Ronde nocturne (PV Alix) [Abandonné]

- Vous ferez votre ronde toute la nuit de jeudi. C'est inutile de discuter Flitwick ou je vous envois chez Rogue.

La douce et gentille sœur Carrow était venue le voir à la tombée de la nuit. C'était à Flitwick d'assurer la ronde au troisième et quatrième étage pour ce soir. Chaque enseignant devait à tour de rôle patrouillait dans les châteaux et envoyer chaque élève hors de son lit chez Alecto qui avait déjà un carnet de retenues bien chargé. Le petit enseignant n'avait pas pu protester, pour le moment il devait rester pour veiller sur les élèves, et se mettre Carrow à dos, ce n'était pas la bonne solution pour rester le plus longtemps possible dans cette école.

Il était à présent vingt heures et le couvre feu venait de retenir. Le petit homme prit sa baguette magique et sortit de son bureau au septième étage. Dans les couloirs, aucun signe de vie. Flitwick espérait qu'aucun élève n'aurait idée de tenter quelque chose cette nuit.

- Lumos !

Une lueur apparut au bout de la baguette du petit homme qui put ainsi voir où il allait. Il commençait donc sa ronde. Il se rendit bien entendu jusqu'au quatrième étage qui semblait désert. La seule présence qu'il croisa fut la dame grise qui flânait au bout du couloir, lentement. Flitwick arriva à sa hauteur.

- Bonsoir milady, quelle soirée étrange vous ne trouvez pas ? C'est comme si les forces du mal étaient enfin parvenues à entrer dans le château. L'air est bizarre... quelque chose se prépare.
- A une époque nous avons connu ça nous les fantômes, Filius. Mais cette fois-ci la bataille n'est pas loin. Il attend, tapis dans l'ombre que l'occasion se présente.
- Et nous sommes tous prêts à l'affronter, même si nous devons mourir au combat.

La dame grise lui accorda un sourire et lui souhaita une bonne soirée avant de disparaître par le mur situé juste derrière le directeur de serdaigle. Celui-ci resta planté quelques instants devant le mur puis continua sa ronde. La nuit s'annonça longue et ennuyeuse. Peut-être aurait-il la chance de croiser Minerva ou Horace dans les étages supérieurs ? Peut-être pourrait-il s'accorder une petite pause ? Oui, mais si Rogue, Alecto ou Amycus débarquait à ce moment précis ? Mieux valait ne pas prendre de risques.

Le petit homme, après un rapide coup d'œil au quatrième étage descendit les quelques marches qui le séparait de l'étage d'en dessous. Celui-ci était un peu plus vaste et Flitwick commença son inspection. Il ne remarqua rien de bizarre, du moins jusqu'à ce qu'il entende des bruits de pas.

- Qui est là ? demanda t-il.

Il s'avança de quelques pas lorsqu'il vit quelqu'un surgir devant lui et s'en aller en courant. Aussitôt l'enseignant pointa sa baguette magique sur l'élève et s'écria :

- Locomotor Mortis !

Aussitôt le pauvre élève se retrouva paralysé des jambes et s'effondra sur le sol. Flitwick courut jusqu'en direction de l'imprudent et l'observa avec un regard d'incompréhension.

- Ylian il va falloir que vous trouviez une bonne explication !

-J'irai quand même. Ne vous en faites pas les filles; ça m'aide à tenir.

Alix voulait à tout prix poster les derniers articles dans le journal pour demain, comme prévu... Et tant pis si il avait une retenue avec Carrow juste avant. C'était l'une de ses dernières; heureusement, car le mannequin n'en pouvait plus. Tous les mois, il avait une semaine complète de retenues, chaque soir... Et pendant les trois semaines suivantes, son pauvre corps essayait de récupérer, cependant, c'était à chaque fois plus laborieux; les cicatrices restaient plus longtemps. Le Métamorphomage avait dû se résoudre à prévenir son agence de mannequinat qu'il ne pourrait probablement pas se proposer pendant l'été, suite à un grave accident,-En fait c'était de la torture pure et simple- qu'il espérait vivement guérir plus rapidement que maintenant, afin de ne pas devoir faire annuler la séance destinée à faire une campagne mondiale pour laquelle il avait été prit-c'était quand même un rendez-vous très important qui pouvait le porter loin- mais que ses plaies se rouvraient souvent!

