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 Lorsque la Mort s'invite [James Kirkby]
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  • Valère Araley
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MessageSujet: Lorsque la Mort s'invite [James Kirkby]   Lorsque la Mort s'invite [James Kirkby] EmptyLun 2 Mai - 21:37:09

« Comment te portes-tu, Ulter ? J'ai l'impression que l'affreuse mycose qui déforme ton visage semble s'être améliorée, depuis notre dernière rencontre. Sont-ce grâce aux soins de Nell ? »

Bien évidemment, le pauvre homme était incapable de répondre. Sa bouche sèche et déformée formait une étrange protubérance gonflée, semblant dure comme de la rocaille. Il marmonna péniblement et Valère, attentif, tendit l'oreille, un sourire aux bord des lèvres.

« Allons, ne t'épuises pas. Je me doute bien que c'est elle. C'est étrange, comme elle a toujours éprouvé une fascination pour les hybrides et autres monstruosités. Tu transpires la mort, mon pauvre frère. Je comprend qu'elle te tienne si proche de son cœur... »

Un gémissement s'extirpa péniblement de la plaie béante qui servait de bouche à Ulter, tandis qu'un filet de bave gluante dégoulinait le long de la commissure, puis de son menton. Valère eut un nouveau sourire. Depuis toutes ces années, son jeune frère souffrait le martyr. Parce qu'il avait eu l'affront de tenter de prendre sa place. Valère était l'aîné. Il était interdit de tenter de le dépasser. Il était l'avenir de la famille. Du moins, il l'avait été jusqu'à ce que son père commette l'erreur de l'envoyer rejoindre la cause des Mangemorts. Aujourd'hui, il n'était plus qu'un sorcier en fuite. C'était la première fois qu'il osait passer le perron du château depuis qu'un de ses anciens complices l'avait dénoncé. Ulter aurait dû prendre sa place, à l'heure actuelle, mais il ne le pouvait plus. Défiguré, atrophié par sa maladie, il n'était plus capable que de se déplacer d'un bout à l'autre de sa chambre.

« Dommage que Nell n'ait pas encore trouvé un remède, n'est-ce pas, Ulter ? »

Araley s'approcha d'un pas lourd, s'assit sur le rebord du lit avant de tourner le regard vers la table de chevet du malade. Un simple réveil et un livre à la couverture usée étaient posés là. C'étaient ses seuls distractions. Valère toucha le cadran de l'horloge du bout des doigts, puis laissa retomber sa main le long de son flanc.

« Tu aurais pu prétendre à l'héritage qui m'appartient, dans de telles conditions. Et tu aurais tenté de me châtier comme un jeune loup venant tout juste de prendre la tête de la meute... Toi, qui est aussi traître que ceux qui ont osé m'outrager. Tu as payé, mais rassures-toi, tu ne seras pas le seul à subir les conséquences de tes actes. »

Il se releva au moment même où Nell entrait dans la chambre, aussi rigide et austère qu'à l'accoutumée. Elle n'avait pas changé et paraissait cinq ans plus vieille qu'elle ne l'était réellement, avec son chignon fade relevant ses cheveux bruns, sa nuque longue et froide, qui portait pourtant le teint du soleil grec, comme leur mère et Sterenn. Sa longue robe à baleines bleue nuit cachait ses sempiternelles chaussures à petits talons. Un plateau d'argent dans les bras, elle s'immobilisa à la vue de son frère aîné et lui tourna un regard frigide.

« Je ne pensais pas vous voir ici, Valerius. »

Murmura-t-elle. Ses traits se plissèrent légèrement et il semblât à Valère qu'elle retenait un sourire mesquin de s'afficher sur son visage. Elle l'avait toujours appelé ainsi et il avait toujours détesté cette prononciation trop latine. Il fronça les sourcils, sévère. Elle inclina légèrement la tête.

« Je saluais mon pauvre frère. Dites-moi, n'y a-t-il pas des elfes, pour cela ? »

La jeune femme ne répondit pas et continua son chemin jusqu'au chevet de son protégé, vers lequel elle se pencha avec soudain plus de passion. Le plateau dans une main, elle en extirpa une serviette humide et enduite d'une crème laiteuse, qu'elle lui appliqua délicatement sur le front. Ulter termina de se badigeonner le visage seul, malgré la sècheresse de ses mains tandis que Nell posait une tasse de thé sur la table de chevet.

« Hélas, ma chère... Je crains que cela ne fasse que le soulager. À moins que votre génie vous ait permis de découvrir une formule assez sophistiquée pour vaincre cette forme de dragoncelle ?
- Je le pense. Depuis ces dernières semaines, cela semble s'être amélioré. Nous ne désespérons pas de le voir un jour recouvrer la santé.
- J'en suis fort aise. J'espère que vous me montrerez vos travaux, Miss. Ils m'intéressent particulièrement. »

Sans un mot de plus, Valère pris congé et descendit au salon.
Le patriarche buvait une tasse de café en compagnie de son épouse, sobrement habillée de noir. Ils avaient tous deux les yeux rivés sur une petite fille qui tenait une poupée dans les bras et dont les longs cheveux châtains tombaient, lisses et soyeux, sur son visage pourvu des rondeurs de la jeunesse. Tous trois levèrent les yeux vers Valère tandis qu'il s'approchait, dans un silence sépulcral.

« Allez vous la laisser ici ? »
Demanda la femme en relevant délicatement le menton. Ses yeux d'un vert troublant se fixèrent sur son fils, qui ne répondit pas avant d'avoir mis un genou à terre devant elle et de lui avoir baisé la main.

« Y consentiriez-vous ?
Demanda-t-il en un murmure langoureux pour toute réponse. Ce fut Ryann qui répondit.
- Cette enfant ne devrait pas être ici, Valère. Elle n'est pas le fruit du lit conjugal.
- ...Mais nous la garderons ici, si tel est votre désir. Votre père et moi n'y voyons aucun inconvénient, si cela peut vous aider à réparer les erreurs que nous avons commises. Nous trouverons un arrangement. Le nom du clan ne sera pas salit par un si petit détail. »

Valère inclina respectueusement le front et tourna les talons, avant qu'un étrange son ne le force à s'immobiliser. Surprit, il se retourna vers la petite. Cette dernière le regardait et lui tendait les bras, debout. C'était la première fois qu'il lui voyait un tel geste d'affection. Une gêne immense s'empara de lui tandis que le regard sombre de son père se braquait sur lui. Il mourrait d'envie d'ouvrir les bras à sa fille, mais il ne put faire un autre geste que celui de se retourner. Pas ici. C'était impossible, irréalisable. Il ne pouvait pas se montrer si léger devant le regard implacable de ses géniteurs. Frustré, il traversa le château à grands pas, sans un regard en arrière.


Une brume sombre léchait les jambes de l'irlandais, tandis qu'il marchait d'un pas serein dans la rue. Quelques piétons le regardaient d'un drôle d'air, puis pressaient le pas lorsqu'ils parvenaient à sa hauteur. Sa poitrine se gonfla, tandis qu'un profond sentiment de haine s'insinuait en lui. Comment ces moldus pouvaient vivre et marcher en paix sur ce chemin de bitume, alors que lui-même devait se terrer comme le pire des individus ? Cette situation lui était insupportable. Et elle était la faute à celui vers qui il allait, d'un pas régulier, ses yeux d'or et d'émeraude braqués devant lui. Ses pupilles étaient dilatées par la haine et la frustration. James Kirkby allait mourir. S'il le pouvait, il ferait même brûler ce quartier pavillonnaire miteux dans lequel il croupissait. Il se vautrait dans la fange, certainement heureux de toute cette compagnie non sorcière qu'il avait autour de lui, en bon félon qui se respecte. Demain, ses voisins seraient là pour retrouver son corps rigide, lacéré de toutes parts, comme il avait lacéré la vie d'Araley. À cause de lui, elle était tombée en lambeau. Il n'avait plus que sa fille, et c'était une bien maigre consolation.

Le sorcier s'arrêta devant la porte d'une maison modeste. Selon ses sources, c'était là que vivait Kirkby. Un vieil homme vivait au rez-de-chaussée tandis que lui demeurait à l'étage, comme un banal sorcier moyen. Il sortit de sa longue cape de velours noir sa baguette magique et la dirigea en un arc-de-cercle devant lui. La magie était palpable. Elle vibrait aussi puissamment que soufflait le vent. Les protections qui cerclaient la maison n'étaient pas très discrètes, mais elles semblaient néanmoins très puissantes. L'homme n'avait pas le temps de s'ennuyer à les défaire. À cette heure là, James n'était pas encore rentré. Mais le vieux sorcier qui logeait là était à la retraite, il avait toutes les chances de s'en faire accueillir. Il s'avança, puis frappa trois coups contre le panneau de bois.
Un sourire chaleureux se glissa sur son visage tandis que le sorcier lui ouvrait la porte, quelque peu méfiant.

- Bien le bonsoir, Monsieur Jenkins. Je suis navré de vous déranger. Je venais rendre visite à Monsieur Kirkby.
- Bonsoir, comment connaissez vous mon nom, Monsieur...?
- Blackhead, Anton.
- Je ne crois pas vous connaître, cependant votre visage m'est familier...?
- James m'a beaucoup parlé de vous, Monsieur. Nous sommes de vieux amis. Mais je ne vois pas de lumière chez lui, serait-il en retard ?
- Certainement, il n'est pas chez lui, actuellement. Je suis un peu gêné, voyez-vous, car...
- Impero.

Le vieil homme perdit toute expression. Sa main lâcha la porte qu'il tenait encore devant Valère, puis un sourire dépourvu d'intelligence glissa sur ses lèvres ridées.
- Mais entrez, je vous en prie. Je vais vous ouvrir la porte de chez lui. Prenez vos aises en l'attendant.
- Merci mon cher, je n'y manquerais pas. »

Le criminel baissa son arme et suivit d'un pas tranquille ceux du retraité, jusqu'à ce que la porte de la demeure Kirkby ne s'ouvre devant lui.

