De l'agitation derrière elle poussa la rouquine à se retourner et ainsi voir que quelqu'un avait lancé un foloreille sur un Serpentard. Décidément... Qu'est-ce que c'était cette manie de se balancer des sortilèges en plein cours ?! Ça n'arrêtait pas ! Quand ce n'était pas des élèves qui réglaient leurs comptes à coup de baguette, c'était les profs eux-mêmes qui leur envoyaient des sorts ! Soupirant, la fillette attendit que quelqu'un lui lance un contre-sort vite fait afin qu'ils puissent travailler.

S'efforçant de s'en tenir à ses bonnes résolutions, Calypso porta ensuite toute son attention à la voix monocorde du fantôme qui décida de commencer en douceur. Au lieu de leur asséner immédiatement d'interminables monologues qui avaient pour irréductible conséquence d'envoyer ses élèves dans les bras de Morphée, Binns se contenta de leur présenter succinctement le programme de l'année. Puis, il enchaîna par une salve de questions.

- Je vous invite à vous exprimer à propos de l'école, quels éléments vous semble intéressants d'être soulignés sur son histoire ? Qui l'a bâti ? Quand et pourquoi ? Où et pourquoi ? Vous avez le droit de vous aider de votre livre, bien entendu...

Calypso fut atterrée par la première réponse, celle d'une Serpentard, une McLane il lui semblait. Comment on ne pouvait pas connaître les noms des fondateurs ? C'était tout simplement les noms des maisons et il fallait vraiment être sourd, aveugle et complètement idiot pour ne pas savoir ça ! Incroyable... Heureusement, d'autres élèves bien plus cultivés prirent le relais et expliquèrent ce qu'ils savaient sur les fondateurs. La rousse allait prendre la parole à son tour lorsqu'elle fut devancée par une pouffy, la même qui avait déjà répondu quelques minutes auparavant ! Non mais, où elle se croyait celle-là ? Ce n'était pas un cours particulier et tout le monde avait le droit de s'exprimer ! Lui jetant un regard noir au passage, l'aiglonne attendit qu'elle termine enfin et leva la main pour prendre la parole lorsqu'elle fut à nouveau grillée, par Page cette fois-ci...

*C'est un complot ou quoi... ?*

Finalement, il y eut une brèche dans laquelle Calypso plongea aussitôt. Même si l'essentiel avait été dit, il y avait encore beaucoup de choses à dire sur Poudlard.

- On dit que Poudlard est aussi un peu comme un être vivant. Le château est tellement imprégné de magie qu'il est comme vivant et bouge tout le temps. C'est ça qui fait tout le temps bouger les escaliers et changer les murs de place... Sinon, on ne sait pas où se trouve exactement Poudlard vu que c'est incartable, mais c'est quelque part en Ecosse.

Patient, parfois même laxiste en matière de sévérité, le fantôme veilla à ce que chaque élève puisse s'exprimer s'il en sentait le besoin. Les réponses étaient hélas souvent bien décevantes, souvent incomplètes ou peu pertinente au regard de la question posée. A en juger par la forte dose d'animosité qui pimentait les débats les rivalités entre maisons étaient exacerbées. Stress de la rentrée ? Stupidité propre à l'adolescence ? Excitation ? Peur ? Binns ne savait que pensait de l'agitation de ses jeunes ouailles...

... Ce pourquoi il se tut.
Deux minutes s'égrainèrent alors au fil d'interminables secondes, secondes durant lesquelles Binns se contentait, parfois, de cligner des yeux. Il attendait. Oui, il attendait, tout le monde l'avait désormais bien compris, mais quoi ? Des réponses ? Il en avait reçu suffisamment et plus personne ne semblait en mesure d'ajouter le plus simple et évident des éléments demandés. Le silence ? Il régnait en maître...
Binns attendait.

- Je vous remercie tous pour vos réponses, fit-il enfin de sa voix spectrale et d'un ton neutre. L'expression était bonne, le vocabulaire riche, mais à quoi bon formuler de si jolies phrases, employer de si jolis mots si vous oubliez l'essentiel dès le départ ? Je vais peut-être me répéter, mais je vois que cette année nous avons bel et bien du travail ! Ne vous y trompez pas ! Je vous ai remercié certes, mais ne vous félicite pas pour vos réponses ! Aucun d'entre vous ! Balivernes et détails, ragots colportés au fil des siècles ! Et ceci est aussi valable pour ceux qui n'ont pas trouvé le courage de répondre !

Visiblement, le fantôme était furieux et aucun doute n'était possible, s'il avait été vivant en cet instant son visage aurait été teinté de plaques cramoisies. Aussi aurait-il allégrement postillonné sur les premiers rangs lors de ses remontrances.