Cependant; ne plus pouvoir exercer sa "profession" extra scolaire n'était pas ce qui dérangeait le plus Alix. Alors qu'il entrait dans le bureau de la Carrow le Serpentard pensait à sa mission. Poster les articles après les avoir signer en sortant de cette salle était une aubaine; puisqu'il était tout proche du panneau d'affichage; mais restait à savoir s'il avait assez de forces pour l'atteindre. L'heure passa lentement, comme d'habitude; Alix eut l'impression de vivre un siècle en 60 minutes. Les larmes coulèrent, mais moins que d'habitude car la rivière de chagrin s'était tari peu à peu à force de glisser le long de ses joues. Le feu s'était embrasé dans sa gorge, ce qui expliquait qu'il put à peine crier. Les insultes ne le blessaient plus, ne le touchaient plus... Sale Sang-De-Bourbe à cause de sa mère cracmole, de son dossier falsifié-Carrow avait l'air d'avoir oublié qu'il avait été un jour Sang-mêlé et que c'est elle qui avait modifié son statut au ministère.- Dégénéré en référence à son homosexualité avérée; traître pour le fait d'avoir résisté une nuit, il y avait de cela un an environ et cassé sa baguette... Bref; tous ces mots ne le tuaient plus, Alix se moquait de cela, si seulement il y n'y avait que des paroles... On dit parfois que c'est ce qui vous brise en premier et bien le mannequin affirmait le contraire. Se faire insulter était bien moins douloureux que ce sort inconnu venant déchirer sa chair. Et c'était moins horrible que de sentir le verre découper son poignet ou tout autre partie de sa peau tombant sous la main de la femme monstrueuse.

Lorsqu'il sortit de là, Alix peinait à tenir beaucoup. C'était l'une de ses dernières retenues; certes c'était réjouissant mais là... Franchement, le garçon était dans un tel état qu'il n'était pas en peine de crier victoire pour avoir survécu. D'ailleurs c'était un bien grand mot car le Serpentard n'était plus l'ombre de lui-même. Il endigua le flot de sang qui s'écoulait de son cou, là où le verre vicieux-une des tortures favorites de Carrow, en souvenir de leur nuit de bataille avant que la grosse femme ne monte sur le trône de Poudlard.- en pressant son foulard contre la blessure. Son bras était en charpie, entaillé à plusieurs endroit... Et ne parlons pas de sa joue griffée; de ses lèvres rougies du sang qui venait de son arcade sourcilière fendu. Maintenant une main posée sur sa poitrine douloureuse alors que l'autre essuyait en vain la blessure du cou, le Vert et Argent se dirigea vers la cachette secrète où était disposé les articles de demain. Monter les escaliers fut un vrai supplice. Pourtant, la vie ne semblait pas avoir fini de s'amuser avec lui. Un bruit suspect lui fit comprendre que quelqu'un rôdait dans les couloirs. Puisant dans ses ultimes forces, Alix courut comme il put. Mais comment faire avec les jambes couvertes de bleus et encore tremblantes à cause des derniers Doloris reçus?

- Locomotor Mortis !

Encore une fois, les jambes d'Alix subirent un sale coup. Il tomba lourdement sur le sol, soudainement paralysé. Ses jambes n'étaient pas liées comme le Petrificus Totalus, mais elles ne lui appartenaient plus! Comme quelqu'un condamné à passer sa vie en fauteuil roulant. Alix pouvait les bouger très légèrement, mais ce n'était pas la peine d'espérer plus; il était paralysé. S'apprêtant à recevoir le coup de grâce, le jeune modèle leva doucement la tête, ses yeux n'étaient qu'à demi-ouverts tant il était faible. Ses prunelles auraient dû être bleues comme l'océan et ses cheveux bien plus longs, seulement il était trop mal en point pour faire apparaître Alice... Ainsi donc, le Serpentard était exposé, il serait reconnu de suite... Rusard connaissait tous ses élèves! Heureusement qu'Alix n'avait pas eu le temps de récupérer les articles... On ne pourrait que lui reprocher de se promener dans les couloirs après le couvre-feu.

- Ylian il va falloir que vous trouviez une bonne explication !

Flitwick? L'adolescent se dit un instant que le professeur était si doux, si gentil qu'il ne lui ferait pas de mal... Peut-être même comprendrait-il et qu'il l'aiderait! Mais fini le temps de la naïveté! Après avoir subi le sale tour de ce menteur de Percy Weasley qui avait voulu l'interner pour folie... Alix ne croyait plus en personne sinon les Drôles de Dames. Avec Alice, et tout ce qu'il avait vécu jusqu'à aujourd'hui; le Serpentard avait vu son caractère se révéler! Devenu effronté et combattif; le garçon si doux s'était transformé en quelqu'un d'endurci-mentalement à défaut de l'être physiquement, toujours aussi fragile.- aussi ne cilla-t-il pas lorsque l'enseignant se pencha vers lui... Une lueur farouche d'animal blessé illuminait ses yeux voilés; il répondit sans délai.

