[HRP]C'est vraiment petit et maladroit, j'ai honte tellement c'est mauvais, mais promis avec un peu d'entraînement ça ira mieux! [/HRP]

Fin juin. Les examens touchaient à leur fin, enfin, pour ceux ayant eu la chance de pouvoir les passer tout du moins. La grève de l’UMA n’avait pas aidé les étudiants au cours de cette année, privés de professeurs, et donc d’apprentissage encadré. Et il fallait bien reconnaître qu’il n’était pas donné à tout le monde d’étudier seul, enfermé dans les endroits confinés qu’étaient les bibliothèques publiques ou les chambres universitaires, alors que le soleil nous invitait avec enthousiasme à sortir profiter de ses doux rayons.

Sauf, bien entendu, pour notre ami Matthew. Déterminé, voilà ce qu’il était et ce, depuis toujours ou presque. Le travail était une seconde nature chez lui. Plus de cours ? UMA fermée ? Et alors ? Il avait tous ses livres, il avait un peu d’argent de côté pour en acheter d’autres. Il avait également une baguette magique et l’âge requis, depuis des années, pour l’utiliser quand bon le lui semblait. Et suffisamment de volonté pour s’exercer des heures durant. D’autant qu’il avait passé le plus clair de son temps ces cinq dernières années à bûcher ses cours pour atteindre son but : devenir Auror. Hors de question de lâcher l’affaire. Et puis, honnêtement, avons-nous déjà vu Matthew abandonner quoi que ce soit ? La réponse est toute faite. Quand ce garçon a une idée en tête, il ne l’a pas ailleurs.

Mais, alors que le soleil entamait sa lente procession vers le début de soirée, ses examens fraîchement passés n’étaient pas le sujet principal de son obstination. Monsieur Connor avait un dîner. Un dîner ? Que dis-je, un rendez-vous galant, s’il vous plaît. La chemise blanche soigneusement repassée, les cheveux impeccablement coiffés et le petit bouquet de lys qu’il portait à la main venaient confirmer le but de la mission.

Elle avait accepté son invitation. Et ce, dès le premier jour, puisqu’elle avait prononcé les mots magiques cet après-midi où, au beau milieu de la foule paniquée suite à l’attentat moldu, il lui avait promis un dîner pour la remercier de lui avoir sauvé la vie. Et il n’avait pas oublié. Tout comme il n’avait pas oublié non plus ses longs cheveux bruns, son parfum et l’expression étrange dans son regard de perles. Un regard plein de secrets.

« Bonsoir, puis-je vous aider ? »

Matthew offrit un large sourire au serveur, un sourire plus destiné à la demoiselle qu’il attendait qu’au sorcier qui lui faisait face, mais le jeune homme était déjà plongé dans les heures à venir qui seraient, à n’en pas douter, très agréables.

« Bonsoir, j’ai réservé une table pour deux, au nom de Connor. »

« Oui, bonsoir Monsieur Connor, veuillez me suivre s’il vous plaît. »

Matthew suivit le serveur dans le restaurant. C’était un endroit tranquille, sans grande prétention mais qui présentait bien. Des petites tables rondes vêtues de nappes écrues meublaient les lieux. Au dessus de chacune d’entre elles, des bougies flottaient à quelques centimètres de la table, apportant une ambiance tamisée et intime. C’était parfait.

Il n’avait pas souhaité l’inviter dans un lieu trop pompeux. Les soirées mondaines, il en avait mangé toute sa prime jeunesse en compagnie de sa mère et pour être tout à fait honnête, il n’aimait pas ça. D’autant qu’il estimait que cela aurait été surfait. Charme et simplicité. Il avait misé là-dessus.

Une bouteille de champagne vint flotter élégamment à côté de Matthew qui s’était assis après avoir remercie le garçon. Là, d’un geste un peu fébrile, il vérifia que tout était en place, cheveux, col de chemise, bouquet. Ok. Puis il garda en ligne de mire l’entrée du restaurant, attendant avec une hâte pointée d’anxiété l’arrivée de la jolie demoiselle…

