Il y avait au dehors comme une pluie battante, qu’essayait de traverser un vol de corbeaux. Battant des ailes sous l’orage, la meute se maintenait à bonne distance du sol. Ensemble, serrés les uns contre les autres, ils ressemblaient à un grand voile noir, soulevé par le vent. L’éclat aveuglant mais brusque d’un éclair, le ramena à ses plus sombres pensées alors que ses yeux se refermaient… Dans son esprit aussi, il y avait ce grand rideau sombre, parsemé de mauvaises pensées qu’on avait pris soin de lui inculquer par le biais d’un endoctrinement parfait, mené de mains de maîtres par ses recruteurs. Maintenant, il avait ce sentiment de ne pas appartenir au commun des sorciers, il le sentait maintenant, non pas dans ses veines, ou son sang d’une pureté extrême y coulait, lisse, et abreuvant son cœur, mais il le sentait dans son esprit, dans sa façon de penser qui avait presque imperceptiblement changée pour ne laisser de ses joies et de ses pensées d’adolescent, que de la vapeur qui s’évanouissait rapidement. Tous ses plaisirs occultés, il ne lui restait plus qu’une noirceur de l’âme plus que présente… Car à la différence de beaucoup d’autres, traîtres ou Hommes sous masques, il ne prenait pas encore plaisir à ce qu’il faisait. Alors qu’il entraînait la souffrance, aucun sourire n’était venu sur son visage pour souligner le malheur des autres. Il avait aussi renié tout ce qui comptait pour lui, ses deux sœurs ne lui adressant presque plus la parole depuis qu’elles avaient intercepté un message qui lui était destiné, un de ceux envoyé par une main gantée.

Mais aujourd’hui, c’était un jour parfait pour creuser sa tombe. Il la désirait tellement profonde, qu’on ne retrouverait plus aucun de ses os. Afin qu’on puisse oublier ce qu’il était devenu, et qu’on ne se rappelle que ce qu’il avait été…

Dans sa main, c’était toujours la même lettre qu’il lisait et relisait encore. Elle venait de ces mêmes hommes masqués qui le surveillaient toujours. Il ne savait pas comment elle était parvenue jusqu’à lui, elle n’avait pas emprunté les voies habituelles, celles des airs. Il l’avait juste trouvé sur son lit, laissée là. Avec une signature discrète, qui lui avait semblé être un avertissement. Un rendez vous qu’il ne devait pas manquer. Il n’avait pas passé toutes les épreuves pour être l’un d’entre eux. Et ce jour était venu. Bientôt il porterait le masque d’argent, bientôt il devrait tuer. Véritablement.

Mais auparavant il devait sortir de Poudlard, ce qui n’était jamais une mince affaire. Heureusement qu’il connaissait un passage secret, grâce au bouche à oreille entre élèves. Il quitta sa salle commune assez vite, en prenant le moins d’affaires sur lui. Arrivé à l’un des étages supérieurs, il trouva rapidement la statue de la sorcière borgne et prononça la formule pour l’activer. Il se retrouva bien vite dans la cave de Honeydukes, d’où il sortit aussi vite que possible, évitant d’attarder son regard sur les nombreuses friandises, et esquivant le regard des élèves qui pouvaient passer sur lui et signifier aux Carrow sa soudaine absence…

Une seule destination possible maintenant, comme le disait la lettre. Il suivit quelques ruelles avant de se perdre devant une impasse. A tâtons, il passa ses mains sur les vieilles pierres, mais sans succès. Aucun passage secret. Personne dans l’allée. C’est au moment où il décidait de rebrousser chemin, qu’il se sentit happer par une large personne et avec la vitesse de l’éclair, il se sentit transplaner.

**

Ils réapparurent tous deux au bord d’une falaise, bien loin de l’école, ou même de Londres. Eliad tituba lorsque le mangemort le relâcha. Il se releva bien vite pour faire face à l’homme, au regard caché par un masque. Ce dernier se contentait de rester les bras croisés fixant un autre endroit devant lui, où il semblait attendre quelque chose. Le vent violent amenait les vagues à s’écraser en contrebas, couvrant le son de sa voix, lorsqu’il demanda au mangemort, ce qu’il faisait là. Il ne sortit pas sa baguette, comprenant bien vite qu’il ne lui voulait pas de mal, au contraire, il semblait même se désintéresser totalement de lui.

