Incertitudes de mon désir tourmenté {PV Pénombre}

L'air était frais et vivifiant en ce début de février. Kilian revenait d'une longue après-midi de shopping à Pré-au-Lard et longeait la forêt interdite pour rentrer plus vite. Son écharpe vert et argent autour de son cou, il tenait un paquet d'une main tandis que l'autre était enfouie au fin fond de sa poche en quête d'un peu de chaleur. Le Serpentard n'était pas vraiment du genre à faire les boutique et pour cause, il n'avait que peu d'argent. La majorité de ses possessions étaient dû au fond special que possédait Poudlard pour les cas comme lui.

Le sentiment d'inferiorité que provoquait chez lui cette pauvreté forcée n'entrait que trop en écho avec ses doutes et son manque de confiance. Son père biologique, médicomage heureux en ménage et père de deux autres enfants, refusait encore pour l'instant de le reconnaitre comme son batard et ne se préoccupait absolument pas de son bien-être. Cela dit, Kilian n'était pas particulièrement exigeant et lorsqu'il avait besoin d'argent il savait en trouver.

La raison de sa dépense du jour était bien plus intéressante que le cadeau lui-même. Le jeune serpent n'avait que trop entendu les filles autour de lui parler de la Saint Valentin pour ignorer son approche. Il se doutait bien qu'ELLE n'y accordait aucune espèce d'importance, et qu'ELLE croulerait sûrement sous les cadeaux les plus couteux qui soient, mais il avait eu envie de lui offrir quelque chose ne serait-ce qu'en souvenir de la merveilleuse nuit qu'ils avaient passé ensemble...

Un sourire se dessina sur les lèvres de Kilian tandis qu'il tripotait la clochette du collier qu'ELLE lui avait offert pour Noël. Il la portait de temps à autre quand il n'avait pas cours et qu'il se laissait tout le loisir de penser à ELLE. Et ce jour-là, c'était exactement ce qu'il avait fait... pensé à ELLE et à cette nuit.... Leur nuit... la meilleure de sa courte existence. Il en avait encore des frissons. Sa peau, ses lèvres, ses seins, ses cheveux, ses yeux... par Merlin tout était un enchantement chez ELLE...

Pénombre.

Son seul prénom définissait à merveille ce qui l'avait tant fasciné chez elle... elle était entre deux mondes. En elle se battaient le jour et la nuit... les ombres qu'on y devinait étaient à la fois irresistiblement attirante et profondément inquiétante...

Et si cette nuit-là avaient été divine, mémorable, Kilian n'en restait pas moins perplexe et perdu. Cela faisait déjà plusieurs jours et il ne l'avait même pas croisé une seule fois. Que pensait-elle de tout ça ? Etait-ce une simple aventure ou aurait-il le plaisir de la dévetir à nouveau -cette fois peut-être avec davantage de douceur- ? L'incertitude le consommait. Son désir pour elle n'en était que plus fort mais les questions qui le taraudaient tournaient en boucle dans son esprit. Quelle attitude devait-il avoir ? Qu'attendait-elle de lui ?

Lui-même ignorait complètement ce qu'il pensait de la situation. Un lien s'était créé longtemps auparavant entre lui et sa désirable aînée. Cette connexion s'était encore renforcée et intensifiée cette nuit-là. Mais qu'esperait-il vraiment ?

La réalité était qu'il prendrait ce qu'elle lui donnerait, car il était entièrement, totalement et indubitablement sous son emprise. Et il aimait ça.

Il s'était donc retrouvé à Pré-au-Lard à la recherche d'un présent pour Elle, pour la Saint Valentin. Il trouvait cela un peu ridicule mais par acquis de conscience, il préferait en avoir un. Il avait envisagé toutes les possibilités et les avait rejeté les unes après les autres. Chocolats, fleurs ? Ce n'était pas assez personnel, pas assez spécial pour une femme de sa trempe. Il voulait quelque chose d'unique et l'unique était rare.
Mais il avait finalement trouvé.