Lynn se regarda dans le miroir d’un air critique.
Elle portait une petite robe noire à bretelle, cintrée à la taille et dont les extrémités virevoltaient à chacun de ses mouvement. Elle avait choisi un collier de sa création, discret mais qui mettait l’éclat de ses yeux en valeur et ses longs cheveux noirs tombaient comme une cascade d’ébène sur ses fines épaules et jusqu’à sa taille.
Elle était magnifique, quoi qu’elle en pense.
Elle n'était toujours pas certaine qu'accepter ce dîner était une bonne idée.
Mais Matthew Connor lui plaisait.
Elle avait découvert un jeune homme charmant, à l’esprit vif, drôle et cultivé qui ne se décourageait pas face à ses refus polis. Elle ne s’était pas sentit le courage de dire non une nouvelle fois alors qu’en réalité, elle avait vraiment envie de partager ce repas avec lui. Les quelques heures qu’ils avaient passé à discuter à Sainte Mangouste lors de son réveil avaient été délicieuses. Le temps avait filé à une vitesse folle. Leurs courriers échangés, les fleurs qu’il lui avait envoyées, elle ne pouvait pas prétendre ignorer l’intérêt qu’il lui portait. Elle en était flattée et très heureuse, car elle n’était pas insensible à son charme, mais elle était surtout effrayée.
Elle avait tout gâché avec Alan car elle ne lui faisait pas assez confiance pour partager ses sombres secrets. N’allait-elle pas faire exactement la même chose avec lui ? Cela faisait à peine deux mois qu'elle avait rompu avec l'étudiant en Médicomagie. N’était-ce pas trop tôt pour envisager une nouvelle histoire alors même qu’elle n’avait pas encore réglé tous ses problèmes ?
Son regard glissa vers le petit coffret de bois qui trônait sur sa table de chevet. Elle serait bientôt à court de comprimés… c'était peut-être l'occasion qu'elle attendait pour arrêter.
Chassant les pensées négatives et l'angoisse qui lui étreignait la poitrine, Lynn reporta son attention sur le miroir.
Son reflet lui renvoya son regard inquiet et elle inspira profondément pour se détendre et se donner du courage. Elle lui avait promis. Et même s'il était un peu traître de demander à une jeune femme d'accepter un rendez-vous alors qu'on était à deux doigts de mourir dans ses bras, elle était ravie qu'il l'ait fait. Elle devait lui laisser sa chance. Parce qu'il l'avait mérité, et parce qu'elle ne pouvait pas le nier, elle en avait très envie.

Alors qu’elle se demandait s’il ne valait pas mieux qu’elle s’attache les cheveux et qu’elle mette un pantalon, la pendule du salon sonna 20h00. Elle aurait déjà dû être partie.
Elle enfila une petite veste cintrée, attrapa sa pochette qui contenait entre autre sa baguette et quitta précipitamment son appartement, ce qui eut au moins le mérite d'apaiser un peu le tumulte de ses pensées. Elle transplana à quelques mètres du restaurant que le futur Auror avait choisi. Ils fêtaient la fin de leurs études et de leurs examens ce soir. C’était la dernière excuse en date du jeune homme pour l’inviter et elle devait avouer que c’était une excellente raison. Cela faisait à peine quelques jours qu’elle avait quitté Poudlard pour toujours et elle avait du mal à réaliser. Elle se retrouvait seule dans son petit appartement londonien, et même si elle adorait cette nouvelle liberté et qu’elle ne s’ennuyait pas une seconde avec les préparatifs pour l’ouverture de la boutique, elle était ravie d’avoir une excuse pour sortir.

Une nouvelle fois, elle respira profondément, défroissa machinalement sa robe et se dirigea d’un pas plus léger vers l’entrée. Le restaurant semblait charmant, sobre et à l'ambiance feutrée. Elle ne connaissait pas l'endroit mais elle savait déjà qu'elle ne serait pas déçue. Et puis pour être honnête, elle venait plus pour la compagnie que pour la cuisine…

Un serveur vint l’accueillir et lui demanda en quoi il pouvait l’aider :

- Je suis attendue, expliqua-t-elle, une réservation au nom de Connor.

Le serveur acquiesça et la pria de bien vouloir le suivre mais Lynn avait déjà aperçu son cavalier et son regard argenté plongea dans ses iris océans. Il lui sourit et pendant un instant, le temps sembla s’arrêter. Comment n’avait-elle pas remarqué le bleu de ses yeux avant ce soir ? Ils étaient enivrants et il devait être dangereusement aisé de s’y noyer.

- Mademoiselle ?

Lynn tressaillit et réussit à s’arracher au regard de Matthew pour reporter son attention sur le serveur :

- Oui, pardonnez-moi, je vous suis…

Il fallait qu'elle oublie un peu ses appréhensions et qu'elle se laisse porter par les évènements. Cela lui ferait du bien, pour une fois.
Tandis qu’elle s’approchait, Matthew se leva et le serveur s’éclipsa :

- Bonsoir. Murmura-t-elle avec un sourire sincère quoi qu'encore légèrement teinté d'appréhension. J’espère que je ne t’ai pas trop fait attendre.

Voilà, ils y étaient.

Matthew lui fit un baisemain et l’invita à s’asseoir avant de lui offrir les fleurs qu’il avait apportées pour elle. Des Lys blanc, comme le bouquet qu’elle avait reçu à Poudlard quelques semaines auparavant.

- Ho Matthew, merci, il est magnifique, il ne fallait pas. Protesta-t-elle, pourtant touchée par le geste.

Il sembla s’inquiéter de la lasser et elle secoua vivement la tête :

- Non, non pas du tout… c’est… parfait, tout est parfait. Murmura-t-elle avec un sourire d’une douceur incroyable.

