Jeudi 17 février. Le calendrier avait été drôlement arrangé, et du coup, les étudiants avaient une semaine et demi de vacances, à compter de ce jour, et jusqu'au dimanche de la semaine suivante. C'était plutôt peu courant, mais finalement, personne n'allait s'en plaindre. Et surtout pas Kael, qui avait la particularité, aujourd'hui, de fêter son anniversaire ! Vingt ans ! La veille au soir, il était rentré chez ses parents, qui vivaient sur Grosvenor Square, à proximité d'Hyde Park. Lorsqu'il était entré à l'UMA, sa mère avait souhaité qu'il reste chez eux, parce que l'Université était à Londres, et il était donc illogique de payer pour une chambre alors qu'il avait un logement gratuit à proximité. Mais Kael avait insisté, et Erwan, son parrain, avait annoncé qu'il était prêt à participer aux frais, et il avait su convaincre sa belle-sœur. Du coup, cette dernière était particulièrement enthousiaste à chaque fois que son fils unique rentrait à la maison. Loïc, son mari, avait beau lui répéter que Kaelir n'était plus un enfant, elle était une mère, après tout. En ce jour particulier, elle avait fermé son salon de coiffure, spécialement pour pouvoir préparer l'événement comme il se devait. Monsieur, lui, travaillait, et rentrerait en début de soirée.

La première chose que le Celte avait demandé à ses parents, c'est si Lavande pouvait passer les vacances ici. Ils se souvenaient d'elle, bien sûr, mais ne l'avaient pas vu depuis leur première relation, à Poudlard. Ils avaient été surpris quand leur fils leur avait appris la nouvelle, mais Anaelle s'était montrée ravie, car elle avait gardé un excellent souvenir de la jeune fille. Ils avaient donc accepté, et Lavande était censée arriver en fin d'après-midi. Ainsi, leurs vacances ensemble allaient commencer par l'anniversaire. Elle lui ferait sans aucun doute un cadeau, mais pour lui, rien que sa présence aurait suffi. Il ne savait pas encore ce qu'ils feraient pendant ces quelques jours ensemble, mais ils sauraient bien improviser de toute façon. Ce que Kael espérait, c'est que sa mère ne serait pas trop envahissante. Même si elle croirait bien faire, eux avaient aussi besoin d'intimité.

Ce matin-là, bien décidé à se lever tard, le Celte fut pourtant réveillé vers 11h. Ses rêves l'avait envoyé quelque part dans les nuages, dans une cité mystique en verre, en cristal, où des êtres d'une grande beauté passaient leur temps à chanter. Et puis il avait vu Harry Potter débarquer, annonçant que Lord Vortex arrivait et menaçait de détruire la ville. Les beaux habitants s'étaient alors transformés en Mangemorts et avaient attaqué le Survivant. Mais un immense phénix était apparu et avait fait disparaître les ennemis. Dumbledore, vêtu d'une chemise hawaïenne, d'un short et de claquettes était ensuite arrivé à son tour, en applaudissant. Il avait annoncé qu'il était temps d'aller à la plage, et le décor avait changé, et tous s'étaient retrouvés au bord de la mer. Et puis, le soleil avait violemment éclairé la scène...

"Debout, fainéant."
"Mmmmm..."

Entrouvrant légèrement un œil, Kael vit que ce fameux soleil était le vrai soleil, et que l'ouverture des volets lui avait permis d'entrer de manière agressive dans la pièce. La victime se fourra la tête sous la couette. Et sa voix étouffée se fit entendre.

"Mman... pourquoi tu me réveeeeilles..."

Le Celte sentit alors, son matelas s'affaisser légèrement, là où sa mère venait de s'asseoir. Il resserra sa prise sur sa cachette de fortune, bien décidé à ne pas en sortir avant plusieurs minutes.

"C'est un jour spécial."

Les quelques mots mirent du temps avant d'atteindre la zone du cerveau à même de les analyser convenablement. Et lorsqu'ils y furent parvenus, Kael comprit. Anniversaire ! Il voulut se redresser, mais ça irait à l'encontre de ce qu'il venait de décider. Et puis, il n'allait certainement pas se montrer dans cette tenue. Ayant la particularité, lorsqu'il était chez ses parents, de dormir en tenue d'Adam, il y avait quand même des précautions à prendre. Il sentit alors qu'une main agrippait le sommet de sa couette.

