Go Go Badgers Rangers !

La jeune femme jeta un rapide coup d'œil aux couloirs du quatrième étage, au moment ou elle atteignit le haut de l'escalier. Personne à droite, personne à gauche... La voie était libre. Du moins pour l'instant. Il fallait faire vite si ils ne voulaient pas être découverts. Cette nuit, elle était Echo Juliette, elle s'était longuement préparée pendant la journée, pour être prête ce soir. Elle avait soigneusement choisit ses vêtements les plus sombres pour ne pas être vue, ne pas être reconnue. C'est là que résidait la réussit de cette opération. L'anonymat absolu. Elle avait pour cela passé une capuche au dessus de sa tête et confectionné un masque de raton-laveur, qu'elle portait en ce moment même. Ces camarades qui la suivaient avaient tous fait de même. Le grand jour était enfin arrivé. La rébellion commençait ici et maintenant. Quatre ombres glissaient le long des murs, le plus silencieusement possible. Le bruit d'un plancher qui craque. Echo s'arrêta immédiatement, retenant sa respiration, et profitant de cette petite pause pour reprendre son souffle. Quelques secondes plus tard, après s'être assurée que personne n'approchait, la jeune fille reprit sa course, toujours suivie par ses trois acolytes. Ce soir, les Carrow allaient comprendre qu'ils n'étaient pas seuls, et que sous leur nez, un groupe de lutte s'était créé, et que jamais les quatre compères ne les laisseraient en paix tant qu'ils ne seraient pas découverts. Et bien entendu, ils feraient tout pour ne pas l'être.

"Delta, Kilo, Lima, vous êtes là ? Objectif en vue, on ralentit le rythme !"

La jeune femme avait chuchoté ces quelques mots à l'intention de ses partenaires. En effet, ils approchaient de leur objectif, ils devaient donc se montrer encore plus prudents qu'ils ne l'avaient été jusque là. Echo stoppa sa course, pour passer à un rythme beaucoup moins soutenu. Elle avançait tout doucement, à pas de loup. Plus l'objectif approchait, plus elle ralentissait. Enfin.

*Objectif atteint, le plus dur est à venir... J'espère...*

La jeune femme mis la main dans sa poche... Elle savait ce qu'elle cherchait, tout avait été planifié au moindre détail près. Une oreille à rallonge, achetée quelques jours plus tôt. Elle introduisit une extrémité dans son oreille, et se baissa pour faire passer l'autre sous la porte de la bibliothèque...

"..."

Pas un bruit. Une fois de plus la chance leur souriait, la bibliothèque était vide, et c'est ce qu'ils espéraient. Echo rangea son oreille à rallonge à l'endroit où elle l'avait prise, et pointa sa baguette en direction de la porte.

*Alohomora*

La serrure émit le déclic qui signifiait que la porte était ouverte. Echo poussa lentement la porte, qui grinça légèrement. Elle n'ouvrit la porte que de l'espace qui leur permettrait à tous de s'infiltrer à l'intérieur.

Une fois que les quatre compagnons eurent franchi la porte, Echo la referma tout aussi doucement qu'elle l'avait ouverte et murmura

"Collaporta"

Enfin. Ils étaient tous entré, ils étaient désormais seuls dans la bibliothèque...

"N'oubliez pas... On ne touche pas au rayon d'étude des moldus... Tout le reste... On s'en fout !"

Citation :: "Delta, Kilo, Lima, vous êtes là ? Objectif en vue, on ralentit le rythme !"

La voix d'Echo Juliette se fit plutôt rassurante comparée à l'obscurité ambiante et ramena sa camarade à la réalité. Lima se ressaisit et se concentra pour avancer dans le noir en faisant le moins de bruit possible. Toute cette opération lui avait paru tellement simple lorsqu'ils n'avaient fait qu'en parler ensemble... Mais sur le terrain, c'était une autre histoire. Lima pouvait distinguer la forme d'une armure dans la pénombre et se dit qu'un simple effleurement, un simple bout de métal tombée à terre pouvait tout faire rater... D'une voix aussi basse et distincte que possible, bien qu'étouffée par son masque à l'effigie d'un renard, Lima Uniforme lui répondit:

- Je suis là ! Les autres, vous suivez toujours ?

Elle retint sa respiration le temps qu'Echo passe l'oreille à rallonge en dessous de la porte. Tout allait se jouer maintenant... Il fallait absolument que la voie soit libre. Il était hors de questions que les quatre vengeurs masqués dussent retourner à leur dortoir bredouille...