Lorsque la bouteille s’avança, Lynn ne put s’empêcher de rougir devant tant d’attentions. Elle n’avait pas l’habitude de tant de prévenance. Peut-être parce que finalement, elle ne s’était jamais fait courtiser avant cela, elle se sentait intimidée par les efforts du jeune homme.

- Holala, mais tu as pensé à tout !

Elle le remercia lorsque son verre se remplit et l’imita en levant son verre. Son toast la fit rire et elle secoua la tête tandis que leurs coupes s’entrechoquaient.

- Je n’ai pas tout à fait la même version, dit-elle après avoir trempé ses lèvres dans la coupe. Je te rappelle que si tu n’étais pas venu à mon secours en premier lieu, tu n’aurais probablement jamais été blessé ! C’est moi qui ai eu de la chance que tu sois là.

Et elle le pensait. Avec la panique qu’avait provoquée la fusillade, elle aurait probablement finit piétinée si Matthew n’était pas intervenu.

Elle prit un air amusé et croisa les bras :

- Alors comme ça on profite de la naïveté des jeunes filles pour les inviter à dîner ? Ce n’est pas très joli-joli pour un futur Auror, Mr Connor… fit-elle remarquer, malicieuse.

Ils avaient parlé de beaucoup de choses lorsqu’elle était venue lui rendre visite, et ce, avec une facilité et un naturel déconcertant.
Toute cette histoire de dîner galant la rendait nerveuse alors qu’en réalité, elle se sentait vraiment bien en sa présence. Il fallait juste qu’elle se détende. Lui aussi, peut-être, car elle avait l’impression qu’il se donnait beaucoup de mal pour que tout soit parfait. Trop peut-être pour vraiment profiter de la soirée. Mais au moins, ses efforts payaient, tout était réuni pour donner à Lynn l’impression d’être une princesse. Mais outre le restaurant, les fleurs ou le champagne, c’était surtout la façon dont il la regardait qui la rendait toute chose. Personne ne l’avait jamais regardé de cette façon, pas même Alan qui avait pourtant eu l’air d’être sincèrement épris d’elle.
Chassant ces réflexions, elle l’interrogea avec une curiosité sincère sur le début imminent de sa carrière :

- Tu es impatient de commencer ?

Elle-même avait du mal à faire le point sur ses sentiments quant à la prochaine rentrée. L’enthousiasme et l’angoisse bataillaient ferme pour l’emporter et c’était une sensation difficile à exprimer. Cela faisait si longtemps qu’elle rêvait de ce moment qu’elle ne réalisait pas qu’il était maintenant à portée de main.

Quant à Matthew, si elle ne savait pas encore ce qu’il avait poussé à vouloir embrasser la carrière d’Auror, elle avait tout de suite remarqué la flamme qui brillait dans ses yeux lorsqu’il parlait. C’était un passionné, Lynn n’en doutait pas, déterminé à tout faire pour obtenir ce qu’il voulait, comme le prouvait cette soirée. Etre Auror n’était pas facile, ni à la portée de n’importe qui. C’était un métier à risque qui demandait beaucoup d’investissement et Lynn avait tout de suite été convaincue que le jeune homme serait excellent.

- Ho, j’y pense, moi aussi je t’ai apporté quelque chose pour te remercier. Se souvint-elle.

Elle ouvrit sa pochette et en sortit une petite boite carrée qu’elle lui tendit.

- Ce n’est pas grand-chose et j’espère sincèrement que tu n’en auras jamais besoin mais… juste au cas où…

Elle le laissa ouvrir le paquet pour en sortir une amulette. Attachée à un cordon en cuir, c’était un disque de bois au centre duquel était insérée une pierre de lune, entourée d’un enchevêtrement de minuscules gravures qui formaient un ancien motif de protection. Il en émanait une douce chaleur preuve que d’autres enchantements venaient renforcer le bijou.

- C’est une amulette de protection. Expliqua-t-elle.

Elle se retint de rentrer dans les détails de la conception – une activité fascinante mais qu’elle avait toujours peur que les gens trouvent ennuyeux- et ajouta :

- Je ne pense pas que ça te protégera des balles, mais c’est un bouclier efficace contre les maléfices mineurs. Quant aux autres… à défaut de les arrêter, cela devrait réduire leurs effets.

Il savait déjà, car ils en avaient parlé, qu’elle concevait toute sorte de bijoux et qu’elle ouvrait bientôt sa propre boutique, mais il n’avait encore pas eu l’occasion de voir l’une de ses créations. Elle qui était déjà très minutieuse avait apporté le plus grand soin à celle-ci.

Une serveuse, qui n’était de toute évidence pas le garçon qui l’avait conduit à la table, les rejoignit avant de les interrompre soudain en demandant s’ils avaient choisis, son regard fixant Lynn avec insistance.
L’ex gryffondor en avait presque complètement oublié où ils se trouvaient et lança un regard désolé à l’adresse de son cavalier avant de reporter son attention sur la serveuse :

- Ho non, je suis désolée, nous n’avons pas…

Mais déjà la serveuse était repartie, avec un claquement de langue agacé. Lynn se mordit la lèvre et échangea un sourire gêné avec Matthew :

- Je crois qu’on l’a mise de mauvaise humeur…

Il était peut-être temps de commander en effet.