L’air était humide, pourtant Eliad respirait fortement. Le stress peut-être. Il n’y avait pas d’arbres par ici, tout était désert. Pas de vie animale et seulement quelques brins d’herbe par ci, par là. Et même si la pluie s’était arrêtée, les nuages noirs s’amoncelaient toujours au dessus de leur tête.

Soudain un autre mangemort apparut, tenant dans ses bras, une jeune fille avec lui, qu’il relâcha bien vite. Il la reconnut aussitôt. C'était Lellia Windfall.

L’aventure se présenta à la Gryffondor sous la forme d’une simple lettre. Portée par le hibou familial et portant le sceau de la famille Windfall, elle semblait écrite par la main même de son père. Celui-ci s’était montré laconique et autoritaire comme à son habitude, la jeune fille DEVAIT se rendre à Pré au Lard dans la journée, que ce soit contraire au règlement il s’en fichait éperdument, seule comptait sa présence. Bien entendu la 6ème année songea vaguement à lui désobéir et à se contenter de jeter la lettre au feu mais elle savait pertinemment qu’en l’offusquant de la sorte elle risquait gros. Peut être même trop gros pour s’amuser à prendre un tel risque. Certes ses relations avec sa famille n’étaient pas vraiment au beau fixe mais aux dernières nouvelles, ils avaient plus ou moins renoués le contact. Ils ne lui répétaient plus qu’elle était une honte pour eux et elle évitait de se montrer trop indisciplinée. Et puis, la fameuse promesse qu’elle leur avait faite des mois auparavant de jouer les espionnes pour eux avait réussi à calmer les tempéraments. Tout du moins, c’était ce qu’elle pensait…

Cette lettre était clairement un rappel à l’ordre, une manière de lui faire comprendre qu’ils avaient toujours un œil sur elle et qu’elle ne leur avait donné aucune preuve de sa bonne volonté. Pire encore, elle avait totalement cessé de leur écrire alors qu’elle devait le faire tous les mois, voir toutes les semaines si elle tombait sur des informations intéressantes. Mais que devait-elle faire au juste ? Se dénoncer ? Dire qu’elle faisait partie de cette résistance qui commençait peu à peu s’organiser au sein même du château ? C’était totalement ridicule ! Elle avait fait volte face et elle comptait bien en rester là ! De toute manière ils ne pouvaient pas se montrer plus cruels avec elle qu’ils ne l’étaient déjà.

Par conséquent, se fut sans entrain mais sans appréhension particulière non plus que la jeune fille se dirigea vers le petit village. Passer inaperçu n’avait jamais été un problème pour elle (quand elle le voulait) et étrangement il ne survint aucun élément imprévu pour l’empêcher de se rendre à son point de rendez vous, tout près de la cabane hurlante. A croire que son père avait quelque chose de particulièrement fâcheux à lui dire pour choisir un tel lieu. Cependant, quand elle arriva enfin au lieu dit elle se rendit rapidement compte que quelque chose clochait, il n’y avait nulle trace d’un membre de sa famille et elle était pourtant un peu en retard (faut bien se rebeller comme on peut !) or chez les Windfall la ponctualité était presque une qualité génétique.

« C’est quoi cette blague ? Je me caille moi ! »

Râlant pendant quelques instants à voix haute, la Gryffondor, entortilla un peu plus son écharpe autour de son cou et passa une main dans ses cheveux bruns qui avaient tendance à boucler avec la pluie qui lui tombait sur le coin du nez. Elle ne comprenait vraiment pas ce qui se passait et pris la décision de rentrer au château pour se mettre au chaud lorsque quelqu’un l’attrapa fermement par derrière. Un cri et quelques coups plus tard, elle se retrouvait dans un tout autre lieu et face à un garçon brun du même âge qu’elle qu’elle connaissait à peine. Les bras la relâchèrent alors et elle fit quelques pas sur le côté avant de reconnaître un masque de mangemort.

*Keskimveux ?*

Ecarquillant les yeux et balayant les trois compères tour à tour, plusieurs hypothèses se formulaient déjà dans son esprit.

