Satané plante de merde, tu te caches où ?

Billou errait dans la forêt interdite depuis maintenant une heure. Il s'était éclipsé à la faveur du repas du soir, emportant un sandwich préparé auparavant, afin d'explorer le sous bois en quête d'une plante nécessaire à son grand projet de rébellion. Il allait subrepticement glisser dans la robe d'Alecto une brassée de feuilles de la redoutable urtica ultima. Mentionnée dans son manuel de botanique comme étant la plante provoquant les démangeaisons les plus douloureuses et persistantes, Billou voyait déjà la soeur Carrow en train de hurler et se gratter les fe...beuargl...non le dos en s'arrachant la peau avec les ongles.

Mouahahaaaaaa

Billou s'autorisa un moment de jubilation éphémère avant de recommencer à pester contre cette maudite plante de ses trois...euh deux, qui ne voulait pas montrer le bout de la feuille. Bachelard n'en faisait pas pousser, Billy lui avait demandé, et avait récolté un regard mauvais, comme tous ceux qui avaient déjà du lui demander la même chose, et probablement avec des intentions similaires. N'en démordant pas, le lionceau psychorigide avait entrepris de se renseigner sur la plante à la bibliothèque et il s'avéra que cette fougère aux feuilles rouge sang poussait dans presque toutes les forêts où des animaux magiques avaient élu résidence. La forêt interdite étant une sorte de mégalopole en la matière, l'irlandais estimait que ses chances de trouver son bonheur dedans étaient assez bonnes. Mais voilà, en partant de la cabane abandonnée d'Hagrid, il avait déjà parcouru un bon kilomètre dans les bois sans trop s'enfoncer et il n'avait rien trouvé d'intérêt. Les hululements et autres cris de la nuit ne lui faisaient pas trop peur tant qu'il restait à proximité de l'orée du bois, et qu'il pouvait distinguer quelques lumières du château à travers les branches, mais à l'idée de devoir s'enfoncer plus il réprimait un frisson d'horreur.

De l'eau courante à proximité et pas trop de végétation dans les parages à cause des racines profondes, ça devrait pas être monstrueusement dur à trouver merde !

Le garçon se parlait à lui même surtout pour se rassurer à vrai dire. Mais juste après avoir poussé son juron, il entendit le doux clapotis d'un ruisseau. Il s'écoulait vers le centre de la forêt. Peut être qu'en le suivant, Billou finirait par trouver la fameuse urtica ultima ? Pressant un peu le pas pour ne pas rester dehors toute la nuit, le brun se mit à observer les bords du cours d'eau bondissant en quête de la moindre petite feuille rouge, ce qui de nuit n'était pas évident il fallait l'avouer. Ce ne fut pas très longtemps avant qu'il n'arrive à une petite clairière éclairée par la lune.

Parfait...

Se dit-il juste avant de voir une large silhouette allongée sur le sol à proximité du ruisseau. Le gamin s'immobilisa, deux grands yeux d'un bleu incroyable fixés sur lui. Il avait déjà vu ses yeux quelque part avant. Ils avaient été plein d'une sagesse sans âge et de douceur un temps.

Firenze ?

Billou n'avait jamais eu le centaure en cours, mais il l'avait déjà croisé sur le parc, et beaucoup de ses ainées l'avaient mentionné avec respect en salle commune. Mais l'homme à moitié cheval n'était plus que l'ombre de lui même. Clairement blessé et agonisant, il faisait peur à voir. L'humain courut à son chevet, poussant une exclamation d'horreur à la vue des coupures suintantes, des marques de coup de sabot et de dents sur presque chaque partie du corps à l'article de la mort.

Mais qu'est-ce qui vous a fait ça ? Pourquoi ?

Retenant des larmes de rage, Billy entreprit un examen des blessures les plus graves, déchirant sa robe pour panser de façon rudimentaire les plus graves.

Plus que quelques jours avant la fameuse nuit.

