Le cauchemar horrible. Celui qui vous donnent des sueurs froides et vous fait détester les heures qu'il reste jusqu'au matin.

Morgan courrait dans les couloirs de l'écoles, poursuivit par quelque chose du genre araignée géante accompagnées de ses millions de charmants enfants gros comme des poings de troll. Il avait l'impression énervante de ne pas avancer, et que ses pieds était pris dans du chewing gum.
Trop tard, les araignées étaient sur lui, et elles essayaient de l'emballer vivant dans leur horrible toile poisseuse qui se collait partout. Le brun se débattait violemment en essayant de décoller la substance écoeurante de son visage, de ses vêtements, de ses cheveux ...

Il ouvrit les yeux d'un coup, en respirant précipitamment, près à hurler alors que l'horrible maman araignée s'approchait de lui.

Ses pupilles terrorisées ne trouvèrent d'abord que l'obscurité de la nuit qui donnait une forme abstraite à la moindre lueur s'infiltrant par la fenêtre. Il y avait d'ailleurs une masse sombre non loin de lui. Il calma sa respiration en essayant de distinguer ce que ça pouvait être. Effectivement il y avait bien quelque chose, mais en contre jour à cause de la fenêtre juste derrière et il lui fallu un moment avant de comprendre. Il y avait quelqu'un assis sur le bord du lit et penché sur lui. Très près.

Morgan fronça les sourcils. La personne en question avait les bras tendus vers sa tête, et un éclat métallique lui apparu dans le coin du champ de vision. Il reconnu avec panique la tignasse blonde platine de l'enfoiré sensé dormir dans le lit en face du sien. Le lit était vide.
Le brun jeta un oeil de côté et découvrit avec horreur une paire de ciseaux entre les doigts blancs de son ennemi. Gabriel, ciseaux, cheveux. Pas cool du tout.

Le brun se redressa d'un coup en se plaquant au mur derrière lui, essayant de fuir l'aggresseur. Là tout de suite, le gyrophare de sa tête hurlait "danger", pas seulement pour ses cheveux. Des ciseaux la nuit ça dérape vite et Gabriel était du genre acharné. Le brun se dit qu'il n'irait tout de même pas jusque là, mais la voix dans sa tête lui rappela qu'il avait déjà eu affaire a des tarés prêts à tout... Il était en calbute dans son lit, coincé entre le mur et le blond armé, en pleine nuit, c'est à dire en mauvaise posture. De jour, il aurait tenté de lui prendre les lames, il l'avait déjà fait après tout, mais la pénombre rendait l'opération beaucoup plus risquée. Comme un animal pris au piège, il sentit la colère monter et ses sourcils se froncer d'avantage.

- je peux savoir ce que tu fous ? cracha-t-il à l'éclat verrons qui lui faisait face.

Question stupide, mais il fallait bien riposter d'une manière ou d'une autre. En le faisant parler, il se donnait le temps de trouver une échappatoire...

Ah, ça il ne l'avait pas prévu. Il en a marre de pas réussir a tout prévoir.
Il s'était avancé pour lui tailler une mèche ou deux dans une folie contemporaine, mais Morgan avait eu une soudaine passion pour le catch. le blond avait juste eu le temps d'ouvrir des yeux ronds que la masse brune s'abbatit de tout son poid plume sur lui, lui choppant ses poignets.

Pas content.

-lâche tout et je lâche. Okay ?
J'en ai maaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaarre de me faire maitriser aussi facilement, même Kelsey arrive à me mettre au sol.

Le blond le trucida du regard en tirant sur la mèche encore prisonnière de son étreinte, en se débattant à coup de pieds et de genoux.

- Lâche moi !! Mais lâche moi bordel !!
Il essayait de passer ses jambes entre lui et Morgan pour l'expulsait de là, mais sans succès. Alors il remuait dans tous les sens, se tortillant comme un gros vers blanc. Le plus simple aurait été de lâcher prise, mais ça se resumait à perdre. Et ça, il en avait marre.
Gabriel, c'est la hargne incarnée. Quand il veut quelque chose, il le veut, et deteste perdre. Surtout face à lui. Il essayait de soulever ses poignets du matelas, mais le brun les renfonçait imédiatement entre les draps.Le blond serrait aussi fort qu'il pouvait les ciseaux. Si il lâche, Morgan pourrait se venger, et il faut pas qu'il touche à ses cheveux. C'est encore l'une des seules choses qu'il a comme Kelsey.

