Egarement (libre pour bons rpgistes svp ^^)

Dans la nuit étouffante de néant lumineux, Pénombre errait seule, silencieuse et maussade, il n'y avait rien, que l'obscurité, que la solitude. Perdue dans ses pensées, la jeune fille s'avançait sur un chemin inconnu d'un environnement de noirceur, de silence comme s'il était agit d'un cimetière, sanctuaire défendu à deux dimensions, vivants et morts, cendres et chairs.

D'un état d'esprit affligé et résigné, elle marchait sans convictions, sans savoir où aller, ni que faire, seule et désœuvrée dans cet océan de néant, plaine dégagée, abandonnée, désertée de toutes âmes. Lorsque dans les ténèbres, un peu de blancheur mis en valeur par un rayon faiblard d'une lune mourante dans sa décroissance, attira son regard las et éteint. Semblant se cacher sans réellement y parvenir, un petit être d'à peine la demi taille de la Serpentard tentait de se dissimuler derrière le tronc d'un jeune arbre bien trop fin pour cela. Une chevelure blonde dorée et bouclée mettait en relief un regard enfantin, rieur et heureux la brune crut voir un enfant. Mais que faisait un enfant si tard, si prés de la forêt interdite ? La Poursuiveuse n'était pas encline à y réfléchir, trop fatiguée pour cela, d'esprit trop distant de cette réalité oppressante, elle laissait son instinct la guider sans établir de conclusions, de constations, rien que lui et elle, miraculeuse apparition impensable de part sa très faible probabilité. Le petit garçon se sentit rapidement démasqué et son éclat de rire troubla la quiétude silencieuse, morbide du lieu, passant d'un tronc à un autre en courant dans les herbes hautes et noires de l'orée de la forêt, sa chevelure flottant autour de son petit visage accompagnant de grâce ses mouvements fluides, légers. Puis, semblant décider s'être suffisamment joué de la jeune fille tandis qu'elle le suivait des yeux, l'inconnu accourut en bonds joyeux jusqu'à elle, un radieux sourire s'étirant jusqu'aux oreilles. Il était assez jeune, Pénombre l'estimait d'une huitaine d'années grand maximum sans doute moins, et il se dégageait de lui tellement d'insouciance, de gaieté, qu'elle se surprit à l'envier un instant. C'était étrange ce qu'il lui faisait penser à Dorian Steel, de part sa candeur, ses expressions mignonnes et son air innocent. Le garçonnet ne semblait pas mesurer le réel danger adjacent de l'amas d'arbres, ni la considérer comme dangereuse, c'était curieux. Il y avait tant de prédateurs rôdeurs aux abords de cette zone lorsque la nuit tombait. Etonnée, elle baissa les yeux pour croiser la dorure des siens :

" Quel est ton nom ? "

Le jeune garçon la dévisagea un moment, et les traits purs et innocents de son visage se déformèrent brièvement dans une petite grimace comme si elle avait eût le malheur de poser une question inappropriée ou dit quelque chose qui aurait ravivé de douloureux souvenirs en son jeune cœur d'enfant, son regard rieur en devint presque triste :

" Je n'en ai pas."

Plus qu'intriguée par cette réponse, la vert et argent s'agenouilla doucement prés de lui, posant un genou dans la pelouse glaciale sous le souffle de la nuit avant que ses mains ne touchent ses frêles épaules de leur paume :

" Mais qui est tu alors ? "

Le petit garçon serrait nerveusement les pans de sa toge à la blancheur immaculée de ses petits doigts, les tordant, les froissant comme s'il hésitait à répondre, qu'il était intimidé ou gêné. Pourtant les secondes auparavant, il n'avait pas exprimé autant de timidité qu'à présent. D'un regard qu'elle voulait paisible et encourageant, elle lui fit signe qu'il n'avait rien à craindre à parler devant elle qu'elle ne lui ferait aucun mal. Se sentant peut être en confiance, sa petite voix fluette perça une fois encore la lourdeur des ténèbres:

" Je ne suis qu'un délire de ton inconscient pour tromper cette solitude que tu n'arrives pas à supporter seule. "

Ses mots avaient été apposés dans le silence dans une telle gravité pour son âge que Pénombre en resta stupéfaite, muette. Elle fronça les sourcils sans comprendre, faisant naître un léger plis sur son front sous l'incompréhension. Il paraissait si innocent, pourtant ses paroles... Ce ne fut pas comme un coup de poignard mais l'atmosphère s'en trouva vraiment refroidie, c'était comme si, à son tour, il avait voulu dire des paroles qui la blesseraient autant qu'il lui avait sembler l'avoir blessé en lui demandant son nom. Les rôles semblaient inversés. La jeune fille pensa un instant qu'il s'agissait d'une plaisanterie de très mauvais goût mais le brillant des yeux rieurs de son petit interlocuteur restait fermement planté dans son regard comme s'il lisait dans ses pensées et qu'il désirait l'en convaincre du contraire. D'une voix qu'elle souhaitait douce, la troisième année prit la parole :

" Je ne suis pas seule, pourquoi dit tu cela ? "

L'enfant ne semblait pas l'entendre de la sorte et son regard devint un peu plus dur, contrastant avec son apparence juvénile :

" Tu ne me peux pas me mentir, je sais tout, je suis ta conscience Pénombre. Je connais les plus noirs des secrets de ton âme et tes plus profondes blessures, je sais également à qui tu penses lorsque tu me parles ainsi mais crois tu qu'il t'aimeras un jour comme tu l'aimes ? Je ne te savais pas si optimiste. Il n'a que faire de toi et son cœur n'est pas encore tien... Ton tempérament joueur et instable ne l'attire guère. "

Une gifle. Frappée en pleine figure par l'acidité de ses paroles, Pénombre en eût le souffle coupé, s'entendre en face prononcer les choses dont elle avait parfaitement conscience, tout au fond d'elle mais qu'elle préférait, pour sa propre survie mentale, ignorer, dissimuler, si difficiles soient elles, si consciemment oubliées puissent elles être, la blessa à en crever.

Instinctivement, la jeune fille avait toujours su que ça ferait mal et que, d'une certaine sorte, quelques vérités peuvent être anamorphées consciemment ou pas pour nous éviter justement, de succomber à la folie, ce n'était pas de la lâcheté, non, juste l'expression d'un instinct de survie primal, de préservation, un don, un fait inné, et même si elle avait pensé qu'un jour elle serait prête à subir leur insoutenable véracité, Pénombre avait toujours su qu'aucunes préparations à laquelle elle se soumettrait, n'aurait l'ultime pouvoir de la blinder d'elles, ne l'éviterait d'en souffrir.
C'est sur un regard lasse qu'elle souleva ses paupières, sa voix sans convictions laissa ses mots fuir dans l'obscurité :

" Si tu es réellement ma conscience alors tes paroles ne sont que mes pensées et elles n'ont pas force de lois sais tu ? Je me suis déjà trompée, pourquoi pas sur ce sujet là également ? "

L'enfant s'approcha davantage d'elle et un doux sourire orna son beau visage, il passa ses petits doigts sur sa tempe pour dégager quelques mèches qui lui masquent un peu le regard :

" Je ne détiens pas la vérité certes mais je détiens ta vérité Pénombre, celle que hante tes pires cauchemars, celle que tu crains le plus qu'elle se réalise. C'est un avenir très plausible et je sais que tu en as conscience. Mais ne t'inquiètes pas Pénombre. Lorsque ce destin se sera réalisé, tu ne craindras plus la solitude puisqu'elle se sera évanouie, laissant ton âme se déchirer dans un abîme de folie..."

Poussée à bout, la jeune fille eût une geste irréfléchi, sa main se referma brusquement sur la petite gorge pâle de l'enfant et elle sentit son bras se contracter malgré elle. Le garçonnet esquissa un sourire léger, presque bienveillant à son égard.

**********

Sous le choc émotionnel, Pénombre se releva brutalement, en sueur et troublée, sa respiration irrégulière et saccadée. Lorsqu'elle rouvrit les paupières, elle fut littéralement éblouie par la lumière du jour, la jeune fille plissa les yeux dans une esquisse de douleur avant qu'elle ne s'y habitue progressivement. Le soleil était haut sur l'horizon et le chant léger, joyeux des oiseaux choqua les idées de la jeune fille. Où était elle ? Où était passé l'enfant ? La nuit ? L'obscurité et le silence ? Son regard se posa aux alentours. Le parc, c'était le parc, verdoyant et apaisant. Quelques élèves faisaient une bataille d'eau aux abords du lac et leurs éclats de rire parvenaient jusqu'à ses oreilles. Ses yeux furent soudainement attirés par une tache marron dans son champ de vision et la vert et argent détourna la tête en sa direction. Un livre retourné écrits contre terre à la reliure ancienne et craquelée trônait dans l'herbe verte, à côté de sa besace et de sa veste d'uniforme aux couleurs de Serpentard. Et les souvenirs affluèrent dans sa tête, elle était venue en début d'après midi pour se reposer, se détendre ici et elle avait trouvé refuge sous cet arbre millénaire, un bon livre, une belle après midi...

Tout cela n'avait été qu'un cauchemar ? Un stupide et cruel cauchemar ? Pénombre se rallongea dans l'herbe tendre du gazon, ramenant ses mains derrière sa nuque et soupira, ses yeux perdu dans le feuillage touffus de l'arbre, enfin elle descendit ses paupières et s'abandonna un court instant à la douceur de l'atmosphère.

Un bruissement léger l'avertit qu'une personne s'approchait d'elle mais elle ne bougea pas, la jeune fille n'attendait personne et avec tout ces nouveaux, ce ne serait pas étonnant que ce ne soit pas une personne de sa connaissance, celle ci passerait peut être son chemin..

Programme de l’après-midi, rendez-vous avec Camille… C’était assez difficile de se retrouver en tête à tête avec elle. Ils se voyaient souvent car ils avaient globalement les mêmes amis, mais les moments d’intimité étaient assez rare et en plus l’Irlandais n’était pas vraiment démonstratif en public.

Puisque pour être officiellement un couple il fallait se faire des câlins et des bisous, Seamus s’était arrangé pour réserver cet après-midi à Camille. Ca avait beaucoup fait râler Dean au passage mais bon, il y en avait marre de tout le temps devoir faire des concessions tout le temps, et là il voulait quand même passer un peu de temps avec sa copine.

Le lieu du rendez-vous était le parc, se balader un peu… Ils pourraient se poser tranquillement et auraient peu de chance de se faire déranger. Il faisait beau bien qu’un peu frais mais ça promettait d’être agréable.

Il marchait le long de l’allée, il s’était débarrassé de sa cravate comme à chaque fois qu’il en avait l’occasion et se tenait plutôt décontracté, la chemise sortie du pantalon, le bouton du haut ouvert, les mains dans les poches et les cheveux en bataille.