Nerveux n’était peut-être pas tout à fait le bon terme pour qualifier l’état d’esprit de notre ami. A vrai dire, Matthew était davantage troublé que nerveux. Il n’aurait pas su réellement expliquer pourquoi. Certes Lynn était très jolie et possédait au-delà d’un visage angélique un charme tellement envoutant qu’il se rapprochait grandement de la plus jolie forme de magie qui pourrai exister, bien qu’aucun sortilège n’aurait pu la contrer. Mais son attirance envers elle ne se limitait pas à ça. Il y avait quelque chose, ce fameux « petit truc » qui s’installe confortablement sans rien demander dans un coin de votre tête, s’y trouve à l’aise et y fait sa petite vie comme s’il avait été là depuis toujours, chez lui. Ce petit truc qui ne vous laisse jamais seul un instant, qui refait la décoration et l’aménagement complet de votre conscience où il a élu domicile, s’autorisant parfois un petit trajet à l’étage du dessous, quelque part au niveau de la poitrine, pour y faire la fête au rythme des « boum-boum » qui résonnent en ces lieux. Un petit truc très bavard, un peu trop même, et surtout, très curieux. Il pose plein de questions. Beaucoup de questions. Qui est-elle ? Que fait-elle seule ici alors que toutes ces jeunes personnes sont venues accompagnées d’amis pour fêter la commémoration ? Qu’est-ce qui interdit à ces yeux si surprenants de sourire ? Pourquoi sont-ils si éteints alors qu’ils semblent être conçus pour briller ? Qu’est-ce qui les empêche de briller, d’ailleurs ?

Ce n’était pas juste. Au-delà de l’indéniable délicatesse de son visage, les longues conversations que Matthew avait entretenu avec Lynn lui avait apportées la certitude que la jeune fille possédait une personnalité tout aussi douce et captivante. Une si belle personne ne méritait pas tant de tourments. Une si belle personne ne méritait pas d’être ainsi hantée par il ne savait quels démons. Cette demoiselle avait le cœur pur, il le sentait, il le voyait.

Alors oui, lorsqu’il se retrouva face à elle une nouvelle fois, dans un cadre bien plus intime qu’une chambre d’hôpital, le trouble avait réveillé ce « petit truc » qui ne cessait de faire des bonds un peu partout dans sa tête, rendant de ce fait le garçon nerveux, puisque c’est là-dessus que nous avons entamé le débat.

Le sourire de Matthew s’élargit, accompagnant le rire de Lynn qui fit tinter sa coupe de champagne avec la sienne.

« Et en as-tu la preuve ? J’aurais très bien pu être touché par une autre balle perdue, et personne n’aurait montré autant d’acharnement que toi pour me maintenir en vie. Non, je suis formel, c’est toi qui m’as sauvé et pas l’inverse. » répliqua-t-il d’un air buté.

Il but une gorgée de champagne en haussant un sourcil interrogateur à l’intention de Lynn, attendant la fameuse preuve demandée, avant d’afficher un air on ne peut plus innocent… avec néanmoins une petite étincelle dans le regard venant démentir l’allure angélique qu’il tentait de présenter.

« Moi ? Profiter de ta naïveté ? Mhm, non je n’emploierais pas ce terme là. Tu ne m’évoques en aucun cas la naïveté, mais plutôt… l’innocence. Et c’est une chose dont je ne me permettrai jamais de profiter. Ce serait non seulement indigne de ma vocation, qui a déjà été bien mise à mal lors de notre rencontre -c’était à moi de te protéger ce jour là et pas l’inverse-, mais aussi et surtout… de mes principes, Miss Bower. »

Malgré le clin d’œil et le sourire malicieux qu’il lui offrit, l’intensité du regard qu’il plongea dans celui de Lynn démontrait l’extrême sincérité de ses propos. A nouveau le « petit truc » se manifesta, quelque part au niveau de ses entrailles cette fois-ci. Matthew avait toujours été de nature protectrice, se sentant investi de la responsabilité d’aider son prochain et ce, tout particulièrement lorsque la cause semblait perdue. Cette facette de sa personnalité aurait pu paraître un tantinet comique de par le côté chevaleresque de la chose, si cette dernière n’avait pas été innée et tout bonnement automatique chez lui. Pourtant la cause de Lynn était loin de sembler perdue. Il y avait trop de bonté en elle, trop de jolies choses pour qu’elle ne puisse s’ouvrir un jour. Il n’aurait su expliquer pourquoi, mais pour la première fois, il avait une entière confiance dans le fait qu’il arriverait à faire sourire ses yeux. A réconcilier la violence cachée au fond de son cœur.

- Tu es impatient de commencer ?