1. Son père avait encore commis une boulette et les mangemorts lui sautaient dessus pour qu’elle paye à sa place.
2. Ils voulaient cueillir des framboises et coiffer des poneys avec elle (copyright Ulbidule).
3. Elle allait mourir et l’autre Serpy aussi !
4. Son esprit refusait d’imaginer d’autres solutions.

Sortant enfin sa baguette de sa poche, elle la pointa sur celui qui l’avait amené jusque là et se concentra autant qu’elle le pouvait pour ne laisser transparaitre aucune peur ni dans sa voix dans son regard. La Gryffondor était fière…et elle ne pouvait imaginer ce qui l’attendait réellement.

« C’est une réunion tupperware, c’est ça ? »

Et oui, à ce stade de l’histoire la meilleure défense de Lellia était encore l’humour…

L’apparition de Lellia avait jeté Eliad dans le plus grand trouble, son instinct lui ordonnait de disparaître précipitamment, ou de se cacher, afin de ne pas dévoiler son identité. Il maudissait à cet instant là, les mangemorts pour ne pas lui avoir fourni un de leurs masques, qui cachaient le secret de leurs personnes. Son premier regard fut vers son kidnappeur, à qui il demanda, l’inquiétude au plus profond de lui, ce qu’elle faisait là, avec eux, dans ce qui s’annonçait simplement au départ, comme une réunion entre serviteurs du seigneur des ténèbres… Mais il s’était sûrement trompé, encore une fois…

Il ne tenait pas à ce que l’on sache qu’il travaillait avec des mangemorts, c’était déjà assez dur pour lui, une souffrance continuelle, de par ses actes les plus cruels, sans qu’il ait besoin que des élèves de l’école soient au courant. Et il lui était bien impossible de se faire passer pour un simple kidnappé, sachant qu’elle le regardait se tenir aux cotés d’un mangemort et qu’il n’était sous la menace d’aucune baguette, au contraire d’elle, même si le mangemort restait discret…

« Qu’est ce qu’elle fait ici ! Elle ne doit pas me voir ici, sinon ma couverture est fichue ! »

Pour toute réponse, il n’eut que de l’indifférence. Aucun masque ne se tourna vers lui, la scène restait figé, jusqu’au moment ou Lellia sortit sa baguette pour viser son agresseur. C’est alors que le mangemort au coté d’Eliad s’exprima, d’une voix sombre et profonde. Semblable à une voix métallique, et si peu humaine…

« Désarme là. Immédiatement. »

Eliad sortit sa baguette. Que devait-il faire réellement. Il savait qu’elle ne pouvait s’en sortir, ils étaient bien plus expérimenté qu’elle, et si son voisin n’avait pas encore sorti sa baguette c’est parce qu’ils se savaient déjà paré à toute éventualité. Ils n’avaient rien laissé au hasard. Si c’était nécessaire, ils la tueraient sûrement. Il ne savait rien de leur but, ni du pourquoi ils étaient ici. Il se savait juste allié de ces hommes pour le moment. Dans le camp des plus nombreux à défaut du camp des héros. Lellia, elle… Il hésitait encore.

« Maintenant ! »

Le mangemort dirigea rapidement sa main vers sa baguette, écartant le large manteau qu’il portait… Le voile noir qui flottait dans les airs, avant de dévoile la mort. Alors par peur qu’il ne lance un stupéfiant avada kedavra qui prendrait Lellia de cours, et ne la tue, il se décida à agir.

« Expelliarmus ! »

Le choc allait projeter Lellia dans les airs, avant qu’elle ne retombe lourdement sur le sol.

« Il te faut apprendre à obéir plus vite… La prochaine fois, elle n’aura pas d’autres chances, et elle mourra. Tu dois te demander pourquoi tu es ici, alors suis moi. »

Il suivit le mangemort qui n’avait pas rangé sa baguette, jusque devant le corps de Lellia. Il pointa sa baguette contre elle, et tirant sur ses cheveux, il souleva sa tête, avant de lui parler, à elle, tout comme à moi.

« Elle n’a pas satisfait à ses exigences. A ses devoirs. Au seigneur des ténèbres. Eliad, tu as une dette à payer, une dette que ton père à préféré éviter en fuyant, plutôt que de respecter son honneur. S’il n’en a plus, toi tu peux racheter l’honneur de ta famille. Et si l’honneur de ta famille t’importe peu, alors au moins tu pourras sauver la vie de tes sœurs, qui elles, sont sans protection en ces temps difficiles… Nous gagnerons la guerre, nous contrôlons tout, nous tuons les moldus et les aurors. Et même… les élèves qui ne font pas leurs devoirs. »

Il relâcha Lellia avant de venir vers moi.

