Un nouveau départ [PV Stephen]

Il devait partir.

Cette vérité, le lycan se la répétait depuis qu’il était arrivé. Tôt ou tard, il le fallait bien. Il ne pouvait pas profiter de la bonté de son hôte ad vitam aeternam. Et ce dernier devait le savoir aussi. Mais Morgan sentait que cela ne passerait pas simplement. S’il connaissait déjà l’ex-Serdaigle, jamais il n’avait pu néanmoins mesurer à quel point sa bienveillance était grande.

Quand il avait écrit sa lettre, il ne s’était pas attendu à voir arriver un retour dès le lendemain. Et il avait encore moins prévu son contenu. Bien sûr, il éprouva une certaine gêne face à la quantité d’argent que son sauveur lui avait envoyé, mais surtout, il n’avait nullement prévu que celui-ci irait jusqu’à lui proposé l’abri en connaissance de son problème. Pour le coup, le loup ne fut guère plus surpris que ça à le voir écrit noir sur blanc que l’ancien serdaigle avait percé son secret. L’intelligence du Bleu et Bronze n’était plus à démontrer, et son statut de préfet en chef avait du largement lui permettre d’avoir assez d’informations pour faire les liens.
Sans doute Morgan n’aurait pas été autant troublé, ni n’aurait autant hésité, si Stephen aurait été le seul à lui proposer son secours pour la pleine lune à venir. Sans doute beaucoup de choses auraient été différentes s’il n’y avait pas eu… Cet homme. Les paroles de cet homme tournaient en boucle dans la tête du gamin, et il ne savait pas ce qu’il devait faire ou croire. Il avait peur, peur de l’inconnu et de ce type, mais plus encore, il en était fasciné. Il hésitait. Et il savait pertinemment que s’il n’avait pas trouvé une solution valable pour le 24, « il » viendrait le trouver. Mais ça allait trop vite pour le jeune adolescent, et il était dans un état si instable. Alors il profita de l’échappatoire de confiance et de calme que lui proposait Stephen face à cet inconnu bouleversant.
Morgan loua l’argent que lui avait envoyé le responsable des Erudits, ainsi il avait pu passer deux nuits à l’hôtel et non plus dans la rue. Il n’aura pas à se montrer dans l’état déplorable et honteux dans lequel il était il y avait ne serait-ce que quelques jours de cela. L’après midi même où Stephen était venu le chercher, ils arrivèrent à la résidence d’été décrite dans la lettre. Et le lendemain soir même, l’ancien Bleu et Bronze emmena le lycan dans la forêt repousse-moldu et traça pour lui une prison magique. Jamais il ne fut évoqué la possibilité de le voir sous sa forme de monstre, et le serpentard remerciait intérieurement son hôte de ne pas l’avoir fait. Puis son aîné vint le chercher le matin, bien après le lever du soleil, et la journée se déroula comme la veille.

Comme s’il ne s’était rien passé.

Cela faisait bizarre. Pour une fois, tout s’était déroulé comme une lettre à la poste. Pas de lutte, pas de blessures, pas de jugement. Pour la première fois, une de ses nuits passa… Comme si de rien n’était. Ce fut comme une grande bouffée d’air frais dans la volonté détruite du gamin. Pour la première fois depuis avril, il était avec quelqu’un ami qui ne le jugeait pas, et qui s’occupait de lui alors que tout allait mal.

Stephen avait d’ailleurs été incroyable à ce propos depuis le moment où il avait recueilli le jeune Loup-Garou. Jour après jour, il l’avait soigné et nourri. Et surtout, ils avaient parlé, beaucoup parlé. Finalement, assez peu de lycanthropisme, Stephen avait mis beaucoup d’attention à ce sujet dans le but que le serpentard pense à autre chose. Ils avaient discuté d’un peu de tout et de rien, et surtout Morgan en apprit d’avantage sur son hôte. En effet, Stephen ne portait plus le nom de Cornfoot, mais celui de « Des Sablons ». Son aîné lui parla de sa famille, de sa mère entre autre, de son oncle… Lui aussi, avait eu des moments difficiles. D’ailleurs, cette famille viendrait la semaine prochaine. Et Morgan ne pouvait pas rester.

