[HJ : désolée, la moitié de mon RP est écrit à la première personne, je n'ai absolument pas fait attention lors de son écriture, je ferai attention la prochaine fois, c'est promis, désolée encore ! ]

L’or fondu de ses yeux aurait sans doute mené à la fonte du plus redoutable des glaciers, j’en détachais donc mes prunelles azurées avec prudence, de peur de m’y noyer, et m’en retournais à mon bain indécemment chaud et parfumé. Savant mélange de fascination mêlé d’une pointe légère d’agacement, je songeais à ces yeux étranges, qui, par leur simple éclat, qui par leur teinte mordorée, brisait les barrières de distance et de hauteur que j’accordais au monde, aux gens et aux choses. Le sang coulait en long filament sur sa joue, tranchant de sa violente couleur écarlate sur le teint brunâtre du garçon. La beauté presque fragile du Serpent me déroutait. La candeur sublimée par une pointe d’étrange.

Il n’avait pourtant rien du garçon que les filles s’arrachaient. Svelte, la douceur presque féminine de ses traits réguliers, les perles d’argent voguant doucement sur l’océan doré de ses yeux, il n’avait pas une beauté populaire, stéréotypée, mais plutôt un charme indescriptible ment fascinant, un incroyable hypnotisme qui le rendait presque étrange. Si mes traits n’expriment jamais rien d’autre qu’un désarmant stoïcisme, les siens respiraient une sympathie ternie par une pointe persistante de mélancolie qui se logeait même dans le plus profond de ses prunelles.

Le jeune homme accepta simplement ma proposition polie, avant que sa pudeur ne l’entraîne à l’abri de l’océan turquoise de mon regard afin de se dévêtir. Il revint vite, une serviette immaculée autour de ses hanches, contraste foudroyant avec le caramel tendre de sa peau, puis glissa sans plus tardé son corps souillé et meurtri dans l’eau chaude, relaxante et parfumée que j’avais fait couler il y’a de cela quelques instants.

Un silence gêné s’installa alors entre mon compagnon de bain et moi. Trop fière et trop hautaine pour engager la conversation, sûrement lui était-il un peu embarrassé. Je le fixais simplement, de mon regard toujours glacé pour faire bonne mesure, le regardant triturer plusieurs bouteilles de shampooing. Je sut que le dilemme s’était achevé lorsque je sentis une délicate arôme de vanille embaumer la pièce et lorsqu’il cessa de s’agiter. Il s’adressa donc à moi, et si je fus quelque peu déçue de la phrase bateau et incontournable avec laquelle il avait engagé la conversation, je n’en fis rien paraître :

- Moi, c’est Svetlana.

Néanmoins le ton de sa voix était complémentaire au mien. Joyeux et enfantin, qui, par son naturel et sa candeur, adoucissait la formalité du mien, trop peu approprié, si peu enfant. Il apportait une touche de sincérité juvénile là ou je mettais une distance implacable, et, ainsi, rééquilibrait la conversation, la ramenant à ce qu’elle était réellement, celle de deux préadolescents. Il souriait, plus à l’aise à présent. Cette entrée quoique banale dans la discussion et ce bain revigorant l’avaient ragaillardi, il poursuivit donc dans sa lancée, résolu à présent d’entreprendre une conversation avec moi.

Il parlait devoirs. Trois parchemins sur les Inféri, il est vrai, c’était beaucoup, néanmoins, le cours s’était avéré absolument passionnant, et Svetlana avait trouvé en Rogue un modèle de fierté, de prestance et d’orgueil auquel elle serait prête à vouer son admiration. Peu importe les professeurs, elle aurait aimé épater celui-là, elle aurait voulu qu’un léger sourire fende les commissures de ses lèvres impassibles devant son travail. C’est pourquoi en fin d’après-midi elle avait filé à la bibliothèque, recueillant dans cette spectaculaire mine de culture toutes les informations possibles et imaginables sur les Inféri, s’attelant au travail avec une détermination proche de l’acharnement.

- Je l’ai achevé, mais il me reste plusieurs choses à peaufiner. J’aime que les choses soient parfaites. C’est vrai, trois parchemins, c’était plutôt long, mais le sujet, bien que traitant de magie très obscure, était passionnant. N’as-tu pas trouvé ?

Le garçon avait plutôt l’air intelligent, et Svetlana aimait discuter des études. Sujet enrichissant, loin d’être futile et plutôt informel qui n’intimait en rien une entrée dans la vie privée de chacun. Les études menaient à tout. A une carrière, à un destin et à une culture qui régissait toute notre vie sociale, nous classant parmi les bons ou parmi les mauvais. La stupidité était un fléau. J’en avais peur autant que je l’exécrais, mal humiliant et ravageur impitoyable de formidables desseins.

Voilà pourquoi je voulais faire partie des meilleurs. L’ambition menait à tout. Le dénuement de cette qualité menait à la perte, à la déchéance des rêves d’enfant. Atteindre le sommet ne devient alors plus qu’un désir inaccessible, intouchable, et je ne veux pas devenir comme ces gens, relayés par eux-mêmes au second rang, par peur de l’exploit, parce qu’il est plus facile de se noyer dans la défaite que de nager dans la victoire. Je refusais d’être faible.

Un agacement incompréhensible m’avait submergé, je ne savais comment ni pourquoi, mais je répondais avec un ton un peu plus cassant que nécessaire au jeune homme :

- Ce n’était pas si compliqué…

Se pouvait-il qu’il fasse partie des faibles. Premier obstacle, abandon. Je ne voulais y croire. Ce garçon semblait trop différent, trop étrange, trop mystérieux, pour que sa philosophie soit celle de l’abandon et de la lâcheté. Je sentais en ce garçon quelque chose qui me plaisait, quelque chose que je ne retrouvais pas chez les autres élèves, un plus indescriptible qui faisait de lui quelque un d’à part, peut-être l’or de ses yeux sur un visage à la beauté d’enfant, peut-être sa voix chaleureuse et insouciante qui perçait, chaude, aux côtés de la glace de la mienne, ou peut-être était-ce simplement le tout qu’il formait, mystérieusement beau, étrangement juvénile, combinaison de facettes opposées pour un résultat pour le moins troublant…