[Lundi 6 avril 1998, aux environs de 14h]

La journée n'avait pas été exceptionnelle, ni en bien, ni en mal. Levé de bonne humeur et de bonne heure, il s'était rendu au travail avec un peu d'avance, avait salué ses tous nouveaux collègues – une chose qui ne cessait de l'étonner, depuis quatre matins qu'il les croisait – et avait ouvert les portes d'entrée des archives. Si les films moldus les plus optimistes faisait toujours état d'une marée de curieux lorsqu'il s'agissait d'inaugurer un bâtiment, sa réalité était bien moins gaie. Il n'y avait évidemment personne qui, à neuf heures un lundi matin avait jugé bon de se précipiter aux archives. Le temps maussade avait d'ailleurs accroché son regard, alors que la porte s'écartait magiquement pour laisser voir le hall de l'extérieur. Sans émotion particulière, il avait songé qu'il pleuvrait avant de la fin de la journée. La jeune fille qu'il avait secourue un an auparavant lui revint en mémoire. Une jeune rouquine, galloise et terrorisée par la pluie qu'il avait aidé pour une raison qui lui échappait encore. Peut-être simplement à cause de leurs origines communes.

Il avait quitté Cardiff depuis de longues années maintenant, à l'aube de son entrée à Poudlard. Du haut de ses onze ans naissants, il avait regretté de quitter sa ville natale pour rejoindre Londres, mais plus encore de s'éloigner de son oncle Alwyn. L'homme était bourru, mais ses histoires passionnantes avaient bercé l'enfance de l'archiviste, autant qu'elles lui avaient appris bon nombre de ce qu'il savait. L'alchimiste était sans aucun doute le seul homme que Josh ait réellement considéré comme un père ; il lui rendait encore visite régulièrement, toujours avec plaisir et cette joie presque enfantine à l'idée de partager un peu de son temps avec qui le tenait au corps.

Un léger sourire fleurit sur ses lèvres alors qu'il se rendit à son bureau. Il désactiva les sortilèges et enchantements qui protégeaient la pièce, les runes au-dessus de sa porte luisant lorsqu'il entra dans la pièce. Une montagne de parchemin l'attendait sur son bureau, lui arrachant un soupir de lassitude. Josh aimait son travail et nul ne devait en douter, mais depuis son accident, il avait de plus en plus l'impression de n'en avoir plus que les mauvais côtés. Le simple plaisir de ranger, de classer, de restaurer les archives n'était presque plus qu'un lointain souvenir. Évidemment, la magie aidait et il avait du apprendre à se servir de sa main gauche puisque la droite n'était plus en état, mais pour toute tâche lui demandant les deux... Il s'efforça de ne pas y penser et, pour de longues heures, sa plume gratta le parchemin, répondant aux missives et autres rouleaux qu'il se devait de remplir.

La pause de midi arriva, mais il préféra rester seul à manger dans son bureau, peu désireux de se mêler à ses nouveaux collègues. Sa tranquillité passée lui manquait un peu, il n'était pas rare qu'on vienne frapper à sa porte pour une raison ou une autre. Bien entendu, il passait également beaucoup de temps en salle, souvent à présider la salle de lecture où les visiteurs s'installaient. Pour ce jour-là toutefois, c'était McArthur qui avait cette tâche. Le brun avait craint, lorsqu'il avait choisi de l'embaucher que l'ancien bibliothécaire, bien plus âgé que lui, ne pose quelques difficultés. Obéir à un homme de trente ans son cadet n'était sans doute pas aisé, pourtant la cohabitation passait bien jusqu'à présent. Il ne s'était toutefois écoulé qu'une petite semaine depuis l'ouverture des nouvelles archives, et les divers problèmes liés à tout déménagement occupaient assez les employés pour que les conflits ne règnent pas encore. Il aurait tout l'occasion, au cours des mois qui suivraient, de voir ce qu'il en était.

Tout dévoué à ses pensées, il resta songeur un moment, avant d'attraper quelques parchemins plus intéressants qu'il lut en marquant une pause dans son travail. Lorsqu'une petite note volante arriva dans son bureau, il délaissa son activité. D'un coup d'œil distrait, il fixa l'horloge au-dessus de la porte. Il n'était que quatorze heures, et cent quatre-vingt minutes le séparait de la fin de sa journée. Lui qui avait été un bourreau de travail à en faire des heures supplémentaires qui n'en finissaient pas se désespérait d'être aussi attentif au temps qui passait. Mais, en vérité, il s'ennuyait. Le projet de déménagement avait longuement occupé ses pensées, l'obligeant avec Excalia Conventry à fournir de gros efforts pour que tout se fasse dans les temps. Les quelques mois passés avaient été riches d'évènements qui l'avaient distrait, lui faisant parfois oublier son handicap et les conséquences qui en découlaient. Maintenant que c'était terminé, la monotonie de sa nouvelle vie lui pesait.

Il redressa ses lunettes du bout du doigt, sans même voir son geste puisque celui-ci fut exécuté du côté où il ne voyait plus. Ses maux de tête commençaient doucement à passer, et son cœur ne battait plus à tout rompre lorsqu'il se souvenait qu'il était borgne. C'était avec un certain détachement qu'il prenait ce fait, et son unique œil valide lut la note rapidement. Contrarié, il pinça les lèvres au point qu'une feuille n'aurait pu passer entre elles. Il repoussa son siège et se leva, attrapa sa baguette et sortit de son bureau. Son pas empressé, mais régulier martelait le dallage de pierre, alors qu'il se rendit dans les escaliers. En déambulant dans les couloirs d'archives souterraines, il trouva finalement la jeune femme qui l'épaulait déjà depuis de nombreux mois.

« Conventry ? l'interpela-t-il sans brusquerie dans le ton ni amabilité particulière, son accent guttural plus appuyé qu'à l'accoutumée. Il semblerait que nous ayons un problème avec les arrivées d'archives. Avez-vous vérifié les registres ces derniers jours ? »

[HJ : J'ai repris, pour les registres, ce dont on avait discuté par MP. Si tu ne t'en rappelles plus, envoie moi un message, je te réexpliquerai^^]