Cela faisait maintenant des heures que le sale gosse se remémorait tout ce qui s’était passé depuis le début de sa fugue, et surtout depuis son arrivée ici. Il ne ferma pas l’œil de la nuit, se répétant, inlassablement, le scénario et le discours. Il eut même le temps de préparer et rassembler le peu d’affaire qu’il avait pris avec lui le jour de sa fuite. Mais le lendemain, le moment venu, il ne put en dire ne serait-ce que le quart de ce qu’il avait prévu. En fait, il ne put même rien dire, seule la conclusion finale parvint à quitter ses lèvres.

"Stephen... Il va falloir que j'y aille."

Les mots étaient coincés dans sa gorge. Il avait répété tant et tant de fois ce qu'il voulait lui dire, ce qu’il devait même lui dire, mais maintenant qu’il était en face de l’ex-Serdaigle, il n’y arrivait pas. Les explications qu’il avait préparé, les remerciements, le lycan n’avait plus qu’un blanc dans la tête… Il savait que Stephen ne voudra probablement pas, et pourtant…

Et pourtant il allait bien falloir qu’il parte.

Il allait partir.

Stephen était ravi !

En ce levant, le jeune homme (car c'en était un, désormais) avait reçu un courrier de Poudlard : les résultats des ASPICs. Non seulement il les avait eu mais surtout il les avait eu haut la main. Ses notes étaient excellentes. Il pourraient donc partir à l'étranger. L'UMA Russe, Beauxbâtons, les shaman Africains, les bouddhiste hindous, l'école d'art de combats japonaise, le village sorcier d'Amazonie et peut être même Salem. Toutes les portes allaient s'ouvrir et il passerait l'année à crapahuter à travers le monde.

Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas été d'aussi bonne humeur.

Jusqu'à ce que Morgan arrive et lui annonce son départ.

Le visage rayonnant du blond se défit lentement alors que la signification de ces paroles s'encrait dans son cerveau. Morgan, le jeune loup garou qui avait fuit le monde des sorciers mais accepté son aide, allait reprendre sa route. Une route sans abris, sans toit, sans amis, sans argent… Une route difficile. Trop difficile pour un adolescent de son age.

Ce n'est pas la colère qui avait pris la place de la joie sur le visage de Stephen. C'était l'inquiétude. Il était soucieux de ce qu'il allait arriver à Morgan. Il craignait aussi que le jeune garçon s'en aille à cause de l'arrivée prochaine des Cornfoot. Bien sûr, il avait fuit les sorciers, il avait peur qu'on le découvre pour ce qu'il était. Axel étant en filière médico-soin, il était fort probable qu'il perce le secret du Serpentard. Mais Stephen n'avait aucune inquiétude à ce sujet. S'il était si tolérant envers le monde extérieur c'était parce qu'il avait reçu une éducation dans ce sens. Son oncle et ses cousins le seraient donc aussi. Mais c'était trop d'inconnus pour Morgan. C'était tout à fait compréhensible… Et il n'allait pas l'enfermer dans la forêt, non plus.

Il s'assit dans un fauteuil et observa le jeune garçon qui lui faisait fasse avec courage. Oui, il devait lui en avoir fallu du courage pour renoncer à la protection de cette demeure et décider de reprendre sa route dans de telles conditions.

"Tu sais que tu es le bienvenu chez moi, Morgan. Même si ma famille est présente, tu peux rester, ils ne te feront aucun mal."

Il était clair que ses paroles étaient vaines. Les deux garçons le savaient. La décision de Morgan était arrêtée mais Stephen se devait d'essayer de le retenir… au moins pour la forme. Mais il n'insisterait pas trop. Bien que cela l'affecte énormément, il s'avait que chercher à retenir le garou ne ferait que le blesser d'avantage.

Sur un ton engageant, il demanda :

"Quand penses-tu reprendre la route ?"

Il avait honte.

