L'amour ça ne s'explique pas [PV]

L’amour est un sentiment bien compliqué. On a beau en lire mille descriptions dans les livres, en voir mille avatars dans les films, en rêver, y croire, le craindre, rien ne peut remplacer la sensation de le vivre. Incroyable, puissant, cruel, doux, amer, terrifiant, passionné, … Toujours le même et chaque fois différent. Composé de bons et de mauvais moments, de cris, de larmes, mais aussi de baisers, d’embrassades, de longs regards et de sourires qui veulent tout dire. De paroles et de silences. De douleur et de joie. De soi et de l’autre. C’est une part de soi et un tout, une façon d’envisager le monde et de vivre sa vie. Si facile à briser et pourtant si puissant. Il est à l’image de l’être humain : plein de contradictions. Et c’est ce qui fait toute sa saveur. Cette complexité infinie qu’aucun écrivain, aucun cinéaste ni peintre ni poète ne pourra jamais résumer.

Tendresse, chaleur, jalousie, inquiétude, toutes ces émotions qui se bousculent en nous à l’approche de l’être aimé, rien ni personne ne pourra jamais les exprimer correctement. Chacun les vit à sa manière, que ce soit pour la première ou la vingtième fois. L’amour c’est l’acceptation d’une perte de contrôle totale, le choix de laisser à l’autre les rênes de notre cœur, croire suffisamment en lui ou elle pour ne pas douter qu’il ou elle sera là pour nous rattraper au moment où nous tomberons amoureux.

Mais l’amour c’est aussi une compilation d’instants, de moments anodins passés en la compagnie de l’autre -que celle-ci soit effective ou que sa présence nous accompagne simplement où que nous soyons-, une addition qui compose la vie quotidienne. La vie de couple. Et dans cette mosaïque de tous les jours, de temps à autre, un morceau se détache des autres et brille de ses propres feux. Une célébration quelconque, un baiser inattendu, un cadeau sans raison, une façon de célébrer l’union de deux êtres au jour le jour. Bien évidemment, les fêtes instituées sont des passages obligés, mais pour qu’elles soient plus qu’une simple obligation, il faut les colorer à sa façon. Et cela, Lavande le savait mieux que personne.

Fleur bleue à la vie à la mort, elle avait parfois encore du mal à croire au hasard qui l’avait ramenée dans les bras de Kael et avait choisi de croire qu’il s’agissait là d’une forme de destin. L’influence de Vénus dans sa quatrième maison comme aurait dit le professeur Trelawney. Une deuxième chance qui ne se représenterait pas et qu’il fallait cultiver pour qu’elle prenne racine et fleurisse à l’abri des dangers. Noël était ainsi l’occasion rêvée de démontrer à l’homme de ses rêves à quel point elle tenait à lui et ne le laisserait plus jamais lui échapper. Elle avait fait l’erreur une fois, elle ne la referait pas une deuxième, mais il existait toujours la possibilité que le beau Celte trouve son bonheur ailleurs, après tout l’UMA ne manquait pas de beautés féminines ni masculines -car oui maintenant qu'elle le savait bi, elle avait double concurrence, la vie était parfois bien dure. La jolie Anglaise avait donc tout prévu pour la distribution des cadeaux avant que les vacances en famille ne les sépare de nouveau. Certes, ils échangeraient probablement des lettres mais rien ne remplaçait la présence rassurante des bras musculeux du blond autour de ses épaules.

Ainsi, en ce samedi matin de la fin décembre, alors que les partiels de mi-semestre prenaient fin le mercredi suivant, elle avait invité son amoureux pour une balade dans le parc à moitié enneigé et une distribution commune de cadeaux. Elle avait passé la semaine précédente, maintenant que l’anniversaire de mariage de ses parents était passé et qu’elle n’avait plus à s’occuper de leur cadeau –qu’ils avaient adoré soi-dit en passant comme elle l’avait précisé à Alan et Tomas qui l’avait tant aidé dans la préparation- à s’occuper du photomontage qu’elle comptait offrir à Kael. En rentrant chez elle le week-end précédent, elle avait fouillé tous ses cartons pour retrouver les photos de Poudlard et plus précisément de leur premier couple qu’elle avait ensuite mélangées sur un grand cadre en forme de cœur avec les quelques photos qu’elle avait de leur couple actuel -service demandé en secret à un Tomas bizarrement bougon ce jour-là. Elle avait aussi acheté un parfum masculin qu’elle savait qu’il aimait bien, mais il s’agissait seulement d’un cadeau subsidiaire, le vrai cadeau, celui où elle avait mis tous ses sentiments c’était le photomontage.