« Oh oui, très impatient… » Avait-il répondu d’une voix rêveuse, toujours perdu dans ses réflexions, les yeux plongés dans ceux de la demoiselle.

Il lui fallut quelques secondes pour que l’information ne parvienne à sa conscience et qu’il réalise que la question de Lynn était orientée vers sa carrière future et non la quête secrète qu’il s’était lancée. Il cligna plusieurs fois des yeux, toussota sans perdre une once de contenance et poursuivi, sur un ton plus en adéquation avec le sujet de la conversation.

« Hum. Cette envie a toujours été plus ou moins présente chez moi. Et depuis un certain nombre d’années… Un peu plus de sept pour être précis, cette vocation est devenue une évidence. Maintenant que j’arrive enfin aux portes de mon but, oui, je suis très impatient de commencer. C’est… »

Il se redressa. Lynn l’avait lancé sur un sujet épieux : celui de la passion. Evoquer un domaine qui passionnait Matthew était risqué, quand il commençait, il se laissait emporter par l’ardeur et il était très difficile de l’arrêter. Aussi le jeune homme s’anima-t-il, les yeux brillants, à poursuivre son discours.

« C’est plus qu’une envie, c’est plus qu’une simple vocation. C’est un besoin. J’ai eu la chance de naître sous une étoile me permettant d’étudier sans trop de difficultés et en plus, d’aimer ça. Mais si jamais par malheur je me suis lamentablement planté lors des examens, et bien je recommencerai, et ce autant de fois qu’il le faudra pour parvenir à mon objectif. Mais même si j’arrive, là, à entrer chez les Aurors, mon but ne sera pas encore atteint. Je n’aurais fait que commencer ce travail de longue haleine. Devenir Auror n’est, après tout, qu’un passage, un cap à franchir pour moi avoir l’occasion de faire ce que je veux réellement. Un tremplin. Je ne parle pas des échelons à gravir. Les échelons, c’est bien si l’on souhaite monter en grade et terminer sa carrière derrière un bureau. Ca, ça ne m’intéresse pas. Certes on a besoin d’avoir des têtes pensantes pour prendre de bonnes décisions, on en aurait eu bien besoin par le passé et d’après les dernières nouvelles, on en aura encore plus besoin d’ici peu. Mais moi je veux agir. Pour de vrai. Rester assis et laisser d’autres s’occuper du travail, ce n’est pas ce que je veux. Je veux être sur le terrain, être acteur direct de la lutte contre… l’injustice. Il n’y a pas assez d’Aurors. Il n’y en a jamais eu assez. »

Lorsqu’il s’interrompit, il se sentit un peu gêné de s’être autant laissé emporter. Il se gratta l’arrière du crâne, comme pour remettre de l’ordre dans ses idées. Cette soirée était celle de Lynn. Il doutait fortement que l’assommer avec ses monologues sur ce qui le motivait à devenir Auror lui ferait passer un moment agréable. Il s’apprêtait à lui demander à son tour si les préparatifs avançaient quant à son entreprise d’ouvrir sa boutique lorsque la demoiselle lui tendit un petit coffret. Ses yeux s’agrandirent.

« Un cadeau ? Pour moi ? »

Pour lui ? Non, bien entendu que non, Lynn lui tendait le présent pour qu’il l’offre à la table voisine, quelle question ! Mon Dieu, et dire qu’on disait de lui que c’était un sorcier intelligent ! Mais bien que Matthew ait toujours été gâté par ses parents, et aussi par sa jeune sœur, durant son enfance, depuis qu’il avait quitté le foyer familial jamais une demoiselle ne lui avait témoigné une si gentille intention. Il saisit le cadeau, frôlant sans le faire exprès (si, si, j’vous jure !) les fins doigts de Lynn.

Un large sourire vint illuminer le visage du jeune Connor. Lynn avait eu là une idée délicieuse. Le bijou était non seulement magnifique, mais il était avant tout réalisé par ses soins. Une amulette faite par Lynn, spécialement pour Matthew. Ce dernier était profondément touché par l’intention de la jeune femme. Sans hésiter, il passa le cordon autour de son cou. L’amulette vint reposer sur la poitrine du jeune homme, y répandant une douce chaleur. Quelque part, pas très loin de l’endroit où reposait le bijou, le fameux « petit truc » souffla à Matthew que même sans sortilèges, le simple fait que Lynn ait fabriqué le présent constituait une magie bien assez puissante pour le protéger. Ce petit truc devenait décidément bien fleur bleue.

« C’est magnifique. Je te remercie, vraiment. Tu es très douée, et c’est très ingénieux de ta part d’avoir eu l’idée d’associer le pouvoir des pierres, des gravures et des sortilèges. Cette amulette ne me quittera pas. »

Il fixa la demoiselle. Une question lui brûlait les lèvres, mais il se demandait s’il était bien correct de la lui poser maintenant. Néanmoins le petit truc prit les commandes avant même que Matthew n’ait eu le temps de le faire taire et les mots sortirent seuls de la bouche du garçon.