Stephen qui avait l’air si joyeux en ce beau matin affichait une mine de plus en plus décomposée au fur et à mesure que le silence s’installait. Morgan ne pouvait savoir ce qui se passait dans la tête de son hôte, mais il pouvait supposer. En l’espace de ses quelques jours, il avait appris à quelque point le jeune homme pouvait s’inquiéter pour autrui. Et il avait honte de lui causer du souci après avoir été si bien accueilli et aidé. Son aîné prit la parole. Il savait bien que l’ancien Bleu et Bronze serait toujours prêt à l’accueillir de nouveau, même si au fond il était toujours difficile de profiter de l’hospitalité sans éprouver de gène, surtout dans les conditions présentes. Mais l’entendre réconfortait toujours, et rassurait dans le fond l’adolescent… Quand on avait plus de foyer, c’était rassurant de savoir qu’il restait tout de même un endroit où venir toquer. Puis il évoqua la venue de ceux qui posaient l’ultime deadline temporel à son départ.

« Je le sais, et je ne peux que te croire quand tu me dis que ta famille ne me fera pas de mal… Mais… Ce n’est pas ça le problème. Le problème c’est… Moi. »

Oui, c’était lui le problème. Il ne connaissait pas la famille Cornfoot, mais il faisait parfaitement confiance en Stephen pour pouvoir leur faire confiance à eux aussi même sans les connaître. Mais le problème n’était pas tant d’être accepté par eux, mais c’était que lui s’accepte lui-même.
Etre ici lui faisait du bien, énormément de bien, et dans un coin de sa tête, il ne voulait pas quitter ce qui lui semblait être l’endroit le plus agréable et le plus sûr de toute l’Angleterre. Mais il ne pouvait pas rester, car en restant ici, il serait pour toujours le monstre qui fuyait le monde des gens normaux. S’il demeurait dans ce havre, il continuerait de vivre comme il avait vécu depuis un an maintenant : dans la honte, le remord, et la haine de soi. S’il ne parvenait pas à accepter et à maîtriser sa vraie nature, il serait également pour toujours un danger envers ceux qu’il aime. Et il refusait de blesser à nouveau les gens qui comptaient pour lui.

Vint plus vite la question que Morgan redoutait. Il déglutit et observa un petit silence dans la foulée. Le plus dire était de le dire. Et ce fut fait finalement presque en murmurant.

« J’aimerais partir cet après-midi… Je dois retrouver quelqu’un. »

Et surtout, s’il ne partait pas maintenant, il craignait de ne plus avoir le courage de le faire un autre jour.

Stephen avait craint que Morgan lui répondre "Maintenant, mes bagages sont prêt". Il sourit de soulagement. Au moins, Morgan restait pour le déjeuner. Les paroles précédentes du jeune loup avaient fait échos en Stephen. Pendant une période, se sachant fils de mangemort, il se pensait mauvais, souillé… Mais c'était différent pour Morgan, certainement. Il perdait le contrôle de lui même et était capable de faire du mal. Ce qui n'était assurément pas le cas de l'ancien Serdaigle.

Stephen se leva. Morgan restait pour déjeuner, ils auraient donc tout le temps de s'occuper de donner argent, vêtements et nourriture à son ami. D'abord, il voulait partager la bonne nouvelle.

"Si tu retrouves quelqu'un je suppose que tu ne seras pas à la rue… Ca m'attriste que tu partes, Morgan, parce que je m'inquiète pour toi. Mais je ne vais pas non plus t'enfermer dans une cage. Tu me diras ce dont tu as besoin. En attendant, regarde ça !" Il tendit la lettre de Poudlard contenant ses notes aux Aspics. "Et ça, ça veut dire que l'année prochaine je pars en voyage initiatique à travers le monde. C'est génial, hein ?"

Stephen se leva et les deux garçons migrèrent vers la cuisine où il commença à préparer le repas.