Elle était donc assise sur un banc qu’elle avait séché préalablement d’un coup de baguette, ses cadeaux dans les mains, attendant avec impatience de voir la silhouette athlétique de son homme apparaître. Dommage qu’elle ne sache pas comment voir à travers le papier cadeau car elle crevait d’envie de jeter un dernier coup d’œil au photomontage pour s’assurer une énième fois qu’elle n’avait pas raté quelque chose.

Samedi matin, fin décembre. Cette année, l'hiver avait été particulièrement ponctuel, apportant même son lot de chutes de neige, suffisantes pour recouvrir le parc de son beau manteau blanc, digne des plus célèbres chansons de Noël. Ah, Noël. Pour la première fois depuis des années, le Celte avait dû se préoccuper d'acheter un cadeau pour Lavande. A l'époque, c'était plus simple, un budget limité faisait le joli cadeau, et tout le monde était ravi. Mais à présent, ils avaient grandi, et il était normal de passer à une catégorie de présents un peu plus "mature". Et puis, il fallait aussi marquer le coup, offrir quelque chose qui resterait, qui symboliserait la renaissance de leur amour. Très récemment, Kael avait repensé à leur longue séparation, en se rendant compte qu'il aurait du mal, à son âge, maintenant, qu'il aurait beaucoup de mal à vivre une autre séparation. Et sans pour autant se projeter trop loin dans l'avenir, il se voyait bien en couple encore dans quelques années... Pourquoi pas ? Le mariage demeurait bien une idée encore floue, c'était trop tôt, mais l'option se présenterait un jour...

Ainsi, bien décidé à ne pas faire les choses de travers, le Celte avait opté pour la meilleure des conseillères en la matière : sa mère. Anaelle s'était montrée enchantée d'apprendre que son fils était de nouveau avec la petite Lavande, bien qu'elle soit très curieuse de savoir à quel point elle avait changé. La description ne lui avait pas suffi, mais Kael n'avait pas de photo à montrer... Elle avait donc fini par abandonner, et se contenter donc de ce que sa propre imagination faisait de cette description. Un détail ne lui avait cependant pas échappé, et vous verrez que ça aura son important, c'était la couleur des yeux. Tout comme Kaelir, Lavande avait les yeux bleus. Du coup, sans trop lui demander s'il avait lui-même des idées, elle l'avait mené directement dans une boutique du centre commercial où elle-même aimait regarder un peu ce qu'il y avait dans les vitrines... Budget ? Il était prêt à mettre le prix. Tant mieux. Son paquet sous le bras, il espérait ne pas regretter son achat.

De sa chambre, étendu sur le lit, le Celte se répétait mentalement la scène qui allait suivre. Pas qu'il en avait besoin, mais le rendez-vous n'étant pas avant dix minutes, il ne pouvait s'empêcher d'y penser. Un coup de fouet, et il fut sur pieds. Il se dirigea d'abord vers la fenêtre, pour jeter un oeil dans le parc. Et constater qu'une silhouette se déplaçait en direction d'un banc. Elle était en avance ! Et lui, pour le coup, même en arrivant à l'heure, serait en retard ! Il s'activa, bien plus vite que jamais, cherchant ses chaussures, son manteau, sa baguette magique au cas où, et fut bientôt dans le couloir, marchant d'un pas rapide, près de l'escalier, et... il fit soudainement demi-tour, se maudissant intérieurement, jurant comme pas possible, usant du Français et de l'Anglais pour passer en revue sa collection de juron. Il acheva la liste par l'exception bretonne, "Gast", et mit la main sur le cadeau. Comment avait-il fait pour l'oublier ? Sa propre organisation pouvait parfois lui jouer des tours, quand il avait la tête ailleurs.

Son paquet sous le bras, il espérait ne pas regretter son achat. Oh, et puis, pourquoi le regretterait-il ? Il avait été bien conseillé, et le choix était quand même une pièce particulièrement belle, qui ne pouvait que plaire, surtout si elle allait avec les yeux de sa douce. Profitant du sillage que Lavande avait laissé en venant, le Celte arriva assez vite au banc, qui avait été séché pour l'occasion. Bien plus agréable comme ça. Parce qu'avoir les fesses au frais n'aidait pas au romantique d'une scène, même si on y mettait toute la bonne volonté dont on était capable. Tiens... deux cadeaux ! Lavande tenait deux paquets ! Et lui, il n'en avait qu'un ! Pourquoi deux ? Peut-être, non, sûrement qu'au niveau prix il compensait la quantité, mais il ne put s'empêcher de penser qu'il ratait tout. Pour couronner ça, en plus, elle allait détester le cadeau ! Non, franchement, il se retint de faire demi-tour. Elle l'avait repéré, et il aurait paru suspect.

"Coucou mon amour !" lança-t-il joyeusement, convertissant ses pensées sombres et défaitistes en enthousiasme.

