Jeudi 2 avril 1998

Le repas dans la Grande salle se terminait dans un silence de plomb. Le couvre-feu n'allait maintenant pas tardé, depuis qu'au match de Quidditch, Amycus Carrow l'avait décrété à 18h. Les problèmes de logistique indu à cette heure précoce avait obligé à le repousse d'une heure, mais il n'en restait pas moins que le moment arrivait bien trop tôt. Seymour, en temps que préfet, commençait même à en avoir assez. Les rondes se retrouvaient d'autant prolongées qu'elles n'étaient pas réduites quant à leur horaire de fins et malgré les aménagements dus à ses ASPIC à la fin de l'année, il se retrouvait avec un emploi du temps lourdement chargé.

Seymour finit par quitter la Grande Salle et rejoignit sa salle commune. La plupart des élèves restaient là, sur les canapé, s'occupant comme ils pouvaient, discutant et, pour certaines jeunes filles en groupe, gloussant. Il repéra même des deuxième années qui le fixaient du coin de l'œil et se détournaient en rougissant et murmurant ce qu'il devinait être de « Vous croyez qu'il m'a vue ? Nooon, il m'a pas grillée ! ». Le septième année soupira. Ce n'était pas qu'il n'ait jamais eu de succès avec les filles, même s'il n'était pas un tombeur. Depuis son intervention lors de la Rébellion des masques cependant (enfin il donnait ce nom à ce qui s'était passé lorsque le Gibbon et sa copine avaient semé l'anarchie à un repas), le nombre de gamines ayant un supposé béguin pour lui avait augmenté. Il avait même reçu des chocolats, mais reconnaissant l'odeur caractéristique de l'amortensia, avait renoncé à y goûter. La boite avait fini sur le lit de Malefoy, mais impossible de savoir ce que l'imbécile avait pu en faire. Dommage d'ailleurs. Il aurait bien ri de le voir complètement fou d'une fille comme Milicent Bullstrode.

Un soupir lui échappa, puis après une dizaine de minutes, il sortit. Ce n'était pourtant pas pour faire sa ronde, même s'il fut accompagné par Pénombre sur une petite partie du chemin. Un peu plus tôt dans l'après-midi, profitant d'un cours, il avait envoyé un très court message à l'adresse de la plus jeune des Bower.

Sur le parchemin envoyé en cours, il y a écrit:

Lynn,

J'aurais besoin de tes services ce soir. Rendez-vous à 20h devant ta salle commune, sois là.

S. Tienyue

Un ordre peut-être plus qu'une demande, mais il n'avait pas souhaité lui laisser la possibilité de refuser. Et alors qu'il venait d'embrasser la préfète-en-chef après lui avoir promis de la retrouver plus tard dans la soirée, il dirigea ses pas vers la salle commune des Gryffondors. Là, il s'appuya sur le mur face au tableau, les bras croisés sur la poitrine, aux aguets. La grosse dame laissa le passage à un premier élève une fois, causant une fausse joie au Serpentard qui ne se sentait pas de patienter, même si comme à son habitude il était arrivé en avance. L'autre referma bien vite l'accès, renonçant certainement à une tentative d'escapade. Enfin, aux alentours de l'heure du rendez-vous, le passage s'ouvrit à nouveau et laissa place à celle qu'il attendait.

Il se décolla du mur et décroisa les bras, lui souriant un peu sans y mettre de franche camaraderie. Ses relations avec Lynn n'avaient jamais été très élaborées, malgré les cours qu'ils avaient en commun. Il ne tenait pas du reste à s'en faire particulièrement une amie, mais se la mettre à dos n'aurait rien de bénéfique. Ni pour le service qu'il comptait lui demander, ni pour le reste de l'année.

« Bonsoir. » lâcha-t-il seulement de sa voix de baryton. « Merci d'être venue. »

Comme s'il lui avait laissé le choix...

[J'improvise pour les heures de couvre-feu, vu qu'il faut tenir compte de la fin du match de Quidditch amical maintenant ]

Comme il avait pu s'en douter, la confection d'amulettes par la jeune fille ne se fit pas sans soulever un « mais ». cependant, s'il devait admettre avoir envisager plusieurs solutions, celle-ci ne lui était pas venue à l'esprit. Qu'elle fût si volontaire pour lui venir en aide n'était pas une chose sur laquelle il avait réellement compter. Peut-être à cause de leurs maisons différentes, de son badge de milicien ou de toute autre raison qui somme toute était valable, un peu plus de résistance de la part de la jeune Bower lui avait semblé indispensable.

En lieu et place, elle ne faisait qu'émettre un avertissement bien légitime. La main toujours posée sur la cape, il s'appuya un peu dessus, pensif. Ses lèvres se serrèrent un peu alors qu'il fixa la jeune fille sans mot dire, la laissant terminer de parler. Lorsque le silence revint, il était toujours pensif. Il n'avait pas eu initialement l'intention de dévoiler l'identité de celle qui recevrait le présent. Bien entendu, cela ne lui serait pas trop compliquée d'exprimer la personnalité de Pénombre avec des mots, aussi incomplet que ce puisse être, mais elle était définitivement trop unique pour que Lynn ne la reconnaisse pas. A Poudlard, des jeunes femmes comme Pénombre Craft ne courrait pas les couloirs. Le plus simple était peut-être juste de donner le nom... Lynn aurait probablement sa réponse.

Un léger sourire amusé retroussa à nouveau ses lèvres alors qu'elle prenait la parole, apparemment troublée par le court moment de silence. Il se redressa totalement, massant un peu l'intérieur de sa paume où la marque de la chaise s'était incrustée. Un instant, il fut tenté de l'interroger pour connaître la possible identité qu'elle avait en tête. Croyait-elle qu'il voulait protéger son frère ? Fort possible. La liste des personnes lui tenant à cœur s'était drastiquement réduite depuis le début de l'année. Il n'osait même penser à la manière dont elle avait pu se trouvait à ce point étrécie.

« Tu conviendras très bien, ne t'en fais pas. Si j'avais eu un doute là-dessus, tu ne serais pas ici en ce moment. »

Ses lèvres s'étirèrent un peu plus.

« La seule raison à toute cette... cérémonie, lâcha-t-il faute d'un meilleur mot, c'est qu'il s'agit d'un cadeau et qu'il est difficile ici d'échapper au regard de notre préfète-en-chef. Si Dumbledore parvenait à tout savoir de ce qui se passait à Poudlard, alors il a du transmettre en partie ses secrets à Pénombre. »

Fort improbable lorsque l'on connaissait les croyances de sa belle, mais après tout, il y avait eu récemment quelques ouvrages laissant à penser que le vieux sorcier n'avait pas toujours été aussi bon et tolérant qu'ils l'avaient connu.

« Qu'as-tu besoin de savoir ? » demanda-t-il finalement, désireux de gagner un peu de temps pour trouver les mots adéquats.

Dans le même temps, il s'approcha un peu de la brune. Il ne comptait pas lui dire quel était le nom du futur porteur du talisman. Trop bien placé pour le savoir, il ne risquait pas d'oublier que face à certaines circonstances, même les plus belles promesses de confiance s'envolait. Et si quelqu'un soupçonnait Lynn de garder un secret, elle risquait de se retrouver stupidement en danger si elle n'avait pas l'intention de briser sa parole. Il croyait les Gryffondors assez stupides pour se fourrer dans un pétrin sans nom, même pour le nom d'un simple destinataire de présent. Présent d'ailleurs bien innocent.