Ca faisait longtemps qu’il avait renoncé à cacher sa cicatrice… D’ailleurs les gens avaient pour la plupart arrêté de lui poser des questions là-dessus. Camille n’avait encore rien dit, c’était étonnant, est-ce qu’elle allait s’en soucier ? Est-ce qu’il allait lui mentir ? Au fond de lui il espérait qu’il n’aurait pas besoin d’en arriver là. Sa bosse avait largement désenflé et s’était changée en bleu, mais ça n’était plus douloureux… En revanche sa plaie au cou avait laissé une marque qui visiblement ne partirait pas. Ca l’avait rendu fou furieux de se rendre compte de ça, mais bon étant donné qu’il n’avait pas recroisé Pénombre pour lui plonger la tête au fond d’une cuvette de toilette, il avait du faire son deuil de son « ancien cou » tout seul.

Là il ne pensait absolument pas à Pénombre mais plutôt à l’après-midi qu’il allait passer avec Camille, espérant qu’ils ne s’embêteraient pas trop. C’était toujours plus facile quand il y avait du monde autour. Il balaya le parc du regard quand il vit une silhouette malheureusement familière. Elle venait visiblement de se réveiller en sursaut et se tenait seule. Son regard resta à la regarder un moment alors qu’il sentait sa haine ressurgir en lui, mais il avait autre chose de mieux à faire que d’aller la jeter de force dans le lac pour la noyer… Il avait rendez-vous avec Camille et il ne comptait pas perdre de temps avec cette garce.

*Tu t’en fiches d’elle, regarde elle n’a même pas d’amis… Tout le monde la fuit, laisse la dans son coin, ça lui ferait trop plaisir que tu t’attardes sur son cas*

Il détourna les yeux faisant semblant de ne pas l’avoir remarqué et continua son chemin, passant pas trop loin d’elle mais décidé à ne pas quitter l’allée…

*J’aurai pu lui demander ce qu’elle a dit à Lellia ?*

Seamus n’avait pas reparlé à Lellia depuis la sortie du cours de Lockhart alors qu’elle lui avait annoncé qu’elle irait demandé des explications à la Serpentard. Il était un peu inquiet qu’elle lui ait révélé ce qu’il s’était passé et hésita un instant à bifurquer pour aller lui demander. Nouveau coup d’œil vers elle, leurs regards se croisèrent, elle l’avait vu.

Il détourna la tête aussitôt, ça n’était pas le bon moment, il devait rejoindre Camille…

D'abord allongée le regard clos, Pénombre inspirait et expirait l'air frais du parc où perçait de douces effluves d'herbes et de fleurs écloses. Mais puis les pas s'accentuèrent en intensité sonore et plus elle pensa que la personne s'approchait d'elle tant ils devinrent proches à un instant donné. N'aimant pas se laisser surprendre, la jeune fille se redressa sur elle même tandis que des brins d'herbes vertes restaient pris dans sa chevelure noir de jais. L'une des poursuiveuse de Serpentard s'étira ensuite tel un chat sortit de son sommeil de manière naturelle. Elle éveilla doucement ses muscles un à un, prenant le temps pour d'allonger chacun de ses membres jusqu'à ses doigts fins avant de tourner doucement la tête vers l'intrus pour en connaître son identité. Leur regard se croisèrent un instant et l'élève de troisième année n'eut pas le moindre mal à reconnaître le visage marqué d'un bleu sur l'arcade de Finnigan, un des Gryffondor avec lequel elle avait eu une altercation plutôt violente et que la jeune fille avait pris grand plaisir à torturer. Il était un des seuls à lui tenir tête, à combattre sans se défiler et la poursuiveuse aimait se confronter à lui, à ses grands principes et à sa force. Elle ne désirait qu'une chose de lui, le briser, le faire céder à ses propres démons, à sa haine d'elle, s'en servir pour le dominer et l'amener à des choses qu'il regretterait d'avoir faites. Tout un art qui ne pouvait mieux s'exprimer qu'avec une personne de sa droiture, de son honneur, qu'avec un Gryffondor accompli comme lui.. Mais la jeune Craft n'était pas pressée, elle jouerait un peu avec sa marionnette avant de la casser, la vert et argent avait appris à l'aimer et sa souffrance lui procurait d'immenses, d'intenses plaisirs, elle adorait être son bourreau tout simplement.

Un léger sourire se dessina sur ses lèvres avant qu'elle ne glisse son regard jusqu'à sa gorge où une belle cicatrice encore rosée avait pris place. Elle savait pertinemment qu'il ne s'en débarrasserait jamais, qu'il la garderait ainsi jusqu'à la mort. La chemise du garçon était entrouverte et dévoilait la naissance de son torse, tandis que ses cheveux en bataille lui donnait un air sauvage et indiscipliné qui collait parfaitement au personnage, à l'idée qu'elle s'en faisait.

La Serpentarde le jaugea un moment avant qu'il ne lui fasse volte face et ne reparte en marche arrière. Pénombre réagit très rapidement et laissa sa voix percer le silence à peine troublé par des éclats de rire lointains et le bruissement des herbes vertes sous les pas du Gryffondor :

"Seamus Finnigan, je pensais justement à toi. Viens t'asseoir, je t'en prie. "

Ton de voix dépourvus d'émotions, sans animosité transcendante ni violence, un ton de conversation, presque de respect et d'amitié. Le geste qu'elle fit ensuite, en l'invitant à se joindre à elle était le même qu'aurait pu le faire n'importe lequel des amis proches du Courageux mais c'était surtout le regard de la Serpentard, en paix et calme comme si elle allait simplement lui parler du temps qu'il ferait demain ou discuter en toute amitié, qui n'était certainement pas commun pour le Rouge et Or. Remarquant son indécision, elle éclata d'un rire cristallin et renouvela son invitation de la même manière troublante que précédemment :

" Viens Seamus, de quoi as tu peur ? Craint tu que je ne te morde ? "

Et un joli sourire prit place sur son visage dont l'expression demeurait paisible et franche, comme si rien de leur haine, de leur animosité l'un envers l'autre n'existait.

L’Irlandais avait marché le long de son allée, ne risquant qu’un bref coup d’œil sur Pénombre et maintenant il l’avait dépassée, content de lui, content d’avoir évité encore une altercation pour rien, surtout un jour comme celui-là où il avait vraiment beaucoup mieux à faire. Ses sourcils qui s’étaient froncés en voyant la Serpentard reprenaient une position plus détendue et un sourire allait naître sur les lèvres du Gryffondor quand la diabolique Craft prit la parole.

Citation :: « Seamus Finnigan, je pensais justement à toi. Viens t'asseoir, je t'en prie. »

*Oh non purée c’est pas vrai !*

Il tourna les yeux et la regarda d’un air dégoûté. Il n’avait ni le temps ni l’envie d’aller s’asseoir à côté d’elle et à une place aussi proche que celle qu’elle semblait désigner. Le ton qu’elle avait employé était bien différent de celui qu’elle employait ordinairement pour lui parler. Il était calme, presque doux et amical, mais ça sonnait faux. Pénombre et Seamus se détestaient, et le Gryffondor savait pertinemment que ce ton mielleux cachait quelque chose, elle avait une idée derrière la tête, mais lui n’avait aucune envie de se prêter à son petit jeu. Bien sûr ils se haïraient toute leur scolarité, bien sûr il ne manquerait pas une occasion pour lui faire bouffer de l’herbe ou pour la bombarder de bombes à eau… Mais juste, pas aujourd’hui.

« A quoi tu joues encore ? »

Son ton indiquait clairement qu’il n’avait aucune intention d’aller s’asseoir… Mais elle se contenta d’éclater de rire, renouvelant son invitation sur ce même ton, ce ton pas naturel, trop doux, trop… séducteur ? Pendant l’espace d’un instant Seamus comprit que si elle parlait sur le même ton à Lellia, il était compréhensible qu’elle puisse la prendre pour quelqu’un d’amical.

Citation :: « Viens Seamus, de quoi as tu peur ? Crains tu que je ne te morde ? »

*Voilà qu’elle m’appelle par mon prénom, elle me prend vraiment pour un imbécile ?*

Il sortit les mains de ses poches et croisa les bras sur sa poitrine. Il avança de quelques pas vers la Serpentard mais pas assez proche pour qu’elle puisse le toucher, même avec la jambe. Son regard était totalement dépourvu de chaleur.

Pourquoi s’était-il avancé ? Peut-être parce qu’elle l’avait accusé d’avoir peur d’elle… Mais en fait il avait une question à lui poser.

« Je n’ai pas le temps pour tes conneries Craft ! Et puis qu’est ce que tu veux à Lellia ? On sait tous les deux qu’elle n’est pas ton amie alors dans quel piège sournois tu veux la faire tomber ? »

*Je te préviens je ne te laisserai pas faire !*

Intérieurement il restait relativement calme même si sa voix se voulait tranchante… Il ne voulait surtout pas perdre à l’esprit qu’il devait rejoindre Camille rapidement et que Pénombre était dangereuse. Assez dangereuse pour le bloquer, le provoquer en duel et même éventuellement le blesser…

Sans grandes surprises, Finnigan lui adressa la parole sur un ton agressif même s’il s’arrêta dans son volte face pour lui déclarer ses quelques mots sans très grands intérêts qui dénotaient en plus de sa tendance à la grossièretés. Encore une fois, elle fut affligée de son manque de tenue et de son éducation très laxiste, sans respect pour les bonnes manières et la politesse. A croire qu’il avait été élevé dans un poulailler, livré à lui même, autrement c’était pas envisageable un tel langage chartier. Elle ne dit rien, restait d’une expression paisible et calme à le regarder commencer à se mettre en colère pour quelques mots pourtant sans animosité, quelques mots amicaux même. Pénombre le regarda en souriant lorsqu’il croisa ses bras sur son torse, c’était presque enfantin comme réaction et cela traduisait à la perfection l’état d’esprit fermé comme une huître du jeune Gryffondor. Doucement, elle se leva, passant de la position assise à celle debout en quelques minutes, puis la poursuiveuse épousseta sans se presser le bas de sa chemise blanche avant qu’elle ne recroise les prunelles sombres de son camarade d’un regard identique aux précédents, calme, contrôlé et sain, presque amical. Il posa cependant une question à laquelle Pénombre ne répondit pas immédiatement comme si elle était en train de chercher les mots les plus appropriés alors qu’il n’en était rien :

« Il est étrange de voir comme tu me déteste. Pourtant, toi même, tu doit ignorer les raisons originelles qui t’ont poussé à le faire. Mais tu l’as su d’instinct n’est ce pas ? Tu as tout de suite perçu la menace que je représentais pour toi pas vrai Seamus ? »

Tout en parlant, la jeune fille s’approchait inexorablement du Rouge et Or, ses pas félins et lents laissant l’herbe se courber sous ses pas.