En prenant place sur le banc, il laissa son paquet sur le côté, afin d'avoir les deux mains libres. L'une pour prendre Lavande par les épaules, l'autre pour lui prendre le visage, délicatement approcher ses lèvres des siennes. Et il fit durer le plaisir, un peu comme s'il voulait que ce baiser soit son premier cadeau, en fait. C'est qu'il avait de la suite dans les idées. Plutôt satisfait de son entrée en matière (ben quoi ? ), il s'écarta un peu pour leur laisser tous deux un peu d'air. Puis il prit le paquet, et le tendit à sa chérie.

"Bonnes fêtes."

Spoiler:

Fixer indéfiniment le paquet cadeau n’allait pas lui permettre de brusquement développer une vision à rayons X, elle finit donc pas relever la tête et remarqua la silhouette qu’elle attendait qui s’approchait au loin. Un sourire illumina ses traits : il avait toujours été d’une ponctualité incroyable. Elle, par contre, c’était plus aléatoire, soit elle était en avance, soit elle mettait des heures à se préparer et pouvait arriver avec facile 30-45 minutes de retard. Heureusement pour ses relations avec les gens, lorsqu’elle sentait qu’elle allait être débordée par son planning, elle prenait toujours le temps de prévenir la personne avec qui elle avait rendez-vous, histoire qu’au moins il ou elle ne poireaute pas bêtement en se demandant ce qu’elle fichait. Sauf que parfois, elle ne prenait le temps d’appeler que trop tard et la personne était déjà partie, mais bon on ne pouvait pas être parfait non plus hein !

La silhouette grandissait à vue d’œil tandis que la tignasse blonde qu’elle affectionnait tant se rapprochait et l’instant tant attendu eut enfin lieu. Il s’empara délicatement de ses lèvres et elle en oublia tout le reste une fois de plus. Ça en devenait presque gênant à force, dès qu’il était dans les parages, elle n’avait plus d’yeux que pour lui et si, par malheur, il réclamait un baiser, elle ne répondait plus de rien. Elle ferma donc les yeux et profita de sa saveur sur le bout de sa langue avant de les rouvrir alors qu’ils se séparaient. Ses yeux se mirent ensuite à briller alors qu’il lui tendait son cadeau. Elle s’en empara avec un sourire d’oreille à oreille et entreprit de faire un sort au papier cadeau.

Pli par pli, elle lui régla son compte avec classe et distinction -elle n’avait jamais aimé déchirer le papier cadeau, ça faisait barbare- et se retrouva avec un écrin rouge vermillon dans les mains. Son sourire s’agrandit : il lui avait offert un bijou, c’était toujours une valeur sûre. Restait à voir la nature de celui-ci, elle ouvrit donc la petite boîte avec précaution, voulant garder l’effet de surprise jusqu’au bout. Et lorsqu’enfin le couvercle fut soulevé, elle ne put retenir un hoquet de stupeur.

C’était tout simplement magnifique. La pierre brillait de mille feux et ce bleu, oh mon dieu ce bleu ! Elle ne trouvait pas de mots pour exprimer l’émotion qu’elle ressentait à cet instant. Parce qu’il n’aurait pas pu lui démontrer son amour d’une meilleure façon que par ce cœur s’accordant parfaitement à ses yeux. Car oui quand on passe tous ses matins dix minutes à se maquiller les yeux on connaît la moindre nuance de ses propres iris. Elle l’embrassa donc passionnément et déclara :

-Il est magnifique ! Mets-le-moi tout de suite.

Et elle se tourna en soulevant ses boucles blondes pour qu’il puisse le lui attacher sans problème et, lorsque ce fut fait, elle sortit son miroir de poche de son sac et observa le résultat. Il était encore plus beau porté ! C’était décidé elle allait devoir s’arranger pour que ses tenues des semaines à venir s’accordent avec le pendentif car elle n’a avait aucune intention de le retirer dans un futur ni proche ni lointain. Rayonnante, elle referma son miroir et le rangea à sa place, avant de prendre ses cadeaux à elle et de les lui tendre. Elle désigna celui contenant le parfum et déclara :

-Il faut ouvrir celui-ci en premier, le deuxième est plus important. Celui-là c’était juste un petit plus, surtout que depuis que maman est au courant qu’on s’est remis ensemble, elle ne rêve plus que de te revoir pour te créer ta propre fragrance, alors c’est juste un avant-goût. Surtout que si tu te souviens d’elle, tu te souviens peut-être que quand elle a une idée en tête, pas moyen de la faire changer d’avis. Certaines mauvaises langues disent même que j’ai hérité de ce trait de caractère, finit-elle avec malice.