« Nous allons voir ce que tu vaux. On va lui rendre sa baguette et tu l’affronteras. Jusqu’à la mort. Pour sauver ton honneur, et elle pour… Espérer survivre un peu plus. Et n’espère pas une seule seconde te retourner contre nous, ou ce serait la mort pour vous deux. Et ce ne sera pas une mort rapide. »

C’est alors que le mangemort, enleva légèrement son masque, ne se montrant qu’à Eliad.

« Ton père, nous le trouverons bientôt. Et alors nous le tuerons. Ce n’est qu’une question de temps. Alors prépare toi à bientôt devoir subir d’autres épreuves de ce genre, ton père n’était pas un saint et tu es encore loin de là où il en était. Maintenant… Tue la. »

Le second mangemort donna un coup de pied dans la baguette de Lellia pour lui amener devant le visage. Puis ils s’éloignèrent de plusieurs mètres, sans pour autant nous quitter des yeux.

Eliad repoussa une mèche de cheveux humide qui lui tombait sur le visage, lui touchant presque les yeux. Il sentait la pluie froide parcourir son torse et tremper ses vêtements, les rendant plus collé encore à son propre corps. Mais le plus glacée en lui, c’était bien ce qu’il ressentait. Cette peur, viscérale, profonde, lorsqu’on l’on sait que l’on approche d’une étape qu’on ne pourra plus jamais refranchir. Celle du crime sans retenue. Qui en entraîne toujours d’autre, et ce, comme une malédiction. Mais cette malédiction, tous les mangemorts l’acceptaient. Ils tuaient par plaisir ou sans arrière pensée. Pour Eliad, là… C’était tout juste s’il n’avait pas déjà lâché sa baguette à cause des tremblements qui secouaient sa main.

Il ne comprenait toujours pas comment les choses avaient pu arriver aussi vite. Mais cette fois, il devait se rappeler qu’il ne combattait pas les mangemorts, ou Bellatrix… Il combattait quelqu’un pour protéger ses sœurs, qu’il le fasse avec plaisir, ou en se détestant par la suite, le résultat importait peu, seul comptait la survie.

Lellia n’ayant vu qu’une partie de la scène qui les unissaient, devait penser qu’il travaillait pour le compte du seigneur des ténèbres. Elle n’avait alors qu’à se défendre face à un nouvel ennemi. Alors que si Eliad déclamait soudainement qu’il n’était pas du coté des mangemorts, cela lui vaudrait une mort instantané…

Son premier sortilège fut efficace. La branche rencontra le dos d’Eliad et le fit chuter au sol, mais il se releva bien vite sous le regard des mangemorts qui ne disaient toujours rien… Ils se tenaient sur leur garde, surveillant les sortilèges de Lellia afin qu’elle ne les frappe pas, mais se tenant toujours aussi droit dans leurs bottes, comme les sombres statues gardiens d’une arène.

Il esquiva la pierre qu’elle lui lança avec assez de facilité.

Il cherchait ses mots, mais sans les trouver. Il n’était pas question de convaincre quelqu’un de se rendre ici, il était question de la tuer tout simplement. Dans le silence le plus profond, simplement l’achever… La faire expirer dans son dernier souffle, alors que ses maîtres le regarderait faire avide de victimes.

« Qu’est ce qu’elle a fait pour que je doive la tuer ! »

« Cela ne te regarde en rien, nous avons nos ordres et tu dois t’en tenir. Nous savions que tu hésiterais alors nous avons déjà envoyé deux mangemorts au domaine de ton père, nous ne sommes pas loin de ton manoir, il est étonnant que tu n’ai rien remarqué. Si je n’envoie pas un signal lumineux dans le ciel dans moins d’une heure, tes sœurs seront toutes trois exécuté. Il n’est plus temps de faire marche arrière, sauve tes sœurs. Tue là, tue là ! »

Eliad pointa sa baguette, la précipitation l’entraîna à la viser directement, il n’essayait même plus de la rater, c’était elle ou lui, c’était elle ou ses sœurs.

