C’était vraiment comme cela que la demoiselle aimait passer ses soirées. Dans la tranquillité et le silence de la bibliothèque. L’endroit lui semblait être réconfortant. L’odeur des vieux livres lui plaisait extrêmement, elle se sentait plutôt dans son élément. Blanche était assise à une grande table, plutôt au fond de la bibliothèque, entourée de quelques piles de livres. Elle avait passé l’après-midi là et maintenant qu’elle avait terminé d’étudier, la jeune femme lisait des textes quelconques, sur tout et rien.

Le samedi était clairement une de ses journées favorites. Certes, elle adorait aller en cours, mais lorsque la fin de semaine arrivait, elle avait encore plus de temps pour étudier et s’instruire de son côté. La française soulagea de contentement, souriant de manière presque béate parce qu’elle était heureuse. Sa semaine avait été vraiment plaisante et satisfaisante. Elle avait rencontré de nouvelles personnes très sympathiques.

Il y avait Emmanuel. Les circonstances dans lesquelles elle l’avait rencontré étaient quelques peu embarrassantes, mais cela n’était pas bien grave, ils étaient tout de même devenus amis. Enfin, elle espérait. Il était gentil, considérant qu’elle était entrée dans la salle de bain des garçons alors qu’il était alors en train de faire usage des urinoirs. Elle se souviendrait sûrement de ce jour pour très longtemps, mais probablement que lui aussi. Maintenant que la demoiselle y repensait, c’était plus comique.

Et bien sûr, elle avait aussi rencontré le charmant jeune homme russe qui avait aussi été très sympathique. Un peu trop pressé à son goût, mais quand même très gentil. D’ailleurs, elle traînait sa chemise dans son sac depuis jeudi, espérant le croiser dans les couloirs pour lui remettre. L’étudiante était un peu gênée de penser à lui parce que lorsqu’elle le revoyait dans sa tête, il était torse nu. Elle n’avait pas l’habitude de penser à des hommes aussi dénudé. Il fallait tout de même dire que le russe -elle évitait de penser à son prénom, car elle était convaincue qu’elle allait sûrement tout se mêler en essayant de le prononcer- était resté torse nu presque tout le cinq minutes qu’ils avaient passés ensemble. La jeune femme essayait toutefois de se convaincre qu’il avait retiré sa chemise vraiment pour lui couvrir les épaules et non pas pour la gêner d’une quelconque manière.

Se rendant finalement compte qu’elle s’était égarée dans ses pensées, la française essaya de retrouver sa ligne. Elle recommença à lire les premiers mots, puis se rendit compte qu’elle n’avait plus envie de lire un livre sur l’histoire du quidditch. Certes, le quidditch était un sport intéressant, mais elle pouvait affirmer préférer d’autres sujets. La blonde se leva, déposant le livre sur le dessus de la pile. Elle se promena un peu devant les étagères, glissant ses doigts sur les livres en regardant rapidement les titres. Elle s’était vêtue d’une simple jupe plissée grise à carreaux, terminant un peu plus haut que ses genoux et un chemisier mauve. Depuis qu’elle avait constaté que le vent se faisait de plus en plus frais, elle traînait presque toujours une veste avec elle. Elle l’avait cependant laissée traîner sur sa chaise, alors qu’elle allait dans l’autre rangée de livres, cherchant toujours un bouquin intéressant à explorer. C’était si désert aujourd’hui… Il est vrai qu’elle ne connaissait pas beaucoup d’étudiants qui seraient allé passer un samedi après-midi à la bibliothèque. Normalement, ils sortaient et allaient sur le chemin de traverse, d’après ce qu’elle avait pu comprendre.

Voyant finalement un titre qui l’attirait, elle vint tenter de sortir le livre, mais il était trop haut. Même sur la pointe des pieds, elle touchait à peine le bouquin. Soupirant un peu, elle se hissa encore une fois sur la pointe de ses pieds, ses doigts touchant un peu plus au livre.

" Aller bouquin! J'aime pas grimper dans l'échelle, me force pas s'il-te-plaît..." murmura-t-elle à l'intention du livre.

Peut-être qu'il lui faudrait monter dans l'échelle -excessivement trop dangereuse pour une personne maladroite comme Blanche- finalement...