Elle savait en effet parfaitement ressembler trait pour trait à sa mère question caractère, c’était d’ailleurs pour cela que leurs disputes pouvaient être si explosives. Heureusement d’ailleurs qu’ils habitaient dans une ancienne ferme reconvertie en résidence car sinon les voisins se seraient plaint depuis longtemps. Mais non, comme Mrs Brown nécessitait de la place pour son laboratoire de chimiste, elle avait voulu une maison. De plus, elle refusait de vivre en ville, les odeurs de pollution perturbant son nez et comme Mr Brown n’avait jamais su rien refuser à sa femme … Enfin, Lavande ne s’en plaignait nullement, elle adorait sa maison, avec le lac tout près c’était les vacances toute l’année. Même si avouons-le, le réseau de téléphonie portable laissait franchement à désirer ! Et puis les activités possibles étaient assez restreintes, enfin comme elle n’y avait vécu en réalité que lors de ses années d’enfance ça ne lui avait pas posé de problème majeur. Si elle avait dû s’y réinstaller de façon permanente aujourd’hui par contre, ça aurait été une toute autre histoire.

Première étape : passée avec succès. Le moment de s'asseoir et le baiser langoureux à souhait, tout ça était passé comme une lettre par hibou. Deuxième étape : de même. C'est avec un sourire radieux que Lavande avait pris le cadeau que Kael lui tendait. Tout ça s'annonçait donc plutôt bien, puisqu'elle s'était montrée heureuse de le voir, puis de recevoir son présent. Ne manquait plus que l'ultime réaction, celle qui allait concerner le cadeau en lui-même, le contenu que recelait le papier. D'ailleurs, le fameux papier dut se considérer comme le plus chanceux des emballages, puisqu'il ne fut pas ôté avec l'habituelle violence impatiente, mais avec classe, sans déchirure. Peut-être voulait-elle le réutiliser ? En tout cas, si elle lui avait fait un sort, ça n'était pas le Celte qui s'en serait formalisé... Mais bon, du coup, il se dit qu'il vaudrait mieux qu'il fasse pareil ensuite, pour ne pas paraître trop barbare à côté d'elle...

Le coffret entre les mains, Lavande ménagea le suspens jusqu'au bout, en soulevant lentement le couvercle. Jusqu'à ce que la lumière du jour lui révèle le bijou déposé dans son écrin, et qu'elle le découvre avec une certaine surprise. Kael dut se rendre compte qu'il aurait dû s'attendre à cette réaction, une fille confrontée à quelque chose de beau et précieux se retrouve avec les yeux qui brillent et brûle souvent d'envie d'aller annoncer à tout le monde ce qu'on vient juste de lui offrir... Le fait qu'elle soit perdue pendant quelques secondes dans la contemplation de la pierre fut une preuve suffisante pour l'ancien Poufsouffle : elle était contente ! Troisième étape : victoire, mon général. Le remerciement le surprit à son tour, il n'avait pas fait attention lorsqu'elle avait cessé de regarder le bijou. Mais il se laissa embrasser, avant d'être réquisitionné pour mettre le collier sans plus attendre.

Il ne dit rien, se contentant de défaire l'attache, de passer le pendentif, puis de refermer le petit loquet, non sans maladresse, sur la nuque de sa bien-aimée. Bien évidemment, la coquette Lavande avait toujours un miroir à portée de main, et c'est en un clin d’œil qu'elle le tira de son sac pour voir ce que donnait le tableau. Les deux bleus s'accordaient à merveille. Se rappeler l'exactitude la couleur n'avait pas été si difficile. C'était dénicher la pierre à la teinte parfaite qui s'était avérée compliquée. Heureusement, Kael avait pu compter sur sa mère. Une remarque à chaque fois, "plus clair", "moins vert", et Anaelle avait fini par lui présenter l'azur idéal. Comme quoi, elle avait l’œil, sans même avoir de point de repère précis. La petite Lavande, elle s'en rappelait, mais cela faisait tant d'années...

Ce fut son tour à lui, ensuite, de recevoir son cadeau. Oh, non, deux cadeaux ! Il y avait même un ordre ! Sans même l'avoir ouvert, le Celte devina ce que c'était. Un avant-goût d'une future fragrance créée par Mrs Brown, on ne pouvait s'y tromper. Aussi, pendant que Lavande terminait de parler de sa mère, et du trait de caractère qui apparemment leur était commun, Kael s'efforça de ne pas mettre le papier en morceaux. Mais au premier petit raté, il abandonna et déchira carrément l'emballage. Tiens, c'était un parfum qu'il connaissait bien. Mais du coup, il avait hâte de savoir ce que lui concocterait sa "belle-mère".

"Faut pas écouter les mauvaises langues ! Même si elles ont parfois raison..."

