[reprise de service, donc si ça ne va, mp ]

Morgan n’était plus. Et le monde dans lequel vivait ce dernier non plus.

Au milieu des guenilles déchiquetées de ce qui fut les vêtements du gamin se tenait dorénavant un loup. Il ne restait plus aucun aspect humain, pas un bout de peau, uniquement de la fourrure, l’intégralité de son corps était maintenant un loup. Et celui-ci découvrait un monde nouveau, un monde de sensation. Là où le gosse ne voyait que ténèbres, le lycan y voyait multitudes de nuances d’un monde forestier se mouvant dans un clair obscur. Les formes se détachaient les unes des autres avec précision et acuité, aucun mouvement des créatures qui vivaient des ses bois interdits n’échappaient à sa vision. De la chenille qui grimpait mollement le long d’une écorce à la souris qui courait lestement sur le tapis de feuille dans les ombres, le loup percevait tout. Même la douce mélodie de la forêt n’y échappait pas. Le bruissement des feuilles au gré des vents, les petites pattes agiles de la souris sur le sol, quelques chouettes au loin, le crissement des branches, le ruissellement d’un ruisseau… Les humains ne percevaient en ses lieux que silence angoissant et mort, le loup y sentait la vie de toute part. Il la voyait, il l’entendait… Les bruits de pas, les brindilles qui se brisaient sur son passage, il sentait la terreur de la jeune fille qui courrait devant, il sentait sa douce odeur, la promesse appétissante qu’elle représentait, l’odeur chaude qui émanait d’elle… Et dans ce monde de sensation, la plus forte d’entre elles assaillit le loup.

La Faim.

Poussant son premier hurlement à la pleine lune dans ce nouveau monde où il venait de naître, il s’élança à la poursuite de la fille. C’était sa première chasse, et quelle proie de choix se présentait là ! Il ignorait tout de la chance qu’il avait. Il ignorait encore tout de l’art de la chasse. Seul l’instinct guidait le louveteau, l’instinct et l’irrésistible envie. Il avait faim, et cela surclassait toute autre considération. Il fallait qu’il se nourrisse, et en tant que première chasse, il ne savait pas encore à quel point parmi toutes les proies desquelles il aurait pu se repaitre, l’humain était de loin le meilleur. Ce fut d’abord avec empressement qu’il se glissait avec aisance à travers les arbres et branches de la forêt. Puis petit à petit, au fur et à mesure qu’il avançait à pas de loup dans les bois, derrière la Faim se tapissait un autre désir qui prit peu à peu le dessus.

La Chasse.

Un jeu. C’était un jeu fabuleux. Sentir sa proie tenter désespérément de fuir l’inévitable, sentir sa peur et sa terreur avant de s’en repaitre, un met n’était jamais autant savourer que quand on avait pris le temps de le désirer. Et c’était tout ça, la chasse. S’il allait trop vite, il allait se gâcher ce plaisir là, alors qu’il y prenait déjà goût. Cessant de tenter de la rattraper au plus vite, le loup chercha plutôt un moyen de la coincer dans une situation où la jeune verte et argent ne pourrait plus fuir. Lui sauter dessus de dos était un fait, mais pouvoir observer sa détresse de face avant de la dévorer en était un autre bien plus appétissant. Et puis se nourrir essoufflé n’était pas la meilleure des conditions pour savourer un repas, vous vous en doutez bien.
Alors le lycan se mit plutôt faire un contour de sorte à obliger la jeune blonde à sa rabattre vers un renfoncement rocheux non loin. Ce serait vraiment parfait. Elle ne pourrait plus fuir, juste contempler sa fin… Il accéléra de nouveau sa course, la ponctuant de quelques hurlements afin d’accroitre la peur de la Vert et Argent d’une part, et de lui signaler sa position d’autre part pour la contraindre à aller à l’opposé de lui. Et au bout de quelques minutes, il parvint à ses fins.
Sa proie était à portée maintenant. A moins d’un miracle, elle ne le lui échapperait pas. Chasser était quasiment plus important que se nourrir, jusqu’au moment où la soif se faisait trop forte.
Un seul bond, et il pouvait lui sauter à la gorge et s’abreuver à la nuque de la jeune fille du si précieux liquide chaud et nourrissant… Il n’aurait plus qu’à savourer tranquillement… Enfin, tranquillement, il ne s’était pas rendu compte dans son obnubilation que ce coin abritait déjà une autre bestiole des moins recommandables de la forêt.

