Londres, le 31 janvier 2000

Messieurs,

Après un mois d'activité, je me permets de vous adresser un premier bilan concernant les affaires chinoises. Vous trouverez ci-joint un état des comptes détaillé, arrondi au Gallion près.

Les fonds disponibles se montent à environ 20% des versements effectués courant janvier. Les dépenses ont été importantes :
-frais occasionnés par la corruption de fonctionnaires chinois : ils sont très gourmands et profitent de leur position pour exiger toujours plus. Je vous suggère respectueusement d'envisager d'autres moyens que l'argent pour les réduire au silence, si vous espérez tirer quelque bénéfice de l'affaire.

-achat d'elfes supplémentaires pour accroître la production, mais aussi pour assurer la sécurité des installations. Une troupe d'elfes a été formée pour défendre les entrepôts. Leur entraînement a représenté une dépense importante mais ils sont un atout essentiel pour notre tranquillité. Ils interviennent en complément des sortilèges de protection les plus complets, et d'une milice à votre solde, composée de sorciers triés sur le volet et dont un serment inviolable garantit la fidélité. Une attaque de la mafia chinoise a d'ailleurs été repoussée avec succès ; trois des assaillants ont été tués, et j'ai donné l'ordre, au cas où cela viendrait à se reproduire, d'essayer de faire des prisonniers et de s'en servir pour dissuader leurs compagnons de tenter quoi que ce soit contre nous.

Les ventes ont bien commencé, mais pourraient être bien plus importantes si nous disposions d'un meilleur réseau de revendeurs. J'envisage de me rendre sur place pour essayer d'étoffer ce réseau (j'ai proposé un budget pour ce déplacement, en annexe de l'état des comptes, et j'attends votre autorisation). Pour l'heure, nous sommes déficitaires, compte tenu des dépenses engagées, mais le mois de février s'annonce meilleur puisque l'achat et l'entraînement d'elfes ne seront plus à l'ordre du jour. Je vous suggère toutefois de consentir, ce mois-ci, un versement plus important qu'en janvier, de manière à renflouer la caisse et à constituer un fond de roulement.

Je me tiens, bien entendu, à votre entière disposition pour toute autre précision.

Respectueusement,

James Kirkby

Londres, le 02 février 2000

Bonjour,

Après lecture et analyse de votre dernière missive ainsi que des bilans divers reçus, nous, Mikhaïl E. Dmitriev et Hugh Murray, avons pris les décisions suivantes pour ce qui concerne le réseau des psychotropes. Sous réserve d'une contre-indication de Monsieur Mc Gregor, considérez ce courrier comme contenant les nouvelles instructions pour le mois à venir.

En premier lieu, pour ce qui est de l'état de la caisse commune, nous avons choisi d'investir en masse dans les activités, afin de pouvoir frapper vite et fort. Les dépenses devront donc être choisies pour paralyser la mafia locale, tout en assurant toujours la sécurité de nos installations. Le montant de la caisse de février s'élèvera à 150% de celle de janvier.

Par ailleurs, nous tenons à vous rappeler qu'une certaine partie de votre rémunération se fait à concurrence d'un pourcentage des bénéfices engrangés. N'ayant pas encore de bénéfices, vous ne recevrez dès lors pour ce mois-ci qu'une rétribution fixe de base.

Ensuite, la sécurité demeurant une priorité, nous suggérons de soumettre deux ou trois sorciers au sortilège de l'imperium. Par ce biais, nous pouvons accroître nos effectifs de défense. Un budget spécial de 3000 Gallions est également annexé pour le recrutement d'autres sorciers selon la méthode du serment inviolable.

En ce qui concerne votre mission en Chine, nous acceptons et ordonnons que vous vous y rendiez dans les plus brefs délais. Cependant, nous n'accordons qu'un budget de 200 Gallions, le reste de vos frais devant être prélevé sur votre rémunération.

Enfin, pour ce qui est de la corruption des fonctionnaires, nous avons élaboré une stratégie. L'objectif est d'obtenir le démantèlement des réseaux chinois par les autorités locales. Pour ce faire, vous procéderez à l'élimination de plusieurs fonctionnaires clefs, qui devront être remplacés par des hommes soumis au sortilège de l'imperium. Toutefois, vous veillerez à ce que des indices menant à la paralysie des réseaux chinois par la police soient laissés sur les lieux des crimes.

Vous profiterez de cette guerre intestine entre policiers et mafieux chinois pour frapper dans les réseaux et les déstructurer. Vous devrez donc éliminer des hommes dans la mafia et dans les autorités mais également en soumettre un certain nombre à l'imperium qui devront au final travailler pour nous. N'hésitez pas à semer la peur dans les autorités chinoises afin de les rendre plus complaisantes.