Andrzej sillonnait les couloirs de l'Uma d'un pas vif, laissant dans son passage de nombreux regards médusés. Il n'était ici que depuis un an mais sa réputation avait vite été faite. Il était en effet de notoriété publique que le russe avait la bougeotte et quittait le campus dès qu'il avait un moment de libre pour s'adonner évidement à son activité favorite, à savoir courir les filles. Même si ce n'était pas toujours le cas et qu'il sortait également pour d'autres motifs – il ne passait tout de même pas tout son temps dans les bras de jolies demoiselles – le slave ne contestait en aucune façon les rumeurs. Cela faisait partie de sa légende après tout, il n'allait certainement pas se plaindre de ce genre de réputation. C'est pour cette raison que cela était totalement aberrant pour ceux qu'il rencontrait que le brun reste enfermé à l'université un samedi après-midi ! C'était inimaginable, encore plus impossible que de voir un Ronflak Cornu, une vision même de mauvais augure pour les accros à la divination...

Heureusement, ces derniers pouvaient échapper à la crise cardiaque, Andrzej n'était pas resté dans les locaux pour étudier ou du moins s'il le ferait cela serait évidement avec une arrière-pensée. Il s'avérait en fait que le soviétique était à la recherche de l'élusive blonde qu'il avait rencontré dans le parc. Certes, cela n'avait été qu'un bref échange sous la pluie mais le physique prometteur de la belle l'avait poussé à un nouveau défi qu'il s'était donné à lui-même, celui de la séduire. En temps normal, il avait bien peu de problèmes pour coucher avec celles qui l'intéressait mais l'étudiante concernée n'était pas son type habituel de cible. C'était encore une jouvencelle timide et intello, ce qui n'était carrément pas le style du slave mais peu importait. Cela donnerait un peu de piment de la corrompre. Il allait sans dire qu'il était intimement persuadé qu'elle succomberait à ses charmes.

Le jeune Miaskovski parcourut encore quelques mètres et se trouva enfin devant la Bibliothèque, lieu dans lequel il n'avait encore jamais mis les pieds. Ce n'était pas que le sorcier n'étudiait jamais, mais qu'au contraire il en faisait le moins possible. Il avait bien d'autres priorités. Pourquoi ferait-il autrement ? Après tout, il avait des facilités ; une excellente mémoire et une grande puissance magique. Cela suffisait amplement pour réussir allègrement ses examens. Et quand il arrivait que certaines notes ne soient pas assez hautes, il savait toujours comment les faire changer à son avantage...

Toujours était-il que la Bibliothèque était encore vierge de sa présence, ce qui bien sûr allait définitivement changer d'ici quelques secondes. En effet, Andrzej était convaincu que la studieuse Blanche se trouvait à l'intérieur, aussi il n'avait pas prit la peine de regarder encore ailleurs. Quand il avait fait sa connaissance, elle avait eu les bras encombrés de livres, signe évident de son amour des études et donc de cet endroit à l'atmosphère si étouffante. Mais soit... Le russe était prêt à faire quelques sacrifices pour parvenir à ses fins.

Le slave franchit alors le seuil et sans grande surprise constata que c'était carrément désert. Ce n'était guère étonnant. Qui voulait vraiment s'enfermer dans une bibliothèque un samedi, surtout quand le temps était encore agréable ? Néanmoins, le brun tint sur sa résolution et avança dans la salle, regardant dans les rayonnages au fur et à mesure de son avancée. Il semblerait d'ailleurs qu'il avait parlé un peu trop tôt, il y avait quand même quelques âmes esseulées attablées par ci et là, en train de plonger pitoyablement leurs têtes dans de vieux bouquins poussiéreux. Mais jusqu'ici nulle trace de la française...

Arrivé vers le fond de la pièce, il remarqua une table encombrée de livres mais personne autour pour les consulter. Un sourire aux lèvres, Andrzej fut alors certain qu'il s'agissait du lieu de travail de l'étudiante qu'il recherchait. Une forte intuition qui s'avéra exacte lorsqu'il la vit dans une allée en train de tenter désespérément d'atteindre un ouvrage situé bien au-dessus d'elle. Une image qui pouvait sembler risible pour certains mais qui pour le soviétique offrait une opportunité qu'il allait s'empresser de profiter. Aussi, tel un prédateur, Andrzej fondit immédiatement sur sa proie encore inconsciente de sa présence.

- Besoin d'aide peut-être... susurra-t-il soudain à son oreille.

Il semblait y avoir une constante dans leurs rencontres, il y avait toujours des livres impliqués... Lançant un sourire des plus charmeurs à la blonde sorcière, l'étudiant tendit le bras et attrapa aisément le bouquin qu'elle s'acharnait à prendre, ses doigts frôlant ceux de Blanche.