-Je sors d'une retenue... Et j'avais besoin de prendre l'air près de la volière ou la tour d'astronomie.

Traqué à 14 ans le Vert et Argent ne se confiait plus à personne, sinon à Calypso, Lellia et Pissenlit. Même le plus aimable des profs allait devoir déployer des tonnes de trésors de patience pour qu'Alix se résolve à dire la vérité! De toutes manières son excuse tenait parfaitement debout... Son visage abîmé était une preuve suffisante; et l'idée de prendre l'air compréhensible. Montrant son cou blessé ainsi que le reste, soit son bras tailladé, son arcade sourcilière fendue et sa joue griffé, avec une certaine insolence, sortie d'on-ne-sait-où (étonnant car il lui restait si peu de forces... )

-Et ça, ça vous va comme explication?

Flitwick, encore essoufflé par les quelques pas de course qu'il avait effectué en direction du jeune serpentard pointa son rayon lumineux sur le corps de Alix. Celui-ci déclarait sortir d'une retenue. Flitwick fronça les sourcils et dirigea sa baguette magique sur le visage du garçon. Il eut un frisson.

- Par la barbe de Merlin Alix... C'est Carrow qui vous a fait ça ?

Les joues du garçon étaient griffées, du sang coulait de ses lèvres, bref il était en mauvaise posture. Le petit homme posa un regard désolé sur ses blessures.

- Finite Incantatem.

Aussitôt Alix retrouva l'usage de ses jambes. Flitwick s'avança et lui tendit alors la main pour l'aider à se relever. Il avait devant lui la preuve que les Carrow utilisaient la violence physique et les tortures sur les élèves récalcitrants. A quel niveau était donc tombé Poudlard ? Filius, qui était de nature très émotive avait du mal à retenir les larmes. Il se contenta de baisser la tête et fit signe à Alix d'aller s'asseoir sur le banc, juste en face.

- Je suis désolé, je pensais qu'il s'agissait d'un intrus. Si j'avais su que c'était vous j'aurais utilisé un sortilège un peu moins brutal. Vous savez nous sommes tous sur les nerfs. Depuis la mort d'Albus et la venue des Carrow...

Mais il continua pas sa phrase, étranglé par l'émotion. Pendant plusieurs minutes il joua de sa baguette magique avec rapidité, tout autour du visage du garçon. Il marmonnait des paroles incompréhensibles et les blessures de Alix se refermaient petit à petit. Ce n'était pas encore le top du top mais ça lui rendait de la dignité dans son allure. Au bout de plusieurs longues minutes Flitwick observa le visage du serpentard et eut une mine satisfaite.

- Vous êtes bien mieux ainsi Alix. Vous... vous avez souvent eut ce genre de retenues avec Alecto ?

Sa voix, toujours tremblante, trahissait une certaine émotion. Jamais de toute sa vie il n'aurait pu penser qu'on puisse maltraiter ainsi des enfants.

- Alix... si vous avez besoin de quelque chose n'hésitez surtout pas. Je sais ce que ça fait, j'ai sans cesse Ombrage sur les épaules. Je pense que vous avez lu dans la presse qu'elle m'a infligé un blâme et une diminution de salaire... Ça encore j'en ai rien à faire, du moment que je puisse rester à Poudlard pour vous surveiller tous.

Il tapota gentiment l'épaule du serpentard et s'assit à ses côtés.

- Les choses à Poudlard ont bien changé... Les temps sont de plus en plus durs, des heures terribles nous attendent. Nous allons tous devoir choisir notre camp si ce n'est déjà fait.

Il essayait de trouver un sujet de conversation intéressant, captivant mais la vision du visage de Alix, meurtris par la torture était gravée dans sa mémoire. L'homme sensible qu'il était avait du mal à ne pas aller administrer une volée à Carrow... mais cela servirait à quoi ? S'il fallait mourir autant le faire utilement. Quoi qu'il en soit Alix serait vengé bientôt, le vieil homme en était convaincu.

- Alix, c'est inutile de me mentir. Ce n'est pas le chemin qui mène au dortoir de serpentard, vous le savez fort bien. Qu'alliez-vous faire ? Faites-vous partis des... brillants élèves qui participent à... l'affichage sauvage ?

Ah enfin! Le professeur le relâcha et Alix aurait sans doute fuit plus vite que l'éclair si il en avait eut la force. Malheureusement, ses sens étaient brouillés, ses jambes encore groggy, à cause du sort bien entendu, mais aussi de la retenue. Un moment, le jeune garçon resta là, à contempler ce minuscule enseignant qu'il aimait pourtant beaucoup... Mais dont il se méfiait inconsciemment. Le Métamorphomage avait prit au moins 20 ans en quelques mois. Avant c'était un enfant insouciant, heureux malgré ses problèmes déjà avérés de sociabilité; non pas qu'il fut solitaire, au contraire très enclin à aller vers les autres, mais trop différent pour être réellement accepté. Maintenant, le Serpentard abordait sans cesse un regard de bête traquée ou au contraire hargneuse, ne vivant que pour la vengeance d'une terrible morsure.

