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 Celui qui regardait le ciel et ne se souciait plusdes autres
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MessageSujet: Celui qui regardait le ciel et ne se souciait plusdes autres   Celui qui regardait le ciel et ne se souciait plusdes autres EmptyDim 28 Juin - 17:06:53

[PV Dame Jezabel ]

Les yeux étaient sans nul doute le miroir de l'âme. Expressifs, même chez les gens dépourvus d'intelligence, ils savaient exprimer des sentiments simples comme la colère, le plaisir ou la peur. Seuls les plus doués savaient fermer ces fenêtres indiscrètes, faire preuve de maitrise. Cependant, une fois la personne décédée, c'était plus à l'expression figée de son visage que l'on s'adressait pour comprendre ce qui s'était passé, ce qu'avait pu ressentir la personne au moment de sa mort. Le regard n'était plus qu'une masse vide et inexpressive, terriblement déprimante.

Dorian jouait distraitement avec le revers du col noir de sa veste et se demandait ce qui avait pu passer par la tête de l'homme étendu sur le sol. Autour du cadavre se pressait la masse informe, compacte des passants du petit matin londonien, qui pressait le sorcier contre d'autres de ses congénères. Le blond entendait les murmures sans vraiment y prêter attention, il fixait les deux mirettes brunes aux pupilles dilatées d'un air absent. Le corps ne portait aucune autre marque nette de violence qu'un très fort hématome sur la tempe droite qui s'étendait sur plus de la moitié du visage. Le décès avait du être douloureux et l'absence d'armes à proximité laissait à supposer soit un sort, soit que le criminel avait emmené avec lui l'arme du crime.

Les théories autour de lui allait bon train, au milieu des cris horrifiés et des larmes, des chuchotements, des murmures ou des cris passionnés. Il était impressionnant de voir comme une personne dont on pouvait se soucier autant que de sa première chaussette, prenait soudain l'importance d'un ministre. Selon Dorian, c'était risible. Toutefois, il appréciait ce bourdonnement causé par ce type d'événement. Un fait divers qui ferait couler un peu d'encre sur du papier, quelques cauchemars pour les âmes sensibles du matin et de la matière à réflexion pour quiconque s'amusait un peu des affaires de mœurs et des enquêtes. L'homme au sol était richement habillé et portait une tenue de sorcier. Le blond se serait volontiers approché pour savoir si le malheureux avait encore ses affaires ou si le malfrat bien attentionné s'était senti de lui lester les poches, en plus de le soulager de son existence.

Le meurtre était toujours un fait qui intriguait le directeur du département des transports magiques. Il avait sous les yeux un crime propre et en bonne et due forme, loin des méandres sinueux de ses propres actions. L'homme qui avait perpétré le forfait devait même avoir un peu de sang sur les mains, pensa-t-il en avisant la flaque rouge sur le sol. L'attention du vaudou avait été attirée par le regard vide du décédé et il n'apercevait que maintenant de la charmante tache carmine qui s'écoulait en minces bras et épousait amoureusement les petites lignes entre les dalles. Quelques sorciers s'étaient poussés et il pouvait à présent mieux juger du spectacle, à condition de faire un tantinet attention à ne pas souiller ses chaussures. Il ne manquerait plus que d'arriver avec du sang sur les semelles au ministère, cela manquait pour trop de légèreté. Son travail était suffisamment éreintant qu'il ne s'attache pas en plus des images pénibles à l'esprit. Car si un frais cadavre sur le bord du chemin avant même l'ouverture des magasins, baigné par le soleil s'engageant délicatement dans la rue, était un spectacle agréable, le fait de s'y retrouver mêlé rendait l'affaire beaucoup moins attrayante. Il y avait un nette différence entre le voyeurisme et le fait de prendre part à l'incident.

Dorian recula un peu alors que le sang qui s'écoulait de la tête de l'infortuné arrivait dans sa direction. Ou plutôt, il tenta de reculer, la foule était suffisamment compacte pour l'empêcher de circuler et les gens choqués ne semblaient pas vouloir se décider à le laisser passer sans une bonne raison. Piètre prestation de la masse, mais cela n'était guère plus que ce que l'on pouvait attendre d'elle. Une barrière si dense qu'il ne pouvait passer fit apparaître un pli soucieux sur le visage aristocratique du blond ; lui qui voulait laisser la place à d'autres curieux, histoire que ces derniers se rincent l'oeil en paix et ne s'accablent avec joie de pensées faites de corps aux cranes éclatés marquées au fer rouge dans leur esprit.

Il repéra une silhouette un peu en retrait, une femme. Cela lui convenait parfaitement pour ce qu'il avait à faire. L'homme leva son bras :


« Attends moi, je t'avais dit qu'on partirait ensemble ce matin! »

Un air pressé, voir oppressé sur le visage, il écarta sans douceur un individu d'une quarantaine d'années en faisant mine de ne pas l'avoir vu, toute son attention portée sur la femme. Le bousculé lui adressa un regard courroucé avant de se retourner, voir ce qui avait attiré l'attention du blond Maverick. Forcé de reconnaître que la dame qui l'intéressait valait plus que le spectacle d'un cadavre, l'homme s'écarta, l'aidant même écarter une jeune fille d'une quinzaine d'années juste derrière lui. Il n'y avait décidément plus de jeunesse.

[Comme ça, tu peux être un peu en retrait, totalement en retrait, pas du tout dans le foule ]


Dernière édition par Dorian Maverick le Lun 23 Nov - 21:00:42, édité 6 fois
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MessageSujet: Re: Celui qui regardait le ciel et ne se souciait plusdes autres   Celui qui regardait le ciel et ne se souciait plusdes autres EmptyMar 30 Juin - 13:09:22

[Je m'attendais à être nommée Miss Parpaing.]

-Je vous laisse la bouteille, miss ?

Accoudée au comptoir, la main refermée sur son verre comme sur le cou d’un fâcheux, la jeune femme releva un œil morose vers le sourire « Arrachez moi ce qui me reste de dents » hissé bien haut sur la trogne du propriétaire du Chaudron Baveur. Il avait juste un peu l’air de vouloir taper dans l’ironie. Sûr, commencer la journée par du Pur Feu, ça dénotait une humeur à suinter des larmes jusqu’au comas éthylique salvateur. Seulement Jezabel n’avait pas l’air de vouloir bramer son chagrin à la ronde, ses yeux jade étaient aussi flous que le verre du demi, mais ce n’était pas le crachin du cœur brisé qui embrumait ses prunelles, si vives à l’ordinaire. A la voir si atone, sans doute pensait-il avoir devant lui un des nouveaux déchets de cette époque incertaine, prêt à jouer les autruches en plongeant tête la première dans des tonneaux d’alcool fort pour oublier la mort et comater 24/24.

Mais il avait tout faux, le Tom.