- Ça va depuis la dernière fois ?

Elle apparaissait en pleine(s) forme(s) en tout cas... Et même encore plus en beauté. La pluie avait eu du bon, notamment sur ses vêtements :sifle: , mais les cheveux secs étaient bien plus seyants sur la demoiselle.

- Alors c'est pour les études ou le plaisir ? demanda-t-il en lui indiquant le livre qu'il tenait toujours à la main.

En fait, Andrzej n'avait même pas pris la peine de regarder de quoi il s'agissait. Si c'était un bouquin d'histoire ou un roman à l'eau de rose, il n'en savait absolument rien. Ses yeux étaient restés plongés dans ceux de la jolie étudiante qui se trouvait tout contre lui.

La française regarda l’échelle qui se trouvait un peu plus loin dans la rangée en soupirant. Elle avait trop peur de monter dessus. La jeune femme s’apprêtait à abandonner son entreprise, mais à ce moment exact, un frisson parcouru sa nuque. Juste avant les quelques paroles du slave, elle avait sentit son souffle chaud dans son cou, ce qui la fit tout d’abord figer, puis bondir. Elle ne s’attendait clairement pas à ce que quelqu’un lui murmure quelque chose à l’oreille. De tout l’après-midi, personne ne s’était aventuré au fond de la bibliothèque et donc elle était habituée au silence constant. Elle se mangea presque les livres de la tablette en pleine figure lorsqu’elle bondit, mais heureusement, la demoiselle avait très rapidement reconnue la voix du russe. Elle ne se souvenait pas avoir entendu une autre voix avec un tel accent depuis leur rencontre et donc en quelques secondes, l’identité de son « assaillant » était assez claire.

Blanche comprit alors ce qu’il avait dit. Dans sa surprise, elle n’avait pas comprit ce que l’étudiant lui avait susurré à l’oreille. Elle sourit un peu, le voyant prendre le livre avec une grande facilité. L’étudiante se tourna alors vers le russe, son dos collé à l’étagère de livre et regarda un peu le jeune homme.

« Ça va bien… Et toi? » demanda-t-elle tout sourire.

Il l’observait encore. Il la détaillait, comme il avait fait sous l’arbre. Elle ne savait pas vraiment pourquoi, cela la rendait quelque peu perplexe. Il avait l’air pas mal semblable à la dernière fois, mais il portait une chemise et il n’était pas tout mouillé. D’ailleurs, cela lui rappelait de lui donner sa chemise qui était toujours dans son sac. La jeune femme observa un peu le livre, mais elle remarqua bien rapidement qu’il avait les yeux profondément fixé dans les siens. Ses yeux restèrent quelques instants dans les siens, mais elle les détourna ensuite, un peu intimidée par son regard.

« Pour le plaisir… Merci d’être venu le prendre, j’étais sur le point d’abandonner. » dit-elle en relevant la tête vers lui.

Elle sembla se perdre un peu dans ses pensées pour un court instant. En fait, elle se demandait si le russe était vraiment du genre à venir étudier à la bibliothèque. Il n’avait pas particulièrement l’air d’une personne qui venait passer un samedi après-midi dans une bibliothèque, surtout pas dans le fond complètement, loin de la civilisation. Mais elle n’allait certainement pas se faire des idées, Blanche savait bien qu’elle n’était pas le genre de la majorité des garçons. Elle s’était fait à l’idée il y avait déjà longtemps. Les garçons ne voulaient pas vraiment des intellos qui avaient plus de plaisir dans une bibliothèque que dans un pub ou un bar. Et Andrzej faisait assez évidemment à son goût parti des gens plus populaires.

« Tu ne sembles pas le genre de personne à venir à la bibliothèque le samedi… Je ne te connais pas beaucoup, donc j’imagine que je peux me tromper, mhm? » demanda-t-elle en laissant son regard se balader de manière lasse sur son visage.

Blanche se rendit compte seulement à ce moment de comment près ils étaient l’un de l’autre. Il devait forcément avoir quelque chose sur lui à propos d’entrer dans les bulles personnelles. Cela ne la dérangeait pas vraiment, mais elle était convaincue que ça ne plaisait à toutes les demoiselles qu’il rencontrait. Elle repensa alors à la chemise qui était toujours aussi sagement dans son sac.

