Artemisia sortit timidement sa tête du dortoir, et vérifia que personne n’était dans le couloir. Elle savait pertinemment qu’elle devait avoir l’air ridicule, mais puisque personne n’était là pour la regarder, il n’y avait absolument rien qui puisse la mettre dans une mauvaise situation. Elle sortit donc du dortoir, s’avança dans le couloir, et fini par arriver dans sa Salle Commune, qui évidemment comportait quelques élèves. Artemisia s’y était attendue, bien évidemment, mais si elle voulait récupérer le livre qu’elle avait laissé il y a quelques heures dans un fauteuil, il fallait bien qu’elle s’y aventure. Et puis, si elle se mettait en tête de fuir à chaque fois qu’il y avait une autre personne qu’elle dans la pièce, il serait plutôt dur pour elle de vivre dans ce château jusqu’aux prochaines vacances…

La jeune Poufsouffle chercha du regard le fauteuil qu’elle avait occupé auparavant, et lorsqu’elle l’eut trouvé, se dirigea vers lui, en essayant de se faire le moins remarquer possible par les personnes qui l’entouraient. Si seulement elle avait pu apprendre un sort qui lui permettait de se rendre invisible, elle l’utiliserait constamment !

Quand elle arriva à hauteur du fauteuil, elle ne retrouva pas son livre, et la Londonienne releva la tête, espérant trouver un quelconque indice qui lui permettrait de retrouver son « précieux » livre. Après tout, si elle l’avait acheté, ce n’était pas pour aller le semer dans la première salle venue ! Ca lui apprendra tiens à essayer de lire dans la Salle Commune…Pour une fois qu’elle faisait un effort, il fallait qu’elle paume son bouquin ! Artemisia soupira, avant de se mettre intensivement à la recherche de son livre… Qu’elle trouva quelques instants plus tard, sur une table, soit dit en passant. Elle soupira une nouvelle fois, mais de soulagement.

La première année alla donc rechercher son bouquin, avant d’hésiter entre retourner dans son dortoir ou non. Elle opta pour la deuxième option, n’ayant pas le courage d’aller se ré-enfermer en haut. Artemisia chercha donc un fauteuil se trouvant dans un coin assez sombre de la salle, et s’y installa. Elle avait à peine ouvert l’ouvrage, qu’elle remarqua une fille qui devait avoir plus ou moins son âge.

La Londonienne surveilla l’autre jeune Poufsouffle du regard, avant de remarquer qu’elle se dirigeait droit dans sa direction…Peut-être qu’Artemisia n’avait pas été si discrète que ça en regardant l’autre fille…Quoiqu’il en soit, la petite fille aux cheveux noirs se tassa un peu plus dans son fauteuil en voyant quelqu’un arriver droit vers elle, et plus par réflexe qu’autre chose, serra les doigts sur son livre, tout en le rapprochant d’elle, bien qu’elle ne pensait pas que l’autre Poufsouffle avait l’intention de le lui voler.

Lorsque la jeune fille se fût un peu plus rapprochée d'Artemisia, cette dernière la reconnu comme étant une élève qui était dans le même dortoir. Ce n'était pas parce qu'elle ne parlait pratiquemment jamais à quelqu'un, qu'elle ne faisait pas attention au personnes qui l'entouraient pour autant! D'ailleurs la jeune fille qui lui faisait face s'appellait Ambre Jackson, si sa mémoire ne lui faisait pas défaut. Elle lui avait parlé à quelques reprises, ce qui tenait du miracle...Ceci étant dit, Ambre était presque la seule personne à qui Artemisia avait adressé la parole! Il était quand même beaucoup plus facile de parler avec quelqu'un de son âge que de parler avec quelqu'un de beaucoup plus grand...

Reconnaissant un visage plus ou moins familier, la Londonienne se détendit légèrement, bien que la présence des autres élèves autour d'elle ne lui plaisait guère.

-B...Bonjour Ambre...

Lança-t-elle maladroitement, tout en désserant la prise qu'elle détenait sur son livre.

Cela faisait cinq minutes qu'Ambre cherchait un endroit où travailler. Le mieux restait la bibliothèque, mais l'atmosphère renfermée et trop studieuse ne la tentait vraiment pas. La bibliothécaire, Mme Pince, était très stricte et il fallait mieux éviter le bruit. Même si c'était des conditions idéales pour travailler, la fillette n'avait pas toujours envie de les avoir, ses conditions. Aujourd'hui, elle préférait encore trouver un coin plus "original" pour bosser. Le parc la tentait bien : allongée dans l'herbe fraiche, le visage et les cheveux au vent, écoutant les oiseaux chanter et les conversations des élèves. L’idée était tentante, bien sûr … Le problème, c’est qu’il ne faisait pas encore suffisamment chaud pour se permettre ça ! Mais quel dommage … Ambre décida que, lorsqu’il ferait beau, elle irait faire ses devoirs et étudier ses leçons à l’extérieur, pour changer.