Quelque chose le frappa alors, il n'y avait pas vraiment pensé avant... Leurs mères respectives avaient des métiers assez proches, en fait. Mrs Brown dans la parfumerie, et Mme Gammach dans la coiffure... Deux domaines de la mode et de la beauté... Balayant ces pensées qui n'avaient rien à voir avec la situation, Kael... n'embrassa pas Lavande. Puisque l'autre était plus important, alors celui-là ne devait pas l'être vraiment. Il ferait un gros remerciement après, pour l'ensemble. Il sortit le parfum de sa boite, ôta le capuchon et s'en aspergea un peu sur le poignet, avant de l'humer. Maintenant, il associerait toujours cette fragrance à Lavande... sauf si la nouvelle la surpassait, bien entendu.

"C'est pas mal, quand même, comme cadeau moins important. L'autre doit en valoir sacrément le coup, alors !"

Tu parles d'un encouragement ! Quelle bonne idée, de faire monter la pression comme ça ! Mais tant pis. De toute façon, le plus beau cadeau pour Noël, c'était d'être avec elle, et puis c'est tout... Bon, il ne serait pas avec elle, puisqu'ils allaient être en famille, mais le Nouvel an, hein ? Le Nouvel an ? Bon.

Lorsqu’il avait ouvert le premier cadeau, elle avait déjà senti le stress monter d’un cran. Ça lui faisait le coup à chaque fois qu’elle offrait un cadeau à quelqu’un, elle craignait toujours une réaction négative, ne se faisant jamais confiance d’avoir choisi le bon cadeau et ce jusqu’à ce que le ou la destinataire ouvre enfin le paquet réduisant ainsi ses doutes à néant. Mais c’est lorsqu’elle lui tendit le deuxième paquet, qu’elle eut un mal fou à rester calme. Car si au moment de faire le photomontage l’idée lui avait semblé brillante, tout d’un coup, elle n’en était plus si sûre. Après tout, ils n’avaient plus douze ans et à leur âge, des photos c’était bien mignon mais on s’attendait à mieux. Et puis, pour ne rien arranger, les clichés n’étaient pas d’elle puisqu’elle apparaissait quasiment systématiquement sur toutes les photos. Alors forcément ça risquait de donner l’impression qu’elle ne s’était pas vraiment foulé alors que lui avait clairement dû passer un sacré bout de temps pour tomber sur le pendentif qui ornait désormais sa poitrine.

Bien évidemment, la phrase apparemment anodine qu’il prononça à cet instant ne fit rien pour arranger son angoisse grandissante. Pour tout observateur extérieur, il s’agissait là d’un compliment destiné à faire bien comprendre à Lavande que Kael avait grandement apprécié son premier cadeau, mais l’étudiante n’y entendit qu’une mise en doute de la valeur du cadeau à venir. D’ailleurs si elle n’avait pas déjà tendu le paquet à son amoureux alors qu’il prononçait ses paroles, elle le lui aurait probablement repris en prétextant une excuse quelconque pour ne pas lui donner. Sauf qu’il était trop tard pour les crises de conscience, Kael avait déjà entamé l’ouverture du papier-cadeau.

Lavande se surprit alors à retenir sa respiration alors que le cadre-photo était peu à peu dévoilé. De là où elle était, elle vit tout d’abord une photo de l’été que Kael et Lynn avaient passé chez elle. Sur la photo elle riait aux éclats tandis qu’une version plus jeune du beau blond assis à côté d’elle l’éclaboussait depuis le lac derrière la ferme Brown. Puis, alors que Kael finissait de régler son sort à l’emballage son regard tomba sur une photo prise depuis la fenêtre d’une des chambres de l’UMA en hauteur. Photo représentant leur couple de dos, tous les deux assis sur un banc, Lavande ayant sa tête posée sur l’épaule de Kael qui, lui, avait mis son bras autour des épaules de la jeune femme. Elle finit enfin par se fixer sur la photo qu’elle avait choisi de mettre particulièrement en valeur en plein milieu du photomontage. Il s’agissait du premier bal auxquels ils étaient allés ensemble. Elle se souvenait encore du moment où il l’avait invitée, elle avait dû se retenir pour ne pas sauter de joie et rester digne. Elle avait ensuite passé les semaines suivantes à feuilleter ses Sorcières Hebdo avec Parv’ pour trouver la robe parfaite à commander pour le bal. Au final, elle avait porté son choix ultime sur une robe bleu ciel ouverte sur le derrière qui se marier parfaitement avec la couleur de ses yeux. On pouvait d’ailleurs bien admirer le design sur la photo car sur celle-ci on avait un gros plan sur son dos étant donné que son visage était collé à celui du beau Celte dans un baiser passionné. C’était Parvati qui avait eu l’idée brillante d’immortaliser ce baiser, ce dont Lav’ lui était hautement reconnaissante car elle s’était rendu compte en cherchant parmi les photos de l’époque de Poudlard que c’était là le seul cliché où ils s’embrassaient. Rien d’étonnant en soi, il y a rarement quelqu’un caché en embuscade derrière les couples pour les photographier en pleine action -en tout cas pas lorsqu’ils sont treize ans et ne sont pas fils ou filles de personnes célèbres- mais le fait était qu’elle était heureuse que sa meilleure amie se soit sentie l’âme d’un paparazzi ce soir-là. Soi-dit en passant, elle était intimement convaincue que si la cavalier de Parvati ne s’était pas trouvé être un gros lourd de cinquième année qu’elle avait bien vite planté, cette dernière aurait eu des choses plus intéressantes à faire que de prendre son amie et le petit ami de celle-ci en photo, par conséquent elle remerciait le hasard d’avoir bien fait les choses.

