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| | - James Kirkby
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Pensine
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|  Sujet: Discussion... entre adultes raisonnables ? (Terminé)  Mar 14 Sep - 18:33:02 | |
| Jusqu'à la dernière minute, il avait hésité à se rendre au rendez-vous qu'il avait lui-même fixé. Par moments, lorsqu'il y repensait, le piège lui semblait vraiment grossier, et il se disait qu'il serait idiot d'y tomber à pieds joints ; puis il repensait à la teneur de la lettre, et songeait que la directrice du bureau des Aurors n'aurait pas eu besoin de tels artifices pour mettre la main sur lui, si elle voulait se venger. Il n'avait pas gardé bien longtemps sa fausse identité ; le passeport américain, acheté à prix d'or, gisait abandonné dans un coin de son nouvel appartement tandis que, par une sorte de défi puéril, l'ancien Mangemort avait repris son vrai nom. Si donc Ophelia voulait le retrouver, ce serait chose facile pour elle ; il lui suffirait de deux heures d'enquête pour pouvoir procéder à l'arrestation de son ennemi, et encore moins de temps pour l'envoyer tenir compagnie aux détraqueurs. Le jeune homme s'étonnait un peu, d'ailleurs, d'être toujours vivant, et libre. Le Ministère avait certainement du gibier plus intéressant que lui à traquer, mais sa famille ? Peut-être le croyait-on mort... ou alors peut-être le clan était-il un peu gêné aux entournures depuis la chute de Lord Voldemort. Ils avaient fondé sur lui tous leurs espoirs, ne s'étaient pas privés de clamer haut et fort leur totale adhésion à ses principes, et il avait la malencontreuse idée de ne pas être invincible... il y avait de quoi se faire discrets.
De façon inattendue, Ollivanders avait autorisé son apprenti à quitter le travail, bien qu'il fût encore tôt ; le fait qu'ils aient travaillé cinquante heures dans la semaine n'était peut-être pas étranger à cette soudaine générosité, ou alors il s'était trompé en lisant l'heure ; quoi qu'il en soit, James ne s'attarda pas, au cas où son patron changerait d'avis. Le soleil le fit cligner des yeux, et lui procura une délicieuse sensation de bien-être après les heures passées dans la boutique glacée. Il fallait maintenant prendre une décision ; aller au rendez-vous, ou filer directement chez lui – et dormir, dormir sans interruption jusqu'au lundi matin. Les longues journées l'épuisaient, et il regrettait parfois d'avoir quitté l'UMA.
Il traîna un petit moment sur le Chemin de Traverse, regardant distraitement les vitrines des boutiques, en pleine réflexion. Ira, ira pas ? Sans même s'en rendre compte, il s'approchait du magasin d'accessoires de Quidditch, lieu du rendez-vous ; la densité de la foule à cet endroit le décida, il resterait. Ophelia craindrait certainement qu'il ne s'en prenne aux passants si les choses tournaient mal, et cela lui laisserait le temps de transplaner... James s'adossa au mur de la boutique, un peu en retrait des vitrines, et ferma les yeux un instant pour profiter de la chaleur des pierres. Son genou gauche replié, le pied posé à plat contre le mur, il semblait n'avoir jamais été l'infirme à canne dont Ophelia gardait probablement le souvenir. Beaucoup de choses avaient changé en lui – la seule chose qui n'avait pas changé, finalement, c'était la méfiance qu'il vouait à la directrice du bureau des Aurors, et qui faisait qu'il l'attendait, main dans la poche, les doigts déjà serrés sur sa baguette magique.
Dernière édition par James Kirkby le Dim 13 Fév - 10:50:08, édité 1 fois |
| | | | | | Sujet: Re: Discussion... entre adultes raisonnables ? (Terminé) Mar 26 Oct - 2:05:39 | |
| 16h45. Les grandes portes de l’édifice du Ministère de la Magie s’ouvrèrent et laissèrent passer la silhouette svelte de la directrice du Bureau des Aurors. Normalement, elle ne quittait jamais le Bureau avant 17h30 mais aujourd’hui, c’était spécial. Toute la journée, elle n’avait pensé qu’à cela, cette seule idée lui coupant l’appétit et la déconcentrant totalement des quelques dossiers qu’elle avait à réviser. Elle avait du en parler à Mark, un peu contre son propre gré. La Grecque avait voulu éviter ce stress à son homme. Après tout, elle allait rencontrer un homme qui l’avait charmé, qui l’avait mordu, embrassé, baisé puis qui l’avait laissé pour morte dans un brasier. Sans oublier ce petit épisode où elle l’avait ligoté, torturé et brûlé à son tour… Mais pour une raison qui lui était complètement étrangère, elle voulait le revoir. Lui parler. Lui demander pardon et l’entendre faire la même chose. Elle en avait besoin, tout simplement. Pas nécessairement faire la paix – elle ne savait pas trop si une telle chose était possible étant donné les circonstances – mais plutôt comprendre pourquoi tout cela s’était passé.
16h50, la jeune femme soupira doucement, glissa sa main contre l’une de ses boucles brunes puis commença sa marche vers le chemin de traverse. La directrice avait voulu s’habiller plus simplement pour cette rencontre. Ni trop aguicheuse, ni trop conservatrice. Un juste milieu. Il s’agissait d’une robe noire plutôt simple dont le haut ressemblait à une chemise décolletée (Image ici), avec un petit manteau de tweed rouge et noir et des escarpins à talons hauts de la même couleur. Mais à vrai dire, ses vêtements étaient le moindre de ses soucis. Elle était terrorisée, animée de la même peur que lorsqu’elle avait croisé ses yeux pour la première fois après l’incident au Cottage. C’était comme si c’était hier.
17h01, elle était juste à côté du magasin d’accessoires de Quiddich et ses doigts n’arrêtaient tout simplement plus de s’enserrer les uns contre les autres. Ophelia ne savait plus où poser les yeux. À ce moment précis, elle aurait tout fait pour rebrousser chemin, partir comme si elle ne s’était jamais rendue jusque là pour le rencontrer. Mais il était trop tard; elle l’avait aperçu, appuyé contre le mur de pierre, l’air presque paisible. Quelque chose au fond d'elle espérait que ce n'était pas réellement le cas. La Grecque, elle, avait des nausées. C’est avec ce sentiment désagréable au ventre qu’elle fit quelques pas de plus dans la direction de James. Elle se racla la gorge, esquissa un maigre sourire et dit simplement d’une voix douce :
« Good afternoon, James. J’espère ne pas vous avoir trop fait attendre. »
Au fond, elle avait envie de s’écrouler. Elle avait envie de le frapper et de le serrer dans ses bras, de pleurer contre son épaule et de le faire saigner. Tout cela en même temps. |
| | | | - James Kirkby
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| | Sujet: Re: Discussion... entre adultes raisonnables ? (Terminé) Jeu 28 Oct - 20:51:23 | |
| À mesure que l'heure du rendez-vous approchait, James sentait une étrange angoisse lui nouer la gorge, et il envisageait de plus en plus sérieusement de repartir. Il tenait sa baguette magique entre ses doigts ; il lui suffirait d'un rien pour transplaner, mettre des kilomètres entre lui et celle avec qui il avait rendez-vous... Il avait lui-même fixé l'horaire et le lieu de l'entrevue, mais regrettait amèrement de ne pas avoir traité ce courrier par le mépris. Pourquoi, finalement, avoir accepté de la rencontrer ? Par peur, probablement ; elle était devenue directrice du Bureau des Aurors, et avait le pouvoir de lui nuire au-delà de l'imaginable si elle le voulait ; autant coopérer, essayer d'éviter les ennuis les plus importants...
Plusieurs fois, il lui sembla reconnaître l'Auror dans la foule qui se pressait autour de lui. À chaque fois, il eut l'impression qu'un poids lui tombait sur l'estomac, et ses doigts se serrèrent convulsivement sur sa baguette magique. Que lui voulait-elle exactement ? Parler, faire la paix... de beaux mots, mais le repenti n'en croyait rien. Le pardon ne faisait pas partie de ses valeurs, et il comprenait mal la démarche d'Ophelia. Pour lui, il ne s'agissait que d'un prétexte pour monter une entourloupe, peut-être une arrestation, du moins un chantage en bonne et due forme. Dans tous les cas, autant savoir ce qu'elle avait dans la tête...
Il était cinq heures précises lorsqu'il l'identifia enfin, sans équivoque. Son coeur sembla se bloquer, et, curieusement, un tremblement convulsif agita sa jambe gauche. Elle avait brisé son genou, brûlé son bras, et, sans Vawdrey, elle l'aurait peut-être achevé. Il avait failli crever de peur ce jour-là, plus encore que de douleur. Depuis, il ne l'avait jamais revue – lors de sa détention à l'Ordre du Phénix, on les avait soigneusement tenus éloignés l'un de l'autre, même si personne ne semblait savoir ce qui s'était réellement passé.
Dans la poche de son blouson, James serrait à présent sa baguette à s'en faire mal. Quelques mètres encore, et il devrait lui parler. Un groupe d'enfants surexcités passa entre eux deux pour aller s'extasier sur la vitrine du magasin d'accessoires de Quidditch, retardant de quelques secondes la rencontre, puis le repenti eut la sensation qu'un vide se formait autour d'eux. La foule était toujours aussi dense, mais il ne voyait plus qu'elle, elle et son sourire forcé. Lui ne se donna même pas la peine d'essayer de sourire ; son visage lui semblait sculpté dans de la cire, et il savait qu'il ne parviendrait qu'à produire une grimace de masque mortuaire. Sa voix avait par ailleurs décidé d'aller faire un tour juste à cet instant, et il ne parvint qu'à prononcer une salutation rauque :
-Bonjour.
Il hésita à lui tendre la main pour la serrer, esquissa le geste, l'interrompit, et resta un peu gauche, sans savoir que faire. Dans sa poche gauche, sa baguette brûlait tant il la serrait, mais l'heure des hostilités n'était pas encore tout à fait venue. À bien la regarder, Ophelia flageolait, comme si elle allait s'évanouir, et le repenti s'enquit :
-Ça...heu... ça va ? |
| | | | | | Sujet: Re: Discussion... entre adultes raisonnables ? (Terminé) Ven 12 Nov - 0:02:11 | |
| Plus la Grecque tentait de dissimuler le chaos qui régnait à l’intérieur d’elle, moins cela fonctionnait. Elle avait du mal à retenir son sac à main tant ses doigts tremblaient. Ses genoux, eux, s’amusaient à flancher légèrement, à tour de rôle. Elle évitait son regard comme on évite la peste et, juste à entendre sa voix, de longs frissons assaillaient sa colonne vertébrale. Parce qu’elle savait que, malgré les combats qu’elle avait menés et l’autorité qu’elle avait gagnée, il pouvait encore la tuer. Il pouvait encore la rendre complètement hors d’elle-même Cet homme avait un contrôle presque absolu sur elle. Après l’incident à son appartement, elle avait longuement cherché à savoir pourquoi elle n’arrivait pas à se contrôler en la présence de James.
