Ce début d'année était assez particulier, puisqu'il montrait bien que le niveau de travail avait augmenté, ainsi que celui d'exigence, et en même temps, le rythme était suffisamment tranquille pour ne pas submerger les étudiants. Certainement le calme avant la tempête, mais mieux valait en profiter, nul doute là-dessus. Nul doute ? Kael, lui, en tout cas, ne se gênait pas. Et ce lundi soir était l'occasion rêvée, le prétexte, je dirais même, de se la couler douce. Bon, il y avait un gros cours de Métamorphose avancée le lendemain matin, mais le Celte était suffisamment sûr de lui et ses capacités pour ne pas être trop inquiété au cas où le professeur se montrerait un peu trop avide de résultats. Car certains étaient comme ça, leur caractère faisait qu'ils mettaient le grappin sur les jeunes étudiants dès le début pour ne plus les lâcher avant la fin de l'année. Le genre de truc très lourd qu'on ne supporte pas bien longtemps à moins d'adopter au choix une attitude détachée, style "vous êtes sur mon dos mais je m'en fous", ou bien un comportement bosseur et hargneux, qui attirerait les faveurs de l'enseignant.

Mais revenons à ce lundi soir. Kael, après avoir déverrouillé la porte de sa chambre, qu'il partageait avec Neville, l'ouvrit d'un coup de pied et laissa au milieu de la pièce l'équipement qu'il portait. Il était 19h15, et il sortait d'un cours de Quidditch. Après une heure de théorie, pour réviser quelques bases, tout le petit monde s'était rendu sur le terrain pour appliquer les rappels, durant deux heures assez intensives, mais pleinement satisfaisantes. Kael eut une pensée pour Lavande, car c'est grâce à elle qu'il avait pu surmonter son vertige et profiter du vol sur balai. Balai qui, avec les chaussures et les protections, trônait sur le tas. L'ancien Poufsouffle, d'un nouveau coup de pied, ferma la porte derrière lui et entreprit de se débarrasser de ce qu'il portait encore. Après le sport, rien de tel qu'une bonne douche. Bien sûr, il y avait des vestiaires, à l'UMA Arena, mais il était assez bête, en habitant à proximité, de ne pas profiter de tout le confort à disposition.

Une bonne vingtaine de minutes plus tard, le Celte quitta la salle de bain, une serviette nouée autour de la taille, et s'affala sur son lit, rêvant d'un massage. Tiens, son père aurait pu faire ça, mais il n'allait pas le déranger si tard, surtout que, dans tous les cas de figure, ça n'était pratique pour personne. Des coups furent alors frappés, et Kael... tiens, émergea de sa somnolence, dans laquelle il avait dû plonger sans y prendre gare. Tournant la tête vers la porte, il fut forcé de constater que ça ne toquait pas de ce côté-là, mais de l'autre. Posé sur le rebord de la fenêtre, un hibou jouait du bec contre la vitre, appelant le Breton à venir lui ouvrir. Ce que ce dernier fit, avant de voir l'oiseau atterrir près de lui, sur le lit, et de tendre une patte. Le premier constant fut très simple : le courrier ne lui était pas adressé.

"Ah, tu t'es planté, le piaf." l'informa Kael, avant de faire le geste de rattacher le parchemin.

Mais le rapace ne l'entendit pas de... cette oreille, et reprit son vol, disparaissant par la fenêtre demeurée ouverte. Le Celte bondit sur ses pieds pour courir jusqu'à l'ouverture, laissant sa serviette derrière lui.

"Hey ! Reviens !"

Bon, vu la situation, il ne restait qu'une chose à faire. Ouvrant un tiroir, Kael en sortit de quoi se vêtir, boxer noir, un short noir également, et un t-shirt violet. Le tout accompagné de claquettes bleus, et il était prêt à affronter l'adversité. Muni de la lettre qu'il n'avait pas ouverte, puisqu'il n'en était pas le destinataire, l'ancien Jaune et Noir rejoignit l'escalier, qu'il grimpa jusqu'au niveau supérieur, et traversa le couloir en direction de la dernière porte à gauche, celle, en fait, juste au-dessus de la sienne. Pendant un court instant, il se demanda s'il allait bien tomber. Après tout, les filles avaient eu le même cours, peut-être alors n'avaient-elles pas fini de se faire belles ? Ou peut-être étaient-elles absentes... D'ailleurs, "les filles"... Denna n'était pas revenue cette année. Peut-être n'avait-elle pas été remplacée, qui sait ?

Après s'être, comme machinalement, éclairci la gorge, Kael toqua à la porte, et attendit. Pendant un moment, il hésita, et se dit que peut-être il repasserait, ce qui serait mieux. Mais en même temps, s'il restait, il ferait la remise du courrier, et ça serait fait. Secouant la tête pour chasser ses interrogations étranges, le Celte afficha un grand sourire quand il entendit que ça bougeait, là, derrière le battant. Et à peine la porte eut-elle pivoté qu'il tendait la lettre.

"Coucou ! Tiens, j'ai reçu ça par erreur, un hibou un peu con, c'est à toi." annonça-t-il.

Sur le papier entre ses doigts, on pouvait lire "Lavande Brown, chambre 15, campus de l'U.M.A., Londres".

Lorsque la porte s'était ouverte, Kael vit plusieurs choses, en l'espace de deux secondes et demi. La première, c'est Lavande, bien entendu, et son expression, celle d'une fille qui ne s'attendait pas du tout à trouver ce qu'elle venait de trouver, comme si elle avait attendu quelque chose de particulier, de précis, et que le Celte ne faisait pas partie de ce "quelque chose". Mais comment lui en vouloir ? D'ailleurs, il ne lui en voulait pas. La deuxième, c'est Lavande, toujours, et la tenue qu'elle arborait, et qui se situait dans la même catégorie que la propre tenue de l'ancien Poufsouffle. Elle était propre et habillée en décontractée, ils avaient donc eu le même raisonnement après le cours de Quidditch : se laver et glander, ou tout du moins ne pas sortir. La troisième, ensuite, c'est que derrière elle, elle semblait être seule. Son ancienne colocataire n'était toujours pas revenue, et aucune ne l'avait remplacée. La jeune fille pouvait donc profiter de sa chambre en toute tranquillité !

Ces deux secondes et demi passées, Lavande prit la parole, un peu décontenancée, et un peu maladroite. Dépossédé de la lettre, le Celte croisa les bras, et afficha un petit air entendu, jusqu'à ce qu'elle s'interrompe en disant qu'elle s'enfonçait. Ca n'était pas vraiment l'impression qu'il avait eue, mais il décida de ne pas la contredire, acceptant avec plaisir l'invitation à entrer. Après tout, c'est vrai, il était monté, alors pourquoi ne pas rester un peu ? Il pénétra donc dans la pièce, qui ne différait de sa propre chambre que par la décoration, et, quelque part, c'était suffisant pour qu'on ait l'impression d'être dans une pièce différent. En passant près de Lavande, il put apprécier les parfums de ses différents produits de toilette : elle prenait soin d'elle, et ça ajoutait à l'agréable. Non ? Toujours sur invitation, il s'installa, choisissant le lit vacant, et écouta l'énumération de tout ce qu'elle avait en stock.