« Incendio »

Il avait visé sa poitrine et attendait le résultat. Le mangemort à coté d’Eliad esquissa un sourire et décroisa les bras.

« Désolé, je n’ai rien contre toi, mais je dois le faire, je n’ai pas le choix… »

Il s’imaginait, non pire encore, il voyait les mangemorts tenter de pénétrer chez lui, défonçant la grande porte à coup d’épaules, car celle çi elle était protégé contre les sortilèges. Il les voyait réussir et investir le large hall d’entrée de son manoir. Il voyait l’elfe de maison s’interposer entre eux et ses sœurs, qu’il aurait fait se réfugier à l’étage. Il les voyait combattre l’elfe de maison, qui faisait tout son possible pour les tenir à l’écart, respectant sa promesse de toujours protéger la famille jusqu’à son dernier souffle. Pourquoi ils avaient envoyé les mangemorts, pourquoi cette précipitation ? Ils devaient vouloir quand même que son père paye d’une façon ou d’une autre, au cas où le fils échouerait à payer les erreurs du père. Le temps passait, et Lellia semblait toujours sur ses gardes.

Il lança un maléfice cuisant sur Lellia qui allait en ressentir la douleur s’il ne s’était pas montré trop maladroit… Il avançait maintenant vers elle, la baguette toujours tendue droit devant lui, se préparant à contrer sa riposte, le mieux possible…

[HJ: Désolée pour le retard et c'est un peu court mais je voulais pas forcer ton personnage à faire quoi que ce soit...même si je lui aurais bien donné une bonne giffle ]

Presque chancelante sur ses jambes, la boue s’accrochant à ses chaussures qui n’étaient de toute évidence pas faites pour affronter une telle épreuve, Lellia essayait de comprendre quels étaient les enjeux de ce combat. Elle avait entendu des bribes de mots mais rien de suffisant pour réussir à reconstituer une phrase complète. Et, malgré ses attaques Eliad semblait presque hésitant. Pourquoi ? Pourquoi hésiter alors qu’elle avait entendu les mots tragiques sortir de la bouche du mangemort ? Il devait la tuer, c’était ça sa mission, non ? Or, vu l’état d’énervement dans lequel se trouvait la Gryffondor, comprendre que tuer n’était pas une chose si facile à entreprendre ne lui venait même pas à l’esprit. Pour elle, le Serpentard était le méchant qui voulait la sacrifier et elle devait lutter pour sa survie. Voilà, c’était simple, lisse, manichéen.

Cependant, les choses ne semblaient pas si simple finalement, à peine le 6ème année eut il lancé un sort qu’il commençait à s’excuser, prétextant qu’il n’avait pas le choix ! C’était nouveau ça, depuis quand les apprentis mangemorts avaient ils des remords ? La tête pleine d’interrogations en tout genre, la brune n’eut pas le temps d’éviter le sort qu’on venait de lui lancer, les flammes commencèrent à s’agiter sous son nez en un rien de temps et dévorait déjà son manteau. Ne perdant pas le peu de self control dont elle disposait encore la jeune fille se débarrassa des flammes avant de marmonner quelques jurons inaudibles, si sa peau était intacte, son manteau ne pouvait pas en dire autant, un énorme trou puant et fumant c’était formé sur sa poitrine dévoilant un pull aux couleurs de sa maison, d’un rouge vif mettant en valeur sa peau halée. Mais ce n’était pas là le genre de réflexion qu’elle était capable de mener, enlevant le manteau maintenant bon à jeter, elle se rapprocha rapidement de son adversaire tout en lui hurlant dessus.

« Espèce de crétin ! Tu sais combien il m’a couté ce manteau ? Non ? Et bein t’auras intérêt à me le rembourser une fois que je t’aurais réglé ton compte ! »

Voilà qui était bien cavalier et légèrement irréaliste mais Lellia ne se cantonnait jamais à de telles considérations, non pour elle il était clair que personne ne mourrait ainsi, dans la boue, sous la pluie et dans l’anonymat le plus complet. Combien de temps mettrait-on à se rendre compte de sa disparition ? Et en combien de temps l’oublierait-on ? Une semaine ? Deux tout au plus mais qui partirait à sa recherche ? Personne. Elle ne pouvait compter sur l’aide de personne en cet instant, elle était seule, elle l’avait toujours été et finirait sans doute de la même manière. Mais elle refusait de mourir sans se battre ou parce qu’un gamin avait voulu faire mumuse avec les méchants. Elle ne serait pas une victime de bac à sable. Jamais !

