Orphée revenait du parc. Sa cape trempée encore sur les épaules, elle marchait lentement dans les couloirs, la pluie lui étant tombée dessus, sans prévenir. Ses souliers faisaient un léger bruit de succion sur le sol, ses souliers étant trempés. La Serpentarde grelottait, les mains dans les poches, se dirigait vers sa salle commune. Arrivée devant le passage, elle prononça le mot de passe, puis entra dans la salle, maintenant à découvert. Il n’y avait pas grand monde, la plupart étant en cours. Cependant, elle, elle n’avait rien à son horaire. Elle alla s’agenouiller devant le feu, rabaissant la capuche qui lui couvrait les yeux. La chaleur que diffusaient les flammes la réchauffa un peu, mais pas assez pour la faire cesser de grelotter.

La jeune fille resta ainsi postée, les mains sur les cuisses, les yeux fermés. Elle se releva quelques secondes plus tard, puis se dirigea vers son dortoir, traînant les pieds par terre. Elle poussa la porte de sa chambre, puis tourna le regard vers celui des garçons. Un léger sourire illumina son visage. Elle enleva sa cape, la balança sur son lit, puis ressortit du dortoir pour pousser la porte de la chambre des garçons, par conséquent celle de Drago. Elle entra la tête par la porte, puis soupira de soulagement en voyant qu’il n’y avait personne. Son regard balaya ensuite la pièce, lorsqu’il s’arrêta sur un des lits.


**Je pourrais parier que c’est celui de Drago…**

Elle se dirigea lentement vers le lit à baldaquin, copie exacte du sien, puis s’assit dessus, regardant le décor autour d’elle. Pas mieux que le dortoir des filles, en fait. Elle se laissa ensuite tomber sur le dos, en travers du lit de son copain, puis ferma les yeux, en soupirant. Cela faisait presque une semaine qu’elle ne l’avait pas vu, et, pour ainsi dire, il lui manquait énormément. Elle finit par s’endormir, les mains posées sur le ventre, pensant à ce qu’elle pourrait faire lorsqu’elle le reverrait…

Drago descendait tranquillement de la Bibliothèque après avoir lu quelques ouvrages sur une Potion dont il étudiait les caractéristiques. Il arriva dans la Salle Commune où la tiédeur du feu réchauffait l'ambiance. Pourtant, c'était le jour et la quasi-totalité des élèves étaient en cours sauf lui, lui n'en avait pas car le professeur lui avait donné la permission d'étude. Il regarda quelques élèves bavarder mais se lassa très vite des regards dirigés vers lui. Après avoir soigneusement replié sa cape noire, il monta dans son dortoir pour aller chercher son équipement de Quidditch, la journée s'annonçait fort belle et il désirait se délasser les jambes. Il y a avait une éternité qu'il n'avait pas mis les pieds sur le Terrain, depuis la défaite...

*Pas le moment de songer à ça, c'est du passé, allez on se bouge.*

Montant les escaliers, il eut un sourire en pensant au nombre de garçons qui avaient tentés de monter dans le dortoir des filles. Lui-même avait réprimandé quelques Serpentards pour cette raison. Rendu à la hauteur de son dortoir, il entra dans la salle sans vraiment regarder. L'habitude y était et il ne prennait guère attention. De toute manière, gare à celui qui tente de lui faire quelque chose. Drago Malefoy n'avait plus de prouver sa valeur dans la minutie de ses vengeances.

Drago arriva à la hauteur de son lit et, ne regardant pas, ouvrit la malle avec son cadenas magique pour y prendre quelques vêtements. Une chemise blanche plus un débardeur avec l'insigne Serpentard et celui de Préfet, car il était vêtu, sous sa robe de sorcier, d'un jeans tout aller. Il retira sa robe et enfila la chemise, pis le débardeur. C'est à ce moment que les prunelles acier de l'héritier Malefoy se posèrent sur son lit où reposait, assoupie, Orphée. Oh, guère besoin d'y penser, ses longs cheveux noirs et son teint basané, l'embrissure bridée de ses paupières ne trompaient pas l'oeil de Drago.

*Amusant comme les choses se passent exactement comme vous pourriez l'imaginer. Il ne fallait qu'elle pour venir, évitant soigneusement toute convenance, s'étendre pour s'assoupir sur mon propre lit*

Il se sourit à lui-même, il n'y avait qu'Orphée pour faire une telle chose. Drago s'assit sur le côté du lit, à sa gauche puis posa ses lèvres sur son front et se recula, laissant à sa compagne la possibilité de se tirer du sommeil.