"Naaaaaan... Laaaaisse... J'arrive, j'arrive..."

Puis il sentit que sa mère se levait. Il attendit un moment avant de finalement oser sortir un œil. Il allait d'abord falloir s'habituer à la violence de la lumière. Sûr qu'il était de nouveau seul dans sa chambre, il se couvrit les yeux avec son bras et se leva, pour s'approcher de la fenêtre. Le processus durant une bonne minutes, mais finalement, il fut capable de les garder ouverts. Il chercha un caleçon et un t-shirt, et il rejoignit sa mère dans la cuisine. Elle l'embrassa, lui fêta son anniversaire, et il vit qu'elle était déjà en train de s'occuper du repas spécial du soir...

Vers 18h, on sonna à la porte d'entrée. Kael affalé devant la télé, récupérait du ménage auquel il avait participé tout l'après-midi. Tu parles de vacances... Il se leva d'un bond et alla ouvrir. Sur le palier, le deuxième soleil de sa journée. Sans même l'avoir invitée à entrer, Kael prit Lavande dans ses bras, avant de l'embrasser. Ils ne s'étaient pas quittés depuis longtemps, mais c'était quand même trop long. Finalement, il la lâcha, prit ses bagages et entra après elle. Anaelle vint à la rencontre de la jeune fille.

"Bonsoir, Lavande ! Ca faisait longtemps ! C'est un plaisir de te revoir ! Tu es devenue une très belle jeune femme."

Derrière Lavande, son fils lui adressa un regard de reproche. Elle en faisait vraiment trop ! Les salutations terminées, Kael passa devant, direction sa chambre. Par rapport à la dernière fois où elle était venue, Lavande ne verrait pas beaucoup de différence. C'était une pièce principalement décorée "à la moldue". Mais surtout, il y avait une photo du couple posée sur la commode, dans un cadre.

"Voilà ! Tu as fait bon voyage ?" demanda-t-il alors, débarrassé des bagages, en la prenant par la taille.

Ils avaient du temps pour eux avant le dîner, autant en profiter...

Kael accueillit avec grand plaisir l'aperçu de ce qu'il allait avoir pendant ces vacances. Il rendit le baiser avec passion et, dans le mouvement, accompagna Lavande jusque sur son lit. Lorsque leurs lèvres se séparèrent, il la regarda dans les yeux, depuis sa position supérieure, avant de s'étendre à ses côtés. Il avait posé la valise sans même s'en rendre compte, et ce n'est qu'après que la question qu'elle avait posée fut assimilée par le Celte. Mais vu ce qui venait de se passer, y répondre n'avait plus grand utilité, de toute manière. Parce que tout ce qu'elle venait de raconter, sur son armoire et les sorts sans-fond, c'était typiquement le genre de choses sur lesquels elle pouvait digresser, et il l'avait déjà entendue sur le sujet.

"Tu sais, une armoire entière, c'est un peu trop, on ne va pas passer un mois ensemble... on verra ça pour les grandes vacances."

Ils n'en avaient pas encore parlé, et il ne savait d'ailleurs pas pourquoi il y était venu. Mais au moins, la question était sur la table. Puisqu'ils ne pouvaient pas être ensemble dans une chambre à l'UMA, autant en profiter quand ils n'y étaient pas. D'ailleurs, Kael s'était demandé ce que coûterait un petit appartement, un simple deux-pièces, qu'ils pourraient avoir à deux... Ça ne coûterait pas forcément plus cher que les sommes conjuguées qu'ils dépensaient pour dormir sur le campus... Il devait bien y avoir quelque part dans Londres un endroit sympathique pour deux... d'autant qu'avec la magie, il était aisé de corriger tous les défauts de certains biens immobiliers...