- Mais lâche moi bordel, tu me fais mal !!
Il envoyait des coups de dents dans l'air, espérant chopper entre ses crocs un bout de chair qui le libérera. Il agrippa entre ses dents un bout de peau, surement provenant de son cou, et serra ses mâchoires jusqu'à se faire mal lui même.

Fallait toujours qu'il complique tout, il aurait pu simplement lâcher ces foutus ciseaux et poursuivre sa persécution d'une autre manière, il y avait des centaines de moyens de le faire tout autant chier, il suffisait d'un peu d'imagination. Mais non. On parle de Gabriel, la Fierté incarnée qui déteste ne pas dominer. Et il venait justement de le mettre dans une situation horriblement pas dominante.

Il sentit le corps se débattre sous lui, mais avec le matelas mou sous lui il n'avait aucun appui pour se donner une chance de se libérer. Sous ses doigts les poignets se crispèrent, resserrant encore leurs prises, le blond n'allait pas lâcher, il allait tenir bon avec plus de conviction encore. Enfoiré de blond, tu pourrais pas faire comme tout le monde pour une fois ?

Et puis quelque chose lui chopa la peau du cou et serra très, très fort. Une vague de douleur lui remonta jusqu'aux oreilles en lui vrillant les tympans. Ses dents se serrèrent d'un coup en étouffant une plainte tandis que ses sourcils se fronçaient au possible. La douleur se transforma en feu pendant que la zone attaquée s'engourdissait. Bordel ce que ça peut faire mal.

Morgan se redressa sur ses bras pour fuir l'attaque, ce qui fut une très mauvais idée vu que le blond avait les mâchoires bien serrées. La douleur explosa dans sa tête et les larmes lui montèrent aux yeux. Il lâcha instantanément les poignets pour porter ses mains à son cou, n'ayant plus d'appui il se laissa tomber sur le côté en se recroquevillant. Son souffle saccadé peinait encore à étouffer les gémissements de douleurs dans sa gorge.

- putaiiiiiiiiiiiiiiiin de meeeerde ... siffla-t-il entre ses dents les mains tremblantes sur la plaie.

Il leva une des mains devant son visage. Du sang. Cet enfoiré l'avait mordu à sang. Il avait d'ailleurs du mal à le distinguer à travers les larmes qui lui brouillaient la vue.
Il ne savait même pas quoi ressentir en fait. Ce genre d'attaque était d'une originalité déconcertante et la douleur qu'il lui avait causée le faisait trembler de rage. Si bien que la surprise et la haine se mêlaient à la panique que la vue du sang avait provoquée. Un joyeux bordel en somme.

Une taffe.
- Bon allez, qu'est ce que t'as ? t'as abandonné trop facilement, donc ya un truc qui t'emmerdes, et moi ça m'énerve de me faire taper dessus à cause de quelqu'un d'autre. Si tu tiens tellement à me rentrer dedans, fais le au moins à cause de moi, c'est pas drôle quand t'as pas le sourire sadique.

Une autre taffe. Quelques cendres sur le lit.
Le blond fixait le bout de ses pieds, la tête sur ses bras croisés sur ses genoux. Il remua un peu les orteils, comme pour s'assurrer que ça fonctionnait toujours.

Depuis quand le brun daigne lui adresser la parole pour autre chose que des répliques piquantes ?

Tsk, j'ai vraiment l'air tellement en bad que ça ?

Gabriel avait haussé un peu les sourcils, sans bouger, puis ses paupières s'étaient alourdies.

Stupide stupide stupide, j'ai l'air stupide, je SUIS stupide. Pour que même mon ennemi s'inquiète de mon état, j'suis tombé bien bas ( écrabouille la fierté avec un rouleau-compresseur).

Qu'est ce qu'il y a ?
Très bonne question.
Les pensées s'emmêlent dans son crâne, mais maintenant qu'il doit mettre un mot dessus, les raisons le fuient comme la peste.
Pourquoi je bad au fait ?

C'est vrai ça. Pourquoi je passe des nuits entières à tirer devant la glace des tronches horribles. Je me défonce au vide, et je respire la fumée pour combler le manque.

Manque de quoi ?