[hj : ]

La terreur de la gamine envahissait littéralement les sens du Loup Garou, c’en était trop, la chasse était finie, la bête était maintenant trop affamée pour pouvoir continuer ce petit jeu. Quand bien même il eut été plaisant. Toutes les bonnes choses avaient une fin, et là ça serait pour en commencer une encore meilleure que la précédente. Le Lycan observait avec un certain amusement sa proie chercher désespérément sa baguette parmi les branches éparpillées sur le sol. Par contre, il n’avait pas prévu le lumos qui allait s’en suivre. La pupille du louveteau garou se rétracta instantanément afin de protéger sa vision nocturne de la vive lumière émise par la baguette de la jeune fille. Mais fait étrange, sa proie ne le regardait plus lui. Pourtant, y’avait pas plus gros et plus dangereux que lui dans les environs. Quoique. Et ce fut à ce moment que la bête comprit ce que la petite blonde observait.

Mais un poil trop tard.

Le troll des forêts venait déjà de faire voler le loup d’un coup puissant du bras. Le Lycan alla finir son vol le dos contre une pierre, ce qui lui arracha un couinement canin. Pas prévu bête plus grosse. Le louveteau était encore trop jeune et trop aveuglé par la faim pour comprendre la notion de territoire et qu’en l’occurrence, il venait de violer celui du Troll. Mais dans l’esprit du loup, c’était un rival, un concurrent qui voulait lui voler sa nourriture. En réalité, la créature n’en n’avait pas l’intention de prime abord, mais la lumière du Lumos attira son attention plus que de mesure vu qu’il croyait avoir mis le Lycan hors d’état de nuire… Et manifestement, les repas gratuits chassés et livrés sur mesure, le Troll n’y disait pas non. Mais ça, il n’en n’était pas question.

C’était sa proie à lui, rien qu’à lui, on ne la lui volerait… PAS !

La faim et la rage de se faire piquer son gibier sous la truffe remit le loup sur ses pattes qui bondissait droit sur le Troll pour le mordre lui. Le Troll Garouuuuu ! Œil pour œil, dent pour dent disait la loi du Talion. Et bien en la matière, le monde animal appliquait scrupuleusement bien cette règle quand il s’agissait de prédateurs d’influences égales. Les crocs du Loup Garou parvinrent à pénétrer le cuir épais du Troll et à le blesser un peu. Mais il en fallait plus pour que ce dernier s’avoue vaincu, et dans un grognement rauque il envoya cogner le Lycan contre le sol. La balle était de nouveau dans le camp de la bête qu’était devenu Morgan. La fille en devenait presque anecdotique dans la liste des priorités établit par l’instinct. Il fallait d’abord abattre cet ennemi... Et la lutte serait violente. D'autres instincts vinrent se mêler à celui de la faim, de la rage et de la violence, par exemple la domination. C'était un duel de bête, le gagnant dominerait l'autre et son territoire. Et le Loup n'avait nullement envie de céder cette place de choix, la forêt serait son terrain de chasse à lui, et rien qu'à lui. Se débattant de l'étreinte du Troll, et voyant que les griffes ne servaient à rien face à un cuir si épais, le Lycan continuait de mordre avec fureur tout ce qui passait à sa portée, de sorte à affaiblir peu à peu la créature par épanchement de sang...