« Vous devriez retourner chez vous faire une longue nuit de sommeil. Vous êtes épuisé. N'oubliez pas de fermer la porte derrière vous. »

Le vieux sorcier s'excusa de ne pouvoir rester, épuisé par une longue journée à laquelle il manquait une longue nuit de sommeil. Il ferma d'un sortilège la porte derrière Valère, qui garda toute lumière éteinte. À pas de loup, il fit le tour du propriétaire, effleurant de ses mains le moindre obstacle afin de l'identifier. Enfin, il trouva le salon, où il s'installa dans un fauteuil. Les bras sur les accoudoirs, il attendit patiemment que sa proie entre dans le piège.
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  • James Kirkby
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MessageSujet: Re: Lorsque la Mort s'invite [James Kirkby]   Lorsque la Mort s'invite [James Kirkby] EmptyMar 3 Mai - 18:58:17


-Tu ne veux pas manger quelque chose, mon chéri ?


Alba avait doucement ouvert la porte de la pièce où son plus jeune fils travaillait, en bonne mère poule soucieuse du bien-être de sa progéniture. Depuis le début de la soirée, comme il l'avait fait les trois jours précédents, James s'était retranché dans le bureau de Lord Kirkby – son bureau, désormais- et il alignait frénétiquement des chiffres sur des feuilles de parchemin. Il leva les yeux de son travail et répondit gentiment, malgré son exaspération de s'entendre appeler « mon chéri » :

-Non, merci, mère, je n'ai pas faim.
-Il est déjà huit heures et demie passées, pourtant... et tu n'as rien mangé depuis que tu es là...
murmura Alba, déjà alarmée par ce manque d'appétit.
-Ne t'inquiète pas, je mangerai plus tard.
-Tu ne veux pas au moins une tasse de thé ? Tu as l'air épuisé.


Il aurait préféré un bon vieux whisky-glace, mais pour faire plaisir à sa mère, il accepta la tasse de thé. Elle lui décerna son plus radieux sourire et s'en fut préparer elle-même le breuvage, tout heureuse de pouvoir se dévouer pour l'un de ses fils. Elle avait toujours été aux petits soins pour ses trois garçons, jusqu'à l'excès, et depuis le retour du benjamin au bercail, elle s'occupait tout particulièrement de lui. Il lui avait tellement manqué, durant les mois où il avait disparu ! Elle avait eu si peur qu'il soit mort ! Désormais, il ne pouvait plus se montrer dans la maison sans être traité comme un prince babylonien.
Il ne fallut pas cinq minutes à Alba pour remonter, chargée d'un plateau supportant une théière, une tasse, un pot au lait, un sucrier, et, malgré tout, une assiette de biscuits maison. Il ne manquait qu'une rose fraîchement éclose, et ce serait digne d'un hôtel de grand luxe, remarqua ironiquement le garçon tandis que sa mère lui servait elle-même le thé. Elle jeta un coup d'oeil intrigué aux parchemins, mais ne posa aucune question ; elle ne connaissait pas la nature exacte des occupations de son plus jeune fils, mais devinait qu'il valait mieux n'en rien savoir.

-Tu en as pour longtemps ? Tu peux dormir ici, tu sais, fit-elle sur un ton plein d'espoir tandis que James avalait la première gorgée de thé brûlant.
-J'ai bientôt fini. Je termine juste de recopier, annonça le garçon en lançant un regard noir aux derniers chiffres de la série – des chiffres qui n'auraient jamais dû être là.

Du déficit. Voilà ce qui, depuis quatre soirs, occupait le jeune homme. Il avait remarqué, un peu par hasard, que quelque chose clochait dans les comptes de la fabrique de tabacs ; des heures durant, il avait tout repris, tout recompté, et il était arrivé à un trou dans la caisse de plus de six mille Gallions. L'imbécile qui gérait l'affaire devrait en répondre devant qui de droit ; quant à James, il voyait enfin le bout de cette fastidieuse opération comptable. Le lendemain, il irait déposer le dossier sur le bureau de Xenophius, et tout cela ne serait plus de son ressort.

Il termina en vitesse de rédiger les documents destinés à son parrain, et quitta la demeure familiale à neuf heures et demie, après avoir refusé, au grand désespoir de sa tendre mère, de passer la nuit sur place. Il voulait rester seul, pour réfléchir tranquillement à certaines affaires qui lui trottaient dans la tête et pourraient s'avérer très lucratives, s'il parvenait à les mettre sur pied. Pour l'heure, il envisageait surtout d'investir dans le très profitable commerce de la prostitution magique, un secteur encore trop délaissé selon lui.

L'esprit entièrement absorbé par ses futures travailleuses du sexe, il transplana jusque dans son quartier miteux – un quartier qu'il n'allait pas tarder à quitter, d'ailleurs – et parcourut à pied les quelques centaines de mètres qui séparaient son lieu d'atterrissage de son domicile. Il ne remarqua même pas que la fenêtre de Mr Jenkins, son propriétaire insomniaque, n'était pas éclairée, bien qu'il fût encore tôt ; les chiffres l'avaient légèrement assommé, et il marchait lentement, un peu au radar.

Quelque chose lui sembla bizarre dans la maison, mais il n'aurait su dire quoi exactement ; le silence chez Jenkins, d'ordinaire grand amateur de la radio magique, peut-être ? Il leva le sortilège qui verrouillait sa porte mais, contrairement à son habitude, ne rangea pas immédiatement sa baguette magique. Rien ne bougeait dans l'appartement ; le jeune homme s'avança au jugé dans l'entrée, alluma les lumières, et poursuivit son inspection des lieux. Il n'aurait su dire pourquoi, mais il était certain que quelque chose ne tournait pas rond.

À pas de loup, il pénétra dans le salon, et manqua de s'évanouir. Un type était installé dans son fauteuil préféré, et il tournait négligemment sa baguette magique entre ses doigts... un type qu'il n'aurait voulu revoir pour rien au monde, pas même dans ses pires cauchemars. Valère Araley. Paralysé par la peur, il se figea sur place, la baguette à demi-levée, incapable de prononcer le moindre mot.

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  • Valère Araley
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MessageSujet: Re: Lorsque la Mort s'invite [James Kirkby]   Lorsque la Mort s'invite [James Kirkby] EmptyMer 4 Mai - 14:59:55

Un bruit de pas derrière la porte, la vibration d'une puissance magique suivit d'un grincement, puis d'un claquement léger. Un sourire sans joie fendit les lèvres de l'héritier Araley, qui fit tournoyer son arme entre ses longs doigts pâles. Enfin, la lumière de la demeure s'alluma et il eut, quelques secondes plus tard, tout le loisir d'observer la silhouette qui s'approchait à pas prudent. Valère avait rêvé cet instant. Il se l'était mille fois imaginé et, lorsque les yeux du traître se posèrent sur lui, il ne fut pas déçu par sa réaction. Elle était à la hauteur de ses fantasmes. Les couleurs qui disparaissaient de ses joues, son visage qui s'effondrait et ses petits yeux de lâche perdant toute lueur d'intelligence au profit de la peur comme si la mort s'immisçait déjà en lui, étaient les détails qui lui ferait chérir sa vengeance. James Kirkby avait osé le dénoncer, lui, Valère Araley. C'était certainement là son seul acte de courage, à moins qu'il ait été assez idiot pour ne pas s'imaginer les conséquences que cela impliquerait. Manifestement, il l'avait cru mort. Il semblait qu'il apercevait un revenant. S'était-il imaginé une seconde que son accusation le ferait enfermer derrière les barreaux d'Azkaban ? Avait-il eut la folie d'imaginer qu'il se laisserait prendre aussi aisément que les autres ? Manifestement oui. Cruelle désillusion. L'ancien mangemort releva lentement sa baguette magique sur le buste de son délateur. Il savourait cette poignée de secondes.

« Bonsoir James. »

Murmura-t-il suavement sans effacer le sourire satisfait qui planait sur ses lèvres. Le jeune homme n'était manifestement pas assez téméraire pour se montrer loquace. C'était un avantage pour lui, Araley n'avait aucune envie d'entendre le son de sa voix pour le moment. Il aurait tout le temps de supplier plus tard.

« Quelle charmante propriété tu as là, dans un quartier si coquet... Cela et un honorable travail chez Ollivanders, je suis ravi de te voir t'en être si bien sorti. Certaines tares de l'âme semble payer. »

Sur le court terme, du moins, pensa Araley non sans s'en amuser. C'était là ce pourquoi Kirkby avait vendu son allié. Une maison miteuse dans un quartier encrassé par la population moldue ainsi qu'un minable travail de sous-fifre dans un poussiéreux local sur le chemin de traverse. C'était affligeant. Valère préférait encore une année de cavale plutôt qu'une telle vie. Le mode de vie même de James était un affront au greco-irlandais. Ce dernier comprenait à présent sans mal pourquoi le renégat avait fuit avant la fin de la bataille. Sa petite ambition n'aurait jamais su le porter plus loin que cet endroit. La mort mettrait un terme à cette vie encore assez prétentieuse pour palpiter devant lui. À moins que d'autres châtiments plus cruels encore viennent à l'esprit de l'ancien mangemort.
Par deux fois, Kirkby avait perdu un proche, mais il en restait à torturer longuement jusqu'au trépas ou pire, la folie. Si le temps ne jouait pas contre lui, ç'aurait certainement été le choix qu'il aurait fait. Peut-être même aurait-il outragé le cadavre de sa vieille mère avant de le laisser sur le pas de sa porte. L'idée l'amusait énormément. Il aurait pu forcer James à voir les pires supplices qu'il aurait fait vivre à l'un de ses frères ou encore transformer les restes croupissants de son père en inferi qui serait venu le hanter, chez lui. Ou pourquoi pas, dans la demeure paternelle afin que tous partage, en famille, une longue agonie. Il y aurait eu tellement d'opportunités, tellement de possibilités mais malheureusement, il fallait que Valère se trouve obligé de minimiser les risques. Cela lui retirait un peu du plaisir qu'il aurait à massacrer le garçon, mais pas assez pour lui en retirer l'envie. Il avait même été tenté d'amener sa jeune fille au spectacle, afin de débuter son initiation et lui inculquer ce qu'était l'honneur et la droiture. Il lui aurait laissé le coup fatal, car après tout, c'était James le responsable de leur fuite à travers l'Europe, c'était lui qui avait empêché cette petite fille de trouver enfin des repères et d'ancrer ses racines dans le monde qui était le sien. Encore un détail qui contrariait profondément Araley.