Pour son anniversaire, le Celte s'était demandé ce que Lavande pouvait bien lui avoir dégoté. L'avantage, mais aussi l'inconvénient, selon les points de vue, c'est qu'elle avait deux événements à la suite où offrir quelque chose était de rigueur. Parce qu'il y avait aussi eu la Saint-Valentin. Et pour le coup, ils avaient tous les deux eu des idées qui collaient. Grâce à un cousin, Lavande avait opté pour une nuit dans une luxueuse chambre d'hôtel. Kael, lui, sans qu'il y ait eu concertation, avait pensé à un restaurant chic. Du coup, ils avaient enchaîné les deux et passé une superbe soirée en amoureux.

"J'ai pas vraiment de programme pour les vacances, t'as pensé à quelque chose, toi ?"

Machinalement, la main du Celte se posa sur le ventre de Lavande. Il aurait même pu soulever son haut pour toucher directement la peau, mais ce genre de comportement avait des chances de dégénérer. On n'allait tout de même pas gâcher aussi vite le plaisir, non ? Ses pensées s'attardèrent un moment sur le repas du soir... Déjà que c'était un événement spécial, sa mère allait probablement faire encore mieux que prévu puisqu'ils avaient une invitée. La cuisine britannique nécessitant qu'on y prenne goût, Anaelle avait su profiter de son mariage pour élargir sa palette gastronomique, et la cuisine française était devenue une de ses spécialités. Donc, pas vraiment d'inquiétude, en fait, de ce côté-là.

Un autre sujet de conversation survint dans l'esprit du Celte. Quelque chose envers quoi il ne s'était lui-même pas engagé, bien qu'il soutenait le projet, et qui avait été largement communiqué par le biais d'affiches. Ce qu'il espérait, c'est qu'il n'y aurait aucune conséquence fâcheuse, les Pinkstone s'étant faites une réputation assez peu reluisante dans les milieux politiques. L'idée d'une manifestation, pourquoi pas, mais il fallait être prudent, parce qu'on ne savait pas comment les Moldus pouvaient réagir. Et c'était aussi l'occasion pour les casseurs de s'en donner à cœur joie, qu'ils soient Sorciers ou non...

"Au fait, l'événement d'Elena, ça se présente bien ? J'espère qu'elle a tout prévu pour que ça se passe dans le calme..."

Malgré lui, il avait partagé son inquiétude. Mais ce qu'il savait, c'est que Lavande s'empresserait de le rassurer. Même si elle-même n'était pas sûre d'elle, elle faisait toujours en sorte que ça ne se voit pas quand elle avait des projets à mener. Le Celte s'étendit sur le dos, fixant le plafond. Autour du lustre et ses quatre ampoules pendaient des oiseaux accrochés à des ficelles. Lorsqu'ils étaient activés par magie, ils émettaient un fond sonore digne d'une promenade en forêt...

Lorsque Kael évoqua les grandes vacances, sans vraiment s’appesantir sur le sujet, la réaction fut... surprenante. Lavande, par moments, avait un petit côté "cliché de fille" qui ressortait. Heureusement qu'elle n'était pas comme ça tout le temps, même si elle avait déjà eu sa période, notamment pendant cette année, la Sixième, pour être précis, qui l'avait mise en couple avec... comment le surnommait-elle, déjà ? Ah, oui. Ron-Ron. Depuis, elle s'était calmé sur les petits cris, les rires et tout ce genre de chose qui peut vite devenir agaçant. Mais là, pour le coup, elle ne put retenir une exclamation un peu aiguë et pleine d'enthousiasme. Sans même avoir exposé quoique ce soit des plans qu'il aurait éventuellement pu envisager, elle enchaînait déjà, juste avec ce petit cri.

Alors comme ça, il fallait choisir entre passer un mois avec les cousins ou passer une semaine avec Alan et Tomas. Voyons voir... Du peu que le Celte savait des jumeaux, l'option les concernant n'était probablement pas la meilleure. Quant à l'autre possibilité, elle avait au moins un avantage : Kael connaissait ses deux camarades, surtout Alan, son adversaire attitré en activités aquatiques. Il n'avait pas encore eu l'occasion d'avoir une vraie discussion approfondie avec Tomas, encore, mais ça viendrait probablement. D'ailleurs, cette semaine-là, dans la ferme Brown, pouvait être le moment idéal pour qu'ils deviennent une vraie bande d'inséparables vacanciers. N'ayant pas besoin de beaucoup plus de réflexion, il parla :

"Si tes parents sont d'accord, bien sûr que je viens chez toi ! Pour les grandes vacances, c'est quand même mieux qu'ici... et puis, avec Alan et Tomas, ça va être génial !"