Après tout, c'était indéniable, qu'un jour ou l'autre lui ou sa soeur partirait. Il trouvait juste ça un peu trop tôt. Et un peu injuste.

Il ressera un peu la prise de ses mains sur ses genoux, le silence étant oppressant. Allé, dit quelque chose bordel. Dit le.

- C'est rien. J't'emmerderai plus.



Espèce de gros naze.
Tu rumines dans ton coin pendant des semaines, et quand quelqu'un ''s'inquiète" pour toi, tes même pas foutu de dire quelque chose de logique, ou sincère.

Pauvre con.

- ....Gabriel, dit moi ce que je peux faire.

Je crois, que plus que de faire une étreinte pour Morgan, il en faisait une pour lui. Comme les chats qui se frottent à notre propres jambes. Sauf que là c'était un désespéré qui se collait contre le brun, parce qu'il se serrait bouffé les lèvres de réclamer de l'attention.
Alors il l'a prend.

Encore une pensée égoïste.

Et le brun qui se montrerait presque gentil, entre deux coups de poing. Quelle histoire à la mord-moi-le-nœud. Une série ''la vie de Vanessa '' en série B, avec un amnésique dépressif et un taciturne névrosé.
Gabriel se sentirait presque peiné de ne pas pouvoir rendre la gentillesse du moment, et d'être simplement capable de rendre le coup de demain.

Le blond tourna un peu la tête sur le côté, et tomba sur la chambre assombrie. Ses fringues s'éparpillent sur le sol, avec quelques parchemins égarés. Une plume brisée inutile, aussi. Si, cette plume avait servie, il y a une semaine, ou plus, ou moins. Il avait chatouillé le nez de Morgan, un matin. Le brun avait fait des grimaces, encore endormi, avant de cligner des yeux, et que Gabriel lui enfonce la plume dans le nez, et ne se barre en courant, et rigolant très fort.
D'où vient ce besoin de communiquer avec quelqu'un, uniquement pour se chamailler ( oui, pas encore vraiment bagarrer. Quelque coup de poing qui font mal, des fois, mais rien de méchant, on dirait surtout de la lutte. )

Les cours aussi, sur la table qui servait à l'origine de bureau. Le devoir a rendre, pour le sur lendemain, aussi. Gabriel n'avait encore rien foutu. Il allait se recevoir une jolie prune, et un discours moralisateur du prof sur '' il fauuuut trrrrravailleeeeeeeeer jeune homme ! ''.

Et là question de Morgan qui restait en suspend. Bon, le blond s'était suffisamment laissé allé sur les débordement d'émotion ce soir. Il se sentit glisser en arrière, et les mains agrippées à ses côtes effleurer la peau pour disparaître. Gabriel fit quelque pas en arrière, pour s'assoir sur le bord de son lit, les avant bras posés sur les genoux.

Il inspira, et pour une fois, ne recracha pas l'air les cordes vocales vides.

- Rien. A part mon devoir de sorcellerie, rien - un rire (?) le secoua ( bouuuuh il rigole à ses propres blagues LE NUL ). Change rien. Même moi j'peux rien y faire t'sais. La personne qui est la plus chère pour moi, la seule qui sait que j'existe doit me considérer maintenant comme de la sous-merde. Mais c'est mieux comme ça.

Y avait pas vraiment d'ironie dans sa voix. Pas de sourire mal placé, ni réplique froide. C'était pire encore. Une espèce de sincérité étranglée serrait sa voix. Avec sa pudeur des sentiments, il n'avait pas utilisé de verbes forts. Surtout pas le verbe ''aimer'' ou ''avoir mal''. Trop impudique pour lui. Mais au final. Si. Ça faisait un peu mal, qu'elle l'ignore.
Ce n'était même pas de l'ignorance. C'est comme quand vous revoyez un vieil ami, qui s'est marié a eu 4 gosses, 3 promotions, et 2 femmes, et qui vous regarde avec un sourire compatissant de celui qui a évolué, quand vous racontez bredouillant que vous êtes seul, en perte ou prise de poids phénoménal, que vous avez raté votre examen, et que ce qui vous retiens à la vie est la série du dimanche soir sur TF1.

C'est ce regard là, doux, un peu moqueur, du '' tu vas grandir, tu verras '' qui fait mal. Parce que ''pourquoi t'as grandis sans moi ? T'as une nouvelle vie des nouveaux amis, mais tu ne m'as même pas laissé le temps de te dire au revoir.''

