- Alors, j’ai ta promesse ? Trois petits jours, c’est tout ce que je te demande…
Les yeux glacés du Serpentard se posèrent, larmoyants, sur le visage impavide de son préfet en chef. Douglas était un drôle de personnage, un septième année vouté qui n’avait que deux intérêts majeurs, la magouille et les potions. Son nez courbé, cassé à la grecque, aimait les parfums de discorde, les embrouilles sordides, les philtres qui exhalaient des fumées interdites. En général, Mervin ne faisait pas attention à lui. Trop marginal pour être apprécié, le pauvre Doug’ s’attirait les railleries de ses semblables. Certains allaient jusqu’à le surnommer « le verracrasse des cachots ». Ses chemises étaient toujours tâchées, et une odeur bizarre se dégageait de lui, un mélange indéfinissable de moisissure, de poussière et de souffre. Personne n’aimait l’approcher de trop près, sauf lorsqu’un philtre agréable l’embaumait, une coquetterie qui le prenait de temps en temps. Il s’était trouvé une petite amie pourtant. La nouvelle avait manqué de faire perdre plusieurs yeux aux Serpentard de sa classe. Certain s’étaient même abîmés la mâchoire. Puis, tout le monde avait bien rit en découvrant l’heureuse élue, une Serdaigle répugnante dont les cheveux abritaient, selon Margaret, une couvée de doxys. Mervin se méfiait de ce camarade asocial. Il était fou, et les fous étaient potentiellement dangereux. Un jour, son histoire se finirait mal. L’explosion qui avait retenti un peu plus tôt au fond du couloir était un bien funeste présage.

D’habitude, le gallois n’aimait pas s’aventurer dans un lieu à risques. Cependant, les murs de la salle commune avaient tremblé et, en tant que préfet en chef, il était bien obligé d‘établir un rapport. Il avait délogé le Serpentard au fond d’un cachot en suivant le nuage pestilentiel que la catastrophe avait provoqué. L’adolescent gisait dans un coin, sonné, couvert de suie et de brûlures étrangement infectées. Les zones blessées verdissaient et pourrissaient, il ne voulait même pas savoir ce que Douglas avait essayé de préparer. Heureusement, le garçon s’était relevé en bonne santé. Un peu embarrassé, Mervin lui avait demandé d’interrompre tout de suite ses activités sous peine de le dénoncer à la direction, et le petit bossu avait paniqué. Il était évident que les ingrédients qu’il venait d’utiliser provenaient du marché noir. Si une enquête s’ouvrait, le renvoi était assuré. Cette pensée ne touchait pas beaucoup le rouquin qui, pour une fois, ne semblait pas disposé à négocier la sentence. Pourquoi couvrirait-il cette vermine ? Ses expériences finiraient par détruire les sous-sols, ou par empoisonner l’air. Les Poufsouffle et les Serpentard n’étaient pas en sécurité avec Douglas dans les parages. Il était favorable à son exclusion, sans la moindre hésitation. Mais le jeune homme discutait. Il devait absolument recommencer. Son erreur était grossière, la prochaine préparation serait un succès. Il lui en offrirait un échantillon pour le lui prouver. A l’entendre, la poursuite de ce projet était une question de vie ou de mort. Mervin lui lança un regard de pitié tandis qu’il l’éloignait du cachot vicié :
- Je n’ai aucune raison de t’accorder un délai supplémentaire Douglas…Ta faute n’est pas seulement grave, elle met en péril tous les élèves qui se trouvent à proximité. Je ne voudrais pas t’empêcher de mettre ta vie en danger, cependant, Poudlard n’est pas un lieu idéal pour ce genre d’expérience…
- Et si j’allais plus loin ? Je sais ce que je fais, j’ai tout prévu, ça ne peut pas rater, et puis ça fait des années que je prépare des potions dans les cachots, il n’y avait encore jamais eu d’explosion, c’est bien la preuve que je ne fais pas n’importe quoi, que tu peux me faire confiance ? Ne dis rien s’il te plait..., lâcha-t-il sans reprendre son souffle, l’œil fixe et exorbité.
- Eh bien… si tu promets de t’éloigner des salles communes… Je peux réfléchir à l’éventualité de te laisser filer…
Son autorité laissait vraiment à désirer. Il ne s’était encore jamais retrouvé à un poste à responsabilité. Le badge qui ornait sa poitrine depuis deux semaines avait du mal à s’imposer. Les Serpentard le savaient et en profitaient. Mervin ne restait jamais ferme très longtemps. Il avait besoin d’une motivation plus personnelle. Songer à la sécurité de ses semblables n’était pas suffisant puisqu’au fond, il s’en fichait complètement. Douglas n’était pas son ennemi. Il y avait peut-être même un avantage à tirer de ses capacités en potion et de sa connaissance des milieux troubles.