« Tu dois connaître la raison de ma venue, n'est-ce pas ? Mais je t'en prie assieds-toi, tu risques de te fatiguer, ainsi debout. »

Valère figea avec vivacité son arme face au cœur de sa victime et informula une incantation. Un jet de brume noire fusa droit vers l'organe vital de James. C'était l'un de ses sortilèges préférés, sensé accélérer de façon démesurée les battements du cœur de la cible jusqu'à ce qu'il se sente trop mal pour tenir sur ses jambes. Un sortilège particulièrement douloureux également, car il rendait chaque battement aussi insupportable qu'une crampe dans un membre sensible (et là, je te vois venir avec tes idées tordues). Son sourire avait totalement disparu, remplacé par une expression meurtrière.
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  • James Kirkby
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MessageSujet: Re: Lorsque la Mort s'invite [James Kirkby]   Lorsque la Mort s'invite [James Kirkby] EmptyJeu 5 Mai - 17:22:17

Ainsi, il allait mourir dans son propre salon, de la main d'un type nonchalamment installé dans son fauteuil. Ce n'était pas vraiment comme cela qu'il avait imaginé les choses. Il avait toujours pressenti qu'un de ses anciens collègues finirait par le retrouver, mais lorsqu'il se représentait la scène, ça ne se passait pas comme ça. Lorsqu'il y pensait, la rencontre avait lieu dans une rue déserte, à la nuit noire. Un type masqué surgissait d'un recoin plus sombre, baguette en main, et il ne perdait pas de temps à bavarder ; l'éclair vert illuminait un instant la ruelle, et tout était terminé. Ce n'était pas très réaliste, il le savait ; un Mangemort trahi ne se contenterait pas de tuer le traître. Au contraire : il prendrait soin de le châtier comme il fallait, de sorte que personne n'ait de doutes sur l'identité de l'auteur de cette vengeance, mais James préférait ne pas imaginer cette partie du programme. De toute manière, il ne serait jamais aussi inventif que ses anciens coreligionnaires ; ce qu'il pourrait supposer de pire ne serait à leurs yeux qu'une sympathique entrée en matière, une forme d'échauffement...

La surprise, la peur aussi, faillirent lui faire lâcher sa baguette magique, mais il se reprit juste à temps. Ses doigts se resserrèrent sur son arme tandis qu'Araley le saluait d'une voix veloutée, terriblement inquiétante. Ce type était un fondu complet, le genre de cinglé capable d'égorger quelqu'un à la pince à sucre sans cesser de lui sourire aimablement... James regrettait amèrement de l'avoir dénoncé ; de tous ses anciens collègues, c'était probablement le plus dangereux, et l'un des plus rusés : d'ailleurs, c'était l'un des rares encore en liberté... S'il avait pu choisir, le repenti n'aurait pas donné son nom, mais on ne lui avait guère demandé son avis. Les interrogatoires s'étaient enchaînés, jusqu'à l'épuisement, avec des interlocuteurs qui savaient s'y prendre pour recueillir des confidences... Pour finir, on lui avait administré du Veritaserum, pour s'assurer qu'il n'avait rien oublié – et c'est à ce moment-là, croyait-il se souvenir, que le nom d'Araley lui avait échappé. Jusque-là, il l'avait tu, et s'était contenté de dénoncer des Mangemorts notoires... et moins dangereux. Pouvait-on, à ce compte-là, parler de trahison ? L'avis de Valère, malheureusement, semblait bien tranché. Il fixait James d'un oeil carnassier, et se mit à railler sa nouvelle vie... Cela devait lui paraître le comble de la misère, mais en cet instant, le jeune homme ne voyait pas de sort plus enviable que de passer une soirée paisible dans son appartement miteux, et d'aller retrouver son patron le lendemain matin... Il songea avec nostalgie au vieil Ollivander, qui pesterait, à l'ouverture du magasin, contre le retard de son apprenti. Il eut également une pensée pour sa mère, et se demanda si elle avait pressenti quelque chose ; elle avait insisté pour qu'il reste dormir, et il regrettait à présent d'avoir refusé. Cela n'aurait fait que retarder son exécution, mais un sursis, fût-il seulement de vingt-quatre heures, était toujours bon à prendre...

Tout à ses pensées, James n'avait encore rien dit. Valère lui demanda d'une voix douce s'il connaissait la raison de sa visite, et l'invita à s'asseoir – sous son propre toit. Avant que le jeune homme ait pu prononcer le moindre mot, son ancien collègue avait levé sa baguette magique, et, en silence, lancé un sort... Le repenti ne connaissait pas cette étrange petite fumée noire, pas plus que cette pénible sensation dans sa poitrine. Il porta la main à son coeur qui s'emballait douloureusement, et paniqua en sentant son pouls se déchaîner. Aucun coeur humain ne pouvait résister à un tel traitement... Il entendait distinctement les pulsations de son coeur, aussi puissantes et rapides que le galop d'un troupeau de chevaux. Une crampe atroce lui serrait la poitrine à chaque battement, et il se vit contraint d'obéir à la proposition d'Araley ; il tituba jusqu'à l'autre fauteuil et s'y laissa tomber en gémissant. Le rythme de son coeur augmentait encore, la douleur et la panique également... Il crispa sa main sur son torse, et laissa tomber sa baguette magique, sans même y penser. À quoi aurait-elle bien pu lui servir ? Dans quelques secondes, si Araley ne levait pas le sort, son coeur exploserait dans sa poitrine. La tête lui tournait, à force d'avoir mal et d'avoir peur. Entre deux gémissements, il souffla machinalement, sans y croire lui-même ::


-Arrête, Valère...



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  • Valère Araley
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MessageSujet: Re: Lorsque la Mort s'invite [James Kirkby]   Lorsque la Mort s'invite [James Kirkby] EmptyVen 6 Mai - 14:48:45

La brume pénétra en douceur le torse de James Kirkby. L'effet fut quasi immédiat. Une funeste satisfaction passa dans les yeux de l'héritier Araley tandis qu'il imaginait sans peine le cœur de sa victime quadrupler de cadence. Il ne pouvait plus rien faire et bien qu'un simple « finite incantatem » aurait pu mettre fin au sortilège, cette incantation d'une extrême simplicité n'était plus à sa portée. Il ne pouvait qu'être focalisé sur les douloureux battements de son organe vital. Bientôt, le sang-froid le quitterait totalement. Cela deviendrait insupportable. Il hurlerait de douleur, chacun de ses muscles lui seront douloureux et il trépassera d'un arrêt cardiaque.
James s'effondra sur le fauteuil face à Valère, la main inutilement mais instinctivement crispée sur le cœur. L'ancien mangemort prit tout son temps pour se relever, avancer d'un pas lourd jusqu'au traître et attraper du bout des doigts son arme qui gisait sur le sol. Il retourna sereinement s'assoir et croisa les jambes, tout en observant d'un œil critique la baguette magique de son adversaire en la retournant entre ses doigts. Il devait s'être passé de longues secondes pour le jeune homme, entre sa demande de clémence et l'instant présent, mais elles semblaient trop courtes aux yeux du criminel. Il releva un regard dépourvu d'expression sur Kirkby, hésita un instant puis leva finalement son arme.


« Finite. »

Les battements de cœur ralentirent pour finalement se stabiliser en douceur. Cependant, un reste de douleur devait encore irradier le torse du sorcier. Il lui faudrait une longue minute pour commencer à se remettre, durant laquelle Valère patienta sans prononcer le moindre mot. Cet élan de générosité le lassa cependant bien vite. James ne le méritait pas, il était encore bien trop clément avec lui. Clément... Le visage d'Araley sembla se métamorphoser. Ses traits s'adoucirent, le menace quitta son regard. Il eut un soupir désabusé tout en faisant tournoyer son arme d'un lent mouvement de poignet. Enfin, le bout de bois s'immobilisa dans les airs et son propriétaire se pencha en avant pour mieux observer James dans les yeux. Il avait envie de jouer un peu, lui laisser miroiter un potentiel espoir de s'en sortir vivant.

« Me dénoncer était une idée véritablement stupide, James, tu le sais. J'aurais pu être clément avec toi. Un homme n'a de valeur que par la force de ses convictions, et si ton choix était de trahir le Seigneur des Ténèbres au péril de ta vie, il y aurait eu une certaine grandeur à oser un tel acte. Dommage que tu n'aies pas su trouver les bons alliés... Je comprends que tu aies été envoyé à Serdaigle plutôt qu'à Serpentard lors de ta scolarité. Tu manques si cruellement d'astuce... Quel dommage, vraiment. »

L'irlandais jeta la baguette de James dans la pièce voisine et glissa la sienne dans la poche intérieure de sa cape. Il se leva souplement et s'approcha de Kirkby d'un pas pesant. Il tourna autour de son fauteuil pour se figer derrière le dossier de celui-ci puis se pencha lentement mais inexorablement jusque ses épaules, où ses mains se posèrent fermement. Sa bouche s'approcha de son oreille.

« J'aurais pu te laisser la vie sauve. Moi non plus, je n'ai pas eu le choix et Merlin sait pourtant à quel point il m'est ... profondément ... pénible, d'être sous le joug d'une puissance supérieure à la mienne. Je ne souffre d'aucune tutelle. Si tu t'étais tourné vers moi... Nous aurions peut-être pu trouver un arrangement. La vie peut parfois être si simple, James. »

Lui-même croyait presque à ses propos. Il ignorait ce qu'il aurait fait si James lui avait demandé de l'aide à lui plutôt qu'aux membres de l'Ordre du Phénix, qui n'étaient en aucun cas capables de protéger leur source d'information contre les conséquences à long terme. Valère n'avait jamais été un fanatique. S'associer au Lord avait été une source de pouvoir et de liberté, cependant il était trop égocentrique pour s'imaginer tel les autres sbires, tremblant, soumis et servile. Il s'était toujours vu au-delà de cela. Sans même que Potter n'intervienne, il serait venu un temps où le Lord aurait pu être dépassé, par la ruse si ce n'était pas la force. Il était âgé, son âme n'avait été plus que la flammèche instable d'une bougie qu'un souffle de vent aurait pu balayer. La preuve était indubitablement la façon dont il avait été vaincu. Une légende s'était effondrée de façon pathétique. Il aurait pu prendre la tête, réunir les alliés les plus indécis sous son étendard. Des alliances se seraient faites, les familles se seraient réunies pour assurer leur survie. Ils ne seraient pas tous ou presque bêtement morts aujourd'hui. Il aurait suffit d'un simple ricochet dans l'eau pour que les évènements tournent d'une toute autre façon. James avait été l'effet papillon qui avait finit par briser toutes les aspirations de Valère. Sa poigne se crispa sur ses épaules, avant de relâcher la pression en douceur.