À cet instant même, elle se posa encore la même question. Pourquoi ? Pourquoi voulait-elle qu’il lui fasse l’amour juste là contre le mur de pierre ? Pourquoi avait-elle envie de le réduire en poussière, de l’entendre hurler de douleur, de désespoir ? Pourquoi voulait-elle l’anéantir et ne faire qu’un avec lui, tout à la fois ? Elle se savait forte, déterminée. Sauf avec lui. S’il le savait et s’il le voulait, il pouvait faire d’elle tout ce qu’il désirait. Avec lui, elle n’était qu’une marionnette, une femme vide de vie, de sens. Et elle le haïrait pour toujours à cause de cela. La jeune femme savait très bien qu’au fond d’elle-même, elle était bien avec Mark. Elle voulait être son épouse, porter ses enfants, vivre le reste de ses jours avec lui. Elle le voulait réellement, sincèrement. Mais ses entrailles brûlaient d’un vif désir de désordre, d’anarchie, d’abandon.
« Ou…Oui, ça va, merci. »
Elle se contenta de ces quelques mots.
Ophelia glissa machinalement ses doigts contre l’une de ses boucles brunes et la replaça sagement derrière son oreille. N’importe quoi pour avoir l’air normale. Mais la réalité était que l’homme devant elle éveillait l’animal en elle. Elle en oubliait le bien, le mal, la logique, la raison. Si seulement il pouvait venir lire dans son esprit et être assez noble pour disparaitre à tout jamais… Mais quelque chose lui disait que cela n’allait pas être le cas.
« Je ne sais pas pourquoi j’ai demandé à te voir, James. Je m’en excuse. »
Elle inspira doucement.
« Je croyais pouvoir être une adulte, être capable de te confronter sans perdre mes moyens, mais visiblement, ça m’est impossible. »
La jeune femme éleva ses mains, montrant ainsi à l’ex-Mangemort ses doigts tremblants. Elle admettait sa défaite, elle rendait presque les armes. Cette simple idée lui noua la gorge.
« …Je ne veux pas prendre encore plus de ton temps pour rien, je veux juste… »
Un sanglot la fit taire. Et elle avait tellement honte, si honte qu’elle enfoui son visage entre ses mains pour pleurer un instant. Avant de ses pendre au cou du ténébreux, pleurant à chaudes larmes. Oui, c’était bien elle, qui venait pleurer contre l’épaule d’un homme qu’elle avait aimé, haï, torturé.
« Je suis tellement désolée, James. Je te demande pardon… Je te demande pardon… »
Ophelia voulait qu’il la repousse pour mettre fin à ce cycle malsain. Elle voulait qu’il soit plus fort qu’elle.
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| | | | - James Kirkby
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| | Sujet: Re: Discussion... entre adultes raisonnables ? (Terminé) Lun 15 Nov - 21:51:52 | |
| Curieusement, la rumeur de la rue semblait s'être éloignée, et James ne percevait plus que quelques éclats de voix, par intervalle. Il avait l'impression que tout avait fait silence autour d'eux, un silence tendu, le silence qui précède les catastrophes. Qu'allait-il se passer à présent ? Leurs dernières rencontres avaient été de véritables désastres, dont leurs corps portaient encore les marques ; James se savait incapable, serment oblige, de renouveler ce genre d'exploit, mais elle ? Que voulait-elle exactement ? Se venger, une bonne fois pour toutes ? À bien la regarder, elle n'avait pas l'air vraiment menaçante ; elle n'avait même pas tiré sa baguette magique, et semblait plus proche de l'évanouissement que du duel... Elle assura d'une voix tremblante que ça allait, mais ce n'était guère convaincant. Le repenti ôta même sa main de sa poche – tant pis pour la baguette... pour ce qu'elle servirait, de toute façon ! Il se tenait prêt à... à quoi d'ailleurs ? À recevoir Ophelia dans ses bras si elle tournait de l'oeil ? À partir en courant, dès que la voie serait libre, en laissant les passants ranimer la directrice du Bureau des Aurors ? Il ne pouvait le dire avec précision, mais il se sentait soudain beaucoup plus vif, à l'affût de la moindre possibilité...
Ophelia prenait la parole, péniblement, et cela lui rendait visiblement la maîtrise d'elle-même. James baissa les yeux en l'entendant parler. Elle avait l'impression de lui faire perdre son temps, de ne pas savoir se comporter, et pourtant elle était tellement plus forte que lui... Lui avait préféré essayer d'oublier, tant bien que mal. Il avait enfoui ses souvenirs au plus profond de sa mémoire, et, à force de s'interdire d'y penser, il avait presque réussi à oublier. Tant que des rencontres fortuites, ou des hiboux, ne venaient pas troubler cette quiétude...
James laissa parler Ophelia, sans répondre autrement que par un signe de tête aux propos de la jeune femme ; à vrai dire, il ne savait pas quoi répondre à tout cela. Le simple fait de la voir, de l'entendre, était déjà une épreuve ; les souvenirs étaient trop douloureux, y compris le souvenir de son propre comportement au Cottage...
D'un seul coup, sans qu'il ait compris ce qui se passait, Ophelia éclata en sanglots et se serra conte lui. James se raidit à ce contact, incapable de toucher la jeune femme ; il la revoyait, le visage baigné de larmes, dans sa cuisine, tandis qu'elle perdait les pédales et brisait son corps... Allait-elle à nouveau craquer, et passer ses nerfs sur lui ? Elle demandait pardon, et ce mot décida James à hasarder une main tremblante sur son épaule. Que n'aurait-il pas donné pour être ailleurs ? Les yeux fermés, il répondit très doucement :
-Ophelia... c'est ma faute...
Elle l'avait torturé, certes, aussi cruellement qu'une Mangemort aurait pu le faire, mais cela n'empêchait pas que c'était lui qui avait commis l'erreur originelle, en se vouant à Lord Voldemort. Tout découlait de là, mais le jeune homme avait eu besoin de temps pour comprendre dans quel terrible engrenage il s'était alors engagé... Très maladroitement, toujours très raide, il passa la main dans les cheveux de la jeune femme, en murmurant :
-Ne pleurez pas... je vous en prie...
C'était tellement plus facile et confortable de la haïr, ou de la craindre, que de la réconforter... Qu'elle le comprenne, qu'elle redevienne la femme redoutable qui l'avait réduit à merci, et il saurait comment réagir ; de la haine, rien n'était plus simple. |
| | | | | | Sujet: Re: Discussion... entre adultes raisonnables ? (Terminé) Mar 16 Nov - 3:47:31 | |
| La jeune femme était douloureusement alerte à tout ce qui se passait autour d'elle. Elle entendait les talons de femme claquer contre le sol dur, elle sentait les regards curieux effleurer les anciens amants, le malaise dans les geste de James, son odeur, leurs détresses, toutes deux si différentes et si semblables à la fois. Et malgré toute la conscience sociale dont elle faisait normalement part, malgré toute sa logique, son intelligence, son sens de l'urgence, du danger, elle restait là. Son visage niché dans le creux du cou de l'Anglais. Et c'était probablement, depuis les incidents qui les avaient unis parfois malgré eux, la seule fois qu'elle laissait ses sentiments transparaitre. Certes, elle avait fait part de ses remords à Arsène mais depuis, elle avait tut le sujet. Elle s'était retrouvée seule avec ses angoisses, ses doutes, ses remises en question. Heureusement, sa vie avait repris une certaine stabilité depuis ces sombres jours. Mais tout l'amour du monde et toutes les promotions tant désirées n'avaient pas réussis à lui faire oublier les gestes déplorables qu'elle avait posés envers le Mangemort repenti. Il lui arrivait, peut-être une fois par semaine, de rêver de lui, aux langues de feu qui avaient laissées de profondes traces dans son dos, au sang du ténébreux contre le triste carrelage de la cuisine de son appartement. Ces nuits-là, elle combattait l'envie de lui écrire. Jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus endurer la petite voix dans sa tête qui la sommait de prendre la plume.
C'était un peu comme si elle venait de retrouver la seule et unique personne qui pourrait la comprendre dans sa misère. C'est pourquoi elle se serra encore un peu plus contre lui. Elle voulait que leurs deux cœurs meurtris battent à l'unisson, que leurs souffles qu'ils avaient déjà tous les deux coupés se synchronisent. Elle s'accrochait à lui comme un naufragé à une bouée de sauvetage, comme un enfant apeuré à la cuisse de sa mère. La jeune femme n'osa pas répondre tout de suite à ce que James lui dit. Elle laissa sa voix bercer son esprit troublé. Elle aimait qu'il s'adresse à elle sur un ton presque doux, elle aimait le savoir bien là, bien vivant, tout aussi chamboulé par leur rencontre. Elle aimait le ton un peu brisé que prenait sa voix lorsqu'il disait son prénom.
Il fallu quelques minutes à la Grecque avant de calmer ses pleurs. Ses doigts enserrés autour du chandail du jeune homme se relâchèrent doucement. Elle resta tout de même collée contre lui, s'accrochant à la chaleur qu'il dégageait à travers le tissu de ses vêtements. Lentement, elle redressa son visage et planta son regard droit dans celui de James. C'était rassurant et terrifiant, tout à la fois. Sans savoir si c'était pour éviter à nouveau son regard ou pour autre chose, Ophelia ferma les yeux, venant ensuite coller son front contre celui du jeune homme. Elle soupira.