Le "clic" de la porte fraîchement déverrouillée rassura Lima en même temps qu'elle fit monter une vague d'appréhension en elle. Il s'agissait là d'une étrange sensation, signifiant que le moment était venu, pour le meilleur et pour le pire... Elle se glissa dans la Bibliothèque à la suite des autres et tenta de distinguer dans la pénombre les immenses rangées de livres qui s'étendaient devant eux, et dont la hauteur imposante l'intimidait quelque peu.

Comme ils en avaient convenu ensemble, Echo leur rappela de ne pas toucher au rayon d'Etude des Moldus. Evidemment... sinon, quel message auraient-ils à faire passer en se contentant de saccager la Bibliothèque ? Une idée lui vint par ailleurs à l'esprit. Elle se pencha vers ses camarades en chuchotant:

- Est ce que quelqu'un voudrait bien lancer un sort d'Assurdiato sur la porte ? Je ne maîtrise pas encore le truc... Ce serait peut-être plus prudent si on ne veut pas être entendu de l'extérieur... surtout si l'on tombe sur des livres un peu... "réticents"...

Lima gardait un souvenir assez désagréable d'un livre de sortilèges qui lui avait tout bonnement hurlé dessus, non sans postillonner de surcroît. A coup sûr, l'auteur d'un tel ouvrage ne devait pas avoir la conscience tranquille...

Après un silence pesant de quelques poignées de seconde, Lima se mit soudain en mouvement, rajusta son capuchon sombre sur sa tête et s'avança d'un pas décidé vers un rayon qui devait être détruit en priorité: le nouveau régime des Carrow avait en effet remplacé le cours de Défense Contre les Forces du Mal par ce qu'ils appelaient "l'Art de la Magie Noire", et à ce titre, un nouvel étalage de livres et de manuels de sciences occultes trônaient non loin de l'entrée de la Bibliothèque. La jeune fille encapuchonnée entreprit alors de flanquer un grand coup de pied à travers une première pile d'ouvrages. Ses orteils meurtris jurèrent qu'ils lui revaudraient ça, mais elle avait tout de même réussi à faire voltiger un bon nombre de ces maudits bouquins. Pour un échauffement, c'était déjà pas mal.

- Avant toute chose, il faut que ce rayon soit réduit en miettes ! Venez m'aider à renverser l'étagère, et si vous avez toujours eu des pulsions refoulées de déchirage de pages, d'arrachages de reliures et autres joyeusetés, et bien, je vous invite à venir vous en donner à coeur joie ! Very Happy

Dans le noir silence de la nuit Poudlardienne, quatre silhouettes avançaient à pas furtifs dans les couloirs du quatrième étage. Echo Juliette ouvrait la marche, Kilo Golf la fermait, en couverture. Tout comme les autres, il s'était vêtu entièrement de noir, pour la furtivité. Une seule chose n'était pas noire, c'était le masque qu'il portait : celui d'un gibbon, ces petits singes sautillants d'arbres en arbres, usant de leurs immenses bras pour s'accrocher aux branches. La voix étouffée de la tête de file parvint à Kilo, ainsi que celle de Lima, qui venait ensuite.

"Reçu cinq sur cinq. Rien à signaler. Terminé."

Plaqué contre le mur, le garçon attendit. Echo venait de sortir une oreille à rallonge, célèbre objet conçu par les frères Weasley, et en glissait l'extrémité sous la porte de la... bibliothèque. Il aurait été fort étonnant que quelqu'un s'y trouve à cette heure-ci, mais mieux valait être prudent. Finalement, la voie étant libre, la porte fut déverrouillée. De façon précise et rapide, les quatre membres du commando pénétrèrent dans le sanctuaire de la connaissance du château. Echo verrouilla à nouveau derrière eux.

Ils étaient sur place, maintenant pouvaient commencer les choses sérieuses. Echo rappela la consigne : ne pas toucher aux rayons relatifs à l'Etude des Moldus. Lima, de son côté, suggéra que le sortilège d'assourdissement soit lancé. C'était une bonne idée, ainsi, si jamais Rusard ou un professeur, ou même un fouineur passait devant la porte, il n'entendrait pas ce qui se tramait dans la bibliothèque.

"Je m'en charge."

Kilo pointa sa baguette sur la porte, et murmura :

"Assurdiato."

Puis il revint auprès de ses camarades.

"Tout de même, faites les dégâts le moins bruyamment possible."

Les joyeusetés pouvaient donc officiellement commencer. Lima s'intéressait au rayon qui traitait de magie noire. Kilo préféra aller voir ailleurs. Il s'arrêta devant les étagères de la divination. Pointant sa baguette sur un pied du meuble, il prononça :

"Diffindo !"

