- Nom : Hymos
- Prénom: Shuro
- Age en HJ : 19 ans
- Age du personnage s'il est du livre ou d'une famille : 15 ans
- Statut de Sang de votre personnage : Sang-mêlé
- Comment avez vous connu le forum? DC
Le train s’apprêtait à partir. Ce 1er septembre. Ce train qui l’apporterait vers une vie encore tout à fait inconnue. Et au fond, c’était sans doute une bonne chose, pour le jeune garçon. Ça ferait changement. Peut-être que cela lui permettrait de s’extérioriser, de dire : « Je suis quelqu’un et j’existe! ». Mais Shuro n’était pas assez brave pour ça. Il manquait beaucoup trop de confiance en lui pour dire au gens qu’il voulait être apprécié, lui aussi. Mais il était faible, n’est-ce pas? Il ne pouvait pas demander aux gens de le considérer comme quelqu’un dans cette situation, pas vrai? Le gamin timide se trouva un compartiment : et bien qu’il fût déjà occupé, c’était le seul restant. Seul avec de la place, disons. Ils étaient déjà deux, mais rien de très dramatique. Nerveux, on le laissa s’installer et il n’adressa la parole à aucun des deux présent, fixant avec une intensité rare son regard d’azure sur le hublot, refusant obstinément de tourner la tête dans leur direction. Il se permit de penser un peu, de s’évader avec ses souvenirs, se renvoyant les images de sa vie d’antan.
Un hurlement soudain, étouffé dans le silence des environs, qu’un seul cœur pouvait vraiment ressentir, qu’une seule âme voulait bien entendre. Les pas se rapprochèrent et une paire de bras entourèrent son cou, cherchant à le calmer de sa douleur, à l’apaiser. Et bien qu’il ressente ce sentiment répugnant d’abandon, elle était toujours là, près de lui. Elle séchait les larmes qui coulaient inlassablement de ses yeux bleutés, roulant sur ses joues rosies par sa peine. C’était parce qu’elle était là qu’il avait un semblant d’espoir. Sa jumelle… Sa Ceres. Ses mains étaient douces lorsqu’elle caressait son visage, lorsqu’il avait peur. Sa voix se faisait rassurante lorsqu’il souffrait d’une crise d’angoisse, d’asthme, ou souffrant des cauchemars qui hantaient constamment ses nuits. Elle lui apportait à manger, parce qu’elle le savait délaissé. Sans doute était-elle la personne la plus importante aux yeux ternes de l’enfant. Ce qu’il l’aimait, sa sœur… Elle lui faisait du bien, et se trouvait là lorsqu’on l’oubliait dans l’obscurité de la chambre, de la maison. Elle jouait avec lui, le faisait rire, bien malgré son existence… C’était bien, ces moments là. Il les appréciait. Ça lui donnait cette lueur qu’on appelait espoir. Même lorsqu’il n’en voyait pas vraiment. Ho, entre les deux, il fallait avouer que Ceres était la brute et lui le lapin. Elle était beaucoup plus active que lui. Lui? Il ne dérangeait ni ne disait mot pour rien, par peur, parce qu’il savait que c’était inutile. Ho, il ne comprenait pas toujours ce qui poussait sa sœur à le défendre, par moment, mais il appréciait profondément tous ces petits gestes qu’elle avait pour lui. Et lorsqu’on le frappait un peu trop, qu’on avait envie de le tabasser, et qu’il finissait en larmes et plus apeuré qu’un jeune lièvre, elle venait soigner ses blessures, sans se poser de questions, tout simplement.
Ce n’était pas très juste, il fallait bien l’avouer… Mais ce fut ça, sa vie. Une misère. Mais il ne s’en faisait plus vraiment… Il finit par s’habituer. Apprendre à se débrouiller tout seul, il fallu dire qu’il n’en eut pas d’autre choix. Le gamin n’était pas capable de comprendre pourquoi lui, mais il acceptait. Une seule chose, au fond, comptait vraiment : c’était mieux que ce soit lui plutôt que sa sœur. N’est-ce pas? Avait-il tord sur ça aussi?