« J'ai besoin de toi, James. J'ai besoin de savoir que, quelque part, un jour, tu trouveras la force de me pardonner. Parce que je ne supporte tout simplement plus l'idée du contraire. »
Dernière édition par Ophelia Benson le Dim 31 Juil - 0:10:24, édité 1 fois |
| | | | - James Kirkby
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| | Sujet: Re: Discussion... entre adultes raisonnables ? (Terminé) Dim 21 Nov - 10:16:08 | |
| La situation était terriblement compliquée. James tenait contre lui une femme éminemment dangereuse, dont le métier était d'arrêter les salauds de son espèce – une femme qui, en prime, avait d'excellentes raisons de le haïr. Si les rôles avaient été inversés, lui-même ne se serait-il pas fait une joie d'envoyer Ophelia moisir à Azkaban, en donnant quelques ordres pour que son séjour soit pire encore que celui des autres prisonniers ? D'après ce qu'on racontait, il était possible de durcir encore les conditions de détention à la prison des sorciers, en laissant quelques consignes ; moins de nourriture, moins de couvertures, et une présence des Détraqueurs savamment calculée pour que le désespoir ne devienne jamais de la folie. L'heureux bénéficiaire de ce traitement conservait jusqu'au bout sa pleine lucidité, de façon à pouvoir apprécier vraiment la faveur qu'on lui faisait...
Oui, s'il avait été Auror, James n'aurait pas hésité à enterrer vivante son ennemie, dans la forteresse d'Azkaban. Le pardon ne faisait guère partie de ses valeurs : qui lui avait déjà demandé pardon ? Qui lui avait déjà pardonné ses erreurs ? Il n'avait connu que la revanche, ou la sanction, jamais la remise gratuite des fautes. Le discours murmuré par Ophelia lui semblait tellement étrange... Comment pourrait-il jamais lui pardonner de l'avoir torturé, d'avoir brisé son genou et calciné son bras ? Il lui sembla, une seconde, revivre l'horrible douleur qu'elle lui avait infligée. Et elle, était-il possible qu'elle oublie le mensonge, et puis le meuble en flammes abattu sur elle par le Mangemort ?
Ce qu'elle demandait était tout bonnement impossible. Il y avait bien trop de choses, trop de souffrances, pour que le pardon puisse exister. James était très pessimiste sur la nature humaine, la sienne comprise, et il comprenait mal qu'on puisse parler le langage du pardon après tout ça. La rancoeur lui semblait tellement plus naturelle, plus facile... mais il ne pouvait le dire à cette femme aux yeux brouillés par les larmes...
Ella posa son front contre le sien, et il s'inquiéta de le sentir brûlant, comme si Ophelia avait eu la fièvre. Que devait-il lui dire ? Un refus serait dangereux – même pas parce qu'elle userait de son pouvoir pour le lui faire payer, mais parce qu'elle s'effondrerait là, et que son désarroi serait insupportable. Un instant, il parvenait à oublier qu'il avait face à lui la directrice du bureau des Aurors, et se souciait seulement de la jeune femme. Très doucement, cependant, il rompit le contact entre leurs deux fronts en s'efforçant de plaisanter :
-Je ne voudrais pas que votre fiancé puisse se méprendre...
Les mots, prononcés à mi-voix, avaient sonné bizarrement, et James avait conscience qu'ils n'étaient pas à leur place. Il fixa son attention sur un groupe d'enfants qui se couraient après, à quelques dizaines de mètres, pour ne pas croiser le regard d'Ophelia, et reprit très bas :
-Vous pensez sincèrement qu'il est possible de pardonner ? De pardonner vraiment, je veux dire, pas de prononcer quelques paroles en l'air pour avoir le beau rôle... J'ai toujours pensé que ce n'était qu'une façade... C'est la première fois que quelqu'un me demande pardon... enfin, pour quelque chose d'important... et je me trouve parfaitement démuni pour répondre... À dire vrai, je ne sais même pas ce que j'éprouve pour vous. Je vous ai haïe plus que quiconque, mais je crois que ce n'est plus le cas...
Il se refusait à lui avouer que son sentiment dominant était la peur ; plus tard, peut-être, si la conversation le permettait. Le vouvoiement persistant devrait déjà donner quelques doutes à la jeune femme... James sentait sa jambe gauche trembler légèrement, et il acheva son propos, sans le moindre lien logique avec ce qui avait précédé :
-Nous devrions aller nous asseoir dans un endroit tranquille, nous serions mieux pour parler...
Sans y penser, il offrit le bras à Ophelia, comme s'il s'était agi de n'importe quelle femme. Un instant plus tard, l'absurdité de la situation le frappa ; un ancien Mangemort donnait le bras à la directrice du bureau des Aurors, au vu et au su de tout le monde. C'était bien trop étrange pour durer. |
| | | | | | Sujet: Re: Discussion... entre adultes raisonnables ? (Terminé) Mar 23 Nov - 3:25:35 | |
| Autant Ophelia savait pertinemment que James vivait un profond malaise, à l'avoir ainsi perchée à son cou, cela la rassurait. Elle poussait leurs limites à eux deux ; si l'un ou l'autre avait fait exactement ce qu'il désirait, ils ne seraient pas ainsi enlacés. Elle la sentait, au creux de son ventre, cette peur atroce qui la forçait à se presser contre lui et qui lui criait de se sauver. Quelque part, elle savait qu'il ressentait un dilemme semblable. La Grecque pouvait lire la peur du ténébreux, dans sa voix, dans sa peau, dans ses yeux. Elle en avait assez, de vivre avec ces remords, de savoir que c'était elle qui le faisait ainsi trembler. De son côté, la jeune femme ne savait pas si elle l'avait encore pardonné. Mais elle le voulait, réellement. Elle voulait passer à autre chose, cesser de repasser les évènements marquants de leur relation tordue encore et encore dans sa tête. Même si elle savait cela impossible, Ophelia aurait voulu oublier les temps noirs pour se souvenir seulement des lèvres chaudes de l'Anglais contre son cou et de sa bouffée de chaleur qui avait envahie son ventre lorsqu'elle avait reçu un cadeau de Noël de sa part l'an dernier.
La jeune femme sentit un long fission chatouiller son échine lorsque James fit une remarque à propos de Mark. Non, elle n'avait pas eu besoin d'entendre cela. Ophelia savait pertinemment que Mark aurait détesté être témoin de ce spectacle. Mais, ce qui l'intriguait encore plus, c'était que James était au courant de sa relation à long terme. Savait-il de qui il s'agissait, qu'il était le directeur du département de la justice magique? Et puis, même s'ils n'étaient pas fiancés, comment savait-il que c'était une relation sérieuse? Pourtant, elle ne se souvenait pas de l'avoir revu, encore moins alors qu'elle était avec Mark. L'avait-elle mentionné lorsque Arsène et elle l'avait visité à son appartement? La Grecque détourna le visage, tentant de dissimuler son embarras et sa surprise derrière une grande inspiration. Elle le vit faire la même chose et n'insista pas, portant son attention visuelle sur un vieil homme qui lisait le journal quotidien, confortablement assis sur un banc. Au fur et à mesure qu'il parlait, ses bras se rétractèrent jusqu'à ce qu'elle les croise simplement contre sa poitrine. À peine quelques secondes après que James eu prononcé son discours, elle enchaîna, ne se laissant même pas le temps d'y penser.
« Je ne me suis pas déplacée pour simplement te dire des paroles sans aucun sens, James. Cela aurait été une perte de temps, et pour toi, et pour moi. Je suis ici parce que je n'arrive pas à dormir, parce que je veux qu'on me dise que je ne suis pas un monstre. Je suis ici pour te demander réellement, sincèrement pardon. Pas que les mots, mais les sentiments. Je sais qu'aucun d'entre nous ne pourra oublier ce qui s'est produit, mais j'espère un jour y trouver un sens. Et j'espère que tu en trouveras un aussi »
Au même moment où elle posa les yeux sur lui à nouveau, il lui proposa d'aller quelque part d'autre. Elle hocha simplement la tête et, machinalement, vint accrocher son bras au sien, marchant vers un petit bar bien sympa qui avait ouvert ses portes récemment, depuis la fin de la guerre. Rien de spécial, vraiment, juste un endroit où ils pourraient discuter dans le confort d'un des plusieurs petits salons privés de l'établissement.
« Tu sais James. On aurait pu me dire hier que j'allais marcher à ton bras aujourd'hui, et j'aurais tout gagé pour dire que c'est impossible. »
Elle leva les yeux vers lui et esquissa un mince sourire.
Ah, l'ironie. |
| | | | - James Kirkby
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| | Sujet: Re: Discussion... entre adultes raisonnables ? (Terminé) Dim 28 Nov - 11:47:11 | |
| La mention du fiancé avait eu l'air de déstabiliser Ophelia, et pourtant elle était presque fortuite. Bien sûr, James avait vu la jeune femme au bras d'un homme, à la fête du Ministère ; mais il ignorait tout de la nature de leurs relations, et ne voulait d'ailleurs, vu l'identité des deux personnes, rien en savoir. Le soir de la fête, il s'était enquis, à mi-voix, du nom du type qui accompagnait Miss Xantopoulos, et le sorcier le plus proche de lui l'avait regardé d'un air de se demander s'il descendait de la planète Mars.
-Mais voyons, c'est Mark Benson, le directeur du département de la Justice Magique !
Cette révélation avait eu le don de plonger le jeune homme dans un profond désarroi ; la directrice du Bureau des Aurors avec le directeur de la Justice magique, autant dire que c'en était fait de lui. La rencontre avec Mole avait achevé de le démoraliser, et il avait fui le Ministère, bien décidé à ne plus jamais y mettre les pieds. Par la suite, il ne s'était plus guère préoccupé de la vie sentimentale d'Ophelia, et il n'imaginait donc pas qu'elle était réellement fiancée à ce Benson. Il respecta son trouble et n'osa demander confirmation de cet élément, mais c'était une raison de plus de se méfier ; de toute évidence, cette femme était la compagne de celui qui organisait la traque des Mangemorts, et, même si elle affichait la volonté de pardonner, elle demeurait éminemment dangereuse. James continua de marcher d'un pas raide en donnant le bras à Ophelia, malgré l'envie dévorante de partir en courant. Il se laissa guider en silence dans la rue, sans trop savoir quoi répondre à ses explications ; la peur et la méfiance brouillaient ses réactions, et il s'efforçait d'y voir clair dans ses propres pensées. La directrice du bureau des Aurors le conduisit jusqu'à un bar qu'il ne connaissait pas, où ils purent s'installer dans un petit salon privé décoré avec goût ; l'ancien Mangemort n'avait toujours rien dit, hormis quelques mots pour passer commande auprès du garçon, et il attendit que la porte fût bien fermée pour répondre enfin d'une voix rauque :
-Je comprends pourquoi tu as fait ça. À ta place j'aurais fait pareil, et sans doute pire.
