S'il avait su que les informations rapportées par Barjow seraient si intéressantes, Led Yaxley aurait peut être proposé plus d'argent à l'homme. Mais avoir ces informations à bas prix était encore mieux. Le rapport était arrivé quelques jours plus tôt mais le sous-secrétaire d'état s'était donné un temps de réflexion avant de se lancer. C'était un homme qui agissait toujours avec précautions. Il devait réfléchir à la manière d'utiliser cette information, à ce qu'elle pouvait lui apporter. Et il devait aussi prendre le temps de trouver le bon moment pour faire son approche.

Toute cette partie préliminaire ayant été faite, Led Yaxley quitta le travail un peu plus tôt que d'habitude. Approximativement une demi-heure avant l'heure habituelle de départ de Xenophius McGregor. Il transplana dans une forêt écossaise, s'assura qu'on ne le suivait pas puis transplana de nouveau, à l'entrée d'une grotte cette fois. Et par n'importe quelle grotte : celle qui avait permis de tuer Albus Dumbledore. Là, il déplaça plusieurs pierres pour dégager une petite cavités d'où il sorti quelque chose qui lui aurait valu un séjour ad vitam eternam à Azkhaban : sa cape et son masque de mangemort. Tranquillement, il les vêtit puis, après quelques transplanages aléatoires, il arriva devant la demeure du directeur de la coopération magique internationale. Il s'installa dans l'ombre et attendit.

Il n'eut d'ailleurs pas à patienter bien longtemps, son timing était plutôt bon et l'homme ne tarda pas à arriver. Led attendit qu'il soit passer devant lui avant de sortir de l'ombre dans son dos.

"Bonsoir, Monsieur McGregor."

Il eut un sourire pour lui même. Il aimait vraiment ce masque. Outre dissimuler le visage de son propriétaire, les masques de mangemort avaient ne particularité appréciable : ils déformaient la voix. L'effet n'était pas le même pour tous. Chez certain ça rendait plus aigu ou plus haché, chez d'autre plus caverneux. Pour Led, c'était un peu ça. Grave et caverneux. Ca donnait une impression de hauteur, de froideur, de maîtrise totale. Cela convenait parfaitement à sa manière d'être à son ton toujours posé bien que souvent autoritaire. Oui, il aimait son masque et jouissait de la voix qu'il lui faisait.

L'homme, évidemment, avait réagi à l'apostrophe mais Led ne lui laissa pas le temps d'analyser trop en avant le fait qu'il était en présence d'un Mangemort. Il reprit, toujours aussi calme :

"Soyez assuré que je ne vous veux aucun mal. Je souhaite simplement m'entretenir avec vous au sujet d'un document que j'ai intercepté avant qu'il n'arrive au ministère… Un document qui vous mettrait dans une posture certainement désagréable s'il venait à être dévoilé."

Tout en parlant, Led avait extirpé de sa manche le morceau de parchemin incriminé.


[HJ : je ne vais pas plus loin pour te laisser réagir]

Le travail avait été pénible aujourd'hui, Xénophius avait été confronté à plusieurs soucis avec les ministres et ambassadeurs étrangers, mais après plusieurs heures de négociations acharnées, le sorcier avait obtenu ce qu'il désirait, comme toujours. En réalité, ses problèmes étaient plus personnels que professionnels, mais ce détail ne l'importait guère, puisque personne au département de la coopération magique international n'oserait lui reprocher quoique ce soit de toute évidence. Le plus difficile fut sans nul doute, l'ambassadeur Russe, il était dur de faire affaire avec et homme, mais le directeur de la coopération magique international savait se montrer persuasif, et il avait eu ce qu'il désirait. Ainsi il rentrait enfin chez lui, pas vraiment pour se reposer, mais pour affronter de nouveaux ennuis. Il avait une réunion de la Triade ce soir, pour débattre sur le futur héritier du trône McGregor. Tous le convoitait, mais Xénophius choisirait un seul successeur, et pour le moment, il ne s'était pas réellement posé de questions. Donc ce soir il mettrait de côté les histoires d'héritier, pour parler de ses diverses problèmes, desquels les membres de Triade étaient tout à fait disposés à règler, en unissant leurs forces et leur bon vouloir.

Le sorcier ajusta donc sa cape sur ses épaules, et après avoir fermer son bureau, il transplana jusqu'au manoir, où ses frères l'attendaient très probablement, avec impatience. Il faisait frais dehors, et le temps assombri rendait la demeure familiale plus sinistre encore. Le maître des lieux avança dans la grande allée d'un pas vif, tenant fermement sa canne à pommeau dans sa main, de son habituel air hautain et méprisant. Alors qu'il s'apprêtait à pénétrer dans le parc, un voix s'éleva, froide, calme, mais surtout elle résonnait faux. Xénophius l'aurait reconnu d'entre toutes, après avoir de si nombreuses années porté lui-même ce masque responsable de ce changement de voix. Le sorcier se retourna vivement, pour faire face à un mangemort. Il lui était étrange de voir ainsi quelqu'un portait ce costume, après la chute du Lord. Lui-même avait soigneusement caché son masque et sa cape dans un coffre entreposé dans l'antre de la Triade. Malgré sa satisfaction à voir qu'il n'y avait plus personne pour lui ordonner quoique ce soit, il n'avait pu se résoudre à brûler ses affaires de fidèle de Voldemort. C'était toute une période de sa vie qu'il aurait détruit, et ça il ne pouvait l'oublier.