À son plus grand malheur, comme s’il n’en subissait pas déjà assez, il tomba malade. Sans doute une maladie qu’il trainait déjà depuis un moment mais dont on ne s’était pas vraiment rendu compte, vu le peu d’attention qu’on lui accordait. La maladie cardiaque dont il souffrait, était dangereuse pour la santé de l’enfant, aurait forcé sa famille à l’amener à l’hôpital, ce qui aurait aussi obligé à divulguer aux yeux de tous l’existence qu’il avait et que ses parents cherchaient tant à cacher au public. Et ils ne pouvaient pas se permettre une chose pareille, n’est-ce pas? Bien sûr que non… Et leur réputation? Et les lois, dans tout ça? Ils ne pouvaient pas, tout simplement, et trouvèrent donc une solution radicale. Cruelle, comme solution, sans doute. Mais étrangement, le gamin, bien qu’il ne semblait toujours pas comprendre, se résolu à accepter les choses telles qu’elles lui apparaissaient. Il jouait tranquillement dans le jardin avec sa sœur tant adorée quand ça arriva. Il leva son regard azuré vers l’homme qui leur servait de père, à tous les deux, le fixant sur le visage colérique de ce dernier, un drôle de sourire flottant sur les lèvres du garçon. C’était à croire qu’il ressentait ce qui allait se passer, comme s’il devinait… La main de son paternel se leva, menaçante, pour violemment s’abattre sur la joue de l’enfant qui, sous l’impact, recula, un peu trop, trébuchant, il fit un plongeon dans la bassine remplie d’eau sous le regard désemparé de sa sœur. Ce fut le trouble complet… Le garçon demeura sous l’eau, incapable de réagir, incapable de prendre la moindre bouffée d’air. Il put entendre les voix troubles, les cris, sans doute ceux de sa sœur, au désespoir. Il n’y pouvait rien… Et puis, plus rien… Le noir total. Il avait sans doute perdu conscience, car lorsqu’il reprit ses esprits, il était dans les bras de Sidonia, qui elle-même se trouvait près de sa nourrice. Pas de Ceres. Pas de mère. Pas de père. Où était-il?
On lui expliqua : Ceres était mal. Son père l’avait gravement blessée, ce qui pinça le cœur du jeune garçon qui voulu, bien évidemment, aller retrouver sa sœur jumelle. Rien à faire, on le lui refusa. Pourquoi? Pourquoi ne voulaient-elles pas le laisser aller retrouver sa sœur?
« Parce que pour elle, tu es mort. »
La phrase était bouleversante, marquant l’esprit du jeune garçon maladif et faible. Mort? C’était impossible puisqu’il était bien vivant! Là! Ici et maintenant! Il pouvait sentir son propre souffle brulant ses poumons encore gorgé d’eau. Et ce n’était pas que pour elle, qu’il était mort, ce jour là, mais pour sa famille. Une grosse perte? Il ne le croyait pas vraiment. Mais il ne devrait plus avoir à faire à eux, pour sa propre vie, pour ne rien risquer. Et c’est ainsi que le garçon grandit, vieillit, appris au cours des ans. Et vivre loin de sa sœur était douloureux. Et était plus douloureux encore l’idée de savoir qu’elle le croyait mort. S’endormir ainsi, la nuit, était insupportable, versant les larmes qu’il contenait sur son oreiller.
On continua donc de l’élever dans une quiétude qui le rassura. Enfin… Enfin il n’avait plus à avoir peur pour des riens, même s’il demeurait toujours un peu nerveux en la présence des gens qui l’entourait. C’était bien. Mais il aurait aimé être avec elle ; ça aurait été mieux. Et il n’était pas complètement heureux, bien qu’il avait appris à ses dépends que le bonheur n’existait que pour les autres, malheureusement, bien qu’il se sentait toujours un peu mieux à chaque jour qu’il passait en compagnie de Sidonia et de sa nourrice de toujours, même si cette dernière n’était pas la femme la plus sympathique qui soit, même si dans le passé, elle-même lui en avait fait voir des toutes les couleurs, parfois. Mais il n’était pas rancunier. Naïf, mais pas rancunier. Il resta un enfant particulièrement timide et effrayé, ne cherchant pas spécialement à côtoyer les gens plus qu’il ne le fallait vraiment, n’osant pas s’adresser à eux, ou s’il le faisait, c’était qu’il en avait été obligé.
Bientôt, le train s’arrêta. Il suivit le petit troupeau de têtes blondes qui en descendit, suivant les indications et instructions données. Il mit le pied dans une des barques, fixant son regard dans le vide ambiant, sans sourire. Un regard vide. On les guida jusqu’à la Grande salle, où ils allaient tous être réparties, les faisant arrêter là, entre les tables, sous les regards des autres élèves curieux. Quelques noms furent prononcés, puis le sien… « Damalis, Leandre! » Comment ça, me direz-vous, que ce n’était pas son vrai nom? C’était une histoire bien logique, en vérité. Comme sa sœur le croyait mort, il ne pouvait se permettre d’aller aux mêmes cours qu’elle sous son véritablement nom. Il fallait garder la supercherie cachée, dans le secret. Ce fut pourquoi, pour tout le monde, il serait Leandre Damalis, et non pas Shuro Hymos…
En montant sur la petite estrade, le gamin ne pu s’empêcher de jeter un regard triste vers la foule, posant ses iris au couleur du ciel sur sa sœur qui ne pourrait jamais l’identifié… C’était plutôt horrible, comme pensée, à cet instant…
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Sujet: Shuro Hymos (Poufsouffle)