Développer sa pensée était, pour le moment, au-dessus de ses forces. Très mal à l'aise, il se leva de sa banquette de cuir, et fit quelques pas dans le salon. Les souvenirs lui donnaient la nausée, mais il allait pourtant falloir les affronter pour s'expliquer... Ce serait peut-être la seule fois où il serait possible de le faire calmement, sans témoins. Le jeune homme prit une profonde inspiration avant de se lancer, assez maladroitement :
-J'ai eu tellement peur, quand tu m'as reconnu, la nuit de la Saint-Sylvestre... peur que les autres s'en rendent compte, surtout (il prononça le nom à voix très basse) Bellatrix Lestrange... elle m'aurait tué, ou pire encore... J'ai fait n'importe quoi, simplement pour éviter les soupçons... j'avais peur, répéta-t-il en se rasseyant, bien conscient que cette explication ne suffirait probablement pas.
Le garçon toqua à la porte et entra vivement, annonçant d'une voix enjouée « Les consommations de ces messieurs-dames ! ». Il y eut un silence le temps qu'il dépose les boissons et la note sur la table, puis, dès qu'il eut refermé la porte, James ajouta doucement, comme un aveu difficile :
-Et j'ai encore peur... |
| | | | | | Sujet: Re: Discussion... entre adultes raisonnables ? (Terminé) Jeu 2 Déc - 1:19:06 | |
| La marche avait été silencieuse; après sa remarque, ni l’un ni l’autre ne dit quoique ce soit. On aurait pu trancher l’air tant il était lourd, la tension était palpable. Les pas de la Grecque étaient rapides ; elle savait qu’elle ne serait pas plus à l’aise tant qu’ils n’étaient pas seuls, dans une ambiance de confidence. Elle ne savait pas trop ce qui ressortirait de cette discussion. Elle n’avait aucune idée s’il y allait, en effet, avoir une discussion. Jusque là, la jeune femme avait réussi à placer ses idées en ordre, à sa propre surprise. Elle espérait que cette éloquence tiendrait le coup pour encore quelques heures. C’était possiblement son ultime chance de faire la paix, de lui faire comprendre qu’elle voulait lui pardonner ses actions et qu’il fasse de même. Ophelia ne laisserait pas cette possibilité lui glisser entre les doigts. Rien n’était garanti, mais elle se disait que, au moins, elle essayerait quelque chose.
Une fois entrée dans le bar, Ophelia se dirigea vers l'un des petits salons privés, décoré de quelques divans bien confortables, de toiles modernes et d'une table au niveau des sièges pour y déposer leurs verres. La demoiselle s'assied dans l'un des divans en cuir et leva les yeux vers le serveur. Elle lui adressa un fin sourire et dit simplement:
« Vodka-lime sur la glace, s'il vous plait. Et un margarita. »
Quelque chose en elle voulait que James se taise. Mais il enchaîna. La méditerranéenne soupira doucement et croisa les jambes, son regard fixé sur lui alors qu'il commença à faire les cents-pas dans la pièce.
Il avait eu peur. La jeune femme ne put empêcher un léger rire jaune de s'échapper d'entre ses lèvres. Oui, elle comprenait, il avait eu peur. Et elle aussi. Elle avait eu peur comme jamais, elle avait eu peur pour sa vie. Probablement qu'elle était la meilleure pour comprendre sa situation, elle était pratiquement identique. Et vice-versa.
Ophelia sursauta un brin lorsque le garçon se présenta à leur salon pour leur offrir leurs consommations. La jeune femme le remercia d'un sourire et pris le vodka-jus de lime entre ses doigts avant d'y goûter du bout des lèvres; elle n'eut pas le temps d'en prendre une gorgée que les mots de James la figèrent.
« Je crois pouvoir comprendre. Ton envie de te sauver, ton regard évitant... Tu n'as pas remarqué, James, que c'est la même chose pour moi? Je...Je ne sais pas trop comment t'explique tout cela. J'ai tellement peur de ce que tu pourrais me faire, et je sais que j'éveille les mêmes frissons de terreur en toi. »
La Grecque prit une longue gorgée du liquide transparent et murmura, fixant le verre.
« Je suis désolée, James. Je suis désolée d'avoir succombé aux mêmes démons que toi. Je suis désolée d'avoir voulu t'anéantir avant... »
Ophelia essuya machinalement une petite larme qui s'était fait un chemin le long de sa joue puis osa finalement regarder l'ex Mangemort droit dans les yeux.
« ...avant que toi, tu ne le fasses. Avant que tu me détruises. Parce que je sais et j'ai toujours su que tu es l'une de mes plus grandes faiblesses. » |
| | | | - James Kirkby
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| | Sujet: Re: Discussion... entre adultes raisonnables ? (Terminé) Dim 5 Déc - 11:01:17 | |
| À l'arrivée du serveur, James s'était rassis, à contrecoeur, en essayant d'ignorer les fourmis dans ses jambes ; et tandis que le garçon déposait les verres sur la table, l'ancien Mangemort observait le tremblement convulsif qui agitait ses mains, posées sur ses genoux. L'explication qu'il venait de donner avait été laborieuse, et, cependant, incomplète. Il ne parvenait pas lui-même à reconstituer précisément le déroulement des événements survenus chez Mole ; il se revoyait clairement en plein combat avec Vawdrey – chaque sort semblait s'être gravé à jamais dans sa mémoire – mais à partir du moment où la voix d'Ophelia venait trancher sur le vacarme ambiant, c'était le flou. Il se rappelait seulement la peur qui s'était emparée de lui et avait brouillé ses réactions. Si Bellatrix s'apercevait que l'un des Mangemorts était identifié, elle s'empresserait d'aller le répéter aux oreilles du Maître, et alors... Il fallait tout faire pour que le léger murmure d'Ophelia soit couvert, pour que cette menace soit anéantie... tout, plutôt que de passer pour un faible, tout, plutôt que de s'avouer découvert... James avait fait n'importe quoi, le plus violent possible, comme pour prouver à ses collègues encagoulés que non, il n'y avait jamais rien eu entre Ophelia et lui...
Le jeune homme prit le verre de whisky que le serveur avait déposé devant lui, et qui ne lui faisait pas très envie. Tout en écoutant Ophelia, il faisait tourner doucement le liquide ambré dans son verre, comme pour lui permettre de libérer tous ses arômes ; en réalité, il ne s'agissait que d'un prétexte pour ne pas regarder la jeune femme. Elle aussi peinait à s'expliquer, mais elle y parvenait globalement mieux que lui. James leva vivement la tête lorsqu'elle lui exprima sa peur de ce qu'il pourrait lui faire ; il s'apprêtait à protester, mais elle voulait poursuivre, et il la laissa achever avant de dire :
-Ce que je pourrais te faire ? Mais même si je le voulais, et ce n'est pas le cas, je ne pourrais rien te faire... Tu l'as oublié ? De toute façon, rassure-toi, je n'ai aucune intention de te faire quoi que ce soit. J'en ai bien assez fait... et je le regrette, crois-le ou non. (Il posa son verre et, les coudes sur ses genoux, prit sa tête entre ses mains) Je n'étais pas maître de moi-même, je m'étais mis au service d'un criminel et, pour le satisfaire, je suis devenu moi-même un criminel... J'ai compris trop tard ce que j'étais en train de faire...
Péniblement, il releva la tête pour regarder Ophelia en face – même si cela lui semblait être la chose la plus difficile du monde – et il fit avec un sourire amer :
-Je n'ose même pas te demander pardon. Tu vois, je n'ai pas changé. Toujours aussi lâche.
Complètement désorienté, il reprit son verre dont il sécha plus de la moitié en une gorgée qui lui fit tourner la tête ; peut-être qu'en buvant assez, il parviendrait à articuler les quelques mots qu'elle attendait, « je te demande pardon »... Ce ne seraient que des mots, bien entendu ; il ne parvenait pas à se pardonner lui-même ses propres actes, comment quelqu'un d'autre le pourrait-il ? La suite du verre fut engloutie aussi rapidement, mais sans délier la langue du jeune homme. Très mal à l'aise, il se contenta de murmurer :
-Je ne mérite pas ton pardon. Ni celui des autres. Je me suis volontairement mis au ban de la société magique en entrant au service de ce sorcier, et rien ne pourra racheter ça.
Il avait cru, de bonne foi, que trahir Lord Voldemort et contribuer (modestement) à sa chute lui permettrait de racheter, en partie, ses actes passés, mais il s'était vite rendu compte qu'il avait eu tort ; rien ne pourrait jamais amnistier ces forfaits. Dans la droite ligne de cette pensée, une question vint à l'esprit du repenti, qui la posa aussitôt d'une voix douce :
-Comment se fait-il que je n'aie pas encore été arrêté ? Que tu ne m'aies pas arrêté ?
|
| | | | | | Sujet: Re: Discussion... entre adultes raisonnables ? (Terminé) Sam 25 Déc - 20:44:54 | |
| La Grecque était dans une situation presque plus déchirante que celles qu'elle avait vécues avec James auparavant. Elle s'était déjà demandé s'il fallait vraiment qu'elle cède à ses beaux yeux et à ses mots doux. Elle avait aussi vécu un dilemme lorsqu'elle avait poussé la porte de son appartement, à savoir si elle l'épargnerait ou si elle succomberait à ses envies folles de lui faire regretter ses insolences passées. Mais là, alors que le ténébreux s'ouvrait tout doucement à elle, son débat intérieur était bien plus important que tous les précédents. Autant une grande partie d'elle voulait le pardonner et croire tout ce qu'il lui disait. Elle voulait rebâtir une relation avec lui, qui serait basée sur l'amitié. Mais une autre voix, blessée et apeurée, lui disait que cet homme n'allait jamais changer. Qu'il resterait méchant, cruel et qu'il voudrait la charmer seulement pour pouvoir encore mieux l'anéantir.
Mais les yeux bleus de l'Anglais parvinrent à la convaincre; peut-être était-ce par faiblesse ou parce qu'elle pensait qu'il y avait réellement du bon en tout le monde. Elle le senti dans la façon qu'il lui parlait, dans la façon qu'il évitait honteusement son regard. Oui, elle le croyait. James regrettait vraiment ce qu'il lui avait fait subir et elle, de son côté, était prête à le pardonner.
Jamais elle n'aurait pensé arriver à cette conclusion aussi rapidement. Mais ce genre de décision et de raisonnement expéditifs n'étaient pas étrangers à leur relation. C'était d'ailleurs sur un coup de tête que celle-ci avait vu le jour.