Tous deux passèrent ensuite leur réflexions sur un autre moment. Le thème était le même : programme de vacances, sauf qu'on était cette fois revenus au présent. Londres offrait pas mal de possibilités, ils pouvaient bien faire un peu de tourisme parmi les Moldus. D'accord, Kael connaissait bien la ville, maintenant, mais il y avait des endroits suffisamment agréables pour qu'on y retourne plusieurs fois. Les quelques parcs, par exemple, quand il faisait beau -peu importait les températures, de toute manière. Et puis, il y avait le Chemin de Traverse, ou d'autres endroits du Monde magique... Mais le Celte interrompit leurs pensées, pour parler de l'événement qui se préparait. Elena Pinkstone, fervente disciple d'une harmonie entre Moldus et Sorciers, allait montrer à l'Angleterre que la magie existait.

Pas d'inquiétude, donc... Pourtant, Kael ne pouvait s'empêcher de penser que ça allait forcément mal tourner. Si beaucoup étaient prêts à croire aux Sorciers, d'autres s'y refuseraient. L'homme est trop rationnel par nature pour croire aussi facilement, aussi brusquement... Et pour Lavande, le problème était ailleurs. Le problème était le mot "moldu" lui-même. Parce que les Moldus ne pouvaient comprendre que ce mot les désignait, et qu'il n'avait aucune connotation péjorative. En effet, c'était un problème mineur, comparé à ce qui pouvait se passer... L'ancien Poufsouffle eut un petit soupir.

"Si tu le dis... Nous verrons bien."

Tournant sur lui-même, il se mit sur le ventre, et son visage arriva juste au-dessus de celui de sa petite amie. Il lui déposa un petit baiser sur le front, lui mordit délicatement le bout du nez, et l'embrassa. Brièvement. Non, ils n'allaient pas se lancer maintenant... D'ailleurs, on toqua à la porte. Kael sursauta et se retrouva en position assise. Son regard trouva le réveil, et il constata qu'on était dans les heures de retour de son père. Ca devait donc être lui.

"Oui ?"

La porte s'ouvrit, et Loïc apparut dans l'encadrement. Son fils se leva pour aller l'embrasser.

"Bon anniversaire. Vingt ans !"

Kael se recula et désigna sa petite amie, derrière.

"Tu te souviens de Lavande ?"
"Bien sûr ! Ca faisait longtemps, c'est un plaisir de te revoir."

Et Loïc d'embrasser Lavande à son tour. Si cette dernière croyait avoir besoin de convaincre de nouveau les parents du Celte, elle devait être bien déçue... Certes, il leur avait parlé de la rupture, à l'époque, mais ça faisait tellement longtemps. Après ça, il sortit de la chambre en refermant derrière lui. Kael prit alors Lavande par les hanches.

"Tu vois, ils ont vraiment gardé un bon souvenir de toi, non ?"

Et ça le fit rire. Il en fallait peu, mais il avait senti qu'elle avait certaine appréhension. Pourtant, chez les Gammach, on ne connaissait pas la rancune. Ou alors, il fallait qu'elle soit ancestrale, quelque chose dans ce goût-là.