Le mannequin ne faisait plus confiance, tout du moins, pas avant d'avoir des preuves irréfutables. Heureusement qu'il avait connu les Drôles de Dames avant de se braquer de cette manière; avant de s'endurcir ainsi... Sinon, jamais Alix ne les aurait abordé avec autant de facilité, le groupe n'aurait sans doute pas pu être crée. C'est ce dont le Quatrième Année essayait toujours de se rappeler: faire confiance... Mais c'était impossible. Maintenant, si le métisse tombait à nouveau sur quelqu'un dans la salle de bains comme cela avait été le cas avec Calypso; il ne parlerait pas de cette personne de ses projets, ne se dévoilerait pas... Quant bien même l'autre le ferait! Pareil pour les couloirs avec Lellia. Rencontre fortuites et confidences au pied levé, en se connaissant à peine. C'était désormais chose impossible. Ainsi, malgré l'envie de parler à un adulte; se rappeler de la fausse gentillesse de Percy qui avait fait semblant de le croire pour le mener droit à la clinique psychiatrique-il y serait resté si le médecin n'avait pas découvert que les blessures du garçon n'étaient pas l'oeuvre d'une automutilation comme l'employé du ministère le présumait- l'empêchait de parler à Flitwick.

Pourtant, le garçon ferma les yeux lorsqu'il sentit la baguette du professeur guérir le plus gros de ses plaies. Ses yeux se rouvrirent, papillonnant légèrement, surpris de ne plus ressentir la douleur à chaque battement de paupière. Ses jambes étaient moins lourde... Alix se sentait aussi bien qu'après trois semaines; temps de repos que la Carrow lui octroyait entre deux retenues avant de lui imposer une nouvelle semaine de torture. Cette fois, les cicatrices partiraient... La grosse femme allait sûrement se demander comment il avait fait pour guérir si vite! Un instant Alix s'inquiéta, l'imaginant sourire en disant que cela n'avait pas été assez fort... Avant de se souvenir que son quota de retenues était finie. Ragaillardi à cette idée; le Serpentard offrit un léger sourire à son professeur. Bien sûr, ce pouvait être un piège-après tout Bachelard, un excellent enseignant très aimable- avait bien retourné sa veste... Mais déjà, il avait moins mal.

-Merci, ça faisait longtemps que je ne m'étais senti aussi bien.

Il y avait encore quelques traces, mais Alix avait déjà meilleure mine. Pensant à une chose soudain très futile; le Serpentard se dit qu'il pourrait réécrire à son agence bientôt, en disant que ses blessures s'étaient en fait résorbées... Ainsi, Alix pourrait poser de nouveau et gagner un peu d'argent! De quoi alimenter un peu les caisses des Drôles de Dames.

- Par la barbe de Merlin Alix... C'est Carrow qui vous a fait ça ?

Le Serpentard planta soudain ses yeux d'or fondu dans ceux du professeur. Le fixant avec droiture et fierté. Sans dire un mot; il venait de confirmer les propos de Flitwick. Alix ne voulait pas parler tout haut de Carrow. Il n'avait plus de retenues faire! Que Rusard l'entende parler en mal de l'enseignante serait bêtement tendre le bâton pour qu'on le batte de nouveau.

- Je suis désolé, je pensais qu'il s'agissait d'un intrus. Si j'avais su que c'était vous j'aurais utilisé un sortilège un peu moins brutal. Vous savez nous sommes tous sur les nerfs. Depuis la mort d'Albus et la venue des Carrow...

De son regard doux et triste à la fois, le Serpentard contempla l'homme qui devait également subir le courroux des Carrow. Réputé comme étant issu d'une mère étant une créature magique, si c'était bien le cas; il devait en baver par rapport à ça... Vu que les dictateurs ne supportaient pas ces êtres magiques en plus de tout le reste. Il voulait dire à Flitwick d'être plus prudent, mais n'osait pas pour le moment! Après tout c'était Alix l'adolescent... Alors pourquoi le minuscule homme était-il si insouciant? Pourquoi prendre ce risque de parler dans les couloirs?

- Alix... si vous avez besoin de quelque chose n'hésitez surtout pas. Je sais ce que ça fait, j'ai sans cesse Ombrage sur les épaules. Je pense que vous avez lu dans la presse qu'elle m'a infligé un blâme et une diminution de salaire... Ça encore j'en ai rien à faire, du moment que je puisse rester à Poudlard pour vous surveiller tous.