Primo, elle avait juste des heures de sommeil en moins dans le buffet. Aujourd’hui, c’était le grand jour de la rentrée universitaire. Pour elle. Le reste des autres avait repris les cours la veille, le jour du lundi consacré. Et ce n’était même pas un oubli de sa part, elle n’avait rien de la tête en l’air percée faisant la girouette à tous les vents. Elle avait manqué le lundi sans vergogne, sciemment, en toute connaissance de cause. Et n’était le professeur Hastet et son cours de Métamorphose Avancée, elle serait restée sous les draps ce matin également. On s’habituait vite à ne rien faire de ses journées pendant deux mois et à vivre la vie des rois : faire ce que l’on voulait, quand on le voulait et fuck the world. Le retour à la réalité était dur pour celle qui fut, la durée d’un été, la maîtresse de l’espace-temps de son propre univers.

Et deuxio, elle était encore tombée sur un drôle de cintré, au petit matin. Pas méchant, mais vraiment bizarre. Paradoxalement, l’idée de se lever tôt l’avait tenu éveillée une bonne partie de la nuit passée à râler contre l’heure du réveil de plus en plus proche, pour finir par s’endormir trois heures et sortir du pays des songes à presque six heures du matin. Le moment de l’ouverture des paupières coïncident avec le grincement strident d’une dent contre une autre fit immédiatement porter le chapeau de son réveil impromptu à sa copine de chambrée. Quelques coups d’oreillers vengeurs plus tard et un long passage obligé par la case salle de bain, la demoiselle sortait à la fraîcheur matinale et se retrouvait dans les bras d’un homme. Ou plutôt, lui se retrouva dans les siens. Et là, au lieu de l’engueulade traditionnelle des accrochages de carrefour, il lui faisait faire un pas de danse et lui balançait une réprimande classique dans le répertoire du patriarche.


-Vous devriez être plus prudente, ma petite dame. , l’avait-il grondé en tapotant avec légèreté la tempe de la sorcière interloquée du bout de l’index, laissant par la même occasion une subtile trace carmine sur sa peau blondie, pour l‘heure cachée sous ses boucles.

Les percussions de son doigt avaient semblé vibrer à travers ses os et Jezabel avait rageusement repoussé la main agaçante, regrettant que le feutre noir des gants de l’homme épargne les griffures à la couenne planquée sous sa protection de tissu. Et après, elle avait admiré un macchabée. Certain aurait estimé que la journée commençait vraiment mal, elle, pour une certaine raison, elle pensait être bénie.

Toute de grâce raffinée, l’étudiante ensommeillée fit un cul sec de son broc, les paupières plissées sous l’effet de la brûlure du liquide, si fort qu’il semblait bouillant, le long de sa gorge à jeun. Avec un hoquet de souris, la miss fit claquer son verre asséché sur le revêtement usé du bar et retourna son sourire au vieux Tom, les yeux absinthe, mordants et parfaitement réveillés. Il n’y avait rien de comparable au coup de fouet de l’alcool, sauf celui de la rage qui claquait pour donner le la du carnage. La jeune femme aplatit une pièce sur le comptoir et se leva de son siège, parfaitement stable sur les talons de ses bottines.


-Vous voyez, laissez moi toute la bouteille et je serai d’attaque pour concurrencer le grand Lord Croquemitaine.

Hou, ce coup d’œil. Certains ne jouaient pas avec la nourriture, d’autres respectaient la mémoire des défunts qui n’avaient de toute façon plus de susceptibilité ni d’honneur à conserver la peau trouée de vers, et il y en avait d’autres qui se choquaient de la banalisation des catastrophes de ce monde. Rho, si on ne pouvait plus détendre l’atmosphère. C’était pour les pauvres gars comme lui qu’elle faisait ça. Evidemment, si elle avait été dans le rang des cibles à abattre, elle aurait eu la mine un peu plus basse. En ce qui la concernait, elle se sentait débordante d’optimisme tant qu‘elle restait loin de ces choses. Et quand bien même, au tableau des rencontres Mangemoresques, elle s’en sortait avec un score plus haut que bien des Aurors. Les justiciers du Ministère oubliaient que les membres du sombre groupuscule n’étaient pas que des monstres.

Jezabel retourna une petite lippe faussement boudeuse à l’homme chauve et sortit du pub, direction Gringotts. Elle avait quelques petites choses à aller vérifier chez les Gobelins. Pourtant, ses pas claquants sur les pavés détournèrent sa trajectoire jusqu’à la scène du meurtre. Une lubie de criminel, parait-il. Mais elle ne put pas s’approcher. Depuis tout à l’heure, le cadavre n’était plus solitaire et sans doute des hommes du Ministère viendraient bientôt jeter un œil professionnel à l’enveloppe sans vie. Si quelqu’un parmi la foule grouillante avait pensé à prévenir. Sans cela, la dépouille pourrait restée là tant que l’attraction attirerait encore son client. Ou que la puanteur devienne mauvaise pour les affaires, ce qui laissait une marge de deux/trois jours.

Un bras sortit soudain du pêle-mêle accompagné d’une voix et d’une tête que l’ex-française analysa rapidement. Un blond. La trentaine. Inconnu. Qui pourtant regardait droit dans sa direction. Et après confirmation de ses yeux, elle était bien toute seule à lorgner la grappe de quidams dissimulant la chair froide qu’elle n’avait pas pris le temps d‘inspecter tantôt. Toute seule dans la rue, elle avait peut-être été la première à le découvrir dans son état post-mortem et n’avait pas eu envie de se recevoir un tel poids mort dans les bras. Quoiqu’il en soit, son interpelleur anonyme était d’aspect assez plaisant pour qu’elle ne lui tourne pas le dos en l’abandonnant à la masse compacte faisant cercle autour du cadavre. Juste pour rire. Elle afficha même le sourire de l’attente aimable et croisa les bras, véritable reine de patience, amusée de le voir se forer un chemin pour la rejoindre.


*Tremble Hélène, bientôt on me vouera une guerre.*

Des personnes étaient déjà éjectées en son nom.


-On allait tourner de l’œil, dearest ? ,demanda-t-elle avec une petite pointe d’ironie dans la voix lorsqu’il se fut extrait de la foule.
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MessageSujet: Re: Celui qui regardait le ciel et ne se souciait plusdes autres   Celui qui regardait le ciel et ne se souciait plusdes autres EmptyMar 30 Juin - 22:02:55

[Dame Parpaing, Dame... Miss, j'aurais pas osé ]

La robe de la jeune fille adopta un pli étrange alors qu'elle cédait le passage à Dorian. Coincée par la foule pour trop compacte, il n'était pas aisé de se déplacer, et encore moins aisé de garder un semblant de dignité. Le fait que les femmes portaient des robes n'aidait pas non plus. Un homme était sensiblement plus amené à porter des pantalons et le blond gardait ses robes de sorciers pour le ministère. S'il avait à passer parmi les moldus, il était important de ne pas trop se faire remarquer.

