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 La fugue
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MessageSujet: La fugue   La fugue EmptyVen 23 Juin - 17:49:30

Comme à son habitude, Joana était descendue tôt à la grande salle ce matin là. La pièce était relativement vide. Par endroits, quelques élèves étaient regroupés et discutaient à voix basse. Joana s'installa seule à la table des Serpentards. Elle se servit un grand verre de jus d'orange et des pancakes dégoulinants de sirop d'érable, comme elle les aimait. Un grand froissement d'ailes se fit entendre.
La jeune fille leva les yeux de son assiette pour voir entrer, par une ouverture en hauteur, son hibou Grand-duc Emaissène. L'animal tenait entre ses serres un long parchemin retenu par un ruban de soie noire, qui ne laissait aucun doute quant à l'identité de l'expéditeur. La jeune fille ne savait que trop bien d'où cela provenait, pour avoir vu sa mère à de nombreuses reprises envoyer ses lettres ainsi cachetées.

Joana ne savait pas quoi penser. Depuis maintenant trois ans qu'elle était à Poudlard, elle n'avait reçu aucune lettre de sa mère, pas même de réponse aux lettres qu'elle-même envoyait régulièrement, pour le principe. Et voilà qu'elle tenait dans les mains ce rouleau de parchemin scellé aux armoiries des O'Donnell. Cela ne présageait rien de bon.

Les élèves commençaient à affluer et la grande salle était devenue bien trop bruyante. Joana se leva, sans même finir de manger et quitta la salle. Elle croisa quelques camarades et les salua sans vraiment les voir. Presque inconsciemment, ses pas la menèrent au lac. La jeune irlandaise s'installa au bord de l'eau, sous un saule pleureur dont les longues branches atteignaient le sol. Elle contempla longuement le lac que le soleil levant irisait de reflets chatoyants, avant de reporter son regard sur la lettre intouchée qui reposait sur ses jambes. Joana s'en saisit lentement, brisa le cachet et dénoua la soie noire. Dans un geste enfantin, elle noua le ruban dans ses longs cheveux noirs.

Elle ferma les yeux, respira lentement et ouvrit la lettre. Il ne fallait pas tant dramatiser ! S'il le fallait, c'était une simple lettre sans importance. Mais quelque chose à l'intérieur d'elle refusait d'y croire. Elle se mentait à elle-même. Elle savait pertinemment que tous les faits et gestes de sa mère étaient précautionneusement dosés et qu'elle ne faisait jamais rien d'inutile ou sans importance. En dépit du style ampoulé qu'elle employait habituellement, on sentait immédiatement que le ton était grave (plus que d'habitude). Cela sentait à plein nez la mauvaise nouvelle, la très mauvaise nouvelle.


Citation :
Ma chère fille bien aimée,

Tiens, c'était nouveau ça ! L'avait-on forcée à écrire sous la contrainte ? (Ce qui permettrait d'expliquer le pourquoi de la lettre) Fallait-il que la situation soit si désespérée que cela ? Jamais de sa vie, elle ne l'avait vu mettre autant de qualificatifs en parlant de Joana. Premier signe avant-coureur d'un possible drame à venir…

Citation :
Nous avons bien reçu, ici, au Manoir, les nombreuses lettres que vous nous avez envoyées. J'en constate que vous avez bel et bien suivi mes recommandations, et je suis dans la certitude que feu votre père aurait été fier de vous.

Lire ses lettres ? Sûrement Marcuse, le majordome, lui en avait-il relaté le contenu. Au travers de ce genre de digressions, elle essayait de noyer le poisson –poisson que Joana n'avait toujours pas réussi à découvrir. Un nœud se forma dans son estomac. Elle appréhendait tellement le contenu de cette lettre qu'elle s'imaginait déjà toutes sortes de catastrophes.

Il valait mieux laisser cela de côté pour le moment et profiter de ce weekend de quiétude, avant la reprise des examens. Elle irait voir Lysa et descendrait à Pré-au-lard avec son amie, pour s'acheter des choc-grenouilles dont leurs stocks s'épuisaient à une folle allure. Elle roula donc le parchemin et se leva, décidée à suivre son plan. Elle fit trois pas, s'arrêta net et revint s'asseoir contre l'arbre. Fini de dramatiser. On lit tout, on se débarrasse de ça, et c'est bon.