Alix se rembrunit; le pauvre professeur perdait la tête! Il devait être vraiment à bout pour parler si librement... Après tout, le Serpentard aurait pu être envoyé par la Milice Pourpre, maquillé de telle façon qu'on le croit blessé, et prouver ainsi la loyauté de l'enseignant envers la rébellion.

-Je vous remercie pour votre sollicitude mais... Pour l'amour du ciel, si vous voulez vraiment rester, taisez-vous professeur.

Fit-il d'une voix adulte qui le surprit. lui-même! Il restait évidemment poli envers Flitwick mais n'avait pu empêcher une once d'agacement percer dans son timbre; reprochant ses "gamineries" au professeur qui prenait tellement peu de précautions. D'un regard, le Serpentard indiqua à l'enseignant qu'il comprenait ses souffrances en ce qui concernait le blâme et la réduction de salaire, le remerciant de se préoccuper tant d'eux et de ne pas les laisser tomber. Mais par pitié, qu'il se taise!

- Les choses à Poudlard ont bien changé... Les temps sont de plus en plus durs, des heures terribles nous attendent. Nous allons tous devoir choisir notre camp si ce n'est déjà fait.

Il s'était assit sur le banc comme lui l'avait proposé Filius mais cette fois, l'adolescent se leva et s'approcha de l'enseignant. Il devait absolument arrêter le flot de paroles dangereuses de son professeur. Autant dire que c'était difficile car Alix avait toujours énormément admiré le petit homme. Certes, son intervention n'était pas un manque de respect envers le professeur; mais quand même, le métisse avait l'impression de le trahir.

-Les murs ont des oreilles.

Fit-il en guise d'avertissement, ses yeux d'or clignant une ou deux fois à cause de la nervosité. Alix n'oubliait pas sa mission, mais se précipiter, c'était permettre à Flitwick de comprendre que quelque chose se tramait. Son article était vraiment très important! Il concernait la "Milice Pourpre". Tout le monde était au courant de leur création; seulement les Drôles de Dames voulaient faire partager leurs expériences avec le public. Il fallait prévenir de ne rien laisser traîner dans les dortoirs; parler par codes, et surtout résister mais en silence; c'est à dire, sans faire un doigt d'honneur face à Carrow. C'était inutile! La résistance avait besoin de gens non connus, et non considérés comme suspects pour avancer. C'était donc un écrit très important, et Alix avait à coeur de le poster aujourd'hui et non demain. C'était prévu qu'il sorte aux aurores, l'idée que cela puisse être reporté le galvanisait, le forçait à tout donner pour ce soir. C'était un peu sa raison de tenir debout; bien que le professeur Flitwick l'ait soigné de manière plus que convenable; mentalement le sorcier restait épuisé.

- Alix, c'est inutile de me mentir. Ce n'est pas le chemin qui mène au dortoir de serpentard, vous le savez fort bien. Qu'alliez-vous faire ?

-Professeur, je ne vous ai jamais dis que j'allais à mon dortoir

Et c'était vrai, le garçon n'avait pas du parler assez fort, et Filius avait sûrement mal entendu. Malgré les efforts de l'enseignant; Alix ne pouvait pas lui dire la vérité, ce serait se mettre en danger soi-même, mais aussi Flitwick; or les élèves avaient besoin de quelqu'un comme lui qui les soutienne.

-Je voulais monter à la tour d'astronomie ou la volière prendre l'air. Je sais que c'est interdit, je m'en excuse et je vais aller me coucher.

-Faites-vous partis des... brillants élèves qui participent à... l'affichage sauvage ?

Le métisse se raidit. Tout avouer était tellement tentant! Mais Alix ne pouvait pas imposer une telle situation à l'enseignant qui devrait alors l'arrêter et le ramener dans le bureau des Carrow, pour haute trahison cette fois. Il ne pouvait pas briser le serment des Drôles de Dames et de la Chronique de L'Ordre; pourtant, le professeur était intelligent, il allait sûrement comprendre le message implicite de son élève. Celui-ci lui jeta un regard de biais, une petite lueur de malice passant dans ses yeux.

-Je n'ai rien du grand héros des films Professeur; et vous ne devriez pas rester ainsi, parler avec moi dans ce couloir. Les élèves ont besoin de vous, d'un enseignant de sortilèges enchanteur comme vous l'êtes; ne vous faites pas renvoyer pour une conspiration avec l'un de vos pupilles.