Dorian évitait pourtant avec une constance remarquable, d'avoir à frayer avec les sans-magies. Ce n'était pas qu'il ne les aimait pas, c'était qu'il les abhorrait. Nuance importante, s'il en est. Il était presque impossible de pouvoir se couper totalement de leur monde et pourtant, le directeur ne souhaitait que ça. C'était un rêve, une belle utopie, mais contrairement à ses pairs, le sorcier faisait en mesure qu'un jour, cette idée puisse devenir réalité. C'était la voie à suivre, ne pas rester assis et tenter d'avancer dans l'incertain. Cela avait quelque chose de romanesque pour un quotidien qui ne l'était pas et Dorian Maverick n'était certainement pas un idéaliste. Il avait beaucoup de défauts, mais celui n'était pas à ajouter à la longue liste de ceux qui composaient sa personnalité.

Il était à noté, et sans afficher la touche de dégout obligatoire du béni-oui-oui commun, que si Lord n'avait pas été là pour faire entendre sa voix au mangemort, Dorian Maverick aurait surement fini comme un vulgaire tueur en série. Triste destin, n'est-ce-pas? Certains de ses congénères masqués considéraient le meurtre pour un acte nécessaire, de par des raisons scientifiques ou idéologiques. D'autres aimaient torturer et faire souffrir, mais peu appréciaient le meurtre pour l'art que cela représentait, l'instant de grâce extraordinaire que l'on ressentait à l'exécution du Plan. L'inquiétude suprême de savoir si ça allait fonctionner et le doux trouble de s'en sortir sans être inquiété par les incompétents du ministère. Cela allait de soi, peut être parce que l'homme s'arrangeait toujours pour trouver un autre responsable ou maquiller la chose en suicide. Mais avant tout et plus important : Dorian Maverick n'était pas un assassin. Il n'était que l'auteur inspiré de pièces dramatiques. Il créait personnages et situations, et les laissaient prendre vie sous son regard froid et calculateur.

Soit, mais toute cette belle prose sur l'art de tuer un homme ne le sortait pas de la foule. Il tapa du pied pour attirer l'attention d'un vieil homme qui sortit de sa contemplation morbide et regarda l'anglais comme s'il sortait d'un film ou venait de lui dire qu'il couchait avec sa femme, sa fille, sa soeur, sa petite fille, toutes à la fois. Le plus âgé s'écarta rapidement et Dorian n'attendit plus pour sortir de la masse. La belle semblait ne pas vouloir prendre le large et ne bougeait pas. Bien elle l'attendrait deux secondes de plus, il devait d'abord reprendre figure humaine. C'est à dire, être un minimum présentable. Le sorcier lissa son costume et replaça convenablement sa cravate bleu nuit puis s'approcha de la femme.

Les temps habituels auraient voulu qu'il transplane directement, il ne s'était toutefois pas attendu à ce qu'elle le prenne à la lettre. Dorian eut été satisfait si la femme l'avait ignoré, mais puisqu'elle désirait engager la conversation, il n'était pas homme à se montrer grossier envers les dames.


« Dearest? »

Le sorcier leva un sourcil élégant, avant d'afficher un froid sourire charmeur :

« Les manières y perdent ce que l'affection y gagne à ce que je vois, darling. »

Il agita la main en direction de la foule, son sourire s'élargissant un peu. Il gardait son pale regard arrimé à celui de la jeune femme, une lueur amusée au fond des yeux, comme la lumière d'un bordel pour marin en manque d'amour par nuit d'encre.

« De tourner de l'oeil, peut être pas, mais le contact devenait un peu trop. Je dois respecter mes quotas. »

Le sorcier pencha la tête légèrement sur le coté, il en profitait pour détailler rapidement la personne qu'il avait interpelé depuis la foule. La chance avait parfois du bon. Un simple bilan rapide, que la femme ne se sente pas épiée ou mal à l'aise à cause d'un lourd abruti de plus.


Dernière édition par Dorian Maverick le Jeu 26 Nov - 19:37:57, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Celui qui regardait le ciel et ne se souciait plusdes autres   Celui qui regardait le ciel et ne se souciait plusdes autres EmptySam 4 Juil - 20:30:52

Mignon de voir comme les règles de vie durement acquises au cours de l’enfance pouvaient devenir des réflexes dans l’âge adulte. Les petits garçons avaient bien souvent du mal à comprendre que la leçon du récurage intensif ne se traduisait pas par l’exploration de l’intérieur de leurs narines avec l’index. Elle se rappelait du cousin Simon et de la méthode de l’oncle Emilius pour lui faire définitivement oublier sa mauvaise habitude. Après avoir vécu toute une journée le doigt implacablement collé dans le nez par un mauvais sort, le gamin avait remisé cette manie dans la sphère de ses activités intimes. Et les peintures de Célestin qui débordaient toujours des chevalets pour atterrir sur les murs en fresques d’un style naïf primitif qui aurait pu passer pour les origines du fauvisme au néolithique. S’il avait été plus soigneux, aucunes bavures coupables sur sa peau et ses vêtements n’auraient décrédibilisé ses mensonges lorsqu’il plaidait la culpabilité de son frère.
A l’inverse, son élégant monsieur blond avait l’air d’avoir parfaitement intégré les préceptes enseignés de la propreté et de la distinction sans que sa maman ne vienne tirer sur les pans de son costume et réajuster sa cravate. A le regarder faire, Jezabel eut l’envie légère d’humidifier son doigt et de frotter une tache imaginaire sur le bout de son nez en bonne mère soucieuse de l’apparence de son noble rejeton. Sans doute ne comprendrait-il même pas ce qui avait pu lui traverser la tête, ni quelle association d’idées l’avait poussé à ce geste qu’on ne la prendrait jamais à faire en temps normal. Elle préférerait embrasser la truffe d’un niffleur que de poser son doigt humide sur les naseaux d’un morveux.


« Dearest? »

Et bien oui, pourquoi pas ? Pourquoi ce sourcil en circonflexe ? En ce qui la concernait, elle aurait pu l’appeler « pisse-froid décoloré » ou « mon amour éternel » qu’elle n’y aurait pas mis plus de hargne ou de sympathie. Dearest. Elle trouvait que ce menu terme allait si bien à son teint pâle, symbole aristocratique hérité des nobliaux cloîtrés à l’ombre fraîche de leurs castels et s’exerçant avec flemme au jeu de mail tandis que les pécores trimaient aux champs sous un soleil plombant. S’était ainsi que sa langue avait bien voulu le nommer sans un briefing avec l’autorité mentale pour quelque chose d’aussi insignifiant qu’un surnom sucré. Il avait simplement fait une bonne pioche sur ce coup. Car son british man semblait être de l’étoffe de ceux qu’elle appréciait d’emblée si sa répartie était représentative de son naturel et pas un trait de bel esprit occasionnel.

-Oh, mais les manières n’obligent-elles pas souvent à une affection affectée ? Je suis sûre que vous aviez une vieille tante à laquelle il fallait tendre la joue pour recevoir un baiser sans que l’envie ne s’y prête. Ma spontanéité à votre égard est dans le fond bien plus polie que certains cérémonials auxquels vous devez quotidiennement vous prêter.