Citation :
Mais ce n'est pas la raison principale qui me pousse à vous écrire cette lettre. Gabrielle, mon enfant…

Ben voilà, on y arrivait. Elle abhorrait ce prénom que sa mère utilisait, lui semblait-il, justement pour l'énerver. La raison « officielle » était qu'il s'avérait être le prénom d'elle ne savait quelle trisaïeule ou elle-ne-savait-trop-quoi-aïeule qui avait fait elle-ne-savait-plus-quelles-grandes-choses pour la famille, et c'était pour honorer sa mémoire que patati et patata…

Joana lut le reste de la lettre comme dans un rêve… ou plutôt un cauchemar. C'était cela. Elle dormait, d'un instant à l'autre, elle allait encore se réveiller en sursaut dans son lit. Des larmes avaient commencé à perler aux coins de ses yeux, qu'elle essuya d'un revers de main. Ce n'était pas possible. Elle avait mal lu. Oui, c'était ça. Elle entreprit de relire la lettre, mais rien n'avait changé dans les propos de sa mère…


- Une erreur de jugement ?! … Empressés ? Huit ans, quand même ! Elle se fout de moi ?!

Elle avait presque hurlé ses mots. Heureusement que l'endroit était encore désert. Joana se leva, furieuse. Ses yeux commencèrent à s'embuer, sous l'effet de la rage plus que de la peine.

Comment avait-elle osé ? Depuis trois mois ! Elle était au courant depuis trois mois ! Et c'était seulement maintenant ? En plus…. Il avait fallu qu'elle attende que Joana soit déjà à l'école, c'était beaucoup plus commode pour elle. Elle avait dû prévoir les hauts cris… Oh, mais si elle espérait se débarrasser de ça comme ça… Elle allait en entendre parler, pendant longtemps. La jeune fille faisait les cents pas devant l'arbre au pied duquel elle avait jeté la lettre, sur laquelle on pouvait lire...


Citation :
Gabrielle, mon enfant, je tenais à vous annoncer cela moi-même. C'est avec une affliction extrême que j'ai le regret de vous faire part de mon tort. Une grave erreur de jugement a été commise, que nous nous sommes empressés de rectifier. Vous n'avez jamais connu la totalité de cette histoire dans laquelle feu votre frère a été impliqué, et j'ai songé qu'il était désormais grand temps que vous sachiez la vérité, d'autant plus que nous venons de connaître un revers malheureux. Comme vous avez fini par le découvrir, votre frère était au service du Seigneur des Ténèbres. Il s'est malencontreusement retrouvé impliqué dans une affaire obscure de trahison. Des renseignements allant à l'encontre du Seigneur se sont retrouvés dévoilés. Toutes les preuves désignaient votre frère. J'ai moi-même été trompée par cette infâme supercherie qui nous a valu sa disparition.
La suite, vous la connaissez, étant donné que vous avez-vous-même assisté à ce que n'auriez jamais dû voir. Mais le fin mot de l'histoire ne nous est apparu il n'y a que trois mois de cela. Le véritable traître, celui là même qui a ôté la vie de votre frère, a été découvert et exécuté, après être passé aux aveux…
La mémoire de votre frère a été honorée de nouveau, et son honneur restauré.

Bien à vous ma chère fille,
Votre mère

Elle était au courant ! Elle les avait laissé faire ! Elle savait qu'ils allaient le tuer ! Ses idéaux et ses valeurs… tenir à ça plus qu'à son propre fils… Son honneur. C'était juste une histoire d'honneur ! Comment pouvait-elle être à ce point désintéressée de sa propre chair ?

La jeune irlandaise se laissa tomber à genoux dans l'herbe et tapa du poing contre le sol. Ses yeux étaient dénués de larmes. Tout ce qu'on pouvait y voir était de la fureur et de la détermination. Elle sortit sa baguette et la pointa vers la lettre, haineuse. D'un « incendio », elle brûla la lettre qui partit en cendres, ne laissant que quelques marques noires là où les flammes avaient léché l'herbe sèche…
Lorsqu'elle releva les yeux, le regard de Joana se posa sur le château. De multiples souvenirs défilèrent dans sa tête à une allure vertigineuse. Elle ne pouvait plus rester. Elle était totalement désemparée. Elle ne savait pas quoi faire, mais une chose était sûre, elle ne voulait plus voir personne, et encore moins des gens qu'elle connaissait.

La jeune fille disparût peu à peu pour laisser place à une silhouette animale… un Lynx pour être plus précis. Depuis peu, en effet, Joana était un animagus (non déclaré évidemment)… Les deux yeux bruns clairs brillèrent d'un étrange éclat, et l'animal disparût dans la forêt.
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