Et il rentrait à présent vers Poudlard alors que la nuit tombait, sa petite clochette tintinant de temps à autre sous son écharpe en le faisant rire.

« Je viens te mettre en garde, gamine. Alors écoute-moi bien ou ce sera très douloureux. »

Les grands yeux incrédules de la petite blonde se figèrent sur l’extrémité obscure de la baguette magique qui la menaçait. Elle voulut reculer sous l’oppression soudaine de l’intimidation mais ses talons se heurtèrent avec maladresse contre la pierre froide du mur extérieur. Piégée, acculée et isolée du reste de ses camarades, elle leva nerveusement ses mains devant elle, en signe de capitulation mais Pénombre ne lui offrit guère l’opportunité de bafouiller quelques minables petites excuses. Sa voix, glaciale et cruelle, siffla de nouveau dans l’air, comme la lame aiguisée d’un couteau de chasse.

« Tu t’avises encore de toucher mon cousin, même par accident et tu le regretteras. Tu continues de minauder à ses côtés comme tu l’as déjà fait lundi, tu t’approches encore de lui, à moins de 10 mètres ou tu lui fais de la peine, de quelque manière que ce soit et je te le ferais très douloureusement payer. Sois certaine que je t’aurais à l’œil. »

Sous le danger sourdement bestial qu’irradiait la Ténébreuse, de deux printemps son ainée, tandis qu’elle dardait ses mises en gardes, la Poufsouffle commença à paniquer et son regard s’humidifia en se troublant. L’attitude toute entière de son corps délicat implorait la pitié de la Sang pur, la compassion inexistante qu’elle voulait croire exister dans le cœur de la Serpentarde.

« Mais je… Je… »

La Batteuse balaya ses faibles tentatives de sa condescendance sévère.

« Premier et dernier avertissement. Je ne me répète jamais et je pardonne encore moins. Est-ce que c’est bien compris ? »

La petite fille acquiesça à plusieurs reprises, fébrile et agitée, apeurée devant l’aura de noirceur qui enveloppait avec toujours plus de convictions, les paroles de l’héritière des Craft.

« Maintenant, dégage. »

Soulagée, la blondinette obtempéra le plus vite qu’elle le put, s’éloignant en courant dans l’herbe givrée, sans se retourner une seule fois avant d’être sortie du champ de vision de l’ancienne Capitaine de Quidditch. Satisfaite de la façon avec laquelle s’était déroulé son petit entretien, Pénombre s’apprêtait à tourner des talons vers l’intérieur de la Citadelle lorsque quelque chose attira son attention, à la lisière de la forêt interdite. Au loin, la fine ouïe aiguisée de l’Animagus capta le tintement régulier, bien qu’étouffé d’une petite clochette, pareille à celle que l’on attache au cou des animaux domestiques pour signaler leur appartenance à un maitre. Une sonorité particulière qu’elle savait avoir déjà entendu auparavant, pour en avoir testé, acheté et offert l’instrument qui l’enserrait à l’un de ses camarades de maison.

Kilian Doyle.

L’odeur maintenant familière de sa peau vint bientôt lui chatouiller les narines et raviver l’ardeur de souvenirs délicieux dans son esprit encore envahit des élans destructeurs de la jalousie et de la possession. Sa relation avec Kilian Doyle était tellement plus facile à vivre que celle qu’elle forgeait dans la souffrance et la culpabilité avec Keith, d’une simplicité triviale et absolument sans heurts. Chacun d’eux aimait le corps de l’autre et savait le prouver en y distillant toutes sortes de plaisirs charnels, des plus tendres aux plus violents, des plus classiques aux plus osés, sans aucun complexe, ni retenue. Ils ne s’appartenaient l’un à l’autre que l’espace privilégié des instants qui les contemplaient réunis et vivaient uniquement dans ce présent intense qu’ils créaient en s’unissant physiquement l’un à l’autre. Le reste n’existait pas, n’avait aucune importance et tout deux le savait pertinemment.