"Je vais commencer par la Russie. Enfin, j'irai faire un tour en Croatie, d'abord, je crois que mon père biologique venait de là. Mais ensuite j'ai des cours de prévus à l'UMA en Russie. J'espère qu'il ne fera pas trop froid. Faut que je trouve un endroit où loger, ils ne proposent pas l'hébergement là bas. C'est bizarre, hein ? Après j'irais en France. C'est le pays de ma mère. J'ai très envie de voir comment c'est. Je ferais un approfondissement à Beauxbâtons, j'espère que ça va bien se passer. Mais comme j'ai du sang de Vélane, je devrais pas avoir trop de mal à m'intégrer parmi eux. Je vais y passer les fêtes de noël, je pense. Il faudrait que j'arrive à retrouver des traces de ma famille… mais ce n'est pas simple le nom de Des Sablons est éteint. Il y a trop de fille dans cette famille. Mais à beauxbatons, je croiserais peut être des cousins à moi, ça serait marrant, non ? Tu veux que je te mette de la viande de côté pour ton voyage ? Je pense que j'ai du rab de gâteau aussi, tu en veux ?"

Tout en parlant, Stephen avait préparé de bons steack saignant (il avait bien compris que le jeune Serpentard avait un goût particulier pour la viande) tout en laissant Morgan mettre la table. Tout en remplissant les assiettes, il poursuivi.

"Après ça, j'ai envie de voir d'autres formes de magie. En Afrique, je pense. Mais surtout l'Inde, ça m'intéresse bien. Après, j'irai peut être au Japon, j'ai besoin d'assurance dans le maniement de la baguette. Ils ont une école d'art du combat. Tu te souviens, au Fight Club, j'avais pas su contrôler mes sorts et j'avais blessé Isaac. J'ai besoin d'une meilleure maîtrise de ma puissance magique. Ah ! Le Fight Club ! Quel souvenir ! Vous allez le rouvrir l'an prochain ? Faudra que tu me racontes. D'ailleurs, tu as intérêt à continuer à m'écrire !"

Le regard clair de Stephen se plongea dans celui de Morgan. Il attendait une promesse. Une promesse que l'adolescent aurait intérêt à tenir !

Morgan se contentait d’acquiescer.
Il ne voulait pas l’inquiéter plus qu’il ne l’était déjà. Car en l’occurrence, il ne savait pas s’il ne finirait pas à la rue. Il ne savait pas s’il retrouverait cet homme. Il ne savait pas ce qui se passerait s’il le retrouvait. Mais ça, il ne pouvait pas le dire. Voir le sourire de réconfort sur le visage de son ami lui avait ôté toute volonté d’en rajouter une couche. Puis l’ancien Serdaigle lui tendit quelque chose qui ressemblait à une lettre. Et pas n’importe quelle lettre, puisqu’il s’agissait de son bulletin de notes pour les ASPICs.

Les notes étaient littéralement excellentes ! Stephen, fidèle à lui-même, s’était surpassé et avait décroché un bulletin exceptionnel. Et il lui annonça que cela signait le début de son voyage autour de la planète. Alors qu’ils migraient vers la cuisine, le Serpentard affichait pour la première fois un franc sourire ravi. Il était heureux pour Stephen, l’aigle allait prendre son envol tout autour du monde. Il écoutait son aîné avec grand intérêt. C’était tout bonnement passionnant d’imaginer les sorciers de toutes les nations et les futures découvertes du jeune homme. Il souhaitait de tout cœur que son aîné trouve effectivement des cousins à lui en France. Morgan acquiesçait à chacune des questions du jeune homme pendant qu’il dressait la table. La discussion devait être amusante à observer d’un point de vue extérieur, on aurait dit deux garçons en train de préparer le voyage le plus important de leur vie.

« C’est génial pour toi Stephen, je suis sur que tu verras plein de trucs formidables pendant ton voyage… Je me demande comment ça se passe en dehors de l’Angleterre. »

S’il aurait été plus âgé, s’il aurait été majeur, sans doute aurait il même souhaité suivre la même voie que le jeune homme. Quand l’ancien Bleu et Bronze en parlait, on avait l’impression d’entendre la plus fabuleuse des aventures. Puis dans la discussion vint un sujet qui jeta un froid dans l’esprit du garçon.