Les nuits blanches que passait la jeune fille devenait vite nocive pour elle. Si elle continuait comme ça, elle finirait par s’effondrer en plein milieu d’un escalier, ou bien de faire une chute de balai…Bref, elle n’entendit même pas Drago entrer dans son dortoir, tellement la fatigue la rongeait. Cependant, dans le rêve de la Serpentarde, tout allait pour le mieux. Elle ne savait pas vraiment où elle se trouvait, l’endroit étant trop lumineux pour que ses yeux s’adaptent à la première minute. Elle se mit donc à avancer lentement dans cet univers inconnu, essayant de trouver où elle pouvait être.

Soudainement, une grande silhouette, aussi blanche qu’un fantôme, surgit devant elle. Elle fut prise d’un léger sursaut, seule réaction apparente qu’aurait pu voir le Serpentard qui était dans la pièce. En fait, ce qu’elle ne savait pas, c’est que la personne qui se trouvait devant elle était bel et bien un fantôme…plutôt le spectre de son père. Même nez, même forme d’yeux qu’elle…et même caractère. Elle s’approcha lentement de lui, fixant de ses yeux ambrés les siens, qui avaient la même couleur qu’elle avant son décès. D’une petite voix, elle se mit à lui parler.

- Papa…c’est bien toi ?

- Oui, c’est bien moi…je voulais te revoir…

- Tu n’es qu’un rêve, une idée que je me fais…c’est seulement parce que tu me manques…

- Je ne suis pas qu’un rêve, je suis bien réel. Je voulais seulement te dire de faire attention à toi. Je ne veux pas que tu viennes nous rejoindre trop vite…

- Tu sais très bien que je me débrouille seule depuis ton départ…

Le doux baiser que Drago vint poser sur le front de la Serpentarde lui fit ouvrir les yeux, se demandant qui pouvait bien se trouver près d’elle. Un grand sourire illumina son visage. Elle se redressa, plongeant son regard on fond de celui du Serpentard. Elle s’approcha doucement du préfet de sa maison puis l’enlaça tendrement, puis posa un baiser sur ses lèvres.

- Salut…dit-elle doucement. Je me suis un peu endormie sur ton lit. J’espère que ça ne te dérange pas…

Drago était toujours assis patiemment sur le côté de lit qu'il ne s'étonna guère de la lenteur d'Orphée à se tirer des bras du doux sommeil. Depuis la mort de son père, il la savait pertubée, bien qu'un peu remise, mais toujours sujette à l'insomnie. Alors qu'il tirait les quelques plis de son débardeur, il sentit un sombresaut et il releva les yeux vers la Serpentard qui semblait toujours aussi assoupie...

*Étrange, de quoi se nourrit son esprit durant son sommeil? Il lui semble avoir reçu un choc, du moins une surprise mais laquelle*

À peine eut-il le temps de s'énoncer mentalement la question que la Serpentard ouvrit les paupières, battant contre la luminosité de la salle. Drago lui rendit son sourire et se laissa câliner par Orphée sans aucune réticence. La jeune fille semblait heureuse de le revoir, il y a avait un certain temps. Il répondit également à son baiser mais laissa le sourire énigmatique flotter sur ses lèvres quand celle-ci prit la parole.

Bonjour à toi aussi, dit-il. Oh, je n'y vois pas d'inconvénient, impression de se retrouver dans un conte Moldu par exemple, la Belle au Bois Dormant si je ne me trompe.

Un sourire amusé aux lèvres, il attendit une réponse de la Serpentard...

Orphée ne put réprimer un sourire en entendant la réplique de Drago. Il s’intéressait vraiment à tout, même à ce qui n’était pas sorcier. Il ressemblait à son père à elle, avant qu’il ne se fasse tuer. Avide de connaissance, il cherchait toujours à s’instruire sur tout, même si ça ne faisait pas partit de l’univers de la sorcellerie. L’histoire, de la magie ou non, l’intérèssait tout particulièrement, tout comme le Serpentard. La jeune fille se passa une main dans les cheveux puis se laissa retomber sur le lit de son copain, reposant ses mains sur son ventre.

