée à faire peur aux autres, sans risquer de perdre des points. Une bonne occasion de faire des ravages en toute impunité, quoi...
La quatrième année aperçut deux silhouettes un peu plus loin qui lui rappelaient vaguement quelque chose. D'ailleurs, plutôt très clairement quelque chose. Parce que des silhouettes comme ça, on n'en croisait pas beaucoup dans les couloirs. Malcolm et Millicent. Deux A-DO-RA-BLES Serpentards de troisième année, qu'elle connaissait plutôt bien, le premier pour être son deuxième gorille attitré (avec Christopher Correa) et la seconde pour être.. hum... comment dire... pour être elle-même. Ils étaient en train de discuter semblait-il... Ni une ni deux, la plus antipathique des irlandaises s'approcha de ses deux camarades vert et argent, et s'inscrusta sans aucune gêne dans la conversation.

- T'as piqué ça à qui, Bullstrode ? Ricana la préfète, à des millions de kilomètres de se douter que la serpentarde pût lire ce genre de chose.
"Shake sa poire", c'est bien un truc de pouffy ça ! Encore une de leurs idioties moldues. J'en reviens pas que cet imbécile de Rusard confisque les frisbee et laisse passer ce genre d'idioties. C'est comme l'autre jour, j'ai attrapé une Serdaigle de Première Année en train d'essayer de verser du filtre d'amour dans le verre à Diggory. Une serdaigle ! J'ren reviens pas. Mine de rien, j'aurais dû la laisser faire, ç'aurait été marrant. Cet abruti qui se prend pour un beau gosse et qui frime avec ses notes avec une tite Serdaigle boutonneus...

La jeune fille fit une pause. Son regard alla de Malcolm à Milly et de Milly à Malcolm. Avait-elle interrompu quelque chose ?

*Pitié, Merlin. Ne me dis pas qu'ils sont en train de parler du bal ?! Naaaaan, c'est pas possible... Quoique. Il n'est quand même pas en train de l'inviter au bal ?! On peut toujours essayer de demander. Subtilement, Jo, subtilement.*

- Alors, de quoi vous discutiez de beau ? Je n'interromps rien, j'espère ? ironisa la serpentarde.

Une voix se fit entendre… C’était Joana O'Donnell. Millicent regarda successivement le livre… la jeune fille… le livre…
Et ainsi mourut Millicent Bulstrode, beloved daughter.
FIN.

…

Si seulement cela aurait pu être si simple…
Une minute… Joana ne semblait pas avoir remarqué que le fameux et compromettant livre appartenait à Milly… Jetant un regard anxieux à Malcolm, elle sauta sur l’occasion.« Oui, haha ! Stupide, hein ? Je me suis dit que ça serait marrant d’ensorceler ce bouquin… J’en ai tellement marre d’entendre parler de tenue de soirée que je ferais n’importe quoi pour m’amuser ! »

La dernière question de la préfète lui fit froid dans le dos… Avait-elle entendu ? Faisait-elle, en réalité, semblant de ne rien savoir, pour pouvoir mieux accuser la pauvre et innocente Milly ?!
Rougissant, elle avala sa salive avec difficulté. Nouveau regard vers Malcolm.
*Pitié, tais-toi…*
Son regard revint sur Joana, qui attendait une réponse.

« Euh, et bien, justement, on se demandait comment ensorceler au mieux cet ouvra… euh, ce truc. » Puis, sans laisser le temps à quiconque de répondre, elle enchaîna : « Tu pourrais nous aider, tiens ? Que penses-tu de jeter un petit sortilège de Glue perpétuelle ? Ca pourrait être sympa, si Granger le trouvait… »

Préoccupée qu’elle était à paraître la plus détendue et sûre d’elle possible, elle ne réfléchissait pas vraiment à ce qu’elle disait (et le premier qui dit que de toute façon, elle ne réfléchissait jamais, j’lui colle mon poing dans la figure !).

Malcolm avait croisé ses bras derrière sa nuque et il s'amusait à mâchouiller une branche d'herbe pour passer le temps. Il était tellement crevé ces temps-ci que son cerveau fonctionnait au ralenti. On aurait donc pu croire qu'il rêvait mais en fait non, il ne pensait à rien, il regardait simplement le ciel d'un air béat.Quand Milicient le traita d'imbécile, il ne releva pas la remarque et se contenta de sourire. Après tout, elle l'avait dit dans un sens affectif, non? Cependant, quand elle commença à inventer des excuses sur sa possession du bouquin, Malcolm répondit en continuant de mâcher sa brindille:

Mouai, mouai, on y croit tous... Je suis peut-être un imbécile comme tu dis mais je sais reconnaître le mensonge de la vérité. Or là, ton nez vient de s'allonger quand tu as parlé.. hahaha

Malcolm releva alors légèrement la tête, puis se tournant vers la jeune fille, il se mit à la pointer du doigt puis à faire des mimiques grossières représentant un nez de Pinocchio en train de s'allonger.