Il sourit bravement, se relevant, toujours à l'affût. Heureusement, personne en vue... Une chance, car leur conversation avait été l'une des plus dangereuses qui soit, bien qu'elle fut courte! Le coeur du Serpentard battait à tout rompre. S'epoussiétant par habitude, s'émerveillant de la douleur relative qui courrait son corps au lieu des aiguilles de feu qui le transperçaient d'habitude; le Vert et Argent se dit que sitôt le gentil enseignant hors de sa vue, il irait accomplir sa mission... Déjà plus serein vu que ses blessures étaient soignées de manière correcte; décidément, le Serpentard ne s'était plus senti en aussi bonne forme depuis des lustres. C'était vraiment fantastique de ne plus ressentir que des restes d'égratignures; des plaies encore douloureuses, assez pour se plaindre en temps normal... Mais Alix avait tellement souffert qu'il ce qui restait n'était plus que des bagatelles.

-Si vous avez l'amabilité de ne pas me punir-fit-il d'un ton tout à fait anodin- je vais aller me coucher sans me faire prier. Je vous remercie-puis baissant la voix, d'un ton bas et mystérieux le Serpentard ajouta-pour tout... Vraiment.- Bonne nuit.

Il espérait que Filius le laisse tranquille maintenant. Bien que la voie paraisse libre, et qu'aucune oreille ne soit plaquée contre les murs... Alix ne pouvait vraiment pas révéler son statut de résistant au professeur. Pourtant, c'était ce qu'il avait fait en partie avec ses ultimes paroles... Comme quoi, son coeur arrivait encore à faire confiance... Ça l'humanisait un peu, de nouveau, comme avant. Espérons que cela ne lui coûte pas aussi cher qu'avec Percy Weasley.

Alix avoua se sentir bien. Le petit homme en fut soulagé. Il aurait bien envoyé le jeune homme chez madame Pomfresh, mais à cette heure-ci elle devait dormir et puis, s'il quittait son poste et que Carrow le découvrait en compagnie de Alix en infirmerie, ça risquait de faire très mal.

Le garçon avait une attitude sur la défensive, il semblait avoir peur qu'on surprenne leur conversation. Il implorait quasiment le directeur de serdaigle pour qu'il se taise. Flitwick, touché par tant d'attention rassura le garçon.

- Inutile de vous faire du soucis. Vous savez mon arrière grand oncle était un gobelin, et les gobelins sont réputés pour avoir un très bon ouïe. J'ai hérité de ce don, si quelqu'un venait dans ce couloir je l'entendrais venir de suffisamment loin pour que nous ayons le temps de nous cacher.

Il montra alors de son index son oreille gauche, légèrement plus pointue que celle des humains normaux. Donc de ce côté là, aucun soucis. Et puis Flitwick était encore tout à fait capable de se défendre, et de jeter un sortilège d'amnésie. Certes il n'aimait pas ce genre de pratiques mais si elles étaient nécessaires, il les emploierait.

- Vous savez votre professeur n'est pas entièrement ramolli. Croyez-vous que nous autres, enseignants aimons nous faire commander de la sorte ? Nous pourrions jeter cette vermine de Poudlard en quelques minutes si nous le voulions... mais après... Vous-Savez-Qui risquerait de rappliquer au château et s'en prendrait aux élèves... Et ça nous ne pouvons pas prendre le risque.

Il jeta un regard désolé à l'adresse du garçon. Il était important qu'il comprenne, ainsi que ses camarades que les professeurs étaient en règle générale de leur côté, et qu'ils souhaitaient le départ des Carrow plus que tout.

- Vous savez ce qui est le plus dur ? De voir les élèves torturés de la sorte et de ne rien pouvoir faire... Vous en faites partis, mais il y a aussi le jeune Craig de Gryffondor et la liste est très longue... Quand je pense que... Poudlard devrait être synonyme de bonheur...

Il étouffa un sanglot et sortit un grand mouchoir à rayures de sa poche. Il se moucha bruyamment et essuya quelques larmes. Il était très rare qu'il perde ainsi ses moyens devant un élève, mais la pression accumulée au cours des derniers mois avait atteint son comble. Et puis c'était connu, Flitwick était très émotif. Durant le premier cours qu'il avait eut avec Harry Potter, il avait fait l'appel. A peine était-il arrivé au nom du jeune gryffondor il avait poussé un petit cri et était tombé à l'arrière.

- Maintenant le sort de notre monde dépend d'un adolescent... un seul... où est-il ? Ça nous ne le savons pas. Nous n'avions déjà pas de nouvelles avant, et maintenant que le quartier général de l'Ordre a été découvert, nos réunions sont très rares. De plus ici Amycus surveille nos sorties de très près. Impossible de s'absenter du château sans motif valable.