« J’ai ta chemise dans mon sac, comme je t’avais promis… » dit-elle, sans toutefois faire un mouvement qui démontrait qu’elle était pour aller chercher la chemise.

Au fond, elle devait s’avouer qu’elle était bien confortable ainsi. Enfin, elle ne voulait pas réellement s’avouer que cela lui plaisait. Comme elle n’allait certainement croire réellement qu’il n’était allé dans la bibliothèque seulement pour la trouver. Elle préférait penser qu’il était un étudiant très studieux qui prenait plaisir à venir aider des étudiantes en détresse dans la bibliothèque. La française se plaisait bien dans cette ignorance… Comme dit plus tôt, Blanche savait que trop bien qu’elle ne plaisait pas aux hommes populaires. Mais ce n’était pas bien grave car la demoiselle était persuadée qu’un jour elle ferait la rencontre d’un prince charmant et qu’ensemble ils vivraient une histoire de conte de fée. En fait, c’était surtout son esprit de petite fille qui lui faisait croire que cela se passerait, mais son sens terre à terre lui disait que cela n’était pas possible. Son frère lui avait déjà dit qu’aucun homme ne pourrait être à sa hauteur, mais elle savait que c’était seulement parce qu’il ne voulait pas que personne s’approche d’elle, comme tout bon grand frère protecteur. Il la faisait bien rigoler. Blanche reporta son attention sur le livre que le jeune homme tenait toujours dans sa main. Elle posa sa main sur le livre, voulant le prendre pour débarrasser sa main. Une fois qu’elle eu le livre entre les mains, elle le serra contre elle.

« Tu veux que je te la redonne tout de suite…? » lui demanda-t-il en se décidant finalement à faire quelque pas dans la rangée, sans vraiment attendre la réponse du slave.

[HJ : vraiment désolée pour le retard ]



Même si sa présence soudaine l’avait surprise, Blanche semblait tout de même ravie de le revoir, ce qui bien entendu n’était pas fait pour déplaire au soviétique qui avait pour but précis de la séduire. Cela prouvait bien qu’il lui avait fait une bonne impression, chose dont il n’avait pas été totalement persuadé malgré sa grande assurance. Andrzej avait craint au premier abord d’avoir été trop insistant lors de leur courte rencontre, il avait toujours tendance à l’être quand il était intéressé par quelqu’un, même si cet intérêt était le plus souvent éphémère. Du reste, le brun était un être tactile qui ne pouvait s’empêcher de chercher le contact, d’autant plus quand la personne s’avérait être une si jolie demoiselle... Néanmoins, il savait pertinemment que cette audace qu’il déployait – un sang gêne selon certains – ne plaisait pas forcément à tout le monde. Aussi, il était ravi que cela ne fusse pas le cas avec la blonde. Certes, elle était toujours aussi timide et possédait encore cet air effarouché de vierge inaccessible, mais son sourire en le voyant voulait tout dire...

Légèrement maladroite, ou trop troublée par sa subite proximité, la jeune femme faillit rentrer la tête la première dans les rayonnages. Heureusement pour elle, elle se rattrapa à temps mais Andrzej, toujours aussi gentleman quand il fallait l’être, fit semblant de ne pas s’en être rendu compte. Il ne voulait pas la mettre mal à l’aise et encore moins lui faire croire qu’il se moquerait d’elle. Ce n’était pas du tout son intention. L’étudiant regarda stratégiquement le livre qu’il avait récupéré pour Blanche, avant de replonger ses yeux sombres dans les siens et de répondre calmement avec un petit sourire.

- Ça va beaucoup mieux maintenant que je t’ai revu...

Certainement pas sa meilleure réplique... C’était d’ailleurs le genre de phrases que bon nombre de séducteurs à la petite semaine distillaient mais tant pis... Après tout, le brun ne faisait pas vraiment dans la finesse et peut-être que c’était le genre d’approche qui marchait mieux avec le genre de femme qu’était Blanche.

- Tu ne sembles pas le genre de personne à venir à la bibliothèque le samedi… Je ne te connais pas beaucoup, donc j’imagine que je peux me tromper, mhm?