Son interlocuteur semblait bien sûr de lui, et cela n'envisageait rien de bon pour Xénophius. Le discours qui suivit ses salutations, fut bref et clair, et arracha un rictus plus méprisant qu'à l'habitude au mage noir. Il toisa de haut l'individu masqué, et lui répliqua :

- Je n'apprécie guère cette interpellation arrogante, sachez-le. Lorsqu'on s'adresse à moi, j'ai pour habitude qu'on me dévoile son identité.

L'inconnu sortit de sa manche un parchemin qui selon lui, contenait certaines informations désobligeantes au sujet du Directeur de la Coopération magique. Fronçant ses sourcils blanchâtres, Xénophius réfléchit rapidement à ce que pouvait contenir ce document. Il n'avait rien fait qui fut découvert, tous ses meurtres avaient été soigneusement dissimulés normalement... Pourtant le mangemort paraissait bien certain de ce qu'il affirmait. Ce devait être un voyou, encore un de ces petits morveux, des jeunes recrues à peine formées, qui avaient prêté allégeance au Lord seulement par intérêt de survie. Ils cherchaient à droit à gauche quelques misérables gallions, tout aussi pitoyables qu'ils étaient.

- Encore un mendiant en quête de quatre gallions ! Et bien, montre-moi ce document, et dis-moi combien tu veux misérable avorton ! Et ça ose revêtir la cape et le masque d'un mangemort !

La colère n'était rien à cet instant face au dégout profond qu'éprouvait McGregor devant ce rejeton qui venait mendier jusque devant chez lui. S'il n'avait pas été pressé, il l'aurait bien tué, malheureusement, une réunion l'attendait, et c'était certainement plus important qu'un clochard.

De toute évidence, il s'était trompé sur l'identité de son interlocuteur, qui semblait d'après ses dires, bien plus puissant qu'un gosse de vingt ans. Xénophius le laissa parler, serrant les dents à mesure que le mangemort parlait, énonçait les faits de Megan, et le vieux sorcier eut même un rictus mi-méprisant mi-scandalisé lorsque l'homme le menaça d'une manière indirecte certes, mais bien claire. La main du patriarche McGregor se crispa sur sa canne, et son autre main libre, luttait contre l'envie insistante de dégainer sa baguette pour faire rabattre son clapet au vile inconnu. Il sortit toutefois un cigare d'un pli de sa cape, et d'un mouvement tremblant de colère, il l'alluma pour le porter à ses lèvres sèches, s'il était rare qu'il fume en général, il était nécessaire qu'il en vienne à ce moyen pour se calmer lorsque les nerfs commençaient à le titiller. Il inspira une profonde bouffée de fumée, puis , méprisant, il se mit à rire glacial et hautain, recrachant en même temps de la fumée.

- Bien joué ! Je dois dire que je ne m'étais vraiment pas attendu à ce petit problème. Mais je reconnais là, toute la ruse de notre ancien Lord, dont vous vous êtes soigneusement inspiré à ce que je peux voir. Mes félicitations, vous m'avez touché en plein cœur, et me voilà, comme un débutant mis à terre. Je m'incline devant votre ingéniosité mon cher.

D'un air profondément exagéré, il fit la révérence cigare entre les dents, puis se redressa presque aussi vite, pour reprendre la conversation. Certes, cet étranger avait gagné une bataille, mais comme on dit, pas la guerre. Le jeu ne serait que plus amusant avec des obstacles. Xénophius se jura de faire disparaître les hommes chargés de la surveillance de Megan, qui visiblement avaient honteusement failli à leur tâche, et dont la sanction leur ferait sûrement regretter de s'être moqué de lui !

- Ainsi donc vous êtes le nouveau chef de l'ombre ? Intéressant. J'espère pour vous que vous saurez garder votre place, et que vous ne vous ferez pas détrôner par un gamin de dix-sept ans. Mais j'imagine que vous avez dû tirer de bonnes leçons de la défaite de Voldemort.


Adoptant un sourire plus moqueur cette fois-ci, Xénophius se souvint de ce masque qui avait longtemps tenu compagnie au Lord, tel un chien et son maître, et il ne put s'empêcher de rire intérieurement de cette comparaison si proche de la réalité. Oh, il n'aurait voulu pour rien au monde à l'époque être un membre du cercle privé du Seigneur des Ténèbres, l'idée même ne l'avait jamais effleuré, servir la Cause, avait été sa seule profonde motivation, le mage noir en lui-même n'avait toujours inspiré que dégout à McGregor. Ainsi, la première remarque de l'inconnu ne fit ni chaud ni froid au vieil homme.

- Pour en revenir à des sujets plus sérieux, je peux d'ores et déjà vous dire que ma famille m'a toujours loyalement servi, et que quelques soient mes décisions, elle me suivra sans objections, ainsi, je me dois de la conduire dans le meilleur des chemins. Vous comprendrez donc que j'ai besoin de plus de précisions sur ces protections dont vous pouvez m'assurer. Par ailleurs, je dirais simplement que je suis qualifié dans tous les domaines, mais j'imagine en effet que l'importation sera la spécialité parfaite.

Sur une dernière crachée de fumée, et un sourire malsain, Xénophius pivota les talons tournant le dos à son interlocuteur pour ouvrir le grillage de fer noir. Il fit ensuite de nouveau face au mangemort et reprit :

- Souhaitez-vous continuer dans mon bureau ?

Non pas que la fraicheur de l'extérieur l'importune, mais il se sentait toujours plus à l'aise dans son fauteuil de cuir, et puis, les affaires devaient être traités dans un bureau non ?