Lorsque James lui demanda pourquoi il n'avait pas été arrêté, Ophelia senti son cœur se pincer. Il avait vraiment cru qu'il se jetait dans un piège? Mais il ne fallait pas nécessairement s'attendre à ce qu'il décide de lui faire confiance, lui aussi. La directrice du bureau des Aurors termina son verre d'une grande gorgée, pausa quelques secondes puis dit d'une voix nouée:
« Parce que je ne suis pas venue ici avec cette intention. Parce que aujourd'hui, devant toi, je n'ai aucune autorité. Je suis venue pour entendre ce que tu avais à dire et pour partager avec toi ce qui me hante depuis si longtemps. »
La Grecque entama son deuxième verre et soupira doucement, yeux levés vers le plafond. Elle glissa ses doigts fins contre quelques unes de ses boucles. Puis elle cessa de réfléchir; elle préférait agir. Ophelia ne voulait pas être la méchante aux yeux de James. Elle ne voulait pas qu'il la redoute. Parce qu'elle regrettait tellement ce qu'elle lui avait fait. La Grecque déposa son verre sur la petite table qui séparait leurs deux sièges et, doucement, glissa hors du sien pour venir s'installer sur le sol, à genoux. Elle s'avança doucement, jusqu'à ce qu'elle se trouve devant James, puis pris ses deux mains dans les siennes. La jeune femme lui sourit presque tendrement, ses pouces caressant la peau de ses doigts.
« Est-ce que tu m'accordes ton pardon, James...? » |
| | | | - James Kirkby
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| | Sujet: Re: Discussion... entre adultes raisonnables ? (Terminé) Mer 29 Déc - 23:58:11 | |
| Toute cette discussion n'avait pas plus de consistance et de cohérence qu'un rêve. Le salon privé semblait flou, les paroles prononcées sonnaient étrangement, même le verre que James tenait dans sa main ne lui paraissait pas réel. Il rêvait, c'était certain ; ses yeux, pourtant, étaient bien ouverts, mais rien de tout cela n'existait vraiment... Bientôt, il se réveillerait, loin d'Ophelia et de ce bar inconnu, et les choses retrouveraient leur logique ; la haine implacable entre la directrice du bureau des Aurors et l'ancien Mangemort, voilà, au moins, quelque chose de rationnel... Pouvait-on imaginer une paisible conversation entre deux personnes qui s'étaient autant détruites l'une l'autre ? C'était bien le genre de chose qu'on ne voyait que dans les livres – ou dans les rêves... et l'on était bien dans un songe ; à preuve, les gestes mal assurés, un peu cotonneux, de James, sa sensation d'être coupé du monde (pas un instant il ne pensa que c'était le whisky trop vite avalé qui était la cause de ces manifestations). Et puisque c'était un rêve, les protagonistes racontaient n'importe quoi, bien entendu... Le jeune homme avait entendu ses propres paroles avec stupeur, comme si un étranger les avait prononcées à sa place ; la réponse d'Ophelia lui sembla tout aussi décalée, et il hocha simplement la tête en guise de réponse.
La chose curieuse de ce rêve était l'extraordinaire précision du visage de la jeune femme. Alors que tout le décor apparaissait un peu flou aux yeux de James, il voyait très exactement Ophelia, et chacune de ses expressions. Il reconnaissait son air attentif, le léger pli anxieux de sa bouche, sa façon de prendre et de poser le verre... C'était tout de même incroyable qu'il ait à ce point mémorisé chacune de ses attitudes... Il sourit en la voyant reposer son verre vide sur la table – exactement de la façon qu'il avait attendue – mais, avant qu'il ait pu dire quoi que ce soit, Ophelia s'était agenouillée devant lui, près de lui, contre lui. Le contact entre leurs deux corps lui fit l'effet d'une décharge électrique ; leurs rencontres n'avaient jamais été froides, et celle-ci ne le serait certainement pas davantage ; restait à savoir si elle serait aussi explosive que les précédentes, et de quelle manière. Les doigts d'Ophelia effleuraient doucement les mains du jeune homme, qui les crispa involontairement ; ainsi donc, ce n'était pas un rêve... La directrice du Bureau des Aurors était réellement agenouillée devant lui, à lui demander pardon en lui caressant les mains... Toute l'absurdité de la situation le frappa soudain, et il prit Ophelia aux épaules, sans brutalité, d'un geste presque caressant, en lui demandant dans un murmure pressant :
-Relevez-vous, je vous en prie... relève-toi...
Il était terriblement gêné de cette situation, légèrement compliquée par des évocations mentales tout à fait involontaires ; rien ne lui semblait plus important que d'obtenir d'Ophelia qu'elle se relève, qu'elle reprenne une position plus normale, et la réponse à sa question lui semblait toute secondaire. Sans cesser ses efforts pour lui faire quitter sa posture de suppliante, il se pencha vers elle, écarta une mèche de ses cheveux et, dans un souffle, glissa quelques mots à l'oreille de la jeune femme :
-Oui, Ophelia, je te l'accorde... très volontiers...
Il resserra son étreinte, abandonnant pour un instant l'idée de faire relever la jeune femme, et demanda plus bas encore, ses lèvres frôlant l'oreille d'Ophelia :
-Et toi... tu peux me pardonner... tout le mal que je t'ai fait ?
|
| | | | | | Sujet: Re: Discussion... entre adultes raisonnables ? (Terminé) Ven 31 Déc - 18:51:31 | |
| Alors que ses doigts caressaient doucement la main du Mangemort, la Grecque se rappela de la première fois qu’elle avait effleurée sa peau. Et peu à peu, ces souvenirs des temps agréables qu’elle avait passés en compagnie du brun effaçaient les plus douloureux. Parce qu’elle voulait vraiment passer à autre chose. La chaleur que dégageait la peau de James ne mentait pas. Ophelia sourit, paisiblement, son regard toujours encré dans celui de celui qu’elle avait appris à connaître sous toutes ses magnifiques coutures. Et autant elle l’avait détesté aussi profondément qu’il était possible de détester quelqu’un, tout cela était passé. Il lui avait fallu beaucoup de travail, même qu’en se dirigeant vers le rendez-vous, elle avait douté vraiment pouvoir le pardonner. Mais c’était différent, maintenant. Elle voulait tellement lui faire confiance.
Son souffle chaud contre son oreille lui fit courber l’échine. Ce sentiment ne lui était pas étranger. Si quelqu’un avait le pouvoir de lui faire perdre la tête de toutes les façons possibles, c’était bien lui. Et si quelqu’un pouvait la faire dévier de cette route de dévotion et de fidélité qu’elle avait l’intention de poursuivre pour l’homme qu’elle aimait plus que tout au monde, c’était lui aussi. Elle n’avait jamais réussi à lui résister et elle n’avait peut-être pas envie, de lui résister.
La Grecque leva doucement les yeux vers James lorsqu’il lui demanda à son tour si elle pouvait le pardonner. Il n’y avait plus d’hésitation dans son esprit. Les doigts d’une de ses mains quittèrent celle de James pour glisser contre son poignet avant de s’arrêter sur son avant-bras cicatrisé. C’est elle qui lui avait fait cela… Elle caressa la peau ondulée et tachée de noir de son avant-bras du bout des doigts puis dit simplement, sans cesser de la regarder :
« Oui, je te pardonne, James. »
Toujours sans le quitter des yeux, la Méditerranéenne guida la main du ténébreux jusqu’à sa joue. Ce tendre contact la fit frissonner. Comment était-ce possible pour deux personnes de vivre des émotions aussi extrêmes ? De s’aimer et de s’haïr ?
« Je ne veux plus jamais te faire ce que je t’ai fait. Et vivre ce que tu m’as fait vivre. J’ai eu mal, j’ai eu peur… Et toi aussi. Je veux recommencer à neuf. Parce que… Même si cela peut sembler absurde… »
La belle déposa un tendre baiser contre la peau lacérée de James puis chuchota :
« Je veux que tu fasses partie de ma vie. Je tiens à toi. »
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| | | | - James Kirkby
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| | Sujet: Re: Discussion... entre adultes raisonnables ? (Terminé) Sam 8 Jan - 12:43:52 | |
| Du coin de l'oeil, James surveillait la porte de la petite pièce. Normalement, les serveurs n'entraient pas à l'improviste dans les salons privés, mais savait-on jamais ? Le repenti n'avait aucune envie qu'on le trouve dans cette étrange posture – assis, avec la directrice du Bureau des Aurors à ses genoux, dans une attitude qui pouvait prêter à confusion. Non, ce n'était pas un rendez-vous galant, on en était même bien loin ; le jeune homme, saisi de cette idée, se demanda s'il serait capable de refaire l'amour avec Ophelia, sans pouvoir répondre clairement. Elle était toujours terriblement attirante, d'autant plus maintenant qu'il connaissait ses talents, mais lorsque leurs regards se croisaient, il sentait toujours un frisson glacé lui parcourir l'échine. Impossible, donc, de se laisser aller avec elle comme la première fois... De toute façon, il n'avait aucune intention de refaire l'amour avec elle ; si sa présence au bras de Benson au Ministère n'était pas fortuite, il valait mieux garder ses distances. Elle resterait un souvenir, un magnifique souvenir, un terrifiant souvenir.
Ophelia prit son poignet gauche entre ses doigts fins, et James eut un mouvement convulsif pour se dégager. Il détestait cette partie de son corps avec sa peau abîmée, brûlée, tailladée, et le souvenir de la Marque quelque part parmi ces cicatrices. Il évitait toujours de toucher son avant-bras, même si l'on disait que Lord Voldemort était bel et bien fini, à la fois par peur et par superstition ; pouvait-on savoir ce que le Mage Noir avait vraiment instillé comme maléfice dans cette Marque ? James avait le sentiment de porter une flétrissure dans sa peau, et il suffisait que son regard se pose sur son avant-bras pour qu'une intense sensation de malaise s'empare de lui.
Les doigts d'Ophelia caressaient doucement sa peau, sans qu'elle prête attention, semblait-il, aux tremblements nerveux qui agitaient le bras du jeune homme. Pétrifié, il se laissait faire sans oser bouger, doutant soudain des bonnes intentions d'Ophelia. Aurait-elle porté ses doigts sur cette partie-là précisément, si elle avait vraiment voulu enterrer la hache de guerre ? Quelle contradiction entre le geste et les paroles... Elle déposa un baiser sur son avant-bras, et James eut un nouveau mouvement brusque pour se dégager.