L’air malicieux, Andrzej s’appuya contre la bibliothèque en riant légèrement. Elle avait beau ne pas le connaître mais elle avait d’emblée vu juste sur ce point. Pour lui, les week-end étaient faits pour se détendre et s’amuser. Sortir, faire des rencontres, profiter de la vie tout simplement. Bien sûr, le russe ne se limitait pas à ces deux jours pour faire ce qu’il avait envie de faire... Toujours était-il que quand il se décidait à travailler, ce qu’il faisait quand même de temps en temps, c’était toujours en semaine. En effet, c’était un sacrilège de rester enfermé parmi des bouquins poussiéreux un samedi ! Aussi, la française pouvait s’estimer chanceuse. Même si elle ne le saurait pas, le slave avait sacrifié sa journée pour elle.

- Non, c’est vrai que je préfère plutôt passer mes week-end dehors, mais j’ai pas trop le choix. J’ai un devoir de Droit Magique à rendre et j’ai encore beaucoup de lacunes en droit britannique... Alors, même si j’ai pas tellement envie, me voilà... !

L’avantage avec ce prétexte c’était que ne n’était pas un très gros mensonge. Effectivement, il y avait bien un devoir mais Andrzej n’avait aucune intention de passer du temps à faire des recherches aussi longues que fastidieuses. Il ne comprenait pas d’ailleurs ce besoin quasi compulsif de fouiller tous les livres qu’il pouvait y avoir sur un même sujet. Selon son opinion, c’était une perte de temps. Enfin, au moins cela expliquait sa présence ici à un tel moment.

Blanche s’empara alors du livre qu’il tenait toujours et lui parla de sa chemise. C’était très touchant... La jeune blonde avait gardé son vêtement avec elle durant tout ce temps, espérant sans doute le croiser dans les couloirs de l’université. Cela lui fournissait ainsi une bonne excuse pour lui reparler... Un sourire aux lèvres, Andrzej était très satisfait de lui-même et ne pensait pas une seconde que la sorcière puisse avoir des intentions tout à fait honorables et sans arrière-pensée. Pour lui, elle ne cherchait pas à lui rendre quelque chose qu’il lui avait prêté mais au contraire s’en servait comme prétexte afin de pouvoir le revoir.

- C’est gentil à toi mais c’est pas pressé, de toute façon tu peux la garder si tu veux lui dit-il en posant sa main sur son bras pour la retenir. Ça te fera un souvenir de moi...

Pour l’instant, ils étaient très bien ici tous les deux, seuls dans cette rangée déserte où personne ne les dérangerait. Il fallait d’ailleurs en profiter pour tisser de liens plus étroits avec la belle demoiselle, mais avant il était nécessaire d’avoir quelques renseignements. Andrzej préférait être averti d’un éventuel copain qui voudrait lui refaire le portrait. Certains malheureusement étaient trop jaloux pour leur propre bien, et le sien aussi...

- Alors, tu t’y fais à la vie à l’Uma ? Et au fait, comment ça se fait qu’une si jolie fille que toi soit toute seule à la bibliothèque, un samedi après-midi ? Ne me dis pas que t’as pas un petit ami...

Blanche avait du sourire un peu lorsque le russe avait dit qu’il allait mieux maintenant. C’était excessivement cliché, mais elle devait quand même avouer trouver cela très mignon. Elle s’était appuyé un peu plus confortablement sur la bibliothèque, puis elle se rendit compte qu’elle allait certainement avoir tout plein de poussière sur son chemisier. Elle fit comme si de rien était et se contenta plutôt de ce qu’il dit sur la raison de sa présence à la bibliothèque. Elle se sentit un peu soulagée, parce que oui, elle crut son excuse. Il était là pour faire des devoirs et non pas parce qu’il lui avait couru après.

La demoiselle revint se coller contre la bibliothèque lorsqu’il lui dit qu’il n’avait pas besoin de sa chemise tout de suite. Elle n’allait pas la garder cependant. C’était très sympathique de sa part, mais elle ne voyait pas exactement ce qu’elle pourrait faire avec une chemise d’homme. Elle voyait bien le principe de souvenir, mais pourquoi avoir un souvenir lorsqu’il était juste là et qu’elle risquait de certainement le recroiser souvent. Enfin, c’était peut-être un concept qui lui échappait, cela était fort possible. Il y avait toujours quelques trucs qui lui échappait lorsqu’il était question de relation, non pas parce qu’elle était déficiente à ce niveau, mais plutôt parce qu’il y avait des comportements qui lui étaient encore inconnus…

La française se retrouva à rougir légèrement lorsqu’il ce qu’il faisait à la bibliothèque et si elle avait un petit ami. C’était plutôt clair qu’elle n’avait pas de petit copain. Elle ne l’aurait pas laissé enlever sa chemise dans le parc pour qu’elle puisse se couvrir les épaules. Cela aurait été bien trop gênant, quoique c’était gênant même sans avoir de petit ami. Elle regarda un peu le sol, visiblement gênée par les questions, puis elle releva les yeux vers lui.