Une coupure nette plus tard, les étagères se trouvaient déséquilibrées. Le jeune homme s'écarta rapidement pour éviter de se prendre l'ensemble sur le crâne, et des dizaines de livres s'écrasèrent au sol, les uns sur les autres, bientôt recouverts par ce sur quoi ils étaient jusque là posés.

"Une bonne chose de faite."

Puis il s'intéressa à... tiens, ce rayon contenait aussi des ouvrages traitant de magie peu recommandable. Les Carrow ne reculaient devant rien. Kilo attrapa un énorme volume, qu'il plaça sur une table, et y mit le feu. L'épaisse reliure s'embrasa rapidement, mais il sembla que le livre ne voulait pas mourir ainsi.

"Coriace, la magie noire..." grommela-t-il, fasciné par les flammes qui rongeaient les pages réticentes.

Saisissant un autre livre, il le jeta sur le premier.

Delta n’aurait échangé sa place pour rien au monde en cet instant. Malgré la peur qui lui nouait les tripes, il se sentait fier de ce qu’il faisait et fier du groupe qu’il venait d’intégrer : un mouvement de résistance qui luttait contre la tyrannie du corps professoral envers les nés-moldus.

Mais revenons sur un point précis : sa peur, une terreur qui lui donnait des sueurs froides et qui lui asséchait la bouche. Car non, il ne parvenait à faire taire cette petite voix au fond de lui « Hé l’alphabet grec, tu te rends compte de ce que tu fais ? On va t’arracher ton masque et tu va finir ta vie en salle de torture et pour quoi ? Pour avoir arraché un demi morceau de couverture qui se verra réparé en un coup de Reparo. Champion ! »

Delta cependant ne ralentit pas l’allure pour autant. Il le voulait son acte héroïque ~~Gryffondor déchu ?~~ et il l’aurait, rien que pour la gloire et un peu pour le plaisir de le raconter à ses petits enfants plus tard.

Sur la pointe des pieds, il avançait à pas de loups, calquant ses pas sur ceux de Lima et écrasant une main sur sa poitrine pour étouffer les battements de son cœur. Faire du bruit lui semblait tellement dangereux en cet instant qu’il manqua défaillir lorsque Echo risqua une question. Serrant les dents, il ne prit pas la peine de répondre et d’ailleurs Kilo répondit pour lui… « rien à signaler » de la part du serre-file, ça dispense de répondre non ?

Après un temps qui lui parut interminablement long, les portes de la bibliothèque se dressèrent devant Delta et le club des cinq ~~on imagine une mascotte raton laveur comme 5ème membre~~ pénétra dans le sacro-saint lieu.
Une fois les portes refermées sur eux, la pression retomba légèrement et chacun se sentit un peu plus libre de faire du bruit, Delta le premier.

Comptant mettre à profit les quelques sorts qu’il avait appris depuis la rentrée, il pointa sa baguette en l’air et entreprit d’éclairer une partie de la pièce à l’aide de celle-ci. « Lumos » Après quelques secondes d’observation, Delta détourna ses yeux de la réserve interdite (tentante, mais tellement interdite que sa conscience lui refusa tout accès vers cette aile ~~ouest~~ de la bibliothèque.

Il se contenta donc de suivre Lima et de calquer ses actions sur les siennes, à ceci près qu’il s’aida beaucoup de sa baguette et des quelques sorts qu’il avait en tête.

« Wingardium Leviosa ! »

Un énorme ouvrage quitta les rayonnages et chancela dangereusement dans les airs avant de se stabiliser ; puis Delta l’accompagna du regard le faisant se diriger vers l’une des lucarnes de la pièce, restée entrouverte. Le livre vola maladroitement vers celle-ci et s’y cogna plusieurs fois avant de trouver l’ouverture et de disparaître dans la nuit. Abaissant sa baguette, Delta essaya d’entendre le bruit sourd du livre-qui-s’écrase-dans-la-gadoue mais les bruissements de feuilles rendirent cette écoute difficile. Aussi il détourna les yeux de la lucarne avant de renouveler l’expérience avec d’autres livres, tout en jetant de furtifs coups d’œil vers la porte d’entrée de la bibliothèque.

"EXPELLIARMUS !"

La Jeune femme avait crié son sortilège comme pour faire ressortir toute la haine qu'elle ressentait pour les mangemorts qui avaient osé investir Poudlard au nez de tout le monde, et qui depuis faisaient régner la terreur au sein des élèves qui étaient restés fidèles aux idéaux du défunt ancien directeur de l'école, Albus Dumbledore. Le sortilège qu'elle venait de lancer frappa de plein fouet une étagère remplie de livres traitant en termes simples des accès et tenants de la divination. L'étagère craqua, puis, comme au ralentit, elle vit la fissure se répandre sur tout le long du portant de bois, les livres glisser un par un vers le sol, comme dans les dessins animés de son enfance, elle vit le temps s'arrêter une seconde, comme si il réfléchissait. L'étagère tomberait-elle ou pas ? La gravité reprit ses droits, et dans un immense fracas, Echo vit la grande masse de bois s'écrouler au sol.