« Tu m’autoriserais à venir te rendre visite dans ta boutique ? Je serais vraiment curieux de te voir travailler sur l’un de ces bijoux, savoir comment tu fais. Ce n’est pas un domaine que je connais beaucoup, mais je me rends bien compte du soin que tu as apporté à la réalisation de cette amulette et… »

… et l’arrivée incongrue de la serveuse l’interrompit juste à temps. Evoquer son désir de voir la passion briller dans les yeux de la demoiselle pendant qu’elle donnait une part d’elle-même dans le bijou qu’elle concevait n’était peut-être pas la chose à faire dans l’immédiat.

Matthew s’arracha donc à l’emprise du petit truc et jeta un regard oblique à la serveuse à qui il n’avait pas eu le temps de répondre lui non plus avant que cette dernière ne prenne la fuite, l’air pincé, le nez en l’air. Curieux. Il adressa un regard interrogateur à Lynn qui n’avait pas eu plus de succès que lui, et fronça les sourcils.

« La mauvaise humeur n’excuse pas le manque de politesse. Bon, voyons voir… tu prends ce que tu veux surtout, hein.»

Il s’arracha à sa contemplation de Lynn pour se concentrer un peu sur la carte du menu. Il patienta un instant, laissant le temps à son invitée de faire son choix et leva la main pour rappeler la serveuse qui se retourna, agacée, avant d’afficher un air bien plus aimable et se dandiner à toute vitesse vers leur table.

Là, tournant obstinément le dos à Lynn, elle offrit un sourire ravageur au jeune homme avant de lui demander d’une voix mielleuse s’il avait choisi.

« Il serait plus courtois de demander aux dames d’abord vous ne croyez pas ? Autre question, est-ce que la politesse est comprise dans le menu ou bien faut-il payer un supplément ? »

Avait-il rétorqué d’une voix calme tout en ne lâchant pas Lynn des yeux. De toute évidence, se faire ainsi ignorer par le sorcier sur lequel elle avait des vues ne ravissait pas la serveuse dont les joues se mirent à rougir violemment. Elle marmonna quelques borborygmes incompréhensibles avant de se tourner sèchement vers Lynn, attendant sa commande.

Matt répliqua en lui demandant si elle avait une preuve de ce qu’elle avançait. Elle ouvrit la bouche pour répondre mais se ravisa en se rendant compte qu’il marquait un point et qu’effectivement, les choses auraient aussi bien pu tourner en sa défaveur dans d’autres circonstances. Pourtant, n’importe qui aurait réagi comme elle, non ?
Il est vrai que cette première rencontre avait pour le moins été mouvementée. Elle en avait encore des bouffées d’angoisse rien qu’en y repensant.
Elle avait réellement cru qu’il allait mourir dans ses bras. Cela avait provoqué tant d’émotions différentes en elle que même avec du recul, elle n’était pas certaine de savoir laquelle avait primé.
Elle avait peut-être bien eu la peur de sa vie ce jour-là. Jamais elle ne s’était sentie aussi vulnérable qu’en ayant la responsabilité de la vie d’autrui.
Elle avait eu peur pour Aïlin, peur pour Lavande, peur pour Léan, peur pour bien d’autres encore, et sa propre vie avait été menacée plus d’une fois, mais jamais elle n’avait été aussi proche de la mort que lorsque ses mains comprimaient la blessure du jeune homme. Elle avait littéralement sentie la vie s’échapper de lui.
Peut-être avait-elle été destinée à être là finalement, pour le rencontrer, pour le sauver, comme si on lui donnait la chance de donner un sens à sa vie. Cette idée était effrayante. Lynn n’avait jamais vraiment cru à la chance ou au destin, ce qu’on comprenait aisément quand on connaissait son histoire. Mais sa rencontre avec Matthew faisait partie de ces moments incroyables où les astres semblent s’aligner pour créer cette situation unique.
Lynn se sentait liée à Matthew. Et même si elle essayait de se raisonner en se disant que cela était dû aux circonstances de leur rencontre, il y avait quelque chose en elle, ce « petit truc » qui lui répétait inlassablement qu’il y avait plus.
Après tout, elle était bien là, ce soir, ravie d’avoir accepté l’invitation, certaine de passer un excellent moment. Alors qu’il lui semblait que son cœur en miette avait besoin de temps pour panser ses plaies, voilà qu’il se remettait à battre un peu plus fort, un peu plus vite, pour les beaux yeux de ce futur Auror si charmant. Elle ne comprenait pas ce qui lui arrivait, mais pour une fois, elle n’avait pas envie d’y réfléchir. Elle voulait juste profiter de l’instant présent.

