[Samedi 27 février 1998
Fait suite au cours de transplanage]

Le professeur s'était retourné vers lui. L'horreur couvrit son visage un instant ; il l'autorisa à partir. Le septième année le gratifia d'une signe de tête reconnaissant, ponctué d'un remerciement audible. Il commença à préparer ses affaires, à remettre dans la sacoche parchemins, encre et plume par des gestes vifs, mais mesurés. Rapidement, il fut prêt à partir. Ses lèvres bougèrent légèrement, alors qu'il annonçait à Pénombre qu'ils se verraient plus tard.

Ses yeux remontèrent sur le professeur et il passa la anse de son sac sur son épaule. Après avoir salué comme il convenait l'enseignant, l'asiatique alla pour quitter la pièce. Son ample robe de sorcier flottait légèrement alors que son pas rapide le menait à la sortie. La douleur occasionnée par le frottement des vêtements l'obligeait à serrer les dents. Surpris par un énième élancement, il lâcha la poignée de la porte. Celle-ci claqua derrière lui. Il sursauta.

Les battements erratiques de son cœur revinrent à la normale alors qu'il marchait vers l'infirmerie. Seule Miss Teigne croisa sa route, mais la chatte ne lui accorda qu'un regard dédaigneux avant de bifurquer à un couloir. Lui monta à l'étage au-dessus et se dirigea vers l'infirmerie. Ses doigts heurtèrent le panneau de bois qui en fermait l'accès. Il donna quelques coups secs, puis ouvrit. Mme Promfresh - dragon auquel faisait sans doute référence la devise de Poudlard – abandonna immédiatement son occupation.

« Un furunculus je suppose ? Asseyez-vous sur l'un des lits du fond. »

Il s'exécuta, non sans avoir confirmé le diagnostique. Quelques heures plus tard, il n'avait pas quitté son perchoir. Le jeune homme avait eut beau arguer de sa condition de préfet, du devoir à accomplir, elle n'avait rien écouté. Carrow et Rogue à la tête de l'école ou non, représentant des Serpentard ou pas et tout élève en pleine possession de ses moyens qu'il soit, elle avait refusé toute objection en bloc. Se trouvant sur son territoire, le malchanceux asiatique avait du se plier aux exigences de la femme.

L'heure avait donc tourné alors qu'il comptait les fissures du plafond. Le faible espoir qu'il avait eu de voir Pénombre se tarissait petit à petit. Il dut se résoudre à l'idée de ne la croiser que le lendemain. Maigre consolation, Drago Malefoy n'avait pas ressenti le besoin de venir faire le beau à son chevet. Il n'aurait pourtant pas été surpris de le voir arriver entouré de ses deux gorilles imbéciles. Il n'aurait pas su dire si c'était la blondeur ou la dégénérescence due à la consanguinité, mais l'ancien préfet n'avait jamais été très malin dès qu'il s'agissait de savourer sa victoire. Peut-être avait-il, enfin, un peu grandi.

Se montrer mesquin ne l'occupa pas longtemps non plus. Seymour eut tôt fait de constater qu'au final, il se moquait bien de son agresseur. Ô ! il lui ferait laver l'affront qu'il lui avait fait, mais au-delà des considérations strictement morales, le Vert et argent l'indifférait. Il se reposa alors un peu, profitant du lit pour rattraper quelques heures de sommeil que les rondes grignotaient. Enfin il s'était réveillé, lorsque Seth était venu babiller joyeusement à côté de lui. Celui-ci n'était cependant pas resté longtemps. Trop bruyant au goût du Dragon, celui-ci l'avait mis dehors, arrachant à l'aîné un rire mal contenu. Mais lorsque le calme fut revenu, il ne sut plus quoi faire. Et il ne fit rien.

Un coup d'œil à sa montre l'informa que le temps s'était largement écoulé. 20H10. Mme Pomfresh vint lui donner l'ultime potion infâme qui complétait le traitement et l'informa qu'elle allait manger et se reposer. Pour tout problème, elle lui confia la marche à suivre pour la joindre et l'incita fortement à s'endormir vite. S'il put échapper à la potion de sommeil sans rêve, ce fut à ses yeux un miracle. Pomfresh devait avoir assez de caractère pour être capable de faire avaler de gré ou de force ses remèdes à Dumbledore lui-même, du temps où il était vivant. La vision du vieux directeur allongé sur un lit, sirotant une potion à la paille sous le regard inquisiteur de l'infirmière le fit doucement rigoler. Puis il retrouva son sérieux, alors que la porte se fermait.

Le bon temps n'était plus. Cette simple constatation ramena chez lui un souvenir plus proche. Le jour de la rentrée. La promesse à Yuan Feng de le tenir au courant de tout changement, de tout événement un peu insolite concernant les deux frères à Poudlard. Se prendre un sort du fils Malefoy en était sans doute, et il devait de toute façon rédiger sa lettre hebdomadaire.

Ses doigts attrapèrent sa baguette et d'un sort informulé – entrainement pour le cours de sortilège oblige – il fit venir à lui sa plume, l'encre et du parchemin. Sa sacoche se referma doucement au pied du lit ; il posa son instrument. Le bout gratta bien vite le rouleau, le recouvrant de sa fine écriture oblique. L'extrémité de la plume caressait parfois ses lèvres, lorsqu'il cherchait ses mots. Ce fut dans cette position – à moitié assis sur le lit, le dos surélevé contre un coussin qu'il avait grossi magiquement – qu'il se trouvait lorsque la porte s'ouvrit à nouveau. Un coup d'œil inquiet l'informa qu'il ne s'agissait pourtant pas du Dragon. Pénombre était là. Il sourit.

«J'espérais que tu viendrais. »