Lavande, finalement, put se détendre complètement. Elle avait coup sur coup passé les épreuves "maman" puis "papa". Bien sûr, les parents de Kael savaient qu'ils avaient été ensemble avant de se séparer, mais; non seulement ça remontait à quelques années, mais surtout, leur fils ne s'était jamais trop attardé sur les circonstances. Donc, ce qu'Anaelle et Loïc savaient, c'est que leur histoire s'était terminée. Il n'y avait donc aucune raison pour qu'ils en veuillent à Lavande. Et même s'ils avaient eu tous les tenants et les aboutissants, pourquoi est-ce que cela aurait été différent ? C'était au début de Poudlard, ils étaient encore dans leurs petites romances d'adolescents, loin des véritables enjeux de l'amour et tout le toutim. Aussi, toute cette inquiétude n'avait pas lieu d'être. Mais on ne pouvait pas en vouloir à Lavande non plus pour ça, parce qu'elle s'était toujours trouvée confrontée au regard et à l'avis des autres, et y avait attaché beaucoup d'importance. Mais plus aujourd'hui. Et maintenant qu'elle était rassurée, elle n'avait plus intérêt à remettre la question sur le tapis !

Pire comme défaut, oui. Elle termina par un petit sourire, qui montrait bien qu'on pouvait sans souci passer à autre chose. Ce qu'elle fit, en prenant la main de son petit ami pour lui déposer ensuite un baiser sur la joue. Après ça, elle sembla décider quelque chose, et ce quelque chose, elle le mit sans attendre en route, en se dirigeant vers sa valise. Elle farfouilla un peu et en sortit un objet, probablement ce qu'elle cherchait au départ. Kael, lui, ne bougea pas du milieu de la chambre, et la regarda faire tout du long. Enfin, elle pivota vers lui pour lui faire de nouveau face, et elle s'approcha avec un paquet entre les mains. Ah, elle avait finalement craqué, il fallait qu'elle offre le cadeau maintenant ! C'était tout elle. Entre l'impatience et le fait qu'elle préférait éviter de faire ça devant d'autres gens, c'était Lavande toute crachée. En plus, elle prouva immédiatement qu'il avait vu juste en disant exactement ce qu'il pensait. Et en ajoutant la petite phrase qu'il pressentait également, celle du "on peut changer si ça te plaît pas", qui en général, n'était qu'une précaution inutile.

"Quoi que ce soit, de toute façon, ça vient de toi. Alors..."

Il haussa les épaules, à elle de l'interpréter comme elle voulait -sachant que c'était bien entendu ironique- et prit le paquet avant de l'examiner. C'était assez petit. C'était... non, il commença à défaire le papier, sans trop le déchirer, tomba sur un autre emballage, qu'il ôta avec autant de soin, et finalement, après avoir laissé le superficiel tomber au sol, il n'eut plus en main que le bijou. C'était un bracelet qui mêlait le cuir, noir, et... était-ce de l'argent ? de l'or blanc ? bref, un métal précieux. Et en petit, mais d'une belle écriture manuscrite, il y avait les initiales, K.G. Kael le regarda à la lumière, le retourna, le mit à son poignet droit, le regarda encore, et constata que ça allait très bien. L'avantage en plus, c'est que c'était suffisamment serré pour ne pas se balader, et pas trop non plus, pour ne pas lui couper la circulation du sang. Au pire, il aurait usé de magie, mais même pas.

"C'est parfait. On dirait qu'il a été fait pour moi."

Il l'admira encore un peu, ignorant volontairement Lavande ( ), alla même jusqu'à se regarder avec dans le miroir, et puis... il se planta devant elle. Délicatement, il lui prit le visage entre ses mains, et leurs lèvres se rencontrèrent, dans ce qui fut probablement le plus passionné de leurs baisers depuis longtemps. L'une des mains glissa d'ailleurs sur la gorge, l'épaule, le bras, la hanche, la fesse... et il finit par rompre le contact pour la regarder droit dans les yeux.

"Merci mon cœur."

Ce fut tout, avant un nouveau baiser. Quelques secondes après, on toqua à la porte. Anaelle. Ils allaient boire le Champagne avant de dîner. Histoire de fêter ça comme il se devait.

*
* *

Il était bien vingt-deux heures quand le repas se termina. Si à son poignet droit, le Celte avait pu montrer le bracelet, au gauche, il y avait une nouvelle montre, un objet moldu légèrement modifié par Erwan, le parrain de Kael, qui avait d'ailleurs passé la soirée avec eux. Lui avait plus de souvenirs de Lavande, et il avait multiplié les petites phrases, les bons mots, les boutades, tout ça pour animer la soirée et faire que l'atmosphère soit le plus détendu possible. Et puis, chacun avait rejoint ses pénates. La première chose que fit le Celte en rentrant dans sa chambre, ce fut de se mettre torse nu. Il retira ensuite sa montre, qu'il laissa sur sa table de nuit, et il s'étendit sur le dos, sur son lit.