-Le cadre fait un peu gamin mais bon je voulais quelque chose qui soit dans le thème, tu comprends …

En temps normal, elle aurait parfaitement assumé d’avoir choisi un cadre en forme de cœur, tout le monde -Kael le premier- savait qu’elle était une fleur bleu invétérée mais là, avec le stress, elle doutait du bien-fondé de son idée. Et s’il trouvait ça ridicule ? Après tout, c’était un mec alors bon installer un cadre photo en forme de cœur sur son bureau ça risquait de faire gnangnan. Oh Merlin et s’il se sentait quand même obligé de le mettre quelque part en évidence pour ne pas la vexer mais qu’il le trouvait pourri ! Et si ses potes se moquaient de lui à cause d’elle ! Oh non, non, non, ce serait horrible ! Paniquée, elle rajouta abruptement.

-Tu sais s’il te plaît pas c’est pas grave, je comprendrais parfaitement, je l’ai juste fait comme ça, je peux le garder si tu préfères.

Et elle fit mine de le reprendre.

La forme du paquet laissait présager de la nature du cadeau. Si la forme de cœur avait un côté un peu "kitsch", c'était un symbole fort, qui faisait ressortir le romantisme de Lavande et montrait qu'elle y avait mis beaucoup d'amour et d'attention. Rien que ça, c'était un beau présent. Le Celte entreprit donc, une fois l'objet en main, de le défaire de son emballage, sans beaucoup plus de soin que le premier. Tiens, une photo. A mesure que le tout était dévoilé, d'autres photographies apparaissaient, jusqu'à ce que Kael se retrouve avec un cadre contenant uniquement des clichés de leur couple. Que de souvenirs ! Certains dataient de leur première idylle, et pour la plupart, il ne s'était même pas douté qu'il puisse en rester des traces ailleurs que dans sa mémoire. En parcourant l'assemblage du regard, il vit qu'il y en avait une sur laquelle ils s'embrassaient. Et vu l'angle, la photo avait été prise à l'improviste. Il ne put s'empêcher de sourire avant de jeter un œil plus poussé aux autres. Il y en avait même une plus récente ! Décidément, sans s'en rendre compte, l'ancien Poufsouffle constatait qu'ils étaient entourés de photographes !

Il fut tiré de ses pensées par la voix de Lavande, qui d'un coup se mit à dénigrer le cadeau. Un peu gamin ? Oui, c'était dans le thème, mais pourquoi gamin ? Elle était comme ça, elle était fleur bleue, elle aimait les cœurs, alors il n'allait pas la changer, et de toute façon, c'est comme ça qu'il l'aimait. Il n'avait toujours pas dit un mot qu'elle reprit, ajoutant que si le cadre ne lui plaisait pas, elle pouvait le garder, que ça n'était pas grave, que blablabla. Tiens, d'un coup, elle n'était absolument plus sûre d'elle ! Le Celte fronça les sourcils et réagit à temps pour retirer le tableau avant qu'elle ne s'en saisisse. Il le déposa près de lui sur le banc, avant de prendre la main qu'elle avait tendue entre les siennes. Et il la regarda droit dans les yeux.

"Ce n'est pas juste un cadre en forme de cœur avec des photos à l'intérieur. C'est nous, notre histoire, notre amour. Jamais je n'aurais cru que tu avais autant de photos... mais les revoir, ça m'a rappelé tellement de bons souvenirs... Et chaque fois que je les regarderai, je penserai à toi, à ce qu'on a vécu, et je me dirai que j'ai beaucoup de chance de pouvoir vivre encore tout plein de choses avec toi."

Il sourit avant de glisser sa main sur la joue de Lavande, et d'approcher son visage. Il voulait qu'elle sourie aussi, qu'elle ne pense pas à tout ce qu'elle venait de dire, parce que ça n'était pas vrai. Il l'embrassa alors du bout des lèvres.

"Tu sais, c'est le plus beau cadeau."

