Après des semaines de silence concernant l'affaire la plus sinistre de l'année 2000, Griffin Irons, directeur du bureau des Aurors, accepte enfin de répondre aux questions de la Gazette du Sorcier.
Triste est de constater que l'affaire semble toujours au point mort, en particulier concernant l'identité de ce Maître du Jeu, qui a signé dans le ciel sa responsabilité dans l'affaire de l'attentat de la place de la Résistance (voir numéros précédents).
Nous en apprenons plus, cependant, sur le déroulement de l'enquête, dans cette interview que nous vous transmettons. De nombreuses questions restent néanmoins sans réponse...

  GS : Monsieur Irons, nous sommes aujourd'hui en Août 2000 et nous constatons que rien de nouveau n'a été transmis à la presse concernant l'attentat de la commémoration, remontant à Mai dernier. Le gouvernement chercherait-il, aussi grossière puisse paraître cette hypothèse, à étouffer l'affaire ?
  GI : Étouffer l’affaire? Vous y croyez vraiment ou c’est juste pour le plaisir de dire des âneries?
Quoiqu’il en soit, vous êtes bien placés pour savoir que l’attentat de la Commémoration a particulièrement marqué la population, vouloir l’étouffer ne serait pas une chose des plus habiles à faire de la part du nouveau ministre, monsieur Richardson. Nous ne souhaitons ni affoler la population avec des conclusions hâtives et faussées, ni donner l’impression de garder les informations pour nous, mais comprenez moi bien, cette enquête est particulièrement délicate et nous avançons tous avec la plus grande prudence afin de ne faire aucune erreur.
C’est la principale raison pour laquelle nous ne divulguons pas à la presse tout ce que nous découvrons. Enfin, pas immédiatement, je devrais dire. Nous soupçonnons l’implication de réseaux particulièrement bien renseignés et disposant de moyens importants, le risque qu’ils disparaissent de la circulation s’ils se sentent menacés est trop grand. Sans compter qu’il serait du plus mauvais effet de livrer un innocent à la vindicte populaire par erreur, vous n’êtes pas d’accord?
Tout ce que je peux vous conseiller c’est d’être patient. Des informations dûment vérifiées vous seront communiquées en temps en heure.


  GS : Certains ont vu dans l'attentat une tentative de Shacklebot d'éliminer purement et simplement ses opposants politiques à la veille des nouvelles élections. Théodore Soulacouet, professeur à l'UMS, expert en mouvements sectaires politiques, a sous-entendu dans une interview accordée en Juin dernier que le Maître du Jeu ne pourrait être personne d'autre que l'ancien Ministre de la Magie. Avez-vous sérieusement étudié cette piste ?
  GI : J’ai entendu parler de cette théorie fantaisiste, oui. Bien que je n’y prête pas grande attention, je peux vous assurer que si, à un moment ou a un autre, il s’avérait que ce monsieur Soulacouet ait raison, et que Shacklebot soit réellement le Maître de Jeu, il serait aussitôt arrêté et jugé comme n’importe quel autre criminel. Son ancien titre de ministre ne le protégera pas de la Justice.
Mais laissez moi vous dire une petite chose, entre vous et moi. Contrairement à vous les journalistes à la recherche du moindre scoop qui ferait vendre votre feuille de chou dont je pense le plus grand bien, mes collègues appuient leur enquête sur des faits réels, des preuves tangibles et des témoignages soigneusement vérifiés par des spécialistes. Ils ne se contentent pas de prendre pour acquis la première rumeur lancée dans les rues, même par un soi-disant spécialiste.

  GS : La façon dont a été signé le crime perpétré à Pré-au-Lard n'est pas sans rappeler la Marque des Ténèbres jetée par les mangemorts ou Voldemort lui-même par le passé. Devons-nous craindre un nouveau mouvement extrémiste d'un tel genre ?
  GI : Malheureusement, j’en ai bien peur, et ça me fait mal de l’admettre. Je ne peux rien affirmer dans l’état actuel des choses, mais certaines informations recueillies par mon bureau me font craindre le pire.
Mais que les choses soient bien claires, ce ne sont que des soupçons.
Le monde sorcier engendre des Mages Noirs depuis que la magie existe, le cas Voldemort, cependant est à part dans l’histoire car jamais auparavant, un mage noir n’avait, avant lui, réussi à éblouir autant d’adeptes, que ce soit par la ruse, la peur ou le charisme. Je pense que le prochain Lord Noir n’est pas encore né, mais ça n’empêche pas des sorciers ambitieux et peu regardant sur les moyens d’essayer de prendre la place laissée vacante par la chute de Voldemort il y a deux ans. C’est dans la nature humaine que d’essayer de conquérir le pouvoir par la force ou par le charme.

  GS : Si tel était le cas, votre bureau a-t-il une piste concernant de probables mages noirs derrière tout cela ?
  GI : Bien entendu.
Depuis la chute du Lord Noir, mon bureau s’est employé à chasser les Mages noirs, plus communément les Mangemorts, partout en Europe. Certaines personnes soupçonnées d’avoir eu des liens, de près ou de loin, avec eux sont étroitement surveillées par mon service. D’anciens Mangemorts qui ont réussi a passer entre les mailles du filet en se prétendant victimes de sortilèges impardonnable, notamment l’Impérium, sont aussi placés sous surveillance. Sans compter nos indics qui ont des yeux et des oreilles dans toutes les couches de la société, et pas uniquement dans l’Allée des Embrumes.