"Ouh, j'ai peut-être bu un peu trop de Champagne, moi !" s'exclama-t-il.

Ca ne tournait pas particulièrement, mais il se sentait à la fois joyeux et bien éveillé. Une recette plutôt pas mal, si on considérait que la soirée n'était pas tout à fait terminée...

[HJ J'ai fait une ellipse, autant sauter le repas, tout s'est bien passé ]

Comment mieux finir cette soirée qu'à deux, seuls, dans la chambre ? La particularité du grand appartement des Gammach, c'est que les chambres des parents et de leur fils n'étaient pas mitoyennes, il y avait une salle de bain entre les deux, et les murs étaient assez épais, bref, il était extrêmement rare de pouvoir faire du bruit dans une de ces pièces et d'être entendu. Bien sûr, il y avait des exceptions, comme par exemple, VOULOIR le faire. Mais là, on passe à autre chose. Non, l'appartement était parfait pour que chacun puisse rester dans son intimité. Et même si Erwan allait passer la nuit là, il avait probablement un peu trop abusé du Champagne, du vin et du digestif pour être conscient de quoi que ce soit. Il n'était pas tellement fêtard, mais quand il y avait des occasions, il en profitait. Son filleul aussi, d'ailleurs, en général. Sauf que là, il s'était un peu réservé, tout simplement parce qu'il était chez ses parents... Et puis, ça n'aurait pas été terrible pour Lavande s'il s'était écrasé comme une masse sur le lit en entrant, pour se mettre à ronfler dans la minute. Non.

"Qui sait ?" répéta-t-il, en écho aux paroles de Lavande, juste avant que cette dernière ne profite de la situation pour prendre le dessus.

Une fois positionnée sur lui, elle s'empressa d'oublier la délicatesse féline adoptée pour le court trajet jusqu'au lit et passa à un aspect un peu plus sauvage des fameux félins. Le baiser eut pour effet de repousser un peu ceux du Champagne. Les mains du Celte trouvèrent les hanches de Lavande, et il lui rendit avec passion la première salve. Après quelques instants, il profita de sa force pour renverser la tendance, faisant basculer sa dulcinée sur le côté, afin de pouvoir à son tour se trouver en position dominante. Il bomba le torse et se le frappa du poing.

"Aha ! Tu es à moi !"

Et en totale adéquation avec ses paroles, il... se leva, fit quelques pas et pivota. Il se trouvait à présent au milieu de la pièce. De l'habituelle technique utilisée par les jeunes, il retira ses chaussures, c'est-à-dire qu'il évita de se baisser, ses pieds se débrouillant bien tout seul, et sa main attrapa la boucle de sa ceinture. Après l'avoir défaite, il l'ôta et la jeta derrière lui, où elle alla s'écraser contre le mur. Il déboutonna ensuite le premier bouton de son jean, avant de s'en retourner vers le lit.

"Tu sais que je t'aime ?" fit-il en s'étendant près d'elle.

Drôle de façon de le dire, mais il y avait assez peu de logique dans ce qu'il faisait depuis qu'il avait franchi le seuil de sa chambre. Machinalement, il retira ses chaussettes. Puis il se mit à plat ventre et glissa vers Lavande. Après le félin, le serpent. Sauf que cette technique-là était quand même bien moins efficace.

"Arf... Hum... Huuu."

C'était si peu sexy qu'il arrêta vite avant de se remettre sur le dos, le regard fixé au plafond, une main sur le ventre. L'autre se tendit au bout de son bras pour attraper celle de Lavande, qu'il puisse l'attirer vers lui. Du moins, si elle était d'accord. Malgré l'hiver, la température de la pièce semblait avoir monté, et il y avait fort à parier qu'elle n'avait pas fini sa progression ascensionnelle. Chaud la fin de soirée, chaud.