« Pourtant, tu ne me penses pas un seul instant capable d’amitié, pourquoi ? Pourquoi penser que chaque personne est soit toute blanche, soit toute noire ? Dis moi. N’y aurait il pas quelque chose que tu désires dissimuler par cette animosité que tu mets entre nous ? Refouler pour nier son existence ? Que crains tu de découvrir ? Tout cela n’a pas de sens et tu le sais comme je le sens. Tu ne peux rien me cacher ou presque et ceci est gravé à même ton regard et ta chair. »

Tout en parlant ainsi, Pénombre avait franchi les quelques centimètres qui la séparait du garçon et sa main glaciale courrait déjà le long de sa gorge, glissant sur la belle cicatrice qu’elle lui avait faite.

« Frappe moi Seamus. Laisse éclater ta haine. N’as tu pas besoin d’en finir une fois pour toute ? Ne ressens tu pas la colère te monter à la gorge ? »

De son autre main, Pénombre attrapa le poignet du garçon, et elle crut sentir qu’il gardait son poing fermé. Pourtant le regard de Pénombre était calme et posé et elle savait pertinemment ce qu’elle faisait. C’était risqué mais la jeune fille ne faisait pas cela pour rien, tout était planifié et elle comptait sur sa haine pour le faire céder à elle. Sentant qu’il se battait intérieurement avec ses convictions quant à la violence vis à vis des filles, Pénombre reprit la parole :

« Te faut il une autre raisons que celles ci ? N’as tu pas encore assez souffert par ma faute ? »

Son regard vert passa sur son arcade et sur sa gorge comme pour illustrer ses paroles mais sans animosité, encore une fois, sans violence. Profondément en paix avec elle même, du moins en apparence. Mais le Gryffondor lui semblait encore indécis.

« S’il t’en faut une autre, alors la voici. »

D’une poigne puissante, elle apposa ses doigts fermement contre sa nuque et l’attira à elle. Une fois encore leurs lèvres se frôlèrent avant qu’elle ne lui souffle ces quelques mots :

« Qu’attends tu Seamus, je suis désarmée et je t’offense. »

Mais elle percevait encore son hésitation, alors sans crier gare, elle l’attira plus fortement jusqu’à elle, et lui arracha un baiser d’une fougue incroyable, pure provocation presque de violence tandis que ses griffes s’enfonçaient dans ses chairs. Enfin, au bout de quelques secondes à le tenir fermement pour éviter qu’il se dégage, la jeune fille le devança en se détachant de lui et replongea son regard de défi dans le sien :

« N’en as tu pas assez maintenant ? »

Les bras croisés sur sa poitrine, il suivit des yeux la Serpentard qui se levait semblant choisir tous ses gestes avec soin et de même pour ses paroles… Il ne comprenait pas où elle voulait en venir. Dans sa tête il essayait de comprendre sa stratégie, mais c’était une fille beaucoup trop tordue et compliquée, qui sait ce qu’elle avait en tête ?

Bref elle ne répondit pas à sa question et ouvrit un débat tout autre. Pourquoi il la détestait autant ?

*Bonne question…*

Elle parla d’instinct, c’était peut-être ça. Mais jamais il ne l’avait considéré comme une menace avant qu’elle ne le frappe de toutes ses forces. Enfin bref il refusait de creuser davantage la question ne serait-ce que parce que c’était Pénombre qui avait amené le sujet sur le tapis. C’était fou comme il pouvait se montrer borné par moments ! Mais il sentait qu’il y avait une entourloupe quelque part et quoi qu’elle fasse il refusait de rentrer dans son jeu.

La Serpentard s’approchait et lui aurait voulu reculer, mais c’était un signe de lâcheté alors il ne broncha pas, s’efforçant de garder une complète maîtrise de lui-même alors qu’il avait envie de l’attacher à un arbre et de la tartiner d’un insupportable poil à gratter ou truc brûlant…

Pénombre était proche de lui maintenant, assez proche pour qu’il la repousse en tous cas mais à part décroiser ses bras pour se tenir prêt à cette éventualité, il ne fit rien de plus, soutenant son regard troublant car trop aimable et écoutant ses paroles tout en se forçant à ne pas y accorder trop d’importance.

Finalement elle finit par répondre à côté de la question… Mais elle parla d’amitié ce qui prouvait qu’elle avait bien entendu ce qu’il avait dit auparavant.

*Non je ne t’en crois pas capable en effet.*

Seamus ne croyait pas en l’amitié Serpentard/Gryffondor tout comme il ne croyait pas Pénombre capable d’être amie avec qui que se soit. Quand il la voyait elle était tout le temps seule… Même là, elle dormait seule sous son arbre. En cours c’était souvent la même chose, elle arrivait seule en classe… L’Irlandais ne croyait pas qu’elle ait jamais eu d’amis à part Lellia qui la considérait malheureusement comme tel.

« Tu n’es pas capable d’amitié non. Pas avec Lellia ! Tu veux quelque chose d’elle et je trouverai quoi ! »

Mais visiblement ça n’était pas de Lellia qu’elle parlait mais de lui comme le prouva la fin de sa phrase, de leur relation. Entre eux il n’y avait que haine l’Irlandais en était certain, mais ce n’était pas ce qu’elle semblait vouloir dire… Seamus ne comprenait pas, il l’écoutait sans broncher cherchant la signification de ses paroles obscures alors que du doigt elle lui effleura la gorge.

D’une secousse il retira sa tête et fit un pas de côté, la regardant comme si elle était la dernière des folles. En même temps son regard dissimulait mal les sentiments qui l’habitaient… Il cherchait ce qu’elle pouvait bien avoir voulu dire par ce sous-entendu vaseux. Est-ce qu’elle parlait d’amour ? C’était totalement absurde, il sortait avec Camille et n’avait jamais ô grand jamais été attiré par la Serpentard. Mais pourquoi est-ce qu’elle amenait le sujet sur le tapis ?

*Ne rentre pas dans son jeu Seam…*

Puis elle lui demanda de la frapper.

C’était ça alors qu’elle voulait depuis le début ? Qu’il la frappe ? C’était encore une fois complètement absurde ! S’il avait voulu il aurait pu lui péter le nez, mais pourquoi ? Elle cherchait à le pousser à bout peut-être et n’avait pas encore trouvé le moyen donc elle essayait un autre moyen, en le prenant par la douceur. Comme il avait bien fait de ne pas céder la dernière fois. Peut-être que son but secret était de le faire renvoyer…

« Va te faire soigner Craft ! »

A part soulever des questions, elle n’avait pas réussi à atteindre son but qui était de l’énerver. Tant pis pour la réponse à sa question, il allait tourner les talons et la laisser en plan elle et ses idées stupides quand elle lui attrapa le poignet.

Elle tenait à ce qu’il la frappe et plus elle voulait qu’il la frappe et moins il avait envie de le faire !

Puis la Serpentard l’attira vers elle en plaquant ses mains fermement derrière sa nuque et elle le provoqua délibérément… Encore une fois pour qu’il la frappe.

*???*

Il ne s’était pas attendu à ça du tout, elle l’avait attiré vers lui, elle avait fait ce qu’elle voulait de lui jusque là et le piège se refermait. Il était pétrifié et ne savait pas quoi faire. Dans son regard passa une lueur de vive inquiétude, presque de panique quand leurs lèvres se frôlèrent et ses doigts qui étaient jusqu’à présent serrés se détendirent, toujours aussi crispés mais ils ne formaient plus un poing.

Puis elle l’embrassa.

Ca n’était pas un baiser comme ceux qu’il échangeait avec sa copine Camille non. C’était un baiser, profond, fougueux et un brin violent. Un baiser qui ne laisse pas indifférent…

Elle le maintenait si près de lui qu’il ne pouvait pas se dégager sans se débattre. De toute façon il était tellement surpris qu’il n’aurait pas songé à se dégager. Pendant le baiser, elle avait toujours ses mains dans sa nuque et elle lui griffait le cou. Seamus lui pendant ce baiser lui avait agrippé les bras et lui enfonçait ses doigts dans la chair. Que fit il d’autre pendant le baiser ? Il le subit complètement. Son cœur s’était mis à battre à un rythme épouvantablement soutenu et il paniquait n’attendant qu’une seule chose, qu’elle le lâche…

Ce qu’elle fit après un temps qui lui paru interminable. La première chose qu’il fit fut de respirer, bizarrement pendant cet étrange baiser il avait perdu jusqu’à ce réflexe basique. Ensuite il percuta enfin ce qui venait de se passer. Pénombre l’avait embrassé après l’avoir presque supplié de le frapper. On nageait en plein délire.

Son regard pendant quelques secondes était complètement affolé… Ses mains tenaient toujours fermement les bras de Pénombre et pendant bien 5 secondes, il ne bougea pas, essayant de décoder dans les yeux émeraude de la Serpentard les réponses à ses questions. Qu’est ce qu’elle cherchait ? Pourquoi ? Et d’ailleurs aussi pourquoi l’avait-il laissé s’approcher aussi près ? Pourquoi ne l’avait pas repoussé avant ? Pourquoi elle arrivait à le manipuler à ce point ? Quand est-ce que ce supplice allait s’arrêter ?

Puis après cet instant de totale incompréhension alors seulement il songea à la repousser avec violence. Il lâcha ses bras mettant toute la force de sa haine et la poussa en arrière, lui-même avait fait quelques pas en arrière.

*Du calme… on réfléchit, on ne la laisse pas prendre le dessus*

Il fallait absolument qu’il trouve quelque chose à dire, mais là son cerveau semblait s’être mis en veille. Il faut dire que subir un baiser de cette intensité ne faisait pas partie de son quotidien et il n’avait aucune idée de comment réagir. Surtout quand ce baiser lui avait été donné par la fille qu’il détestait le plus de l’école, et qu’en même temps il n’avait rien fait pour la repousser.

*Ne perd pas contenance ! Elle n’a pas gagné, c’était un accident, elle t’a eu par surprise…*

Là seulement il eut le réflexe de s’essuyer la bouche avec le dos de sa main droite. Son regard ne pouvait se détacher de celui de la Serpentard, mais il se força à rompre ce contact visuel le temps de se recomposer un regard autre que celui troublé qu’il lui offrait depuis tout à l’heure…

Ce qu’il fit. Lorsqu’il releva la tête, son regard s’était chargé de haine

« Je ne sais pas ce que tu cherches mais tu ne l’auras pas Pénombre !!! »

Et si elle l’avait déjà eu ce qu’elle cherchait ? Il masquait mal ses sentiments, elle avait du se délecter de le voir à ce point perdu… et dire qu’il devait retrouver Camille, mais qu’est ce qu’il allait bien pouvoir lui dire ???