Le sourire de Jezabel fit écho à celui de son interlocuteur. Prenez n’importe quel vœu de bonheur : pour la nouvelle année, pour un mariage, pour une naissance…Pour satisfaire aux préceptes de la bonne éducation il fallait se coltiner une cinquantaine de cartes et de mots mensongers destinés à l’arrière-grand-oncle Machin et le père d’une belle-sœur d’une tante par alliance de votre mari. N’était-ce pas discourtois et mesquin de la part de la société d’imposer ces pertes de temps et ce faux attachement vide de sens entre ceux liés par le nom ou par le sang quand il n’était pas inné qu’on aimât son propre géniteur ? Et toute cette considération factice qu’il fallait feindre à chaque fois qu’une dizaine d’inconnus mourraient dans d’affreuses conditions sous prétexte que cela choquait la dignité humaine…Un monde qui laissait vivre des aveugles nains et des cracmols cul-de-jatte n’avait aucune dignité, réveillez vous les gens.

-Des quotas ? Vous vous rationnez ?

Tiens donc ? Personne n’aimait être pressé par la foule, quelle qu’elle soit. Mais restreindre les contacts charnels, ça, c’était une nouveauté en plus d’être un beau gâchis. Une plaisanterie. Ou pas. Un code de conduite personnel n’était pas toujours sensé. Il y en avait bien qui était prêt à donner leur vie pour en sauver une autre.

-A cause de votre peau sensible ou vous estimez votre toucher trop précieux pour être gaspillé à dompter les spectateurs ? Jolie performance, cela dit.

Il aurait été encore mieux avec un cerceau enflammé et un fouet.
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MessageSujet: Re: Celui qui regardait le ciel et ne se souciait plusdes autres   Celui qui regardait le ciel et ne se souciait plusdes autres EmptyMer 8 Juil - 16:44:10

Ainsi la demoiselle aimait badiner. L'art du langage, ouvrir la bouche pour ne rien dire et s'étendre sur des phrases qui n'ont pas lieu qu'on leur prête intérêt. Soit, c'était un exercice matinal guère fatiguant comme échauffement avant de s'enfermer dans un bureau à devoir se faire mal à la tête pour tourner convenablement des phrases. Savoir dire « non » en exprimant l'idée que peut être, des fois que, on ne sait, si à l'avenir, cela pourrait se transformer en « oui », mais ce que la restait « non » pour le moment. Aligner des lignes sur du papier blanc, faire des paragraphes complexes pour assommer des concepts simples. Paraître plus intelligent et réfléchi par des phrasés ampoulés et surtout perdre son lecteur pour être sûr d'avoir raison et que l'autre ne puisse pas répliquer. Et parfois, l'exercice inverse : aller au plus simple, au plus concis dans l'espoir de voir la consigne être exécutée rapidement et clairement. Le ridicule de ses exercices quotidiens rendaient Dorian assez peu enclin à parler de cette façon autre part que dans son bureau ou dans certaines circonstances qui incluaient généralement une belle dame et une belle perspective de soirée. Mais la femme qui lui servait de vis-à-vis n'était pas laide et méritait bien qu'il y prête quelques attentions :

« Les manières ne vous font faire que ce que vous voulez bien leur prêter comme puissance d'obligation. »

Dorian continuait de fixer la jeune femme. Contrairement à ce qu'elle avait pu dire, l'homme n'avait eu de vieilles tantes à saluer, ou à embrasser. Il avait passer sa jeunesse dans une plantation en Afrique du Sud, à être le seul maître à bord. Il avait ensuite quitter cet endroit, la vingtaine passée, avec un bonheur presque obscène, la joie de retrouver la civilisation et les conditions de vie de la société anglaise. Le sorcier possédait moins en Angleterre que sur les terres qu'il avait laissé, les gens ne s'inclinaient pas plus bas que terre pour satisfaire ses désirs et il n'avait plus de précepteur idiot pour lui dire que c'était bien même quand il échouait. Le blond connaissait effectivement le poids des faux semblants affectés, mais ne les voyait pas forcément d'un mauvais oeil. Il offrit ensuite un sourire un peu plus large à la femme tandis qu'elle se permettait plus qu'il n'autorisait :

« Nullement, je suis plus du genre à rationner ce que les gens peuvent s'autoriser à me dire avant que je ne les trouve discourtois. »

Et l'inconnue n'était bien entendu, absolument pas visé par la phrase ci-dessus. L'homme continuait sans se départir de son sourire :

« Ceci dit, merci pour la performance. Je ne me verrais pas acteur, mais il n'est pas déplaisant de pousser un peu la comédie de temps en temps. Surtout quand le spectacle est plus charmant à l'arrière qu'à l'avant. »

Le ton de voix ne laissait pas entendre une quelconque intention de séduction. Dorian savait garder une certaine neutralité et avait un instant quitter du regard la femme pour regarder l'attroupement. En effet, on pouvait penser que n'importe quelle compagnie était meilleure que celle d'un cadavre frais et ruisselant. Cependant, dans les jeux de l'homme et de la femme, il y avait toujours cette ambiguïté significative qui pouvait donner une autre dimension à ce qu'il venait de dire. C'était à l'inconnue de savoir si elle désirait relever la phrase ou non. Tout comme elle pouvait se montrer déçue ou frustrée de la délicate remise en place effectuée par le sorcier.

Les jeux de la société était distrayant, et les limites venaient moins aisément que l'esprit simple désirait le croire. Les limites de la politesse, les nuances du langage, la difficulté de ne pas tomber dans la flagornerie, étaient les compagnes de jeux du blond depuis bien des années et il plongeait sans même plus s'en rendre compte. C'était l'habitude, comme déplier d'un geste machinal sa serviette lorsque l'on s'asseyait à table. En parlant de se mettre à table, ils n'allaient pas éternellement rester à se regarder en chien de faïence. Dorian reprit d'une voix adoucie :


« Je vous remercie d'avoir eu la gentillesse de m'attendre et de vous prêter à la comédie. Je suis conscient que tout le monde n'aurait pas eu cette attention à mon encontre. Puis-je me permettre de vous offrir quelque chose ou préférez-vous simplement mettre un terme à notre échange? »

Sans vouloir être trop insistant. Il n'y avait rien de pire que d'avoir l'air d'un homme désespéré près à se jeter sur la première oiselle qui passait. A la vérité, la vision du cadavre avait étonné le directeur des transports magiques, mais l'homme n'appréciait pas plus que cela les vision sanglantes et se serait bien détendu avec un thé ou un café.
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MessageSujet: Re: Celui qui regardait le ciel et ne se souciait plusdes autres   Celui qui regardait le ciel et ne se souciait plusdes autres EmptyDim 12 Juil - 22:52:01

« Les manières ne vous font faire que ce que vous voulez bien leur prêter comme puissance d'obligation. ». C’était profond. En vérité, il était toujours très dur de donner un sens certain aux mots d’un inconnu, parce qu’on ne savait pas encore les subtilités propres à sa façon de traduire ou camoufler sa pensée. Surtout que l’interlocuteur recevant le message pouvait avoir le don de passer au filtre de sa subjectivité très particulière tout ce que le monde extérieur lui envoyait. En l’occurrence, elle en comprit qu’elle devrait écouter sa sincérité plus souvent puisqu’elle ne croyait pratiquement jamais en ce que ces ennuyeuses manières lui faisaient faire. Cela donnait une philosophie inutilisable, mais bigrement jouissive, de quoi conseiller un très classieux « Va chier dans les orties, tu m’irrites » à un certain professeur de potions ou de rétorquer un discret « Qu’est-ce que ça peut te foutre, du gland ? » lorsque un barbant de salon lui demanderait comment allait la dame.