Tandis qu’il méditait les closes de son contrat, une fillette à l’allure suspecte attira son attention. Elle rôdait non loin de la salle commune des Serpentard. Son pas n’était pas celui d’une habituée. Il hésitait, tournait, reculait. Quelques querelles agitaient à nouveau les Serpentard et les Gryffondor de première année, et Mervin pressentait que la présence de cette gamine y était liée. Il abandonna Douglas à regret en lui demandant de le retrouver un peu plus tard, et il s’avança vers l’intruse. Sa chemise bariolée ne permettait pas d’identifier sa maison mais il n’eut aucun mal à la reconnaître. Megan Swann et Bluenn Norringhton étaient venues lui signaler le comportement agressif d’une certaine Lilou Deprunay quelques jours plus tôt. Comme il ne pouvait pas intervenir sans preuves, il leur avait promis de la surveiller de près. Les deux jeunes filles lui avaient désigné la délinquante pendant un repas et il avait pu se pencher sur son cas. A vrai dire, les affaires des deuxièmes années le passionnaient peu. Il s’était obligé à étudier le dossier de la rouge et or par sens du devoir. Il lui importait de mériter le titre qu’on lui avait donné.

- Lilou Deprunay ?

Il l’interpela sans haussa la voix. La gamine s’était adossée contre un mur et feignait de ne pas le remarquer. Sa petite ruse lui arracha un vague sourire amusé et il lui demanda avec une douceur parfaitement neutre :

- Perdue je présume… Faut-il que je te raccompagne jusqu’au hall de l’école ?

L’éclat ironique de son regard était sans appel. Il jouait les ignorants pour laisser une chance à la fillette de déguerpir, puisqu’elle n’avait rien à faire ici et qu’il n’avait pas de temps à perdre avec des histoires d’enfant.

Alors que Caerwyn s'approchait un peu plus et s'arrêta, il l'appella distinctement par son prénom et nom de famille. Cela ne fit qu'augmenter la vitesse du batement du coeur de la jeune fille, était-il déjà au courrant pour son cas? Visiblement. Lilou se dessida enfin à lever les yeux vers le prefet, mais ne répondit pas. Il venait de prouver qu'il savait très bien qui elle était, pas la peine d'en rajouter des couches! La brunette l'écouta faire de l'ironie sans vraiment l'entendre, et après quelques secondes de regard dans le vide et d'analise de la situation, elle daigna alors de lui répondre, d'une voix aussi neutre que celle de Mervin.

-Non merci, je saurais retrouver mon chemin. Par contre, si ça te dérange pas, j'vais passer par là hein, dit-elle en désignant le couloir étroit et sombre qu'elle venait juste de commencer à explorer, sinon j'me serai tapé tout ces couloirs pour rien...

