Trois petits jours qu'il était arrivé au ministère et il ne l'avait pas encore fait. Jonathan en avait envie depuis longtemps, mais.... Il avait dû se retenir encore un peu. Exercice au combien difficile pour lui, en tête brûlée qu'il était. Il ne pourrait le faire qu'une seule fois dans sa vie, il ne devait pas gâcher l'occasion. Non, il avait dû répéter pour que la scène soit parfaite. Il n'était pas question de tout gâcher avec un raté

Le blond accrocha son badge de la brigade de la police sur sa robe. L'insigne tout neuf était brillant. Le nouveau policier se contempla dans le miroir et bomba le torse. Il était beau, ça l'ancien mannequin le savait, mais avec l'insigne, il était encore plus cool.
Le jeune homme s'approcha de sa cheminée pour y trouver un feufobeau encore entrain de dormir. Le policier plia les jambes pour que son visage se retrouve au niveau des flammes. Il se demanda si son compagnon pouvait rêver. Quels types de rêve pouvait bien se dérouler chez cette créature de flamme, issu de la magie et des caprices de quatre étudiants. Une lueur de tendresse apparue dans le regard de l'irresponsable, qui était le seul à avoir gardé la créature et qui avait refusé de le rendre à la magie en le faisant disparaître..
Il approcha sa main et frotta ce feu vivant. Feufobeau ne l'avait jamais brûlé, d'ailleurs le feu ne semblait consumer que ce que la flamme voulait manger. De petits ronchonnements lui confirmèrent que l'être ne voulait pas se réveiller.

« Continue comme ça et tu vas rater le spectacle. »

Les yeux de feufobeau s'ouvrirent brusquement et la flamme grimpa rapidement sur l'épaule de son propriétaire.

« ah non, je viens. »

Un sourire amusé se traça sur le visage de l'ancien modèle. Il savait que son compagnon souhaitait être réveillé.

« Et c'est paaarrrtttiiiiiii. »

Jonathan mit son manteau avec de grands gestes énergiques, histoire de prendre tous l'espace disponible de sa petite entrée. Avec un sourire fier, il transplana puis salua les gardiens à l'entrée du ministère. Ils devaient s'ennuyer ceux là. Franchement, rester toute la journée debout, à regarder des sorciers à faire des allées-retours. Un truc à devenir fou. Heureusement qu'il était là. Non franchement, aujourd'hui, il allait rompre leur triste monotonie, ils devraient lui en être reconnaissants.

Le hall était plein de monde. L'heure de pointe, c'était parfait. Les gardes auraient plus de mal à venir à lui, ce qui lui donnerait le temps de terminer. Le jeune homme prit feufobeau dans ses main et l'approcha de la fontaine. La créature de feu trembla de tous son petit corps et émit une sorte de 'moarg' qui en disait long sur son dégoûts. Le jeune homme le posa donc à terre la créature et lui signala de se taire.

Le jeune homme s'approcha de la fontaine de la fraternité magique, tourna autour pour se retrouver face au gobelin. C'était franchement moche, ils avaient rien de mieux pour le ministère?
Jonathan s'arrêta et fit une révérence. Il écarta brusquement un bras et frappa un sorcier. Il ne savait pas qui et où, il s'en moquait bien d'ailleurs et commença à déclamer haut et fort:

« Aux ailes de l'amour nulle rempart ne s'oppose,
Et tout ce que l'amour peut tenter, l'amour l'ose. »

Jonathan mit une main sur son cœur, tandis que son autre bras plié, paume vers le haut semblait attendre quelque chose de la statue. Le sorcier enjamba alors le bassin pour se retrouver les pieds dans la fontaine.

« Je ne suis point instruit dans l'art des matelots,
Mais je t'irais cherché par delà tous les flots.
Je ne crains que toi seule..et pourvus que tu m'aimes,
et qu'importe tes parents, leurs cris, leurs poignards même »

Sur cette dernière phrase, le jeune homme pointa le service d'ordre qui fonçait vers la fontaine. Ils étaient ralentis et gênés par une foule qui avait commencé à s'immobiliser pour regarder cet étrange spectacle. Les doigts du blond se posèrent alors sur le visage du gobelin et descendirent lentement pour parvenir à la bouche de la créature

« Ah! plutôt, sous leur haine, ici perdre le jour,
Que de le conserver ici mille ans sans ton amour. »

L'ancien mannequin s'était rapproché de la statue en prononçant la réplique et conclu le texte par un baisé sur les lèvres froide et humide de la créature de la fontaine. Pour plus de réalisme, il avait bien sûr fermé les yeux.

[HRP: La déclaration est prise d'une pièce célèbre..on verra qui trouve]