Toujours est-il qu’elle n’avait toujours pas trouvé d’endroit où travailler. Elle pouvait toujours aller dans une salle de classe vide, mais c’était comme à la bibliothèque : il n’y aurait pas de bruits extérieurs pour l’empêcher de se concentrer, mais c’était tellement austère, tellement ennuyant … et en plus, elle aurait l’impression d’être en cours, alors dans ce cas, encore fallait-il mieux aller à la bibliothèque !

Il y avait d’autres options comme le dortoir. Allongée ou assise sur son lit, c’était sympa mais elle ne serait pas bien installée pour travailler, donc non. Soudain, elle songea à un endroit qui ne lui était pas venu à l’esprit avant : la salle commune ! Elle pourrait se mettre sur une table – ou même un fauteuil – dans un coin assez discret pour ne pas être dérangée toutes les cinq minutes, mais en ayant des bruits extérieurs qui la distrayaient un peu.

Va pour la salle commune, alors ! Ses livres sous le bras, la jeune Jackson s’y rendit et constata rapidement que pas mal de Poufsouffle s’y trouvaient déjà, mais ça ne la dérangeait pas, même si elle allait avoir plus de mal à trouver une place. Elle en chercha une des yeux et repéra un coin discret et quasiment vide – à part une fille – du côté des fauteuils. La gamine s’y rendit et, en s’approchant, elle reconnut l’autre fillette qui s’y trouvait déjà. C’était une élève de première année avait qui elle partageait son dortoir : Artemisia Dearborn. Cette petite brune semblait assez renfermée et ne parlait pas beaucoup. Pour tout dire, elles avaient beau être dans le même dortoir et avoir le même âge, les deux fillettes n’avaient pas énormément parlé depuis le début de l’année. Voilà pourquoi Ambre fût surprise lorsqu’Artemisia ouvrit d’elle-même la conversation, même s’il ne s’agissait que de dire bonjour, des paroles qu’elle prononça maladroitement.

- Salut, Artemisia ! lança Ambre avec un sourire à l’adresse de sa camarade. Tu vas bien ?

Elle s’assit sur un fauteuil auprès d’elle, hésitant quelques secondes, de peur de la déranger. Visiblement, la jeune Dearborn était en train de lire.

- Qu’est-ce que tu lis ? interrogea la fillette, intéressée.

Cela ne faisait que quelques mois qu’elles se connaissaient, et Ambre avait pu remarqué qu’Artemisia était peu bavarde. Cette fillette détestait parler d’elle. On pouvait même aller jusqu’à dire qu’elle détestait parler, tout simplement. Les deux enfants n’avaient échangé que quelques mots, alors qu’elles partageaient le même dortoir et qu’Ambre était quelqu’un d’assez bavarde et sociable, même si elle n’osait pas trop aller vers les gens lorsqu’elle ne les connaissait pas. Là, on pouvait dire qu’elle et la brunette ne se connaissaient pas, puisqu’elles s’étaient très peu parlé depuis la rentrée. Et elle trouvait ça dommage que sa camarade, qui avait pourtant l’air si gentille, reste tout le temps seule dans son coin. Cela devait être ennuyant, à force, non ? Peut-être avait-elle seulement besoin que quelqu’un s’approche d’elle et lui tende la main ? D’autant plus que là, ce n’était pas Ambre qui était venue lui parler. C’est Artemisia qui l’avait fait, d’elle-même. Ce qui relevait quasiment du miracle.

Malgré tout, la gamine ne semblait pas plus encline à parler. A la question de la blondinette qui lui demandait si ça allait, elle répondit par un simple hochement de tête et, pour ce qui était du livre qu’elle lisait, elle lui indiqua simplement que c’était un livre de potions, mais au moins fit-elle l’effort de lui retourner la question.

- Oh, des livres de cours … J’ai prit un peu de retard dans certaines matières, il est temps que je m’y mette, répondit-elle.

C’était quelque chose de totalement vrai. Il fallait qu’elle se mette plus sérieusement au travail si elle espérait passer en deuxième année !

[HJ : J'ai pas mal de retard, mais jusqu'à présent, j'avais été pas mal occupée ... Enfin bon, je m'excuse de ce retard, tout de même assez long !]