« Malheureusement, les mauvaises décisions que tu as prises ne me laissent pas le choix. Tu sais comme moi que les honneurs bafoués doivent être sévèrement vengés. Tu vas souffrir, James. Souffrir très longtemps. Aussi longtemps que j'aurais envie d'assister à ton agonie. Peut-être même vais-je t'enlever d'ici et t'amener dans les geôles de mon domaine. Je t'y ferais croupir des jours et des jours. Autant de temps qu'il faudra pour te voir mourir de l'intérieur. Peut-être même te laisserais-je ainsi sans te tuer, pendant de longs mois, jusqu'à ce que ton apathie finisse par me lasser. »

Entonna-t-il d'une voix douce tout en souriant près de sa gorge. Sa main droite se retira de l'épaule du garçon pour se glisser dans la poche qui renfermait son arme. Il l'extirpa d'un geste sec et posa la pointe de cette dernière contre la nuque du jeune homme.

« Crois-tu que ma chère cousine cherchera encore à te protéger ? Elle t'a oublié maintenant qu'elle a obtenu ce qu'elle recherchait. Personne ne viendra sauver un traître. Tu n'as aucune valeur, dans un camp comme dans l'autre. ... Ligature. »

Des lianes s'extirpèrent de la baguette d'Araley et s'enroulèrent sur la gorge du sorcier. La main gauche du mage noir se glissa jusqu'au menton de James et le poussa en arrière. Valère voulait voir son visage lorsqu'il suffoquerait. Les liens n'exerçaient pour le moment aucune pression, cependant ils se serreraient de plus en plus, au fil des secondes qui s'écoulaient.

« Allons James, puisque nous avons la nuit devant nous, racontes-moi comment tu as trahi l'homme qui se tient derrière toi. »
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MessageSujet: Re: Lorsque la Mort s'invite [James Kirkby]   Lorsque la Mort s'invite [James Kirkby] EmptySam 7 Mai - 13:22:59

Les gémissements de James gagnaient en intensité à mesure que son coeur s'emballait, pour devenir de véritables cris de douleur. Enfin, la voix lointaine d'Araley prononça les trois syllabes salvatrices. Instantanément, le coeur du jeune homme obéit, et son rythme se mit à décroître pour revenir à la normale, laissant son propriétaire exténué, tremblant de tous ses membres. Les yeux fermés, le repenti sentait les battements s'espacer, cogner moins fort sous sa main. D'un geste machinal, il se mit à masser sa poitrine pour apaiser la douleur qui contractait tous ses muscles et lui donnait l'impression d'avoir été passé au rouleau compresseur. Peu à peu, la souffrance diminua, et James put rouvrir les yeux – erreur, puisque la première chose qui se présenta à sa vue fut Valère Araley, deux baguettes en main. L'expression de son visage avait radicalement changé ; il couvait à présent sa victime d'un regard presque amical, qui n'était pas forcément plus rassurant que sa gueule de tueur fou. Il se mit à parler, sans rancoeur, à expliquer à James les tenants et aboutissants de leur situation. J'en suis parfaitement navré, très cher ami, mais je me vois dans la triste obligation de vous découper en cubes, en commençant par les pieds, en m'assurant que vous me ferez l'honneur de rester vivant le plus longtemps possible. Le jeune homme, encore secoué par le sort qui avait emballé son coeur, ne répondit rien ; il savait très bien que dénoncer Araley était stupide, et c'est d'ailleurs la raison pour laquelle il ne l'avait pas fait de son plein gré...

Il se raidit lorsque son ancien collègue serra ses épaules, pour venir murmurer à son oreille, sur un ton suave, qu'il allait souffrir comme jamais homme n'avait souffert. Il parla même de faire durer le plaisir pendant des mois, ce qui entama fortement le moral de James. Des mois, soumis au bon vouloir d'Araley, des mois à subir sa vengeance, des mois à implorer merci... Subir deux heures de torture, en étant certain que le coup de grâce ne tarderait pas, c'était une chose, mais servir de jouet à un fou pervers pendant des mois, en sachant au contraire qu'il retarderait au maximum le moment de délivrer enfin sa victime, c'en était une autre... Savoir qu'on serait vivant, mais retranché du monde, incapable de rien faire par soi-même, c'était intolérable... James repensa aux malheureux emprisonnés au Repaire, et à ce qu'ils enduraient. Les pires tourments n'étaient pas les sévices physiques, pourtant atroces ; les Mangemorts avaient à leur répertoire des techniques variées... Il arrivait qu'on annonce à un prisonnier épuisé que le Seigneur des Ténèbres avait ordonné sa libération ; on le transférait dans une cellule plus confortable, on prenait soin de lui, on lui servait d'excellents repas, en lui expliquant qu'il sortirait quand il aurait repris des forces... et quand le pauvre crédule s'était bien remplumé, on le redescendait aux cachots, et on repartait pour un tour. C'était une façon particulièrement cruelle de prolonger les jours des prisonniers... Il y avait aussi ceux à qui on apportait le cadavre de leurs proches, ceux dont on torturait la famille sous leurs yeux... Tout cela, Valère pourrait le pratiquer à loisir... Et il avait raison, James n'était qu'un traître, et personne ne s'étonnerait de sa disparition. Le jeune homme sentit un intense désespoir lui engourdir les membres. Sa gorge se noua ; il avait presque envie de pleurer, mais il se retint. Il aurait tout le loisir de pleurer plus tard, s'il avait encore des yeux. Il ne broncha pas en sentant les liens s'enrouler autour de son cou ; il fixa Araley, et répondit d'une voix étrangement distante :


-Je ne voulais pas te trahir, Valère. Tant que j'ai pu l'éviter, je n'ai jamais prononcé ton nom, mais ils m'ont fait prendre du Veritaserum...


Araley ne le croirait pas : après tout, n'importe quel traître, lorsqu'il devait répondre de ses actes, cherchait à minimiser sa responsabilité. C'était pourtant vrai ; dans sa position, James n'avait aucun intérêt à mentir. Quoi qu'il dise, il allait crever, et à petit feu. D'ailleurs, Valère l'y habituait déjà ; les liens dont il avait entouré le cou de sa victime se resserraient petit à petit, rendaient la respiration pénible, puis franchement impossible... Le regard attentif du Mangemort suivait chaque contraction du visage de James, chaque effort pour happer un peu d'air. Dans un geste désespéré, le repenti porta ses deux mains à son cou pour tenter de desserrer les liens magiques ; simple réflexe de survie, car finalement, mourir à cet instant lui aurait épargné les mois de souffrance promis par Araley... Un sourire malsain sur les lèvres de son tortionnaire lui confirma que son geste était vain, et il cessa de lutter pour se libérer, le corps secoué de spasmes.
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MessageSujet: Re: Lorsque la Mort s'invite [James Kirkby]   Lorsque la Mort s'invite [James Kirkby] EmptyLun 9 Mai - 20:21:50

L'unique chance de survie qu'aurait pu avoir James, c'était de prouver aux yeux du Mangemort qu'il n'était pas responsable de sa cavale. Après tout, les informateurs qu'il avait enrôlé pour découvrir l'ancien mangemort qui l'avait dénoncé auraient pu manquer de zèle et apporter au mage noir des informations erronées. Malheureusement pour lui, James n'avait pas cherché un seul instant à contredire l'héritier Araley. C'était bien lui, le traître, et quoi qu'il dise, il était fichu. Cependant, Valère était curieux de connaître le déroulement des évènements. Il voulait la clarté sur cette affaire. Comment James avait cité son nom, pourquoi avait-il commis une telle folie ? Bien évidemment, celui-là répliquait qu'il avait été sous l'emprise du veritaserum et qu'on l'avait forcé à admettre la culpabilité de son ex complice. C'était classique. Tous les sorciers qui espéraient encore avoir une chance de survivre à un homme tel que le greco-irlandais proféraient ce mot salvateur. James devait pourtant savoir qu'il n'avait plus aucune chance de s'en sortir vivant alors, que lui prenait-il pour s'abaisser encore en tentant un mensonge manquant atrocement d'originalité ? Il se pouvait, bien sûr, que cela soit la vérité. Cependant, James avait déserté de son plein gré. Certains disaient même qu'ils s'était jeté bras ouverts vers l'Ordre du Phénix. Il devait à ce moment savoir pertinemment que les ennemis du Lord chercheraient à soutirer tous les secrets du jeune mangemort. Jusqu'à ce qu'il ne soit plus qu'une coquille vide, inutile, qu'il ne restait plus qu'à expédier au loin en lui assurant une vague protection pour ne pas se trouver en trop mauvais terme avec leur conscience et leur morale.
Par mansuétude, Valère aurait bien voulu le croire, d'autant plus qu'il avait les moyens d'obtenir la vérité grâce à un flacon du sérum sus-cité, soigneusement entreposé dans l'une des poches intérieures de sa cape. Néanmoins, cela ne lui était d'aucune utilité. James n'était plus bon à rien. Il n'avait aucun moyen de s'en servir à d'autres desseins que celui de s'amuser sur son corps encore frémissant de vie. S'il avait vraiment dénoncé Valère sous veritaserum, James ne pouvait même rien pour le réhabiliter.
Araley observa avec un vague sourire les traits du félon se crisper tandis que les liens se tendaient de plus en plus, jusqu'à s'enfoncer dans la peau fine de sa gorge. De minces bourrelets de peau se formaient de part et d'autres des lianes, rouges, bientôt striés de vaisseaux sanguins éclatés. Sa carotide gonflait et le sang allait bientôt manquer à son cerveau. D'un geste doux, tel une caresse, Valère glissa sa baguette magique sur les cordes solidement enroulées. Ces dernières se détendirent. D'un millimètre, tout d'abord, puis se relâchèrent encore et encore jusqu'à ce que la strangulation devienne un peu plus supportable pour le renégat. Et surtout, moins mortelle. Un regret parfaitement simulé glissa dans les yeux du criminel.