Pénombre perçut nettement dans les mouvements tranquilles du brun qu’il n’avait pas décelé sa présence, seulement à une cinquantaine de mètres de lui, plus en aval vers le Château. Se glissant à sa suite, Pénombre se mit en course, silencieuse et féline. Elle le rattrapa rapidement en une douzaine de longues foulées et se jeta dans ses bras sans préambule en l’embrassant avec une intensité licencieuse.

Kilian était perdu si loin dans ses pensées qu'il n'entendit absolument pas la féline approcher. Le baiser le prit par surprise, mais il ne lui fallut que quelques centièmes de secondes pour reconnaitre l'odeur délicieuse de son assaillante. La propriétaire des lèvres si douces qui écorchaient déjà les siennes était justement celle qui occupait toutes ses pensées. Il sourit alors qu'elle s'enroulait autour de lui et il lâcha inconsciemment son paquet pour enserrer sa taille. Quelques battement de cœur plus tard, le souffle irrégulier il vint gentiment lui mordiller la nuque et chuchota à son oreille:

"Je désespérais de te revoir, ô sublime créature de l'obscurité..."

Effectivement, toutes leur rencontres avaient eu lieu la nuit, ou comme aujourd'hui au crépuscule alors que le soleil ne se devinait plus qu'à une lueur lointaine dévorée par la nuit. Les lèvres toujours étirées en un fin et adorable sourire, faisant ressortir sa petite fossette, il ajouta:

"J'en venais presque à me demander si je n'avais pas imaginé ton envoutante présence à trop me perdre dans les ténèbres. "

Car envouté, ça oui il l'était. Fasciné, subjugué, transcendé.. elle le rendait dingue et bizarrement il adorait ça. Il l'adorait et adorait l'effet qu'elle avait sur lui... sa présence le rendait meilleur, avec elle, peu importe le jeu auquel ils s'employaient, il se sentait plus fort, plus sûr de lui, plus digne d'intérêt... grâce à sa présence il s'élevait. Elle l'instruisait, sans qu'il n'ait pour autant l'impression d'être inexpérimenté. Car il ne l'était pas et elle lui avait bien fait comprendre qu'il était parvenu à lui faire du bien. Le plaisir avait été réciproque, partagé... leur union s'était faite si naturellement, passionnée, sauvage et pourtant... presque raffinée. Il lui avait semblé normal d'être là, avec elle, dans ses bras. Il s'était sentit à sa place, sentiment qu'il n'avait que trop rarement ressentie. Cela expliquait peut-être en partie pourquoi il la désirait si fort. Mais était-ce seulement du désir ?

Le goût qu'elle avait laissé sur ses lèvres lui confirma qu'il n'avait pas rêvé et qu'il avait bien la chance d'être au tableau de chasse de la dangereuse Pénombre...

Oubliant un instant le paquet à leurs pieds, il glissa une main dans la longue et soyeuse chevelure de sa conquête -car, elle était sienne autant qu'il était sien- et vint à nouveau l'embrasser, mêlant leur langue et leur odeur avec plus de douceur qu'ils n'en avaient fait preuve jusque là, se reculant légèrement au moment ou elle s'abandonnait. Il se sentait d'humeur joueuse, ce soir...

'' Be sure your sin will find you out. ''

Kilian l’embrassa de nouveau et Pénombre en savoura le bref instant. Mais sans raisons apparentes ni nécessités, le Serpentard se déroba soudain d’elle et l’ancienne Capitaine de Quidditch comprit à son attitude désinvolte qu’il s’agissait d’un acte totalement délibéré. Osait-il se mesurer à elle ? N’avait-il pas encore compris à quel point cela le mettrait en danger ? S’avérerait aussi imprudence qu’inconscience ? La sorcière s’amusa silencieusement de ce que ces considérations intérieures révélaient du caractère buté du jeune homme et elle entreprit d’accomplir sa petite vengeance. Aussitôt la décision prise, la Préfète en Chef se détacha de ce corps sur lequel elle avait sanglé ses prises et lui darda un terrible regard, empli de sourdes vilenies et de désirs tout aussi furieux. L’instant d’après, la Batteuse projeta violement ses deux mains en même temps contre le torse du garçon, en perturbant sévèrement son équilibre. La déportation orientée de ses propres appuis accentua la pression physique qu’elle lui imposa et ses forces le jetèrent au sol. Un rire monta dans sa gorge tandis que Kilian percutait la terre froide du parc, un éclat audacieux, triomphal par ses accents qui enflaient dans la satisfaction de la domination.