Lilou avait parlé d'un ton assuré et poli, elle en était assez satisfaite d'ailleur. Aucun tremblement de sa voix n'avait trahi son mal de ventre ni son stress, et fut d'autant plus déterminée à prouver au Prefet-en-Chef que s'il lui fouttait la paix, eh ben elle pouvait tout aussi bien être aimable. Après tout, elle ne faisait rien de mal. C'était juste une petite visite de rien, il allait quand même pas la virer pour ça ! Au contraire, s'il était cool avec elle, ils pourraient même visiter ensemble ! (Bon, ça, par contre ça l'étonnerai un peu quand même).

En même temps, Lilou n'était pas stupide, elle se doutait certainement que le couloir ne menait pas au hall d'entrée... Mais bon, le mec avait joué sur l'ironnie, il n'y avait aucune raison qu'elle soit un peu sarcastique.
Sans rien attendre, l'insupportable gamine continua sa route, laissant le vert sur le carreau. Consciente qu'il la suivrait, Lilou avança d'un pas lent en observant tous les recoins. Ne pouvant se retenir d'avantage, elle lança:

-Bah dis donc... C'est pas la joie ici, dit elle en levant la tête au plafond, couvert de toiles d'araignés et d'énormes insectes morts. C'est comme ça aussi dans votre salle commune?

Lilou continuait d'avancer, mais ralentissait de temps à autre, pour ne pas donner l'impression de s'enfuir. Si Mervin voullait l'attrapper, il n'aurait qu'à faire deux enjambées et le tour était joué. Son but était tous simplement de lui prouver qu'elle était agressive seulement quand on la cherchait (et aussi quand elle cherchait les autres, mais bon, on va pas tout décortiquer hein). Et oui, la gamine rusait et semblait bien se débrouiller.

Elle se demandait si le Prefet allait la suivre longtemps, ou bien s'il allait l'arrêter dans son élan et commencer à l'engueuler. Mais ces pensées étaient au fur et à mesure remplacées par l'interet de Lilou pour l'exploration du couloir plus qu'inquietant.


(HJ: c'est court, mais j'sais pas comment tu vas réagir, alors je te laisse continuer...)

Cool. Mervin était cool. Cependant, il semblait faire quelques efforts pour ne pas prendre Lilou par le bras et la rammener illico-presto a sa salle commune. Au pire elle aurait fait le coup du "Oh bas mince, j'ai oublié le mot de passe...". Mais pour l'instant, le Vert était patient, comme avec une gamine de cinq ans capricieuse. La gamine tentait elle aussi d'être aimable, même si elle l'aurait volontier renvoyé dans ses quarante mètres. Façon c'était impossible, il était Prefet...

-Arrête, tu vas quand même pas me faire avaler que vous autres, dignes descendants de Salazar, vous n'avez jamais eu la simple curiosité d'aller voir plus loin que le bout de votre nez... C'est tout simplement impossible.

Pour Lilou, ne pas être un minimum curieuse était impensable! Il y avait forcement eu des Serpentards qui avaient décidé de faire une petite exploration dans les environs, depuis le temps où Poudlard existait.

-Lumos.
Et au bout de sept ans, t'as toujours pas eut le culot d'avancer? Wow.

Le couloir était de plus en plus sombre, et la lumière blanche au bout de la baguette de Lilou était devenue indispensable. Pour l'instant, le couloir ne débouchait sur aucun autre et le chemin était tout tracé, ils ne risquaient rien. Et puis elle connaissait ce couloir par sa soeur qui l'avait déjà visité, mais elle, elle était en 6ème année à ce moment là. D'ailleur, Lilou avait presque oublié, mas Yovana lui avait déja dit de ne jamais y foutre les pieds, sauf si on était suicidaire.
Mais au lieu de faire peur à la brunette, cela la mit dans une position familière et très exitante.

-Eh, eh regarde! C'est quoi ça...

