L’Angleterre sous tutelle ?

Imaginez-vous un seul instant d’être dirigé par une autorité supérieure, sans avoir un mot à dire, comme un petit enfant désobéissant grondé par ses parents ? Bien évidemment, non. Pourtant, c’est le scénario qui menace l’Angleterre.

Hier, au sortir de la réunion de la Confédération Internationale des Mages et Sorciers (CIMS) qui se déroulait à Delhi sous l’égide du gouvernement indien, le porte-parole de la CIMS a annoncé qu’une mise sous tutelle de l’Angleterre était à l’étude. Après la manifestation estudiantine aux conséquences désastreuses en plein cœur du Londres moldu, la prestigieuse institution a décrété un sommet de crise pour régler ce que les officiels nomment déjà « la question britannique ». Le ministre, Kingsley Shacklebot s’y est rendu en compagnie du Sous-Secrétaire du Congrès (appartenant à son parti), l’autre Sous-Secrétaire, Margaret Bailey, ayant démissionné au lendemain de la manifestation. Il a tenu à défendre sa position auprès de la communauté magique internationale, en vain.

Différents chefs d’état ont notamment rappelé qu’un pays n’était pas autorisé à faire cavalier seul en matière de rapprochement entre les sorciers et moldus, au détriment du Code du Secret. Le ministre a souligné que le gouvernement n’avait cependant pas enfreint le Code légalement. L’argument a été balayé par les experts de la CIMS qui estiment que le gouvernement anglais porte une grande part de responsabilité en ayant, en quelque sorte, incité la population à organiser cette manifestation. La sévérité du gouvernement à l’égard des personnes arrêtées lors de la manifestation a également été remise en cause par plusieurs responsables. Le président chinois a notamment tonné qu’il « faut faire des exemples ».

Qui plus est, les solutions avancées par monsieur Shacklebot pour résoudre la crise politico-sociale qui sévit n’ont pas apporté d’assurances à la CIMS. En effet, depuis que Margaret Bailey a quitté le gouvernement, entraînant tout le Mouvement Centriste Raisonné (MCR) dans l’opposition, le gouvernement de Kingsley Shacklebot ne dispose plus de majorité au congrès, ce qui risque de poser problème pour l’approbation des solutions proposées par le ministre. Plusieurs membres du Congrès, venant de tous les partis, à l’exception notable du Rassemblement Moldu Sorcier (RMS), ont déjà réclamé la tête du ministre et l’organisation de nouvelles élections.

Quoi qu’il en soit, la tension est à son comble entre la communauté magique internationale et l’Angleterre. La CIMS a finalement adopté une motion selon laquelle l’Angleterre serait mise sous tutelle si elle ne présentait pas de solution crédible dans les deux semaines à venir. Plusieurs pays ont d’ores et déjà mis en garde la délégation du ministre, soulignant que si le gouvernement refusait de se soumettre à cette mise sous tutelle, des sanctions d’ordre diplomatique et économique seraient envisagées. La crise qui frappe le pays ne risque en tout cas pas de se résorber dans les jours prochains (lire notre dossier spécial en page 3).

Trop de pression à la Justice Magique

Mark Benson, le directeur du Département de la Justice Magique et Président-sorcier du Magenmagot, et son épouse, Ophelia Benson, directrice du Bureau des Aurors, ont annoncé hier soir, conjointement, leurs démissions.

"La situation politique actuelle nuit grandement à notre vie de famille. Nous n'avons plus de temps pour nous, et pour nous occuper de nos enfants." déclare Mark Benson, les traits tirés. Rappelons que sa femme et lui sont parents de jumeaux, âgés de seulement quelques mois. "Nous avons donc décidé de nous retirer, de nous installer en Grèce, pour nous rapprocher de la famille d'Ophelia. Là-bas, nous pourrons élever nos bébés loin de toute cette pression."

Si beaucoup comprennent cette décision, d'autres pointent la lâcheté du couple, qui quitte le navire en pleine tempête. Mark Benson, qui travaille au Ministère depuis 1984, occupait ses fonctions depuis 1998 et la nomination de Kingsley Shacklebolt au poste de Premier Ministre. Ophelia Benson, elle, a pris la tête du Bureau des Aurors au même moment. "Nous appelons la population sorcière au calme et à la réflexion : il faut absolument trouver une solution pacifique, que le gouvernement puisse travailler dans de bonnes conditions. Le Ministre a besoin de tout le monde pour maintenir le navire à flots." conclut M. Benson.

Leurs postes désormais vacants devront rapidement trouver preneurs. Aucun nom n'est pour l'instant avancé.