Elle jeta rapidement un coup d'œil à ce que faisaient les autres coupables de cet autodafé. Ces trois camarades semblaient eux aussi prendre un grand plaisir à détruire la bibliothèque. Echo prit un petit moment pour réfléchir. Effectivement elle était entrain de commettre un acte honteux et gratuit de destruction massive, elle savait que même les partisans d'Albus Dumbledore ne seraient pas tous d'accord avec ces actions, mais ils se devaient de frapper un grand coup, marquer les esprits, de ses alliés comme de ses ennemis. Montrer qu'il existe encore un espoir, que n'importe qui pouvait lutter, à son niveau. Puis soudainement, une pensée lui vint à l'esprit...

*Je suis pas entrain de culpabiliser quand même... Merde !*

Et comme pour chasser cette idée de son esprit, elle lança avec encore plus de rage :

"INCENDIO !"

Le jet de flammes jaillit de sa baguette magique pour aller frapper les débris de la grande étagère. Puis lentement, les flammes se propagèrent de débris de bois en débris de bois, de livres en livres... Elle n'avait pas peur du feu, ni de son pouvoir de destruction, elle savait qu'avec les autres, elle serait en mesure de l'arrêter à temps... Et par mesure de sécurité, elle arrosa grâce à sa baguette magique toute la zone autour des débris entrain de se consumer, pour que le feu ne se répande pas d'avantage.

Elle sentait l'adrénaline monter en elle, et plus elle détruisait, plus elle était excitée, il était temps de signer son œuvre. Elle s'approcha du mur le plus proche, et grâce à l'aide de sa baguette magique, elle y inscrivit deux grands B de couleur rouge sang.

Elle se rapprocha de Kilo, lui aussi occupé à carboniser quelques traités de magie noir, semblait-il. Dans une étagère proche elle repéra un livre intitulé "Initiation à la magie noire", grâce à un sortilège d'attraction, elle s'empara de ce livre et le jeta sur les deux que Kilo avait déjà embrasé.

"Alors ? On s'amuse bien ? Et si on envoyait tout ça par la fenêtre ? Enfin j'sais pas... enfin p't'être..."

Joignant le geste à la parole, grâce à un Wingardium Leviosa informulé, elle souleva les trois livres enflammés, en attendant l'accord de Kilo pour les envoyer fair un petit tour au grand air.

[Navrée pour la piètre qualité, manque d'inspi...]

Tout commençait comme un duel, une rivalité. La transition, subtile, était vraiment remarquable. Plus que quelques secondes, quelques notes de guitare et les percussions devraient reprendre ici… Il ne manquait plus que le chant, à présent. Cette voix unique, grave et puissante, capable de tutoyer les Dieux s’éleva lentement dans les écouteurs noirs de Pénombre. Ces sons qui vous pénétraient comme un couteau, s’insinuant jusque vos os. Une main qui tentait d’agripper vos entrailles pour vous retourner comme un gant. Ce n’était guère l’une de ces « belles voix » lisses et sans âmes qui vous fascinaient par leur pureté mystique et leur immaculation originelle, mais plutôt une puissance brute, pleine d’aspérités et de recoins cachés. Un jeu de pistes permanent, un labyrinthe. Même sur un morceau si simple, sans prouesses particulières, la voix de cette chanteuse jouait déjà de magie noire. Les notes, rugueuses et nerveuses, dessinaient des paysages comme des coups de pinceau, la mélodie dilatant dans l’âme de sa proie son obscur pouvoir de suggestion. Deux amants en fuite, une baguette d’os et de feu, un sombral magnifique qui parcourait la nuit tel l’archétype transcendé par cette guitare fabuleuse, ces basses qui grondaient comme un ciel d’orage, cette rythmique démente qui s’insinuait sous votre peau pour vous posséder tout entier. Le corps de la Féline se laissait glisser dans une transe extatique et elle sentait son cœur s’aligner sur la cadence martelée sur la batterie.