« Tu fais moins le malin, hein ? »

S’amusa-t-elle en lui adressant toute l’espièglerie mutine de son sourire. La Septième année marcha ensuite vers lui et posa sur son ventre, le talon de cuir de sa botte.

« Oh je t’en prie, ne me regarde pas comme ça, tu sais très bien que la soumission te va à merveille, mon cher. »

S’était suffisamment amusée de la situation, elle posa enfin genou à terre en dégageant quelques mèches brunes de son visage angélique. Ses longues jambes d’albâtre se glissèrent de part et d’autre de lui et stabilisèrent une position à califourchon, assez explicite. La Ténébreuse glissa la longueur diaphane de sa main sur son menton, qu’elle poussa doucement sur le côté en projetant la limpidité translucide de son regard sur la courbe de son cou :

« Hum… Tu as bien cicatrisé. Il va falloir que je renouvelle mes prétentions sur ton corps, Kilian. »

Constat-t-elle en évoquant le dernier suçon qu’elle avait laissé sur la peau fine de sa gorge.

Comme il s'y était attendu, elle n'apprécia pas qu'il se dérobe et sans prévenir, avec une force peu commune dont il avait déjà été témoin, elle lui fit perdre l'équilibre et il tomba lourdement en arrière. Bien qu'amusé, il lui lança un regard furieux lorsqu'elle posa son talon sur ses abdominaux en signe de victoire. Il ne garda pourtant pas longtemps cette mine faussement agacée puisqu'elle s'agenouilla bientôt au dessus de lui dans une position qui n'avait rien d'équivoque. Elle retira quelques mèches de son visage et il plongea son regard espiègle aux pupilles déjà dilatées d'excitation dans ses iris d'émeraude.

Elle lui prit le menton et observa son cou avec intérêt pour remarquer qu'on n'y voyait plus les marques de sa possessivité.

Il sourit à nouveau lorsqu'elle expliqua qu'elle allait devoir recommencer mais avant qu'elle n'ait pu s'y appliquer, d'un brusque mouvement des reins, il bascula son corps et roula pour se retrouver au dessus d'elle.

Son sourire se fit carnassier, comme s'il souhaitait la dévorer, ce qui n'était pas très loin de ce qui lui passait par la tête...

"Laisse-moi la primeur de te goûter le premier cette fois..."

Et sans attendre son accord, il remonta légèrement le pull et la chemise de la jeune femme et vint poser ses lèvres sur la peau tendre à quelques centimètres de son nombril.. embrassant, léchant, mordillant. Elle était à lui. Et cette pensée lui donnait le vertige.

Tout à coup, dans un éclair de lucidité, il eu peur qu'elle ait froid et lentement il recouvrit son ventre pour venir l'embrasser de façon plus traditionnelle mais non moins dénuée de passion. Lui en revanche, était loin d'avoir froid, son corps, et encore plus particulièrement une certaine partie de son anatomie, brûlant littéralement de désir.

Elle avait le goût des anges... mais elle ne pouvait qu'être déchu à le pervertir ainsi... ha que la perversion avait du bon...

Il était en manque d'elle et prêt à en faire une overdose si elle le laissait faire...

"Tu es si... tellement..." souffla-t-il entre deux baisers.

*appétissante... ? désirable ? enivrante ?*

Il n'avait pas de mot, mais l'admiration, la ferveur et le désir qu'exprimaient ses yeux ne nécessitaient aucune explication.

"Je te veux..." murmura-t-il dans un grondement sourd.

“All sins tend to be addictive, and the terminal point of addiction is damnation."