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 Mystère et boule de neige { Pam }
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MessageSujet: Mystère et boule de neige { Pam }   Mystère et boule de neige { Pam } EmptyMer 15 Déc - 19:03:38

27 décembre.

Il neigeait. Les lourds flocons tombaient maintenant depuis une bonne demie heure, sans interruption, et mêmes les sorts jetés sur les vitres de la boutique de friandises ne parvenaient pas à empêcher les carreaux de s’habiller d’un fin liserai blanc. Hésitant encore à sortir, les mains bien enfouies dans ses poches et un sac de sucreries pendant à son poignet, Mairin s’amusait à dessiner des ronds de buée sur la vitrine d’Honeyduke. Chaque expiration blanchissait le carreau, et elle louchait pour ne voir plus que ce mur de condensation.

Autour d’elle, les collégiens admiraient les étalages de suçacides, dragées surprises, plumes en sucres et toutes ces merveilles de sucre et de calories. Le parfum du chocolat, des fruits et autres délices perçait à travers son écharpe et elle aurait pu rester là des heures encore, mais il faudrait bientôt qu’elle rentre à Poudlard et de toute façon, le premier chèque cadeau que lui avait offert Aed avait totalement disparu dans les achats qu’elle venait de faire. Elle ne pouvait plus acheter ne serait-ce qu’une chocogrenouille…

La clochette de la boutique tinta, et un courant d’air glacé entra dans la boutique en même temps qu’un garçon élancé, un peu maigre. Mairin frissonna et profita de l’ouverture pour se faufiler hors de la boutique. Puisqu’elle avait froid, autant en profiter. L’épaisse écharpe grenat remontée sur son nez, son bonnet enfoncé sur son crâne jusqu’aux oreilles, elle traîna des pieds pour faire des sillons dans la neige et doucement, son corps s’habitua au froid ambiant. Tant que ça ne traversait pas le tissu et que ça ne lui brûlait pas la gorge à chaque respiration, tout allait pour le mieux.

Finalement, elle allait peut être traîner encore un peu. A Poudlard, le parc serait plein de monde, plein de boules de neige volantes et elle finirait forcément par s’en prendre une. Là, elle pouvait faire un bonhomme de neige sans craindre quoi que ce soit. Alors au lieu de filer droit vers le château, elle bifurqua dans une petite rue. Personne à l’horizon, tout n’était que neige et bois, avec à gauche du chemin, derrière de vieilles barrières délabrées, une baraque dans un état encore pire. C’était cool.

Ravie, la gamine posa son sac de sucreries contre un arbre, calé entre deux racines, et commença à faire un tas de neige en plein milieu du chemin. Lentement, elle confectionna une énorme boule qui lui arrivait un peu au dessus de la taille puis s’attela à en faire une autre, un peu plus petite, qui ferait office de tête à son bonhomme géant. Ouvrant les bras en grand, elle prit la tête un peu caillouteuse pour la déposer sur le corps avec sa délicatesse habituelle. Il ne restait plus qu’à décorer. Après lui avoir mis son écharpe autour du cou, elle attrapa sa poche d’Honeyduke pour le rendre un peu plus joli et tout édulcoré.

Elle lui fit une boutonnière en chocoballes, un sourire multicolore en dragées surprise, un nez en plume en sucre et immobilisa deux chocogrenouilles dans la neige de son front pour lui faire des yeux un peu bizarre. Un peu trop fort peut être. La tête se fendit, elle tenta de la recoller et elle bascula en arrière. Vive, Mairin se pencha pour stopper les dégâts, et la situation empira. Ses bras traversèrent la tête qui vola en flocons, elle perdit l’équilibre et se vautra nez en premier dans le corps de son ami neigeux en poussant un cri suraigu. Un vrai chaton mouillé.

Là, elle était mal. Elle avait mal. Elle était ridicule et congelée, à moitié ensevelie sous un tas de neige qu’elle avait elle-même rassemblé. Elle s’était donné de la peine pour cet exploit en plus. Et tout était détruit. Elle avait gaspillé des bonbons, elle s’était ridiculisée, parce qu’avec sa poisse, elle était certaine que quelqu’un passerait dans la rue, et en plus, elle ne savait pas comment se sortir de cette situation.

Elle était trempée jusqu’aux os, elle s’étouffait parce qu’elle avait avalé de travers un peu de neige fondue… assise au milieu de la scène de crime, elle n’avait même plus le courage de se relever. C’était nul. Recroquevillée au milieu du cratère qu’elle avait fait dans la neige, elle enfouit son visage dans les replis de ses manches et soupira. Elle voulait rentrer à Poudlard. Qu’est ce qu’ils diraient tous, en la voyant arriver comme ça ? Elle pouvait avoir une retenue pour ce genre d’idioties ? Rah, c’était vraiment nul, la neige !