"Oh, la bière, ça sera parfait, merci !" dit-il, tout sourire.

Elle avait commandé une pizza. Et là, le Celte se rendit compte que lui-même ne s'était pas préoccupé de son dîner. Tant pis. Aussitôt qu'il rejoindrait sa chambre, il s'en chargerait. Entre temps, il pouvait bien tenir encore un peu. Elle avait posé sa lettre et lu le nom du destinataire, et son expression ne trahit pas vraiment ce qu'elle en pensait... Si ça avait été une mauvaise nouvelle, elle se serait probablement jetée dessus pour l'ouvrir, mais en même temps, comment savoir sans même jeter un œil ? Le destinataire devait donc être quelqu'un peu à même de lui annoncer quelque chose de grave. A moins qu'elle ne souhaite pas ouvrir son courrier devant le Celte, et dans ce cas-là, peut-être dérangeait-il ? Mais, s'il avait vraiment dérangé, elle ne l'aurait pas invité... Peut-être était-elle sur le point de le faire, d'ailleurs.

"Rien d'important, j'espère ? Si tu veux lire ça en privé, je peux te laisser seule, si tu veux."

Il se sentait parfaitement décontracté, ou peut-être était-ce l'impression qu'il voulait donner, le sentiment qu'il avait de lui-même, mais en tout cas, il voulait qu'elle soit détendue également. Pas sûr que sa remarque sur la lettre n'aille dans ce sens, et en même temps, il pouvait être intéressant de connaître sa réaction. Et il la regardait. Et il fut, plus encore qu'avant, frappé par le changement physique depuis qu'ils s'étaient séparés. De petite fille, elle était devenue une belle jeune femme aux cheveux blonds comme les blés, et elle avait pris des formes auxquelles malheureusement les habits qu'elle portait ne rendaient pas justice. Lui pensa qu'il aurait pu être en débardeur... Avant de se rappeler du cours de potions qui l'avait amené à se trouver en boxer au milieu de la classe. Ca remontait à presque un an, mais c'était quand même assez proche de ce qu'il était aujourd'hui...

Et puis, il se dit que c'était trop bête de proposer ainsi de s'en aller, alors qu'il venait d'arriver, et qu'il constatait qu'il avait envie de passer un moment avec elle. Après leur séparation, ils n'avaient plus été proches à Poudlard. L'année précédente, malgré le fait qu'ils aient été ensemble en cours, les liens ne s'étaient pas resserrés, jusqu'au jour où ils avaient parlé d'organiser un petit événement pour présenter aux sorciers les objets moldus. La conversation les avait fait s'avouer certaines choses, pas forcément avouables, ou qu'on préférait garder pour soi, ou ne partager qu'avec de vrais amis proches. Et voilà que ce soir, ils étaient, pour la première fois depuis un moment, seuls dans la même pièce. Il reprit donc :

"Ca te dérange si je commande quelque chose aussi, pour manger avec toi ? J'ai rien mangé ce soir, et c'est plus sympa à deux."

Manger, à deux, hein. Pour le moment, on parlait de manger.

L'idée de rester dîner ne déplut pas à Lavande, aussi lui proposa-t-elle même d'utiliser son propre téléphone, au cas où il n'aurait pas eu le sien. Et, de fait, il l'avait en effet laissé dans sa chambre. Il accepta donc la proposition avec joie, et prit le dépliant proposé par l'Université, qui listait les différents restaurants qui faisaient dans la livraison de nourriture. Et tout en parcourant le document, il écoutait en même temps, bien sûr, ce qui était la moindre des politesses. Et puis, accessoirement, elle répondait aux paroles qu'il venait de prononcer, aussi était-il logique qu'il s'y intéresse. Bref. Ainsi, la lettre avait pour expéditeurs les cousins de Lavande, qui avaient la particularité d'écrire pour raconter des choses à l'intérêt limité. Des cours de quoi ? Des filles ? En effet, la jeune fille était tout à fait le genre à se passionner pour ce genre de choses, et d'ailleurs, elle s'empresserait bientôt de répondre en racontant les moindres détails de... non, en fait, non.

"Ils ont dû se tromper sur le numéro de la chambre... Suffit qu'ils aient compris 5 au lieu de 15, et forcément, le hibou pouvait pas aller au bon endroit... En fait, t'as eu de la chance que ça tombe sur moi !"

Il n'y avait là aucune arrière-pensée, mais Lavande allait très certainement considérer ces derniers mots différemment... Après avoir opté pour un bon vieux Burger King, le Celte passa rapidement commande, tombant, pour une fois, sur une demoiselle très aimable, et il indiqua l'adresse, avant de raccrocher. Ca, c'était fait. Bière en main, il la leva à l'intention de Lavande, qui s'était décidée pour une petite bibine également. Mieux, c'était tout de même plus convivial si tout le monde s'y mettait. Les sujets du dîner et de la lettre passés, les deux étudiants pouvaient enquiller sur autre chose. La maîtresse des lieux vint prendre place juste à côté de lui, ce qui était plus pratique pour parler, mais donnait aussi un côté... intime. Et ce fut elle qui choisit de quoi ils allaient parler ensuite. Le Quidditch ! Bonne idée, même si c'était les cours, c'était quelque chose de frais et qui pouvait tenir plusieurs minutes.

Il rit à la remarque sur la prof, c'est vrai qu'au train où elle les menait, tous finiraient par attirer l’œil de recruteurs et ils seraient tous engagés dans les plus grandes équipes du Championnat. Vrai que c'était éprouvant, mais ça faisait du bien de pratiquer intensément. Surtout quand on venait de se taper de la théorie... Bien sûr, parler de Quidditch était intéressant, mais à force de décrire tous les cas de figures, les positions, les gestes techniques, tout ce genre de choses, on finissait par tout mélanger... Surtout, en effet, que les inventeurs des figures étaient rarement des Smith ou des Harper. Ca aurait été trop facile...

"T'as raison, à force d'en bouffer, des Wronski et des Popov, on finira par carrément se perdre, même sur notre balai ! Et puis, c'est pas comme si on avait comme but de les réussir, tous ces trucs... Ca doit être sympa, c'est sûr, mais c'est pas comme si c'était utile..."

Il haussa les épaules, avant de boire une gorgée de bière. Combien de temps mettraient donc les commandes à arriver ? Avec un peu de chance, tout serait là en même temps, mais il pouvait aussi y avoir un décalage, et ils seraient tour à tour obligés de regarder l'autre manger... Et puis... ah, on verrait bien le moment venu. Là, c'était instant présent. Toum toum, toum toum.

"Mais bon, c'est cool de pouvoir autant se donner, se dépenser. Et puis, on profite d'autant plus de la douche derrière ! C'est pas les cours de droit qui nous donneraient tout ça..."