C'est alors qu'il vit se dessiner au loin la silhouette de Joana O'Donnell, sa préfète chérie adorée. Il ne fallait surtout pas qu'elle le voit en pleine imitation de Pinocchio sinon elle se moquerait de lui jusqu'à la fin de ses jours! C'était absolument hors de question!
Malcolm s'empressa donc de se rassoire correctement et prit une attitude du genre "Je suis un Serpentard, je plais et je le sais". Ce genre d'attitude s'appliquerait très bien à une réplique miniature de Johnny Deep mais là venant de Malcolm, c'était assez déplorable.

Alors que Joana s'approchait d'eux à grande vitesse, Malcolm eut tout juste le temps de chuchoter à l'oreille de Milicent:

Tu ferais tout ce que je voudrais contre mon silence? Humm intéressant... tu sais que c'est dangereux de me dire ce genre de chose...

Il lui fit alors un petit clin d'oeil et orienta son regard vers sa divine maîtresse, Miss O'Donnell. Quand elle arriva, il se jeta à ses pieds comme un soupirant et lui baisa les souliers.:

Joana.... enfin te voilà! Tu sais que je t'ai cherchée par tout pendant au moins une heure? Me voilà rassuré, j'ai bien cru qu'il t'était arrivé quelque chose car euh...

Malcolm se retrouva coupé net dans son élan par une Joana qui venait d'apercevoir le bouquin que lisait Milicent. Les remarques blessantes et autres insultes fusèrent immédiatement. Du Jo tout craché. Malcolm, comme à son habitude lorsqu'il se retrouvait dans un périmètre proche du noyau centrale joanien, ne prononca mot et se contenta de glousser à chacune des paroles de la 4ème année.

Il se tourna alors vers Milicent et constata qu'elle était devenue rouge comme une tomate. Elle paraissait de plus hyper gênée de la situation. Si Milicent n'avait pas été à Serpentard, Malcolm se serait empressé d'en rajouter une couche pour l'enfoncer encore plus. Mais là elle était une de ses camarades et même si elle avait des lectures ringardes, il se devait de la soutenir. Surtout qu'elle lui avait promis de faire tout ce qu'il voudrait en échange de son silence, il n'allait quand même pas louper cela!

Malcolm interrompit alors la discussion des deux demoiselles et ajouta :

Oui Milly a raison, je l'aidais à ensorceler ce bouquin. On trouvait que ce serait amusant qu'un sage petit piaf de Serdaigle tombe sur le bouquin et se retrouve défigurer à vie. Si tu veux te joindre à nous, y'a pas de soucis Jo! On vient.. euh.. juste de commencer donc.. euh...

Voyant que le sujet devenait de plus en plus audacieux, le jeune garçon rebondit aussitôt sur la remarque de Joana concernant le bal :

Ah le bal! Tiens d'ailleurs Jo tu y va avec qui.. ? parce que si tu n'as personne.. euh...

Malcolm réalisa alors qu'il aurait eu mieux fait de réfléchir avant de s'aventurer dans le sujet préféré de toute gamine qui se respecte "Le Bal". Il était évident qu'il allait se faire rembarrer net! Comment avait il pu être assez fou pour aborder ce sujet avec celle qui ne le considérait que comme un serviteur? Joana en pinçait sûrement pour Drago Malefoy ou d'autres garçons de 4ème année. Tous mais pas lui.

Malcolm loucha alors vers Milicent. A la limite, il pourrait y aller avec elle si Joana refusait. Il était à peu près sur qu'elle n'avait encore personne pour le moment. Il faut dire que Milicent n'était pas le genre de fille qui plaisait aux mecs.. du moins pas de l'extérieur :sifle: .

[HJ: Ne le prends surtout pas mal hein Millie? J'essaye juste de respecter l'esprit du livre^^. Je trouve d'ailleurs que tu écris très bien ]

Pendant un moment, Joana avait cru qu’il allait se dire quelque chose de sérieux. Heureusement, ils étaient seulement en train de magouiller sur ce stupide bouquin. Le clin d’œil de Malcolm à Milly n’échappa pas à la préfète. Mais sa seule conclusion fut que c’était en rapport avec leur idée d’ensorceler le livre en question. La préfète regarda Millicent avec un
sourire amusé. Cela faisait du bien de savoir qu’elle n’était pas la seule à ne penser que du mal de cette idée de bal d’Halloween.