La jeune Deprunay venait d'appercevoir une petite porte en bois à quelques mètres sur le côté et accourut vers elle, entrainant Mervin dans sa course. Et comme elle n'était pas stupide, elle agita sa baguette comme si elle allait la lancer et une tache de peinture rouge apparut sur le mur de pierre, à quelques centimètres de la porte en bois. Devant le regard interrogateur de Mervin, elle expliqua:

-C'est ma soeur qui me l'a apprit.

Puis sans attendre de réponse, Lilou tira, tourna dans les deux sens la poignée de porte, poussa et tenta d'enfoncer la porte. Elle finit par céder, le bois trop usé pour résister. Satisfaite, la gamine tendit sa baguette devant elle, et observa les lieux. C'était une sorte de cave, il y avait des objets empilés les uns sur les autres la plupart recouverts de draps couleur jaune délavé. Plus à l'aise que jamais, Lilou entra suivie par Mervin, qui lui semblait hésiter.

-Waaaou ! C'est trop bien ici !

Soulevant un des draps qui dissimulait une grande étagère, elle tira Mervin par la manche.

-Regarde ! C'est la réserve de materiel !

En effet, des bocaux d'ingrédients, de vieilles baguettes, des chaudrons, des livres dépareillés, des chapeaux de sorciers, des robes, de drôles de pierres précieuses, des bijoux étranges, des sculptures, des tableaux et bien d'autres choses encore peuplait cette étagère depuis un bon moment à en juger par l'épaisse couche de poussière et de toiles d'araignés.


(Enfin J'ai réussis à trouver un ptit moment <3 )

Han lala quel rabat-joie ...
Lilou venait juste de découvrir une pièce trop géniale avec pleins d'objets interressants et lui s'obstinait déja à la retenir. A croire que c'était une poule mouillée... Elle lui lança un regard suspect. A vrai dire, si sa soeur elle même en revenait à moitié traumatisée et qu'elle lui avait formèlement interdit d'y fouttre les pieds, il y avait peut-être une raison valable. Le doute s'installa ensuite dans la tête de la Gryffondor et son regard était nettement moins entousiaste. Et plus elle observait les lieux, moins elle éprouvait de sympathie pour Mervin.
Un peu agacée, Lilou saisit fermement le drap épais que recouvrait une étagère massive, plus envelloppée que les autres. La gamine tira fermement et le tissus lourd tomba à terre avec un bruit sec. Ses yeux s'agrandirent et elle resta plantée d'horreur devant l'armoire, qui exposait des têtes, des cranes d'êtres vivants, avec les noms des malheureux en dessous. La brunette recula en trébuchant, son regard comme planté sur les cranes jaunatres.

-C'est... c'est quoi ce bordel?!

Ah mais il avait raison. Y avait vraiment des trucs pas nets ici. Lilou n'avait plus du tout envie de rester ici, son bras portant sa baguette devant elle trembait ainsi que la lumière qui diminuait. Elle se tourna vers lui à la recherche d'une explication rassurante, quelque chose genre: "C'est moi qui les aient faites, avec du platre et de la peinture !" Mais non, rien ne vint, et il continua à la fixer.

-Pourquoi...il sont... morts?

Sa voix était tremblante, legèrement essouflée. Elle s'en voullait un peu de ne pas avoir suivit les recommandations de Mervin et d'avoir détallé d'ici, et à la fois indignée qu'on puisse exposer des morts ainsi, dans un endroit où seul les Serpentards avaient accès.
Lilou ne voullait plus du tout découvrir ce qui se cachait sous tous ces draps, mais sa conscience elle même suggera le pire: des morts, des squellettes entiers même, ou des livres dangereux, comme ceux que Dumbledore avait suprimés de la bibliothèque les années précédentes.
Sans plus attendre, elle vira brutalement la porte et sortit.