-Il ne faut pas... Relevez-vous, s'il vous plaît.
Il avait parlé d'une voix hachée, suppliante ; il désirait plus que tout à présent mettre fin à ce contact entre leurs deux corps. Qu'elle reprenne sa place, ses distances, et ne s'avise plus de toucher à cet avant-bras. L'ancien Mangemort avait l'impression qu'une décharge électrique avait traversé son corps lorsqu'elle avait posé ses lèvres sur la peau abîmée ; la sensation d'oppression se dissipa quelque peu lorsqu'Ophelia posa sa main contre sa joue, et il murmura :
-Pardon... je ne voudrais pas te paraître incorrect... c'est juste que...
Son regard se fit sérieux, presque grave, et il expliqua :
-Si comme tu le dis, tu tiens à moi, il ne faudra plus jamais me toucher là. Je ne... je ne le supporte pas. Tu comprends ?
D'un geste nerveux, il abaissa la manche de son blouson jusque sur sa main, en ajoutant :
-Relève-toi, s'il te plaît. Ça me met mal à l'aise de te voir comme ça. Et je ne voudrais pas qu'on nous voie... même si ça me rappelle de bons souvenirs...
Il avait risqué cette évocation à mi-voix pour essayer de dissiper un peu l'ambiance lourde qui s'installait, et il la ponctua d'un pâle sourire, sans savoir si c'était vraiment une bonne idée de parler de leur première rencontre. En tout cas, cela valait mieux que de se remémorer les deux suivantes, lui semblait-il. |
| | | | | | Sujet: Re: Discussion... entre adultes raisonnables ? (Terminé) Dim 9 Jan - 7:27:59 | |
| Les mots de James résonnaient toujours dans sa tête alors que la jeune femme levait les yeux vers lui, incrédule. Ses doigts fins relâchèrent leur étreinte autour de l’avant-bras du ténébreux puis elle laissa ses mains tomber sur ses genoux, presque lasse. Sa tentative de réconciliation avait lamentablement échoué. Et alors qu’elle se retrouvait à genoux devant l’ex-Mangemort, elle avait terriblement honte. La Grecque baissa le regard et soupira, tentant de trouver une façon d’esquiver cette situation des plus embarrassantes ; ce qu’elle avait fait n’avait pas du tout eu l’effet voulu. En fait, elle ne savait pas trop à quoi elle s’était attendue en agissant de la sorte. Elle avait prit un risque. C’était un contact beaucoup trop intime et surtout très déplacé considérant surtout l’endroit où elle avait déposé ses lèvres. Bien entendu, qu’il ne voulait pas qu’elle le touche à cet endroit. Elle avait été naïve de croire qu’il aurait réellement compris ses intentions. Quelle cruche.
La jeune femme n’attendit même pas que James le lui demande ; le regard fuyant, elle se redressa doucement, tenta un mince sourire dans sa direction puis s’assied sur son siège, prenant le plus rapidement possible son verre entre ses mains pour en prendre une gorgée. Tout pour dissimuler sa gêne de l’instant présent. Le commentaire à propos de leur aventure précédente n’aida pas du tout le cas ; le teint normalement pâle et uni de la Grecque était maintenant plutôt d’un rose vif. Et elle n’avait aucune idée de ce qu’elle pouvait bien faire pour le calmer.
« Mille excuses, James, je… Ce n’était pas dans mes intentions de te rendre mal à l’aise, au contraire… Je m’y suis mal prise, je crois. Je dois t’avouer que je suis nerveuse. Très nerveuse. Et il me semble que je réfléchis de moins en moins à mes actions, alors que le temps avance. Pardon. », dit-elle le plus sincèrement du monde.
Rien ne servait à prendre des détours ; au point où elle en était, la sincérité était probablement ce qu’il y avait de plus sur. La directrice savoura une autre gorgée de son Margarita, le déposa sur la table à ses côtés puis laissa son regard vagabonder vers James, croisant ses yeux bleus.
« Alors… Qu’est-ce que tu deviens, James ? Vas-tu toujours à l’UMA ou as-tu changé de voie ? »
Quel sujet tout à fait inintéressant. Mais après son faux pas, il n’était pas question qu’elle s’aventure à nouveau sur des terrains incertains. Sauf si lui décidait d’admettre que ce que la femme lui demandait n’avait aucune importance qu’il décidait d’enchaîner sur quelque chose de plus passionnant. N’empêche qu’elle voulait réellement savoir ce que l’ex-Mangemort faisait pour occuper son âme et ses journées.
La Grecque n’écouta toutefois qu’à peine la réponse de son interlocuteur ; elle était bien trop occupée à le regarder. Après tout ce temps et après toutes ces pensées de rage, de haine, d’envie de destruction, une chose l’étonnait particulièrement…
« J’ai envie de t’embrasser… »
Ophelia prit une grande gorgée de son verre, son regard toujours encré dans celui de son ancien amant puis dit simplement, à mi-voix :
« S’il ne s’agissait pas de moi et de toi, cette idée serait complètement ridicule… Mais bon. »
Elle haussa les épaules.
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| | | | - James Kirkby
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| | Sujet: Re: Discussion... entre adultes raisonnables ? (Terminé) Sam 22 Jan - 21:00:02 | |
| Enfin, Ophelia rompit le pénible contact qu'elle avait instauré entre eux, et James eut l'impression de respirer plus librement. La tête dans ses mains, le repenti ne prit pas immédiatement conscience de la gêne de la jeune femme ; son propre malaise décroissait trop lentement pour qu'il puisse seulement percevoir autre chose que les frissons sur sa peau. Ophelia n'avait fait que caresser, très légèrement, son avant-bras, mais cela avait suffi à lui nouer l'estomac, comme si Lord Voldemort risquait de revenir spécialement pour lui. Peu à peu, cependant, la sensation d'oppression se dissipait ; le jeune homme reprit une pose un peu plus naturelle, et il se rendit compte, d'un seul coup, de l'embarras d'Ophelia. À en juger par son attitude, son dessein n'avait pas été de rouvrir une ancienne blessure, mais, précisément, de la refermer d'un geste symbolique... Pouvait-elle comprendre la peur panique de James ? Il détestait son avant-bras gauche – pas parce qu'il était affreux à voir, avec ses vestiges de brûlures et d'entailles, mais parce qu'il avait porté la Marque des Ténèbres. Il ne le regardait jamais, et n'y touchait qu'avec répugnance, le plus rarement possible... Il lui était même arrivé, lorsque le moral était vraiment bas, d'envisager de se faire amputer, avant de se rendre compte que ce serait pire encore. Il se contentait donc de cacher cette partie de son corps sous des manches longues, même aux jours les plus chauds, et d'éviter d'y penser...
Bien sûr, elle ne pouvait pas comprendre cette réaction brutale. Elle n'avait jamais eu, dans sa chair, la marque maudite d'un sorcier tout-puissant... James s'en voulut un peu d'avoir été aussi brusque, et il songea qu'il devrait s'expliquer ; mais comment traduire avec de simples mots la sensation glacée qui l'avait secoué lorsqu'elle avait touché son bras ? Comment lui faire comprendre que, même mort, le Lord continuait de lui faire peur et de hanter ses cauchemars ? Il préféra ne rien dire pour l'heure et prit son verre. Vide. D'un mouvement de sa baguette, il actionna la clochette destinée à alerter le serveur, et répondit, sans regarder la jeune femme, aux excuses qu'elle formulait :
-Ce n'est pas ta faute, Ophelia... Tu ne pouvais pas savoir. J'ai juste l'impression que... (il marqua quelques secondes d'hésitation, cherchant ses mots, puis reprit) que cette partie de mon corps ne m'appartient pas vraiment... Elle a été marquée par... par lui...
Sa voix s'éteignit, et il acheva par un faible sourire. Par chance, le serveur vint dissiper sa gêne en entrebâillant la porte :
-Madame, Monsieur ? Que puis-je faire ?
-Remettez-nous la même chose, ordonna James sans même consulter Ophelia.
Un autre verre de whisky lui ferait le plus grand bien – ou pas, d'ailleurs, mais il en sentait le besoin. Pour occuper ses mains encore tremblantes, pour sentir l'alcool lui monter à la tête, pour humecter sa bouche terriblement sèche depuis quelques instants. Vaillamment, Ophelia tâchait de faire la conversation ; elle posa une question, d'apparence anodine, mais qui fit légèrement hésiter James. Comment répondre sans avoir l'air de lui reprocher quoi que ce soit ? Il avait quitté l'UMA après la courtoise visite des deux membres de l'Ordre...
-Non, je ne suis plus à l'UMA... depuis... janvier. De toute façon, ça m'ennuyait... c'était mon père qui avait insisté pour que je fasse des études supérieures. Maintenant, je suis apprenti chez Ollivander. J'avais toujours voulu faire ça, en fait...
Un instant, il se demanda quelle serait la réaction de son cher paternel s'il venait à apprendre tout ça ; son fils, Mangemort déserteur, traître à son sang, ajoutait un nouveau crime à la longue liste ; il avait abandonné ses études et embrassé la carrière de minable qu'on lui avait toujours interdite... Tandis que la pensée de son père déprimait vaguement le jeune homme, Ophelia se rappela à son bon souvenir, en lâchant quelques mots qui lui coupèrent le souffle. Oh ! À la vérité, ce n'était rien ; j'ai envie de t'embrasser, ce n'était vraiment pas une phrase révolutionnaire. Et pourtant... désemparé, James fixa son regard dans celui de la jeune femme, réduit au silence pour quelques instants. Lorsqu'il retrouva l'usage de sa voix, il essaya de lancer une plaisanterie qui sonna étrangement dans le silence de la pièce :
-Mais si tu m'embrasses... je suis sûr que la moitié du bureau des Aurors sera jaloux de moi...
[Désolé pour le retard ]
Dernière édition par James Kirkby le Mar 25 Jan - 6:05:53, édité 1 fois |
| | | | | | Sujet: Re: Discussion... entre adultes raisonnables ? (Terminé) Mar 25 Jan - 3:13:47 | |
| La jeune femme regardait James droit dans les yeux avec une expression de quasi fascination. Elle n'arrivait tout simplement pas à croire qu'elle lui faisait un tel effet. Pas qu'elle sentait qu'il la désirait, au contraire, mais elle était incrédule face à cette peur et à ces doutes constants qui habitaient le ténébreux. C'est là vraiment qu'elle réalisait toute l'étendue du mal qu'elle lui avait fait. Le James qui l'avait tant attiré au départ lui aurait dit quelque chose comme « Come and get it ». Mais celui qui était assis devant lui était beaucoup plus soucieux, anxieux, craintif. Les mots qu'il venait de prononcer ne faisaient qu'accentuer ce profond malaise, ce silence entre eux-deux. Elle soutint son regard un peu plus longtemps puis le détourna vers le sol, ses doigts enlacés les uns contre les autres.