Et il réitéra son baiser léger.

"Après toi."

Cette fois, ce fut plus passionné, plus langoureux, et il en oublia qu'il faisait froid, d'un coup il avait chaud, il était bien. Il en avait connues, des filles, mais aucune ne l'avait jamais fait se sentir aussi bien que Lavande. Lorsque le contact se rompit, il garda le contact visuel avec elle. Et, pour la première fois depuis qu'ils s'étaient remis ensemble, il prononça ces quelques mots, si lourds de sens, mais si sincères :

"Je t'aime."

Il y avait réfléchi, était-ce vraiment ce qu'il ressentait ? Il avait fallu un hasard pour qu'ils se retrouvent, pour qu'ils couchent ensemble pour la première fois, et depuis cet instant, il s'était rendu compte d'à quelle point elle lui avait manqué. Mais il ne lui avait jamais dit, si ce n'était par des gestes et des attentions, ces paroles que les hommes ont tant de mal à prononcer... Mais voilà que c'était sorti. Et la prochaine fois qu'il lui ferait l'amour, il y aurait une nouvelle dimension. Ah, ce que les femmes peuvent faire aux hommes.

Kael avait toujours su trouvé les mots qu’il faut. Si elle était un moulin à paroles capable de parler non-stop pendant des heures sans jamais se retrouver à court de sujets de conversation, lui était le spécialiste pour trouver juste les mots que l’on voulait entendre. Aussi loin que remontait ses souvenirs de lui, il avait été ainsi. Alors qu’elle cachait sa gêne ou son incertitude sous un flot continu de paroles, il savait systématiquement ce dont l’autre avait besoin pour se sentir mieux. C’était ce qui le rendait si spécial à ses yeux et cela bien plus que l’attirance physique qu’elle ne pouvait nier ressentir à son égard.

Il lui avait suffi de deux phrases pour décrire mieux que personne ce qu’elle avait voulu transmettre par son cadeau. « C’est nous, c’est notre histoire ». C’était exactement ça, les photos compilaient une partie de leur vie à deux. Les moments forts mais également ceux plus banaux de la vie de tous les jours, les joies, mais aussi les difficultés. On les y voyait grandir au fil des clichés, la distance forcée de leurs années de séparation ne ressortant que mieux lorsqu’on sentait le besoin mutuel de proximité dont ils faisaient preuve dans les photos les plus récentes. Ils semblaient se reposer l’un sur l’autre en permanence et ce même lorsqu’ils ne se touchaient pas, comme si le fait d’être deux était tout simplement devenu une seconde nature.

Et, en tout cas pour Lavande ça l’était devenu. Comme en cet instant, alors que Kael s’emparait doucement de ses lèvres et qu’elle en ressentait un frisson incroyable. Elle était bien, elle était précisément là où elle devait être et elle ne voulait plus jamais en partir. C’est pourquoi lorsque le Celte quémanda un nouvel accès à ses lèvres, elle le lui accorda avec plaisir. Ce fut plus intense, plus profond, une nouvelle déclaration mais gestuelle cette fois-ci. Leur façon de se dire qu’ils s’aimaient sans prononcer un mot. Du moins, ce fut ce que la jeune femme imagina et, par conséquent, lorsque Kael prononça LES mots, elle ne put empêcher ses larmes de couler.

Elle ne s’y attendait pas du tout, elle ne doutait pas de son amour, il le lui montrait tous les jours, mais le lui dire, elle savait ce que cela signifiait. C’était l’officialisation du début d’une nouvelle histoire à deux. Il venait de mettre définitivement le passé derrière eux, choisissant de se tourner vers l’avenir et ce qu’il leur réservait. Et cela la touchait bien plus qu’elle ne l’aurait pensé. Les larmes refusaient d’arrêter de couler mais en même temps un sourire illuminait son visage et elle se mit même à rire. Le mélange de sentiments était pour le moins perturbant mais elle n’aurait changé la situation pour rien au monde. Elle savait qu’elle se souviendrait désormais de ce moment comme d’un de ses meilleurs souvenirs, à mettre aux côtés de son premier baiser et de leur première fois ensemble. Elle espérait que ces instants seraient encore suivis d’une belle ribambelle de moments similaires à ajouter à leur chronologie personnelle.

Elle finit néanmoins par s’essuyer les yeux et incapable d’arrêter de sourire, elle se contenta d’une phrase pour faire passer tout ce qu’elle éprouvait pour lui. Pour une fois, elle ne voulait pas de longs discours, juste de la sincérité.

-Moi aussi je t’aime, plus que je n’ai jamais aimé personne.