- Enfin, c'est des conneries tout ça, laisse tomber, ça ira, thank you.

Le blond agita la main, comme pour montrer combien c'était futile, et sourit en coin.
En fait, il a besoin de communiquer sans s'attacher.
C'est surement ça le problème.

Le blond regardait ses doigts de pieds gigoter, la tête au plus basse. Quoi, un peu honteux de ce que t'as dit ? C'est vrai, niveau pudeur émotive, t'en tiens une couche. C'est comme ça qu'on l'a élevé. Montre rien, tes un homme, soit fort. Ne montre aucunes failles ou tu te fera bouffer. Il en avait montrer beaucoup, de failles, en un soir. Une fois, il a eu le malheur de parler d'un de ses ''problèmes '' d'enfants à ses parents. Ce n'était pas grand chose. En primaire, à l'école, un des enfants lui avait volé son nouveau jouet ( un robot articulé troooop cooool °0° !! Bref ). Et il était triste, un, parce qu'il avait plus son jouet d'la mort trop cool, de deux, et surtout, parce qu'il allait se faire engueuler très fort. Il avait voulu exprimer sa peine à sa mère, il voulait se faire réconforter alors il avait fait le geste d'aller dans ses bras, prêt à fondre en larme en un ''ouiiiiiiiin m'engueulez paaaas ! ''.
Sa mère l'avait saisit par les épaules pour le repousser au plus loin dans le salon un peu trop grand. Et quand Gabriel avait levé des yeux attristés vers elle, elle lui avait répondu d'un ton sec qu'à son âge, elle n'en avait même pas. Alors qu'il n'avait pas à faire son pleurnichard. Les mots froids claquèrent dans l'air, alors que la mère supérieur, stoïque ne détachait pas ses yeux froids du gamin. Gab baissa la tête, en un hochement, et se retourna pour apercevoir Kelsey dans l'encadrement qui regardait furtivement. Il sortit, et prit la main de sa sœur en allant dans leurs chambres. Dans leur maison, aucune émotion trop violente ne devait sortir. Quand, à table, la mère raconta au père les déboires du blond, et que celui ci l'acheva avec juste quelques phrases, le challenge était de ne pas pleurer. Surtout pas. Jamais.

La tendresse c'était entre Gabriel et sa soeur, et encore fallait pas la montrer.

La pudeur est devenue maître des lieux, et il ne faut surtout pas en faire trop. Alors c'est pour ça que le blond fixe ses pieds, un peu honteux. Il ne redressa pas la tête en attendant Morgan se lever, il observait plutôt les plis de son ventre, et comment ils bougeaient quand il respirait.

- bon, si c'est vraiment tout ce que je peux faire okay. Je te fais ton devoir, mais c'est pas gratuit, faut pas rêver.

Gabriel releva la tête avec des yeux ronds. "Tu me fais mon devoir, sérieux ??? Mais... Comment ça pas gratuit ? ''

Il commençait à réfléchir ardemment sur ''quelle monnaie d'échange veux le brun''. Il a pas tant de thune que ça. Et faudra un moment avant que son père ne lui envoie de l'argent. Pas vraiment d'objet de valeur non plus.
Il regardait le visage totalement fermé de Morgan, espérant trouver une réponse dans ses yeux morts.

- Je te le fais si tu fermes les yeux. Là maintenant tout de suite. Dépêche.

Gabriel fronça automatiquement les sourcils. " Hein de quoi ? Pour quoi ? Pour qui ? '' . Les hypothèses de ''pourquoi il veut que je ferme les yeux ?! '' se déroulaient dans son crâne.
" Il a pas digéré que je veuille lui couper les cheveux et veut me faire la même ? Mais, là, c'était cool, non ? On a réussit a bien parler, et il veut me frapper ? Merde, il a pas dut apprécier que j'lui tombe dans les bras. Il est comme maman, il veut pas de débordement. Il va pas me taper quand même Oo.''

Toutes ces pensées passaient très très vite dans sa tête, et il ne quittait pas Morgan des yeux, l'air un peu paniqué à l'idée de se faire péter une dent.
Et devant l'évidente impatience du brun, qui pouvait à tout moment décliner son offre, Gabriel ferma les yeux, pas vraiment rassuré. Il en avait besoin, de cette note.

Alors on verra bien.