« Je n'aurais pas du dire cela, pardon. »
On cogna doucement à la porte; le serveur venait d'entrer avec leurs verres. La jeune femme adressa un fin sourire à l'homme et prit une des boissons entre ses mains, en buvant quelques gorgées. Peut-être que si elle buvait plus, les choses seraient moins compliquées. Elle rit un peu puis leva les yeux vers James, lui confiant ses pensées.
« Hmm, si seulement je pouvais boire jusqu'à en être ivre. Les choses seraient beaucoup plus simple. Il serait seulement question de venir m'asseoir près de toi et de t'embrasser, sans y penser... Même plus. C'est ce que mon corps me dit, c'est ce que mon corps me crie, même. Mais cela ne serait pas très sage, n'est-ce pas? »
Elle enviait la désinvolture de sa première rencontre avec James. Elle voulait retrouver ce contact, cette symbiose. Mais ce qu'ils avaient vécus, tout le bien et tout le mal, ça ne s'effaçait pas. Leur relation serait à jamais teintée, hantée par les cris de douleur, les cris de plaisir. Mais elle voulait donner une chance à ce petit éclat d'amitié, d'amour qui rayonnait quelque part dans son cœur, juste pour lui.
« Tu m'as appris tellement de choses. Tu... Tu m'as appris l'humilité, tu m'as appris à admettre mes torts. Et j'aimerais apprendre à te voir comme je t'ai vu avant, mais encore plus profondément. Je veux... My god, this is going to sound ridiculous*... Je veux être ton amie, James. Sincèrement. »
La Grecque prit une autre gorgée de son verre et se leva une nouvelle fois, s'avançant à nouveau vers James. Cette fois, elle se pencha vers lui et pris appui sur les accoudoirs de son siège, son visage à quelques centimètres du sien.
« Mais là, tout de suite, je ne peux pas... »
Ophelia laissa ses lèvres effleurer celles de James avant de l'embrasser avec plus de conviction. Doucement, tendrement. Elle se laissa tenter par ce fruit défendu, l'une de ses mains lui caressant le cou. Le baiser dura quelques minutes ; elle sentait qu'il le lui rendait, qu'il en avait envie. C'était probablement la dernière fois qu'elle le goûterai...
« Now I can...* », murmura-t-elle, toujours au dessus de lui.
[*Mon dieu, ça semble tellement ridicule
*Maintenant, je peux] |
| | | | - James Kirkby
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| | Sujet: Re: Discussion... entre adultes raisonnables ? (Terminé) Lun 31 Jan - 21:44:34 | |
| Le sol était recouvert d'un parquet moderne, très sombre et mat. Il y avait une légère fissure dans le mur, juste au-dessus de la plinthe, en face de James. Et Ophelia portait de fines ballerines rouges à talons, des chaussures dont, pour l'heure, le caractère hautement sexy échappait complètement au jeune homme. Il s'étonnait lui-même du nombre de détails que l'on pouvait consigner lorsqu'on se cantonnait au ras du sol ; c'était tellement plus facile que de lever les yeux... Il y avait des tas de choses à observer ; la fissure, les lames du parquet, les pieds d'Ophelia, le pli du tapis – tout prenait une importance incroyable dans le silence de la pièce. James regardait chacun de ses détails avec autant d'intensité que si sa vie en avait dépendu, bien conscient que les yeux de la jeune femme étaient braqués sur lui... Il ne se sentait pas encore prêt à soutenir son regard, même si l'entretien semblait s'orienter sur des bases encourageantes.
Assez vite, le serveur toqua à nouveau à la porte ; il entra quelques secondes plus tard, et James songea que le personnel de ce bar était stylé. On frappait, et on laissait aux occupants du cabinet privé le temps de reprendre une posture correcte... c'était assez plaisant, pas comme dans certains établissements où les salons privés n'avaient de privé que le nom, et ne servaient qu'à faire monter les additions. L'homme déposa les verres pleins sur la table basse, et repartit en emportant les verres vides ; on entendit le déclic de la serrure dans le silence qui s'était installé dans la pièce. James prit son verre de whisky et y trempa les lèvres avec avidité. L'alcool sur ses lèvres lui donna une sensation de légèreté, la tête lui tourna une seconde, puis il eut l'étrange impression d'avoir les idées plus claires que jamais ; un pâle sourire passa sur son visage, et il répondit avec lassitude :
-S'il suffisait de boire pour que les choses soient simples...
Avec tout ce qu'il avait pu s'envoyer derrière la cravate, les choses auraient dû être excessivement simples pour lui... mais ce n'était pas le cas, et l'ivresse ne faisait que compliquer encore plus une vie déjà éprouvante à force de contradictions. Vivement, le jeune homme prit encore une gorgée d'alcool, en essayant, à mi-voix, de raisonner Ophelia :
-Tu as raison, ce ne serait pas sage...
Certes, ils avaient passé du bon temps ensemble; mais l'expérience était vouée à demeurer unique. James savait qu'il ne voudrait plus toucher à Ophelia, si désirable fût-elle ; jamais il ne pourrait coucher avec elle sans la revoir chez lui, assise sur son bassin, en train de découper méticuleusement la peau de son bras... plus jamais il ne la verrait comme une femme, comme une conquête possible. Peut-être resterait-elle sa dernière partenaire féminine ; aucune autre, après elle, n'avait partagé le lit de James... Le repenti posa son verre, l'air pensif, le regard à nouveau fixé sur le parquet sombre, mais le déplacement d'Ophelia lui fit relever la tête. Elle se tenait debout devant lui à présent, les mains sur les accoudoirs de son siège, son décolleté pile à la hauteur de son regard – et il fut surpris lui-même de se rendre compte que cette vision le troublait tout de même un peu. Avant qu'il ait pu dire ou faire quoi que ce soit, Ophelia avait approché son visage du sien – il voyait nettement chaque pore de sa peau fine... Il était comme paralysé par la proximité qu'elle instaurait à nouveau entre eux, et il ne bougea pas d'un centimètre lorsqu'elle lui ravit ses lèvres dans un baiser au goût de Margarita. Quelques instants durant, il se laissa faire passivement, un peu désemparé, puis sa main osa se poser sur la nuque de la jeune femme, et caresser ses cheveux. Il laissa la jeune femme prolonger le baiser, très vaguement conscient de l'absurdité de la situation. La directrice du Bureau des Aurors embrassait un Mangemort repenti, l'homme qu'elle avait le plus détesté... ce ne devait pas être réel...
Elle s'écarta un peu après un très long baiser, sans reprendre sa place ; demeurant postée au-dessus de lui, elle murmura quelques mots que James comprit avec peine – il lui sembla que son cerveau avait été mis au ralenti par ce baiser inattendu. Il laissa sa main glisser de la nuque d'Ophelia et retomber mollement, en murmurant :
-Mettons que c'était un baiser d'adieu... il n'avait pas grand-chose à voir avec l'amitié...
Une question le tracassait un peu ; y avait-il un homme dans la vie d'Ophelia ? Ce Benson qui l'avait accompagnée à la fête ? Vawdrey, le plus grand coureur de jupons de l'UMA ? Un autre, inconnu de James ? Dans ce cas, mieux valait que ce baiser reste secret... Le jeune homme prit la main d'Ophelia et la baisa élégamment, comme pour clore cet intermède, puis il demanda sur un ton sérieux :
-Et toi, Ophelia, où en es-tu ? Je sais que tu as eu de l'avancement... mais dans ta vie ? Que deviens-tu ?
|
| | | | | | Sujet: Re: Discussion... entre adultes raisonnables ? (Terminé) Lun 31 Jan - 23:02:54 | |
| La jeune femme esquissa un fin sourire alors qu’elle se rasseyait sur son siège, la sensation du baiser que James avait posé sur sa main toujours présente. Elle prit son verre entre ses doigts, en buune longue gorgée puis le déposa à nouveau sur la petite table. Oui, elle avait réellement eu besoin d’embrasser cet homme qu’elle avait désiré et qu’elle avait détesté de toutes les fibres de son corps. Cela marquait la fin, la conclusion de leur relation intense et extrême ainsi que le début d’une amitié authentique. Ce n’était pas étonnant que James ne comprenne pas tout à fait, elle-même n’arrivait pas à l’expliquer. Mais c’est ce qu’elle voulait, c’est ce qu’elle ressentait pour lui maintenant. Ils s’étaient pardonnés. Maintenant, le plus difficile serait de reconstruire à partir de ce qu’il restait des sentiments qu’ils entretenaient l’un pour l’autre.
La Grecque se sentait tellement mieux ; ses épaules étaient bien plus dégagées, son menton était plus haut et ses yeux brillaient de l’esprit aimant, doux et un peu espiègle qui l,avait déjà habité et qui revenait après presque un an d’absence. Elle était Ophelia, la vraie, celle qui aimait sortir en boite, manger des baklavas avec la fille de sa cousine, serrer les gens qu’elle aimait dans ses bras. Elle était heureuse. Sans soucis. À présent, elle pouvait profiter de cette nouvelle étape de sa vie qui commençait.
« Eh bien… Tu le sais peut-être, j’ai été promue au rang de Directrice du Bureau des Aurors. Depuis janvier, je suis… je suis en couple avec Mark Benson. Je ne sais pas si tu le connais… C’est le directeur du département de la justice magique. Tu l’as vu… au cottage. Puis j’habite avec lui dans un super appartement en plus centre-ville. Et puis, je suis à l’âge des projets... »
Elle pausa, prit une gorgée du liquide verdâtre et dit, en regardant ses mains :
« Je l’aime. Vraiment »
La jeune femme sourit doucement, regardant James droit dans les yeux. Elle espérait qu’il trouve lui aussi l’amour de sa vie. Car elle était prête à dire que Mark serait l’homme de sa vie. Elle voulait devenir un jour sa femme, être la mère de ses enfants, vieillir, mourir avec lui. Un an plus tôt, elle n’aurait jamais pensé à se caser, à entreprendre sa vie de femme et de mère. Mais il s’était produit beaucoup de choses durant cette année-là. Ophelia termina son verre d’une traite et croisa ses jambes, son regard toujours encré dans celui de James. Il méritait bien quelqu’un qui le traiterait avec respect et qui saurait le combler. Définitivement ; elle était prête à commencer sa nouvelle vie et elle voulait que James en fasse partie.