La Serpentarde avait là maintenant sa dernière chance d’échapper aux deux prédateurs. Pendant qu’ils se battaient, jusqu’à ce que le plus fort vienne s’enquérir de son trophée.

[hrp : pas terrible, mais faut boucler ]

La bataille faisait rage, les hurlements bestiaux avaient fait fuir toutes formes de vie amovible des environs. La réputation de la forêt interdite allait encore s’accroitre si certains pour une raison X ou Y s’en trouvaient suffisamment proche pour entendre les échos du combat. Ni l’un ni l’autre ne voulait céder, le loup dominait par sa puissance, son agilité et son instinct, mais le Troll avait pour lui la force brute, plus d’expérience que le louveteau, et surtout une position de défense… En terrain connu puisque c’était le sien. Néanmoins, le loup, plus agile, esquivait plus facilement que ce dernier les attaques portées. En même temps avec une massue rudimentaire, il était assez aisé pour les sens accrus du louveteau d’éviter les dégâts. A contrario, le Troll finissait par s’affaiblir. Même si les morsures de son adversaire ne causaient que des entailles légères, leur nombre continuait de s’accroitre et donc d’accentuer l’épanchement de sang du monstre. Jusqu’au moment fatal où après une énième esquive de la bête, le Troll laissa son cou à porté de croc. Il n’en fallait pas plus pour que le Lycan profite de cette ouverture afin de sauter à la gorge de son ennemi. Les crocs s’enfoncèrent à travers la peau plus fine à cet endroit, transperçant la trachée de la masse de muscle. Ce dernier tenta d’attraper le loup avec ses grosses mains pour le faire dégager de là, mais plus il tirait sur la bête velue, et plus les crocs s’enfonçaient profondément… Au risque d’arracher la chair s’il tirait trop. Ce n’était plus qu’une question de temps avant que le Troll ne passe l’arme à gauche, grognant de plus en plus avec le manque d’air et de sang… Et ce qui devait finir par arriver, arriva. Le monstre tomba dans un bruit sourd sur le sol, alors que le Loup Garou continuait d’aggraver la blessure fatale, et dans un dernier grognement rendit l’âme. Les crocs du loup quittèrent la gorge de sa victime. Il avait gagné, mais ce n’était pas bon. Non, ce n’était pas une bonne nourriture, le goût du sang du Troll était absolument infecte pour les papilles du Lycan. De toute façon, son vrai dîner, ce n’était pas lui n’est ce pas ?
Mais la proie n’était plus là. Elle s’était enfuit. Le sang du lycan ne fit qu’un tour et il poussa un long hurlement dans la nuit avant de se lancer sur la piste de la jeunette. Rage Faim Rage Faim… Dans sa fureur de bataille, il en avait oublié le principal, et maintenant, il s’en mordait les doigts pattes. De plus, comme le combat fut long, elle avait peut être même eut la chance d’avoir quitté la forêt… Et ce fut le cas. Le Lycan s’arrêté à la lisière de la forêt. Trop tard. Son instinct lui disait qu’il ne fallait pas qu’il quitte les ténèbres des bois, sans quoi il risquait de mettre sa propre peau en danger s’il s’aventurait proche du grand bâtiment de pierre. Poussant un cri de rage, il s’en retourna dans les bois… Il devra se contenter de petits gibiers sans importance qui n’assouviront jamais sa Soif.

******

Morgan ouvrit les yeux avec les premières lueurs de l’aube marquant la fin de sa transformation. Il se sentait mal. Très mal. Son corps lui semblait n’être que courbatures et il ne parvenait pas à bouger comme il l’aurait voulu... Et puis il avait comme un truc affreusement pâteux et immonde dans la bouche. Il trainait à moitié dans la boue en prime… Comment s’était il retrouvé là ? Ses souvenirs n’étaient que brumes, tout s’était arrêté après l’ordre qu’il avait donné à… Oh non.