Pour terminer, nous avons conscience que le budget de février pourra lui aussi être déficitaire. Néanmoins, nous exigeons que celui de mars apporte les premiers bénéfices, sauf circonstances exceptionnelles, au vu des investissements consentis.

Nous vous souhaitons un succès dans vos missions et restons dans l'attente du prochain bilan.

Cordialement,

Hugh Murray et Mikhaïl E. Dmitriev

Londres, le 2 février 2000

Messieurs,

J'achève la lecture de votre lettre, et je me permets d'y apporter immédiatement une réponse.

Il ne vous aura pas échappé que j'ai dû, ce mois de janvier, arbitrer entre les dépenses, et que la sécurité a englouti une large partie des fonds disponibles. Des investissements productifs ont certes été réalisés, mais en nombre forcément limité. Par la suite, les dépenses de sécurité pourront être abaissées : il a fallu consentir une rémunération plus que correcte aux sorciers engagés pour susciter des vocations, mais nous pourrons, à l'avenir, les faire travailler pour beaucoup moins cher (en utilisant, au choix, l'Imperium, le sortilège de Confusion, le serment inviolable ou un mélange des trois). Pour cela, mon voyage en Chine (départ prévu le 4) est indispensable. J'ai pris bonne note de vos consignes à ce sujet ; à titre exceptionnel, en gage de bonne volonté, je consens à ce que ce déplacement ne soit pris en charge qu'à hauteur de 200 Gallions, le reste étant financé par une retenue sur ma rémunération de février (sous réserve que M. McGregor y souscrive). Cependant, vous comprendrez que, compte tenu des ordres que j'ai reçus, je demande à ce que me soient fournis quelques hommes de confiance (entre deux et quatre, selon leurs qualités de sorciers) qui pourront me seconder dans la réalisation de cette mission. À cette condition, je pourrai agir efficacement en Chine et ainsi espérer vous présenter, en mars, le budget bénéficiaire que vous attendez.

Bien à vous,

James Kirkby

Londres, le 3 février 2000

Bonjour,

Après mûres réflexions, nous consentons, Monsieur Dmitriev et moi-même, à vous envoyer des compagnons d'élite pour vous seconder dans votre tâche. Nous prendrons les coûts de leur voyage entièrement à notre charge, de sorte que vous n'aurez qu'à financer votre propre déplacement.

Vous aurez donc comme aides de camp Lev, le bras droit de Mikhaïl, et Piotr, pour ce qui est des hommes de Monsieur Dmitriev. Pour ma part, je vous enverrai mon second, Matthews, ainsi que Jacob, un de mes plus fidèles hommes de main (également chargé des missions d'élimination).

Ces quatre hommes formeront votre détachement. Tous les quatre vous rejoindront ce cinq février à la base chinoise principale aux alentours de dix heures. Je suis persuadé qu'à vous cinq, vous serez capable de mener à bien la tâche que nous vous avons confié.

Recevez toute notre confiance,

Hugh Murray et Mikhaïl E. Dmitriev

Londres, le 13 février 2000

Messieurs,

Retour de Chine, voici un bilan rapide de ce déplacement, que l'on peut scinder en deux phases :

-Sous la direction de M. Karkoff, les relations avec les autorités chinoises ont été profondément révisées à notre profit. La mort tragique de plusieurs responsables (mort imputable à la mafia locale, puisque des indices concordants ont été découverts, comme vous l'aviez ordonné) a incité leurs successeurs à plus de modestie. Nous pouvons ainsi réduire de manière très sensible le budget consacré à la corruption de ces gens.
Nous avons par ailleurs eu l'idée d'en finir pour de bon avec ces dépenses, en utilisant une méthode plus radicale (l'idée est à l'origine celle de M. Jacob) : l'un des plus hauts responsables nouvellement nommés est l'heureux papa d'un petit garçon, encore trop jeune pour être scolarisé. Il suffirait que l'enfant disparaisse quelques jours pour que son père consente à signer ce que l'on voudra, et nous garantisse une protection sans faille. Le projet, s'il vous intéresse, demande encore à être affiné.

-Sous ma direction, les contrats de travail des employés ont été renégociés. Grâce à divers moyens magiques de persuasion qu'il serait fastidieux de détailler, nous avons convaincu ces hommes de travailler pour le dixième de leur salaire de départ. Ils ont exigé de signer de nouveaux contrats, beaucoup plus avantageux pour nous, et sont extrêmement contents de leur situation. Pour être honnête, je me demande si je n'ai pas un peu forcé sur les charmes et les potions de désorientation. Quoi qu'il en soit, ils se sont engagés, par serment inviolable, à travailler quasiment gratuitement, et sont prêts à se faire couper en morceaux pour nous.