Puis l’écho de sa voix se dilua enfin dans les dernières notes de guitare et le soudain silence surprit Pénombre dans sa contemplation, surprise qu’il puisse reprendre ses droits. Car comment succéder à une voix capable d’hanter l’atmosphère même après qu’elle se soit tut ? Lentement, la sorcière se remit en mouvement, parce qu’il y a des émotions que l’on ne saurait contenir dans l’immobilité. Sous ses orbes rêveuses, la Ténébreuse regardait sans les voir les interminables gorges de pierre de ces couloirs qui n’en finissaient plus de s’éteindre comme les veines d’un géant inorganique. Il y avait des semaines à présent que la Milicienne suivait patiemment cet itinéraire de surveillance, de ronde et une certaine lassitude s’était progressivement installée avec l’habitude, renforcée par l’inactivité des opposants au pouvoir.

Mais dans l’obscurité tamisée du quatrième étage où elle ne devait effectuer qu’un bref passage, un étrange halo d’une lumière dorée et dansante détachait la porte à double battant de la bibliothèque, attirant par la même occasion l’attention distraite de la Serpentarde. Comme une flamme lointaine, que l’on aurait emprisonnée à l’intérieur de ces lieux silencieux, elle semblait gagner en intensité et ardeur à mesure que Pénombre s’en approchait, alerte. A des heures si avancées de la nuit, pouvait-il réellement demeurer quelques personnels inattentifs de l’heure, dans ses locaux ? D’un geste précis, Pénombre musela la douce mélodie qui s’élevait de nouveau dans ses oreilles, ramena son écharpe en arrière avant de se déganter pour mieux sentir l’ébène sombre et froide de sa baguette magique sous ses doigts.

« Alohomora. »

Murmura-t-elle, sans effet. Une révélation en soi-même car un sortilège bien plus puissant qu’à l’ordinaire devait donc en défendre l’entrée, ce qui ne lui avait guère été notifiée dans les informations qu’elle avait reçu de ses supérieurs. Ce n’était pas habituel. La Ténébreuse s’avança, pensive en posant doucement son oreille contre le bois verni. Aucun son ne filtrait de la bibliothèque mais les ombres animées qui se projetaient au sol trahissaient pourtant l’activité d’une présence agitée, plusieurs au pire des cas. A ces détails déjà équivoques, s’ajoutait également cette cendreuse odeur de combustion qui piquait les sens aiguisés de l’Animagus et éveillait encore davantage ses soupçons. Un début d’incendie. Les effluves n’étaient pas assez forts cependant pour laisser penser que la propagation destructrice ait atteint des seuils dramatiques mais il ne lui faudrait probablement que l’espace d’un murmure pour qu’elle prenne de l’ampleur, dans un environnement aussi combustible et riche que l’était la bibliothèque. La Préfète en chef recula d’une douzaine de pas et arma de nouveau sa baguette magique en avant :

« BOMBARDA ! »

Aussitôt, un jet de lumière éblouissant frappa de plein fouet l’épaisse porte du sanctuaire en la soufflant d’un coup et une plaie béante s’ouvrit devant elle, fumeuse, aux délimitations déchirées. Une entrée fracassante, n'est-ce-pas ?. A plusieurs rayonnages de sa position, la silhouette floue de plusieurs individus non identifiés se détachait des flammes embrasant quelques matières inflammables au sol.

« Milice Pourpre ! Eteignez ce feu, jetez vos baguettes et annoncez-vous ou ça va saigner ! »

Lança de voix forte, la Préfète en Chef.

Les choses allaient beaucoup plus vite que Lima ne l'aurait cru. De timides coups de pieds dans les étagères pour commencer, ils étaient allés crescendo, délogeant de plus en plus d'ouvrages de leurs compartiments de bois poussiéreux, et à présent, les flammes commençaient à danser devant leurs yeux. Avec une fascination mêlée d'un soupçon de peur qu'elle avait encore du mal à admettre, la jeune rebelle masquée observait le feu qui dévorait goulûment les pages et commençait, insatiable, à s'attaquer aux structures des étagères.

* Je crois qu'on a atteint un point de non retour maintenant... *

Cette pensée la tira de ses rêveries et elle se remit avec d'autant plus de hargne à saccager les rayonnages. Elle s'apercevait maintenant à quel point le gouffre entre paroles et actions était profond. Il était si difficile de se rendre compte de ce qu'impliquait ce genre de démarche d'opposition tant qu'on ne se trouvait pas là, réellement, dans le feu de l'action, et c'était le cas de le dire... La jeune fille n'avait jamais vraiment connu l'adrénaline, ou alors elle s'en était fait de fausses idées.

Et là, à cet instant précis, cette montée d'adrénaline venait d'atteindre son comble. La voix de Pénombre Craft résonnait dans sa tête, comme si elle ne l'avait jamais réellement entendue mais que ses mots demeuraient inscrits dans sa mémoire, comme si elle les comprenait au ralenti et réalisait très lentement que la Serpentarde venait de faire irruption devant eux en les menaçant de sa baguette.