Son corps immobile retrouva tout à coup une grande partie de sa vigueur face à l’horreur de cette pensée. Son regard se porta alors sur son torse nu, du sang séché coagulé le souillait jusqu’à sa bouche.

Il cracha.

C’était vraiment immonde, et il était terrorisé. Il voulait de l’eau, il voulait se débarrasser de ce sang. Sang qui n’était pas à lui. Il n’osait même pas imaginer son propriétaire, mais il devait être mal en point… Ou plutôt, il devait être mort. Il trouva à proximité une mare d’eau, sale certes, mais suffisante pour qu’il puisse ôter la plus grande partie du sans séché sur sa peau. Il a tué quelqu’un, c’était un meurtrier. Bah oui, à qui d’autre ce sang pouvait il être ? Ange ne pouvait pas avoir eu le temps de fuir à un Loup Garou affamé ! Que devait-il faire ? Si on l’attrapait, on l’enverrait à Azkaban, il recevrait le baiser du détraqueur, et il mourait. Méritait-il autre chose ? Il avait tué une camarade de classe !
Morgan était affolé, il ne voulait pas, il ne savait pas, il ne se maitrisait pas. Il voulait que tout s’arrête, que tout redevienne comme avant, il n’avait pas voulu qu’Ange meure ! S’il était dans un état normal, sans doute se serait il roulé en boule quelque part pour pleurer de terreur. Mais dans son état de choc, ce lâche réflexe ne lui traversa même pas l’esprit. Son esprit était juste comme embué, et il fallait faire quelque chose… Cette forêt l’inquiétait au plus au point, et le sale gosse n’aspirait qu’à la quitter. Puis la solution vint d’elle-même : Dumbledore. C’était ça, il fallait qu’il aille voir Dumbledore. Lui seul savait ce qu’il devait faire, lui seul pouvait dire ce qu’il fallait qu’il fasse. Cela suffisait au sale gosse épuisé pour se sentir un peu mieux : il n’avait pas besoin de penser, c’était le rôle du directeur. Il se remettrait entièrement à lui et à sa bienveillance : après tout, c’était aussi de sa faute (gosse ingrât !) qu’il se trouvait encore à Poudlard parmi des humains normaux.
Après un peu de marche dans la forêt, le Serpentard retrouva un fameux petit buisson assez proche de la lisière de la forêt, et il enfila en vitesse le pantalon et la chemise qui s’y trouvaient sur son corps couvert de quelques traces de sang séché et de boue… (non non, il n’allait pas rentrer à pwal au château). Une chance qu’on l’avait averti de ce qu’il devait avoir préparé pour son réveil et avait donc laissé en conséquence le sac et des affaires propres le matin de la veille caché dans un buisson.
Quand il parvint au château, les portes venaient tout juste d’ouvrir. Il était suffisamment tôt pour qu’il n’y ait pas un chat dans les couloirs, mais suffisamment tard pour que les premiers élèves ne tardent pas à sortir de leurs dortoirs. Aussi donc, Morgan se hâta tout particulièrement pour rejoindre le bureau du directeur… Il ne voulait pas affronter le regard des autres… Devant la gargouille gardienne du bureau de Dumbledore, jamais Morgan n’aurait pu imaginer qu’un tel soulagement était possible quand le vieil homme lui annoncerait qu’Ange était bel et bien revenu à l’école saine et sauve… Après une longue discussion, ce fut un sale gosse, soulagé, mais inquiet qui quitta le bureau…
Parce que cette nuit n’était pas encore finie. Il fallait en assumer les conséquences maintenant. Comment devait-il se comporter auprès d’Ange maintenant ? Comme devait-il lui demander de ne pas dévoiler son secret ? Morgan commençait à se rendre compte que sa future vie de Loup Garou serait très loin d’être facile… Mais qu’il devait s’y préparer dès maintenant.

[hj : FINIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII ! ]