Par Merlin il s'agit d'un cours d'histoire ! Et l'une des vertus de tout historien se veut être l'objectivité ! Contentez-vous des faits, c'est ce qui vous sera toujours demandé ! C'est ce que je vous ai demandé ! Il est bien évident que l'on a tous une opinion sur ces événements, gardez là pour vous et les couloirs ! Ou encore, si vous n'arrivez pas vous empêcher d'y aller de votre petit commentaire, soyez ingénieux et usez de plus de subtilité !

Les rumeurs qui accompagnent le récit de la création de Poudlard sont nombreuses, n'oubliez jamais qu'elles sont tout comme les mythes, les légendes, les contes ou que sais-je encore... les pires ennemies de l'Histoire ! Si vous croyez dur comme fer à toutes les pronostics estudiantins celle de Poudlard vous surprendra ! Je vois que très peu d'entre vous ont ouvert leur manuel... Le fantôme, d'un vol furibond traversa les premiers rangs pour venir se planter, tel une tour de contrôle, au beau milieu de la salle. Ouvrez les donc ! Et, vous efforçant de précision dans vos réponses tout comme je vais le faire dans mes questions, vous allez chercher et me donner les informations suivantes. L'année où fut débutée la construction du château, l'année où elle fut achevée et enfin, au prix d'un calcul élémentaire, la durée des travaux. Le fantôme, plus calme, avait presque dicté les questions. Enfin vous réfléchirez un peu plus sur ces dates, pourquoi Poudlard est arrivé à ce moment précis de notre histoire et pas avant ? McHenry a superficiellement évoqué la réponse lors de l'une de ses interventions, or je vous veux plus affuté, d'autant que cet élément n'est pas la seule explication...

D'un de ses doigts fantomatique le professeur réajusta la monture de ses lunettes. Cette première semaine de cours s'annonçait déjà difficile, détail qui ne présumait rien de bon pour le restant de l'année. Binns se trouvait aussi étrangement nerveux, ce qui n'allait pas pour lui plaire...

Les brumes orageuses de son énervement dissipées, la colère s'en étant allé, Cuthbert interrogea toutefois McHenry avec un calme tout relatif. Ses gestes demeuraient nerveux et ses yeux trahissaient son impatience. Certes, les élèves avaient souvent une imagination débordante, mais étaient aussi réputés pour leur grande curiosité ! Avant leur première rentrée tous rêvait de Poudlard, pourtant pas un seul de ceux assis devant lui ne semblait avoir eu l'idée de se renseigner...

- Bonne réponse McHenry, je n'en attendais pas moins de votre part. Le doigt spectrale du professeur se leva lentement et, à mesure que son regard s'appesantit sur la rouquine, finit par soudain désigner un jeune Poufsouffle. Monsieur, nous vous écoutons.

Binns resta de marbre devant l'intervention du première année, comme plongé dans ses pensées. Sorti de sa réflexion il se lança dans un bref commentaire.

Et bien jeune homme, quelle culture. Me voilà surpris, je n'avais pas envisagé d'explorer avec vous ces quelques péripéties de l'histoire du royaume d'Angleterre. Saint Dustin... Tout de même... Une dernière remarque avant que je ne vous berce de mes mots ? Miss McGween peut-être ?

Le professeur tendit l'oreille avec un intérêt tout particulier, les mots de la Serpentard sonnait juste et annonçait un bel et court exposé. Bien que souffrant de quelques lacunes les réflexions de la dernière interrogé tinrent leurs promesses, du moins celles que s'était formulé Binns. Un index fantomatique vint presser sa monture de lunette, il inspira, puis se lança.

Avant de préciser, reformuler et étayer les propos de vos camarades je me vois dans l'obligation d'accorder à chacune de leur maison cinq points. Une juste récompense pour m'avoir aidé à remettre sur les rails mon cours dont le train venait de souffrir d'un terrible accident.