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MessageSujet: Re: Mystère et boule de neige { Pam }   Mystère et boule de neige { Pam } EmptyMer 15 Déc - 21:04:12

Enveloppé dans l’une des épaisses capes d’un marron doré que le Ministère fournissait gracieusement à ses Aurors, le visage à moitié dissimulé par le capuchon, Pamva contemplait froidement une plaine irlandaise où s’agitaient avec une hargne à peine concevable un groupe de trolls des montagnes égarés. Le jeune homme laissa échapper un soupir qui, dans l’extrême fraîcheur de l’air hivernal, se mua en volutes de buée – puis ses yeux se posèrent sur l’employée du Ministère qui était en charge de la région.

« Vous n’allez pas me faire croire que je suis la seule personne du Ministère à parler troll ? »

La vieille femme haussa les épaules. Elle, répondait-elle, ce n’était pas ses affaires : quand il y avait un problème avec les Trolls, elle envoyait un hibou au Ministère et le Ministère envoyait quelqu’un. Mais Prudence avait la curieuse impression que ce quelqu’un, c’était toujours lui. Alors, quand un mage noir se chargeait de semer la confusion parmi les créatures, il pouvait certes y avoir des justifications, mais il ne trouvait pas qu’un petit rassemblement inopiné était du ressort du Bureau des Aurors.

« Ils auraient dû envoyer quelqu’un des créatures magiques. Tout ça, c’est parce que je suis déjà venu deux fois. Faudrait pas que ça devienne une habitude.
- Bon. Vous allez râler encore longtemps, ou vous allez finir par vous en occuper ? »


Prudence reporta son regard marron sur la plaine et le spectacle troll qui s’y déroulait. Deux créatures se partageaient tant bien que mal la carcasse d’un cerf qu’elles avaient réussi – on ne savait trop comment – à attraper, tandis qu’un groupe de jeunes Trolls se disputaient un imposant gourdin. Pamva poussa un nouveau soupir – un soupir résigné – avant de marmonner :

« Oui, c’est bon, j’y vais. »

Il descendit dans la plaine pour parlementer avec les dissidents et les convaincre, avec toute la douceur du monde, de rejoindre leurs montagnes attitrées. Quelques grognements plus tard, il lui parut évident qu’une petite démonstration de force serait nécessaire pour assoir sa domination et faire entendre ses opinions. Une gigantesque explosion retentit dans la plaine, un mouvement de panique s’empara des trolls, des éclairs fusèrent, quelques trolls volèrent à droite et à gauche, Pamva évita une demi-douzaine de coups de gourdin, et finalement, l’affaire fut entendue.

En remontant la pente de la colline, le jeune homme essuyait d’un revers de main sa cape.


« Voilà. Ils vont remonter.
- Vous n’êtes pas très diplomate.
- Vous croyez quoi ? Ce sont des trolls, pas des danseuses ballerines. Y a que ça qu’ils comprennent. Un peu comme les enfants.
- Vous avez des enfants ?
- Non.
- Ah, tant mieux. »


Pamva essaya de trouver une réponse sarcastique et piquante à faire à la sorcière, puis se contenta d’hausser les épaules et de transplaner devant la vitrine de Honeyduke à Près-au-Lard, pris d’un vif besoin de noyer son ennui dans un paquet de chocogrenouilles. Quand il fréquentait des trolls, il songeait à nouveau à ce charmant magizoologue allemand qu’il avait assisté pendant quelques temps, alors qu’il était plus jeune.

Alors, pour Prudence, l’odeur d’urine de troll avait toujours ce charme délicatement romantique dont l’ornaient ses souvenirs de jeunesse ; il se revoyait tous deux, au coin du feu de bois, à la sortie de la tente, écouter pendant des heures les grognements arythmiques des trolls en rut. Quand il revoyait des trolls désormais, une vague mélancolie le prenait, qu’il cherchait à étouffer sous les chocogrenouilles.

A tous les magasins de confiserie du monde, il préférait l’Honeyduke de Pré-au-Lard : il y retrouvait ses sorties de l’époque, le vrombissement des élèves dans la boutique, les fragrances qui se mêlaient, et quand ils rentraient tous, le soir, la salle commune qui s’illuminait de la couleur de tous les dragées – c’étaient alors peut-être les rares moments d’innocence et d’abandon qu’il avait connu à Poudlard, depuis sa visite à la Réserve de la Bibliothèque.