Le regard du Celte, qui avait un peu navigué n'importe où quand il parlait, se posa sur Lavande. Et il fut à nouveau frappé par la belle jeune femme qu'elle était devenue. Est-ce qu'il était capable de lui dire, ça ? Et elle, qu'est-ce qu'elle pensait de lui ? Il repensa, avec un petit sourire, à ce qu'elle lui avait glissé un an plus tôt, lors du cours de potion... "Tu devrais envisager de venir plus souvent en cours dans cette tenue, je suis certaine que la population féminine de l’UMA apprécierait." Lui rappeler ça ne serait pas forcément la meilleure preuve de tact, aussi choisit-il, et très certainement à raison, de se taire.

"Ca fait quoi, la vie sans colocataire ?" demanda-t-il alors, en désignant d'un grand geste du bras la pièce autour de lui.

A première vue, ça devait être génial, surtout qu'elle payait une chambre pour deux et était seule, au lieu d'être dans sa propre chambre. Ca avait donc un avantage financier, mais il devait bien y en avoir d'autres. Kael, en tout cas, appréciait les fois où Neville était absent. Mais ça durait rarement très longtemps...

- Bah justement, en parlant douche t’as une paix royale. Personne pour te gueuler de te dépêcher ou t’engueuler parce que t’as encoooooooore fini le gel douche et oublié de le changer.

Le Celte ne connaissant pas Denna plus que ça, voire, en fait, pas du tout, il s'imagina la pertinence de l'imitation. Peut-être l'étudiante ex-colocataire avait-elle tendance à s'énerver, dans le fond, elle n'avait pas tellement tort, mais se montrer un peu trop à cheval sur les règles n'aidait pas à mettre une bonne ambiance, surtout lorsqu'on était forcé de vivre ensemble... Malgré les quelques bases de la vie en communauté, personne n'était parfait, hein ? En tout cas, de ce côté-là, Kael avait de la chance avec Neville, même s'il n'était pas non plus un camarade de chambrée particulièrement fascinant...

- Parfois j’avais l’impression de partager la chambre avec ma mère, Denna avait un côté légèrement maniaque sur les bords qui clashait pas mal avec ma nature intrinsèquement bordélique. poursuivit Lavande.

Ca, c'était un problème, être différents sur certains points, surtout quand ça concernant l'ordre. Mais on ne pouvait pas changer simplement pour s'adapter à l'autre, c'était le meilleur moyen pour qu'un jour la vraie nature refasse surface en décuplé. Le Celte suivit le regard et le mouvement du bras, observant la chambre, qui malgré les dires de la jeune fille n'étaient pas vraiment bordélique. Comme quoi, on pouvait aussi, de temps en temps, faire quelque chose de surprenant, même pour soi-même. Elle s'expliqua :

- Là, par exemple, t’as la version soft, je venais de ranger un peu quand t’es arrivé, alors imagine un peu ce que c’est en temps normal.

On aurait presque pu dire que le destin faisait bien les choses. Elle avait rangé pour paraître sous un bon jour, et hop, Kael arrivait, suite à une erreur qu'on aurait pu considérer comme... bienvenue. Elle avait des choses à dire, aussi la laissa-t-il continuer. Il viendrait bien un moment où lui aussi pourrait causer. Le temps de paroles n'était pas chronométré, après tout.

- Et puis bien sûr, je peux inviter qui je veux, même si pour l’instant je n’ai pas vraiment eu l’occasion de profiter de cet avantage. La seule personne que j’aurais pu inviter c’est Alan mais il a déjà une chambre individuelle donc bon pas super utile … enfin jusqu’à ce soir bien sûr.

Les yeux du Celte achevèrent de balayer la chambre et tombèrent sur les joues rougissantes de Lavande. Elle venait simplement d'évoquer Alan, son meilleur ami, et jusque là, aucune rumeur ne leur prêtait d'histoire. Ca n'était donc certainement pas parce qu'elle avait parlé de son collègue de la section médico-soins que son visage avait soudain pris une teinte un peu plus soutenue. Il eut un petit sourire, tout en se demandait ce qu'il allait bien pouvoir dire, là, maintenant. Deux solutions : embrayer sur quelque chose de totalement différent, pour dissiper le début de gêne qui semblait vouloir s'immiscer, ou bien s'engouffrer dans la brèche, et dans le brouillard, sans savoir où ça mènerait... Après avoir bu une gorgée de bière, il prit la parole :

"On est presque au XXIème siècle, et les chambres sont pas mixtes... On se demande ce qu'il craignent, hein ?"

Mais pourquoi est-ce qu'il n'avait trouvé que ça à dire ? La délivrance arriva par quelques coups frappés à la porte. En une demi-seconde, il fut sur pieds, indiquant qu'il allait voir qui c'était. Avant de se dire que ce n'était pas sa chambre, et qu'on risquait de trouver ça bizarre. Mais trop tard, déjà ouvrait-il au visiteur du soir. Un grand type avec un peu de ventre : le concierge. Dans une main, il tenait un sac en papier, typique des repas à emporter de n'importe quel fast-food. Dans l'autre, une boite en carton avec un système pour tenir la boisson.

"Ah, bonsoir, m'sieur ! Vous nous sauvez la vie !"

Ah ? Simplement la faim, ou parce qu'ils s'engageaient un peu trop vite sur un voie sinueuse ? Personne ne le saurait jamais, et surtout pas l'employé de l'UMA. Muni des deux commandes, déjà réglées par ce très pratique système mis en place par l'administration, le Celte salua l'homme et ferma la porte du pied, avant de poser le tout sur le bureau.

"C'est fou comme c'est rapide, et c'est encore mieux que tout soit arrivé en même temps. Manger en alternance, c'pas le pied, hein."

Muni à la fois de sa bière et de sa boisson, Kael décida de terminer la première, tant qu'elle était encore fraiche. La bière tiède, c'est dégueulasse. Attrapant le petit carton contenant les frites, il en goba quelques-unes. Manger allait être l'occasion idéal de se concentrer sur quelque chose d'autre que les étranges pensées qui avaient traversé la tête de l'ancien Poufsouffle. Etranges ? Pas vraiment. Naturelles, plutôt. Mais que voulez-vous, le premier pas est toujours le plus difficile à faire.

"Bon appétit ! Alors, elle est à quoi, cette pizza ?"

Sympa, le sujet de conversation. Non vraiment, n'aurait pas pu trouvé mieux...

Lavande n'avait pas répondu aux dires de Kael sur le XXIème siècle, et quelque part, elle avait dû être soulagée de n'avoir pas à le faire grâce à l'arrivée impromptue du concierge. En revanche, elle se montra tout à fait d'accord sur le fait que leurs repas respectifs étaient arrivés en même temps, ce qui évitaient tous les inconvénients de la situation, que nous ne répéterons pas ici, pour des raisons évidentes d'hygiène. Ses frites en main, le Celte s'intéressa au contenu de la boite qu'avait commandée sa camarade. Ananas, dites-vous ? Il se pencha pour voir en même temps qu'elle, qu'en effet, c'était bien ça. Le concept, en soi, était plutôt intéressant, et il rendait d'ailleurs l'ancien Poufsouffle particulièrement curieux quant au goût que ça pouvait bien avoir...