Elections anticipées en mai

Les observateurs avertis diront que cela était prévisible. Il n’empêche. Les nouvelles suivantes vont surement en faire bondir plus d’un dans leur fauteuil et certains grimperont même aux rideaux. En une phrase, c’est hier que l’on a appris de la part du ministère la démission de Kingsley Shacklebot, ministre de la magie, et, conjointement, l’organisation de nouvelles élections.

Les deux dernières semaines ont donné lieu à quantités de débats au Congrès, dans le but de réussir à obtenir un accord pour éviter la mise sous tutelle de l’Angleterre. Malheureusement (ou heureusement selon le point de vue), le ministre ne disposant plus de la majorité à l’assemblée n’a pas pu faire passer ses solutions. Même le Rassemblement Moldus Sorciers (RMS) a refusé les solutions avancées par le cabinet du ministre. Face à l’impossibilité de conclure un accord pour proposer des mesures concrètes pour endiguer la folie qui a mené à la récente manifestation de Trafalgar square, la menace de la mise sous tutelle devenait plus présente que jamais. L’opposition, constituée du Mouvement Centriste Raisonné (MCR), de l’Actuelle Vague Conservatrice (AVC) et de l’Alliance Traditionnelle Protectrice (ATP) a réclamé l’organisation de nouvelles élections. Le RMS, quant à lui, a s’est abstenu, estimant « que monsieur Shaklebot pourrait continuer à mener le gouvernement si des solutions raisonnables étaient mises sur la table ».

Face à cela, Kingsley Shacklebot a annoncé sa démission dans une allocution publique. « Les représentants du peuple sorcier ont exprimé aujourd’hui leur volonté d’avoir une nouvelle ligne politique à la tête du pays. En tant que ministre de la magie, j’annonce, en regard de ce vote, l’organisation de nouvelles élections qui se tiendront à la mi-mai. A l’issue de celles-ci, en fonction de la recomposition du Congrès et des demandes de la communauté sorcière, un nouveau ministre de la magie sera élu. La Confédération Internationale des Mages et Sorciers (CIMS, Ndlr) a fait part de son accord avec cette solution. Une mise sous tutelle est donc, fort heureusement, à exclure pour l’Angleterre. Ensuite, en tant qu’homme, je ne peux définir quel sera mon engagement pour la communauté sorcière à l’avenir. Néanmoins, il est possible que mon engagement politique cède la place à un engagement de terrain, à la tête du bureau des aurors qui a besoin d’un nouveau patron. Jusqu’aux nouvelles élections, le gouvernement sera en affaires courantes et aucune grande décision ne sera prise. Je souhaite enfin remercier la population pour la confiance qu’elle a mise en moi et mon parti durant ma législature et j’espère que chacun saura, le moment venu, faire le bon choix. »

Les différents leaders de partis ont d’ores et déjà donné de la voix, annonçant une multitude de meetings électoraux et de réunions d’information (voir l’agenda en page 4) ainsi qu’en commentant la décision prise au congrès.

Alastair Richardson a appelé la population « à voter en masse pour l’AVC » en soulignant que « si la menace d’une mise sous tutelle est provisoirement écartée, elle reviendra immédiatement si un parti fort ne peut proposer de solutions convaincantes et les appliquer ». Secretus Sternharsh, dans un discours virulent, a « fermement condamné » les tentatives passées du ministère de se rapprocher des moldus, en disant que « la population magique a, aujourd’hui plus que jamais, besoin d’une isolation du monde moldu car son vrai destin est de vivre sans se lier à ces gens qui ne partagent rien avec elle ». Margaret Bailey, dans une position précaire à cause de sa trop récente démission, a déclaré que « les objectifs doivent être recentrés en se rapprochant des moldus tout en conservant la sécurité nécessaire du Code du Secret, pilier fondateur de la politique ». Rosetta Gatherite (du RMS) a, quant à elle, demandé aux électeurs « de ne pas se braquer après la récente manifestation ». Selon elle, « la politique d’ouverture doit être encadrée de manière plus convaincante par le ministère et une action internationale doit être menée ». Elle a enfin souligné que « la première action que je ferais si j’étais élue serait d’adresser une demande de révision en profondeur du Code du Secret à la CIMS ».

Si les discours de l’AVC et du MCR recueillent tout les deux les faveurs de la population, le Parti d’Ouverture (PO), tombé en disgrâce avec la chute de Kingsley Shacklebot, n’a guère de chance de réussir à crédibiliser son image. La perte d’un chef aux allures de héros risque fort de coûter au parti beaucoup de voix et le reléguer à un rang de moindre importance. Les premiers sondages effectués donneraient une situation ainsi : l’AVC et surtout Alastair Richardson seraient favoris, suivis de loin par le MCR. En queue de peloton, le PO, l’ATP et le RMS n’arriveraient guère à proposer un programme capable de rassembler les électeurs. Toutefois, la situation peut beaucoup évoluer d’ici les élections, surtout en cette période de crise sévère et gravissime. Une chose est cependant sûre : dans un mois, l’Angleterre choisira la bifurcation qu’elle fera prendre à son destin.