« Mais tu sais… Si tu ne veux pas que l’on garde contact, je peux comprendre. Je veux que tu le veuilles aussi, tu comprends ? Je veux que toi aussi, tu veuilles être mon ami. », dit-elle, sur un tout autre ordre d’idée.
Elle replaça une mèche brune derrière son oreille.
« Si c’est trop étrange pour toi… Dis-le-moi. Je vais arrêter d’insister. »
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| | | | - James Kirkby
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| | Sujet: Re: Discussion... entre adultes raisonnables ? (Terminé) Ven 4 Fév - 21:17:26 | |
| Ce verre devrait, pour bien faire, être le dernier. Le whisky pur conjugué à la chaleur et à la fatigue produisait un effet beaucoup trop rapide sur le jeune homme, qui se sentait déjà partir dans une espèce de torpeur assez agréable. L'alcool ralentissait un brin ses réactions et ses facultés, mais il conservait toute sa lucidité – c'était le bon moment de l'ivresse, celui où l'on est détendu sans être complètement rétamé... Les informations semblaient arriver un peu moins vite jusqu'à lui ; il y avait un délai de quelques dixièmes de secondes entre le moment où les mots étaient prononcés et celui où ils prenaient sens dans son cerveau. Ophelia parlait avec une volubilité de femme heureuse, évoquait son travail, son homme, l'appartement qu'elle partageait avec lui. Comment s'appelait-il, déjà ? Benson, Mark Benson. James eut besoin de quelques secondes pour le situer ; il l'avait vu, non au cottage où il n'avait pas fait attention à grand-monde, mais à la fête au ministère. Un blond, plutôt beau mec. L'identification n'était pas complète, mais le jeune homme ne put se retenir de déclarer :
-Benson ? Je vois... il est pas mal...
Ah, on me dit dans l'oreillette que Benson est le directeur du département de la Justice Magique... l'ennemi numéro un de James, donc. Il le trouva instantanément beaucoup moins beau, et essaya de rectifier :
-Enfin, je veux dire... il a l'air bien...
Le rouge aux joues, James tâcha de dissimuler son embarras en buvant une gorgée de whisky. Porter un jugement positif sur le physique d'un autre homme était un aveu. Si avec cela Ophelia n'avait pas compris l'exacte nature de ses penchants... Il essaya d'enchaîner, un sourire gêné aux lèvres :
-Je... je suis content pour toi...
Sa pensée du moment, cependant, ressemblait davantage à un “tu parles d'un couple satanique !”... La directrice du bureau des Aurors avec le directeur de la Justice magique... les deux personnes qu'il aurait dû redouter le plus au monde... Pour le coup, il ne savait plus trop quoi dire. Comme pour accentuer encore son embarras, Ophelia poursuivit, en lui demandant s'il ne trouvait pas la situation trop étrange. L'alcool qui anesthésiait son esprit l'empêcha de finasser ; il sentait bien que dire la vérité toute crue n'était pas forcément la meilleure idée, mais il était déjà trop imbibé pour trouver une formulation neutre, et il lâcha :
-Savoir que tu vis avec le directeur de la Justice magique me met très mal à l'aise, Ophelia. Son métier, c'est de me pourchasser, et de m'enfermer. Le tien aussi, d'ailleurs, remarqua-t-il comme s'il venait d'y penser. Et je ne suis pas sûr de pouvoir... de pouvoir surmonter ma méfiance, conclut-il après un temps d'hésitation.
Son dernier mot résonna un peu durement dans la pièce, et le repenti sentit qu'il fallait tempérer ces propos. Une nouvelle gorgée d'alcool, et il reprit doucement :
-C'est vraiment bizarre de se retrouver là à discuter gentiment, comme si de rien n'était... Je ne sais pas quoi te dire, en fait. Je voudrais bien tirer un trait sur tout ça, mais j'ai peur que ce ne soit pas possible...
Il adressa un sourire las à la jeune femme, avant de terminer son verre d'une gorgée trop avide qui lui fit tourner la tête. Il avait de plus en plus l'impression d'être dans un rêve ; à son réveil, il découvrirait quelque chose de plus cohérent – Ophelia le haïrait toujours, elle travaillerait à son arrestation au lieu de l'embrasser dans un bar... |
| | | | | | Sujet: Re: Discussion... entre adultes raisonnables ? (Terminé) Mar 8 Fév - 17:35:49 | |
| La jeune femme rit doucement en voyant James rougir à la suite de ce qu’il avait dit à propos de Mark. Elle avait toujours su qu’il ne préférait pas les femmes. Cela avait quelque chose de particulièrement flatteur. Il l’avait réellement désirée, ce soir là. Et si elle se fiait à ses impressions, le ténébreux n’avait pas souvent partagé son lit avec une femme. Cela avait été un privilège et une malédiction.
Tant de choses auraient été différentes, s’ils ne s’étaient jamais rencontrés. Elle aurait peut-être encore ces cicatrices dans son dos, mais les blessures émotionnelles et psychologiques n’auraient pas été aussi profondes, voir inexistantes. Et si elle s’était retrouvée devant lui, elle n’aurait pas hésité à l’arrêter, à le mettre au sol, à l’envoyer à Azkaban. Mais ce n’était pas aussi facile. Maintenant, après tout ce qui les avait unis, elle sentait qu’elle lui devait quelque chose. Après tout, ne s’était-il pas repenti ?
Ophelia ne s’étonna pas des propos de James, bien qu’elle en fût un peu chamboulée. Non, bien entendu, qu’il ne parviendrait pas à oublier cela de sitôt. C’était trop intense, trop récent, trop profond. Sa tentative de faire la paix avait échoué, elle devait se l’avouer finalement. Elle ne pourrait plus rien dire qui pourrait le convaincre. Seul le temps pouvait encore changer son avis et elle n’avait malheureusement aucun contrôle là-dessus.
« Je comprends, James. J’étais un peu sotte de croire qu’une rencontre d’une heure pouvait changer tout ce qui s’était produit entre nous. », dit-elle doucement en adressant un sourire à l’homme devant elle.
La directrice du bureau des Aurors vida son verre d’une traite puis fouilla dans son sac à main à la recherche d’un peu d’argent. Elle déposa sur la table du salon une quantité amplement suffisante pour payer pour eux deux, en plus d’un pourboire bien généreux. Elle adressa un dernier sourire à James et se leva. Elle attendit que James fasse de même et se glissa un instant entre ses bras, déposa un doux baiser sur sa joue.
« J’espère tout de même te revoir un jour, tu sais. »
Elle se défit de son étreinte et s’avança vers la porte. La jeune femme hésita un instant, se tourna vers lui et lui souffla
« Just don’t forget me, that’s all I ask. *»
Elle quitta le salon, essuyant discrètement une larme du bout de son pouce.
* Ne m’oublie pas, c’est tout ce que je demande.
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| | | | - James Kirkby
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| | Sujet: Re: Discussion... entre adultes raisonnables ? (Terminé) Dim 13 Fév - 10:49:09 | |
| Bien sûr, elle devait être déçue de voir que la méfiance de James était toujours présente, aussi forte qu'au début. Elle avait fait tout son possible pour mettre le jeune homme en confiance, mais sa position était trop précaire pour qu'il renonce à être sur ses gardes. Ophelia n'avait rien à craindre, elle ; elle était la directrice du bureau des Aurors, héroïne auréolée de gloire, et elle s'adressait à un homme à qui un serment avait lié les mains. Ce qu'il aurait pu lui faire de pire, s'il avait voulu, aurait été de l'injurier, en sachant pertinemment qu'elle avait tout pouvoir pour l'arrêter et l'envoyer moisir à Azkaban pour le reste de ses jours. Bien sûr, il n'avait aucune envie de rouvrir les hostilités avec elle ; elle proposait une trêve, et même une paix, il votait pour des deux mains. Mais on ne pouvait pas exiger de lui qu'il tire un trait sur ce qui s'était passé ; il lui arrivait encore d'en rêver, et d'entendre craquer son genou sous la baguette de la jeune femme. Ces cauchemars étaient de moins en moins fréquents, grâce à Merlin ; leur raréfaction ne suffisait pas, cependant, à changer fondamentalement l'attitude du jeune homme. Il appartenait à la frange la plus menacée de la population sorcière, et la survie nécessitait une vigilance de tous les instants.
La rencontre touchait à sa fin. Ophelia s'excusait d'avoir été trop optimiste ; James lui répondit d'un sourire fataliste, l'air de dire : “on aura essayé, personne n'y peut rien”. Un jour, peut-être ? Il faudrait pour cela des dizaines d'autres rencontres, des dizaines et des centaines de jours, pour pouvoir espérer une réelle amélioration dans leurs relations.
La jeune femme s'apprêtait à partir ; elle vida son verre, jeta de l'argent sur la table (était-il donc si net que James n'avait pas le sou ?) et quitta son siège. James l'imita machinalement, et elle se rapprocha pour venir l'embrasser sur la joue... Il ne bougea pas, répondit à nouveau d'un simple sourire – sa voix semblait l'avoir définitivement quitté – et, pour occuper ses mains, entreprit de rajuster le col de sa chemise qui n'en avait nul besoin. Ophelia se retourna une dernière fois au moment de partir, en ajoutant quelques mots ; ne pas l'oublier... mais seul un sortilège d'amnésie pourrait la lui faire oublier. Il avait connu l'enfer et le paradis avec elle, ça ne s'oubliait pas si facilement... Il répondit à mi-voix :
-Sois tranquille.
Il la laissa partir sans rien ajouter, et se rassit quelques instants, le temps de terminer son verre de whisky. C'était la gorgée de trop, celle qui lui ferait tourner la tête, mais il l'avala tout de même d'une traite. Lorsqu'il se releva, il tanguait légèrement ; il n'était pas ivre, mais avait juste cette plaisante impression de flotter quelques centimètres au-dessus de ses chaussures. Songeur, il quitta le bar en répondant à peine au garçon, et marcha un long moment dans Londres avant de se décider à transplaner chez lui. |
| | | | | | Sujet: Re: Discussion... entre adultes raisonnables ? (Terminé) | |
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