« J'aimerais tellement te croire, James... »

Susurra-t-il d'une voix mielleuse. Il détourna le regard de sa victime et s'éloigna de quelques pas tout en portant son attention sur la décoration plutôt pauvre de la pièce, comme si le moindre objet engendrait chez lui une extrême fascination. Il caressa du bout des doigts le fauteuil dans lequel il se trouvait quelques instants plus tôt, tout en glissant sa main gauche dans le revers de sa cape d'où il sortit deux minuscule flacons. L'un renfermait un liquide aussi cristallin que de l'eau, l'autre une potion sombre aux reflets bleutés qui ne cessaient de se mouvoir comme une fumée de cigarette. L'ancien partisan revint à James avec lenteur. Le pauvre enfant avait le visage ainsi que la gorge rouges, il semblait prêt à exploser.

« Je ne suis naturellement pas une personne très portée sur la magnanimité, mon cher, bien que peu de gens puissent te le confirmer. »

Un rire rauque s'échappa une courte seconde d'entre ses lèvres closes. Lentement, il tendit sa main gauche jusqu'au yeux du jeune homme, près, tout près de son visage. À moins de détourner la tête, Kirkby ne pouvait voir que les deux flacons que lui présentait Araley. D'un geste de sa baguette, il fit se volatiliser les liens qui enserraient sa gorge.

« Cependant, je veux bien faire une exception pour cette fois. Je suppose que tu sais parfaitement, toi qui en as déjà été victime, ce que contient le premier flacon. Le deuxième, en revanche, risque de te paraître bien plus mystérieux. Je te laisse le choix de boire l'un des deux. Si tu m'as dit la vérité, tu prendras le veritaserum. En revanche, si tu m'as menti, je te conseille de t'empresser de boire le second afin de t'éviter d'inévitables et profondes souffrances. »

Cela ne faisait nul doute qu'il s'agissait d'un poison mortel. C'était la spécialité de Nell en matière d'élixir de mort, qu'elle lui avait bien aimablement offert avant qu'il ne parte rejoindre feu Lord Voldemort. Il avait bien fait de le garder précieusement... car contrairement à ce qu'il assurait, ce poison à base de venin d'acromantula mettait un temps très respectable à tuer celui qui le buvait. Un flacon comme celui ci, qui ne contenait guère plus de quelques gouttes causaient les plus atroces souffrances. Il détruisait les organes vitaux petit à petit, rongeait sa victime tel un cancer avant de la faire trépasser dans une pénible agonie. L'avantage de ce breuvage, c'est qu'il empêchait le coma, et transformait les nuits de récupération en véritables cauchemars. Non, Valère ne voulait pas prendre le risque de voir James mourir si vite.
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MessageSujet: Re: Lorsque la Mort s'invite [James Kirkby]   Lorsque la Mort s'invite [James Kirkby] EmptyJeu 12 Mai - 8:42:52

C'était donc de cette manière que son père était mort... Il avait lui aussi connu cette sensation de brûlure dans les poumons, ce vertige croissant, cette impression d'être aspiré... Les mains de James se détendirent sur les liens, et son corps s'affaissa. La tête lui tournait furieusement... Il ne pensait plus à rien, pas même à Araley qui devait le regarder crever avec délectation. Il n'avait même plus vraiment mal, il sentait simplement tous ses membres s'engourdir, son champ de vision se réduire à toute allure...
Les liens se relâchèrent, très lentement, et un peu d'air put passer... pas assez pour que James puisse respirer convenablement et que le tournis cesse. Suffisamment, cependant, pour qu'une triste évidence le frappe : Araley n'allait certainement pas le laisser mourir si vite, de cette manière, somme toute, peu douloureuse. Il jouait, voilà tout, comme un chat qui laisse la souris se croire sauvée et la rattrape au dernier moment... Son ancien collègue continuait de parler tout en se promenant nonchalamment dans la pièce ; le jeune homme l'entendit avec dégoût rire à sa propre plaisanterie, preuve indiscutable d'un esprit médiocre na.
Enfin, le tortionnaire acheva de dénouer les liens, et le repenti put prendre une profonde goulée d'air qui lui brûla la poitrine. Il inspira plusieurs fois, bruyamment, avec volupté –simple réflexe du corps libéré de la torture, car le fait d'être encore de ce monde n'avait rien pour réjouir. Peu à peu, le vertige se dissipa, mais James demeura quelques instants encore les yeux fermés, pour prolonger le répit. La voix d'Araley se rapprocha, trop vite, et James rouvrit les yeux ; l'autre lui proposait deux flacons de potions, que le repenti examina rapidement. L'un contenait du Veritaserum, l'autre... il n'aurait su dire de quelle potion il s'agissait, mais il l'identifia comme hautement dangereuse. Un poison, Araley le confirma d'une voix caressante, en homme fasciné par sa propre malfaisance. Il n'y avait guère à hésiter ; choisir le poison n'empêcherait pas son bourreau de lui faire absorber le Veritaserum pour s'assurer de sa sincérité, alors autant ne pas se précipiter sur la potion censée le délivrer... d'autant que la délivrance promise risquait fort de ne pas être aussi rapide que le prétendait son visiteur. D'une main encore tremblante, James prit le flacon de Veritaserum dans la main de son ancien complice, et fit sauter le capuchon. Il avait très soif, il en prit conscience en vidant le contenu de la fiole dans sa bouche ; il y en avait à peine une demi-gorgée, tiédasse à force d'être restée dans la poche d'Araley, mais c'était déjà un soulagement. Le jeune homme posa un regard las sur son ancien collègue, et fit :


-Avec un verre d'eau, ç'aurait été mieux.


La potion n'avait besoin que de quelques instants pour faire son effet, mais celui qui l'avait bue ne sentait aucun changement dans son esprit. James attendit donc, sagement, qu'Araley lui sussurre un « Je t'écoute » doucereux, pour reprendre la parole :

-Eh bien... C'était à la fin des interrogatoires... Jusque-là, ils n'avaient utilisé ni le Veritaserum, ni la légilimancie. Ce sont des gens qui ont des principes, et qui préfèrent compter sur la bonne foi plutôt que sur la contrainte... J'avais livré quelques noms, mais seulement de gens qui étaient déjà connus comme Mangemorts, comme les Carrow, ou Rookwood... C'était surtout les informations sur l'organisation des Mangemorts qui les intéressaient, pas tellement les noms. Ils se seraient contentés de ce que j'avais donné, mais le dernier jour, le jour où ils devaient me transférer dans une autre cachette... j'ai entendu une discussion entre eux. L'une des Aurors qui m'avait ramené là disait que je cachais des choses, que cette liste de noms ne valait rien, et que si les autres avaient des problèmes moraux, elle se chargerait de me faire faire des aveux complets. Juste après, elle est arrivée dans la pièce où j'étais, elle m'a menotté, et m'a fait avaler un flacon de Veritaserum... à peu près la même quantité que toi, précisa-t-il en montrant la fiole qu'il tournait entre ses doigts tout en parlant. Elle m'a ordonné de donner les noms que je cachais, et je n'ai pu qu'obéir...

Ce mensonge par omission lui avait valu quelques mouvements d'humeur de l'Auror, et avait surtout failli annuler tout son accord avec l'Ordre. On ne lui pardonnait pas d'avoir tu certains noms, on ne comprenait pas sa terreur à l'idée de dénoncer les personnages les plus dangereux du monde magique... Il soupira, puis reprit :

-J'ai donné ton nom, celui de Mordred McLane, et deux ou trois autres... Quand j'ai eu fini, l'auror avait l'air contente. Elle m'a détaché en me disant « Je savais bien que tu finirais par me parler de mon cher cousin »...


Il s'interrompit, la mine soucieuse. Le nom de cette femme ne lui revenait pas ; il la revoyait, lui tapotant la tête comme à un enfant sage, il entendait sa voix impérieuse, pouvait décrire très précisément son visage, mais pas la nommer. Le Veritaserum ne rendait pas la mémoire, il disposait seulement à dire la vérité... Avait-il d'ailleurs jamais su ce nom ? Les gentils membres de l'Ordre n'avaient pas pour habitude de se présenter courtoisement avant de l'interroger. Il poursuivit sa réflexion quelques secondes, contrarié de ne pas retrouver ce nom, puis il fixa Araley et demanda :

-Tu veux savoir autre chose ?


Tant qu'on ne le torturait pas, ça ne le dérangeait pas de parler des heures durant, de raconter toute sa vie et un peu celle des voisins. C'était toujours mieux que de hurler de douleur – même si ç'aurait été mieux avec un verre d'eau.
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MessageSujet: Re: Lorsque la Mort s'invite [James Kirkby]   Lorsque la Mort s'invite [James Kirkby] EmptySam 14 Mai - 16:40:41

La patience qui se lisait sur le visage d'Araley n'était que feinte. Il était tout aussi curieux de voir James avaler l'un ou l'autre des flacons, bien que les effets de celui que le jeune homme choisirait modifieraient d'une façon totalement différente la suite des évènements. Il sentit l'excitation poindre en lui lorsque Kirkby tendait sa main tremblante vers celle de Valère, avec le courage du désespoir. Bien sûr, il osa seulement prendre le veritaserum... Peut-être n'avait-il finalement pas menti. Valère se pourlécha les lèvres tandis que sa victime décapsulait le flacon et avalait, résigné, son contenu.
Le sérum de vérité n'avait pas qu'un effet sur celui qui le buvait. Cela était grisant pour la personne en face, qui savait pouvoir forcer sa cible à avouer ses plus terribles secrets, ses vices les plus honteux. James n'était plus qu'un livre ouvert, offert à la lecture de Valère. Il pourrait tourner n'importe quelle page et y lire ce qu'il désirait, sans risquer de tomber sur une ambiguité, une fausse vérité. Il pouvait le vider de ses pensées les plus intimes en les lui faisant dire, comme on vide un animal de ses entrailles avant d'en faire s'en sustenter, mais sans l'abattre au préalable. Ce pouvait être une forme de torture très intéressante à expérimenter, mais Valère n'était malheureusement pas là pour ça. Du moins, plus pour le moment. Il désirait d'abord entendre ce que James avait à lui révéler. À la première remarque du sorcier, cependant, un rictus traversa le visage de Valère et de désagréables fourmillements se mirent à lui démanger les doigts. Sa main se crispa alors qu'il se retenait d'envoyer une gifle à Kirkby pour sa remarque aussi sotte qu'inapropriée. L'humour ne faisait pas vraiment parti des vertus d'Araley.