« On a toujours le choix Eliad, ne te trouve pas d’excuses bidon ! Tu t’es mis dans la merde tout seul et je refuse de payer les pots cassés pour toi ! »

Tout en vociférant la jeune fille avait réussi à se rapprocher suffisamment près du Serpentard pour mettre un nouveau plan au point. A peine eut elle brandit sa baguette et murmuré un mot que des dizaines d’oiseaux s’en échappaient pour foncer sur son adversaire…en même temps qu’elle. Toute cette situation l’avait trop énervée pour qu’elle n’envoi que des sorts, elle voulait en découdre et avait une furieuse envie de donner une bonne gifle à ce sale gamin. Arrivée devant lui elle essaya de le renverser en lui donnant un bon coup d’épaule, chose plutôt difficile vu le sol glissant mais qui ne tente rien n’a rien, n’est ce pas ?

Il le savait. Au plus profond de lui, sans aucun doute, il le savait. Il ne voyait pas le futur mais il pensait savoir comment ça allait se terminer. Les mangemorts devaient rire sous capes de leurs exploits. C’était ça le secret de leur masque, pas seulement réussir à impressionner et faire venir la crainte, mais aussi à cacher le fait que la cruauté et le mal les faisait sourire. Qu’ils suivent leurs propres idéaux ou ceux de Voldemort, cela ne faisait plus aucune différence. Il n’était pas encore des leurs, pas tout à fait, ainsi il ne pouvait savoir qui se cachaient sous ces masques. Mais ils le sauraient sûrement à la fin de cette bataille…

« Ton manteau ? Mais c’est ici que se joue ta vie, et c’est maintenant qu’elle s’arrête, que tu le veuilles ou non. Je n’ai pas voulu ça ! Mais je n’ai pas le choix, je n’ai pas le choix ! »

Sa voix était pleine de désespoir. Il méprisait le regard qu’elle lançait sur lui, car il y voyait son reflet, amer et lourd. Pas d’échappatoire possible. Sa famille devait survivre à n’importe quel prix.

« Les seules excuses que je ferais, se feront sur ta tombe Lellia… Car à cette bataille, tu ne survivras pas. »

Il n’eut que le temps de finir sa phrase, que des dizaines d’oiseaux jaillissaient de la baguette de la jeune femme, alors que cette dernière fonçait sur lui. Il sentit un violent coup d’épaule heurter ses flancs alors qu’il avait essayé de l’éviter. Trop lent, Eliad, beaucoup trop lent…

D’un revers de la main, il tenta de lui faire perdre à nouveau sa baguette. Lui faire perdre sa magie, c’était prendre le moins de risques possibles, elle était adroite en sortilège. Se mettant à genoux rapidement sur le sol, il en profita pour envoyer de la boue à son usage… Sur son regard qu’il se mit à haïr, il y jeta l’opprobre et le masqua. Pour ne pas se voir lui-même. Pour ne pas voir les coups qu’il donnait…

**

L’elfe de maison se battait toujours contre les mangemorts venus dans sa maison. Il était caché derrière une table renversée et il se défendait du mieux qu’il pouvait, mais les deux magiciens sous cape étaient expérimentés. Ses deux sœurs étaient cachées dans sa chambre, alors que les fenêtres autour d’elle explosaient sans cesse. Y avait-il un troisième mangemort, ou était-ce seulement les combats qui faisaient vibrer le verre jusqu’à le briser ? Les débris de vase s’empilait au sol, au rez de chaussée maintenant dévasté, ce qui avait été un endroit d’accueil luxueux pour les plus puissants sorciers, semblait n’être plus que ruine. Un sortilège effleura l’elfe de maison entailla son bras, mais n’affaiblissant pas sa détermination. Il avait juré sur sa vie de toujours protéger sa famille… Tout comme Eliad après la disparition de son père…

**

C’était sa promesse personnelle. Petit à petit, ils se rapprochaient de la falaise, alors que les mangemorts avaient cessé de les suivre, se contentant de les observer de loin.