Oui. Décidément, l'état d'esprit de la renarde masquée avait changé du tout au tout. Il ne s'agissait plus d'une petite rébellion de gamins du genre à être fiers d'aller déposer une Bombabouse sur le paillasson d'un inconnu avant de partir à toutes jambes en gloussant, ni d'une réunion de syndicalistes qui ne risquaient finalement pas leur peau. Ils l'avaient fait, ils venaient de mettre le feu à une bonne partie de la bibliothèque, de manière irréversible, et maintenant une baguette était pointée sur eux, et la perspective de se retrouver écartelés ou attachés par un pied à un Sombral lancé au grand galop sur un chemin de gravier sous l'oeil sadique et exalté des Carrow, était désormais plus que réelle et présente dans leur esprit.

A travers l'obscurité mêlée de fumée de plus en plus épaisse, on avait du mal à distinguer le visage de la Préfète en Chef. Mais sa voix, froide et implacable, ne trompait pas. Lima tenta de chasser de son esprit l'intimidation que provoquait la présence de Pénombre en face d'elle. Se laisser impressionner par une des représentations même de ce contre quoi ils combattaient, ce serait un comble ! La renarde masquée prit une profonde inspiration. Il fallait s'annoncer? Très bien.

- Mon nom est Lima Uniforme. Militante active des Badgers Rangers et ennemie jurée des Forces du Mal. Fervente disciple du VRAI plus grand mage de tous les temps, Albus Dumbledore. Meilleure amie d'une fille assassinée. Ancienne élève d'un professeur assassiné. Et j'aurai ma vengeance, dans cette vie ou dans l'autre !

Sans céder à la peur du ridicule avec ses bonnes vieilles références Moldues, Lima se concentra car maintenant que les hostilités s'engageaient pour de bon, il fallait agir vite. Espérant qu'elle aurait assez d'énergie pour faire face à la Septième année, et que ses amis viendraient à sa rescousse dans la foulée, elle tendit sa baguette et hurla:

- EXPELLIARMUS !!!

Tout le monde s'en donnait à coeur joie. C'était beau à voir, ces rebelles qui enfin défiait l'autorité par une action claire, certes violente, mais qui aurait des conséquences et des répercussions. Kilo vit Echo s'approcher de lui, avant d'ajouter quelques manuels au brasier. Il jeta un oeil aux autres : Delta s'efforçait de faire passer un livre par la fenêtre, alors que Lima renversait de plus en plus de rayonnages. Heureusement qu'il avait usé de l'Assurdiato. Alors que le feu rongeait les pages noires, couvertes de mots qu'aucun d'eux n'aurait osé prononcer. Echo lui demanda ensuite s'ils pouvaient envoyer tout ça par la fenêtre. Kilo désigna Delta du pouce.

"Notre petit Delta l'a fait, on peut donc se déchaîner."

Alors qu'Echo poursuivait le mouvement qu'elle avait initié, l'aîné des garçons du quatuor se joignit à elle pour un spectacle pyrotechnique de toute beauté. Si quelqu'un s'était trouvé dans le parc à ce moment-là, c'est certainement ce qu'il aurait pensé : des projectiles enflammés traversant les airs, il y avait de quoi s'extasier. Mais toute bonne chose ayant une fin... La porte vola en éclats. Et dans l'encadrement, tous purent voir... Pénombre Craft, Préfète-en-Chef, Responsable de la Milice Pourpre. Ca, ça n'était pas prévu. Mais apparemment, elle était seule.

Craft lança l'habituel blabla, et ce fut Lima qui y répondit la première. Kilo écouta ses paroles, elle évoqua une fille assassinée... Il espéra que ça passerait inaperçu. Dans la foulée, Lima fut la première à attaquer, utilisant un sortilège de désarmement. Sans hésiter, Kilo attaqua à son tour. Sa baguette fendit l'air alors qu'il s'écriait :

"STUPEFIX !"

A peine l'éclair rouge parti, il courut vers Delta pour l'écarter, afin qu'il ne soit pas touché.

"On s'en occupe, on va s'arranger pour l'éloigner de la porte. Dès que tu as une ouverture, cours."

Kilo revint dans la bataille. Cette fois, les livres enflammés ne filèrent pas par la fenêtre, mais directement vers Craft.

"Vive Dumbledore, l'Armée de Dumbledore, Harry Potter, la liberté et l'anarchie à Poudlard !" s'écria-t-il. "Kilo Golf, pour les Badger Rangers !"