- Je ne connais pas ce compte…Disons que mon père enfermait un peu tous ses bouquins là où je ne pouvait les lires! J’ai seulement voulu voir à quoi ressemblait le dortoir des garçons. Je n’y étais jamais entré avant aujourd’hui! Je dois dire que la décoration est semblable à la nôtre, bien que ce soit un peu plus éclairé. En passant, confortable ton lit!

Un petit sourire amusé fit son apparition sur le visage de la Serpentard, qui fixait toujours Drago de ses yeux ambrés. Le voir enfin la soulageait grandement. Ses moments de solitude seraient sûrement beaucoup moins présents, surtout si le jeune homme passait plus de temps à l’école. D’un bond, elle se releva du lit, mit pied à terre et se mit à marcher dans la pièce, scrutant chaque recoin du dortoir comme pour s’en imprégner l’image dans la tête. Elle aurait sûrement la chance de revenir, elle n’avait pas à s’en faire. La Serpentard s’arrêta tout près d’un autre lit, puis tourna le regard vers Drago.

- Qu’as-tu fait ces dernières semaines? Il faut dire que je ne t’ai pas vraiment vu souvent…et je me suis ennuyée…

Drago sentit la main d'Orphée dans sa chevelure puis elle se redressa pour mieux s'étendre de nouveau sur le lit. Elle semblait bien aise. Cependant, le Serpentard avait une petite chose à clarifier avec celle-ci et, étrange coïncidence, elle était venue le voir aujourd'hui. Il décida de mettre ses paroles sur table un peu plus tard, après avoir répondu aux dires de celle-ci.

C'est ce que m'a déjà laissé entendre, en effet. Je ne vois pas pourquoi ton père t'empêchait de t'instruire dans les ouvrages, les livres, les grimoires. On y apprend plus qu'à tout autre endroit. Enfin, chaque personne fait ce qu'il croit être le mieux..

Drago eut un vague sourire sur ses lèvres lorsque l'ancienne Préfète vanta son lit à baldaquin. En effet, pour un lit d'école, le Serpentard ne s'en plaignait guère. De plus, l'ambiance était semblable qu'au Manoir, glaciale, froide, sombre et lugubre, il se sentait chez lui, presque plus qu'au Manoir, hanté par les sous-fifres de Lucius parfois. Durant qu'il songeait au Manoir Malefoy, il n'aperçut pas Orphée bondir et se déplacer dans le Dortoir, de part et d'autre. Il posa son regard acier sur elle tandis qu'elle tourna les yeux vers elle, prennant à nouveau la parole. La réponse du Préfet ne se fit pas attendre.

Pas mal de choses à vrai dire et également appris beaucoup. Ce fut une absence constructive. J'ai passé au Manoir quelques temps, à la demande express de Père. Après, j'ai été assez pris par les cours, ce qui m'a étonné puisqu'il y avait un moment qu'on n'en avait pas eu à ce point au même moment.

Drago marqua une pause, puis reprit.

À vrai dire, je pourrais te demander la même chose mais j'ai une autre question pour toi. Comment cela s'est-il terminé avec Diggory dans la Salle sur Demande?

Il lança ses derniers mots sur un ton frôlant le dégoût. Son regard acier s'était obscurci et Drago s'était assis bien droit sur son lit, fixant la jeune fille du regard, appréhendant sa réaction.

Orphée ne prêtait pas vraiment attention aux paroles de Drago. En effet, elle lui avait déjà dit que son père ne voulait pas qu’elle touche aux grimoires ni aux autres livres qui se trouvaient dans la maison, comme si il avait peur qu’elle les abîme. Pourtant, il savait parfaitement que sa fille faisait attention à tout, surtout les ouvrages. Bref, Orphée retourna son regard vers lui, puis, ayant écouté d’une oreille distraite, répondit à ses dires.

- En fait, je crois plutôt qu’il avait peur que je brise ses livres et ses grimoires. Il prenait à cœur la collection qu’il avait, c’était un de ses « bébés », comme il l’appelait autrefois…

Debout devant le lit à baldaquin, la Serpentard faisait passer ses doigts dans les tissus qui servaient de rideau. Le matériel semblait différent de celui du dortoir des filles, toutefois, il était de la même couleur. Un vert sombre, comme les draps. Elle écouta plus attentivement cette fois-ci. Drago avait fait pas mal de chose, surtout avec les cours qui s’étaient montrés beaucoup plus nombreux qu’à l’habitude. Après un petit moment de silence, elle répondit.