Le Fight Club… C’était sans doute la seule chose bien qu’il avait faite de ses deux premières années. Dans le fond, ça lui manquait. L’espace des quelques heures, on oubliait tout là bas, on oubliait les maisons, pas d’à priori, pas de jugement, que du combat.

Morgan eut un pincement au cœur. Le Fight Club, c’était une part de lui, mais c’était aussi une part de sa co-fondatrice. Page. Page, qu’il avait mis gravement en danger une nuit de pleine lune. Page, sa collabo courageuse qui a fait moult fois face aux punitions des Carrows. Page qui avait disparu à la fin de l’année… Et il n’avait aucune idée de ce qui lui était arrivé.

« Je ne sais pas si on va le rouvrir. Ca s’est mal fini cette année. »

En tant que préfet en chef et membre du FC de surcroit, Morgan se doutait bien que Stephen savait comment avait fini le club clandestin. Un soir, alors que les fondateurs préparaient la prochaine soirée de combats, ils se sont fait prendre par les Carrows. Si la rouquine a eut la force d’affronter bien d’autres retenues en compagnie des mangemorts, le Serpentard avait lui bien retenu la leçon. Il frissonna au souvenir de cette affreuse séance. Manifestement, ils avaient dû croire que le but du club était d’apprendre à se battre contre eux et leur clique. Et le club disparut aussi vite qu’il était né.

Il observa un nouveau silence alors que Stephen le regardait droit dans les yeux. Le jeune loup savait ce qu’il attendait de lui. Une promesse. Celle de lui écrire et de lui donner des nouvelles régulières. Et cette fois, ce n’était pas la vaine promesse que l’on disait à ses parents sur le quai 9 ¾ à King Cross

« Promis, je te raconterais tout. »

Les dés étaient jetés, c’était une promesse auquel il ne pourrait jamais se soustraire.

Satisfait d'avoir eu la réponse attendue, le jeune homme sourit à son ami et entama le repas. Proposant du pain ou de la moutarde. Puis, tout en mangeant avec un plaisir visible, il poursuivit le récit préalable de son voyage à venir.

"J'ai entendu dire qu'il y avait un village sorcier en pleine Amazonie. Tu sais, au milieu de la forêt. Je n'ose même pas imaginer la diversité des plantes magiques de la région. Et la faune aussi, bien sûr, elle est forcément tellement différente de celle qu'on a, ici, en Angleterre. La Botanique et les Soins aux Créatures Magiques n'étaient pas forcément mes matières préférées mais j'ai envie de voir ces autres contrées. Si j'ai le temps, je prendrais peut être quelques semaines de vacances là bas ou en Australie. J'ai entendu dire que ce continent était magnifique et puis, il y fait toujours beau, pas comme ici. D'ailleurs, si tu reprends la route, méfie toi du temps. Est-ce que tu veux que je te laisse quelques vêtements. Tu sais, dans l'armoire où j'ai pris des habits pour toi. Ce ne sont que des vieux vêtements aux jumeaux et à toi. On ne les mets plus, ils ne nous vont plus. Tu peux prendre ce que tu veux comme pantalon, chemise ou pull. Je te les donne."

Son plat terminé, Stephen se leva pour aller chercher la suite : fromage et dessert. Il servit le jeune serpentard puis lui même et poursuivi sa narration. Il sentait bien que ce sujet léger décontractait Morgan. Et ça tombait bien, ça lui faisait plaisir de parler de ce voyage par anticipation… Il commençait même à être pressé de partir à l'aventure pour de vrai.

"Je pense que je vais terminer par les Etats Unis. Salem est réputée à travers le monde. J'espère pouvoir y faire quelques semaines de formation intensive sur un domaine que je n'aurais pas encore vu. La Métamorphose, par exemple. Peut être que je pourrais apprendre à devenir animagus… Enfin, je n'y crois pas trop, c'est très difficile d'après ce que j'ai lu."