Il avait poussé la porte du magasin et il déambulait dans l’échoppe, sous le regard à demi-admiratifs de certains élèves en permission de sortie, qui retrouvaient dans cette tenue d’Auror un visage qui était devenu familier pour être apparu plusieurs fois dans la Gazette des Sorciers. Prudence adressait des sourires vagues aux enfants les plus inquisiteurs et pressait un peu le pas – pour ressortir, quelques minutes plus tard, avec une demi-douzaine de chocogrenouilles dans les poches.

Il mâchonnait l’une de ces friandises et se promenait dans les rues du village. Ici ou là, des souvenirs surgissaient dans son esprit, et il s’y perdait avec une certaine complaisance. Un bon moyen d’éviter de penser à l’avenir – si complexe – ou si rébarbatif. Car il faudrait bien, en rentrant au Ministère, qu’il rédigeât un rapport sur ce mouvement imprévu des trolls. Fascinant. Exaltant. Passionnant. Peut-être que s’il parvenait à se casser un bras… ?

Mais un spectacle incongru – au détour d’une rue – le tira de ces pensées tristes et encombrantes : une fillette avait été agressée par un bonhomme de neige maléfique. C’était la première pensée qui lui était venue : réflexe professionnel. Mais tout bien considéré, il était plus probable que le bonhomme de neige se fût effondré sur sa constructrice un peu malhabile. Et donc, et donc…

C’était une petite fille. En détresse. Il fallait l’aider. C’était forcé. C’était encore pire que le rapport sur les trolls. Pamva hésita quelques secondes à transplaner vers le ministère et à laisser Mairin s’occuper d’elle-même. Après tout, à onze ans, on pouvait bien surmonter un peu de froid et de déconvenue ? Prudence promena quelques secondes son regard autour de lui – peut-être qu’une bonne âme allait se présenter et le libérer de son dilemme moral.

Mais pas de bonne âme. Lui. Et la petite fille. Prudence poussa un soupir et pressa le pas pour rejoindre l’infortunée. C’était un sursaut de conscience professionnelle. Ou du bon cœur. Ou bien une manière de se mettre au défi. Et en quelques secondes il fut au pied du mur.


« Salut. T’as encore quelques progrès à faire en sculpture sur neige, hein. »

Prudence adressa un sourire à la jeune fille – et, quoiqu’il ne s’en rendît pas compte et eût sans doute refusé fermement de le reconnaître, il y avait dans ce sourire plus de chaleur attendrie qu’il n’avait voulu y mettre. Il sortit sa baguette et d’un mouvement un peu négligé, avec une désinvolture un peu poseuse, fit sécher les vêtements de la jeune fille.

Puis il ôta sa lourde cape d’Auror et, après avoir aidée Mairin à se lever, il la passa autour des épaules de la jeune fille – ce dont elle pourrait se vanter pour susciter l’envie de ses camarades de quatrième année en pleine puberté.


« Bon. Comment tu t’appelles ? Tu es à Poudlard je suppose ? »

Et dans tout ce spectacle désastreux, quelque chose lui fendait le cœur : tant de bonbons gaspillés !
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MessageSujet: Re: Mystère et boule de neige { Pam }   Mystère et boule de neige { Pam } EmptyVen 17 Déc - 10:33:26

Elle avait le nez tout endolori, le bonnet plein de neige, les cils pleins de stalagmites… ou de stalactites, elle ne savait plus trop, et en plus, elle s’était fait mal. Pourquoi est-ce qu’elle faisait toujours des trucs idiots ? Courir et essayer de sauter d’un escalier à l’autre quand ils bougeaient –heureusement que celui d’en dessous n’étaient pas trop bas, explorer la forêt interdite, faire des bonhommes de neige… bon à la base, c’était pas vraiment une activité dangereuse mais hein, tout pouvait se transformer en machine à tuer si on ne faisait pas attention. Oui oui, en machine à tuer, carrément ! Et elle exagérait à peine !

Grelottant, elle resta recroquevillée un petit moment, pas assez courageuse pour se lever. Pourtant, en temps normal, c’est ce qu’elle aurait fait. Elle aurait prit une grande inspiration, se serait mise sur ses deux pieds et tête haute, aussi fière que si elle avait réussi son bonhomme de neige, elle serait rentrée à Poudlard, comme si rien ne s’était passée, haussant simplement les épaules si on lui avait demandé ce qu’il s’était passé pour qu’elle soit ainsi trempée.