Et ce cher et tendre en face d’elle ? Comment avait-elle envie d’agir avec lui ? Fallait-il vraiment le considérer en trentenaire, avec le respect de la jeunette pour l’homme dans la force de l’âge, l’appeler Sir, et arrêter de se demander si monsieur cachait un caleçon à petits coeurs sous son pantalon ? Elle aimait toucher ce qui lui plaisait et il tombait dans le mille de cette catégorie jusqu’à nouvel ordre, pourtant son discours témoignait assez clairement de la distance de rigueur à maintenir entre eux. Pas question de perdre sa main sur sa peau blanche, même une main n’ayant que de gentilles intentions. Jezabel eut un léger sourire pour elle-même. Le regard de son vis-à-vis devait pouvoir figer l’air et stopper net la pogne bourrine prête à s’abattre sur sa cuisse au pub du coin, lorsque les poivrots se félicitaient d’une bonne grosse blague paillarde en se refilant des grandes claques. Défiant ainsi toutes les lois de la physique : une paluche emportée par son élan s’abat à grand bruit sur le point d’impact visé et ses proches alentours. Autant dire que ses doigts fins n’avaient aucune chance d’effleurer la pointe de son menton avec ces yeux là rivés dans les siens. Is your skin cold as your eyes, handsome ? Point trop d’emballement cela dit, l’étudiante ne savait même pas de quel sang sa maman l’avait sustenté au cordon ombilical…Du meilleur, elle osait le croire.

D’accord. Il voulait une conversation bon chic bon genre pour ses tendres oreilles, alors elle ménagerait sa susceptibilité de jeune fille. Parce qu’il venait de lui faire un compliment. Non ? Peut-être sa vanité devenait-elle trop envahissante, la mauvaise herbe grimpante nourrie de la fortune de son époux et empiétant sur le domaine du bon sens ? Maintenant qu’elle n’avait plus à se salir les mains en basse besogne, qu’elle n’avait rien d’autre à faire de plus physique que plaire, elle s’était découvert un orgueil féminin qui n’attendait que des témoignages de sa séduction, pas nécessairement des mots. Le bien-être dû aux commodités de la vie matérielle poussait vraiment à développer des côtés futiles. Comme des champignons hallucinogènes sur une souche fleurie. Bientôt, elle se prendrait pour la seule déesse vivante en ce monde. Quoi qu’il en soit, se savoir d’un meilleur teint qu’une enveloppe morte sur la voie de la lividité et de la décomposition fit étinceler une petite lueur dans le fond de ses yeux. La même qui apparaissait lorsqu’elle voyait venir l’opportunité d’un bénéfice.


-Vous m’êtes sympathique. Je serai sage maintenant. , promit-elle en croisant les mains dans son dos afin de ne pas être tentée de se contredire dans la seconde suivant l’apposition du point final à sa phrase. C’est que je ne veux pas être punie.

Le diable aurait sans doute été plus convaincant en prétendant bénir tous les pouilleux de la terre, mais elle ne pouvait vraiment rien offrir de mieux. Son jeu d’actrice devenait déplorable quand elle ressentait ce sentiment familier d’amusement chatouiller les commissures de ses lèvres. Rationner, autoriser ? Que pouvait-il bien faire à ceux qui froissaient sa pudeur auditive ? A part s’offusquer en bon british, fermer les écoutilles à son et prendre congé du gêneur, ou de la gêneuse, discourtois(e), il n’allait pas sortir un martinet de sa poche ou lui planter un clou dans la langue puisqu’elle n’était pas capable de la tenir à sa convenance.

Tiens, voilà une réflexion vraiment originale. Sa gentillesse. Il n’y avait que la pisseuse de son mari pour la sacrer de ce qualificatif. La petite Melody ne s’était pas encore sortie les mirettes de la niaiserie infantile qui voulait que tout ce que l’on trouvât beau fût gentil. Et les gamins avaient parfois une idée totalement monstrueuse de la beauté, de quoi se sentir vexée. Hum. L’homme avait attiré sa "gentillesse" et pouvait remercier Dame Nature d’avoir fait intervenir la génétique en sa faveur. Si l’on devait rejouer la scène avec une tête d’affreux sur ses épaules, il aurait seulement pu constater qu’un dos, pour inexpressif que fût cette partie de l’anatomie dans l’absolu, était parfois l’équivalent d’un pied de nez dans certaines situations. Etait-ce le même genre de gentillesse intéressée qu’il offrait en lui proposant un verre ? Ou peut-être une conventionnelle galanterie d’éducation à la Molovich. Ce serait donc retour à la case buvette pour elle, car elle ne voyait aucune raison de refuser l’invitation et avait la simple envie de dire oui.


-Permettez vous. Je ne peux pas vous planter là après tous les efforts que vous avez fait pour venir me rejoindre. Ce serait rude.

Comme si elle n’avait pas été la figurante arrangeante d’un stratagème. D'ailleurs, elle n'était pas tellement certaine d'être hors d'un plan machiavélique ainsi que les vilains messieurs en ont le secret.

-Et au cas où vous trouveriez cela indécent de continuer à me surnommer "darling", je m’appelle Jezabel. Jezabel Wilford.
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MessageSujet: Re: Celui qui regardait le ciel et ne se souciait plusdes autres   Celui qui regardait le ciel et ne se souciait plusdes autres EmptyMar 14 Juil - 23:23:34

Sans être bassement mesquin, un tantinet matérialiste, un brin taquin et d'aucun dirait « à la raillerie facile ». Que dire à cela?

« Bien entendu, je suis ravi d'avoir ton nom, Darling. »

Ajouté à cela la courbe d'un sourire poli mais moqueur, du même genre que la phrase de la demoiselle sur son hypothétique retenue. Si Jezabel se sentait d'être sage, il serait toujours temps d'envisager à lui en faire passer l'envie. Les vilaines filles n'étaient pas toujours les moins bien éduquées, et Dorian devinait que sous les mots étranges et sa bizarre franchise, se dissimulaient un être singulier. Ce qui n'était pas une déduction difficile, aucun risque pris puisque l'individu en face de lui appartenait à la très noble et très ancienne espèce des femmes. Cela seul justifiait qu'il faille faire attention à la façon dont on traitait l'animal, de celles qui vous avalaient le bras si vous lui tendiez un doigt malhabile.