Il marqua une pause le temps d'attaquer sérieusement son assiette puis repris un sujet moins agréable :

"Tu voudras que je te dépose quelque part ?"

L'ancien Serdaigle continuait d'animer la conversation pendant le repas, racontant par anticipation son voyage et ce qu'il attendait de ce dernier. Il évoquait toute sorte de lieu, et toute sorte de discipline. Et entre autre, la Botanique. Ca aussi, ça allait faire bizarre au garou à la rentrée. Papy Sigmund ne serait plus dans les serres. Encore un qui avait disparu, mais cette fois pour de bon. Néanmoins, cela mit la puce à l'oreille du garçon. Peut être Stephen avait entendu dire quelque chose à son sujet... ?

"Ah, au fait... Ça me fait penser, tu n'aurais pas des nouvelles de Page ? Elle a disparut à la fin de l'année dernière... Et je veux bien prendre quelques affaires alors, je suis vraiment parti avec pas grand chose... Merci."

Le repas poursuivait son cours, et ils en approchaient même bientôt de la fin. Morgan n'aimait pas particulièrement le fromage, ce n'était pas un goût très anglais, mais il faisait l'effort de goûter pour faire plaisir à son hôte, et faire honneur aux racines françaises de ce dernier.

"Et moi, je crois pas qu'il y est quelque chose de vraiment trop difficile pour toi. La seule raison pour que t'y arrive pas, c'est qu'en fait ça te plaise pas ! Mon frère aîné est lui aussi parti à Salem... Peut être que tu le croiseras."

Pretextat... Il avait déjà quitté Poudlard l'an dernier, jugeant que le contexte entre Voldemort et les Carrows ne seraient pas vivable dans l'enceinte de l'estimée école. Même lui qui était pourtant de nature particulièrement ouverte montrait beaucoup de gène face au problème de fourrure de son cadet. Finalement, après avoir rassemblé suffisamment d'argent au cours de l'année, il était parti finir ses études ailleurs. En même temps dans son cas cela faisait 3 ans que l'ancien Poufsouffle se disputait avec les parents...
Puis vint une question un peu plus terre à terre face à l'imminence de son propre départ à lui... Cela lui faisait assez bizarre de penser que dans quelques heures, il serait au beau milieu de nulle part à la recherche d'un semi-inconnu.

"Du côté de Manchester... Je peux retrouver cette personne là bas, et puis au pire ma grand-mère moldue y vit si j'ai vraiment des ennuis."

Même si le cas échéant, il était peu probable qu'il aille lui rendre visite. Il avait hésité entre partir pour Londres ou Manchester, l'homme lui ayant laissé deux pistes pour le retrouver. Mais plus il s'éloignait de la capitale, moins il risquait de tomber par hasard sur un membre de la police magique qui le renverrait manu militari chez ses parents.
Et ça, il n'en n'avait surtout pas envie.

Page.

Surprenant. Stephen ne savait pas comment Morgan avait fait le lien entre l'Amazonie et la Gryffondor, mais il l'avait fait… L'ancien Serdaigle sourit. Oui, il avait eu des nouvelles de Page. Pas plus tard que dix jours plus tôt. Il hésita un instant, si la jeune fille n'avait pas contacté Morgan, peut être y avait-il un raison. D'un autre côté, elle avait une raison particulière de lui parler, les Erudits, et peut être rien de particulier à dire au Serpentard.

Stephen décida que l'information pouvait filtrer.

"J'ai eu des nouvelles de Page il y a quelques jours. Visiblement Pénombre Craft avait une dent contre elle et a fait jouer ses relations. Elle s'est retrouvé en maison de détention pour mineur et n'en est sortie qu'à la fin de l'année. Elle va bien même si le moral est pas encore remonté au beau fixe d'après ce que j'ai pu lire entre les lignes.

Elle s'est relancée dans les recherches des Erudits. Mais je me demande bien ce que ça va devenir. Je n'ai officiellement délégué l'association à personne. Je ne sais pas si quelqu'un le reprendra. Je ne pense pas que ça empêche Page de continuer à chercher, mais à plusieurs c'est plus sympa…

Quoi qu'il en soit, Page remonte la pente et sera de retour à Poudlard à la rentrée."

