Depuis son arrivée à Poudlard, Camille n’avait pas encore visité tout le château. Elle en connaissait seulement les parties importantes : les salles de cours, la bibliothèque, la grande salle, la salle commune… Mais elle avait entendu parlé, par sa mère qui lui avait conté en riant ses aventures à Poudlard, qu’il y avait une salle particulière, nommée... La salle à Demande ? Non… La Salle de Demande ? Non plus… La Salle Sur Demande !
Voilà, c’était ça. À ce qu’elle avait compris, c’était une salle banale d’apparence, mais qui pouvait prendre la forme de n’importe quel endroit quand on était suffisamment concentré…

Alors elle s’était rendue à cette salle, après maints détours ( et perdussement.. Hum, non, ça ne se dit pas. ). Ce n’était pas vraiment une salle à proprement dit. En fait, Camille avait trouvé « l’endroit » grace à quelques connaissances, qui l’avait su grace à d’autres connaissances, qui… Bref.

La jeune Griffondor était devant… le mur. Aucune porte, aucune trace d’une quelconque entrée quelque part. Juste une façade, nue, faite de briques, comme tout le château. Seulement un tableau, qui semblait dormir. Pourtant, c’était bien ici, Camille en était sûre : le plan qu’elle tenait entre les mains, un parchemin froissé, vestige d’un devoir qui ne serait probablement jamais rendu, en témoignait. Mais il n’y avait rien.

La jeune fille s’approcha du mur, et passa sa main fine sur les pierres, essayant par quelque moyen inconnu de déclencher l’ouverture de la pièce. Rien ne se passait. Alors qu’elle allait partir, désolée, une phrase lui revint en tête :
« Il faut y penser très fort, puis marcher devant la salle trois fois. La porte apparaîtra… Comme par magie. » Camille serra la chaine qu’elle portait autour du coup, un jeune dragon en vol, souvenir de sa mère. La phrase était sortie d’une discussion qu’elle avait eu, avant, lorsqu’elle la bassinait pour savoir les mystères de Poudlard. Depuis, la jeune Camille avait bien changé.

Se concentrant bien fort sur la salle qu’elle voulait, et ce n’était pas très dur pour elle, car elle connaissait bien cette pièce, elle marcha, trois fois, devant le tableau. Elle ne pensait à rien d’autre ; si bien qu’elle faillit tomber deux fois en ne voyant pas une pierre qui était mal dallée. Enfin, alors qu’elle tournait la tête vers le mur, la porte apparu. C’était une porte ancienne, faite de bois de chène, surement. Camille regarda la porte, interloquée. Elle connaissait la magie de Poudlard mais la voir à l’œuvre était toujours fantastique.

Elle s’approcha de la porte, le cœur battant, heureuse. La main sur la poignée, elle ouvrit doucement la porte, qui grinça. Camille pénétra dans la salle sur demande, retenant son souffle.
C’était plus beau qu’elle ne l’avait imaginé.

C’était une pièce de taille moyenne, aux murs recouverts d’un papier peint bleu ciel, ornés de tableaux d’une jeune femme au visage fin et aux cheveux bruns cascadant sur ses épaules, d’autres représentaient un homme de 35 ans environ, aux cheveux noir foncé, coupés cours. Ou encore d’une petite fille aux cheveux noirs elle aussi, frisés, et une petite bouille mignonne, assise sur les genoux d’un jeune garçon qui ne devait pas dépasser les six ans. Le sol était couvert d’une moquette molletonnée bleu clair, légèrement plus sombre, pourtant, que le papier peint. A gauche, quelques poufs blancs traînaient ; des piles de livres de sorcellerie, de romans policiers et de BD gisaient ça et là. Une table basse supportait des crayons de toutes les couleurs, un stylo plume, une plume, de l’encre, et un parchemin. Une feuille blanche était gribouillée de dessins, et le parchemin couvert d’une écriture fine. Au centre, trônait un grand piano à queue. Il était brillant, noir, et les touches contrastaient par leur blanc immaculé, comme si jamais personne n’y avait touché.
C’était comme la merveille de la pièce, la 8ème merveille du monde, pour Camille.

Elle s’approcha, en tentant de calmer sa joie. Cette pièce, ce n’était pas sa chambre. Ni le salon. Ni le bureau. Non, c’était la pièce qu’elle avait toujours rêvé d’avoir. Une pièce où elle serait tranquille, au calme, et pas toujours dérangée. Ce serait sa pièce à elle, comme son frère et sa sœur avait leur salle de jeu. Elle ne l’avait jamais eu, cette pièce, pour problème de place.

Et là, elle se retrouvait face à son rêve de plusieurs années. Camille eu un grand sourire de joie. Si elle avait pu penser qu’elle pourrait, un jour, rentrer dans cette salle, exactement comme elle l’avait imaginée, elle ne l’aurait pas cru. Alors elle s’approcha du piano. Il était magnifique, trônant comme une majesté. Camille s’assit sur le « tabouret », et appuya sur le « do ». Elle fut étonnée et ravie d’entendre le son pur et bien accordé.
Prenant ses aises, elle fit une petite mélodie, histoire de reprendre son habileté.

Elle avait toujours adoré le piano. C’était sa façon à elle de s’évader de la routine, de chanter, de rêver éveillée. Et depuis le temps qu’elle n’y avait pas touché…
Petit à petit, elle joua de plus en plus vite, laissant ses doigts courir sur l’instrument, dont elle avait commencé à jouer à à peine 5 ans.