Si Dorian avait vu l'analogie possible avec un chanteur moldu parlant d'un certain surveillant général, et qui exprimait l'idée qu'il parlait de femmes, pas de jeunes filles, il aurait probablement trouvé une autre formulation à ses pensées. Pourtant, c'était exactement ça. Il y avait une forme de paradis et de rédemption dans cette créature tentatrice et dangereuse qu'était la femme. Mais ses pensées ne s'arrêtaient pas sur les formes adolescentes ou les faibles caractères. Qu'il considère ou non la personne, si elle était trop faible et en venait à se briser trop vite, l'intérêt devenait moindre, pour ne pas dire inexistant. Il ne songeait pas obligatoirement à elles pour les détruire, et était heureux de trouver quelqu'un capable de le rejoindre sur le plan intellectuel. Au contraire, si ces dames savaient tenir et se tenir, la chose en devenait parfaite. Souci étant que malgré la proximité des deux termes, parvenir à les cumuler n'était pas chose faite.

L'homme était ravi que sa compagne du moment accepte de prendre un verre avec lui. Le blond n'était pas le genre d'hommes qui aimait parler pour ne rien dire très longtemps. Le badinage, encore une fois, l'amusait, mais à la seule condition que cela reste anecdotique. Il était par contre curieux du comportement de sa discourtoise, dont les mimiques promettaient encore quelques effronteries qui ne manquerait de lui faire grincer des dents. Cela n'était plaisant que chez une femme et jusqu'à preuve du contraire : Jezabel remplissait cette simple close.

Son regard se détacha de celui de son interlocutrice pour faire le tour de la situation. Trouver un lieu pour discuter, et si possible pas trop loin, histoire garder discrètement un semblant d'informations sur la suite des événements de monsieur le frais macchabée. Il attrapa un établissement au nom évocateur du Focifère Volubile – à répéter dix fois, très vite-, le genre de grand café qu'il affectionnait. Pas trop collé monté, mais pas vraiment plèbe non plus. Pour un troquet, de porter le nom d'un animal qui rendait fou, Dorian n'était pas sûr que c'était la meilleure publicité possible. Il en appréciait cependant le trait d'humour.


« J'espère que le Focifère ira pour vous. Je suis Dorian, Dorian Maverick. »

L'homme ne savait pas grand chose d'autre de son 'invitée' que son nom. Il était peut être en Angleterre depuis dix ans mais s'inquiétait peu de ses congénères. Il n'était pas un homme à trop apprécier les sorties mondaines s'il n'y trouvait pas d'intérêt pour le travail ou le plaisir, et croire que l'on parvenait toujours à s'en tirer à bon compte au milieu des paons à condition d'avoir un peu de cervelle, revenait à dire que l'on n'avait jamais les pieds dans ce genre d'endroits. Car pendant que les paons émerveillaient la foule en faisant la roue, l'on ne faisait guère attention à ses talons et l'on finissait généralement avec une vilaine morsure, par les vipères qui rampaient gaiement sur le plancher.

L'homme se mit en route pour le café d'un pas sec et impérieux, après avoir prié la femme de le suivre d'un signe de tête lent. La pancarte argentée et rouge du Focifère s'étalait plus loin que le café lui-même et engageait ainsi le client potentiel à ne pas manquer de venir chez eux. Dorian n'était pas sûr que les deux commerces mitoyens étaient ravis de voir ce voisin aussi expansif et débordant. Quand on avait les moyens, l'on pouvait se permettre toutes les excentricités, comme celle de posséder des lampes lucioles qui s'éclairaient au passage des arrivants -nota le directeur-. Un homme d'une trentaine d'années en tenue de serveur était nonchalamment accoudé devant le comptoir et paraissait entretenir une femme positionnée derrière le bar. Laquelle avait suspendu toute activité pour l'écouter et riait en se cachant derrière sa main. Leur arrivée suspendit la discussion et si le garçon de café faisait montre de bonnes capacités de communication, la femme semblait avoir plus de difficultés et se mordit la lèvre, furieuse d'être interrompue dans sa parade nuptiale du matin avant de se reprendre et de repartir à sa vaisselle.

Le trentenaire les accueillit avec un grand sourire qui interrogea Dorian sur l'élasticité manifeste des lèvres de l'autre et vint leur demander où ils souhaitaient être installé. Ce à quoi le sorcier répondit qu'il souhaitait être près de la fenêtre. Pas qu'il ne désirait pas savoir où Jezabel avait une préférence, mais c'était lui qui invitait, il n'avait pas l'habitude que l'on prenne les décisions pour lui, et il se fichait pas mal de l'avis de sa vis-à-vis sur le sujet. Ce charmant bout de femme pouvait bien lui prendre la tête sur divers sujets, mais si elle commençait à le courir pour un problème aussi inexistant que le placement, c'était perdu d'avance. Et peu importe perdu pour quoi, quoique les deux aient prévus.


« Si vous n'avez rien contre ce choix, bien entendu. »

Rien n'empêchait d'être absolument hypocrite à condition que le ton indique tout l'inverse, dans un mélange entre la souplesse de la plaisanterie et le tranchant du sarcasme. Ah l'escrime, quel doux sport.



[Je pars dans l'idée que tu ne refuses pas le lieu ^^ »... si ça te pose problème, dis le moi.]
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MessageSujet: Re: Celui qui regardait le ciel et ne se souciait plusdes autres   Celui qui regardait le ciel et ne se souciait plusdes autres EmptyLun 20 Juil - 0:31:58

Darling…Dearest…N’étaient-ils pas absolument trognons tous les deux ? A s’asticoter dans le petit matin à quelques pas d’un macchabée. Pauvre fait divers à qui ils devaient d’ailleurs l’opportunité de leur rencontre stimulante sous les meilleures auspices qui puissent être. Sans rire. Le nombre de personnes qui semblaient porter le deuil d’une époque en passe d’expirer empoisonnait le quotidien de la sorcière. Sans doute ces persécutés en devenir craignait-ils de voir flamber la page d’historiette inutile sur laquelle leurs noms étaient écrits. Quelle surprise, Jez s’en moquait ou s’en réjouissait plutôt. Son patronyme s’inscrivait en toutes lettres sur le vélin enluminé de l’Histoire qu’on n’arracherait ni ne raturerait jamais. Elle était Pure. De ceux à qui l’on dédiait une chronique immortelle quand les autres voyaient leurs noms gagner une postérité chiffrée en seconde grâce aux brèves nécrologiques. Il ne lui fallait rien d’autre pour dormir tranquille.

La jeune femme était relativement contente de tomber sur quelqu’un que même la preuve en chair morte et en os de leur funeste petit traintrain journalier ne parvenait pas à assombrir bêtement. Monsieur avait même plutôt l’air extrêmement détendu, de quoi lui faire de jolis sourires tout en nuances, finesse qu’un visage aux muscles contractés ne permettait pas. Sa bonne humeur ne se troubla pas plus à la réception du nom de miss jeune mariée 96 et Jezabel résolut de ne pas lui agiter tout de suite sous le nez l’alliance délatrice, éclipsée parmi ses autres bagues. Simple mesure de précaution, dès fois qu’il ne se désintéresse subitement de sa merveilleuse personnalité avant l’addition.


-Le Focifère….Je n’y suis jamais allée, mais on m’en a parlé. Je pense que je peux vous y suivre confiante comme une oie blanche…Dorian. C’est un prénom agréable à prononcer. Mais insaisissable.