La voix du garçon résonna dans son esprit comme s'il lui avait lancé à la figure quelque chose de blessant, de réellement blessant, incomparable à toutes ses attaques creuses et insignifiantes qu'il avait jusque là vainement menées contre elle, mais cela il devait l'ignorer. Il parla d'amitié, une des seules valeurs à laquelle la brune attachait certainement autant d'importance que les Gryffondors eux mêmes. Lorsque la Rusée accordait confiance et amitié, elle s'y tenait et n'avait plus à prouver sa loyauté. Qui pouvait il être pour se méprendre à son point sur son compte ? Pénombre ne craingnait pas de se mettre à dos les siens pour lier avec d'autres, avec des Gryffondors ou des Poufsouffles, des amitiés qu'elle jugeait en toute franchise, précieuses, essentielles. Aussi, lorsqu'il parla de Lellia et sous entendit lourdement la manière dont il pensait qu'elle l'utilisait, la poursuiveuse dissimula ses ferventes convictions et méla ses mots de calme et de tranquillité comme toute son attitude en fait, elle parla doucement, presque respectueusement à Finnigan mais les mots employés trahissaient légèrement son état d'esprit :

" Je n'attend rien d'elle sinon son amitié et qu'elle me l'accorde ou pas ne changera en rien à la loyauté que je pourrais avoir à son égard et cela quoique tu en penses et quoique tu en dises Seamus. Certaines raisons te resteront à jamais inconnues puisque tu ne sais pas lire, ni voir ce qui existe entre nous. Je ne ferais jamais de mal à Lellia et bien que ma parole n'ait strictement aucune valeur à tes yeux, sache que j'ai un sens de l'honneur au moins aussi aiguisé que le tien. Mais cela, également, tu ne saurais le voir même si c'était écrit en toutes lettres sur une table de vérité. "

Et puis tout s'enchaina trés vite, la fougue, le désir, le brûlant d'un échange de quelques secondes seulement et son regard braiseux, haineux qui laissait transparaitre un peu de son état d'esprit enflammé. Elle sentait ses doigts enfoncés dans sa chair et la douleur qu'il lui imposait, lui communiquait par là même une certaine intensité, sa force, enfin. Mais ce qu'elle désirait moins emplissait tout l'être du garçon, sa passivité, son laisser faire qui donnait un terrible avantage à Pénombre, mais dont elle ne voulait pas, qu'elle détestait. Trop facile. La jeune fille ne souhaitait certainement pas faire face à ce jeune Gryffondor perdu et faible. Hésitant et désorienté. Aucuns interets, aucuns plaisirs. La poursuiveuse voulait sa force, sa haine, sa souffrance. Mais il ne lui cédait pas, il résistait et cela lui faisait perdre patience. Pourtant le jeune garçon paraissait tellement désarmé, tellement à sa mercie, la troisième année pouvait faire de lui ce qu'elle voulait mais sans réellement l'amener où elle le désirait....Un instant, l'une des poursuiveuses de Serpentard se demanda si le Rouge et Or aurait fini par faire quelque chose si elle ne s'était pas arretée d'elle même. Et si la vert et argent avait continué ? Aurait il enfin levé sa garde ? Ses défenses ? Se saurait il fait force, violence ? Pourquoi ne réagissait il pas comme elle l'avait patiemment calculé ? Il ne gardait qu'un air perdu, troublé sur son visage, ce qui était pour elle d'une maigre consolation. Sa voix était à présent presque compatissante, éteinte lorsqu'elle s'adressa doucement à lui :

" Ta passivité est tellement significative Seamus. Je ne lui mentirais pas à ta place. "

Sans détourner les yeux de son visage, Pénombre resta un instant partagé dans sa dualité intérieure. Car à la fois, Seamus avait, par son attitude profondémment déçue la jeune fille et à la fois il avait, sans le savoir, provoqué son respect et son sens du défi. C'était tellement tentant de se mesurer à sa droiture, de la confronter avec ses talents de manipulation. Pourtant, elle hésitait entre monter d'un cran la provocation pour le faire céder ou laisser partir l'Irlandais. Il aurait été tellement facile de faire des insinuations explicites entre ce baiser, sa passivité et les sentiments hypocrites qu'il disait certainement ressentir pour cette autre Gryffondor, mais aussi étonnant que cela puisse paraitre, la Serpentarde n'avait guère envie de lui infliger ce genre de soufrances car elle le respectait, d'une certaine manière bien sûr.... La jeune fille ne considérait pas cela comme de la lacheté mais elle attendait autre chose de lui, qu'il se bornait de toutes évidences à lui refuser. C'était étrange, tellement brûlant l'instant d'avant, paisible et tranquille à présent, comme si rien ne s'était passé et qu'ils ne venaient juste d'échanger qu'une bise de salut. Le Gryffondor fit entendre sa voix et les paroles du Courageux la confortèrent dans ses idées :

" J'aime quand tu m'appelles par mon prénom Seamus mais détrompes toi, j'ai eu de toi exactement ce que j'en attendais comme tu m'offres toujours ce que je te désire. Cette fois c'était ta passivité... Comme dirait un de mes camarades de maison, ne pas agir, c'est déjà agir et j'ai enfin les réponses à mes questions. Ton indécision fait ta faiblesse. Tu n'es pas un adversaire à ma taille. Navrée d'avoir cru en toi. "

Ses paroles étaient sans ambiguité mais elles n'étaient pas toutes vraies, hélas. La brune chercha un moment dans une des poches de son pantalon quelque chose avant de relever des yeux froids sur lui tandis, qu'une fois encore, elle franchissait ses distances intimes trop vite pour lui laisser le temps de l'en empecher. La Serpentarde figea son regard dans le sien alors que sa main trouvait la sienne pour y déposer quelque chose de dur, de rond :

" Ceci atténuera un peu le rouge de tes cicatrices. Maintenant vas-t-en. "

Mais intimement, Pénombre était un rien déçue et le trouble de sa réaction laissa la jeune fille dans ses pensées tandis qu'elle lui tournait le dos.

Camille descendait les marches qui menaient au parc à la hâte. Seamus et elle avait prévu de se réserver un après-midi, tranquilles, sans copains et copines qui hurlent au scandale dès que l’un ou l’autre fait un geste. Seamus n’aimait pas trop, non plus, se montrer en public et Camille non plus, ils s’entendaient bien de ce coté là. Et pour passer du temps ensemble, tout de même, ils avaient prévus de bloquer un après-midi.

Il ne faisait pas particulièrement chaud, l’air était plutôt frais mais le soleil était là. Le temps idéal de la rentrée, de l’automne. Le ciel était bleu mais obscurci à certains endroits pas des nuages blancs. Camille marchait d’un pas rapide, ses chaussures foulant le petit sentier et laissant derrière elle seulement des traces enfoncées dans la terre. Elle connaissait bien le parc maintenant, et savait absolument où se diriger. Vers la droite, là bas, un peu plus près du lac, là où les arbres parsemés ça et là commençaient la sombre forêt, là où les feuillages verts commençaient à étendre leur ombre. Ils avaient convenus, tous les deux, de s’y retrouver pour le calme et la fraîcheur qu’apportait ce lieu.

* Je suis en retard. Pourquoi faut-il que je sois toujours en retard ? Même au bal il y était avant… Bref. *

En effet, Camille venait de s’apercevoir, maintenant qu’elle n’était plus qu’à une cinquantaine de mètre du lieu convenu, que Seamus y était déjà. Mais il n’était pas seul. En face de lui, à quelques pas, se dressait une jeune fille, d’après ce que Camille devinait quant à ses longs cheveux d’un noir de jaie. Une fille ?! A à peine une vingtaine de centimètre de son visage ?! Camille s’arrêta net dans son élan, à présent à une quarantaine de mètres d’eux. Seamus, de dos, ne pouvait pas la voir, par contre, « l’autre », elle, pouvait l’apercevoir. La jeune Gryffondor regardait la scène qui s’offrait à elle. Elle n’avait pas remarqué tout de suite que c’était Pénombre.

* Elle… Elle avait raison ? Craft avait raison ? *

Les souvenirs des paroles de la jeune Rusée lui parvinrent en mémoire. « Tu as fait un choix judicieux Lionne, Finnigan embrasse assez bien pour un crétin » . Est-ce que c’était Pénombre, là-bas ? Et après tout, ça pouvait l’être. Ces cheveux pouvaient lui appartenir. Mais que faisait Seamus avec elle, là, si proches, alors qu’il ne pouvait pas voir son portrait habituellement ?

Camille décida de faire un pas en avant, puis deux, puis marcha vers eux d’un air étonné et frustré. Elle s’arrêta à quelques mètres. C’était bien Pénombre. Rien n’était moins sûr qu’elle l’ait vue ; Seamus par contre ne pouvait pas, c’était certain. En un sens, c’était plutôt une bonne place car Seamus ne la voyait pas, et ne pouvait changer ses actes en fonction d’elle... La jeune Rouge et Or attendait, à quelques mètres d’eux, perdue par leur si soudaine et si proche attitude.

Les yeux fixés sur eux, Cam’ attendait vainement de voir ce qu’il allait se passer. Elle avait un visage neutre, pas méchant mais plutôt curieux, attentif. Elle pouvait entendre ce qu’ils disaient, chose impossible quelques minutes plus tôt. Seamus semblait crispé. Et Pénombre passa le doigt sur sa cicatrice… avant de l’embrasser.

Camille restait figée par ce qu’elle voyait. Elle aurait été incapable, à ce moment là, de bouger ou de prononcer quelque chose. Pour elle, le temps s’était arrêté là. Comme si le vent était en suspension, le soleil et la Terre avaient arrêté leur course. Pendant quelques secondes, le sablier du temps avait cessé de déverser ses grains de sable.

Puis il reprit son cours normal. Seamus se tenait à quelques centimètres de Pénombre. Malgré que Camille ait perdu pendant un instant la capacité de comprendre, elle savait qu’il ne s’était pas débattu, ce qu’il aurait du faire. Normalement. Elle avait appris ( à ses dépends ) qu’avec Seamus rien n’était normal ; mais alors ça, c’était irréel, impossible, irréalisable. Et pourtant ça venait de se passer sous ses yeux. Pénombre et Seamus, sûrement les deux ennemis les plus connus à Poudlard, venaient de s’embrasser ?

Seamus avait apparemment repris ses esprits, et repoussa Pénombre avec haine et violence. « Je ne sais pas ce que tu cherches mais tu ne l’auras pas Pénombre !!! » Il avait peut-être repris ses esprits, mais c’était un peu tard… Pourquoi s’était-il laissé surprendre ? Pourquoi n’était-il pas sur ses gardes avec son ennemie ?! Camille comprenait qu’il ait pu être surpris, mais de là à se laisser faire… " Ta passivité est tellement significative Seamus. Je ne lui mentirais pas à ta place. "

Elle parlait d’elle, là. Camille sentait son cœur se serrer, et ne comprenait pas pourquoi Seamus n’avait pas réagit. Il aurait pu faire n’importe quoi, la repousser, l’insulter, s’en aller… Mais non. Pénombre lui tendit quelque chose en assurant que ça atténuerait ses blessures, après avoir dit qu’elle avait eu ce qu’elle voulait.