C'était sa réponse. Alix lui avait avoué, de manière cachée faire partie de la bande qui pratiquait l'affichage sauvage, Filius lui avait répondu de manière cachée en suggérant qu'il faisait partie de l'Ordre du Phénix. C'était un peu tordu me direz-vous, mais le petit homme, ancien serdaigle aimait utiliser des codes pour parler.

Alix expliqua ensuite qu'il n'avait jamais eut l'intention d'aller au dortoir, mais plutot à la volière ou dans la tour d'astronomie. Flitwick devenait-il sourd ? Le vieil homme secoua la tête pour montrer qu'il avait compris.

Le garçon se demandait à présent si l'enseignant allait le punir. Flitwick ouvrit de grands yeux et agita sa petite main.

- Il n'en est pas question Alix ! Pour que Rogue vous expédie chez Carrow sister ? Non, jamais. D'ailleurs je n'envoie plus personne en retenue depuis le début de l'année. Mais vous n'irez pas non plus dans un autre endroit sans moi. Minerva doit s'occuper du premier étage pour cette nuit et il me semble avoir entendu que Rusard rodait dans les cachots. Si vous retournez plus tard dans votre salle commune vous vous ferez plutôt prendre. Restez avec moi, je trouverais plus tard une solution pour vous faire entrer sans que Rusard vous surprenne. Faites-moi confiance.

-Oui... William, je sais.

Le Gryffondor l'avait un peu déçu lors de la réunion impromptue au chaudron baveur. Le jeune sorcier avait repoussé assez violemment le voyeurisme de Slughorn qu'il aimait pourtant bien. Arguant que parler des tortures ne servaient à rien; tandis que le professeur avait proposé à William de venir lui parler dans son bureau. Alix, en connaissance de cause avait dit que cela ne ferait qu'empirer les choses. William avait prit le parti de l'enseignant en s'excusant de son comportement à sa place. D'un autre côté, Alix n'allait pas détester le rouquin pour ça; ce serait tellement puéril! Or cette situation ne l'était pas. Peut-être que le Rouge et Or ne voyait pas les choses comme lui et aurait aimé aller se confier dans le professeur. Quoiqu'il en soit; le Serpentard savait que William était courageux, et il se sentait touché par sa situation...

-Tout le monde est au courant; la plupart essaye de l'aider, heureusement... Mais il y en a toujours pour l'enfoncer.

Alix frissonna, malgré les soins du petit professeur, il restait affaibli; sa fragilité de nature n'arrangeait rien, ne parlons même pas de la tension qui régnait en lui. Si son stress pouvait se transformer en électricité, le jeune mannequin pourrait probablement alimenter New York. Le problème étant qu'Alix n'était pas fait pour être résistant, il était né pour vivre de délicatesse; un peu comme une fleur rare dont on doit toujours prendre soin sous peine de la voir faner. Une plante d'une grande beauté, qui n'avait su développer que le côté esthétique, sans se munir de défenses... Persuadé qu'on ne lui ferait pas de mal; trop jolie pour attiser la haine. Mais cette dite fleur, que l'on avait toujours choyée se retrouvait soudain propulsée dans le désert du Sahara. L'adolescent était fait pour un autre monde; pas spécialement de luxe... Non, plutôt de la douceur... Juste ça, pas plus. Un petit jardin bien entretenu, pas magnifique, juste protégé des parasites, pas trop de soleil ou d'ombre; un tapis d'herbe verte bien saine. Alix n'avait besoin de rien d'autre, mais même ce petit quelque chose, on le lui refusait... Et les circonstances avaient transformé, bon gré mal gré, la petite fleur en cactus qui essayait tant bien que mal de se protéger; lui et les autres victimes, lui et la liberté surtout.

Le jeune sorcier avait tellement envie de faire confiance au professeur Flitwick, même de tomber dans ses bras-chose qui était physiquement impossible vu la taille du petit être- et de pleurer, de se laisser aller; de s'offrir, se vendre même pour quelques minutes de douceur. Celle-là qu'il avait toujours su apprivoisé, adopter. Se battre n'était pas de son apanage! Et malgré sa volonté de fer; le Métamorphomage ne pouvait pas forcer son corps fragile à suivre ses batailles. Sous l'emprise d'une telle tension, tout finirait bientôt par lâcher, il le savait. Être confiant de nature; il voulait depuis toujours discuter, parler, comprendre les gens... Les inviter dans son petit jardin bien entretenu, mais les fleurs autochtones ne semblaient pas prête à accueillir cette étrange pousse exotique. Voulant se socialiser; il ne faisait qu'éloigner les autres de sa personne, de sa différence.