Ca n'avait en tout cas pas l'air bien plus calorique que ce qu'il mangeait, lui. Les fruits, ça ressemblait plus à un prétexte qu'autre chose. Mais, eh, hein, et alors ? La vie d'étudiant, la vraie, ça n'était pas des repas diététiques tous les soirs. Trop cher. Quoi de mieux que la base de la bouffe pour se caler le bide à moindre coût ? Non mais. Lavande proposa à Kael de prendre un bout, s'il le souhaitait, car elle disait avoir peu de chance de terminer, malgré les dépenses consenties au cours de Quidditch. Quant à la ligne, en effet, il aurait été dommage qu'elle gâche sa silhouette... Hum.

"Merci... Peut-être après, je suis pas sûr que le mélange soit vraiment idéal... Ma propre ligne risque d'en prendre un coup..."

D'ailleurs, l'ex-Rouge et Or s'empressa de lui, de se, elle-même, d'ailleurs, certainement, rappeler les potions, l'an dernier, avec le gage qui avait amené le Celte à ne plus porter qu'un simple boxer... Il retint un petit rire, parce que la façon dont elle avait sorti ça, presque naturellement, était assez incongru. Mais pour le coup, il retrouvait vraiment la fille qu'il avait aimé, un peu insouciante, et qui ne s'encombrait pas de trop grandes réflexions avant de parler. Et à la voir paraître soudain, et encore, un peu gêné, il la trouva... encore mieux que dans ses souvenirs. Mais il ne dit rien, et elle détourna le tout en s'attaquant à sa boisson, histoire de s'occuper un peu les mains et...

Splash. Le jet, dont la trajectoire parut avoir volontairement choisi ses cibles, atteignit les deux étudiants. Kael s'en prit, heureusement pas trop non plus, dans la face, et sur son t-shirt. Et... ah, et du fait qu'il était assis, ça coulait un peu, et en fait, il en avait partout. Sympa, très sympa. Il cligna des yeux avant de les poser sur Lavande, qui affichait un petit sourire d'excuse, mais qui trahissait aussi son amusement, parce qu'il fallait avouer que comme comique de situation, on était servi. Il l'écouta sans broncher, hochant la tête alors qu'elle parlait presque sérieusement, et puis, parce qu'il fallait bien que ça sorte, il éclata de rire. Et, Merlin, ce que ça faisait du bien.

"Tu sais, c'était pas très subtil, comme moyen, t'aurais carrément pu me le demander directement..." finit-il par dire en se levant.

Et hop, t-shirt par-dessus tête. Sachant pertinemment qu'il ne servirait à rien de le remettre -de toute manière, être torse nu dans les couloirs, ça n'était pas interdit- de la soirée, il se servit du vêtement pour s'essuyer le visage, puis il le jeta près de la porte, où il le récupérerait en partant. Puis il ouvrit son sac, et en sortit sa boisson, présentée... dans un gobelet en carton, avantage sur la canette...

"Et puis, aucun risque que ça gicle, c'est du thé glacé !"

Paille plantée, longue gorgée. Puis il l'échangea avec ses frites, qui avaient eu la chance, et quelle chance, d'être épargnées par le Coca. Reprenant sa place sur le lit, il relança la conversation, le plus naturellement du monde, tout en sachant que dans cette chambre, l'ambiance avait quelque peu... changé, disons.

"Avec tout ça, c'est limite si la douche, ça n'est pas une vraie qu'il faudrait reprendre. Le shampooing au Coca, ça doit pas être le top. Ta pizza a été épargnée ?"

Question importante, parce que la pizza au Coca, ça n'était pas le top non plus.

Elle lui tira la langue . C'est mignon. Après avoir dit qu'elle ne pensait pas que ses méthodes auraient été si évidentes. Et ben si, elle était tombé sur un Kael en pleine forme, ce soir. Il fallait qu'elle relève un peu le niveau, pour ne pas se faire bouffer toute crue. Mais en effet, au final, il avait bien enlevé son t-shirt, afin de lui permettre d'admirer les fameux abdominaux. Le Burger King n'était pas vraiment idéal pour ça, mais bon, un de temps en temps, et en faisant du sport, c'était un petit plaisir qui ne gâchait rien. Les jeunes sont superficiels ? Oui, parfois. Et puis, quand on a un super corps, pourquoi ne pas tout faire pour le garder en l'état ?

Lavande fit ensuite remarquer, et peut-être à juste titre, qu'il n'avait pas eu l'esprit aussi calculateur qu'elle... Ah, mais pourquoi est-ce qu'il avait pris un thé glacé, alors qu'il aurait lui aussi pu opter pour une boisson gazeuse, et ainsi provoquer un second tsunami de soda, dans le but évident de rendre les vêtements bien trop humides et sales pour être portés ? Et bien, parce qu'il y avait d'autres moyens, peut-être pas aussi subtils, certes, voire même carrément directs. Mais on en était pas là, après tout, à la base, il n'avait pas débarqué avec des intentions autre que rendre à sa propriétaire une lettre malencontreusement livrée à la mauvaise personne par un hibou mal informé. Non mais.

Les considérations changèrent d'axe, et Lavande s'empressa, non sans employer un langage joliment fleuri, de vérifier que sa pizza n'avait pas subi elle aussi les conséquences de l'attaque surprise signée Coca Cola. Et à son grand soulagement, auquel se joignit généreusement le Celte, la spécialité italienne agrémentée d'une touche d'exotisme avait été épargnée. Hallelujah ! D'ailleurs, pour s'assurer que l’œil n'était pas trompé, la bouche arriva en grands renforts et mordit de toutes ses dents dans une part. Et le constat fut le même, tout allait bien, au mieux, dans le meilleur des mondes, tralala, youki. L'ancien Poufsouffle termina ses frites, alors que le regard de l'ex-Gryffondor se posait sur le t-shirt en boule.

Elle prouva donc par ses dires que l'état actuel de la pièce n'était pas l'état normal. En même temps, concernant le linge sale, qui se prenait le chou à le plier, puisqu'il devait finir dans un panier, avec le reste ? Pour un gain de place ? De toute façon, dans la machine, le linge restait pas plié longtemps, et donc, pour la place, tintin. Elle lui suggéra, comme ça, presque l'air de rien, qu'il pouvait bien prendre une douche ici, malgré le fait qu'il aurait assez peu de chance de trouver chaussure à son pied, ou plutôt, vêtement à son corps ( ), une fois sorti. L'idée de la robe n'était pas plus séduisante que ça, surtout s'il ne rentrait pas dedans. Ca faisait un moment, tiens, qu'il n'avait pas ouvert, la bouche. Mais bon, elle le faisait bien pour deux.