Le mage noir rangea le flacon de poison dans sa poche et enjoignit James à parler. Et celui-ci parla, avec une extrême fluidité, sans oublier de préciser la situation dans laquelle il s'était trouvé et ce qu'il avait révélé à l'Ordre du Phénix. Valère obtenait plus de lui qu'il ne l'avait espéré. Bien plus qu'il ne se l'était même imaginé. Un précieux détail lui fut offert sur un plateau d'argent, sous la figure d'une auror plus décideuse que ses congénères, et peut-être aussi, plus douée. Il n'en doutait pas un seul instant pour connaître la réputation de Natalee Shevelin, auprès de ses anciens complices comme auprès de sa sœur, qui avait tenté sans y parvenir à faire de l'auror une alliée. Sterenn ne s'était pas montrée d'une grande subtilité, d'ailleurs, en la menaçant par lettres anonymes. Il aurait dû s'en charger lui-même, plutôt que d'abandonner à sa sœur cette tâche. Shevelin semblait trop obstinée et trop fière pour céder aux menaces.

Lorsqu'il n'y avait plus rien eu à en tirer, Sterenn n'avait même pas été capable de la tuer. Elle l'avait pourtant prise par surprise, elle avait eu toutes les chances de son côté, cependant l'auror s'était montrée trop puissante pour la jeune mangemort. Ce qui n'avait pas manqué d'exaspérer profondément Valère. Il avait fait une erreur, il aurait dû s'occuper de son cas lorsqu'il en avait encore la possibilité. Rien de tout ce qu'il avait vécu ces derniers mois ne seraient arrivés. Natalee morte, personne n'aurait jamais rien su de son affiliation à la cause. Son intuition lui avait pourtant soufflé qu'il aurait fallu se débarrasser de cette épine. Elle salissait la mémoire de ses parents en même temps qu'elle gênait profondément Valère par le simple fait de respirer. Sa cousine était trop tenace, trop disposée à l'envoyer croupir à Azkaban avant que lui-même ne se charge de son cas. Elle avait hérité de l'intelligence de son père, il fallait lui reconnaître cela. Elle savait aussi bien que lui que les membres de sa propre famille pouvaient être les pires ennemis qui puissent être. Ils étaient là, inextricablement liés à votre destin, accompagnant votre marche comme le sang accompagne irrémédiablement une plaie béante. Qu'on le désire ou non, le chemin de deux membres d'une même famille finissaient toujours par se croiser. Fatalement, Natalee finirait par croiser celui de Valère.

L'ancien Mangemort s'éveilla de ses songes lorsque la voix de James retentit de nouveau. Ses yeux verts se braquèrent sur lui, dépourvus de la moindre expression. Il y avait tant d'interrogations qui méritaient des réponses, en effet. À commencer par savoir s'il était avisé ou non de tuer James. Finalement, peut-être pourrait-il lui être utile. Peut-être saurait-il le conduire à une proie plus alléchante et ô combien plus jouissif à mettre à mort... Natalee serait un beau trophée à son palmarès. Face à cette idée qui s'insinuait et se précisait dans son esprit, la mort d'un traître devenait secondaire, torturer James lui semblait être un plaisir plus fade. Assassiner celle qui partageait son sang lui donnait l'eau à la bouche.
Elle ne serait pas la première sang-pur qu'il mettait à mort, mais il l'envisageait d'une toute autre façon que ses précédentes victimes de haute lignée. Pour la première fois depuis des années il ressentit, à la pensée du corps gisant de sa cousine sur une mare de sang, une véritable jouissance émotionnelle, similaire à celle qu'il avait éprouvé lorsqu'il avait condamné son propre frère à survivre dans la plus effroyable misère physique. C'était comme un inexplicable besoin d'auto-destruction. Faire souffrir et voir mourir de sa main les membres les plus liés à son nom engrangeaient en lui une série de déclics psychiques, libéraient un flot de substances sous son crâne et dans le moindre de ses membres.
D'un pas mécanique, Valère se détourna et se laissa tomber entre les bras savoureusement tendres du fauteuil. Il bascula la tête en arrière, ferma les yeux et écouta sa respiration profonde afin de recouvrer sa lucidité. Les projets qui se formaient dans son esprit lui donnaient le tournis.


« Oui James, il y a encore bien des choses que j'aimerais savoir... »

Murmura-t-il d'une voix sourde. Cette dernière semblait s'être métamorphosée, mais malgré les émotions qui se confondaient en lui sans même qu'il ne les assimile, elle ne le faisait paraître qu'encore moins humain. Son menton retomba lourdement contre sa poitrine et son regard se releva sur Kirkby, inflexible.

« Natalee Shevelin. Je veux que tu la retrouve pour moi. Crois-tu le pouvoir, et obtenir sa confiance ? Que dis-tu de cet échange, James ? Sa mort en échange de ta vie. »

Son immobilité seulement brisée par le mouvement à peine discernable de ses lèvres lui donnait l'allure d'une statue de marbre. Au terme de longues secondes, il allongea finalement son bras contre l'accoudoir de son fauteuil, la main confortablement reposée sur la rondeur ferme mais douce de ce bras de tissu.

« Quelle valeur penses-tu qu'a ta vie ? »
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  • James Kirkby
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MessageSujet: Re: Lorsque la Mort s'invite [James Kirkby]   Lorsque la Mort s'invite [James Kirkby] EmptyMer 18 Mai - 21:08:05

La petite fiole de verre échappa des mains de James, et s'en alla rouler sous le fauteuil que Valère venait de quitter. Dommage. Ce n'était pas grand-chose, mais le fait d'avoir un objet entre les doigts permettait au jeune homme de canaliser sa nervosité. Il suivit du regard la chute du flacon, et, sans s'en rendre vraiment compte, se mit à triturer du bout de l'index un trou dans l'accoudoir de son fauteuil. La déchirure du tissu s'agrandissait peu à peu, la bourre n'allait pas tarder à sortir, mais le jeune homme n'y prenait pas garde. De toute manière, il n'aurait bientôt plus à se soucier de l'état de son mobilier. Araley ne disait plus un mot, il semblait même avoir oublié la présence de son ancien collègue, mais le répit serait de courte durée. Il réfléchissait, apparemment très absorbé ; cependant, il ne tarderait pas à prendre une décision au sujet de James. Allait-il, comme il l'en avait menacé, l'embarquer chez lui pour s'amuser à loisir sur un prisonnier tout à sa merci ? L'achever rapidement, pour se lancer corps et âme (s'il avait seulement une âme) dans les projets qui semblaient l'obnubiler ? Le torturer un peu sur place, et se décider seulement ensuite ? Rien de tout cela n'était bien réjouissant... James n'avait plus vraiment peur, il éprouvait simplement une terrible envie d'en finir tout de suite. Il promena sur son salon ce qu'il pensait être un ultime regard, tandis que Valère revenait vers lui et reprenait place dans son fauteuil ; le repenti fut frappé par sa mine patibulaire, et par sa voix glacée lorsqu'il lui adressa la parole.

La teneur du discours n'était pas moins déconcertante. Araley avait visiblement entendu ce qu'il voulait entendre, et il envisageait pour James une autre issue que la mort – que la mort immédiate, du moins. Il proposait un marché... Approcher Natalee Shevelin, l'Auror au Veritaserum, gagner sa confiance, et la lui amener, en échange de la vie sauve. À première vue, la chose semblait possible, et même facile, mais le repenti avait du mal à en croire ses oreilles. Après tout ce qu'il avait dit et fait, Araley renoncerait à le tuer ? N'était-ce pas plutôt un simple sursis qu'il lui offrait pour parvenir à ses fins ? Une fois qu'il aurait Shevelin sous la main, il serait toujours temps de se débarrasser du messager... Contrat de dupes, estima James, tout en songeant qu'il pourrait prendre quelques précautions pour éviter de retomber entre les sales pattes de Valère. Xenophius pourrait sans doute l'aider à se mettre en sûreté, peut-être même l'héberger quelque temps... Il ne pouvait pas décemment laisser filer une telle chance – et, de toute façon, la potion de vérité ne lui laissait pas le choix. Sans pouvoir se retenir, il répondit :


-Natalee Shevelin, c'est bien ça... Je pense que je pourrais sans problème la retrouver...

Sa voix s'éteignit, et il n'acheva pas immédiatement. Il allait racheter sa vie au prix d'une bassesse, et il n'en était pas très fier, mais avait-il le choix ? Pouvait-il refuser l'offre détestable d'Araley ? Sa vie ne valait-elle pas celle d'une Auror, celle de n'importe qui ? Valère posait d'ailleurs lui-même la question, et le jeune homme fit à voix basse :

-Ma vie... ma vie vaut largement qu'un autre sorcier meure. C'est un raisonnement banal, je suppose.

À vrai dire, il ne s'était jamais vraiment interrogé sur ce thème, mais la réponse allait de soi. N'importe qui aurait donné la même réponse – ou plutôt se serait comporté en conséquence, sans jamais avouer sa véritable façon de penser... n'importe qui aurait accepté le marché proposé par Araley... Il restait cependant une incertitude. James lutta un instant contre la nécessité de parler, mais la potion faisait encore effet, et il ne put se retenir :

-Tu renoncerais donc à la vengeance que tu étais venu chercher ici, Valère ? J'ai un peu de mal à y croire, mais je ne suis pas en position de refuser. Je prendrai donc contact avec cette Auror, et je te l'amènerai. Laisse-moi quelques jours, et ce sera chose faite.

En quelques jours, il aurait également le temps de quitter cet appartement, et de se trouver un autre logement plus sûr. Il commençait d'ailleurs à réfléchir à la meilleure façon de s'y prendre, dressait mentalement la liste des sorts les plus efficaces et des personnes qui pourraient l'aider, tout en s'efforçant de conserver un visage impassible. Pas évident de rester neutre, alors qu'un mince espoir de rester en vie lui avait été donné...