Elle commença alors une musique qu’elle adorait, la musique du film qu’elle préféré, celui qu’elle regardait toujours étant petite. Un film émouvant. Et la musique, elle était magnifique. D’ailleurs, elle avait toujours voulu jouer le duo du film, elle connaissait les deux parties par cœur, mais, quand il faut quatre mains…

Alors, elle se contentait du solo, certes magnifique aussi.

[ Voila la musique. Elle est trop bellllleuh ! C’est vrai hein… Vous choisissez « 217d The Corpse Bride - Victor's Piano Solo 2.mp3 ». Ici ! ]

Lola fut sourit à son tour à Camille qui arrêta de jouer et se leva. La pièce était à présent si silencieuse que c'était gênant. Après l'atmosphère qu'elle avait connu quelques instants plus tôt, on pouvait sentir qu'il manquait quelque chose.

Salut ... Oui, ça va très bien c'est juste que ... cette musique me rapelle tant de choses ...

Camille aussi apparemment se laisser emporter par cette musique. Elle était en même temps surprise par la faculté de Camille à jouer du piano, ce à quoi elle ne s'attendait pas du tout, et aussi surprise par la pièce, était-ce chez Camille? Elle avait donc une petite soeur où un petit frère. Elle ne pouvait contenir sa curiosité plus longtemps.

C'est chez toi?

Demanda-t-elle toujours tout bas, de peur de briser quelque chose. Comme si un petit enfant dormaient près d'elles, les jeunes filles parlaient doucement.

Où as-tu appris à jouer comme ça?

Demanda-t-elle toujours une lueur dans les yeux. Lola quand à elle savait un peu jouer du piano, mais pas aussi bien que Camille. Elle jouait souvent avec son père quand il était encore là. C'était un grand musicien et il avait un tempérament d'artiste, comme disait sa mère. Lola avait toujours été étonnée par la double personnalité de son père. Tantôt musicien, à l'âme rêveuse et aux multiples toiles, tantôt travailleur, Langue-de-plomb, son travail reprenait le dessus, il était dans ces moments là, froid et distant et il ne fallait pas le déranger dans son travail.

Ce souvenir la fit sourire et elle se revit sur le petit tabouret de velours, devant le piano, sur les genoux de son père, qui chantait et jouait en même temps, et ses deux petites soeurs, Ariel et Juliette qui dansaient et riaent devant le piano. Tout le monde s'amusait pendant que le repas mijotait et l'on pouvait en sentir l'odeur partout dans la maison.

** C'était le bon temps ... **

Maintenant, c'était fini, la guerre avait repri le dessus et son père était parti. Maintenant, plus rien ne serait plus jamais comme avant. Elle regarda Camille à nouveau, puis balaya la si belle pièce du regard.

C'est la première fois qu'une musique me rapelle tant de souvenirs ...

Camille regardait Lola, et esquissa un sourire. La porte était restée entrebâillée, ce qui expliquait la présence de son amie dans la pièce. Camille regarda le piano, puis encore Lola, qui fit : « Salut ... Oui, ça va très bien c'est juste que ... cette musique me rappelle tant de choses ... ». La jeune Griffondor baissa les yeux. A elle aussi, tout ça lui rappelait des choses. C’était une musique sentimentale, au début, logique. Finalement elles avaient pas mal de point commun.

« C'est chez toi? »

Lola parlait tout bas, on aurait dit qu’elle avait peur de casser quelque chose, tout comme Camille. C’était beau. Une musique magique en un lieu magique – Poudlard -, et dans une pièce magique, peut-être plus pour Camille car c’était en quelque sorte son « rêve ». Bref. Lola demandait si c’était chez elle… Question difficile pour Camille, qui avait considéré ce lieu d’imagination comme son « chez elle » imaginaire.

Eh ben… Oui et non. Disons que c’était… Une pièce imaginaire que j’avait inventée, et que j’aurais voulu qu’on construise chez nous, mais on manquait de place.

« Où as-tu appris à jouer comme ça? »

Question plus facile, mais qui soulevait tant de souvenirs… C’était comme si on rouvrait des livres d’une bibliothèque, perdus sous une couche de poussière. Eprouvant mais si beau…
Camille se revoyait, à peine âgée de 5 ans, courant derrière sa mère qui allait l’inscrire au conservatoire.
« Maman, maman, est-ce que je saurais jouer Bambi après ? »
« Oui, mon cœur. Tout ce que tu voudras. »
« Oh ! Oh ! En premier, j’apprendrais les Noces Funèbres ! »
« (Soupir de la part de la mère, et sourire) Tu sais chérie, c’est dur à jouer, les Noces Funèbres. Il faudra attendre quelques années… »
« (Moue de la petite Camille) Oh, tant que ça ? »
« Oh… Peut-être pas. Si tu travailles bien. »
« Je travaillerais bien ! Tous les jours ! Promis ! »
« (La mère ébouriffe les cheveux de la petite et lui sourit). C’est bien mon ange. Aller, rentre… »

Camille se souvenait si bien de tout ça. Pourtant, le flash-back avait à peine duré quelques secondes, pendant lesquels Camille souriait mélancoliquement.

Au conservatoire de ma ville… C’était très bien, là-bas…

« C'est la première fois qu'une musique me rappelle tant de souvenirs ... »

Une lueur s’allumait dans les yeux de Lola quant elle disait ça. Camille sourit doucement, et répondit d’une voix rêveuse et basse :

Oui, moi aussi. Mais vient…

Camille la prit par le bras et lui sourit, tout en l’amenant près du piano. Elle s’assit sur le tabouret, regarda les touches, puis demanda :

Tu sais jouer ?