Vous trouverez en annexe un état des comptes de ce voyage. Comme convenu, les frais que j'ai engagés seront déduits de ma propre rémunération, c'est pourquoi ils n'apparaissent pas dans ce récapitulatif.
Je suis heureux de pouvoir vous annoncer, Messieurs, que j'espère pouvoir vous présenter, pour ce mois-ci, un budget équilibré, voire, si la chance continue de nous sourire, légèrement bénéficiaire.

Je vous prie de croire à mon profond dévouement.

James Kirkby

Londres, le 15 février 2000

Cher James,

Je ne peux que vous confier que nous avons été grandement satisfait à la lecture de votre dernière missive. Si d'aventures vous estimiez à nouveau qu'un voyage en Chine était nécessaire, soyez assuré que nous assurerions cette fois l'entière prise en charge des frais inhérents à votre mission.

Pour ce qui est de l'idée de M. Jacob, il est vrai qu'il serait souhaitable pour le jeune père que sa progéniture n'ait pas à subir de traitements désagréables... aussi, si ce responsable nous facilitait la tâche, je pense bien que son enfant pourrait lui être rendu en un seul morceau. Dans le cas contraire, maintenez donc le chérubin en vie, et faites parvenir au père ses doigts, un par un. Dans le futur, il ne faudra bien évidemment pas négliger d'entretenir notre présence dans son esprit en lui rappelant régulièrement l'attention que nous portons à la santé de son fils.

Ensuite, nous ne pouvons que vous féliciter pour les fruits de votre travail qui, j'en suis sûr, a permis à notre entreprise de faire un véritable bon en avant. Je pense donc qu'il est justifié, qu'en regard des résultats obtenus, vous receviez une prime pour le travail accompli en Chine.

Recevez mes plus vives félicitations,

Hugh Murray

Londres, 16 février 2000

A James Kirkby,

Cher James,

Je ne pourrais être plus satisfait à la lecture de votre dernier rapport qui coïncide en tout avec le compte-rendu que m’a fait Lev à son retour. Je suis d’ailleurs ravi de savoir que la collaboration entre vous et avec les autres personnes s’est déroulée sans anicroche. C’est toujours la partie la plus délicate d’une mission où divers intérêts sont combinés et constater que tout s’est déroulé à la perfection est rassurant pour la suite des opérations.
Je ne peux, en outre, que vous inciter à poursuivre l’idée de M. Jacob. Il est malheureux de devoir s’en prendre à un enfant et je préfèrerais savoir qu’il ne lui sera pas fait de mal tant que ce n’est pas nécessaire, mais si l’on en arrive à ses extrémités, je vous fais confiance pour gérer la situation en conséquence. Cependant, n’oubliez pas qu’on obtient bien plus sous la menace de torturer un proche que de le tuer. La douleur et les mutilations peuvent s’étirer aussi longtemps que nécessaire, la mort est ... parfois un peu trop définitive pour être utile en affaires.
Enfin, je me réjouis de savoir que vous avez réussi à renégocier les contrats de travail de manière à les rendre si profitables pour nous tous. Quant aux moyens utilisés, peu importe, après tout, comme dit le dicton : « La fin justifie les moyens », n’est-ce pas ?

En vous renouvelant mes plus sincères félicitations,

Très cordialement,

Mikhaïl Ev. Dmitriev

Londres, le 30 avril 2000

Messieurs,

Voici un nouveau bilan des affaires en Chine.

Comme promis, l'exercice de février a été très légèrement bénéficiaire (une petite centaine de Gallions seulement, mais au vu des résultats de janvier, c'était inespéré). Mars a permis de confirmer cette tendance, avec un bénéfice net de 472 Gallions. Vu la somme minime dont il était question, je me suis permis de ne pas procéder à un partage ; j'ai reversé ces bénéfices dans la cagnotte commune en attendant d'avoir une somme plus importante à partager. L'exercice d'avril, que je clôture aujourd'hui, fait apparaître un bénéfice net de 2917 Gallions. Il semble que les affaires démarrent enfin. Les bénéfices sont, pour l'heure, mineurs, car nous avons dû amortir les dépenses engagées, mais la tendance est lancée et ne peut que s'accentuer. J'ai donc procédé à un premier partage des bénéfices ; j'ai constitué trois parts de 1100 Gallions que je tiens à votre disposition. Il restera 188 Gallions, que je comptais reverser à la caisse commune. Si cet arrangement vous convient, je vous saurais gré de bien vouloir me le faire savoir en me retournant l'état des comptes ci-joint signé et revêtu de la mention « bon pour accord ». Je procéderai alors au versement sur vos comptes respectifs.