Camille arracha ses jambes qui semblaient s’être enracinées pour se diriger vers Seamus. Elle était triste et ne savait pas comment réagir, mais cette fois, elle avait le droit de savoir. Elle avait un regard dur mais au fond d’elle elle se savait consternée par son attitude. Tant pis pour Pénombre, tant pis. Ça l’amuserait sûrement, mais il fallait qu’elle sache.

Seamus ?!

Elle avait pris un ton ironique, étonné. Elle était près de lui maintenant, et près d’elle par la même occasion, sauf qu’elle n’attacha par un regard à Craft. Son attention était retombée sur son petit ami. Dans son esprit, le passage du baiser se repassait en boucle. Elle montrait un air déçu, ironique, mais déçu.

Je peux savoir ce qu’il se passe ? J’ai le droit ? Ta passivité est tellement significative Seamus. Je ne me mentirais pas à ta place.

Camille avait repris la phrase de Pénombre pour lui montrer qu’elle avait vu. Oui, ça, elle l’avait vu. Elle ne savait pas pourquoi il avait réagit comme ça, elle lui en voulait, elle était triste et elle avait peur de savoir, mais il fallait qu’elle le sache. Son ton était ironique mais pas méchant. Elle ne voulait pas tout gâcher. Gâcher quelque chose qui, entre elle et lui d’ailleurs, n’avait pas commencé depuis si longtemps. Mais elle avait le droit de savoir le pourquoi du comment de ce qu'il venait de se passer sous ses yeux.

*Passivité ? Passivité ? Tu m’as pris par surprise sombre idiote ! J’aurai bien aimé t’y voir ! Je rêve elle m’a embrassé ? Craft !*

Son moment de stupéfaction était bel et bien définitivement terminé. Toute sa rage remontait en lui et en même temps un sentiment étrange de culpabilité et de déception commençait à lui nouer les tripes. Déception ? Oui déçu de lui-même, de s’être fait berner, de s’être laissé faire, alors qu’il aurait du deviner, savoir à quoi s’attendre avec elle.

« Passivité tu parles oui ! Tu… tu m’as sauté dessus ! T’es vraiment dégueulasse Craft ! »

*Qu’est ce que j’aurai du faire ? La repousser oui mais… mais…*

Oui sur le moment il n’avait pas su bien réagir… En même temps comment est-on sensé réagir quand sa pire ennemie vous embrassait d’une pareille façon juste pour se ficher de vous. Et réagir bien sûr sans lui faire mal parce que c’est une fille ! S’il y avait un petit guide explicatif, bien que Seamus n’aime pas spécialement lire, il aurait bien investi dedans pour avoir quelques conseils.

*Elle se fiche de moi*

C’était clair comme de l’eau de roche pour lui. Elle n’avait aucune autre intention que de le provoquer et de se ficher de lui, elle l’avait annoncé dès le début d’ailleurs.

*Camille*

Est-ce qu’il devait le dire à Camille ? Non pas forcément, ça compliquerait les choses pour rien. En même temps, si c’était Pénombre qui lui disait ? Elle allait le forcer à lui mentir, encore une fois elle choisissait pour lui, il était de plus en plus en rage contre elle et sa respiration s’accéléra tandis que ses yeux s’emplirent d’une colère qu’on voyait rarement chez le Gryffondor.

Citation :: « J'ai eu de toi exactement ce que j'en attendais comme tu m'offres toujours ce que je désire. Cette fois c'était ta passivité... »

Passivité, ce mot déjà lui faisait péter les plombs, elle avait tort, il n’avait pas été passif, c’était une homme d’action, une boule de nerf ! Il n’avait pas pu être passif face à elle.

Etait-ce vraiment ça qu’elle voulait ? Mais pourquoi vouloir sa passivité ? Pourquoi la provoquer par ce baiser. Elle voulait prouver quoi ? Est-ce que la Serpentard voulait trouver des sentiments amoureux chez lui ? C’était absurde ! Jamais il ne pourrait l’aimer, il la haïssait trop ! Mais ses allusions glissées subtilement, c’était ça ? Elle voulait qu’il tombe amoureux d’elle ?

*C’est tellement débile que ça n’a pas de nom ! C’est une peste, une garce, une ch*** de premier ordre !*

C’était assez curieux d’attendre ça de lui… Sinon elle voulait briser son couple qui naissait. C’était une possibilité étant donné qu’elle pourrait crier sur tous les toits qu’elle l’avait embrassé et qu’il s’était laissé faire.

Citation :: « Navrée d'avoir cru en toi. »

« Cru en moi mais n’importe quoi ! JE NE ME SUIS PAS LAISSE FAIRE C EST CLAIR ? Espèce de tordue ! Malsaine ! Passivité… N’importe quoi ! Tu m’as pris par surprise, qu’est ce que je pouvais faire ? »

Est-ce qu’elle l’avait seulement écouté ? Rien n’était moins sûr… Le pire c’est qu’elle avait vraiment l’air déçue… Mais déçue de quoi ? Déçue qu’il lui cède ?

*Elle m’a pris par surprise ! N’importe qui en aurait fait de même !*

Puis elle lui glissa quelque chose dans la main. Il allait lui balancer à la tête en lui gueulant qu’il ne voulait pas de sa pitié quand un nouvel élément ~~encore plus redoutable qu’un perturbator~~ entra en jeu. Camille.

Elle arriva par derrière lui et il l’entendit avant de la voir. Ca sentait le roussi pour lui, pour eux… Qu’est ce qu’elle avait vu exactement ??? Depuis combien de temps est-ce qu’elle les regardait ??? Comme il s’en voulait, comme il se sentait coupable, là il n’en menait vraiment pas large et aurait donné beaucoup pour revenir un quart d’heure plus tôt. Il aurait pris un chemin différent pour aller à son rendez-vous et rien de tout ça ne se serait passé.

« Camille ! »

Il faillit rajouter un « qu’est ce que tu fais là ? » mais se retient car c’était tout à fait logique qu’elle soit là… Elle n’était pas en avance, ni en retard, rien… Enfin là n’était pas la question. Qu’est ce qu’elle avait vu ?

Citation :: « Je peux savoir ce qu’il se passe ? J’ai le droit ? Ta passivité est tellement significative Seamus. Je ne me mentirais pas à ta place. »

*Bon beh au moins je sais à quoi m’attendre maintenant !*

Ca allait être dur de rattraper le coup avec Camille, mais ils ne pouvaient pas aller en parler plus loin ? Laisser Craft en plan c’était une bonne idée non ? Elle allait mourir de rire à les regarder se déchirer à cause de sa perfidie… Mais en même temps, Seamus se voyait mal calmer Camille en lui disant tout simplement un « on en discute plus loin ? OK ? »

« Tu as vu ce qu’il s’est passé non ? Elle… elle m’a eu par surprise ! Qu’est ce que je pouvais faire ? Camille ! Je n’ai pas cherché ça ça va pas la tête ! Tu sais à quel point je la hais hein ? Tout le monde sait que je la déteste ! C’est une Serpentard, elle est sournoise… Elle fait ça pour te faire du mal, pour nous faire du mal ! Ne rentre pas dans son jeu Camille tu dois me croire ! »

Tout en parlant il triturait le « baume » qu’elle lui avait passé pour sa cicatrice d’un geste nerveux. Il avait mis toute sa sincérité dans son discours, et espérait sincèrement que Camille le croirait. Tant pis pour Craft qui pouvait les observer à loisir, il ne fallait pas qu’elle le largue ! Pas maintenant !

Dos au jeune garçon de Gryffondor, Pénombre perçut néanmoins sa colère dans les paroles qu'il lui adressa. Ses dires ne manquèrent pas de laisser un faible sourire se dessiner sur ses lèvres. Oui, elle lui avait sauté dessus et alors ? C'était dans son tempéramment de toutes façons, Pénombre était fougueuse et réfléchie, savant mélange de sauvagerie et de provocation, fière et forte et Seamus était son martyr préféré. Elle avait cherché quelque chose en particulier chez lui et n'avait eu qu'une bride de réponse, insatisfaisante et incomplète mais, au final, elle avait atteint pas mal de ses objectifs prédéfinis par cet acte en particulier. Bien sûr, la Serpentarde n'avait pas su qu'elle le rencontrerait ce jour là, à cet instant même, ni à cet endroit mais la jeune fille avait déjà monté en partie seulement, ce plan pour satisfaire son envie de savoir, pour troubler et abimer celui qu'elle aimait intimement détester. Certainement, que la brune aurait dû attendre qu'il soit parfaitement au point mais le Nabot avait l'art et la manière de la faire céder à ses tendances les plus mauvaises. C'était un réel plaisir pour elle à chaque fois de se mesurer à lui, étrange également ce qui la liait à lui, pure sadisme, haine mais tant d'attachement, de respect et de fascination de ce qu'elle ne serait jamais.

Tellement droit et chevalier d'esprit. D'une certaine manière, ça lui aurait manqué de ne pas avoir de Seamus Finnigan sous la main de temps en temps pour se divertir, pour se délécter de ses souffrances, pour lui en infliger de nouvelles à souhait. Mais il était absolument certain qu'il ne l'entendrait jamais de sa bouche, ni de personne d'ailleurs et que la torture même ne lui arracherait jamais ces mots là. Tut à jamais, comme si cela ne lui avait pas effleuré l'esprit le moins du monde. Cette simple différence rendait les deux élèves complétement opposé l'un à l'autre encore davantage que ce que les couleurs de leurs écussons respectifs n'en témoignaient. De leur rencontre, elle en tirait plaisir et lui, de l'incommodation. Et par conséquent, la Serpentarde pensait qu'elle aurait toujours la place de provocatrice, d'attaque et lui, celle de la défense.. Et alors qu'elle lui offrait sa vulnérabilité en faisant volte face, complétement sûre qu'il ne se rabaisserait à la lacheté de lui asséner de coup de dos, elle l'entendit, une fois de plus, lui hurler des paroles qui trahissaient sa colère, son énervement. Lentement, sans se presser comme si elle avait cherché à l'agacer davantage par sa désinvolture, la jeune fille se retourna vers lui et le ton de ses dires étaient un rien ironique :

" Qu'aurais tu pu faire ? Est ce réellement une question ? ... Non, c'est vrai, tu ne t'es pas laissé guider, j'ai même senti un instant que tu y prenais du plaisir. Que ta langue cherchait la mienne mais ne t'en fais pas, je le tairais à Camille.. Du moins, tant que tu ne m'en donnes pas l'envie..."