- Si tu es allé chez toi, c’est que ce devait être important, surtout si ton père te demandait. Enfin, pour ce qui est des cours, je trouve aussi que les professeurs se sont donnés cette semaine. Enfin, ça n’aura pas fait de tort au pointage…

Drago reprit tout de suite après, lui parlant de Cedric. Comment était-il au courant de cette histoire? La Serpentarde se mordit la lèvre, essayant de contenir les larmes qui voulaient sortir. Elle avait honte, honte de ne pas avoir repoussé le Poufsouffle au début, dès qu’il était arrivé. Elle détourna la tête, ne voulant pas regarder le Serpentard, ne voulant pas verser de larmes…Il eut un moment de silence avant qu’elle se risque enfin à répondre, d’une voix éteinte.

- Il ne c’est rien passé…crois moi. Je ne l’ai pas repoussé…je ne sais pas pourquoi non plus et j’en aie honte. Je suis partie, point final. Je l’ai laissé tout seul là-bas…Tu sais parfaitement que je n’irais pas voir ailleurs, je tiens beaucoup trop à toi…

Orphée tourna la tête vers Drago, les larmes roulant sur ses joues contre son gré. Elle fit le tour du lit puis y prit place, dos à Drago. Il ne devait pas le prendre, elle ne voulait pas le perdre simplement pour cette histoire, histoire qui ne c’était jamais terminée…Elle monta ses pieds sur le rebord du lit, y appuya ses bras, puis posa sa tête dessus, attendant une réaction de la part du Serpentard.

C'est ce que j'ai cru y apprendre, en effet. Il m'a fait la demande express de venir le rejoindre au Manoir, étrange en début d'année tout de même. Enfin, j'y ai appris beaucoup alors je ne m'en plains pas. Pour les cours, en effet, surtout que deux Serpentard, que dis-je, trois Serpentard se sont payé une débarque en beauté, 70 points retirés à notre Maison. Perdus inutilement, en plus.

Il y alla un peu sèchement, ne dévoilant pas ses réelles activités au Manoir. De toute manière, Lucius avait été clair sur ce point, pas un mot à personne. Jamais Drago n'oserait décevoir son Père et donc, il serait muet comme une tombe. Soudain, ses mots concernant Cedric eurent l'effet d'une bombe sur la jeune fille. Il regarda la culpabilité prendre le dessus sur Orphée et, si ce n'avait pas été elle, il se serait surement plus délecté de son air de condamné, ses remords. Il eut le temps de voir ses yeux se remplir d'eau avant qu'elle ne se détourne et que le silence règne dans le Dortoir. Pourtant, après avoir probablement mesuré ses mots, car un Malefoy en colère n'était jamais bon signe, elle entonna un refrain classique, que Drago se fit presque plaisir à répliquer.

Je ne savais pas qu'il existait de différentes définitions de rien Orphée et franchement, en étant honnête, non je ne te crois pas. Si tu ne l'as pas repoussé, alors c'est que tout ce que tu as dit n'était que pure fiction et je pèse mes mots.

Il pausa, mesurant l'impact de ses mots, jetés d'une voix froide et dont on ne recelait rien, ni tristesse ni pitié, seulement une fine colère qui emplissait le jeune homme.

Il est facile de partir et de tenter d'oublier mais cela ne se fait qu'en surface. Ses caresses, elles brûlent encore ton être. Ses lèvres, tu les ressens toujours sur les tiennes. C'est un fardeau, que j'ai le bonheur de te laisser appeler la culpabilité...

Pendant ses paroles, la jeune fille s'était assise de l'autre côté du lit. Bien que la colère se balade dans ses veines, une déception s'installa à son tour. Qui l'eut cru, un puissant Sang Pur, héritier Malefoy, s'être fait jouer par un Poufsouffle. Quelle humiliation car oui, c'était l'orgueil et la fierté qui en avait pris un coup et, partie vitale de Drago, ne lui plaisait guère. Non, c'était beaucoup trop facile de pardonner...