- Un sortilège de Glue Perpétuelle ? C’est pas mal, reprit la tornade irlandaise. Enfin, si c’est pour coller les pages ensemble, ça ne sert pas à grand-chose. Moi, je me serais bien vue mettre un peu de poudre à Furoncles ou de la décoction hoqueteuse, voire les deux. Histoire que l’imbécile qui essaie de lire cette horreur se retrouve la tête couverte de furoncles et attrape le hoquet. Mais bon, c’est ta trouvaille. A toi de décider de ce que tu veux en faire. Du moment que ça fait des ravages du côté des autres imbéciles, ça me va.

La jeune fille repoussa une mèche rebelle en arrière, et mit ses mains dans ses poches d’une attitude désinvolte.

- Quoique la vision de Granger la tête collée –au sens propre- à un livre, c’est intéressant, ça aussi.

La préfète se mit à ricaner. Puis elle se retourna vers Malcolm et le regarda d’un air suspicieux. Cherchée partout pendant une heure ? Mais est-ce qu’il était débile ou quoi ? Oui, il l’était, mais quand même. S’il était allé à la salle commune, il aurait pu facilement la trouver. Bon, on ne pouvait pas trop lui en demander non plus. Les idées et lui, ça n’avait pas l’air d’être le grand amour…. C’était d’ailleurs une des raisons qui faisaient que Joana l’appréciait tant depuis toutes ses années (bon, ça ne fait que trois, mais quand même). Un deuxième gorille qui obéissait au moindre de ses ordres, et fonçait sans faire d’histoire dans les situations les plus farfelues et les plans les plus foireux tête baissé, avec elle.

Toutes à ses pensées (c’était si marrant d’essayer de visualiser Granger couverte de boutons et d’horreurs en tous genres), elle ne fit pas vraiment attention à l’invitation très mal camouflée de Malcolm, et
sans réfléchir, elle répondit en haussant les épaules.

- Ouais, pourquoi pas...

Tout alla très vite. A peine eût-elle prononcé ses mots que le déclic se fit dans son cerveau. Le bal d’Halloween. Et le fait qu’elle venait d’accepter –et pour comble devant témoin- d’y aller, qui plus est au bras de Baddock. Une foule d’images défila alors dans son cerveau. Toutes ces questions que jusqu’à présent elle avait essayé de fuir. Comment s’habiller, comment se coiffer, que faire exactement ? ARRRGHHHH !

C’était un cauchemar. Elle fixa Millicent d’un regard au fond duquel pointait une once de panique, puis son regard revint sur Malcolm, pour mieux le fuir de nouveau.

*Pourvu qu’il n’ait rien entendu, pourvu qu’il n’ait rien entendu…. Bah, il est débile, alors il a sûrement pas compris ce que j'ai dit. Mais pourquoi est-ce que je ne suis jamais les conversations ?! Note pour la prochaine fois : SE TAIRE !*

Après s’être mis plusieurs baffes mentales, la jeune fille passa une main nerveuse dans ses longs cheveux bruns en bataille. Puis d’un geste sec, elle se saisit du livre que Millicent avait dans la main quelques minutes auparavant et fit mine de s’y intéresser. Que ne fallait-il pas faire pour essayer de détourner une conversation.

- C’est vrai que c’est vraiment n’importe quoi ce que lisent les pouffys, hein ?

Elle tourna quelques pages au hasard, et lut quelques lignes. « Roméo, Roméo, pourquoi es-tu Roméo ? ». Ouais, décidément, c’était profondément débile ! Mais qu’était-elle venue faire dans cette galère ?

[Pas de problème ^^]

Millicent recommençait à respirer de façon plus ou moins régulière, ce qui avait pour conséquence le retour à la couleur normale de son visage.
Sauvée.
Malcolm était rentré dans son jeu, et ne l’avait pas dénoncée. Pfffiu, elle l’avait échappée bel ! Le seul petit hic, c’était cette stupide phrase qu’elle avait prononcée… « Je ferais ce que tu voudras… »
Que lui avait-il pris de raconter des inepties pareilles ? Bien sûr que non, elle ne ferait pas tout ce qu’il voudrait… qui sait ce que son esprit tordu pourrait inventé ? Mais, en même temps, pouvait-elle vraiment se permettre de revenir sur sa promesse ?

Que le monde est injuste !