C'était plus qu'explicite. Un chantage.... Et alors que son regard de défi se posait sur lui, un autre élement vint s'ajouter à la situation, un des plus interessants pour la Serpentarde. La Lionne de Finnigan venait de faire entendre sa voix d'une entrée fracassante, ruinant par là même les projets de chantage de la Rusée. L'interêt de la vert et argent fut immédiatement avivé par son entrée en scène et elle posa son regard sur le couple de Rouge et Or dans l'avidité d'entendre les explications bancales et certainement hésitantes, du garçon à sa compagne. Comment allait il expliquer la passivité dont il avait fait preuve à sa petite copine ? Comment allait il la justifier ? Surtout que Pénombre se rapellait parfaitement avoir mit en garde la Courageuse quant aux infidélités du petit crétin, certes à l'époque encore inprouvées mais qui ne faisaient plus l'ombre d'un doute désormais. L'une des poursuiveuses de Serpentard n'avait qu'une seule fois eût affaire à la jeune fille aux cheveux châtains clairs mais elle avait rapidement sentit chez Camille, un calme et une douceur vraiment particulière aux Gryffondors, voire aux Poufsouffles, ça en tenait presque d'un instinct purement maternel, d'une intime retenue. La jeune Craft savait pertinement que la Lionne ne porterait pas la main sur elle, du moins, peut être pas tout de suite. Ce qu'elle fit sans surprises, Camille ne lui accorda pas un seul regard et lorsqu'elle s'adressa à son petit ami, Pénombre esquissa un sourire en entendant quels mots elle avait choisit.

Tout était parfaitement rassemblé ici, dans un temps et un espace qui frôlait la perfection absolue. Eux trois et personne d'autre, d'une part Camille, qu'elle avait prévenue dans la semaine des agissements, indésirables pour un couple, du garçon, certes forcés, mais agissements quand même, avait assisté à la scène précédente sans pouvoir intervenir, d'autre part Finnigan, qui avait subi ses assauts sans résister et elle. Elle, qui se sentait maitre d'une situation incroyablement complète, parfaitement timée ( à lire tymée^^) comme si elle avait été calculée précisemment, des jours à l'avance et qui, par une improbable conjoncture d'évènement se retrouvait à pièger le jeune garçon. Il était pris.

" J'espère que tu ne vas pas croire ce tissu de mensonges, Lionne. Finnigan a toujours eu un penchant pour les histoires violentes et intenses. Tu ne t'es jamais réellement demandé pourquoi il était si hésitant avec toi ? Tu n'es qu'un passe temps, d'une routine désarmante pour lui. "

Puis elle se retourna vers le Rouge et Or :

" Et saches que je ne pouvais pas prévoir vous rencontrer ici alors, maintenant dis moi... Ne lui aurais je pas révélé notre liaison depuis tout ce temps, durant le cours de Défense contre les Forces du Mal si tel avait été mon souhait ? Je ne crains hélas, que celui qui lui ait fait le plus de mal dans l'histoire, ne soit toi, mon cher Seamus. Je t'avais pourtant prévenu que tout éclaterait au grand jour mais tu étais bien trop borné et stupide pour t'en rendre compte tout seul. "

Coup de poker, quitte ou double à présent. Et bien, qu'à l'origine, la Serpentarde ne désirait pas le torturer avec une histoire de coeur, l'arrivée soudaine de Camille ne l'avait pas fait changer d'avis, non, mais une fois de plus, l'occasion avait été vraiment trop tentante...

Camille, les bras croisés sur la poitrine, attendait impatiemment les justifications de Seamus. A voir sa tête, elle était arrivée au bon moment, si on peut le dire… Est-ce qu’il allait s’expliquer ? Oh, sûrement, oui, mais qu’allait-il dire ? La jeune Gryffondor était avide de savoir ce qu’il allait sortir. En toute logique, il aurait le courage de lui dire la vérité, ou alors, peu probable, il se déroberait.

Ben alors Seamus ? Tu ne trouves plus les mots ?

Elle était ironique mais n’en menait pas large. Elle avait l’intime sentiment que, même s’il n’aimait sûrement pas Pénombre, il l’avait quand même oubliée un instant vu qu’il avait été si… passif. Sans vouloir entrer dans les machinations de Pénombre ( si c’était elle qui avait tout manigancé ) et croire tout ce qu’elle avançait, elle se sentait tout de même triste.

Et Seamus n’en menait pas large non plus. Camille inclina légèrement la tête vers Pénombre qui arborait un petit air satisfait. Satisfaite d’avoir la Gryffondor en face d’elle, ou satisfaite de pouvoir révéler leur liaison, ou encore satisfaite de torturer Seamus… ? Allez savoir, si quelqu’un connaissait Pénombre un minimum, il ne s’attendrait qu’au quart de la moitié des possibilités d’action de celle-ci ( embrouillé ? Oui, comme l’esprit de la Serpentard ).

Détournant son regard de Craft, Camille reporta son attention sur Seamus. La tension entre eux trois était presque palpable, sauf peut-être pour Pénombre, qui n’avait pas l’air si dérangée que ça ( sauf que dérangée, elle l’est toujours, mais vous m’avez comprise, n’est ce pas ? ). A ce moment là, elle eut une pensée, juste une seule :

* Pourquoi je lui ai laissé entendre ce que je sais ? *

Il aurait été bien plus facile pour la Courageuse de le laisser s’empêtrer dans des explications vaseuses, sans savoir ce qu’elle avait vu. Mais c’était trop tard. Seamus venait de se lancer dans ses explications.

« Tu as vu ce qu’il s’est passé non ? Elle… elle m’a eu par surprise ! Qu’est ce que je pouvais faire ? Camille ! Je n’ai pas cherché ça ça va pas la tête ! … »

* Oh, mais si, ça va très bien la tête. Je viens de te voir embrasser Craft et ma tête va toujours très bien, rassure-toi. Mais, et la tienne ? *

« Tu sais à quel point je la hais hein ? Tout le monde sait que je la déteste ! C’est une Serpentard, elle est sournoise… Elle fait ça pour te faire du mal, pour nous faire du mal ! Ne rentre pas dans son jeu Camille tu dois me croire ! »

Oui, elle devait le croire, pour son avantage à lui en tout cas. Au moins ils étaient d’accord sur un point : Seamus n’avait pas cherché ça… La preuve, il l’avait insultée juste après. Dans ses souvenirs, Seamus ne l’avait jamais insultée, elle, Camille, quand elle l’avait embrassée ( ou alors c’était sa mémoire qui lui faisait défaut, c’était possible aussi ).

Quand à la détester, comme si lui lancer de l’encre dans le dos n’avait pas suffit pour prouver qu’ils ne pouvaient pas se sentir... Pénombre était sournoise, aussi, ce qui pouvait expliquer bien des choses… En gros, il avait dit la vérité. Mais ça ne résolvait pas tout pour autant. La jeune Gryffondor réfléchissait à toute vitesse le pourquoi du comment du où du quand de qui.

C’est alors qu’à son grand dam, Pénombre se décida à entrer en jeu.

" J'espère que tu ne vas pas croire ce tissu de mensonges, Lionne. Finnigan a toujours eu un penchant pour les histoires violentes et intenses. Tu ne t'es jamais réellement demandé pourquoi il était si hésitant avec toi ? Tu n'es qu'un passe temps, d'une routine désarmante pour lui. "

Le cœur de Camille se serra devant les paroles de Pénombre, bien qu’elle savait qu’elles étaient fausses, au fond. Ça fait mal de se faire dire qu’on est qu’un passe temps, non ?
Pénombre continua de parler mais en s’adressant à Seamus, cette fois. La Gryffondor ne put que serrer les dents. Pénombre était vraiment et sûrement la fille qu’elle détestait le plus ici… De plus, comment savait-elle qu’il était hésitant – ou en tout cas qu’il l’ait jamais été – ?

Camille se perdait de plus en plus en essayant d’être objective.

Elle croyait Seamus, mais alors, pourquoi ne s’était-il pas dérobé ? Rien de plus facile… Craft l’avait peut-être surpris, mais il y a un moment où il aurait dû reprendre ses esprits et la repousser. Déjà, en pensant à celle qui l’avait embrassée, ensuite, en pensant à elle, Camille. Alors pourquoi ce moment ne s’était-il pas passé ? Et Craft, pourquoi l’avait-elle embrassée ? Bizarre. Je dirais même plus : c’est impossible à déchiffrer…

Camille était perdue. Perdue et en colère, premièrement contre Pénombre, deuxièmement contre Seamus. Elle finit par faire, tant à l'adresse de Seamus que de Pénombre :

J’te crois Seamus – de doute façon je ne vais sûrement pas croire une Serpentard qui, de surcroît, est ta pire ennemie – mais alors, pourquoi tu l’as pas rembarrée ? Je sais que tu la hais, alors justement, répond franchement : c’était si facile de la repousser, pourquoi tu ne l’as pas fais ? ( Elle prit un ton légèrement teinté d’ironie ) Je ne te demande pas, Craft, de toute façon je ne doute pas une seule seconde que tu te mêleras de l’affaire de toute façon.

Un coup d’œil furtif vers Pénombre. Peut-être qu’elle, elle le savait ? En tout cas, elle semblait se délecter de la situation qui s’offrait à ses yeux, et n’allait sûrement pas tarder à donner son avis de la situation. Ça permettait toujours d’avoir deux points de vue, non ? En tout cas, Camille était plus qu’incertaine mais elle espérait que mettre la situation à plat aiderait tout le monde à se mettre d’accord ( tout le monde, enfin, c’est sans compter Pénombre, hein ).

Camille finit d'ailleurs par s'adresser à elle :

Et, Craft, si tu peut d'abstenir de dire des co*******, ça m'arrangerait quand même, parce que je doute fortement que si, comme tu l'avance, vous avez une... liaison ( mot emprunt de dégout ) , il ne t'aurais pas insultée juste après que tu l'embrasses ( de nouveau un mot de dégout ).

Le Gryffondor eut une envie irrésistible de transplaner loin d’ici et de ne plus jamais remettre les pieds dans cette école maudite. Craft était en train de lui jurer qu’il avait pris du plaisir à se faire embrasser de la sorte et que sa langue l’avait trahi…

*N’importe quoi, vraiment n’importe quoi*

Il était sûr et certain que non, cependant le ton mielleux de Pénombre, sa façon de lui jurer qu’elle ne dirait rien à Camille commençait à le faire douter. Non pas qu’il douta y avoir pris du plaisir, non il était certain que non, mais peut-être qu’inconsciemment, sa langue avait participé. Il aurait juré que non, mais Pénombre lui avait collé un doute et ça le tracassait affreusement. Bien qu’il ponctuait les paroles de « n’importe quoi, menteuse, ~~allez Gryffondor~~, vipère ! » d’un ton énervé mais néanmoins sûr de lui.

Puis Camille était arrivé et son univers qui avait presque trouvé une petite routine et un semblant de stabilité commençait à se remettre en mouvement. Pénombre voulait qu’il ne garde pas Camille ? Très bien, par pur esprit de contradiction et par envie de relever le défi, il ferait tout pour rester avec elle. Il réfléchissait à toute allure, débitant ses explications, ses excuses, cherchant dans le regard de sa copine une piste, le moindre indice indiquant qu’elle le croyait.