Pour le mois de mai, le bénéfice est estimé à environ 15000 Gallions. Nos efforts en matière de compression des coûts vont commencer à porter leurs fruits. Il faudra tout de même engager quelques dépenses supplémentaires pour continuer de tenir la concurrence hors d'état de nuire. Une attaque contre nos entrepôts a été repoussée par nos elfes, mais nous avons eu des pertes et il faut s'attendre à d'autres offensives. Je compte prélever environ 2000 Gallions le mois prochain pour remplacer les elfes morts et renforcer les défenses. Ayez la bonté de me faire savoir si vous approuvez cette dépense.

Je me tiens, bien entendu, à votre entière disposition pour de plus amples informations. Veuillez croire, Messieurs, à mon profond dévouement.

JK

Londres, le premier mai 2000

Cher James,

Je ne peux qu'exprimer mon contentement au vu de la progression rapide de notre entreprise. En effet, peu d'affaires peuvent devenir rentables après seulement quatre mois d'activité. Je tiens donc à vous faire savoir que vos compétences de gestionnaire sont plus qu'appréciées. Il est toutefois probable que j'effectue prochainement un déplacement en Chine, et ce afin de constater les faits de visu, de même que pour vérifier que tout se déroule aussi bien sur le terrain que sur papier.

Quant à l'état des comptes et les dépenses que vous estimez devoir engager, je ne peux que donner mon accord. Mieux vaut jouer la carte de la prudence, nous ne sommes pas en pays conquis. A ce titre, pensez-vous que si vous utilisiez les bénéfices combinés d'avril et mars pour de nouveaux investissements, cela permettrait-il d'accroître les potentiels bénéfices des mois à venir ? En effet, même si 1100 Gallions constituent une somme certaine, je suis persuadé que nous pouvons nous en passer si nous avons l'assurance que leur utilisation dopera la croissance de nos rentrées (et donc, par extension, de nos bénéfices). Je vous laisse donc maître de ce jugement : soit vous nous versez l'argent, soit vous le réinvestissez dans l'entreprise.

En ce qui concerne la situation sur le terrain, il est bon de savoir que nos défenses sont solides. Néanmoins, à terme, nous visons la destruction des réseaux concurrents ou leur intégration au nôtre. Quand croyez-vous que notre stratégie d'élimination des petits réseaux locaux (avant de s'attaquer aux gros) pourra réellement être active ? Des fonds supplémentaires, en vue d'éventuelles attaques sur les clans chinois, peuvent-ils être utiles ? Je tiens à souligner que, pour ma part, lorsque l'anéantissement des autres réseaux sera envisagé, une attaque de masse est préférable, quitte à devoir engager de plus grosses dépenses.

En attendant votre réponse avec grand intérêt, je vous remets à nouveau l'expression de mes félicitations et de ma confiance en votre travail.

Hugh Murray

Londres, le 14 mai 2000

Messieurs,

J'ai pris le temps de réfléchir aux diverses questions que vos courriers soulevaient, et d'établir quelques prévisions avant de vous répondre.
Selon nos informateurs locaux, les grosses organisations chinoises ne sont pas encore entrées en guerre contre nous. Pour l'heure, seules de petites mafias locales ont essayé de contrarier nos projets, mais leur capacité de nuisance est très faible par rapport à celle des organisations d'envergure nationale voire internationale – je pense à un clan de Shanghai, appelé « clan des Cinq Sœurs » qui peut facilement rivaliser en puissance avec nous.
Considérant que des organisations encore relativement peu puissantes nous ont déjà causé des dommages, et que notre prospérité ne peut que nous susciter de nouveaux rivaux, je serais d'avis de consacrer un effort massif à la défense. S'il s'agissait de mes biens personnels, je renoncerais provisoirement à engranger le moindre Gallion, et je réinvestirais tous les bénéfices pour protéger l'affaire. Nous devons absolument terrasser nos rivaux locaux ; ainsi, les organisations plus puissantes nous traiteront en égaux, et non en inférieurs, et nous ne pourrons qu'y gagner. Nous ne pourrons échapper à une négociation avec les Cinq Sœurs, mais nous devons l'aborder en position de force de manière à imposer nos conditions.
J'attends de nouvelles instructions de votre part.
Veuillez croire, Messieurs, à mon profond dévouement.

JK

Londres, le 16 mai 2000

James,

Hugh Murray

Saint-Pétersbourg, le 20 mai 2000

Cher James,

MED