Un coup de poing dans le ventre, réussi ? Echoué ? Sans même essayer de savoir, il envoyait une nouvelle fois son poing dans les airs. Où était sa baguette ? Seuls ses poings servaient. Il n’était plus qu’un animal voulant blesser a mort.

« Je crois que tu as raison finalement… Je ne peux plus être sauvé, mais je dois sauver mes sœurs. C’est tout ce qui me reste. »

Quel est le prix que je vais payer pour sa vie ?

Quel est le sort… qu’on donne à ceux qui donnent la mort ?

Je dois savoir, je dois pouvoir… Agir, tuer…

Et dire adieu à toutes mes larmes… A jamais.

Eliad poussa un cri de douleur déchirant le rideau de pluie alors que les griffes de la jeune fille venaient de pénétrer dans sa chair et y avaient laissé une marque pour plusieurs jours. Laissant des sillons rouges et sanglants Que faisait-il actuellement, à part se battre pour le camp des méchants ? Pour le camp des tueurs ? Il n’avait pas sa place ici… Elle lui assena un nouveau coup de poing et il sentit son nez se briser, alors que le sang coulait sans répits. Dés lors, il n’arrivait plus à respirer, il devait se contenter de souffler par la bouche, et respirer comme si ses poumons allaient éclater, alors que l’eau de pluie s’engouffrait sous ses lèvres coupées elle aussi. Ses vêtements déchirés semaient des lambeaux sur le sol et son sang se mêlait à la boue. Il ne savait pas pourquoi il se battait mais il le devait. Pour ses sœurs, sa famille… Pour sa propre survie. Il la repoussa tant bien que mal alors qu’un autre coup de sa part l’amena à cracher plus encore. De la salive, du sang… Les mangemorts restaient toujours de glace, ils savaient bien qu’il ne pouvait y avoir qu’un gagnant, et même si Eliad perdait, le sort de Lellia en était scellé. Alors pourquoi leur avait-il demandé de faire cette mise à mort, cette simple mascarade ? Pourquoi était-ce obligatoire alors qu’il se battait à mains nues et désarmés ? Pas le moyen le plus rapide pour tuer quelqu’un…

« En tant que mangemort, il me restera… Ma famille… »

Pour Lellia, cela ne voulait sûrement rien dire, mais pour lui c’était le signe avoué qu’il ne les aidait qu’à cause de leurs menaces. Le choix ne lui était pas laissé. Comme depuis son enfance, tout n’était que linéarité, un avenir déjà tracé depuis longtemps…

« Je n’ai pas le choix, je ne l’ai jamais eu, une vie pour ma famille, une vie contre ta mort, adieu Lellia. »

Un coup de genoux pour la déstabiliser et il put ainsi se remettre droit. Un autre coup de poing pour l’entraîner en arrière, un autre pour lui faire perdre l’équilibre alors que la falaise était toute proche maintenant. Il ramassa sa baguette retrouvée sur le sol alors qu’il la regardait maintenant le regard perdu dans le vide…

« Je n’ai pas le choix… Je n’ai pas le choix ! »

« Endoloris ! »

Un éclair sauvage frappa de plein fouet Lellia avant qu’elle ne bascule dans le vide... Il la vit disparaître de son champ de vision alors qu’il se mit à rattraper la distance qui le séparait d’elle. Il s’agenouilla avant de glisser et observa le sol en dessous de lui, mais à part les multiples vagues qui venaient se jeter sur les récifs en contrebas, il n’y avait plus trace de Lellia.

« Lelliaaaaaa »

Il l’appela pour savoir si elle était encore en vie, mais il ne la voyait pas, même en observant l’écume, ou en observant les rochers… Il se précipita sur les mangemorts en courant, le visage tuméfié, chaque pas de course faisant tressauter les quelques côtes cassées qu’il devait avoir. Mais arrivé près d’eux, ils transplanérent juste devant lui, avant qu’il n’ait le temps de leur parler… Surpris, il glissa sur la boue avant de se rappeler sa maison assaillie par les mangemorts. Il lui restait tant de distances à parcourir… Ses jambes avaient du mal à le porter, il ressentait l’envie de rester au sol tout comme il sentait la perte de conscience, mais il ne pouvait pas se laisser aller… Ses sœurs étaient en danger.