Quand Morgan évoqua son frère, Stephen se rendit compte qu'il ne savait en réalité rien du Serpentard mis à part qu'il aimait enfreindre le règlement et était atteint de lycanthropie. Il ne savait même pas depuis quand c'était le cas. Cette réalisation l'attrista un peu mais il se rassura en se disant que les échanges épistolaires lui laisseraient tout le temps nécessaire pour en apprendre d'avantage sur lui.

Manchester.

Stephen saurait y aller. C'était une bonne chose… Il se dit soudain qu'il était lui même en train de précipiter le départ de Morgan en relançant le sujet. Quelque chose lui disait que s'il laissait passé le temps, son ami resterait… Mais il préférait largement s'assurer que Morgan ne manque de rien plutôt que de risquer un départ précipité. Il décida de changer un peu de sujet alors qu'il débarrassait :

"Ta grand mère est moldue ? Je ne savais pas. Ca explique que tu te débrouilles bien parmi eux. Je serais, je crois, incapable de vivre seul avec eux. Je t'ai jamais raconté le devoir d'étude des moldus qu'on avait fait en Corée ? J'ai manqué le portoloin et je me suis perdu… on avait été envoyé là-bas sans baguette, c'était un exercice super difficile… Le Ministère est venu me rechercher le lendemain, j'avais dormi dans un squat. T'imagine même pas…"

Alors qu'ils montaient à l'étage, Stephen raconta cette expérience de 5ème année. Un TP, qu'ils avaient appelé ça. Devoir vendre des objets aux moldus pour gagner assez d'argent pour prendre un avion et attraper un portoloin dans une ville lointaine. Un vrai truc de fou.

"Ce qui me surprend le plus encore aujourd'hui c'est que je n'ai pas paniqué. Même si ce prof était fou, je me doutais bien que Poudlard ne laisserai pas passer l'absence d'un élève et qu'on viendrait me rechercher… Je ne sais pas comment ils m'ont retrouvé mais ils l'ont fait. Faut dire que Peter bosse au Ministère. Ca a été épique.

Tiens, prends ce que tu veux."

Ils étaient dans la chambre et Stephen désignait le placard à vêtements.

Morgan était rassuré.

Page allait bien, et il ne doutait pas un instant que son moral finirait par remonter la pente, quel qu'en soit le temps que ça prendrait. C'était bien une des qualités de la rouge et or. En tout cas, cela l'étonnait guère qu'elle ait été envoyé en centre de détention si elle s'était mise Pénombre à dos. La famille Craft était sans doute une des plus dangereuses d'Angleterre. Par contre, elle s'était déjà relancée dans la quête du parchemin... Décidément, rien ne l'arrêtait. Cela faisait vraiment bizarre pour le vert et argent d'en entendre parler à nouveau. Il s'en sentait limite ingrat même, après avoir abandonné l'enquête une année entière, de s'être pointer chez Stephen, alors qu'il l'avait rencontré là bas pour la première fois. Certes, y'avait aussi le FC, mais à la base cela restait quand même les Érudits. D'ailleurs, son aîné évoqua un fait qui n'avait jusqu'alors pas effleuré l'esprit du lycan : l'an prochain, les Érudits ne seraient peut être plus. Et oui, Stephen ne serait plus là pour gérer l'association. Ça allait faire vachement bizarre. Pour le coup, Morgan se demandait aussi s'il y aurait quelqu'un pour reprendre les rênes... Mais qui le pouvait ? Menant la conversation, l'ancien Serdaigle lança un nouveau sujet.

"En fait, presque la moitié de ma famille est moldue. Quand j'étais petit, on allait souvent chez eux et on jouait avec mes cousins à leurs jeux. Donc oui, j'ai pas mal l'habitude de leur monde... Certains savaient ce que nous étions, d'autres non. Ça faisait assez bizarre, d'être obligé de ne pas parler de la magie en fait. Beaucoup de serpentards les méprisent, et finalement, c'est réciproque, on répulse pas mal les moldus au début. J'crois qu'au fond, on a juste peur de ce qu'on connaît pas..."