Oui. Normalement, c’est ce qu’elle aurait fait. Mais là elle était frustrée. Elle qui n’avait pas peur du ridicule, elle s’était sentie humiliée. Il n’y avait pourtant eu personne pour la voir, mais elle avait l’impression que ce satané bonhomme de neige s’était moqué d’elle. Et depuis quand une gryffondor se laissait ridiculiser par un gros tas de neige hein ? Non, elle était vexée. Et elle ne se relèverait pas. Point final.


« Salut. »

Bon, tout bien réfléchi, elle allait peut être se lever tout compte fait. C’était un peu idiot de rester prostrée là, surtout maintenant qu’on l’avait découverte. Il allait se moquer ? Non, c’était un adulte. Et les adultes ne se moquaient pas des enfants tristes. Mais quand même, ça n’était pas l’envie de prendre ses jambes à son cou qui lui manquait. Elle pouvait déguerpir, et rien ne serait jamais arrivé. Si on lui demandait, elle dirait que ça n’était pas vrai, et puis voilà. Ou pas.

Mais non seulement il ne se moquait pas – en tout cas pas vraiment – mais en plus il était plutôt gentil. Assez marrant, malgré la situation. Il semblait prendre ça à la rigolade et dédramatisait la situation, ce qui était assez agréable. Ce qui était apparu à la fillette comme la pire des hontes se transformait en un accident de sculpture. Il fallait l’avouer, c’était un peu moins pitoyable. Mairin haussa les épaules et réprima un frisson.


« C’est qu’il m’a attaqué avec sa grosse tête… »

Tout à fait. L’homme providentiel exécuta un geste nonchalant et, comme s’il s’agissait de la chose la plus simple du monde, l’air totalement détendu et un peu prétentieux – non mais c’est vrai, c’était pas la peine de faire son malin, il lançait un sort, c’était banal, quand même – il fit sécher ses vêtements. Elle sentait l’humidité qui avait commencé à pénétrer ses os s’évaporer, absorbée par le tissu qui séchait immédiatement. C’était agréable, et chaud. Sec. Elle était beaucoup mieux.

Il lui saisit le poignet pour la relever et Mairin ne se fit pas prier, subjuguée par son sauveur. N’empêche, c’était cool. En plus, sa tête lui disait quelque chose. A tous les coups, c’était un chanteur, ou une star quelconque qu’elle avait vu dans la Gazette. Parce que c’était juste les potins qui l’intéressaient là-dedans. Qui des Bizarr’sisters s’était marié, et ce genre de trucs. Sorti de ça, ce n’était que politique, drame et compagnie. Et c’était pas top.

L’homme la recouvrit de sa cape et Mairin le remercia avec des yeux brillants, tenant le lourd tissu pour ne pas qu’il tombe dans la neige. Ça aurait été un peu idiot quand même, elle avait eu sa dose de fringues neigeuses.


« Je m’appelle Mairin Jones et ouais, je suis à Poudlard. »

Elle sourit. Le contact des vêtements sec lui avait rendu tout son aplomb, et la mioche tremblotante avait laissé place à la Mairin habituelle, débordant d’énergie. C’était beaucoup mieux comme ça. Attrapant la grosse poche de bonbons, résignée à ne plus toucher à ceux qui étaient à moitié ensevelis sous la neige, elle le tendit vers son sauveur.

« Je suis en première année chez les rouges. Tu veux un bonbon pour te remercier ? »

Tout le monde aimait les bonbons, et c’était la meilleure récompense qui soit, personne ne pouvait le nier. Qu’est ce qu’il y avait de mieux qu’un peu de sucre quand on venait d’agir en héros ? L’irlandaise hésita une seconde et reprit la parole, bien décidée à ne pas laisser repartir l’homme avant qu’elle ne le connaisse un peu et ait pu le remercier convenablement. Et comme elle ne savait pas encore comment elle ferait ça, ça risquait de prendre un bout de temps.

« Tu t’appelles comment ? Je crois que j’ai vu ta photo dans la Gazette, même si je la lis pas beaucoup, elle traîne souvent sur la table au petit déjeuner. T’es pas une star ? T’es connu ? Elle est chouette ta cape, tu me la donnes ? »

Oui bon, c’était plutôt à elle de lui donner un truc, mais elle s’en occuperait plus tard. Et elle avait pas de cape aussi belle, elle.
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MessageSujet: Re: Mystère et boule de neige { Pam }   Mystère et boule de neige { Pam } EmptyVen 17 Déc - 15:54:02

Prudence se maudissait intérieurement : entre les trolls et une enfant désespérée tombée dans un tas de neige, ce devait être la pire journée qu’il avait passé depuis que, deux semaines auparavant, il avait transformé par accident la jambe d’un Auror russe en machine à coudre et qu’il avait fallu lui tenir compagnie, pour s’excuser, pendant des heures et des heures à l’hôpital – un vieil Auror, en plus, avec deux dents à avoir survécu à ses multiples combats.