Reprenons les éléments dans un ordre chronologique, cela sera bien plus simple pour chacun d'entre nous. L'histoire suit son cours et notre cours suit l'histoire, doit suivre l'histoire. Réponse maintes fois répétée ce qui prouve son caractère crucial, il faut tout d'abord noter que les rapports entre les communautés sorcières et moldues souffraient d'un manque cruel de tolérance à l'époque et ne cessaient de s'envenimer au fil des mois. Les percussions quelles soient d'ordre religieux, politique ou tout simplement idéologiques étaient nombreuses et aucuns des deux camps ne pouvaient envisager d'entretenir de telles perspectives à terme. Je vous rappelle que nous assistons au début de la seconde moitié du dixième siècle à l'émergence du Conseil des Sorciers tels que l'a dirigé Barberus Bragge. Nous pouvons donc conclure que la communauté sorcière commençait à s'organiser, notamment via la création de grandes institutions. L'école en sera une, mais attention ! Cette dernière ne se voulait en aucun cas politique ! Le professeur s'interrompit quelques instants, arborant une moue boudeuse il s'exclama alors : Ne me faites pas les gros yeux Mademoiselle Sollow, je vais tout vous expliquer. Une institution est le plus souvent un organisme, politique ou social, social signifiant au service de la société, qui a pour but de satisfaire un besoin précis d'une société précise. Cuthbert s'interrompit à nouveau, expliquer des termes de vocabulaire n'était pas vraiment dans ses habitudes et donner une définition à la fois courte, précise et simple d'un concept tel que les institutions n'était vraiment pas chose aisée. La pédagogie lui souffla donc d'utiliser un exemple, habile diversion d'enseignant. Par exemple, de nos jours le Ministère de la Magie est une institution politique, il répond au besoin de la communauté sorcière d'être régi, encadré, au mieux. Au contraire Poudlard est une institution sociale, l'école satisfait le besoin de la communauté d'être bien armé pour affronter la vie adulte et donc de bien intégrer la société magique. Encore une fois le fantôme savait son discours loin d'être irréprochable, mais ce dernier se voulait rassurant et d'apparence complet, l'important étant que les élèves ne butent pas sur cette notion jusqu'ici peut-être inconnue et puissent poursuivre dans les meilleures conditions le cours.

Où en étais-je ? Ah oui des persécutions... La création de ces fameuses institutions... Dont Poudlard... Et, comme l'a justement précisé votre camarade l'arrivée au pouvoir du Mal-avisé, Ethereld II. Je ne vous demanderez pas de retenir son nom, ni son histoire. Dans le cadre du cours cette parenthèse sera bien plus intéressante qu'indispensable. Ethereld II accéda donc au trône d'Angleterre, or n'oubliait jamais qu'à l'époque, très nombreux étaient les clans, les dirigeants de toute sorte et les divisions territoriales. Le Roi d'Angleterre portait la couronne et était tout comme elle bien plus un symbole qu'un véritable régent. Toutefois il faut bien reconnaitre à ce Roi ci un certain talent dans l'art de la conquête. Ethereld sut en effet fédérer nombre de ses plus proches voisins sous la bannière de la haine, envers les sorciers cela va de soi...

Quant à Saint Dustin... Saint Dustin n'était pas le plus grand devin en son temps croyez le bien... L'histoire a retenu son nom bien plus pour sa grande intelligence, alors mise au service de l'observation de ses contemporains, que pour ses... prédictions. Il avait par exemple nul besoin de talents divinatoires pour prédire que les rapports entre communautés allaient empirer, ils empiraient chaque jour depuis des décennies...

Cuthbert avait conscience de s'être déjà aventurer trop loin dans son échappé parallèle au cours, il laissa donc de côté le prophète. Les plus curieux iraient se renseigner sur son œuvre...

Revenons à Poudlard, débutée donc de construction, d'après Miss McHenry, en 978, ce que je vous confirme. Les travaux se prolongèrent durant une douzaine d'année, alliant savoir-faire moldue et logistique sorcière. Les forêts étaient à l'époque suffisamment vigoureuses pour fournir au chantier toutes les ressources nécessaires. En ce qui concerne le dur, les épaisses murailles de notre bien aimé collège sont issues du lieu de sa construction même. En effet, en ces temps il était commun de baser un chantier sur les lieux mêmes d'une carrière, ce qui évitait bien des efforts et faisait gagner énormément de temps. Les travaux réunirent chaque jour et en moyenne quelques cent-soixante ouvriers moldus, sachant que ce chiffre put parfois doubler les printemps des deux premières années de construction. Tous étaient payés en monnaie moldue pour leurs services et œuvraient pour le compte de Godryc Gryffondor, alors encore sous la protection de son bienfaiteur, Philibert Gryffondor. Or, comme nous l'a justement signifié Mademoiselle McGween, l'emplacement, et plus que cela, la seule existence du château fut un secret dès lors de son ouverture, en 991.

Le professeur se dressa face à un auditoire apparemment fatigué d'un trop long discours.

A votre avis, qu'advint-il des ouvriers à la fin des travaux ? Tous connaissaient les lieux. Autre question, plus farfelue je vous l'accorde. Comment la sécurité du chantier était-elle assurée ? Un ouvrier pouvait en effet, à tout moment, divulguer des informations ?

Bien que cette année ait apporté de grands changement à l'école, le cours du vieux Binns semblait être le seul à n'avoir pas bougé. Il était toujours aussi mortellement ennuyant... D'ailleurs, nombres furent les élèves à répondre après Perle, ajoutant tous leur idées, bien qu'à la fin, le professeur fantôme avoua n'avoir pas eut une seule fois la bonne réponse.