Son adoration pour les prénoms en « an » se confirmait de porteur en porteur émoustillant sa curiosité. Tellement de singularités l’attiraient à son sujet, son attitude et ses dires lui valaient sa sympathie instinctive au-delà d’un physique à ses goûts. Un corps bien fait ne tentait jamais plus que son regard appréciateur et les serial lovers de l’UMA autant que les bellâtres façon Svenichou ne lui inspiraient pas de désir coupable. Pour faire d’un beau morceau de chair un objet de convoitise, il leur manquait l’esprit qui amuserait, allècherait le sien, l’aplomb qui la magnétiserait sans l’insupporter, ce dernier point étant fortement dépendant de la maturité du potentiel compagnon de lit. Des critères incontournables, si bien qu’au bout d’un an de mariage, Jezabel était restée fidèle si l’on exceptait Jugson. Il ne comptait pas réellement en tant qu’amant délibérément choisi, mais plutôt en tant que besoin primitif à satisfaire et coucherie stratégique. Quoique. Enfin, elle n’en était pas encore rendue au point de vouloir arracher le sieur Maverick de ses vêtements, toutefois elle concevait de l’intérêt pour lui et son intérêt n’était jamais pure abstraction des sens.

Voyons déjà où il allait la diriger en matière de café. Diriger était bien le terme. Il y avait quelque chose du despote dans sa façon de marcher, qualificatif impérieux en coordination avec le reste de sa personne doucement autoritaire. Sans agressivité, ni revendication de suprématie violente, mais davantage comme l’inébranlable certitude d’être le chef naturel de tout ce qui s’étendait à ses pieds et de tout ce qui s’offrait à sa vue. Sa compagne amusée semblait retrouver en lui ce sentiment d'importance propre à deux espèces très différentes : soit il était réellement remarquable, catégorie où elle se classait d'emblée, soit son Ego était suffisament gonflé d'une fausse gloire pour le lui faire croire. En tout cas, il la parasitait. Par un phénomène de mimétisme totalement primaire, Jezabel faillit accorder la cadence de ses pas à celle de l’homme, ce qui aurait été totalement ridicule et contrariant à l'aune de ce qu'il lui restait de puérilité. Droite, gauche, droite, gauche, au pas ma petite bourrique.

La jeune femme trottina donc à ses côtés suivant un rythme plus léger jusqu’à leur inloupable destination. Il aurait tout de même pu lui prêter son bras à serrer contre elle, qu’ils fassent l’entrée typique du gentil petit couple. Rien que pour enrager un peu plus madame la gloussante, repartie agiter son torchon sur la plonge en suspens. D’ailleurs, est-ce qu’une Mrs Maverick pouponnait les fesses de marmots blondinets tandis que Mr allait au troquet avec une donzelle ramassée dans la rue ? Non, allons, l’étiquette de coquet ne pouvait s’accoler à l’ombre de tant d’impérialisme. Il était déjà extrêmement dirigiste, pas toutes les qualités dans le même bonhomme.

La brune étudiante n’avait même pas eu le loisir de l’ouvrir qu’il assumait déjà que le choix de l’emplacement le concernait en exclusivité et le faisait oralement savoir. Oho ! Dori, you are so charming ! Normalement, on se concerte avec la jeune fille avant de décider du lieu où elle écrasera sa lune déposera son séant. Faire table à part serait une bonne blague, mais nuirait à son plaisir, surtout que ce coup d'élémentaire galanterie zappée l’avait bizarrement réjouie. Ce n’était qu’une futilité dont elle se fichait pas mal, cependant elle espérait qu’il n’était pas en train d’essayer d’asseoir son autorité littéralement et figurément avec ce genre de broutille. Elle préférait y voir un petit défaut adorable de son caractère à lui.

Quand il se tourna vers elle avec cet air tellement…tellement agaçant, à lui mordiller les lèvres, elle releva un minois rayonnant d’effronterie, atténuée par l'alangui de son regard voilé de cils noirs.


-J’ai vraiment dégotté un bel oiseau rare. Tant de prévenance. Bien entendu, je ne vais pas vous empêcher de prendre un peu le soleil., plaisanta-t-elle en étendant la main pour taquiner sa joue pâle de ses doigts, trop joueurs pour offrir la douceur d’une vraie caresse, Qui sait. Les temps sont risqués. Vous serez peut-être le prochain à encombrer le pavé, alors je veux être aussi attentionnée avec vous que vous le serez avec moi.

Le principe était simple. Gratte moi le dos, je te gratterai le tiens. Mouche toi dans ma robe et j’enverrai mes mucosités sur ton petit col. Parce que dans la vie, on obtient seulement ce qu'on mérite, mon grand.
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MessageSujet: Re: Celui qui regardait le ciel et ne se souciait plusdes autres   Celui qui regardait le ciel et ne se souciait plusdes autres EmptyDim 26 Juil - 18:21:05

Être bon juge de caractère était se tenir garant d'un art plus que complexe. A partir de quand pouvait-on prétendre au titre? Deviner juste quelques tendances d'un personnage était à la portée de tout le monde, savoir par avance quelle allait être la prochaine réaction d'un individu était un talent d'une toute autre sphère. L'homme ne se donnait pas le titre : il préférait observer plutôt que de se creuser les méninges à chercher comment un interlocuteur potentiel allait réagir à ses dires. De toute façon, ses paroles étaient généralement des injonctions, il n'entendait donc pas que ce qu'il exprimait soit pour le moins du monde discuté. Sans attendre, une obéissance aveugle -car il aimait que ceux qui l'entouraient aient un cerveau-, il aimait être obéis. Si la personne se sentait ensuite de tourner et retourner l'ordre dans sa tête pour en comprendre les tenants et les aboutissants, cela ne le regardait plus. Et au besoin, il pouvait toujours ouvrir le crâne du concerné pour vérifier ce qu'il y avait dedans, et surtout faire taire une hypothétique envie de tout parler. Jusque maintenant, il n'avait pas encore trouvé comment maintenir en vie une personne à qui l'on avait enlevé le haut de la boite crânienne. A sa décharge, il n'avait jamais essayé non plus, c'était barbare, sanglant, sale et tout autre qualificatif figurant la même idée. Pire que tout, il semblait que les moldus se soient amusé à ça, il y a longtemps, et aient réussi. Cela prouvait exactement que ça n'était pas une chose à faire, à tenter ou quoique ça soit d'autre.