Il regardait les bonbons d’un air un peu songeur, réfléchissant vaguement à la combinaison de sortilèges qui serait la plus appropriée pour les tirer de cette neige et s’assurer finalement qu’ils fussent à nouveau comestibles. Il remarquait que Mairin ne manquait pas de moyens et qu’elle avait plutôt beaucoup goût : c’était un sacré assortiment de friandises à dépenser (bêtement) dans la construction d’un bonhomme de neige.

Si Pamva avait été un peu plus pédagogue, un peu plus proche des enfants, il eût sans doute profité de l’occasion pour ressusciter en quelques coups de baguette magique le bonhomme de neige, lui donner un aspect scintillant, le faire parler et danser. C’était le genre de choses que les parents-poules devaient faire à Noël. Mais Pamva n’était pas un papa-poule. Et puis il n’aimait pas les bonhommes de neige : la malhonnêteté sournoise de leurs sourires criards le répugnait profondément.

Ses yeux revinrent sur la toute jeune fille qui parlait, et pendant qu’elle répondait à ses questions, Prudence se demandait s’il n’y avait pas dans le coin un joli jeune homme de septième année qui se trouverait dans la même situation, qu’il faudrait secourir et qui aurait à offrir en récompense à son héros quelque chose de plus substantiel qu’une dragée à la morve de Sombral de chez Berthie la Crochue. Néanmoins, Prudence prit un bonbon.


« Merci. »

Et pendant que la gamine le noyait sous un flot de questions qu’il paraissait n’entendre qu’à moitié, Prudence exécuta, avec une élégance à faire se pâmer les jeunes filles qui suivaient les cours de Duel avec des yeux ébahis et un maquillage prononcé, un ou deux sortilèges muets : pour tirer les bonbons de la neige, pour les sécher, pour les faire réintégrer le sachet de Mairin et réparer la perte la plus sinistre de cette journée.

Et puis il rangea sa baguette dans une manche et se mit à considérer la jeune fille avec un air de vague perplexité. Il se demandait un peu comment marchaient ces choses-là, ce qu’il était censé faire à présenter et surtout la manière la plus rapide (et néanmoins la plus courtoise – car il fallait un peu préserver l’image du Ministère – et sa propre légende d’Auror séduisant) de s’en débarrasser.

En attendant, pour se donner le temps de la réflexion hautement stratégique qui seule pouvait le tirer de ce bien mauvais pas, il entreprit de répondre aux questions de la demoiselle.


« Euh… Ouais. Non. »

C’était sans doute un bon début, mais on ne voyait pas trop clairement ce à quoi il répondait, de sorte qu’il essaya de se faire un peu plus explicite.

« J’m’appelle Prudence. Prudence Alvirabilis. Enfin, Prudence Alvirabilis Menolate. Prudence Alvirabilis Menolate Vunover, quoi. Et mon nom de famille, c’est Adrian. »

En plus, sans sa cape, il commençait à avoir froid. Bien sûr, il n’en laissait rien paraître : il s’agissait avant toute chose de garder la posture héroïque et nonchalante qui devait construire sa légende. Il n’empêchait pas qu’il fît diablement froid et il se retenait de toutes ses forces pour ne pas transplaner sur le champ aux Trois Balais et planter la jeune fille dans la neige – elle saurait bien, après tout, retrouver le chemin de Poudlard.

Mais de la même manière qu’au fond de lui-même, malgré tous ses bougonnements, Prudence aimait bien les trolls, pour leur sensibilité bien cachée et leur authenticité profonde, de même il aimait bien chez les enfants cette propension à regarder tous les règlements comme les choses les plus ennuyeuses du monde – et de ce point de vue, il était certain d’avoir en face de lui un bon spécimen. Quoique cette disposition quasi affectueuse fût celle qui l’incitait à rester, elle n’affleurait guère à la surface de sa conscience débordante de mauvaise volonté.


« Mais j’suis pas une star. »

Dommage, d’ailleurs. Il eût adoré ave des groupies.

« Je travaille au Ministère. Je suis Auror. »

Comme la plupart des gens, quand un Auror se présentait, regardaient anxieusement autour d’eux, comme prêts à voir surgir d’un fourré un mage noir assoiffé de sang et de maléfice, Prudence eut le réflexe de préciser.