Mais Pénombre était décidément un adversaire vicieux et elle inventa carrément une histoire de liaison avec lui. D’un ton si convainquant en plus !!!

*Maintenant je suis sûr que je n’ai pas mis la langue. Elle ment trop bien cette garce ! Mais Camille ne peut pas croire ça ! C’est trop gros !*

Si Camille la croyait, c’est qu’ils n’avaient rien à faire ensemble de toute façon… Le Gryffondor ne pourrait accepter de sortir avec quelqu’un qui croyait qu’il avait des sentiments pour Craft. Son regard s’était posé sur Craft à nouveau et il lui jeta un regard assassin, ne trouvant pas les mots pour exprimer le dégoût qu’il ressentait pour elle. Puis Camille reprit la parole et Seamus la regarda…

*Les paroles de Craft lui ont fait de la peine…*

C’était flagrant et l’Irlandais s’en voulait terriblement. Il n’était bon qu’à faire de la peine à Camille ou quoi ? Il la regarda d’un air très désolé où se mêlaient plein de sentiments différents… mais par-dessus tout, une envie qu’il la croit ! Mais Camille le vit à peine, et reprit la parole tout en cachant son trouble. C’était dingue comme elle se montrait courageuse à cet instant, il n’en revenait pas, il ne pouvait pas croire qu’elle allait peut-être le larguer et n’osait pas entendre la suite mais resta tout de même. C’était un Gryffondor, il ne fuyait pas (ou peu ^^).

Les paroles que prononça Camille étaient très bien choisies, et en plus elle annonçait qu’elle le croyait. Ouf, déjà point super super positif même s’il se sentait toujours sur la sellette… Encore une fois elle lui demanda de se justifier, comme pour le jus de citrouille la dernière fois, mais là il devrait se montrer un peu plus convaincant.

Pourquoi il n’avait pas repoussé Pénombre ? Il lui avait déjà dit, elle l’avait pris par surprise et il n’avait pas pensé sur le coup… Enfin il n’avait pas su quoi faire et avait réagi un peu tard. La seule explication qu’il lui vint à l’esprit, il la lui donna spontanément.

« Elle m’a prit par surprise… C’est comme toi ! Quand je t’ai embrassé, la première fois… tu ne m’as pas repoussé, c’est pareil ! Je ne savais pas quoi faire ! »

*Merde*

Alerte, alerte, pourvu que Camille ne prenne pas mal ses explications. Sans aucune intention méchante il avait voulu lui expliquer que mis devant le fait accompli, on n’a pas toujours la présence d’esprit de réagir au bon moment… Mais elle pouvait le prendre de tellement de façon différentes… Qu’elle aurait mieux fait de le repousser au bal ? Qu’il s’était fichu d’elle au bal comme Pénombre s’était fichue de lui maintenant ?

*Imbécile, aucun tact, aucun tact !!!*

« Mais c’est rien le bal, c’était pas pareil en fait… mauvais exemple !!! »

Il se rapprocha d’elle et lui prit les mains… Parler ne lui réussissait pas, il pouvait au moins lui montrer qu’il tenait vraiment à elle. Lui faire une déclaration d’amour devant Pénombre lui tordrait les tripes d’autant plus qu’il n’était pas non plus 100% sur de ces sentiments pour la Gryffondor même s’il commençait à beaucoup tenir à elle.

« On rentre viens, je te promets qu’il n’y a rien entre elle et moi… Juré, sur mon honneur de Gryffondor et d’Irlandais !!! »

Donc c’était une promesse en béton blindé, il ne jurait pas en l’air pas comme certains, certaines ! Mais est-ce qu’elle y serait sensible ?

[ Terriblement désolée pour le retard..]

Il y a des mensonges que l’on voudrait vérités et des vérités que l’on préfèrerait taire définitivement. Les pires cas étant évidemment lorsque l’on s’impose à soi même, consciemment ou pas ces contraintes factices et artificielles, des illusions, sortes d’œillères mentales destinées à nous aider à affronter quelque chose pensé insurmontable. Et ce qu’il se passait à l'instant, sous les yeux de la Serpentarde tendait, sous ses soins consciencieux, à être décrit par ces mots là en particulier. Car Pénombre savait et sentait intimement quelque chose de fort, de puissant, et d’en même temps étrangement destructeur s’exprimer progressivement entre les deux amoureux, comme la retranscription présentement de ce qu’ils ressentaient chacun l’un pour l’autre depuis longtemps. Peut être pas de l’amour, c’était encore trop flou et indéfini pour qu’elle en soit réellement certaine mais c’était pourtant d’une indéniable présence. Et plus la Serpentarde le percevait et plus un sourire intérieur vraiment mauvais se dessinait dans son esprit, elle comprenait petit à petit de quelles natures étaient les sentiments qui unissaient Camille Arway et Seamus Finnigan, et surtout de quelle force ils étaient. Et c’est ce fait spécifique qui laissait l’envie s’emparer de la poursuiveuse. Pas l’envie, du sentiment envieux mais plutôt le désir de saigner le jeune garçon, de lui faire mal, oui car elle savait d’instinct et de réflexion qu’avec un peu de tact et de maîtrise, elle pourrait les faire douter de ce qui les poussait à se rechercher l’un l’autre sans toutefois provoquer leur rupture. Séparation qui n’était pour l’instant même pas à envisager à lire sur le visage de la Lionne les différents sentiments qui la traversaient aux paroles de son petit ami. Trop de confiance et pas assez de doutes malheureusement. Et alors que Camille se retournait vers la vert et argent, adressant des paroles à Finnigan comme à elle, la Rusée esquissa un sourire narquois et répondit :

« Je n’ai pas besoin de le faire Arway, car malgré ta bêtise apparente, tu sais et sens certainement l’indéniable vérité des choses. Finnigan m’appartient, il n’a jamais été à toi de quelques manières que ce soient et ne le sera jamais. »

Mais Camille ne put s’empêcher de s’adresser à nouveau à la Serpentarde, sûrement dans une tentative désespérée d’éloigner par la voix des démons trop proche d’elle. Il y a des mensonges que l’on voudrait vérités et des vérités que l’on préfèrerait taire définitivement. Les pires cas étant évidemment lorsque l’on s’impose à soi même, consciemment ou pas des contraintes mensongères, des illusions, sortes d’œillères mentales destinées à nous aider à affronter quelque chose pensé insurmontable. Et là, Pénombre sentait que Camille n’était pas loin de se mentir à elle même pour éviter d’affronter l’inaffrontable, l’inenvisageable. Elle semblait beaucoup tenir au Courageux et cela rendait le supplice délicieux, cette bataille contre sa raison pour n’écouter que les voix de son cœur. Réellement délectable. Mais pas autant plaisant et enivrant que de torturer le jeune garçon, de détailler à son tour, les ressentis trahis par le visage du Gryffondor, son regard inquiet, son air rageur et soucieux. Lui avait tellement plus de doutes et de force qu’elle, davantage envie de se battre aussi et ça se sentait infiniment plus. Il parla enfin et Pénombre l’écouta avec une certaine attention, un attrait irrésistible à découvrir de quelles façons il allait ou pas se tirer de ce piège qui se refermait sans conteste sur lui, sur son couple. Et ce que le brun déclara à sa rouquine ne manqua pas de provoquer chez la troisième année un éclat de rire cristallin exprimant tout le ridicule estimé de la situation. Finnigan avait décidément un don certain pour la maladresse sentimentale et c’était littéralement renversant de constater avec quelle étroitesse, gaucherie il tentait de justifier auprès de sa compagne des actes compromettants, d’une passivité révélatrice. Mais le plus touchant dans ses explications concernait la manière dont Finnigan comparait le baiser offert par Pénombre quelques minutes auparavant avec le premier de ceux échangés avec sa petite amie officielle. Cela étonna et surprit en même temps la brune aux yeux verts, la laissant un instant silencieuse, simplement à lui adresser un regard interrogateur. Le Gryffondor venait de mettre à nu une partie de lui même sans peut être même s’en rendre compte, exprimant toute l’ampleur de ses doutes vis à vis du solide de sa relation avec Arway qu’il considérait presque à l’égale de celle entretenue avec Pénombre. Cette manière de relier les deux baisers en était une preuve flagrante. Il doutait, il doutait de ces mêmes incertitudes qui lézardent les bases supposées inébranlables de l’amour, de l’attirance, de ces relations qui unissent les humains entre eux et plus précisément de celles qui unissent les hommes et les femmes…

La Serpentarde regardait d’un soutien étrange le Lion. Les paroles et le trouble du Courageux avaient permit à la Rusée d’entrevoir ses prédispositions à vibrer d’intensité avec elle même dans cette relation de haine-attirance qu’il entretenait avec la Futée bien plus que ce qu’elle n’aurait pensé. Ainsi Finnigan se révélait être beaucoup moins réticent à s'engager d'une danse avec la poursuiveuse que ce qu’il laissait croire et penser. Une fois encore, ce fut Arway qui la tira de ses pensées et ce qu’elle dit effaça tout sourire du visage de la Serpentarde. En conséquences, la voix froide et dure de la jeune Craft résonna sèchement à son intention :

« Ce que tu peux être vulgaire ma pauvre fille, tu manques cruellement de classe et de tenue. Ne t’a t on jamais appris que la grossièreté n’était que l’apanage des ignorants et des stupides? Et tu gâches de la sorte le peu de féminité que tu peines déjà à acquérir. Crois tu également que c’est ce genre de trait que Finnigan apprécie chez une fille et qui plus est, chez sa petite amie ? On dirait que de nous deux, c’est plutôt toi qui le connais le moins, pourtant toi qui t’en vantes le plus. Mais puisque tu sembles bien trop limitée pour n’arriver à comprendre ne serait ce que les plus simples raisons qui l’ont poussées à m’insulter, je vais te les expliciter par pitié pour l’infirmité de ta cervelle. »

Pénombre s’interrompit un instant et lorsque sa voix se fit à nouveau entendre, c’est cassante et emplit d’un pesant mépris qu’elle trancha le silence retombé :

« Comment penses tu que nous ayons pu garder secrète si longtemps la relation passionnelle qu’il entretient à mon égard ? Es tu, en plus d’être limitée, également imbue de ta propre personne pour te croire si silencieuse et discrète que je ne t’aurais ni entendue, ni vue t’approcher de nous lorsque Finnigan m’exprimait physiquement son désir ? N’as tu même pas encore compris qu’il s’agissait d’un système de défense destiné à insinuer massivement la pensée d’une haine toujours aussi fervente entre nous ? D’un baiser forcé et non partagé ? N’as tu pas constaté sa passivité apparente ? Pourtant, tu as tort sur un point Arway. Il ne l’a pas réellement été qu’à première vue et je peux te garantir que sa langue était d’un délicieux tourment, d’une exquise fièvre, une de celles que tu ne lui connaît et connaîtra sûrement jamais… Pauvre de toi, dire que Finnigan n’est à tes côtés que pour s’alléger scolairement parlant et que tu peines pourtant déjà à comprendre les plus basiques évènements… Pathétique.»