Milly, qui, quelques instants auparavant, était tranquillement et paisiblement installée, en pleine lecture d’un livre dont les vers mélodieux étaient à couper le souffle, était désormais dans un sacré pétrin. De un, elle avait parlé trop vite, de deux, Joana, qui avait, heureusement (ou malheureusement) gobé son bobard, réfléchissait désormais au meilleur moyen d’ensorceler SON livre.
C’est bien ce que je disais, le monde est injuste…

Tandis que la petite s’efforçait de trouver un moyen pour détourner l’attention des deux Serpentards, récupérer son livre, et filer tout droit à la Salle commune, elle reçut comme un choc électrictique…éluctrique… bref, comme le truc moldu.
Ah le bal! Tiens d'ailleurs Jo tu y va avec qui.. ? parce que si tu n'as personne.. euh...
Avec une tête de lapin effaré, Millie examina Malcolm. Qu’avait-il en tête ? Comment pouvait-il demander cela à une fille qui, il y a un instant encore, critiquait ce stupide Bal ?

Et alors, Joana acquiesça à sa requête. Millicent ne pu s’en empêcher, elle émit une sorte de gloussement aigu, à mi chemin entre le rire et la stupeur. La préfète des Serpy en pincerait pour… Malcolm ?! Non pas qu’il fut totalement inintéressant, mais, de la part de Joana O’Donnell, la Terreur des Serpentard, on s'attendait à mieux…
Et voilà que maintenant, la demoiselle se mettait à lire les vers Shakespeariens…

Non, il y avait forcément un truc…

Décidant de le prendre sur le ton de la rigolade (Jo avait sûrement voulu lui faire une blague, tout le monde savait qu’elle avait un humour… particulier), Milly s’esclaffa, d’un ton où perçait très nettement l’ironie :
« Euh… Vous voulez peut-être que je vous laisse ? »

- Noooooooooooooooooooooooooooooonn !

N’était-ce pas cela que l’on appelait un cri du cœur ?
La situation échappait totalement au contrôle de la préfète, qui pourtant, avait l’habitude de tout diriger d’une poigne de fer. Comment avait-elle pu en arriver là ?
Les hypothèses étaient nombreuses et variées. Elle aurait pu se faire excuser en plaidant un instant de fatigue profonde et d’égarement, son inconscient qui aurait pris le dessus sur sa conscience. Non. D’ailleurs, cette dernière hypothèse comportait deux erreurs majeures. De une, la jeune fille n’avait pas de conscience. Cela faisait bien longtemps que le petit démon dans sa tête avait chassé l’ange à coups de pieds aux derrières. De deux, il faudrait qu’elle discute plus que sérieusement avec son inconscient si celui la poussait à accepter une invitation par Baddock. Bref, le fait est qu’elle avait atterri dans une drôle de galère. Mais le pire, c’était que Bullstrode en rajoute une couche, en gloussant hystériquement. Elle était pire que Parkinson, celle-là, quand elle s’y mettait.
Joana évita soigneusement de regarder Malcolm, qui n’avait toujours rien dit. Peut-être que lui aussi était sous le choc. C’était peut-être l’occasion de se débiner…
Mais si elle le faisait, elle prouvait à Millicent qu’elle avait été sérieuse et qu’elle essayait de se rétracter. Roh lala, mais pourquoi est-ce qu’elle s’était levée ce matin ? Parce qu’une bande d’hystériques gloussantes se montraient leurs robes de bal les unes aux autres, oui. Bon, mais pourquoi était-elle allée dans ce fichu parc ? Parce que les hystériques avaient aussi envahi les couloirs. Bon, on n’allait pas s’en sortir, comme ça.

*Tu me le paieras, Baddock.*

La préfète continua à le maudire intérieurement, jusqu’à ce que les gloussements ironiques de Millicent résonnent de nouveau. Elle lança un regard glacé à la jeune fille afin de la dissuader de revenir sur ce sujet, d’autant plus que Joana faisait des efforts pour détourner la conversation. D’ailleurs, pourquoi restait-elle là à essayer de faire la conversation ? Elle pourrait très bien tourner les talons avec le peu de dignité qu’il lui restait encore. Oui, mais à situation exceptionnelle mesure exceptionnelle. Ben là, à situation désespérée, mesure… désespérante.
L’irlandaise reprit alors d’un ton ironique.

- C’est bon, tu peux rester. On ne se sautera pas au cou pour s’embrasser en public. Certains ont encore une certaine pudeur dans cette école.

*Toi, si je te saute au cou, ce sera pour t’égorger, Malcolm…*

- Et alors, ce bouquin, qu’est-ce que tu en fais, finalement, Bullstrode ?

La préfète tendit le livre en question à sa camarade susnommée, et ponctua ses paroles d’un sourire mauvais à souhait. Derrière sa petite tête brune, elle fomentait déjà quelque plan machiavélique à souhait pour se venger.