« J’suis entre deux missions, alors je suis passé chez Honeyduke. »

Pas de Mangemort à l’horizon : on pouvait respirer. Le jeune homme passa une main dans ses cheveux bruns, qui retombaient dans un désordre symptomatique du caractère de leur propriétaire.

« Cela dit, euh… La cape, elle est pas à moi, elle est au Ministère. Faudra m’la rendre. »

Hors de question d’ajouter à la liste de ses dettes et assimilées une cape. Et puis, c’était sa cape, il l’aimait bien, il y avait apporté quelques modifications, il n’allait pas la refourguer à la première maladroite venue contre un carreau de chocolats et trois morceaux de réglisse. Il était passé, pour lui, le temps des trocs trop hasardeux au détour des couloirs de Poudlard.

Prudence promena machinalement son regard autour de lui, mais il n’y avait toujours aucune ménagère de moins de cinquante ans pour surgir à l’horizon et exhiber son instinct maternel en lui soustrayant l’enfant pour s’en occuper. Il était seul. Comme un cerf traqué par une horde de chiens sanguinaires dans une forêt hostile et nauséabonde. Tout seul, sous ses airs innocents.


« Bon euh… Je suppose qu’il faut que j’te ramène à Poudlard. »

Et puis après, il irait sauver un chaton coincé dans un arbre et aider une grand-mère à traverser. Il avait formulé sa phrase à moitié comme une question, comme s’il sondait la fillette de onze ans sur ce qu’il convenait qu’il fît, lui qui était un adulte, un employé du Ministère, un représentant de l’ordre, bref, quelqu’un de responsable.

Mais après tout, le plus clair de ses relations sociales étaient composées de coups d’un soir ou d’une semaine dans telle ou telle ville du monde, au gré de ses missions, puis de traques et de duels parfois fatals. Il n’avait pas fait l’option gériatrie de la filière médicosoins, après tout !


« Allez, en route. Si t’es en retard, Gagall… Je veux dire, le professeur McGonagall serait très mécontente. »
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MessageSujet: Re: Mystère et boule de neige { Pam }   Mystère et boule de neige { Pam } EmptyMer 22 Déc - 21:46:43

« Prudenssalvirabilissmalonatévolveradrien, c’est ça ? »

Non, à la réflexion, ça n’était pas ça du tout, et elle espérait presque que l’auror ne tenterait pas de répéter le tout pour que la gamine s’exerce à prononcer tous ces noms. De toute façon, c’était quoi cette idée d’en avoir autant ? Et de ne même pas les dire tous en même temps, d’un coup. Il n’était pas Bond, James Bond, il était Prudence, Prudence Alivrabilis, Prudence Alvirabilis Melonaté et on en passait. Non, sérieux. Autant de nom, ça ne faisait plus agent secret du tout, pas même cowboy. Elle l’imaginait, devant un mage noir et baguette pointée sur son ennemi.
- Avant de mourir, donne moi ton nom amigo.
- Je m’appelle Prudence Alviramachinchose truc bidule Adrian. Et c’est toi qui va mourir.
Non, même avec la voix hyper grave qu’elle imaginait, ça ne marchait pas.


« Je vais t’appeler Prudence, ça sera beaucoup plus simple pour le moment. »

May s’accrocha bien à sa cape de prêt, pas franchement décidée à s’en débarrasser un jour, et sourit. Elle avait l’impression d’avoir adopté un petit chat. Comme Snow. Un chaton un peu spécial qu’elle avait renommé parce que son nom était trop long quand on l’appelait pour qu’il vienne manger ses supers croquettes au saumon et huile de foie de morue. Elle rit, d’un rire aigu et très enfantin, naturel et peut être un peu irritant, quand on ne savait pas ce qui en était la cause. Il fallait vraiment qu’elle arrête d’imaginer de telles histoires. Quoique Prudence serait marrant, avec un ruban et une petite clochette…

Bah, de toute façon, ça servait à rien. Elle n’avait droit qu’à un seul animal de compagnie à Poudlard. Alor Prudence la star, non, l’auror… attendez une seconde. Auror ? Comme un auror au ministère de la magie qui combat les mangemorts et tout le toutim ? La claaaaasse ! Alors non, Mairin ne pensa même pas qu’elle pourrait courir un quelconque danger. De toute façon même s’il avait été en mission, il était là pour la protéger, non ? Et pour le coup, elle aurait pu faire la maline et poser avec lui pour la gazette. La gazette… Ah mais ça y était ! Prudence, c’était l’auror qui avait fait la une de la gazette il y avait de cela peu de temps, parce qu’il avait fait exploser une auberge ou un truc comme ça pendant une mission. Elle se souvenait qu’elle avait lu cet article. Même qu’il faisait souvent éclater des trucs, comme ça, et qu’il avait été surnommé "l’auror catastrophe".