La gamine resta quelques secondes hors de la pièce, les bras le long du corps, en observant le Serpentard. Il était très certainement entrain de relever les noms en dessous des cranes, et Lilou le regardait faire, sans rien dire. Elle ne savait plus quoi penser, elle n'avait plus peur, elle n'était plus joyeuse, son arrogance s'était subitement envolée. Sa carapace était partie, elle restait là, une autre Lilou, ou plutôt la vraie, entrain de regretter l'immense erreur qu'elle venait de faire. Car la tache de peinture, elle, n'était plus là. Elle avait totalement disparut, ne laissant plus que le mur de pierre nu, humide et recouvert de mousse. La jeune fille chercha, derrière la porte, gratta la mousse et les toiles d'araignées, mais ne retrouva pas la moindre trace rouge.
Alors Lilou paniqua et courrut vers Mervin, lui attrappa la manche et cria:

-La tache! La tache à disparut !

Complètement déboussolée, elle tira le Prefet hors de la pièce et le planta devant le mur dépourvut de la moindre trace de peinture. La Lionçonne voullut s'arracher les cheveux, et l'idée de crever ici, là dans ses cachots était devenue sa hantise.

-Dis moi...Tu te rappelle bien, toi, hein? On vient du couloir de droite, ou du couloir de gauche?

Lilou leva ses yeux verts pétards vers le Serpentard avec une lueur d'espoir. Il devait savoir, lui, il était grand, adulte, intelligent, pas stupide comme elle, il avait un minimum de raison. Mervin ne perdait pas son sang froid pour un rien, et leur seul espoir de se sortir de ce cauchemard, c'était bien lui.
La jeune fille lança un regard aux deux couloirs, si sombre l'un que l'autre. Il lui semblait qu'elle ne respirai même plus, son coeur s'arrêtait de batre, que la sueur coullait silencieusement sur son front et que ne restait plus que son instinct et ses tripes: deux couloirs s'offraient à eux, ces deux couloirs contenaient d'autres couloirs qui eux mêmes en contenaient d'autres. S'ils venaient à se tromper ne serait-ce qu'une seule fois, ils étaient fouttus. Et une seule voie sur cent était la bonne, alors autant dire qu'ils étaient bien fouttus, mais la merde jusqu'au cou !

[Je ne savais pas trop quoi faire alors je suis un peu partie dans mon délire toute seule xD. J'espère ne pas m'être trop "avancée" en considérant que Lilou suivrait sans protester, sinon j'éditerai ^^]

La découverte morbide du cabinet des étrangetés signé Serpentard avait calmé les ardeurs de la lionçonne. Mervin retrouva une fillette pâle et choquée, figée dans le couloir silencieux. L’histoire des crânes n’arrivait même pas à la passionner. Ses prétentions d’aventurières n’étaient plus qu’une lointaine idée, reléguée du côté des folies passagères. Elle reculait devant le danger et la proximité glaçante de la mort. Bien, il était temps de quitter les lieux. Le préfet-en-chef chercha à s’orienter d’un regard rapide mais quelque chose le dérangeait. Il lui semblait que sa mémoire visuelle lui faisait défaut. Au moment où ses joues commençaient à rosir, signe d’un grand désarroi, la gamine s’agrippa à sa manche en s’exclamant que sa maque rouge avait disparu. Ce n’était pas le moment de paniquer. Néanmoins, il accueillit la nouvelle avec une certaine gravité. La pièce qu’ils venaient de quitter n’était pas seulement infestée d’objets dangereux, elle était ensorcelée et avait manifestement une certaine tendance à changer de place dès qu’on la visitait… Lorsqu’il se retourna vers la porte, il constata qu’elle était en train de disparaître en se confondant avec la pierre. Et là, une question horrifiée le frappa : étaient-ils toujours à Poudlard ? Comme Lilou l’assaillait de question pour essayer de se rassurer, il lui fit signe de se taire. Il avait besoin de réfléchir. A priori, ils n’étaient pas menacés. Ce long couloir ressemblait à tous ceux du château, ils étaient éclairés par les mêmes torches et sentaient la même odeur. Il posa une main sur la roche du mur pour constater que la matière n’avait pas changée. Quelque peu rassuré, il murmura :