Le Serpentard avait peur. « On » devait l’avoir vu. « On » devait le suspecter de quelque chose… de « ça ». Morgan avait lu avec un effroi certain l’affichage officiel de l’école et la notice qui semblait lui être personnellement destinée. Il ne savait pas ce qu’il devait faire. Se dénoncer ? La bonne blague ! S’il ne se dénonçait pas, on le renverrait, mais s’il le faisait, il n’y avait aucun doute qu’on le virerait tout autant… Ou alors on le traiterait comme les né-moldus ou les rebelles. Sauf que lui n’aurait pas la compassion des autres. Il serait seul. Tout seul.

Mais malheureusement, il ne pouvait pas reculer pour autant. Toute la peur, tout les avertissements de renvoi du monde, voir pire, n’empêcheraient pas l’inévitable de se produire. Dans quelques nuits, il redeviendrait la bête affamée qu’il était en vérité. On ne pouvait empêcher le temps de s’écouler, inexorablement.

Aussi cette fois le Loup garou avait pris les devant, et était parti « préparer le terrain », bien avant la veille de pleine lune comme il avait coutume de le faire. Au cours de l’année, il avait veillé à ne jamais employer les mêmes lieux pour ses transformations. Un coup il allait à la cabane hurlante, un autre dans la forêt, et même parfois dans la salle sur demande, mais très rarement car même s’il semblait impossible que quelqu’un puisse émettre le même souhait d’endroit que lui, Morgan craignait que cela arrive tout de même. Donc de ce fait il alternait environ à 50/50 entre la cabane et la forêt. Les préparatifs n’étaient pas les mêmes dans les deux cas, pour la cabane, c’était assez simple : il suffisait de venir planquer des affaires de rechange et de condamner l’accès. Mais pour la forêt, ça avait été un peu plus long. Non seulement il fallait toujours apporter des affaires, mais il fallait également s’assurer qu’à son réveil, il puisse retrouver son chemin. Bah oui, imaginez vous bien que le lendemain, le Serpentard se réveillait au milieu des bois, nu, sans armes et sans aucune indication de sa position réelle. Alors pour retrouver là où était sa planque, bon courage. Le loup garou avait donc dû parcourir une bonne partie des alentours de son « territoire » pour y laisser plein de marques sur les troncs, des indications à droite à gauche, des repères visuels pour le guider au réveil… Encore fallait-il que les autres habitants des lieux ne les détériorent pas. Ainsi donc, le morveux était contraint de vérifier que tout était bien en place avant.

Le Serpentard avait appris à se déplacer vite dans ses bois, cela en était triste à dire tellement qu’il avait maintenant l’habitude de ses lieux. Morgan pensa même avec un grognement que s’il parvenait à poursuivre sa scolarité à Poudlard, il n’était pas exclu que d’ici une année ou deux il n’ait plus besoin de ses marques pour se repérer tant tout cela lui sera familier. Il commença par aller à sa planque. OK, bon signe, cette fois aucune autre bestiole n’était venu y établir son domicile en son absence. Le gamin n’avait pas aimé les dents de la créature qu’il a eut à déloger la dernière fois. Restait plus qu’à faire le tour des marques et il pourrait rentrer… Le gamin sortit de sa sacoche une carte qu’il avait dessinée avec les emplacements ainsi qu’une boussole et commença son inspection. Premier repère, ras, le second pareil, le troisième, il dût rattacher un bout de tissu qui avait disparu des branches, le quatrième ras… Ah non, pas ras. Un écho de voix fit sursauter le Serpentard. Quelqu’un était là. Et ce n’était généralement jamais bon signe dans la forêt interdite. A pas de loup, le gamin se rapprocha de là où semblait venir la voix… Une clairière. Il grogna. S’il avançait plus, il se mettrait à découvert. Par chance, l’éclat lunaire était suffisant pour distinguer les personnes présentes. Le premier était selon toute évidence un centaure. Dans l’esprit du garçon, un centaure restait un être dangereux… Enfin, jusqu’à ce qu’il se rende compte que le centaure en question était Firenze. On lui en avait parlé, il était prof d’histoire de la magie avant à Poudlard… A ses cotés se tenait un gryffondor qui semblait assez jeune. Morgan dût forcer sur ses yeux pour parvenir à reconnaitre William Faith, membre du FC et attrapeur des rouges. Que faisait-il là ?