Cette réflexion, Morgan avait assez souvent eu l'occasion de se la faire durant sa scolarité chez les serpents. Lui, il s'en fichait pas mal du fait de ses racines. D'ailleurs, finalement, c'était les pro-sangs purs et ceux qui voulaient leur ressembler qui en parlait le plus dans la salle commune. Puis Stephen embraya sur le récit d'un exercice d'étude des Moldus en Corée.

"Sérieux ? Ouais, c'prof était pas mal taré, ça coûte vachement cher un billet d'avion en plus. Mais ça devait quand même être marrant. D'un certain coté, c'est sur que aller directement chez les moldus, c'est le meilleur des exos, mais j'te crois quand tu dis que c'était épique."

Dans la chambre, son ami lui désigna le placard et lui proposa de prendre ce qu'il voulait. Le jeune loup surmonta sa gène pour aller effectivement y chercher des vêtements à sa taille. Il s'accablait en silence de reproches sur ce profitage, sans même se permettre de penser une seconde qu'il fallait autant de courage pour demander de l'aide que pour accepter d'en fournir. Il récupéra finalement trois sets chemises/tee-shirts/pantalon, en prendre plus l'aurait plus encombré qu'autre chose. Il les plia dans son sac, le départ était résolument proche maintenant. Il se tourna vers son ami, et afficha le sourire le plus reconnaissant qu'il put.

"Merci beaucoup pour tout... J'vais bientôt être prêt on dirait..."

Morgan était prêt. Avec un simple sac à dos, il paraît Stephen ne savait où et pour un temps indéterminé. La fuite. C'était ça. Le jeune serpentard ne voulait pas rester près des sorciers de peur de les blesser ou d'être blessé par eux. On a peur de la différence, n'était-ce pas ce qu'il venait tout juste de dire. Mais le choix de se perdre parmi les moldus était-il plus judicieux que celui de rester proche des sorciers qui, eux, connaissaient la lycanthropie et savaient plus ou moins comment se comporter face à cet état ?

A ce propos, il restait un dernier détail… Stephen ne savait pas trop ce que Morgan en penserait, mais il s'était senti la mission de faire ça. Le jeune garçon prêt, il l'attrapa par la main et l'entraîna dans la maison vers une pièce du sous-sol où Morgan n'avait pas mis les pieds de son séjour. C'était une sorte d'atelier de potion et l'odeur qui flottait dans l'air ne pouvait pas être inconnue au jeune garçon.

"Je ne suis pas hyper doué en potion et celle-ci est particulièrement difficile… mais si ça peut t'aider un peu…"

A côté du chaudron vide, étaient disposées trois petites fioles. Trois doses. Il n'était pas nécessaire d'expliquer au jeune serpentard de quoi il retournait. C'était l'évidence même. Mais il n'y avait pas que ces trois fioles sur la paillasse. Stephen avait prévu le départ de Morgan même s'il n'avait pas voulu le montrer ni le provoquer. Il remis à son ami une bourse contenant de l'argent moldu. Il ne laissa même pas à Morgan le loisir de refuser ni de regarder ce qu'elle contenait, il la fourra dans son sac d'autorité. Puis il donna au lycan un rouleau de parchemin, trois plumes et deux flacons d'encre avant de conclure en souriant :

"Comme ça, tu n'as aucune excuse pour ne pas m'écrire"

Puis il serra Morgan dans ses bras. Il était inquiet pour le jeune garçon, il avait peur qu'il lui arrive du mal. Il ne savait pas s'il avait raison ou tord de le laisser quitter les lieux… Une chose était certaine : il ne serait pas serein avant d'avoir reçu les premières nouvelles. Tenant toujours Morgan contre lui, il fera les yeux et se concentra :

Manchester.

[HJ : désolée d'avoir tant tardé. Pour moi, c'est clos.]