" Enfin vous réfléchirez un peu plus sur ces dates, pourquoi Poudlard est arrivé à ce moment précis de notre histoire et pas avant ? McHenry a superficiellement évoqué la réponse lors de l'une de ses interventions, or je vous veux plus affuté, d'autant que cet élément n'est pas la seule explication... "

La petite McLane soupira et appuya sa tête sur ses mains, attendant que cette partie passe au plus vite, parce que bon, l'histoire du Xième siècle n'était pas très passionante, il faut le reconnaître ! Ce ne fut qu'après de longues et interminables minutes, que Binns posa une autre question, quittant son sujet mortel... Il n'avait pas tord là, comment empêcher les Moldus dedivulguer ce qu'ils savaient de Poudlard ? En tout cas, pourquoi avoir travaillé avec ces "gens" ?

Kelsey McGween fut la première à répondre et son idée était assez juste, ce sortilège aurait tout à fait pu être utilisé, quoique Gryffondor aurait été capable d'avoir trop de peine pour les Moldus pour les utiliser contre eux... Il fut ensuite question des contrats magiques par Tealsdale de Serdaigle. Mais soudain, Perle eut un flash (Pas de photos merci ) et elle se souvînt de ce que ce garçon de quatrième année lui avait dit sur Poudlard ! Les Moldus ne pouvaient pas voir le château car il était incartable, si c'est bien le terme. Comment auraient-ils pu le bâtir alors ? La seule explication était que ce sort avait été jeté juste après, et que par conséquant, quand un Moldu venait à l'ancien chantier, il ne voyait qu'un château en ruines !

C'était sûrement ça la réponse, ce serait logique ! Toutefois, Perle fut interrompue dans son élan par un Serpentard, apparemment de Première Année... Et il osa soumettre l'hypothèse que les Moldus aient travaillés à Poudlard ! Mais quelle idiotie ! La jeune McLane prit ensuite la parole.

" Ne dis pas d'ânneries ! Comme si des Moldus allaient avoir le privilège d'entrer dans le château,ils ne valent pas assez pour avoir cette chance ! Et puis, j'ignore si tu lis la Gazette du Sorcier, mais tu devrais, tu y trouverai des informations sur comment les Moldus remercient les Sorciers de les avoir utiliser pour créer Poudlard ! Et de toutes façons, pour vous répondre professeur, Poudlard est incartable non ? Donc après sa contruction, seuls les sorciers pouvaient le voir dans l'état actuel, et non pas à celui de ruines. "

Etrange, le regard de Perle avait dévié durant sa réponse droit sur McHenry... On se demande bien pourquoi...

"Je n'en attendais pas moins de vous Miss McHenry"... Il rêvait ou quoi ? Certes, la rouquine s'efforçait de participait un minimum dans ce cours, ce qui n'était pas tâche aisée, mais tout de même, elle n'était pas un modèle de savoir encyclopédique. Pourtant, elle avait donné la bonne réponse, et de voir la tronche que tirait Mini McLane était réconfortant. La blondasse avait beau pavaner autant que sa soeur, elle n'était pour autant pas plus capable de sortir une réponse correcte.
Quelques participations vinrent toutefois étayer les premiers éléments avancés par la Rouge et Or - dont certains la laissèrent un peu stupéfaite : comment était-il possible de savoir tant de détails ? - et Binns put poursuivre son cours, par l'une de ces tirades ininterrompues dont il avait le secret. Fort heureusement, il conclut son monologue par une question plutôt ouverte et moins technique qu'à son habitude : là il faisait appel à l'imagination des jeunes sorciers, et les réponses furent bien plus rapides à fuser.

L'idée d'un sortilège d'amnésie était la première qui avait effleuré l'esprit de la rouquine, suivi de près par celle du serment. Mais les deux avaient déjà été lancées, et Page ne jugeait pas nécessaire de répéter bêtement ce que ses camarades avaient avancé. L'idée de Calypso était plausible aussi, avec un petit arrière goût de "sortilège du cafard" dont l'image ne plaisait pas trop à la lionçonne : voir des dizaines de moldus trop bavards défigurés par un tel sortilège ne lui plaisait guère.

En parlant de moldus... la vipère attitrée de la petite irlandaise avait repris la parole en lui lançant un regard de biais tandis qu'elle se lançait dans l'une de ses nouvelles hypothèses propagandistes. Page était écoeurée par le comportement de la verte et argent mais elle se contenta d'un regard noir. Binns les avait remis en place en début d'heure, peut-être lui sonnerait-il à nouveau les cloches pour son effronterie. elle ne méritait pas mieux de toutes façons. Et tout se payerait en temps et en heure !