Orphée resta recroquevillée sur le lit, laissant couler les larmes à flots. Elle ne faisait qu’écouter se que Drago lui lançait, des mots qui lui fendait le cœur. Il ne lui faisait pas confiance, il croyait qu’elle inventait tout pour qu’il la pardonne. Et bien il avait tort de ne pas la croire parce qu’elle disait la pure vérité. Jamais elle n’avait autant aimé quelqu’un avant lui, jamais elle n’avait été prête à faire tout ce que cette personne aurait voulu pour quelqu’un autre que lui. Drago était sa seule raison de vivre, le seul être qu’elle aimait. Elle aurait tant voulu que cette soirée n’ait jamais eut lieu, bien qu’il ne se soit rien passé. Seulement, Drago refusait de la croire…

- La définition du mot rien…Je ne t’en ai pas donné une autre, je t’ai simplement dit la vérité. Tu sais pourtant que ce n’est pas mon genre de mentir, et surtout pas à toi. Seulement, tu refuses de me croire…

La Serpentard releva légèrement le regard vers lui. Il était en colère et ça se voyait. Sa fierté et son honneur devaient en prendre un coup, surtout que le garçon qui avait été avec elle était un Poufsouffle. Seulement, le voir ainsi ne lui était pas inconnu. Elle l’avait déjà vu comme ça plusieurs fois…Les mots qu’il disait lui faisait tant de mal…

- Ses lèvres ne m’ont même pas touchée. Il ne m’a pas embrassée! Et toi? Qui me dit que tu ne fais rien dans mon dos, sans que je le sache, hein? Qu’est-ce qui me dit que tu n’en vois pas une autre dans mon dos? Rien…je te fais confiance, c’est tout…simplement, ce jour là, pendant quelques minutes, je n’ai pas pu me défiler. Sauf que je suis partie…

Après avoir dit ses mots, Orphée se releva, essuyant d’un revers de manche son visage perlé de larmes. Elle se retourna vers le Serpentard puis s’approcha lentement de lui. Son regard se posa dans le sien, devenu gris foncé. Le regard bouffit à cause des larmes, elle soutint tout de même celui du jeune homme. Elle prit ensuite ses mains dans les siennes, puis les serra. Puis, tout bas, elle lui parla.

- Tu ne m’as jamais dit que tu m’aimais Drago. Maintenant, je veux le savoir, et soit franc. M’aimes-tu, oui ou non…

Les larmes se remirent à couler doucement sur les joues de la jeune fille. Elle ne détournait toutefois pas son regard du sien. Elle s’attendait au pire, une réponse négative de sa part…Elle ne broncha toutefois pas, attendant de l’entendre de la voix du Serpentard…s’il voulait bien le lui dire…

Drago se savait très peu gentil mais c'était plus fort que lui. Outre sa fierté légendaire, les Malefoy avaient la réputation d'être des hommes froids et cruels par moment, en particulier quand on attaquait leur fierté, leur personne. Il parlait sans vraiment prendre attention à ses mots qui, il le remarqua par la suite, détruisirent la jeune fille en face de lui. Du coup, il s'en sentit presque coupable. Et si les choses étaient plus simples que le Préfet pensaient? Il devrait écouter les arguments de la jeune fille et laisser sa fierté de côté, un moment.

Si tu veux être honnête, ce qui, me semble-t-il, semble être ce que tu désires atteindre, dit toujours que ce n'est pas rien, j'en pèse peut-être un peu trop, je n'y étais pas, mais dans mon monde, le fait de partager un lit, sans en faire à ce point usage, n'est pas rien. Je veux, je voudrais te croire. Soit honnête, je te le demande simplement.

La colère s'estompait et le ton de Drago devenait plus doux et si s'aurait été une autre personne, on aurait presque pu croire qu'il doutait de lui-même. Il croisa le regard de la jeune fille et, de son regard acier, était encore flamboyant de colère. Son ton s'était apaisé mais son être continuait d'être brûlé dans son honneur, ce qui était d'autant plus douloureux qu'une masse d'Endoloris...

Je suis lasse, lasse des supercheries et des cachotteries. Oui, il t'a embrassé, oui, il aurait probablement voulu aller plus loin mais toi, toi y es-tu allé? Je n'y crois pas. Ce n'est cependant pas en me rejetant la faute que tu seras d'autant plus indemne.

Tu es partie et cela joue en ton honneur, il va de soi...