L’affaire de la manifestation est jugée

Après plusieurs semaines d’intense activité au département de la justice magique, les étudiants, arrêtés durant la manifestation qui s’est déroulée en plein centre de Londres ce mois-ci, ont été jugés par le Magenmagot au complet. La justice magique a eu fort à faire pour démêler le vrai du faux dans les différents témoignages afin d’établir les responsabilités de chacune des personnes inculpées. Il ressort de ce jugement une sévérité peu commune, que certains attribuent à l’action des observateurs de la Confédération Internationale des Mages et Sorciers (CIMS) qui ont assisté à l’ensemble du procès.

L’organisatrice de la manifestation suicidaire, Elena Pinkstone, écope d’une lourde peine de sept ans d’emprisonnement pour incitation et mise en danger du Code du Secret, actions de sabotage et organisation d’un événement festif d’envergure sans l’autorisation du ministère. Une pétition menée par Carlotta Pinkstone en collaboration avec le RMS (Rassemblement Moldus Sorcier, Ndlr) a été adressée au ministère en demandant sa libération.

Deux de ses complices, Jenny Collins et Valentina Hearts, ont été accusées de vol d’une licorne avec effraction au Magizoo de Londres, de mauvais traitement animalier, de mise en danger du Code du Secret et participation à un événement festif non autorisé. Elles ont été condamnées à trois mois de prison ferme et à des travaux d'intérêt général pour réparer les tords causés.

Gregory Malone, participant non désiré à la manifestation, a été sévèrement jugé. Le Magenmagot a choisi de retenir contre lui les charges de mise en danger du Code du Secret, agression de moldus et sorciers, conduite sans permis de tapis volant, tapage diurne, utilisation dangereuse de produits de farces et attrapes, métamorphose de moldus non consentants et mise en danger de personnes par actions de sabotage. Le jury l’a condamné à 6 mois de prison ferme et sept ans avec sursis.

Par ailleurs, Lavande Brown, participante à la manifestation arrêtée par les aurors, a reçu une amende de 500 Gallions. En effet, si elle a participé à la manifestation dans le but de révéler la magie aux moldus, son attitude a changé tandis qu’elle essayait de « limiter la casse », pour reprendre l’expression du président du tribunal.

Enfin, Anne-Charlotte Doeringer n’a pas été inquiétée et a servi de témoin durant le procès. On notera que les accusés n’ont pas réussi à produire de témoins en leur faveur. En effet, les témoins potentiels risquaient, pour la plupart, d’être poursuivis par la justice. Le tribunal a souligné que les condamnations étaient sans appel, étant donné que l’ensemble du Magenmagot a jugé l’affaire sous la direction de Mark Benson. Ce sera la dernière action du directeur du Département de la Justice Magique et Président-sorcier du Magenmagot qui a récemment annoncé sa démisison.

Toutefois, outre les sanctions directes à l'encontre des étudiants impliqués dans la manifestation, celle-ci a eu une autre conséquence de première importance sur l’Angleterre. Le conseil d’administration de l’UMA a en effet décidé de fermer l’université, suite à la demande insistante du congrès. En effet, lors de l’enquête menée sur la manifestation, il est apparu que le laxisme patent de l’établissement incitait les jeunes sorciers à outrepasser leurs droits. Alors que ceux-ci méritent un encadrement correctement géré, le conseil d’administration a constaté que les autorités de l’université n’exerçaient plus aucun contrôle sur les étudiants. Lorsqu’il a été démontré que ceux-ci avaient organisé la manifestation dans l’UMA, en publiant même des affiches dans les bâtiments scolaires, la résolution a été prise.

A l’heure actuelle, rien n’indique que l’université devrait rouvrir prochainement. Nul doute que le nouveau ministre de la magie souhaitera exercer un certain contrôle sur l’université et, à ce titre, il faudra attendre les élections pour qu’une réforme puisse être entreprise. Cependant, le conseil d’administration de l’UMA a indiqué dans un communiqué que « l’éducation supérieure des jeunes sorciers et sorcières est une priorité absolue ». Dès lors, « en collaboration avec le ministère, les responsable de l’université débattent actuellement des conditions d'une éventuelle réouverture, impliquant une refonte complète de l'université selon le modèle international mais pour l'instant il n'est pas du tout certain que l'université réouvre ses portes pour la rentrée de Septembre. Pour conclure, un membre important du congrès a commenté : « des erreurs ont certainement été commises, certes, mais elles seront redressées ».