Elle sourit devant son air malicieux et secoua la tête :

- Peut-être… concéda-t-elle d'un ton amusé. Mais je préfère quand même ma version…

Puis elle s’empressa d’ajouter qu’il profitait de sa naïveté.
Lorsqu’il évoqua son innocence, une ombre voilà son regard et son sourire vacilla quelques secondes alors qu’elle revoyait le corps de Carpenter mutilé. Non, il n’y avait plus rien d’innocent en elle après cela. Elle avait fait quelque chose de monstrueux, elle avait ôté la vie à un être vivant, elle s’était laissée aller à la vengeance pure et simple. Elle n’avait pas de regrets à proprement parlé, mais elle ne se sentirait plus jamais innocente. Elle se demandait parfois si elle l’avait jamais été tant ce sentiment lui avait été brutalement ôté alors qu’elle n’était encore qu’une toute petite fille.
Elle avait rompu avec Alan à cause de ça et être ici avec Matthew ressemblait à une odieuse trahison.
Pourtant, elle ne pouvait pas s’arrêter de vivre. Elle devait laisser une chance à Matthew. Peut-être que lui accepterait sa part d’ombre. Il n’y avait qu’en essayant qu’elle le saurait…

Elle prit sur elle et lui sourit, une note de tristesse dans les yeux, mais elle se sentie pourtant quelque peu apaisée par son regard chaleureux et convaincu. Si quelqu’un comme lui voyait encore du bon en elle, peut-être tout n’était-il pas perdu…
En tout cas il avait des principes et cela plaisait beaucoup à Lynn.
Quand elle lui parla de ses débuts en tant qu’Auror, il sembla se perdre dans ses pensées et elle se mit à rire, pour cacher son trouble lorsqu’il répondit d’un air rêveur :

Oh oui, très impatient…

Quelque chose lui disait qu’il ne parlait pas que de son métier, mais elle n’avait pas suivi le fils de ses pensées et s’il y avait un sous-entendu, elle ne l’entendit pas.

Et il se mit à parler de sa vocation. Lynn le regarda et l’écouta parler avec une certaine fascination. Il était si passionné que cela se ressentait dans son discours enflammé.
Elle tiqua lorsqu’il glissa que cela faisait plus précisément sept ans qu’il était persuadé que c’était ce qu’il désirait mais entraînée par son enthousiasme elle n’osa pas poser de questions et se contenta de l’écouter. Elle se fit la réflexion qu’elle devait avoir le même air lorsqu’elle parlait d’enchantements et son sourire devint tendre alors qu’il exprimait son besoin d’action et de justice. Ses yeux brillaient et tout en lui respirait la confiance, la conviction. Lynn lui enviait cette facette de sa personnalité.
Lorsqu’il s’interrompit, l’air embarrassé de s’être laissé aller, son charme frappa soudain Lynn de plein fouet. Elle eut l'impression de le voir pour la première fois et le trouva incroyablement beau, désarmant d'honnêteté et de simplicité, alors qu’il se frottait l’arrière du crâne pour se donner contenance.

- Je comprends, murmura-t-elle, attendrie.

Se secouant intérieurement pour ne pas rester figée à le regarder comme une idiote, et ne voulant surtout pas se pencher sur ce qu'elle ressentait, elle sortit le présent qu'elle lui avait préparé.
Leurs doigts se frôlèrent lorsqu'elle lui tendit et elle fut soulagée qu'il soit entièrement concentré sur le contenu du paquet car il aurait probablement aperçu le trouble dans les yeux argenté de la jeune femme.
Il sembla sincèrement ravi et mit immédiatement l'amulette autour de son cou, la remerciant et louant les qualités du bijou.

- Je suis contente qu'il te plaise. Les gens sont beaucoup trop sûr d'eux lorsqu'il s'agit de sortilèges et ils ne font confiance qu'à leurs baguettes, mais il y a beaucoup d'autres formes de magies, il ne faut en négliger aucune.

Matthew plongea son regard dans le sien et sa demande la prit au dépourvu. Elle lui rendit son sourire, prête à lui répondre, mais il n'eut même pas le temps de terminer sa phrase que la serveuse les interrompait. Le garçon fronça les sourcils, aussi interloqué qu'elle par le comportement de la jeune femme et ils prirent tout deux le menu. A vrai dire, Lynn n'avait pas vraiment faim, mais elle voulait faire honneur à l'invitation du jeune homme et elle referma la carte dès qu'elle eu choisi un plat léger mais appétissant.
Quand son cavalier rappela la serveuse et que cette dernière se précipita vers lui, Lynn comprit enfin de quoi il retournait. Elle avait des vues sur Matthew !
Une bouffée tout à fait inattendue de jalousie envahit Lynn. Elle ne se souvenait pas avoir jamais ressenti quelque chose de semblable, comme si une bête féroce s'était réveillée dans ses entrailles. Une créature qui aurait voulu crier au scandale et envoyer paître la blonde un peu trop entreprenante avec SON Matthew.
Heureusement, presque immédiatement rassurée par le commentaire calme mais incisif du futur Auror, la sensation disparut comme elle était arrivée, laissant Lynn un peu sous le choc. Elle offrit un regard reconnaissant au jeune homme, amusée par sa réflexion sur le supplément politesse et s'empressa de passer sa commande. Il l'imita et la serveuse disparue comme par enchantement.