« Je m’y fais très bien, j’adore… Et puis, non je n’ai pas de petit ami… » répondit-elle simplement, de manière quelque peu évasive « Et toi tu as une petite amie…? » rajouta-t-elle ensuite, bien qu’elle connaissait déjà la réponse.

Emmanuel lui avait donné quelques informations sur le russe, qui l’avait rendue légèrement triste. Elle qui avait espéré qu’il soit un prince charmant quand au fond, il était plutôt un coureur de jupons. Elle devait cependant lui accorder qu’il était extrêmement gentil. Mais elle se disait aussi que cela devait faire parti de ses outils pour charmer. Ce qu’elle se sentait idiote de tomber dans le filet, mais elle ne pouvait s’en empêcher.

« Tu sais, j’ai eu vent de ta réputation… » lança-t-elle en levant la tête vers lui, ses yeux s’ancrant dans les siens.

Elle n’avait pas un air menaçant ou fâché, mais c’était plutôt comme si elle avait énoncé un fait. Elle voulait voir comment il allait réagir à cela. S’il allait nier le tout, lui dire qu’elle avait probablement entendu la vérité… L’étudiante le regardait toujours de ses grands yeux bleus pâles, détournant cependant la tête après un instant, en se disant qu’il allait certainement la trouver harassante. Elle regarda un peu le livre qu’elle tenait toujours contre elle, puis elle releva les yeux vers lui.

« Enfin, ce n’est pas comme si cela me concernait » mentit-elle du mieux qu’elle le pu, bien que cela ne fonctionna pas vraiment.

Blanche détourna un peu le regard, ne s’éloignant toujours pas de lui. C’était vrai que cela ne la concernait pas. Mais elle voulait lui laisser savoir qu’elle n’était pas aussi naïve et innocente qu’elle paraissait. La demoiselle savait très bien pourquoi il était là. Certes, l’excuse du devoir était très bonne et elle aimait croire à cela, mais au fond, elle savait bien que les gens ne vont pas au fond de la bibliothèque, là où il n’y pas de civilisation ou de vie (à l’exception d’elle :3). La française n’était tout de même pas idiote.

Elle soupira un peu puis sourit, se décollant de la bibliothèque et allant vers celle qui lui faisait face. La demoiselle regarda les titres, puis sortit un gros livre poussiéreux qui devait traîner là depuis des siècles. Elle toussa alors que la poussière vola dans les airs, ferma les yeux en envoyant sa main pour éloigner les particules microscopique. Une fois que celles-ci se soient un peu éloignées, elle se tourna vers l’étudiant, lui tendant le livre.

« Droit britannique… C’est ce que tu cherche, n’est-ce pas…? » demanda-t-elle en lui souriant doucement.

Elle se rapprocha un peu, déposant son livre dans sa main. Peut-être qu’il était vraiment venu seulement pour faire son devoir. Quoiqu’il ne pouvait pas vraiment savoir que ce livre se trouvait au fond totalement où par hasard elle se trouvait. Tout ceci était bien trop compliqué à son goût...

- Je m’y fais très bien, j’adore… Et puis, non je n’ai pas de petit ami… Et toi tu as une petite amie…?

Alerte ! Question piège en vue ! En même temps, Andrzej l’avait un peu cherché en lui demandant ce genre de choses... Mais au moins, il était renseigné, il n’y aurait pas de coup de poing d’un petit copain hargneux cette fois-ci. Une très bonne chose assurément vu le nombre de fois qu’on lui avait fracassé le nez parce qu’il osait draguer leur copine ! Comme s’il pouvait savoir si telle ou telle sorcière était prise ou pas. Ce n’était pas comme si c’était inscrit sur leur front. De plus, le slave ne comprenait pas pourquoi ces gars s’obstinaient à utiliser leurs poings comme de vulgaires moldus... Une réaction visiblement universelle vu son expérience à travers plusieurs pays... Ils étaient des sorciers, par Merlin ! Cependant, l’interrogation innocente et toute légitime de Blanche allait certainement mettre à mal l’image du jeune homme charmant qu’il essayait de dépeindre. Elle n’apprécierait sans doute pas sa conception des relations amoureuses sans attache, son besoin de passer d’une femme à une autre sans devoir s’investir davantage. Le russe n’était que pour les relations charnelles et le libre échange... L’amour n’y avait pas vraiment sa place, à vrai dire il n’y croyait pas...