Dernière édition par James Kirkby le Dim 22 Mai - 13:05:50, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Lorsque la Mort s'invite [James Kirkby]   Lorsque la Mort s'invite [James Kirkby] EmptyDim 22 Mai - 13:00:00

Quelle Valeur James donnait-il a sa vie ? Elle valait largement celle des autres selon le jeune homme, si ce n'était bien plus. C'était ce que jamais personne n'avouait alors que tous le concevaient sans le moindre mal. La pensée était indéfectible du corps sans lequel elle n'était plus qu'un étrange bruit blanc errant, abandonné entre deux portes. Celle de l'oubli, et celle du monde matériel qui continuait, lui, de se mouvoir sans prendre gare à ces fantômes du passé, figés dans un ersatz de corps translucide, incapables de pousser la clenche de l'une et de l'autre issue. Certains préféraient encore cet état pour l'éternité plutôt que de se défaire de leur vie insignifiante. James pourrait-il faire parti de ceux-là ? Il était jeune et désireux de vivre. Il était envisageable que même face à l'inéluctable, il se rebellerait mentalement contre la décrépitude de sa chair. Ou peut-être pas, finalement. Après tout, James s'était montré d'une docilité déconcertante face à son ancien allié. Valère réclamait sa mort et lui se laissait étrangler, écraser, mépriser sans la moindre récalcitrance. Puis, finalement, il désirait la vie. Bien étrange paradoxe. Peut-être, après tout, n'était-il pas sans savoir que ses potentielles rebuffades n'auraient fait qu'attiser l'appétit morbide de l'ancien mangemort.

À ce propos, le sérum de vérité le rendait plus loquace et par la même, plus présomptueux. Tentait-il le diable ? Assurément, oui. Ceux qui avaient eu la chance de ne pas voir l'éclair vert n'étaient généralement pas assez fous pour rappeler au mage noir qu'il avait une vengeance à exécuter.
Tentes-moi encore, James, et je te ferais goûter au délices de douleurs raffinées, pensa-t-il en glissant un index sur ses lèvres, un regard noir braqué sur le jeune homme. Heureusement pour lui, Kirkby demeura assez mesuré dans le reste de ses propos. Il se révéla d'ailleurs agréablement lucide et, par là-même, efficace. Le veritaserum ne rendait pas plus intelligent ni mieux pourvu de sang-froid. James n'était donc pas complètement dépourvu de qualité. Il y avait donc, encore, quelque chose à exploiter. Cependant, Valère ne pouvait pas être sûr à cent pour cent du sorcier. Rien ne lui assurait qu'au lendemain matin, le garçon prendrait son envol vers un autre nid sans plus penser à remplir sa mission. Ç'aurait été du suicide, certes, mais il avait déjà adopté un comportement similaire par le passé. Rien ne l'empêchait de recommencer. Il avait osé trahir le Lord. Il pouvait très bien trahir Araley. Voldemort avait-il manqué quelque chose qui puisse rattacher le garçon à lui ? C'était bien possible. Il ne jouait qu'un seul jeu, manipulait seulement grâce à la peur qu'il insufflait à ses partisans. Son grand âge et son intelligence auraient pourtant dû lui faire admettre que chaque cas était particulier, que la violence n'était pas la meilleure solution pour chacun. Il y avait bien d'autres manières de posséder un esprit. L'ancien Mangemort devait posséder celui de James afin d'être certain qu'il lui amène Shevelin sur un plateau d'argent. Le reste n'avait plus aucune importance. Son caprice morbide ne demandait qu'à être satisfait.

Le greco-irlandais se leva et marcha d'un pas félin à travers le salon, tout en caressant du bout des doigts sa baguette magique, tenue devant son poitrail. Il jeta un regard à James, l'ombre d'un sourire sans joie sur les lèvres. Comment posséder James afin d'être sûr de ses capacités ? Le serum parlait à la place du jeune homme, il était prêt, sur le moment, à faire ce que Valère lui demandait afin que sa vie puisse être épargnée. C'était ce qu'il demandait, la vie. Même s'il ne s'agissait que d'une vie sans honneur ni droiture, il se raccrochait à elle comme au bien le plus précieux. Ses doutes étaient justifiés, s'il pensait que son ancien allié attachait autant d'importance à sa vie.
Araley s'arrêta près de la table basse, tournant à demi le dos à James tandis que son regard glissait de sa proie à la pointe de son arme, qui étincelait d'une faible lueur blanche.


« En vérité, James... je pense que ta vie n'a aucune sorte de valeur. Il y a des hommes et des femmes dont l'âme a bien plus de grandeur. Ceux-là sont un véritable plaisir à regarder mourir. Vois-tu mon cher, j'observais ma fille tout à l'heure, jouer dans le jardin. Elle s'intéressait de très près à l'anatomie d'une araignée. Les enfants sont fascinés de voir la réaction de ce genre de créature, lorsqu'on leur retire une patte, puis deux... Puis lorqu'il n'y a plus qu'un abdomen incapable du moindre mouvement cohérent... Pas un cri, pas une marque de souffrance et pourtant, je suis certain qu'elle avait conscience d'avoir devant les yeux la représentation la plus cruelle du désespoir. Elle jouait avec les moucherons, autrefois. C'était amusant pour elle, puisqu'il y avait plus de choses à détacher du tronc de ce minuscule animal. Les ailes qui collent aux doigts, toutes les deux d'un coup ou les pattes d'abord afin de voir si l'insecte décidait de s'envoler pour fuir. Mais le diptère était définitivement trop passif, trop petit et trop insignifiant... Elle s'est lassée. Elle ne tirait plus aucun plaisir à imaginer sa souffrance. Aujourd'hui, elle se contente d'écraser ses minuscules congénères qui viennent se poser sur son bras lorsqu'elle s'amuse dans l'herbe, sans un regard pour la créature. Il n'y a rien à tirer de sa souffrance, elle en a maintenant conscience. »

Valère se retourna vers James et lui adressa un regard entendu. Il n'y avait pas besoin d'en rajouter davantage. Il avait certainement compris où Valère voulait en venir. D'un geste lent, il étendit le bras qui tenait son arme vers le plafond puis informula un sortilège d'insonorisation sur l'appartement.

« Je te laisse sept jours. Shevelin est une femme d'action, il ne lui faudra guère plus que ces quelques jours pour te rencontrer. Tu l'amèneras sur la colline de Têtafouine près de Loutry Sainte Chaspoule, juste avant le coucher du soleil. Personne ne viendra nous trouver là-bas. Si je vous y retrouve, l'affront que tu m'as fait sera considéré comme réparé. Ta vie sera sauve. Si tu as échoué, je me chargerais seul de retrouver l'auror après t'avoir tué. En effet, si vous n'y êtes pas au moment venu, je considérerais que tu m'as trompé pour la seconde fois. J'ai une fille, James. Je ne supporterais pas que quiconque mette son avenir en danger. De ta réussite dépend sa vie. Alors, afin d'être sûr que tu ne nous trahisse pas de nouveau, j'aimerais te rappeler les conséquences que cela pourrait avoir, malgré le fait que je n'en tire aucun plaisir... »

Il brandit sa baguette magique et incanta un sortilège de métamorphose en direction du fauteuil du jeune homme. Tandis que le tissu couvrant l'objet se transformait en une matière pareille à du verre pilé, il lança un nouveau ligature qui colla de force sa victime contre l'instrument de torture. Puis, afin de l'empêcher de se débattre tandis que les tessons de verre s'agrandissaient et pénétraient lentement sa chair, il braqua son arme vers les jambes de Kirkby. Un jet de lumière dorée frappa les genoux de James qui se retournèrent dans un craquement à en réveiller les morts. Valère baissa sa baguette magique et ramassa le flacon vide qui traînait sur le sol, avant de disparaître dans la pièce voisine. Il ouvrit la fenêtre et, après un temps d'hésitation, murmura :

« Morsmordre. »

Si James ne parvenait pas à convaincre Natalee Shevelin. La marque des ténèbres de nouveau réapparue la déciderait certainement à l'entendre. L'apparition de la marque sera de toute façon étouffée par le Ministère après quelques sueurs froides à l'idée qu'un mangemort osait encore rôder en Angleterre pour se faire justice. Un sourire s'étira sur ses lèvres et il s'accouda paisiblement sur le garde-fou, observant l'immense tête de mort ouvrir la bouche pour libérer un serpent entre les étoiles de la Grande-Ours et Venus. Il tendit l'oreille, attendant qu'entre deux cris, James l'appelle et le supplie.
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MessageSujet: Re: Lorsque la Mort s'invite [James Kirkby]   Lorsque la Mort s'invite [James Kirkby] EmptyLun 23 Mai - 11:34:26

Quelle vacherie que cette potion... On ne pouvait pas s'empêcher de parler, même si on était certain d'énoncer des énormités. James se sentit furieux contre lui-même lorsqu'il prononça le mot de vengeance devant Araley ; dans son état normal, il n'aurait jamais pris un tel risque... Pourquoi ne pas dire à ce fondu de Valère « tiens, j'aurais juré que ton intention première était de me changer en tableau cubiste, je suis un peu déçu que tu renonces à ce spectaculaire projet »... ? Pourquoi ne pas lui rappeler, très gentiment, qu'il avait un meurtre à commettre, avec tout ce que cela impliquait de préliminaires pas vraiment excitants ? James baissa les yeux, songeant que ce serait un miracle s'il survivait. L'autre le regardait en passant un doigt sur ses lèvres, comme un enfant gourmand qui hésite devant une vitrine de pâtisseries. Voyons, par quoi vais-je commencer ? Qu'est-ce qui sera le plus délicieux ? Le repenti connaissait suffisamment Araley pour savoir que la torture était plus qu'une friandise pour lui, mais une véritable passion, mais une nécessité vitale... Ils avaient un peu collaboré, jadis, et le jeune homme avait été impressionné par le calme effrayant de son collègue. Il était un perfectionniste, y compris dans les sévices qu'il infligeait ; le corps humain n'avait pas de secrets pour lui, il savait choisir les pratiques les plus douloureuses, et il savait également s'arrêter juste à temps pour éviter la mort du patient. Même pour James, cette brève collaboration représentait un très mauvais souvenir ; par la suite, il s'était efforcé d'éviter la compagnie de cet inquiétant personnage, tant sa cruauté l'avait mis mal à l'aise.

Et voilà qu'il se retrouvait à sa merci, avec une potion qui le rendait assez idiot pour lui rappeler qu'il était venu se venger... Heureusement, l'effet du Veritaserum ne tarderait pas à se dissiper – normalement – ce qui lui éviterait de continuer à creuser sa propre tombe... Il posa un regard craintif sur Valère qui arpentait doucement la pièce, observant à la dérobée son visage pour y trouver quelque indice sur son état d'esprit. Araley était étrangement calme, presque détaché, ce qui ne rassurait pas beaucoup James. Chez ce type, l'attitude extérieure ne voulait rien dire ; il l'avait vu très cordial, très « vous prendrez bien une tasse de thé », alors qu'il assassinait sa victime à petit feu....