- Merci, tu n'étais pas obligé.

Elle but une nouvelle gorgée de champagne avant de déclarer :

- Pour en revenir à ta question, ça me ferait très plaisir que tu passes à la boutique… Il me reste beaucoup de travail avant de pouvoir ouvrir mais je suis optimiste. Morte de trouille, ajouta-t-elle en riant, mais optimiste.

Se sentant toujours engourdie par le regard qu'il posait sur elle, elle ajouta sans réfléchir :

- Le ministère n'est pas très loin, je pourrais peut-être te rendre ton invitation à déjeuner !

Si ça, ce n'était pas clairement lui proposer de se revoir, elle ne savait pas ce que c'était ! Mais qu'est-ce qui lui prenait ? Elle avait seulement accepté de venir pour tenir sa promesse ! Elle n'était pas censée prendre tant de plaisir à sa seule compagnie et encore moins lui proposer un autre rendez-vous alors même qu'ils n'avaient pas terminé le premier !

Mais quand il la regardait comme ça, elle perdait tout bon sens. Comment un simple regard pouvait lui faire un tel effet ? Elle ne pouvait pas perdre ses moyens juste parce qu'un garçon absolument craquant la regardait comme si elle était la chose la plus précieuse au monde, si ?
Ho par Merlin, si, bien sûr que si. Pourquoi pas ?
Combien de fois dans sa vie s'était-elle sentie aussi bien avec quelqu'un ? Depuis combien de temps n'avait-elle plus été acceptée et désirée de cette façon ?
Elle ne savait plus. Trop peu de fois, trop longtemps, probablement.

Ils continuèrent à papoter de tout et de rien et la serveuse revint très vite avec leurs plats.

- Bon appétit !

Entre deux bouchées, elle continua à lui poser toutes sortes de questions sur les choses qu'il aimait, plaisanta sur ses goûts douteux en matière de plat –elle était persuadée qu'une partie de du contenu de son assiette était encore vivante- découvrit de nouveaux points communs et d'autres traits de caractère qu'elle désirait ardemment apprendre à mieux connaître.
Alors qu'elle riait à une plaisanterie du jeune homme, Lynn se retrouva soudain aspergée d'eau glacée et se releva brusquement en poussant un petit cri de surprise. La serveuse, avec un regard satisfait et dans les mains la carafe d'eau qu'ils avaient demandés à moitié vide, prit un air désolé et eut un sourire faussement penaud :

- Ho, je suis vraiment désolée. J'ai trébuché.

La robe de Lynn était trempée. Matthew s'était levé lui aussi et essayait de limiter les dégâts avec sa serviette, grommelant contre la serveuse.

- Ce n'est rien, assura Lynn en fronçant les sourcils, agacée par la serveuse mais surtout troublée par la proximité de son compagnon, je vais aller sécher ça, ça ne me prendra qu'une minute, ne t'inquiète pas.

Alerté par la scène, le maître d'hôtel vint s'enquérir de la situation et s'excusa platement en assurant que le dessert leur serait offert. Après s'être assuré que la robe de Lynn ne serait pas tâchée, il entraîna la serveuse avec lui dans les cuisines.

- Décidemment… se mit à rire Lynn, bonne joueuse. Excuse-moi… je reviens tout de suite.

Elle s'empara de sa pochette et disparue dans les toilettes pour dames. Elle sortit sa baguette et s'occupa de sa robe avec un petit sort de séchage. Elle en profita pour se regarder dans le miroir et s'étonna presque de voir son reflet aux joues rosies lui sourire. Il lui faudrait plus qu'une serveuse un peu revêche pour lui gâcher la soirée, c'était certain. Elle devait admettre qu'elle passait un excellent moment.

Quand elle revint, un nouveau serveur, celui qui avait accueilli Lynn à son arrivé, était en train de débarrasser et promit qu’il revenait avec leurs desserts.

- Et voilà, elle est comme neuve ! Assura Lynn d’une voix enjouée en venant se rasseoir.

Matthew semblait sincèrement désolé de la tournure des évènements et elle ne pouvait pas le laisser se blâmer pour si peu.

- Je passe un excellent moment, vraiment. Surtout si on prend en compte à quel point j’étais anxieuse à l’idée de ce dîner. Avoua-t-elle sur le ton de la confidence, un sourire timide sur les lèvres.

Elle ne savait pas pourquoi elle lui faisait cet aveu. Peut-être pour qu’il ne doute pas de sa sincérité. Elle était contente d’être ici avec lui. L’angoisse qu’elle avait ressentie au début s’était envolée et il ne restait plus qu’une légère timidité à l’idée de ce rendez-vous galant.
Il était facile de discuter avec lui. S’il n’y avait pas eu le brutal et humide retour à la réalité un peu plus tôt, elle aurait complètement oublié où elle était, toute à son tête-à-tête avec l’ancien Serdaigle.