Pénombre ne doutait pas de sa stratégie, elle savait déjà comment cette rencontre allait s’achever, les deux amoureux partiraient sûrement ensemble, unis contre la méchante Serpentarde et tout ressemblerait à priori à une jolie happy end de film à l’eau de rose dans lesquels la méchante sorcière séductrice ne parvenait pas à corrompre le garçon, à détruire et vaincre son amour pour sa belle… Pourtant même si au regard humain cela pouvait paraître plausible et comparble, aux détails près que la troisième année ne cherchait pas à conquérir Finnigan, ni lui, ni son amour, et qu’elle n’avait pas non plus les pouvoirs magiques des grandes sorcières des contes pour enfants moldus, la Serpentarde savait qu’il n’en était rien. Que des doutes sous jacents à leur bonheur pourtant évident finiraient, si la jeune Craft les attisait suffisamment bien, par consumer l’amour des deux Gryffondors et que le rouge et or en souffrirait. Ils partiraient oui, loin peut être de la brune aux yeux clairs mais les deux adolescents emporteraient avec et malgré eux la marque de Pénombre sur leur âme, ses paroles aux cœurs, les doutes, les incertitudes et leur confiance mutuelle s’en trouverait fragilisée. Finnigan laissa sa voix s’élever dans le parc et ce qu’il dit donna raison à l’avenir potentiel choisi par la vert et argent, ils allaient partir, comme prévu. Pourtant, elle ne put résister a la tentation d’exprimer son avis concernant les dernières affirmations du garçon comme pour ponctuer leur départ :

« Ton honneur ? Cela fait bien longtemps que tu n'en as plus Seamus, depuis ce jour qui a scellé nos existences, ce jour où tu as décidé de m'appartenir. »

Lâcha t elle dans une voix étrangement sincère.

[ Affreusement désolée du retard, j’ai battu mon record je crois ( j’en suis sûre même T-T ). Entre les devoirs, les copines « Mais siiiii viens samedi y aura plein de monde » « Mais noooon j’ai quelque chose d’urgent à faire » « Mais si viens ! » et les supers pannes de Free comme par hasard quand je m’était mise à retrouver l’inspiration… Bref, excusez-moi encore T-T ]

Un silence suivit pendant quelques secondes les paroles de Camille. Un silence de mots, de paroles, mais sûrement pas de pensées… La jeune Gryffondor se demandait ce qu’allait prétendre et insinuer Pénombre, ce qu’allait répondre Seamus et essayait de remettre de l’ordre dans tous les faits qui se présentaient à elle.

Plusieurs sentiments indescriptibles s’emparaient de la jeune Gryffondor, mais le pire était sans doute la colère de savoir que tous deux savaient exactement ce qu’il se passait, et pas elle. Ils savaient qui mentait, qui disait la vérité, ce qui était vrai ou non, quels sous-entendus étaient véritables, etc… Et pas elle. Elle se doutait bien que Seamus disait la vérité, et que Pénombre mentait, certes, mais les paroles de la Rusée, intimement choisies et placées juste au bon moment, laissaient une désagréable impression en elle. Cette Serpentard avait le don de manipuler les gens, c’était dingue…

Puis Pénombre s’était mise à parler, encore une fois, de sa voix calme et en même tant si piquante, en esquissant un sourire si narquois que Camille se demanda comment une telle fille pouvait exister, et avança le fait qu’elle n’avait pas besoin de se mêler de l’affaire car elle savait que Finnigan lui appartenait… Ce qui n’eut pour conséquence que de faire soupirer la Gryffondor, et de lui faire détester Pénombre encore plus. En à peine cinq minutes, Camille venait d’ajouter une personne à la liste des « détesté(e)s et à ne pas fréquenter » .

Mais elle n’eut pas le temps de répliquer que Seamus reprenait la parole. Depuis que Camille et Pénombre avaient parlé, on aurait dit qu’il était devenu encore plus « excité », si je puis dire et si c'est possible , que d’habitude, jetant des regards interrogateurs à l’une et meurtriers à l’autre. Et là, il venait de sortir une bêtise, une grosse bêtise, pour ne pas utiliser LE mot que Mâdêmôiselle ne pouvait pas supporter, comme elle le ferait si bien remarquer quelques instants après …

Il aurait pu sortir tout autre chose, mais non, Seamus avait pris l’exemple qu’il ne fallait pas employer ( qui a dit qu’il n’était pas prévisible ? ). Il venait de comparer la fois au bal où il l’avait embrassée ( avant de la laver au jus de citrouille ~~( ouaaaiiiis ! remue le couteau dans la plaie, c’est bien Camille ! )~~, mais ne parlons pas ~~encore~~ de ça ), et cette fois-ci. Autrement dit, si on admettait l’hypothèse plus que probable que Pénombre s’était jouée de lui, qu’on inversait les rôles, qu’on rajoutait le facteur Camille à l’équation et qu’on soustrayait celui de Craft, et inversement proportionnel et égal ( oula… je me perd moi, c’est la pilule Gad Elmaleh qui est mal passée )… Enfin, cela sous-entendait fortement, meûdames et meûssieurs, que Seamus Finnigan s’était lui aussi joué de Camille .

Il y a de quoi se révolter, non ? Et Camille allait répliquer vertement lorsque son petit ami sembla comprendre quelle gaffe il avait fait là, et ajouta que ce n’était sûrement pas le bon exemple.

* Bonne déduction, Seamus. Un peu tardive, la déduction, non ? C’est pas malin d’avoir sorti ça comme ça. Ce n’était pas, mais alors ce que l’on peut appeler pas le bon moment. Et après, c’est à moins qu’on demande si la tête va, oh, Chim’, je crois que je pourrais te retourner la question, tu sais ? Y a des fois, non mais vraiment, on se demande ce qui te passe par la…*

Tête…

* Et merde. Pourquoi ça n’arrive qu’à moi, ces choses-là ? J’aurais pu garder ce mot dans mes pensées mais non, il faut que je le sorte tout haut et que je me rende encore plus… idiote. Il va falloir que je prenne des cours pour m’empêcher de prononcer mes pensées à haute voix, ça pourrait être très ( regard vers Pénombre ) très ( regard vers Seamus ) très dérangeant, à l’avenir. Bon, Camille, no stress, cette fille n’est qu’une vile [ et oui, je viens d’apprendre que vil s’accordait en genre et en nombre, rien que vous ( bon, d’accord, un peu moins pour Pépé XD ) j’ai été cherché dans le dictionnaire, ne suis-je pas magnanime ? Bon ok, j’arrête niarkhéhé

] Serpentard d’une année ton aînée, beaucoup plus forte et mature que toi et elle ne fais que te regarder d’un air menaçant… ~~Maammaaaannnn !~~ *

Petit extrait des « Pensées diverses de Camille (et accessoirement des situations stupides en tout genre), volume 1 sur 8979», à acheter chez votre Marchand de Journeaauuux, 14,99999€ le volume.

Camille avait viré au rose depuis qu’elle avait prononcé ce mot (même si elle l’avait plutôt dit à voix basse) sans queue ni tête (et c’est le cas de le dire), et sans rapport avec le reste, et essayait d’oublier le regard haineux et supérieur que Pénombre adoptait. Comme si ça ne suffisait pas, il fallait qu’elle en rajoute encore une couche et qu’elle s’enfonce encore plus… aux prochaines vacances, elle irait voir quelqu’un qui lui apprendrait à ne pas penser à voix haute, ça servirait toujours mieux que les cours d’Algèbre .

Elle leva le regard vers Seamus alors que la troisième année se remettait à parler. Camille esquissa un sourire gêné tout en priant pour qu’ils n’aient pas entendu ce malheureux mot grâce auquel on pourrait la prendre pour une folle, si on ne savait pas qu’elle pensait parfois tout haut.

Après le long monologue de Pénombre, pendant lequel elle s’était fait une joie d’expliquer tout en long et en large et de rabaisser la Gryffondor, et qu’elle avait interrompu une fois pour se délecter du silence régnant, Camille aurait voulu tout planter, la baffer et partir, ce qui aurait grandement résumé le fond de ses pensées. Mais n’étant pas de nature si brutale que ça ( quoique, des fois ( qui a dit "bal" ? ) ), elle se retint.

Sûr, les paroles de Pénombre l’avaient blessée, mais au moins commençait-elle à se forger une carapace, parce que croyez-moi, après avoir affronté ça ( si vous l’affrontez un jour ), vous rirez de toutes les autres attaques. La jeune fille avait perdu son sourire et avait même ou presque oublié l’incident de la « tête ». Elle leva la tête et planta son regard dans celui de Pénombre.

Je préfère largement parler vulgairement mais être honnête, envers mes amis comme envers les autres. Peut-être que tu parles, ou que tu considère parler mieux que moi, mais tu insinue des choses tellement impensables que ça ne sert à rien de les tourner comme ça puisque de toute façon, il m’est impossible de te croire. Mieux vaut parler un peu vulgairement de temps en temps, de dire ce qu’on pense et de ne pas faire de manières, que d’être aussi vile et sournoise que toi.
Quand à cette histoire d’insultes, je ne peux pas te croire. Même avec ton éloquence, comment penses-tu pouvoir me faire avaler une telle chose ? Comme si Seamus, qui a toujours détesté et qui détestera toujours les Serpentards, pouvait avoir une relation avec toi ? C’est tout simplement trop dur à me faire avaler, finit-elle avec un léger sourire narquois. Désolée, mais ce n’est pas demain la veille que tu me fera croire des conneries pareilles.

Camille se tourna ensuite vers Seamus, qui venait de lui assurer et de lui promettre sur son honneur qu’il n’y avait jamais rien eu entre la Rusée et lui. Cela lui fit chaud au cœur et elle lui fit un petit sourire. Mais, comme si son discours ne lui avait pas suffit, Pénombre ne pu s’empêcher de rajouter que Seamus n’avait plus d’honneur [ le truc, c’est que j’ai deviné ce qu’elle allait dire en voyant ta phrase. I’m the boss niarkhéhé

XD]. Camille serra les points dans sa hâte d’en finir avec cet épisode.

Pénombre ? fit-elle en faisant bien sur exprès de la tutoyer, peux-tu arrêter, s’il te plait ? Tout ça commence à me taper sur les nerfs. Les sournoiseries, ça passe une fois, deux à la rigueur, mais après ça devient sérieusement rengaine. Et là, t’as largement dépassé le quota.

La jeune Gryffondor avait décidé de passer sur l’épisode du bal, dans sa grande bonté du moment ( et elle allait pas durer longtemps avec cette peste ), mais elle espérait bien avoir une explication après. C’était pas du tout le moment de demander des explications, là, juste devant quelqu’un qui pourrait encore s’en mêler…