- Ah non, je suis libre comme l’air...

Ce qui techniquement était véridique puisqu’il n’avait pas de petite-amie attitrée. La fille qui avait partagé son lit la nuit dernière ne comptait pas, ni même celle qui se retrouverait dans ses bras cette nuit. Avec un sourire séducteur, Andrzej lança un clin d’œil à la française, convoyant dans ce geste tous les sous-entendus que ses quelques mots laissaient deviner.

- Tu sais, j’ai eu vent de ta réputation…

Ah.... Qui avait donc bien pu vendre la mèche ? Pratiquement tout le monde en y réfléchissant... Le soviétique ne se cachait pas et assumait pleinement son choix de vie, et d’ailleurs toutes ses conquêtes étaient en général comme lui... Cherchant juste à passer un peu de bon temps... C’était bien plus pratique et ça évitait les problèmes comme l’horrible Cas Vivian... Une sorcière qui avait confondu une histoire d’un soir avec une promesse de mariage, considérant que l’offrande de sa virginité lui donnait le droit de l’enchaîner à elle pour toujours. Quelle horreur, plutôt mourir ! Il en frissonnait encore... Depuis, il la fuyait comme la peste. Toutefois, la blonde n’était pas comme ses maîtresses habituelles. D’après ce qu’il pouvait en juger, Blanche était une jeune fille romantique et innocente qui recherchait certainement le Grand Amour. Son entreprise de séduction serait d’autant plus difficile car non seulement il devait détruire toutes ses réticences, mais aussi lui faire bien comprendre que cela ne serait pas une liaison durable, quelques semaines au mieux...

- Je vois que tu t’es renseigné sur moi... répondit-il avec un sourire, bon joueur. Mais qu’est-ce que tu veux... Je suis jeune et en bonne santé, c’est normal que je profite de la vie, non ? Puis, se rapprochant de son oreille, il lui susurra, Tu devrais faire pareil, ça fait du bien, crois-moi...

L’œil amusé, le russe contempla ensuite la demoiselle qui s’affairait à chercher un autre livre dans les rayonnages. Il semblerait qu’un seul bouquin n’était pas suffisant pour cette amoureuse de la lecture. Elle ne semblait heureuse que quand elle était entourée par une pile d’ouvrages. Mais, selon lui, c’était un crime pour une si jolie fille de passer son temps plongée dans ces manuscrits insipides alors qu’il y avait tant de choses à faire en dehors. Cependant, il s’avéra que ce n’était pas pour elle.

- Droit britannique… C’est ce que tu cherche, n’est-ce pas…?

Haussant un sourcil, Andrzej regarda avec une certaine réticence l’imposant livre poussiéreux que Blanche venait de lui donner. Droit britannique, en effet... Bon, cela arrivait parfois qu’une fille le piège ainsi. Il fallait à présent assumer ses mensonges ou plutôt, comme il se plaisait à les appeler, ses fausses-vérités car ses bobards avaient malgré tout toujours un fond de vérité. C’était une chance d’ailleurs, ou une malchance selon le point de vue auquel on se place, qu’il ait atterrit pile dans la rangée où les bouquins de droit étaient nichés. C’était parfait pour son petit prétexte. Ouvrant le livre, le russe s’arrêta sur la page des matières,

- Bonne trouvaille, Blanche. Ça m’a l’air parfait pour mon devoir...

Par un heureux hasard, l’énorme et vieux bouquin traitait du sujet qu’ils avaient abordés en cours. Quoique d’un autre côté, cela n’avait rien de surprenant. Vu le poids et l’épaisseur de la chose, qui avait plus lieu d’une encyclopédie que d’un simple traité, cela aurait été malheureux qu’il n’y ait aucune donnée sur le programme de Droit de deuxième année.

- Ça te dérange pas que je te rejoigne à ta table pour travailler... ? Et puis, ça pourrait peut-être t’aider... Tu fais aussi du droit dans ta filière, non ?

Autant allier leurs plaisirs personnels et rejoindre l’utile à l’agréable. Si la jeune blonde préférait se perdre dans les études, son plaisir à lui était plus terre-à-terre...