Drago était réellement lasse, une guerre concernant les sentiments, les tromperies, non rien qui l'intéressait réellement. C'était plutôt barbant et ennuyeux mais il croyait devoir passé à travers, ce qu'il ferait. Il ne restait qu'à voir si cela se terminerait avec lui debout...
Orphée approcha du jeune homme, sans qu'il n'eut connaissance, perdu dans ses pensées. Il leva les yeux et fut presque surpris de croiser le regard ambré de la Serpentard. Par la suite, la chaleur de ses mains enfermèrent les mains froides de Drago, leur prodiguant une douce vague de chaleur. Les yeux d'Orphée gonflés par les pleurs, le gris de ceux du Serpentard. Puis, une voix, une faible voix, un chuchotement. Quelque chose dont Drago ne s'attendait pas, aussi honteux cela pouvait-il paraître. Il ne sut que répondre pour une des premières fois de son existence, Drago Malefoy se trouvait sans voix...

Je... en effet, oui, mais les mots ne sont pas tout et, toi particulièrement, sait à quel point cela n'est pas naturel pour moi d'être ainsi, de s'ouvrir, quelque chose qui a été mis au clair il y a de ça très longtemps il me semble mais oui, Orphée, si cela t'est nécessaire, oui je t'aimais, oui mais ne me demande pas de répéter...

Il parlait en toute honnêteté, jamais Drago Malefoy étalait ses états d'âme au grand jour, ces mots, ces mots lui semblaient être un poignard qui lacère la gorge, laissant difficilement l'accès. C'était pour lui sa manière d'être, il y avait été initié dès sa naissance. Non, Drago n'était pas un grand romantique et jamais il ne le serait. Non, Drago n'extérioriserait jamais ce qu'il ressent. Non, Drago Malefoy n'est pas et ne sera jamais l'homme par excellence, du moins jamais pour celle qui lui requiert de telles paroles...

Le ton qu’employait le Serpentard quelques minutes plutôt sembla s’adoucir. Bien qu’Orphée savait pertinemment qu’il resterait fâché un bout de temps, savoir qu’il décidait enfin de l’écoutait comme elle le voulait la calmait un peu. Elle détestait le voir en colère, surtout que c’était à cause d’elle. Il laissait sa fierté de côté, ce qui devait être dur pour lui. Elle le connaissait depuis maintenant un an, elle savait qu’il était fier, qu’il n’aimait pas se faire jouer dans le dos. Pourtant, elle l’avait fait…

- Être honnête, c’est ce que j’essais de faire Drago. Seulement, ce n’est pas toujours facile…Je sais que c’est louche, partager le même lit qu’un autre et ne rien faire, mais c’est la vérité…

La Serpentarde tourna la tête vers lui, plongeant son regard dans le sien. Dans ses yeux couleur d’acier, on pouvait voir clairement que la colère régnait en force dans tout son être. Il ne se calmerait sûrement pas de si tôt. Elle écouta donc ses paroles sans broncher. Elle devait être honnête avec lui, trouver les bons mots…

- Ses lèvres ont frôlées les miennes, certes, mais jamais je n’ai eu l’envie d’aller plus loin. L’idée de céder sous ses caresses m’est passée par la tête, je l’avoue, mais je ne l’ai pas fait…parce que c’est toi que j’aime et tu le sais…

La jeune fille tenait toujours fermement les mains du jeune homme dans les siennes. Elle sentait la froideur de celle-ci se transférer à ses paumes. Elle savait parfaitement que Drago n’étendait jamais ses sentiments envers les autres. Elle savait également que le faire serait dur pour lui, ayant été habitué de le ne pas le faire depuis son tout jeune âge. Elle voulait tout de même le savoir. Seulement, il était sans voix. Lui qui trouvait toujours quelque chose à répondre, voilà maintenant qu’il ne savait pas quoi dire face à une simple question. Quelques secondes s’écoulèrent avant qu’il ne réponde à sa question. Il l’aimait…mais l’aimait-il encore comme avant?

- Je sais parfaitement que ce n’est pas ton genre d’étaler tes sentiments comme tu viens de le faire. Je ne te force pas non plus à le faire. T’entendre dire que tu m’aimais, ça fait quelque chose de moins sur ma conscience. Seulement, depuis quelques temps, je doute de tes sentiments envers moi…Et je dois dire que je suis également confuse par rapport aux miens…

Orphée s’approcha lentement du Serpentard, puis posa un baiser au coin de ses lèvres. Elle venait de lui donner son dernier baiser…Elle lâcha ses mains puis vint détacher le pendentif qu’il lui avait offert à la Saint Valentin, l’année précédente. Elle le lui glissa dans la paume puis referma les doigts du préfet sur le bijoux. C’était la première fois qu’elle l’enlevait…Elle lui lâcha finalement les mains, posant son regard ambré sur lui.