Attrapant sa boisson, le Celte en aspira une longue gorgée, et s'interrompit juste à temps pour ne pas s'étouffer. Après avoir proposé la douche, voilà qu'elle lui disait carrément qu'il pouvait rester en boxer, en attendant que ses fringues soient sèchent ! Il ne put retenir un petit rire, le genre "non mais qu'est-ce qui nous arrive ?", avant de poser son gobelet par terre. Il n'avait pas encore attaqué son burger, et alors ? Avec une baguette magique, on pouvait bien le réchauffer, de toute façon. Après un soupir, il répondit :

"Tu sais, toi aussi t'es mouillée. Et puis, comme c'est ta chambre, tu peux te mettre à l'aise, tu fais comme tu veux."

A son tour de foutre un grand coup de pied dans les subtilités. Sans même prendre la peine de se lever, Kael glissa ses pouces dans l'élastique de son short, et bascula en arrière, pour le retirer sans avoir quitté le lit. Le vêtement vola pour atterrir non loin du t-shirt, et il reprit une position assise, jambes tendues, appuyé sur ses bras. Là, il aurait pu lui donner un coup de main à se débarrasser de sa tenue cocacolaoté, mais ça aurait pu paraître... un peu trop altruiste. De toute manière... Et puis, oh merde, hein. Très vite, il se retrouva agenouillé, et il se pencha en avant, jusqu'à ce que son visage arrive à hauteur de celui de Lavande, et il lui déposa un baiser sur les lèvres, avant de se reculer. Ca n'avait pas dû prendre plus de deux secondes, mais c'était fait.

La balle était dans le camp de Lavande, désormais. Lui, il s'était désapé, il l'avait embrassée, même si ça avait été assez rapide, mais c'était pour ne pas faire tout trop vite. Même si on venait de franchir une ligne qu'il serait difficile de repasser dans l'autre sens... Une chambre, deux adolescents, des hormones en ébullition, des circonstances particulièrement arrangeantes, vous vous attendiez à quoi, à un scrabble ?

A présent que les hostilités étaient lancées, il n'y avait plus que deux possibilités : la reddition, ou la guerre ouverte. Et, croyez-le ou non, il n'était pas question d'opter pour la première solution. Et puis quoi encore ? Le drapeau blanc, dans ce genre de situation, ne devait servir que de prétexte pour se rapprocher de l'ennemi, pour pouvoir lui enfoncer la hampe dans l’œil. Donc : les hostilités allaient se poursuivre, s'accélérer, et gare à quiconque, ou quoi que ça soit, qui tenterait de s'interposer. Les dommages collatéraux, ça existe, et c'est pas très joli. Comme aux échecs, Kael avait fait le premier mouvement. Le second revenait à sa partenaire de jeu, et elle ne se fit pas prier pour l'imiter, d'abord en tous points, puisque ses vêtements volèrent à travers la pièce, la laissant tout comme lui en sous-vêtements, puis avec plus d'ardeur.

Il accueillit les bras ouverts la vigueur qui lui fut offerte, et les lèvres se scindèrent de nouveau, avant de laisser la chaleur du moment s'exprimer, et le baiser se fit languissant, alors que leurs bouches ne faisaient plus qu'une, dans un ballet tournoyant de langues. Si les mains de Lavande trouvèrent les cheveux de Kael, lui ne s'embarrassa pas, l'une se plaçant gentiment sur sa nuque, l'autre glissant doucement le long de son dos, jusqu'à s'arrêter au creux des reins. Il se remémora la chasteté de leur premier baiser, sur les rives du lac noir, après qu'il l'eut sortie des eaux, sauvée de la noyade, tel le jeune héros insouciant qu'il était. Et fut forcé de constater que ce qu'ils partageaient là... n'avait absolument rien à voir. Au diable l'innocence de leurs douze ans, ils en avaient désormais presque vingt.

Le baiser, finalement, n'avait pas duré si longtemps, mais la passion qui l'avait animé l'avait aussi rendu... infini, et pourtant bien trop court. Leurs regards se rencontrèrent, l'océan face au ciel, et Kael se demanda comment ils avaient pu être aussi longtemps loin l'un de l'autre. Leur idylle avait duré un an et demi, ça faisait quelque chose comme cinq ans qu'ils s'étaient séparés, et là, c'était comme au premier jour, comme s'ils avaient toujours été ensemble. Ils avaient été un couple fusionnel, et leurs histoires suivantes n'avaient pas été si couronnées de succès... Le destin ?

Le Celte s'en voulut d'avoir une pensée pour Jemiah, surtout en cet instant, mais ce qui avait mis un terme à leur relation, il ne le souhaitait à personne... Si elle n'avait pas été tuée, peut-être que... Non. Le présent, le présent. Il avait, là, devant lui, une fille superbe, presque nue, rien que pour lui, et il n'avait qu'une envie, c'était se jeter sur elle et lui faire ce que les hommes font aux femmes qu'ils aiment... Et elle fit un petit commentaire, qui montrait bien qu'elle pensait exactement la même chose que lui. L'âge avait en quelque sorte bonifié leur relation, à présent qu'elle reprenait. Et, à la voir, là, il finit par... se sentir un peu à l'étroit dans son boxer. Oh, hey, la nature, quoi.

Il ne fit aucune remarque, il n'y avait rien à dire. Il prit ce qu'il y avait sur le lit, et qui était susceptible de gêner, pour tout mettre par terre. Et cet instant, pourtant court, qu'ils venaient de passer sans se toucher, et bien, il était temps qu'il s'arrête. L'ex-Poufsouffle tendit la main à Lavande, pour l'attirer vers lui, et dans le mouvement l'étendre sur le dos, et il repartit à l'assaut par un baiser encore plus fougueux. Combien de temps avait-il attendu ce moment ? Son inconscient lui hurlait "depuis toujours !" et il était plus que tenté d'y croire. Passant une jambe par-dessus sa partenaire, il se retrouva au-dessus d'elle, tâchant de ne pas l'écraser de tout son poids, ce qui ne rendait pas forcément la position très confortable. Et puis, il rompit le baiser, quelques secondes, le temps de glisser :

"Tu m'as manqué..."

Il y aurait eu tant à ajouter, mais le temps n'était pas aux paroles, dire quoi que ce soit maintenant était plutôt inapproprié. Ils auraient largement le temps de causer ensuite. Donc, le baiser reprit, de plus belle, plus fort, et sa main descendit le long de la gorge, s'arrêta sur les bonnets du soutif, et continua, dessinant la courbe parfaite de la hanche, de la fesse, de la cuisse. Et son désir ne faisait que s'accroître. Il brûlait de lui faire plaisir, de partager un moment de félicité. Et dire que tout ça arrivait par hasard ! Par hasard ? Oui et non. Parce que si ça n'avait pas été ce soir, il y aurait eu une autre occasion, et le résultat aurait été exactement le même.