A trois contre un, ils avaient plus que toutes leurs chances. Même s'ils savaient que Craft n'avait pas de restrictions et qu'elle n'aurait pas de pitié non plus.

Les trainées de flammes et de fumée laissées par les livres embrasés que Kilo, Delta et Echo faisait voler à travers la pièce faisaient penser à une danse pyrotechnique dirigée de main de maître par un grand illusionniste. Mais c'était bien plus que ça. Toutes ces flammes n'étaient l'œuvre que de quelques réfractaires au système instauré depuis quelques mois à Poudlard, une représentation de leur envie de révolte. Ils espéraient être écoutés, être suivis par tous ceux qui n'approuvaient pas la dictature des Carrow, par tous ceux qui étaient encore fidèle à feu Albus Dumbledore et qui avaient encore foi en Harry Potter. Cette insurrection était la première, mais ne serait certainement pas la dernière, ils espéraient que des petits groupes comme le leur se formeraient à Poudlard pour mener la vie dur au nouveau directeur pour qui ils éprouvaient une haine sans nom. C'est la rage au ventre qu'Echo faisait brûler tous ces livres, rage qui augmentait au fur et à mesure que les cendres s'amoncelaient au sol. Elle était en transe, étrange état où l'on ne contrôle plus tout à fait ses gestes, où la conscience laisse place à l'inconscient. C'était à la fois terrible et superbe à voir, Echo dansait en même temps que les livres volaient dans les airs, faisant penser à quelque rituel macabres dont certains mages noirs satanistes avaient le secret.

Ce fut une intrusion intrusive (notez la magnifique Lapalissade) qui sortit Echo de cet état. La Préfète-en-chef, Pénombre Craft venait de faire son entrée fracassante, baguette en main dans la bibliothèque. Ils avaient été découverts. Le sang d'Echo n'eut à peine le temps de faire le tour de son corps qu'elle s'était déjà jetée derrière un morceau d'étagère pour se protéger. Elle examina d'un rapide coup d'oeil la situation. La serpente se tenait droite dans l'ouverture de la porte, baguette dressée, prête à attaquer quiconque lui résisterait. Le point positif de la situation était qu'elle semblait être seule. Contre quatre Black Badgers prêts à tout pour préserver leur anonymat. Quatre ? Non... Plutôt trois...

La jeune femme repéra très rapidement Delta, qui n'était pas de taille à se sortir tout seul de cette situation. Malgré toute la bonne volonté dont il faisait preuve, il n'avait aucune chance de s'en sortir si personne ne l'aidait. Echo entendit Lima et Kilo attaquer la préfète. Delta quant à lui avait été poussé par Kilo.

"On s'en occupe, on va s'arranger pour l'éloigner de la porte. Dès que tu as une ouverture, cours."

Il était trop loin... trop loin de la porte, qui elle était gardée par Craft... La jeune femme fit une roulade digne des commados des forces d'intervention d'élite pour se retrouver aux côtés de Delta.

"Très bien... je vais t'aider à t'enfuir, et tu ne dois pas t'en faire pour nous, on va gérer le problème, sauve ta peau, c'est le plus important ! Dès que Craft sera loin de la porte, on se bouge le cul, tu restes derrière moi et tu t'occupes de rien !"

Et, comme une conclusion à ses paroles, Echo se leva d'un bond, et lança en direction de l'assaillante un livre embrasé qui trainé encore au sol, espérant que celui-ci éloignerait Craft de la porte.

"JE SUIS ECHO JULIETTE ! POUR DUMBLEDORE ET JEMIAH TAILS ! BLACK BADGERS !"

La lune avait depuis longtemps disparu de son champ de vision. Assis sur le rebord, il regardait le ciel tourmenté par la fenêtre. Il se sentait encore envahi par de sombres pensées alors que son animal de compagnie se serrait contre lui. Quelquefois, il prenait plaisir à éteindre les torches, dans l’espoir de surprendre ces résistants, qui se servaient de la nuit pour agir. Mais en général un couloir assombri, bien souvent les apeuraient. Ils étaient prudents, ils ne voulaient pas faire d’erreurs… Et ils étaient encore plus difficiles à avoir. Eliad avait pourtant choisi de laisser Alix tranquille, alors qu’il aurait du, de par sa mission, informer les Carrow de toutes ses présomptions. S’il devait y avoir un milicien modèle, ça ne serait sûrement pas lui… Son animal se mit soudainement à lui lacérer l’épaule. Puis il se mit à battre des ailes, avant de voler soudainement dans la direction opposée à son regard.