« Mais Prudence, t’es l’auror des explosions ? C’est méga cool… J’aimerais bien être comme toi. J’ai pas vraiment envie de devenir vieille et chiante moi. »

Alors elle allait rester jeune et courageuse. C’était pas une idée trop bête… au lieu d’être une chanteuse et de détrôner les Bizarr’Sisters, elle pourrait être auror. Mais une auror qui ferait du bruit, comme Prudence. Au sens propre, comme au figuré. Là, Mairin était ravie. En plus, il était passé chez Honeydukes pour se redonner du courage entre deux missions. Il l’avait sauvé du bonhomme de neige, avait sauvé ses bonbons glacés, il était un auror connu et il fréquentait la meilleure boutique de friandises de tous les temps et du monde entier.

« Ils savent qui t’es à la boutique ? Parce que ça ferait de la pub. Genre ‘Honeydukes, le bonbon du héros !’. Tu vois ? »

Oui, bien sûr qu’il voyait, c’était pas compliqué. Et il poserait pour une affiche magique, un pied sur le corps sans vie d’un troll, une main sur la taille et une chocoballe dans l’autre, avec un regard sur le bonbon. Puis il tournerait la tête vers le passant, ou le client, et ferait un clin d’œil. Non, sérieusement. Ça ferait de la super pub. Ils pourraient faire des flyers qu’elle distribuerait à Poudlard. Il faudrait qu’elle lui demande. Mais quand elle le connaîtrait un peu plus, qu’il ne puisse pas refuser.

« Dis, on fait des pubs ? »

Ou maintenant, ça pouvait marcher aussi. Et puis arriva la mauvaise nouvelle. Les mauvaises nouvelles, même. Non seulement, il ne voulait pas lui laisser sa cape parce qu’elle était du ministère – en même temps, il avait sûrement déjà fait sauter un truc du ministère hein… – mais en plus il voulait la ramener à Poudlard maintenant, alors qu’ils commençaient juste à discuter. Bon, Gagall c’était fun, mais quand même. Elle n’allait pas rentrer maintenant, si ? Non.

« J’ai pas très envie de rentrer et j’ai pas envie de te rendre ta cape, je l’aime bien. Tu veux pas qu’on aille visiter la Cabane Hurlante plutôt ? J’te donnerai encore des bonbons, promis. »

Elle hésita, fit une petite moue.

« S’il te plait Prudence… elle est chouette ta cape. »
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MessageSujet: Re: Mystère et boule de neige { Pam }   Mystère et boule de neige { Pam } EmptyJeu 23 Déc - 17:13:26

Prudence ne se doutait pas le moins du monde de la nature des fantasmes particulièrement obscènes qui hantaient le cerveau dérangé de sa nouvelle protégée ; s’il avait su qu’elle prévoyait de le travestir, de lui attacher une clochette au cou et de le faire poser nu sur des photographies quasi pornographiques, sans doute aurait-il récupéré sans ménagement sa précieuse cape et transplané loin de cette représentante de la jeunesse dangereuse, nourrie dans sa décadence de publications japonaises tout à fait douteuses.

Fort heureusement pour Mairin, Prudence ne lisait pas encore dans l’esprit des gens et n’était du reste pas particulièrement décidé à apprendre. Il se contenta donc de hausser les sourcils quand il entendit le rire de la gamine, sans faire trop de suppositions sur ce qui pouvait le causer. Après tout, était-il capable de deviner le fonctionnement étrange du cerveau d’une jeune fille ? Les filles, c’était bien trop compliqué, et puis ça ne l’avait jamais intéressé : donc, ce n’était pas sa spécialité. Il y avait assez d’Aurors à s’y consacrer pleinement pour qu’il ne cherchât pas à s’y investir.

Néanmoins, sous ses airs un peu indifférents, le jeune homme était tout de même un peu flatté que Mairin le connût, qu’elle eût lu l’article paru à son propos dans la Gazette et qu’elle songeât à lui avec tant d’admiration – sans doute Prudence gardait-il, de ses années de vexation à Poudlard, un certain goût pour les compliments et la flatterie, et même un profond besoin d’affection, qui n’était pas la moindre de ses faiblesses.


« Ouais, c’est moi. Mais… »

Il allait lui dire que pour devenir un Auror comme lui et pour faire exploser des trucs, il fallait étudier beaucoup, s’entraîner encore plus et qu’elle devait se préparer à des années de privations pour accomplir cette destinée très enviable de pyromane épanouie, mais la jeune fille ne lui laissa pas une seconde pour jouer un peu son rôle d’adulte responsable soucieux de prodiguer à la nouvelle génération une éducation qui fût irréprochable.