Kael ne mit que peu de temps à trouver un point sensible chez Lavande : le nombril. Il ne put s'empêcher de sourire, car c'était bon à savoir. Il interrompit ses gestes lorsqu'elle décida qu'il était temps de se donner un peu de liberté de mouvements, en dégrafant son soutif, qu'elle ôta et envoya voler, peu importait où. Les préoccupations du moment n'étaient pas à l'ordre ou au rangement. Et lui, il put admirer le spectacle qui lui était offert. Il ne pouvait cacher qu'il avait laissé son imagination travailler un peu, tâchant de se représenter le corps nu de la fille que son cœur avait pris pour cible, et en définitive, il avait été en-dessous de la réalité, mais peut-être était-ce l'excitation, visible et palpable, qui lui faisait croire que ses seins étaient parfaits. Et puis, peu importait la réalité, car ce qui compte, c'est bien le regard de l'autre, non ?

Elle se redressa alors, le repoussant du coup, pour qu'ils ne se trouvent plus l'un sur l'autre, mais dans une position bâtarde, qui élargit le champ des possibilités de la jeune femme vis-à-vis de son corps à lui. Une main toujours posée sur le lit, pour l'aider à garder l'équilibre, l'autre glissa dans le dos de Lavande, à présent sans l'entrave du soutien-gorge, et ils s'embrassèrent encore, passionnément, avant qu'elle ne rompe le contact pour changer d'optique. Et il ferma les yeux, savourant la douceur des lèvres qui glissèrent vers son oreille, descendirent dans son cou, non sans avoir laissé les dents s'attaquer délicatement à son lobe, avant de poursuivre, toujours plus bas. Et il finit par là lâcher, se penchant vers l'arrière, alors qu'elle atteignait les abdominaux, puis le boxer, qui n'en pouvait plus.

Il fut parcourut d'un frisson lorsqu'elle dessina, du doigt, sa virilité au meilleur de sa forme. Et elle s'arrêta, presque soudainement, avant de s'étendre, les bras écartés, sur le lit. Et il n'éprouva rien, en cet instant, d'autre que l'irrépressible envie de lui faire l'amour. En un clin d’œil, il ôta le dernier vêtement qu'il lui restait, libérant ses atouts, et ses lèvres se refermèrent sur un téton, alors qu'il se penchait sur elle, et qu'une main s'occupait de l'autre, pour ne pas faire de jaloux. La seconde main, après avoir erré autour du nombril, qu'elle effleura plusieurs fois, glissa plus bas et s'insinua, le long de l'aine, sous l'ultime rempart à leur fusion. Le côté pratique ne manqua inévitablement pas de survenir dans son esprit : il espérait qu'elle avait quelque moyen de contraception à disposition...

Ca n'était pas sa première, aucun des deux n'était vierge, mais pour leur première ensemble, il avait l'impression qu'il redécouvrait ce qu'était partager un moment de plaisir, de chaleur, d'intensité, et ils n'en étaient pas encore arrivés au summum. Mais avant même d'y parvenir, il y avait tant à faire, et pourtant, il avait hâte d'y être, parce qu'aucun préliminaire n'équivalait ce qui suivrait immanquablement, et il voulait qu'elle le vive, qu'elle en jouisse. Sa main poursuivit sa descente, le pouce attrapant le bord au passage pour faire glisser le sous-vêtement, et sa bouche délaissa le sein, l’œdème dressé, pour retrouver les lèvres, furtivement, avant qu'il ne s'écarte de quelques centimètres, pour qu'elle lise dans son regard l'interrogation qu'il ne prononcerait pas à voix haute.

Magie, magie, et vos idées.... L'instant fut un peu rompu lorsque arriva l'inquiétude concernant les précautions à prendre. D'une manière générale, on ne pouvait éviter ce moment un peu moins glamour, mais c'était le prix à payer pour éviter 1) d'avoir un enfant quand on en veut pas, 2) d'attraper des maladies qu'on ne veut pas. Bien sûr, la seconde option n'était pas envisageable, et d'ailleurs, y avait-il des MST chez les sorciers ? La question méritait d'être posée. Quand à la première option, et bien, pour leur première fois, ça n'était pas vraiment ce qu'ils escomptaient. Surtout s'ils devaient recommencer... Et puis, ils étaient trop jeunes et bien trop occupés dans leur vie de tous les jours pour être encombrés par l'arrivée inopportune d'un enfant. D'ailleurs, ils n'auraient pas forcément fait des bons parents, du moins, pas aussi tôt. Et... bref.

Lavande le repoussa légèrement, pour qu'elle puisse se redresser. Elle l'embrassa au passage et lui, brûlant de désir, compensa le contact rompu par le spectacle qu'elle lui offrit, promenant sa nudité dans la chambre. Elle trouva, même si les recherches n'en avaient pas vraiment été, l'objet dont ils avaient besoin, et le brandit tel un trophée. Il lui rendit son petit sourire, et elle revint vers lui, sur le lit, avant de déchirer l'emballage avec les dents. Et alors qu'il tendait la main pour prendre le préservatif, elle secoua la tête. Ah. Le Celte haussa les épaules et se laissa faire. Au moins, ils partageaient aussi les petits instants incongrus... Et puis, elle s'étendit de nouveau, et lui sur elle, les yeux dans les yeux, et ils s'embrassèrent, et ils se complétèrent. Et il profita pleinement du présent, avec comme premier objectif son plaisir à elle, et il sembla qu'il atteignait cet objectif.

Il n'aurait su dire combien de temps dura cette première fois pour les deux amants, mais il finit par se libérer, mettant un point final à ce qui devait être... sa plus belle expérience en la matière.

Il se laissa rouler sur le côté, puis s'étala sur le dos, reprenant son souffle. Leurs corps luisaient de sueur, et ils vivaient à présent un moment de détente, la décompression, et dans leurs têtes tournaient mille pensées. Lavande se colla contre lui, l'embrassa, et lui signifia à quel point elle avait aimé. L'intensité retombait, mais leurs ébats avaient particulièrement réchauffé la température de la chambre. Les yeux fixés sur le plafond, le Celte, un bras glissé sous elle, lui caressait l'épaule, le bras, alors que son autre main avait saisi celle que Lavande avait posé sur son torse. Après une longue inspiration, il répéta :

"Wahou."

Puis il tourna la tête pour la regarder. Comment n'avait-il pas pu se rendre compte plus tôt, qu'une fois qu'elle avait été libre, qu'elle avait rompu avec Seamus, que c'était elle, la fille qui prenait le plus de place dans son cœur ? Il s'était répété plusieurs fois qu'elle n'était qu'un amour de jeunesse, une histoire passionnée mais courte, et il avait vécu d'autres aventures, mais il voyait, là, que le chemin l'avait inexorablement mené vers elle. Doucement, il se mit sur le côté, pour lui faire face, et il la regarda les yeux dans les yeux.

"Qu'est-ce que t'es belle..." glissa-t-il, avant de l'embrasser.

Sa main dessina ensuite la courbe de la hanche, descendant, remontant, et il lui présenta ensuite ses doigts, un peu humides de sueur.

"Tu sais, je crois que je vais accepter ta proposition de douche."