Et à tout cela, s'était désormais ajouté cette affreuse année; cette vie dépourvue de bonheur. Il avait mal, jusque au fond des racines les plus profondes de son coeur, le jeune garçon sentait les parasites le dévorer. Plus encore qu'à son poignet blessé ou sous un Doloris de la Carrow; il avait mal dans sa tête, dans son esprit. Pourtant, malgré les invitations de Flitwick, le 4 ème année ne cédait pas totalement encore. Désormais traqué comme une biche aux abois; trahi une fois par celui qui se disait son allié -soit Percy Weasley- le garçon ne faisait plus confiance à personne, à lui-même pour commencer. Toute cette aigreur, cette sombre torture de l'esprit pour un enfant de 14 ans... C'était lourd à porter, très lourd. Pourtant Alix ne se plaignait pas; il était tellement ambigu comme garçon aussi... Parfois à pleurer sur un ongle cassé, mais rivalisant de courage sous les coups. Sanglotant de rage, effondré pour une petite histoire de coeur; mais révolté, plus fort que jamais sous la dictature. Il plaçait mal ses forces parfois; gaspillant son énergie pour du futile, et s'épuisant sur l'enjeu le plus important de sa vie. Désorganisé, perdu, fragile et fort à la fois, c'était un enfant de 14 ans, tout simplement. Un enfant de 14 ans que l'on avait torturé, insulté, humilié. Comme cela lui paraissait trop incroyable; son inconscience le refusait et préférait donner la primeur aux nouvelles banales; rendre immenses de petits problèmes c'était un peu comme une armure contre le raz-de-marée de souffrances de cette année...

Filius était un adulte; il pourrait régler tout cela, de façon posée, organisée et surtout en ayant accès au haut rang-bien que ces derniers temps, cela ne semble plus rien signifier- de professeur; mais pour le moment, Alix voulait encore lutter un peu; ne pas s'abandonner ainsi... Sous peine de risquer de céder à la facilité plus souvent par la suite. Le garçon avait assez confiance en Flitwick maintenant pour ne plus sursauter à chaque fois que le petit homme s'approchait, néanmoins, par instinct; il restait aux abois prêt à fuir au moindre bruit suspect. Ses yeux d'or fondu inspectaient chaque coin de tapisserie, chaque bout de couloir et tous les tableaux; pour ensuite recommencer leur manège immobile. Rester ici, c'était laisser le temps les rattraper, les minutes courir...

-Merci Professeur

Épris d'un profond respect pour le petit homme qui déclarait ne plus envoyer personne en retenue, le Serpentard parvint à délaisser un peu toute cette tension accumulée en lui; osant regarder le professeur, mais pas de face... De biais, en effet Alix avait du mal à supporter le contact depuis que la Carrow le torturait, même le visuel semblait trop difficile à accepter pour lui. Et ce n'était pas une question de confiance! Même les membres Drôles de Dames pour qui il donnerait sa vie ne parvenaient pas souvent à capter son regard.

-Je suis heureux pour tous les élèves qui tombent sur vous.

Ses priorités changeaient petit à petit. Alix devait admettre que poster l'article aujourd'hui était quasiment impossible... Même avec l'aide de Flitwick; il était épuisé, et non apte à dévoiler l'une des cachettes secrètes des Drôles de Dames. Pas une question de confiance encore une fois; juste... Juste quoi au fait? Le besoin intense de conserver quelque chose que tout le monde ignorait pour avoir l'impression d'exister pour une raison encore sans nul doute.

-D'accord, je vais vous écouter.

Fit-il d'une voix épuisée, vaincu.-Plus tard... Non ce n'est pas la peine; je sais que je ne pourrai plus me lever-et ce n'était pas un mensonge.- Je m'arrangerais un autre jour; ce n'était pas si important-bon là oui, s'en était un... Mais Alix ne voulait pas inquiéter le professeur et le forcer à prendre des risques inutiles. Oscillant vaguement; d'une voix redevenue presque enfantine- après tout n'avait-il pas que 14 ans?.- le sorcier rajouta faiblement.

-Je... Si vous avez le droit, pouvez-vous me raccompagner... S'il vous plaît?

Tout à coup, il lui semblait que les murs du couloir allaient l'avaler. Alix avait très peur de cette nuit qui les entourait... Et ne voulait plus être seul. Au diable l'article; il était trop faible pour jouer les héros-enfin les héroïnes vu que c'était Alice la vraie résistante- ce soir. Il se sentait coupable de ne pouvoir prévenir les gens pour la Milice; d'en parler dans son article, mais on ne s'improvisait pas commando comme ça... Surtout quand votre "profession" de base concernait le Mannequinat. Et oui... Un doux tapis d'herbe saine...