Il continua sa course folle jusqu’au manoir. Devant l’entrée, des flammes gigantesques, les champs avaient presque entièrement brûlés, mais la pluie avait permis d’arrêter l’avancée des flammes. La grande porte était ouverte, la serrure explosée à l’aide d’un sortilège, il se précipita à l’intérieur pour apercevoir que le feu avait progressé même dans la maison. Les meubles étaient retournés et il y avait des traces de sortilèges partout… Avant de grimper à l’étage, une main à l’apparence décharnée au sol, attira son attention. Il courut vers l’elfe de maison qu’il retrouva mort…

La peur s’empara de lui comme un poignard planté directement dans son cœur, il gravit les escaliers qui le conduisait aux chambres avant de tambouriner à coup de poing sur la porte. Celle çi étant ouverte, il trébucha sur le sol, ses yeux scrutant la pièce pour trouver ses sœurs.

« Où êtes-vous ! »

Le lit était retourné comme si des personnes avaient voulu se protéger derrière. Il se rapprocha lentement, par peur de voir les corps de ses sœurs sur le sol… Mais il n’y avait rien. Il respira profondément, mais cela n’enlevait pas l’inquiétude qui continuait de s’emparer de lui. Où étaient les êtres chers qui comptaient pour lui ? Il sortit de la chambre en hurlant leurs prénoms à toutes les trois. Encore et encore, mais aucune réponse… Il se rua dans les autres pièces mais c’était encore le néant qui l’accueillait. Il tomba au sol, les larmes coulaient de ses joues. Il se tint le visage et se laissa aller. La mort de Lellia, ses sœurs disparus, probablement mortes, mais qu’avait-il fait ? Pourquoi ? La mort pour seule récompense…

Mais il reprit soudainement conscience lorsqu’il entendit une porte s’ouvrir puis se refermer aussitôt. Il ressortit dans le couloir et s’approcha d’une porte fermée qu’il ouvrit à grande volée. Ses sœurs étaient là devant lui… Il s’approcha timidement avant qu’Anja ne prenne l’initiative et ne vienne se blottir dans ses bras. Alors qu’Elza et Erin choisissaient de rester en arrière, visiblement encore bouleversé. Anja prit alors la parole pour les trois.

« Je suis là, ça va aller… »

« Où est notre elfe de maison ? »

« Il vous a bien défendu… Mais il n’a pas survécu, il a combattu jusqu’au bout. »

Erin qui était fortement attaché à cette créature se mit à sangloter.

« Venez, il ne faut pas rester là, je vais vous accompagner chez quelqu’un qui prendra soin de vous. Mais pourquoi êtes vous donc sortis de l’école ? »

« On nous a dit qu’un malheur était arrivé et que l’on devait rentrer chez nous au plus vite… On avait une autorisation spéciale des Carrow, on n’en sait pas plus… »

« Venez avec moi, je vais vous conduire à un ami de la famille qui veillera sur vous… Je vais m’occuper de tout, vous allez voir, ils ne reviendront plus. Mais vous ne pouvez pas rester ici, c’est bien trop risqué. »

« Mais pourquoi tu saignes comme ça ? Tu t’es battu contre eux ? »

« Ne t’en fais pas pour ça, j’ai fait ce que je devais faire pour m’assurer que vous soyez en sécurité… Venez maintenant. Il faut partir, vous ne devez en aucun cas retourner au manoir, pas avant que je ne vous le dise…»

Ils descendirent ensemble les escaliers pour atteindre l'extérieur et Eliad veilla bien à ce qu’Erin ne puisse pas voir le corps de l’elfe laissé à terre.

« Anja, fais les transplaner jusqu’à Londres, je vais envoyer un hibou à un ami proche qui va vous protéger, il saura vous retrouver lui, mais ne quittez surtout pas Londres et restez bien là ou il y a du monde. Au revoir… »

Anja, sans dire un mot de plus, s’exécuta. Eliad, d’une main tremblante, rédigea à toute vitesse une lettre et fit partir l’un des hiboux qui ne s’étaient pas encore enfuis, dans la minute qui suivit…

Puis il s’effondra sur le sol et se tenant la tête dans ses mains, observa lentement les flammes finir de ronger quelques parcelles du manoir, avant que la pluie ne termine leur œuvre. Puis sans s’en rendre compte, au milieu des champs brûlés et de la terre cramoisie, il finit par s’évanouir…