Et sur ces mots, il se leva et se dirigea vers la salle de bain, jetant au passage, après y avoir fait un nœud, le préservatif, dans la corbeille. Ah, une salle de bain de filles. Arrivé là, il croisa les bras et se tourna vers la porte, qu'elle le rejoigne, et qu'elle prenne un peu les choses en main. Apparemment, elle savait faire, alors il n'allait pas s'en priver.

Lavande afficha un petit sourire moqueur en se levant à son tour, alors que lui restait planté là, à attendre. Elle avait parfaitement compris le message, tant mieux, mais elle se permit tout de même une petite remarque, ce qui eut pour résultat de le faire, d'abord, hausser les épaules. Il aurait pu ne rien dire, faire le contrit, mais il y avait tant de répliques qui lui venaient qu'il eut même du mal à en choisir une...

"Que veux-tu... Je viens de faire l'amour à la plus belle fille de Londres, et tout ça m'a fatigué, je ne suis plus bon à rien..."

Et il eut le bon goût de prendre un air désolé. Avant qu'un sourire entendu ne se peigne sur ses lèvres tandis qu'elle l'emmenait par la main jusqu'à la prochaine destination. Ensuite, ils ne pipèrent mot, il n'y avait de toute manière pas grand chose à dire. Lavande s'occupa d'ouvrir le robinet, afin que le jet d'eau prenne une température agréable, et consacra le temps nécessaire à un baiser qui la fit mesurer la différence de taille entre les deux amoureux... Et oui, depuis leur séparation, la nature avait fait valoir ses droits. L'ancienne Gryffondor était plutôt petite, un peu en dessous de la moyenne, probablement, alors que le Celte, lui avait hérité des gènes généreux en centimètres de sa famille, et il culminait à un mètre quatre-vingt cinq. Et pour ce premier baiser debout, il ne bougea pas de sa hauteur. Finalement, à voir comme elle se dresser sur la pointe des pieds, il ne fut pas de trop à se baisser un peu pour compenser... Bon, au moins, il faisait bien protecteur.

Après avoir vérifié que l'attente n'avait pas été en vain, Lavande entra dans la cabine, l'ex-Poufsouffle à sa suite, et là le constat fut implacable : c'était un peu trop exigu pour qu'on s'y sente totalement à son aise. Du coup, comble de la malchance, voilà qu'ils étaient collés l'un à l'autre ! Bon, il n'en fallut pas plus à Kael pour que les effets de cette proximité se fassent ressentir, mais que voulez-vous, il y a des choses qu'on ne contrôle pas. Et puis, la cause de cette nouvelle santé n'était pas n'importe qui non plus. De la gêne ? Nenni. Au contraire. Bref. Apparemment, il y avait un petit souci, et Lavande tâcha de ne pas rire en énonçant lequel.

"Ah, en effet, c'est un peu con, comme problème..." fit le Celte, fataliste.

Sa position à lui ne lui permettant pas non plus d'attraper facilement l'objet de leur convoitise, il prit Lavande par les épaules et les fit tous deux pivoter, de façon à ce que l'étagère soit à côté d'eux, et non derrière lui. Ainsi, il put saisir le gel douche et, plutôt que de le remettre à celle qui était à la fois son ex et sa nouvelle petite amie, ouvrit la bouteille, et la retourna pour qu'elle en recueille dans ses mains. Lui-même en prit dans l'une des siennes, et posa le flacon. Tel qu'il était placé, la zone la plus facile à laver, c'était les épaules de Lavande. Sans se poser de question, il commença donc les frictions.

"Ca me fait penser au bain qu'on avait pris dans la salle sur demande, tu te rappelles ? C'était pas vraiment les mêmes... conditions."

Et ce sur plusieurs plans. A l'époque, ils étaient jeunes, la baignoire était plus grande que la douche, et en plus, ils étaient maillots de bain... Alors que là, ils étaient parfaitement en âge de se la jouer Adam et Eve dans un mètre carré et sous la flotte. Après un court instant, il reprit, pensant comme elle au côté romantique :

"J'ai bien peu que le cliché de se laver mutuellement le dos puisse difficilement se réaliser ici..."

Enfin, bon, le dos, le dos, ils sont bien gentils, mais y a pas que le dos, dans la vie...

Le moins qu'on puisse dire, c'est que Lavande ne s'embarrassait pas des formes. Elle devait se sentir suffisamment à l'aise pour se permettre d'y aller franco, aussi se permit-elle, après avoir fait remarquer que le cliché, si tenté, lui aurait fait se casser la figure, de signifier que ce n'était pas dans le dos du Celte qu'on trouvait le plus intéressant. Il ne put retenir un petit rire, avant que de nouvelles hostilités, tactiles et sensuelles, ne soient lancées. D'accord, à la base, ils étaient là pour se laver, mais rien ne leur interdisait de faire autre chose. Ce fut elle qui commença par prendre les choses en main, avant qu'il ne se joigne aux festivités, qui durèrent un moment, avant que finalement ils ne se décident à retourner dans la chambre. Une fois passés sous le jet, ils quittèrent la cabine et se séchèrent, Lavande étant la première à rejoindre la pièce voisine. Kael, lui, demeura un peu devant le miroir, à se passer et se repasser la main dans les cheveux. Et enfin, il suivit le mouvement, pour trouver l'ancienne Gryffondor qui farfouillait dans son armoire.

Le Celte demeura là, immobile, les bras croisés, toujours nu comme au premier jour, jusqu'à ce qu'elle trouve enfin ce qu'elle cherchait, et le signale par une exclamation triomphale. Dans sa main, elle tenait un t-shirt, le style un peu vieux que l'ancien propriétaire ne mettait plus, et elle le décrivit comme ayant appartenu à son père, et comme nouvelle chemise de nuit pour elle. Pour un court instant, à porter, ça irait très bien, mais Kael n'était pas vraiment prêt à sortir avec, par exemple. Il aurait préféré y aller à poil, tiens. Tant pis pour la taille, aussi, puisque c'était provisoire. Il s'approcha et prit le vêtement, alors qu'elle précisait que ce n'était pas contre le fait qu'il ne porte rien...

"Merci..." fit-il, en secouant la tête.

De toute manière, s'il jouait un peu au con, il pourrait ne mettre que le fameux t-shirt, et la situation ne serait du coup qu'à moitié "cachée". Après avoir, à bout de bras, observé l'ancienne possession paternelle, il l'enfila, pour constater que s'il ne remettait pas son boxer, l'intérêt de n'avoir qu'un haut sur lui était plutôt nul. Aussi, il se mit en quête de son sous-vêtement, jeté un peu plus tôt il ne savait trop où, tout en répondant :

"J'attraperais pas froid de toute manière, hein... Et puis, je vois pas comment on pourrait jaser sur quoi que ce soit, personne est encore au courant."

Après avoir enfin remis la main sur son boxer, il trouva aussi son t-shirt plein de soda et son short dans le même état. Après avoir mis ces deux-là sur le dossier d'une chaise pour faciliter leur séchage, il enfila le caleçon. Puis l'ex-Poufsouffle récupéra son burger, qu'il n'avait pas encore mangé, et constata à quel point il était froid. La pizza devait être dans le même cas.