  GS : Un mot concernant le moldu qui a tiré sur la foule. Que savez-vous de lui et de son implication, à l'heure actuelle ? Comment a-t-il pu entrer en territoire sorcier malgré la protection de vos aurors ? Théoriquement, cela était impossible !
  GI : Bien sûr que c’était impossible. C’est la raison pour laquelle nous le soupçonnons d’avoir reçu l’aide de sorciers sans scrupules, pour à arriver jusqu’à Pré-au-Lard. Seul l’aide d’un sorcier a pu lui permettre de franchir toutes les protections magiques placées sur sa route.
À l’heure actuelle cependant, nous ignorons si ce Moldu était sous influence sorcière au moment de son acte. Il clame haut et fort qu’il a agi de son propre chef afin de débarrasser le monde des démons qu’il voit en nous, mais sa mémoire est quelques peu ... défaillante concernant certains détails de cette journée et des trois ou quatre jours qui ont précédé la fusillade.
Quant à ce que nous savons de lui, et bien, il se nomme John Stanley et est âgé de 47 ans. C’est un ancien truand qui a fait de la prison pour agression et meurtre dans le monde moldu. Il est connu des services de police moldus pour sa propension à tirer avant de parler. Il a aussi été établi qu’il était instable et fragile mentalement. Il a été libéré de prison il y a un an environ et avait trouvé un travail dans un restaurant rapide non loin de Trafalgar Square. Comme vous le semblez l’avoir deviné, il a assisté à la manifestation des étudiants de l’UMA en Mars. Il a réussi échapper à la fouille minutieuse des Oublator et sa raison déjà vacillante a subi un tel choc qu’il a été incapable de s’en remettre. Dès lors, il n’avait plus qu’une seule idée en tête: détruire tous les sorciers qu’il croiserait sur sa route.

  GS : Les complices du tireur ont-ils été retrouvés ? Et si oui, qui sont-ils ?
  GI : À ce point de l’enquête, il est difficile de parler de complicité avec certitude mais je peux vous annoncer que mon service a procédé au démantèlement d’un réseaux de trafiquants en provenance et à destination de la Russie. Nous ne pouvons parler à l’heure actuelle de liens avec une quelconque mafia mais le simple fait de leur présence sur notre sol ne laisse présager rien de bon. Les membres de ce réseaux sont actuellement placés en isolement au sein du ministère ou leur interrogatoire aura lieu dans les prochains jours.
Selon les renseignements que nous avons récolté, c’est grâce à ce réseau que Monsieur Stanley se serait procuré son armement. Le simple fait qu’un réseau de trafiquants sorciers ait fourni une arme à monsieur Stanley semble prouver l’implication de sorciers dans la fusillade de la Commémoration. Mais c’est tout ce que je peux dire à ce sujet pour l’instant.

  GS : Monsieur Irons, force est de constater que vos services sont de moins en moins coopératifs avec la presse, et cela ne peut qu'inquiéter la société sorcière. Après le fiasco de l'affaire Araley, qui s'est éternisée plus que de raison alors qu'il s'agissait seulement d'un seul homme, nous nous rendons compte que l'affaire de l'attentat, elle aussi hautement importante, ne fait que durer. Doit-on se demander si les aurors sont encore aptes à protéger la société sorcière ?
  GI : Je ne vois pas en quoi le manque de coopération de mon bureau avec la presse devrait inquiéter la population. Rassurez-vous, ce n’est pas parce que nous ne vous disons rien d’intéressant que nous ne faisons pas notre boulot. Au contraire, ne pas vous avoir dans nos jambes nous permet de travailler plus efficacement.
En ce qui concerne Araley, vos mots prouvent bien le peu de connaissances que vous avez à son sujet. Certes vous avez raison, il s’agissait bien d’un homme seul, mais cet homme seul était aussi réputé pour être l’un des plus dangereux et des plus retors Mangemort encore en liberté. Je regrette profondément qu’il ait eu le temps de mettre la main sur Miss Shevelin avant d’être arrêté. Mais je n’ai strictement rien à reprocher à mes hommes dans cette affaire. Jared Grant a fait face avec courage et a été décoré de l’Odre de Merlin pour sa bravoure.
Quant à notre soit disant manque d’efficacité, vous devriez plutôt vous en prendre au Ministre Richardson, ainsi qu’a son prédécesseur Monsieur Shacklebot. Les restrictions budgétaires dont mon service a eu à souffrir au cours des derniers mois ne nous ont pas aidé à mener notre mission à bien. Eh oui, les Auror sont de moins en moins nombreux mais les mages noirs et autres criminels de tous poils ont tendance à se multiplier. Nous nous démenons tous les jours pour faire notre travail correctement et tout ça pour quoi? Pour être vertement critiqué par une bande de ronds-de-cuir qui trouvent plus amusant de pointer du doigt les petits défauts de mon service que de faire l’apologie de ses réussites.
Si nos résultats ne vous satisfont pas, rassurez vous je m’en moque. Si vous ne passiez pas votre temps à parler de mon bureau comme d’un ramassis d’abrutis incompétents, peut-être que davantage de jeunes gens se laisseraient tenter par une carrière d’Auror. Mais quelque part je comprend leurs réticences : le métier est difficile, dangereux et ingrat. La perspective d’être vu comme des monstres plutôt que comme des protecteurs par une partie de la population n’a rien d’attirant.

  GS : Auriez-vous un mot à rajouter concernant cette affaire ?
  GI : Pour le moment, tout a été dit. Vous aurez de plus amples informations dès que mon bureau sera en mesure de vous les communiquer.

  GS : L'équipe de la Gazette vous remercie d'avoir enfin bien voulu nous accorder quelques instants, Monsieur Irons. À bientôt.