Eliad se mit à le poursuivre, intrigué parce qui avait pu le déranger, lui pourtant toujours si calme. Il déambula dans les couloirs, toujours silencieux, jusqu’à ce que sa course l’entraîne à franchir une ouverture béante dans ce qui avait été une porte. Une fois franchi cet étroit passage, le corbeau l’abandonna pour passer par une fenêtre ouverte et hanter de nouveau le ciel nocturne.

Il y avait de la fumée, et une forte odeur de brûlée. Il se trouvait dans la bibliothèque et hésita à penser que c’était cette dernière qui était en feu, et pourtant… Lorsqu’un livre en flammes atterrit juste devant lui, il n’hésita plus…

Il se cacha derrière une grande étagère. Qui pouvait donc mettre le feu volontairement… Puis il entendit quelques sortilèges lancés… Et une fille prise au piège alors que les livres voltigeaient vers elles. Ils étaient trois, elle était seule. Pénombre Craft contre trois élèves anti Carrow. Si on ne pouvait pas vraiment leur reprocher de ne pas aimer la tête des Carrow, c’était le rôle de la milice de faire respecter la loi. Il sortit sa baguette lentement, réfléchissant au sort à lancer.

Les livres volaient, mais Craft semblait mener la danse. Il voulait fuir… Elle bloquait la porte, et il n’avait pu échapper à leurs regards que parce qu’ils étaient occupés à se combattre. S’ils voulaient fuir, Pénombre ne pourrait tous les retenir…

Alors il surgit, baguette à la main et lança un stupefix sur celle qui criait sans doute le plus. Echo Juliette.

« Et bien Pénombre… On dirait que je tombe à pic. »

Le salut à Pénombre ne l’empêcha pas de s’annoncer comme il fallait. C’était une envie évidente que son nom provoque la peur dans l’esprit de ses adversaires.

« Milice Pourpre ! Rendez vous tout de suite et posez vos baguettes au sol ! Vous êtes entre les mains d’Eliad Midnell, et je ne suis pas sur que ce sort vous soit très enviable… »

Allait-il se regarder dans le blanc des yeux, ou la violence allait-elle encore s’accroître d’un cran ?

« Ils ne doivent pas sortir d’ici, en aucune façon… Mais je pense que tu le sais tout ça, tu es bien notre chef après tout… »

Il ne prit pas la peine de lui faire un clin d’œil. Il était bien trop occupé à préparer un futur protego afin de se préparer à riposter dans la seconde…

Baillant une énième fois, Kelsey eut encore la pensée malsaine de trouver ça un peu abuser de la faire patrouiller la nuit, elle aussi. Après tout, elle était en deuxième année seulement... Mouairf. Mais elle s'était engagée aussi, elle ne pouvait s'en prendre qu'à elle-même. Et après tout, ce n'était pas comme si elle n'avait jamais passer de nuit blanche de sa vie. Non, combien n'en avait-elle pas eu en début d'année déjà ? Elle avait arrêter très vite de les compter.

Reprenant ainsi du poil de la bête, la gamine descendit les escaliers pour retrouver Pénombre un peu plus bas, pour lui informer que rien n'avait été aperçus au Sixième étage... sauf qu'Eliad n'était déjà plus à son poste, au Cinquième. Ce qu'elle n'avait pas prévue parcontre, c'était qu'une fois au Quatrième, une quinte de toux la prenne. Quelle était cette odeur de brûler ? Et... cette fumée ?! Nom d'un Merlin en Or !! Mais la Bibliothèque brûlait !! Tout ces précieux livres !! Brulés !!

Ca, jamais !

S'élançant vers l'ouverture béante dans le mur d'où s'échappait une vive chaleur et lumière, la gamine s'accroupit et tenta de reconnaitre de dos ses camarades Miliciens, et les ennemis de face. Bon, Pénombre et Eliad, sans aucun doute. Parcontre, les rebelles d'en face étaient masqués. Raaah, b****l de ch***te à c** ! En tout cas, les ennemis avaient du soucis à se faire avec Pénombre et Eliad. Tant mieux, parce qu'elle, elle pouvait pas faire grand chose dnas cette situation... si ce n'est...

Roulant au sol en restant accroupie pour la réception et dissimuler derrière la plus proche étagère qu'elle puisse, la gamine profita de la posture imposante de ses alliés pour se cacher dans leurs ombres et pointer discrétement sa baguette vers l'un de ces sales pyromanes à tête de renard en murmurant :

-Expelliarmus.

Après, elle n'avait plus qu'à espérer que personne ne l'avait entendu ni remarquer. De toute façon, elle n'aurait plus qu'à se replier derrière l'étagère pour se protéger des sorts et en lancer d'autres.