"Un petit coup de magie pour réchauffer tout ça ? Les émotions, ça creuse, mais manger froid, c'est vraiment pas terrible." fit-il, en levant son sandwich américain, et en désignant la tarte fine italienne de sa main libre.

Bien sûr, il avait parfaitement entendu le compliment, mais on en était déjà arrivé au point où l'objectivité n'avait plus sa place. Ils auraient bien tout le temps de s'en faire d'autres, mais en attendant, les estomacs, eux, avaient aussi besoin d'être contentés. Il fit tout de même une petite remarque :

"Tu dis que tu t'en voudrais que j'attrape froid, mais toi, tu n'es pas très couverte non plus, hein..."

Ben oui, après tout, elle avait les fesses à l'air.

La proposition de réchauffage des mets commandés fut acceptée, mais à la condition expresse que ça soit lui qui s'en occupe. Bon, il aurait aussi pu refuser, mais Lavande devait s'habiller, et puisque lui était de nouveau un peu plus présentable, il n'avait de toute manière rien à faire de plus. Empruntant donc la baguette de sa chérie, qu'elle avait laissée là, il s'en servit pour rendre à la pizza et au hamburger l'appréciable chaleur qui allait les rendre mangeables. Lorsque ce fut fait, l'ancienne Gryffondor rejoignit le Celte sur le lit, et ce dernier lui tendit une part. Qu'est-ce qu'il était serviable, ce jeune homme, dites donc. De son côté, il attrapa le sandwich américain et c'est de concert qu'ils mordirent à pleines dents dans leur bouffe respective. Kael avait bien préparé son coup, aussi la sauce, la salade et la tomate demeurèrent entre les deux tranches de pain et la viande. C'est qu'on ne la lui faisait pas.

Il était heureux. Une simple erreur de courrier l'avait amené à coucher pour la première fois avec son ex-petite amie, qui du coup, devenait sa petite amie. A l'époque, ils étaient trop jeunes, et en définitive, c'était une expérience assez particulière, mais très agréable, que de pouvoir quelques années après concrétiser. Le silence entre eux n'étant pas un habitué, il ne tarda pas à se faire chasser à grands coups de questions. Etre bavard et curieux est un art qui se cultive, et quand on est deux, c'est encore mieux. Pour beaucoup de choses, certes, mais pour la conversation notamment. Ainsi, Lavande lança le sujet des gages de l'année précédente... Drôle de question, et la réponse risquait d'être assez peu complète, finalement...

"Hum, Charlie et moi, on a réussi, bien sûr. Britannia est bien rentré dans le jeu, ça nous a facilité la tâche, finalement... Pour les autres, je sais pas trop, ça a été un peu le bordel, du coup Charlie a un peu laissé tomber, et moi aussi. C'est dommage, mais il faut avoir de bonnes idées, qui motivent, sinon personne n'a vraiment envie de tenter le coup..."

Et toc. Mettre le manque d'inspiration et de suivi du joueur sur les personnages, c'est fait. Le Celte prit une autre grosse bouchée de burger avant de boire un peu, pour ne pas s'étouffer. N'aurait plus manquer qu'il faille appeler un ambulance... Mais non, avec une baguette magique, n'importe qui pouvait sauver la vie de quelqu'un qui a quelque chose de coincé dans la gorge...

"Et puis bon, si on révèle trop de choses, on peut pas les réitérer, sous formes de dérivés, l'année d'après..." ajouta-t-il, accompagnant ses paroles d'un clin d’œil.

Comment ça trop facile ? Mais non. Le hamburger fut achevé en deux bouchées de plus, et Kael se contenta de siroter ce qui lui restait de boisson. Après un moment, il reprit la parole :

"C'est fou comme je me rends compte que ça m'a manqué d'être avec toi. Surtout que maintenant, on est en âge de faire tellement plus de choses qu'il y a quelques années."

Contournant la pizza, le Celte se placer derrière Lavande, une jambe de chaque côté d'elle, et l'embrassa dans le cou, le nez enfoui dans sa belle chevelure blonde. Ses mains se croisèrent sur le ventre de sa douce, et il resta là, dans cette position. Parce qu'il était bien, et qu'elle était la seule à pouvoir le déloger de là. Na.

Du pied, Kael repoussa la boite de pizza désormais vide et fermée. Sur le lit, elle prenait vachement de la place, en fait. Lavande, elle, se laissa aller contre lui. Appuyé contre le mur, elle étendue contre son torse, ils étaient bien. Et elle exprima à son tour ce qu'elle avait ressenti, ce qu'elle ressentait à présent, et il se rendit compte qu'il pensait la même chose. Quand ils avaient été loin l'un de l'autre, ils n'avaient pas plus pensé que ça au fait qu'ils avaient été ensemble, et l'idée de se revoir, et même d'être à nouveau un couple aurait même peut-être été incongrue. Mais le simple fait de se fréquenter à nouveau, de constater que l'autre était devenu un jeune adulte, sorti, ou presque, de l'adolescence, ça bousculait certains souvenirs. Et le résultat, il était là. Ils venaient de coucher ensemble pour la première fois, ils avaient pu voir et explorer le corps de l'autre, comme si tout cela avait été dans une certaine logique, alors qu'il n'y en avait aucune. A moins qu'une ellipse de plusieurs années ne soit considérée comme logique...

Le moment de retourner dans sa chambre approchait, et Kael le savait, et plus il y songeait, plus il se disait qu'il n'avait aucune envie d'aller se coucher seul dans son lit, en compagnie de Neville. Il aimait beaucoup Neville, là n'était pas la question, mais la compagnie était quand même bien différente. Lavande remua alors un peu, avant de reprendre la parole. Et rien ne fit plus plaisir au Celte que les mots qu'elle prononça ! S'il avait pu sauter de joie, il l'aurait fait. Mais il n'était franchement pas dans la position adéquate, aussi ce fut simplement son cœur qui décida d'accélérer un peu. Elle venait de lui proposer, mine de rien, de dormir là ! Même si elle ne le voyait pas, il souriait. Il laissa volontairement un petit laps de temps, comme s'il hésitait. Ben oui...

"Je suis pas un garçon facile, tu sais." dit-il finalement, très sérieusement. "Je trouve que tout ça va un peu trop vite !"

Après avoir couché ensemble, dire que ça "allait trop vite" était un peu abusé. Mais ça faisait partie du jeu. Il repoussa doucement Lavande, avant d'ôter le t-shirt, le laisser choir au sol, et s'étendit sur le plumard, en laissant suffisamment de place pour qu'elle s'allonge près de lui.

"Mais là, je crois que ne voudrais absolument pas me trouver ailleurs."

Il lui fit signe de le rejoindre, et c'est dans cette position qu'il discutèrent. Vint le moment d'éteindre la lumière, d'ôter les quelques vêtements restants et de se glisser sous la couette, ce qui ne les empêcha pas de parler, encore et encore, jusqu'à ce que le sommeil ne vienne les prendre l'un après l'autre. Et au réveil, non, ça n'était pas un rêve.