Tapi comme un loup dans la pénombre, Morgan observait le centaure et le gryffondor. Il n’était pas exclu que Firenze ressente sa présence, mais le loup garou n’avait pas l’intention de faire le premier pas avant d’avoir vu ce qui se tramait dans cette clairière.


[hj : Momo se tient donc à l'orée de la clairière, il n'est pas assez proche pour voir que Firenze est blessé à vous de voir si vous voulez le repérer, tout en sachant que dans tous les cas, il viendra vous parler au prochain post]

Malgré les efforts du gosse, les blessures du centaure continuaient de suinter leur liquide rubis. Pour couronner le tout ce dernier lui demandait pourquoi il pleurait. Billy s'essuya gauchement les yeux et le nez et ravala les larmes qui voulaient encore couler le long de ses joues.

Désolé monsieur, j'vais vous sortir de là vous en faites pas.

Comment ? aucune idée. Mais Billy était déterminé à aider l'Homme-cheval. Ses pairs l'avaient ostracisé à cause de l'aide qu'il avait apporté à Harry Potter, les humains parce qu'il était différent.

Moi je m'en fiche de ce que vous êtes...

Murmura le lionceau. Il devait faire quelque chose, vite. La Forêt n'était pas un endroit sûr pour le centaure. Dans son état, même si Billy lui construisait un abri, Firenze ne serait qu'à l'abri des bêtes les moins dangereuses, or la pleine lune était pour bientôt, et des loups-garous auraient tôt fait de flairer la proie facile que l'ancien prof d'histoire de la magie était, enfin, s'il tenait en vie jusque la pleine lune. Non il fallait le sortir de là.

Garou... Ici...

Le pauvre il doit être en train de délirer à cause de la douleur...

Bon le sortir de la forêt, soit, mais par quel moyen déjà ? et ensuite où ? Le château était évidemment hors de question même si Mme Pomfresh aurait été bien utile en l'absence d'Hagrid.

Hagrid !

Si le garde chasse était absent, sa cabane était toujours là elle ! Si par miracle Billy parvenait à traîner la masse imposante du centaure jusque la hutte aux abords de la Forêt, non seulement il serait à l'abri de tous, mais il y aurait peut être des plantes ou des indications pour soigner le semi-humain. Peut être qu'avec un brancart...

Je reviens tout de suite !

Billy courut vers un bosquet de noisetiers dont il cassa deux longues branches solides qu'il effeuilla en retournant précipitamment auprès de la créature blessée. Ôtant sa cape, l'irlandais la noua aux deux branches. Satisfait de la solidité du tout, il la posa à côté de Firenze.

J'vais vous mettre là dessus et ensuite je vous emmène chez Hagrid, j'y trouverai peut être de quoi vous soigner. Attention, 1...2...3 !

Faisant de son mieux pour ne pas empirer l'état du centaure, le Gryffondor poussa de toutes ses forces sur le flanc de nacre du corps chevalin. Firenze bougea de quelques centimètres mais la force du gosse de 12 ans ne suffisait pas à faire rouler un centaure adulte, aussi amaigri soit-il. De plus le cri de douleur qu'il arracha à Firenze lui fit cesser tout ses efforts immédiatement. Dépité, Faith tomba sur ses genoux aux côtés de l'ancien professeur. Rejetant sa tête en arrière il hurla de désespoir.

A L'AIDE ! s'il vous plaît...