Blanche observait toujours le slave, tandis que ses joues prenaient une teinte rosée, le sentant s’approcher d’elle pour parler dans son oreille. Elle pouvait presque sentir la chaleur corporelle qu’il dégageait. Puis, ses paroles semblèrent prendre un sens et elle soupira un peu, non pas de colère, mais plutôt d’exaspération. Elle ne s’était pas particulièrement renseignée sur lui, Manu lui avait plutôt fait le message. L’étudiante aurait probablement été trop embarrassée pour poser des questions aux autres sur lui. Ce n’était pas vraiment dans sa nature de se renseigner sur quelqu’un autre qu’en posant des questions à la personne même. On ne pouvait jamais savoir si une personne n’avait pas une dent contre le concerné et dirait des trucs méchants et pleins de mensonges.

Elle n’était clairement pas du genre à courir après les garçons, non plus. Blanche était bien trop timide et réservée pour cela. Elle ne serait probablement jamais capable de faire des trucs avec un garçon pour lequel elle n’avait pas de sentiments. Elle sourit doucement au slave, se disant qu’il était trop sympathique pour être de ce genre. Non mais, si au moins il avait été un peu détestable, elle n’aurait pas trouvé qu’il avait une personnalité charmante. Elle ne s’y ferait certainement jamais aux habitudes étranges des gens. La Française regarda le livre qu’elle tenait dans ses mains et lorsqu’il lui demanda une permission pour se joindre à elle, la jeune femme hocha la tête en souriant. Il était tout de même très rare que quelqu’un se joigne à elle à la bibliothèque.

« Tu es la bienvenue… Je commence même à m’ennuyer un peu, il n’y a presque personne aujourd’hui… » déclara-t-elle en se dirigeant vers la dite table, qui était bien évidemment encombrée de livres.

L’étudiante enleva quelques livres se trouvant devant la chaise à-côté de la sienne et les empila sur les autres, regardant l’équilibre précaire de la pile. Voyant bien que tout semblait rester en place, elle sourit un peu puis s’assied, déposant son précieux bouquin devant elle. Elle regarda son compagnon s’asseoir puis ouvrit son livre et regarda distraitement les pages. Est-ce que parfois il ne se tannait pas de toujours être avec un différente personne…? Elle s’imaginait mal vivre de manière aussi instable. Il lui semblait qu’il devait être plaisant d’être avec la même personne que la veille et cela pour longtemps. Mais il fallait quand même trouver cette personne et elle avait entendu Qu’il ne s’agissait pas d’une tache simple. En fait, Elle n’en savait pas grand-chose. La seule personne qu’elle avait déjà aimée était l’ami de son frère lorsqu’elle avait huit ans. Elle lui avait même écrit de mignonnes lettres d’amour, mais il n’y avait jamais répondu. Peut-être était-elle trop petite à cette époque…

La demoiselle jeta un autre regard à son bouquin, mais elle se rendit vite compte que cela ne mènerait à rien. Elle ne serait jamais capable de se concentrer suffisamment pour lire et apprendre quelque chose. Et puis il y avait cette question qu’il lui brûlait les lèvres, qu’elle mordait d’ailleurs légèrement en réfléchissant à la manière de formuler correctement. Finalement, elle repose ses yeux bleus pâles sur les lettres, ceux-ci ne les quittant pas un instant.

« Est-ce que parfois tu n’aimerais pas être avec seulement une personne pendant longtemps…? Avoir un peu de stabilité?»demanda-t-elle finalement, ne le regardant pas particulièrement.

Généralement, elle ne posait pas de questions qu’elle trouvait trop personnelles, par gêne ou simplement parce qu’elle trouvait cela inapproprié. Cependant, le Russe ne semblait pas très troublé par les interrogations de la blonde. Elle espérait du moins que cela ne le dérangeait pas… Blanche lui jeta un bref coup d’œil, croisant furtivement son regard, sans trop s’y attarder.

« Je veux dire… Parfois, t’as pas envi d’avoir un peu plus…? » rajouta-t-elle, ses doigts jouant avec sa baguette qu’elle avait déposée sur la table.

En plus, elle avait croisé plein de jolies et gentilles filles, il devait forcément en avoir qu’il lui plaisait pour plus qu’une simple nuit ne signifiant plus rien au levé du soleil. Mais enfin, ce n’était certainement pas elle qui allait jouer à essayer de comprendre les mentalités des gens, concernant les relations. La demoiselle avait clairement arrêté cela il y avait déjà longtemps.