- Garde-le, je ne le veux plus. Je ne veux plus le voir non plus…Je pense qu’on devrait se laisser…pour quelques temps, ou pour toujours. Au moins le temps de savoir ce que l’on veux vraiment…Je crois que je vais y aller maintenant…

La Serpentarde soupira légèrement puis tourna le dos à Drago. Elle commença finalement à se diriger vers la porte du dortoir, la tête basse.

Drago regarda l'effet de son ton de voix s'étant modifier relâcher un peu de pression sur la jeune fille. Il en fut soulagé car il s'en voulait un peu. Si elle était allé voir ailleurs, c'était qu'il ne lui avait pas donné ce qu'elle avait besoin et s'il ne l'avait pas fait, c'était qu'il n'était pas celui qui la rendrait heureuse éternellement. Le Serpentard s'admettait à lui-même, sans doute ne le ferait-il jamais à haute voix, qu'il avait ses tords. C'était faiblesse, certes, mais faiblesse qu'il s'ordonna de corriger. Drago Malefoy n'avait pas droit à un faux pas, non pas un seul, celui-ci était le début d'une ère qui serait révolu dès maintenant.

Je te crois, si tu me dis être honnête eh bien je veux bien faire l'effort de te croire, même si cela est difficile dans les circonstances.

Le regard ambré de la jeune fille croisait toujours celui du Serpentard, où la colère règnait toujours en maître derrière la prunelle grise. Cependant, Drago maintenait un contrôle rigoureux sur la moindre forme de sentiments, d'émotions, de faiblesse. Certes, il finirait par se calmer mais cela se ferait seul, par lui-même, quand il comprendrait en se remémorant tout, tout ce qui s'était passé. Il releva la tête, écoutant les paroles d'Orphée.

Je ne requierts pas d'en savoir davantage, ce que tu dis est probablement juste mais je préférerais ne pas en entendre plus, si cela ne te dérange pas trop.

Ses mains, les mains d'Orphée. Tant de souvenirs relayés au passé passait par cette partie de son anatomie. Il balaya ses pensées dont seul lui avait accès. La chaleur douçoeureuse que ses mains transmettaient aux siennes. Elle sembla pensive, du moins aux yeux de Drago. Elle sembla même troublée qu'il ne soit relayé au silence à sa question mais était suffisamment intelligente pour comprendre la cause de ce malaise.

Je sais, je sais tout cela. Il ne faut pas douter, il faut croire et c'est cela qui manque, une confiance absolue. Le lien s'est brisé à nombreuses reprises, par tes doutes envers ma loyauté et les miens après avoir été mis au courrant de l'histoire avec Cedric mais, si cela peut avoir quelconque importance, je ne t'en veux pas et je te demanderais la même chose, prend cela comme une dernière requête.

Le goût de ce dernier baiser fut âcre, une fin d'un nouveau début, le début d'une fin. Les mains de l'ancienne Préfète quittèrent celle de Drago et il la regarda retirer le collier, chose qu'il n'eut pas la force de regarder mais pourtant, l'envoûtant mouvement du pendentif le ramena à lui quand il tomba dans sa main et après une courte hésitation, elle le lâcha et se mit à parler, un ton rapide, quasi pressée, comme si elle voulait se débarasser des mots lui emplissant la bouche. Lui, il répondit.

Je.. je ne saurais qu'en faire. Ne me le laisse pas, non. Un cadeau demeure un cadeau, je ne peux accepter. Non, fait en ce que tu veux. Donne le au plus offrant, jette le d'un puit, brûle le dans les flammes mais sache que, seulement, ce cadeau est la réponse à tes mille et une questions...

Il se leva, s'approcha d'elle tandis qu'elle s'apprêtait a quitté le Dortoir et lui passa le pendentif dans la poche de sa robe de sorcier. Drago ne voulait pas ravoir le pendentif, non, cela serait de nouveau difficile de le garder avec tout ce qu'il représentait. Non, il serait utile à Orphée, quand elle saurait qu'en faire. Il se dressa face à elle, non comme un mur mais lui bloquant l'accès momentanément. Déposant un baiser sur son front, un mince sourire aux lèvres, il lui dit, avant de descendre l'escalier, la devançant.

Soit heureuse, loin ou près de moi...

Et il descendit, sans la laisser dire quoi que ce soit, et se dirigea vers le Lac, pour aller partager son temps avec Dame Solitude..