- Je crois que nous avons changé d’endroit et que ce couloir est beaucoup plus éloigné que celui par lequel nous sommes arrivés…

Ne l’avait-il pas prévenue ? Cette partie des sous-sols était imprévisible. La magie noire courait les allées millénaires des souterrains inexplorés. Tout était fait pour désorienter le visiteur étranger. Il ne fallait pas céder à la panique, c’était le meilleur moyen de se perdre pour de bon ou de commettre un acte insensé. Mervin essaya de ne pas penser à ces histoires de parois qui se hérissaient de pieux ou qui se réduisaient au rythme des pas. La plupart des élèves avaient survécu à leurs errements et un certain nombre de Serpentard fréquentaient ces lieux. Ils ne risquaient rien. S’ils avançaient un peu, il finirait pas retrouver une marque familière, quelque chose qui pût le guider.

- Ecoute, ce n’est rien, dit-il d’une voix très calme en posant une main qui se voulait rassurante sur l’épaule de la jeune fille. Les choses ne sont pas plus stables ici qu’elles ne le sont quelques étages plus haut avec les escaliers. Je ne sais pas où nous sommes précisément, mais je pense connaître assez bien les sous-sols pour retrouver un élément familier à force d’avancer. Il n’y a aucune raison de dramatiser la situation, mais si tu remarquais quelque chose de suspect, évite de lancer un sort à l’aveuglette…

La première chose à faire dans le doute était de se repérer grâce aux points cardinaux. Mervin avait l’habitude de trouver son chemin de cette manière, il avait passé la plus grande partie de son enfance entre son château et son grand domaine, et il connaissait de mémoire l’orientation de Poudlard et de son lac. Il lança donc un sortilège de pointe nord et opta pour le côté gauche.

- En théorie, la salle commune des Serpentard se trouve pas là. Pas que je tienne à te la montrer, ajouta-t-il en souriant, mais c’est un bon moyen de se repérer.

Il avança doucement en tenant sa baguette éclairée devant lui. Les couloirs étaient plutôt secs, ce qui signifiait qu’ils étaient encore loin de la salle des verts et argents. Les sous-sols dépassaient largement le château. Certains affirmaient même qu’ils s’étendaient jusqu’à Pré-au-Lard, c’était terrifiant. Cependant, s’ils s’orientaient par rapport au lac, ils n’avaient pas grand-chose à craindre. Mervin se sentait tout à fait capable de mener Lilou jusqu’à là. Il posait de temps à autre sa main sur les pierres dans l’espoir de capter une humidité plus forte. Hélas, il ne récupérait que de la poussière. Cette aile était sinistre, une vague odeur de cadavre souillait l’air et les quelques portes qu’ils rencontrèrent laissaient échapper des rais de lumière étranges… Quelque chose grattait après la dernière… Il pressa légèrement le pas avant de déboucher dans une impasse couvertes d’immenses toiles d’araignées. Le lac était tout droit, il en était à peu près certain mais, même s’il n’y avait pas d’acromentules dans les cachots, ce passage ne lui disait rien de bon.

- Je crois qu’il va falloir faire un détour…, dit-il en se mordant la lèvre.

Il arracha une toile d’araignée et la trouva anormalement solide, râpeuse, collante. Il n’avait encore jamais rien vu de tel. La chose qui avait tissé ça n’était pas une espèce naturelle, sans doute une expérience qui avait mal tournée et qu’il valait mieux ne surtout pas réveiller. Mervin recula brusquement. Quelque chose brillait dans l’obscurité.

- Ne restons pas là.

Et même s’il ne semblait pas vraiment vaincu par la peur, il attrapa le bras de Lilou d’une main ferme pour l’entraîner à l’écart du couloir condamné. Bon… Il y en aurait bien un autre pour les conduire à la même destination…