Et elle le pensait. Elle avait connu plusieurs garçons et Kael n’était pas le seul à avoir fait battre son cœur, il n’était pas non plus le seul à avoir fait vibrer son corps mais il avait une manière de faire ces deux choses à la fois qui le plaçait hors catégorie. Face à lui, personne n’était de taille. Il n’était pas le seul, ni l’unique mais il était celui qu’elle désirait de tout son être. Il était celui qu’elle avait choisi parmi tous les autres. A moins que ça n’ait été l’inverse, qu’il ne soit celui qui l’avait choisie. Probablement un peu des deux puisqu’un couple se forme à deux. Elle se pencha donc de nouveau vers lui et scella leur double déclaration d’un nouveau baiser. Puis, les yeux toujours plongés dans les siens, murmura :

-C’est sans doute aucun le meilleur Noël de ma vie. Je ne souhaite qu’une chose, que tu sois à mes côtés pour fêter les prochains.

Et sur ce, elle posa sa tête sur son épaule et se rapprocha de lui pour profiter de sa chaleur corporelle car une bise glacée s’était levée tandis qu’ils étaient hypnotisés l’un par l’autre.

La première réaction de Lavande fut surprenante, mais quelque part, en y réfléchissant... pas tant que ça. Avec le recul, Kael se disait que c'était tout à fait le genre de choses que sa petite amie faisait sous le coup d'une grosse émotion : elle pleurait. Mais au moins, ça montrait une chose : elle avait été profondément touchée, et c'était précisément pour ça qu'il avait fini par lui dire les mots. Les larmes s'accompagnaient d'un sourire radieux, et cet étrange mélange de sentiments qui se lisaient sur son visage valait tous les cadeaux du monde. Poussant encore un peu, elle se mit même à rire ! Là, en revanche, même en y réfléchissant, ça restait assez surprenant. Comme quoi elle arriverait toujours à l'étonner. Mais bon. Finalement, et alors que lui la regardait tenter de reprendre une certaine contenance, avec un petit sourire, elle finit pas s'essuyer les joues. Là, le gentleman aurait sorti un mouchoir, mais... il n'en avait pas. Bon, il y avait la solution de sortir sa baguette magique et d'en faire apparaître un, mais le temps d'y penser et de le faire, Lavande n'en avait déjà plus vraiment besoin.

Et puis elle répondit, ajoutant une précision que le Celte ne comprit pas immédiatement. Ou plutôt, il comprit plusieurs choses. Alors comme ça, elle en avait aimé d'autres ? C'était son droit, bien sûr, mais lui dut bien se rendre à l'évidence que ça n'avait pas été son cas... Il était sorti avec d'autres filles, mais jamais il n'avait éprouvé quelque chose d'aussi fort que pour Lavande. Mais en définitive, il saisit le sens qu'il voulait, et celui qu'elle avait elle-même voulu donner à ses paroles : c'était lui et aucun autre. Et pour Kael, c'était elle et aucune autre... D'accord, ils étaient encore jeunes, mais c'était un âge où on se prenait à rêver, et quand on rencontrait LA personne, on ne pensait pas à d'autre avenir qu'une vie à ses côtés. Comment aurait-on pu ? Lavande se pencha vers lui, et communiqua à son tour son amour par un baiser, qu'il rendit avec passion. Leurs regards se vrillèrent l'un dans l'autre, bleu dans bleu, et elle ajouta que c'était le meilleur Noël de sa vie. Rien que ça. Et qu'elle souhaitait passer les suivants avec lui.

"Moi aussi." répondit-il, simplement.

Que pouvait-il dire de plus que ce qu'elle avait dit de toute façon ? Pas qu'il n'aurait pas pu trouver autre chose, mais elle lui avait un peu coupé la chique. Et alors que le vent se levait, la température baissa, et Lavande se colla contre lui. Un bras autour d'elle, il lui tenait la main. Avant de se dire qu'il y avait certainement mieux à faire que de rester là, assis dans le froid. Même s'ils étaient ensemble et pouvaient se tenir relativement chaud, peut-être aurait-il était plus sage de rentrer. La journée n'était pas finie, et se rendre malade n'était pas une option particulièrement réjouissante. Aussi, après quelques secondes, il dit :

"On rentre pour se mettre au chaud ?"

L'hiver n'était pas une saison idéale pour rester dehors, mieux valait pour cela attendre le retour des beaux jours. A l'intérieur, ils pourraient se mettre plus à l'aise, et l'un dans l'autre, passer quelques heures ensemble à ne rien foutre d'autre que se préoccuper de leur couple. Décidant qu'il fallait bien de toute façon se lancer à un moment, le Celte se leva, rangeant le parfum dans un poche, prenant le tableau sous un bras, et passant l'autre autour des épaules de sa chérie. Le vent souffla une bourrasque un peu plus forte, et Kael eut comme l'impression qu'il allait se mettre à neiger. Ah tiens, c'te bonne blague.