Pendant que Mairin parlait, Prudence réfléchissait. Il se demandait si, étant enfant, son cerveau était capable de produire des idées aussi saugrenues. Si un Auror l’avait sauvé d’un bonhomme de neige quand il avait onze ans, lui eût-il proposé de faire de la publicité pour une chaîne de confiserie ? Mais Prudence avait beau réfléchir, il ne parvenait pas à se souvenir très précisément de l’enfant qu’il avait été. Sans doute son esprit avait-il préféré effacer en gros cette époque point trop glorieuse de sa vie.

Il fut bientôt obligé de détourner à nouveau son attention vers Mairin, pour prendre mentalement note du flot de questions dont elle tentait de le noyer. Lui, pour sa part, se grattait un peu la nuque, avec son flegme légendaire. Quand la gamine se fût tu, il resta quelques secondes silencieux, apparemment plongé dans une profonde réflexion qui pesait les pours et les contres des propositions audacieuses de la jeune fille ; puis, enfin, il lâcha :


« Euh… Nan. »

C’était ce qui s’appelait avoir le sens de la fête.

« D’abord, la Cabane Hurlante, elle est pas vraiment hantée. En plus, dedans, ça pue le bois moisi. Je viens de me farcir une tribu de trolls, c’est pas pour aller renifler des champignons douteux dans une barraque vermoulue. »

Manifestement, Pamva n’était pas réceptif à la moue enfantine de Mairin. Si elle espérait le faire fondre en réveillant une espèce d’instinct paternel profondément enfoui, c’était peine perdue : Prudence était hermétique aux petits chatons, aux regards de chiens battus, aux bébés phoques sur la banquise, aux yeux d’enfants qui brillent devant les vitrines de Noël et à Rondoudou. Accessoirement, il était persuadé qu’il pouvait avoir des ennuis s’il faisait visiter une cabane pseudo-hantée à une enfant de onze ans.

« Ensuite, euh. La cape, je te la prête, et puis tu me la rends, et c’est tout. Tu demanderas une cape pareille pour Noël, t’écriras une lettre au Ministère, j’sais pas, mais cette cape-là, c’est la mienne et je la garde. »

Ah bon, ce n’était plus celle du Ministère ? Bah. Prudence n’allait tout de même pas se fatiguer à donner des réponses crédibles et convaincantes à une enfant. C’était sa cape et il voulait la récupérer, parce qu’elle était enchantée jusqu’à sa dernière fibre, qu’il avait passé des heures à faire cela, et qu’il ne voulait pas que cet artefact désormais précieux tombât entre les mains d’une gamine qui n’avait aucune espèce d’idée de ce à quoi il pouvait bien servir. Et puis, en plus, il avait froid.

« Et puis, j’fais pas d’pub. J’aime pas qu’on m’prenne en photo. »

C’était drôle, parce que pendant ses nombreux voyages de jeunesse, Prudence, parfois à court d’argent, n’hésitait pas à poser pour telle ou telle marque de seconde zone, désireuse d’avoir un jeune et beau sorcier pour vanter les mérites de son nettoyant tout-incident, de son livre de cuisine et de son sous-vêtement spécial Quidditch, maintien assuré – de sorte que des photographies plus ou moins dénudées de l’Auror circulaient parfois encore, en Allemagne ou en Russie.

Mais c’était une chose qu’on pût le voir – par hasard – sur de vieilles publicités en Allemagne, c’en était une autre qu’on le découvrît sur de toutes nouvelles publicités, ici dans son pays. Et puis, les Aurros avaient suffisamment la réputation d’être prétentieux sans qu’il fût en plus nécessaire d’y ajouter en prenant une pose héroïque sur une affiche pour des bonbons. Du reste, il ne trouvait pas que Mairin fût assez âgée pour se lancer tout de suite dans le marketing.


« Donc, Mademoiselle Jones, on ravale ses projets ubuesques et on se met en route pour Poudlard. Et plus vite que ça ! Si t’es sage, j’te redonne une Chocogrenouille. »

Comme toutes les personnes peu habituées aux enfants, Prudence commettait la monumentale erreur de tenter d’imposer son autorité d’un côté et de faire fonctionner le chantage de l’autre : le moyen le plus sûr de n’être pas du tout écouté. Mais il fallait bien avouer qu’il était bien plus difficile de venir à bout d’une fillette tête à claques que d’un Mangemort assoiffé de sang.
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