Araley s'arrêta enfin devant son ancien collègue, et se mit à lui raconter toute une histoire qui ne devait pas figurer au répertoire du Père Castor. L'histoire d'une petite fille qui arrachait les pattes des mouches – rien de bien engageant, venant du père de ladite jouvencelle. La gorge sèche, le repenti hocha doucement la tête pour montrer qu'il avait bien reçu le message, et fit un effort d'attention pour écouter la suite, les consignes de son sympathique invité. Sept jours, cela devrait suffire pour contacter Shevelin et la convaincre de venir au rendez-vous – de toute façon, il n'y avait guère le choix. James répéta, d'une voix à peine audible :


-Vendredi prochain, au coucher du soleil, sur la colline de Têtafouine... C'est entendu.

L'autre continuait de parler, évoquait à nouveau sa fille – l'image d'Araley chargé de famille aurait presque été comique, en d'autres circonstances – avant d'en venir à une formalité qui, affirma-t-il, ne lui procurait aucun plaisir... Pris de panique, James essaya de le faire changer d'avis, sur un ton pressant, tandis qu'il levait déjà sa baguette :

-Non, Valère... ce n'est pas la peine...

Peine perdue ! Des cordes jaillirent de la baguette de son tortionnaire, pour le plaquer serré contre son fauteuil. Il savait qu'un sort de métamorphose avait été lancé sur le siège, mais, solidement ligoté, il ne pouvait pas voir le résultat... Il était donc condamné à attendre de sentir quelque chose. Sur le moment, ce ne fut pas douloureux, puis les premiers tessons de verre traversèrent l'étoffe de ses vêtements... Malgré les cordes, il trouva quelques millimètres pour ruer, ce qui n'eut pour effet que d'accélérer la pénétration du verre dans sa chair. Il parvint à retenir ses cris malgré la douleur, jusqu'au moment où Araley décida de corser un peu l'affaire... un craquement sinistre résonna dans tout l'appartement, et James hurla de douleur. Cette fois, ce n'était pas seulement son genou droit qui avait morflé, mais les deux. Indifférent à la souffrance de sa victime – chose étrange – Valère quitta la pièce, en le laissant gueuler à s'en casser la voix. Il sentait le sang couler des blessures que faisaient les tessons de verre, mais ce n'était pas grand-chose à côté de la douleur qui irradiait de ses jambes. S'il pouvait s'évanouir... ou si Araley pouvait faire cesser ce supplice... Les yeux fermés, James s'efforçait de contenir les supplications qui lui brûlaient les lèvres... Araley était-il seulement revenu dans la pièce ? Il l'ignorait. Plus rien n'existait que cette atroce douleur... Les hurlements du jeune homme faiblissaient, cependant, et il finit par s'adresser à son bourreau, d'une voix hachée :

-Valère... arrête ça... je t'en supplie... arrête...

Tout son corps ne devait être qu'une plaie béante. Lorsqu'il pourrait regarder, il était certain qu'il verrait une immense flaque de sang sous son fauteuil – à condition qu'il puisse regarder un jour. Pour l'heure, l'ami Valère ne semblait pas disposé à faire cesser le calvaire. Pour un type qui ne prenait, paraît-il, aucun plaisir à cet avertissement, il faisait tout de même bien durer les choses.
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MessageSujet: Re: Lorsque la Mort s'invite [James Kirkby]   Lorsque la Mort s'invite [James Kirkby] EmptyLun 23 Mai - 18:02:12

L'anaconda serpentait sournoisement entre les astres. En comparaison au Morsmordre, les constellations, tranchées par son corps d'émeraude, semblaient aussi ternes que la lueur mourante d'une bougie. Au loin, des exclamations retentirent. Les moldus s'affolaient ou s'enthousiasmait. Malgré l'éloignement des cris, Valère discernait un groupe de jeunes gens s'extasier en s'imaginant faire face à un feu d'artifice particulièrement élaboré. Leur insouciance béate méritait de les faire sombrer sous la lumière verte d'un Avada Kedavra. Mais Valère souriait cependant, ravi à la pensée des Aurors qui allaient se presser de transplaner jusqu'ici. Nul doute qu'ils auraient du travail pour effacer la mémoire des passants qui avaient observé la marque. Il s'imaginait, rêveur, leur visage à la découverte de cette dernière ainsi que les battements affolés de leur cœur tandis qu'ils pénétreraient dans la demeure de James Kirkby. Ce dernier hurlait dans la pièce adjacente et l'ancien Mangemort se plaisait à écouter son agonie comme s'il s'agissait de la plus exquise symphonie. L'homme méticuleux qu'il avait été autrefois n'aurait jamais commis une telle imprudence, cependant, la tournure qu'avait pris son existence l'avait fait épouser un comportement bien différent que celui qu'il observait encore un an plus tôt. Commettre des erreurs, s'exposer au danger était excitant. C'était là le seul moyen qu'il avait de se sentir en vie. La spirale descendante s'était entamée lorsqu'il avait fait le sauvetage malvenu de l'enfant qui s'était révélé être sa fille bâtarde. Cette faute qu'il n'avait jamais regretté avait éveillé en lui des émotions jusqu'alors inconnues. Elles le consumaient encore perfidement lorsqu'il posait les yeux dans ceux de l'enfant. L'observation stricte des règles ne l'intéressait plus. Faire fis de l'étiquette qu'il lui avait été imposée depuis sa plus tendre jeunesse était bien plus amusant et enrichissant. Le reste était fade, dépourvu de la moindre saveur. Tuer pour l'honneur de sa famille n'était plus envisageable. Seule sa personne comptait, seuls son honneur et sa fierté avaient encore de l'importance. Si le monde avait décidé de faire de lui un criminel, soit. Ce même monde n'était pas capable de mettre la main sur lui. Pourquoi se priver de la distraction qu'engendraient leurs efforts pour mettre en branle la grande roue de ce que ces esprits médiocres appelaient la Justice ? La morale tout comme la religion n'étaient que des chemins préconçus que l'homme banal suivait afin de ne pas se perdre lui-même dans l'immense désert de la vie. Ce n'étaient que des présentoirs dans lesquels les intelligences modestes se logeaient par souci de confort. Leur comportement, en réalité, n'avait guère plus de sens que le sien.

James suppliait. Les Aurors allaient dans quelques instants encercler la maison. Puis il y aurait les oubliators, l'enquête et enfin, la chasse au mage noir commencerait. Valère se détourna vivement de la fenêtre et se déplaça d'un pas vif jusqu'au salon où Kirkby attendait dans mille souffrances que son calvaire cesse. Le sang du traître avait coulé le long du fauteuil de verre et commençait à se répandre en minces filaments sur le parquet. Les genoux de la victime, quant à eux, formaient un angle cocasse, parfaitement inversé au mouvement naturel des articulations. Le temps pressait, Araley n'avait guère le loisir de se délecter du pitoyable spectacle qu'offrait James. Il éleva sa baguette et prononça un « Finite » qui libéra le jeune et de ces liens tandis que le sofa reprenait sa forme originelle. Le sang maculait le tissu en libérant une odeur de fer entêtante. Enfin, l'irlandais baissa son arme vers les jambes du jeune homme.


« Curo. »

Un rayon blanc frappa les genoux de Kirkby qui reprirent dans un claquement retentissant une position normale. Il était inutile de forcer les Aurors à envoyer James séjourner quelques temps à Sainte Mangouste, cela aurait contrarié les projets de chacun. Non, il préférait offrir une toute autre distraction aux forces de l'ordre.

« Tes jambes peuvent de nouveau te porter. Lèves-toi James, et suis-moi. Il serait dommage que tu rate l'arrivée tonitruante de tes amis justiciers. »

Il se détourna et pénétra de nouveau dans la salle à manger où il s'arrêta devant la table qui servait aux repas solitaires de Kirkby. Un sourire passa sur ses lèvres. Il devait conduire les aurors sur une fausse piste afin d'éviter de les trouver sur son chemin dans sept jours or, une idée grandissait dans son esprit consumé par cette excitante sensation d'urgence. Il leva une ultime fois son arme et la rabattit en direction de la table. Une immense gerbe de flamme s'éleva aussitôt sur le plateau de bois, sans le consumer pour autant.

« N'oublies pas, surtout, de mentionner distinctement mon nom comme la dernière fois où tu en as eu l'occasion. Cette fois-ci, je te l'accorde. N'attends pas qu'ils se décident à t'administrer une nouvelle dose de veritaserum pour parler... Il serait bien regrettable qu'ils apprennent les manigances que tu te vois obligé de suivre pour sauver ta peau, n'est-ce pas ? »

Le sourire et le regard qu'il adressa à James apparurent comme une menace. Au dehors, le premier craquement caractéristique d'un transplanage retentit. Valère serra fermement sa baguette magique tandis que les pans de sa cape se métamorphosaient en une brume noire qui rongea bientôt ses pieds, puis ses jambes.

« À dans sept jours, James. Ne me fais pas faux-bond. »

Le mage noir disparut dans une gerbe de fumée noire puis traversa en un instant la fenêtre béante. L'épaisse brume rebondit dans l'herbe rase pour s'envoler de plus belle malgré les sortilèges impuissants des aurors, ayant jusque l'effronterie de frôler l'un d'eux, qui s'apprêtait à jeter un sortilège anti-transplanage. Une lueur rouge le frappa de plein fouet et il s'écroula tandis que Valère s'éclipsait dans l'obscurité. Un silence mortel suivit sa disparition. Ils étaient arrivés trop tard, comme toujours.
À l'instant où le criminel apparaissait devant les larges portes du château Araley, le premier Auror posa le pied dans la demeure de Kirkby. Les flammes qui brûlaient sur la table s'amoindrirent jusqu'à ne laisser qu'une inscription de feu, qui se grava dans le bois en libérant de minces filets de fumée. Le rire de Valère retentit dans la large cour du domaine et il pénétra fier et serein dans l'immense salle de séjour. Valère attrapa délicatement dans ses bras sa fille endormie et disparut dans un tourbillon étincelant. Le jeu de piste commençait.

Lorsque la Mort s'invite [James Kirkby] Table410
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