Posé tranquillement à l'endroit qu'il avait décidé, il contemplait sa compagne avec un demi sourire. L'homme gardait les bras croisés et détourna son regard pour regard l'extérieur. La lumière vive et blanche du soleil lui fit plisser les yeux tandis qu'il détaillait la foule, toujours massée près du cadavre. Dorian s'attendait presque à la voir se métamorphoser en meute de charognards -bien que l'appellation fut impropre- pour se repaître du corps immobile. En ce qui le concernait, il avait un autre oiseau pour l'occuper, un volatile un peu trop tactile à son goût, mais qui ne manquait pas d'attrait. Cela semblait être la mode des métaphores ornithologiques, ce qui le convenait du moment que l'autre ne se sentait pas de lui voler dans les plumes. Il avait horreur d'être décoiffé, sauf entre midi et deux. Le contact moqueur de la jeune femme ne l'avait pas fait réagir si ça n'avait été pour autre chose que de le mettre en marche jusque la table. Le blond avait ensuite attendu qu'elle s'asseye pour faire de même :


« Si cela devait arriver, rassurez vous : je ferais en sorte de ne pas encombrer le pavé du petit matin. Je détesterai me montrer ainsi. »

Le directeur sortit sa baguette et tapota négligemment la surface blanche d'un épais carton lisse et rectangulaire qui se tenait droit sur la table. Une série de caractères écrits d'argent apparue pour dévoiler le menu. Boissons chaudes, boissons froides, encas, plats, pâtisseries s'étalaient sur le morceau de papier. Remarquable troquet, vraiment. C'était une bonne chose de proposer du choix, il espérait que la qualité soi au rendez vous. C'était un peu comme pour les femmes. On ne manquait jamais de vous faire de beaux énoncés, c'était quand la fleur arrivait sous la dent que l'on se rendait compte qu'il y avait quelques épines non prévues dans l'énoncé. A s'en faire saigner la lèvre et la langue. Quoique que pour la demoiselle ici présente, les épines étaient énoncées avec le reste. Cela venait avec le personnage.

Le sieur tendit la carte à sa brune interlocutrice et fixa de nouveau, subrepticement son regard sur la masse. La police magique venait d'arriver et avait peine à tenter de s'approcher du cadavre. Bel effort, qui semblait avoir peu de succès. La femme lui avait signifié -sans moquerie aucune- qu'elle serait aussi attentionnée qu'il le serait lui même à son égard. Bel effort encore une fois, autant couronné de succès que celui de nos amis les fonctionnaires. Dorian voyait plus l'attention comme quelque chose qui se méritait que comme un vulgaire échange :


« Tant que l'intérêt est là, vous avez toute mon attention. Sans grande inquiétude à ce sujet, puisque vous avez su la capter depuis la foule. Plus prosaïquement, vous avez fait votre choix? »

Dorian parlait bien entendu de la carte, et pas d'autre chose. Lui même savait ce qu'il allait prendre. Si l'on parlait cependant de Jezabel, faire un choix à son sujet était encore trop tôt. La femme montrait une remarquable capacité à se comporter avec effronterie, ce qui ne manquait pas de faire réagir l'homme en Dorian. Madame Wilford était tout à fait agréable à regarder, et prenait un malin plaisir à faire deviner ses épines plutôt qu'à les montrer. Qu'elle chercha ou non à l'énerver, elle savait parfaitement le taquiner. L'homme sourit :


« J'espère que si cela devait arriver que l'on s'en prenne à vous, on aurait la délicatesse de vous laisser autre part que sur l'asphalte. Sans insinuer que cela n'irait pas avec votre teint... peau sensible, pour reprendre vos propos. »



Le garçon de café faisait son chemin vers leur table pour venir chercher la commande.
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MessageSujet: Re: Celui qui regardait le ciel et ne se souciait plusdes autres   Celui qui regardait le ciel et ne se souciait plusdes autres EmptyJeu 30 Juil - 22:04:19

["Volatile" : sublime oiseau de paradis, voulait-il dire. Les lecteurs auront rétablis d’eux- même.]

Eh bien, quel "répondant"…Autant intentionnel qu’involontaire face à sa familiarité. Le manque de réaction de son compagnon la plongeait dans une certaine perplexité. Selon sa logique personnelle, s’il dépensait de l’argent pour elle, c’était qu’il voulait forcément quelque chose d’elle. Certainement pas le plaisir de l’écouter parler et de la regarder lui sourire en croquant à belles dents dans une pâtisserie. Alors pourquoi n’avait-il pas saisi l’occasion de la toucher aussi ? Retenir ses doigts contre sa joue, l’attraper par le poignet pour réaffirmer sa position de Chef, déposer un baiser au creux de sa paume, n’importe quoi permettant de faire comprendre l’intention réelle, licencieuse donc, tapie derrière ses yeux bleus. Il ne l’avait ni repoussé ni encouragé, pas même du regard alors qu’elle avait fait le sien de velours derrière son impertinence. Il ne fuyait pas sa petite mimine taquine, il avait simplement et royalement l’air de s’en foutre complètement. Elle ne s’était quand même pas montée la tête toute seule ? Pourtant, la jeune femme avait le sentiment que se tortiller nue sur la table élue par les exigences de Monsieur ne lui vaudrait pas d’autres commentaires que « Jolie pédicure, darling ». Elle n’était pas très sûre de savoir où il voulait aller comme cela, mais au moins avait-il pour lui une conversation intéressante. Peut-être croyait-il ménager la surprise en agissant de la sorte. Chacun son style, et Mr Maverick semblait posséder un cachet bien à lui.

Jezabel prit donc place sur sa chaise avec l’impression d’être le nouveau Ministre de la Magie. Dorian s’était étonnement réglé sur sa flexion avant de siéger à son tour. Elle se demanda furtivement s’il suivrait galamment le mouvement inverse à supposé qu’elle se relève dans la seconde pour se rasseoir un battement de cil plus tard quand l’homme serait debout, ainsi qu’au jeu du tape-cul. Contrôler le monde avec ses fesses, capacité toute féminine…

Dooooonc…Le très cher n’apprécierait pas de finir comme ornement de sol au travers d’une ruelle, macchabée planqué derrière un pot de fleurs ou une poubelle, en proie à la curiosité morbide des quidams. De l’au-delà, elle doutait fortement qu’il put s’en rendre compte, mais peut-être ses derniers instants sur cette terre en serraient rendus insoutenables. Savoir que le promeneur descendant faire pisser son chien pourrait le mirer avec ses mèches blondes de travers et des globes de poisson mort en lieu et place de ses iris révélant l’intelligence…Très, très dur. Elle n’aimerait pas non plus.


-Oh, je vois. Ce serait un peu comme si la honte vous survivait…Le dernier déshonneur, l’ultime humiliation. They aren’t very nice feelings, are they ?

Non, la confirmation n’était pas inutile. Hé, en brave citoyen britannique c’était peut-être moins son estime de soi piétinée qu’un manque de sens civique évident qui le dérangeait. On ne se décompose pas sur la voirie, exposé à la sensibilité du bon peuple. Il avait l’air d’aimer que les choses soient carrées. D’apparence. Quand à ce qu’il cachait dans son cerveau, oh, elle adorerait qu’il lui livre un bout de ses petits secrets.

L’étudiante attrapa la carte que lui tendait son charmant partenaire de parlotte et fit de son mieux pour étouffer un bâillement impromptu. Ses heures de sommeil volé revenaient l’agacer. Ce n’était pas le moment de paraître ennuyée de cet échange quand il lui exprimait son intérêt qu’elle goûtait comme la crème de son futur café. Vraiment, vrai de vrai ? Il ne l’avait pas repéré juste parce qu’elle était exclue de la masse ? L’un n’empêchait pas l’autre cela dit. Son retrait de la foule l’avait simplement mise en évidence. Peut-être aurait-il changé de tactique d’échappatoire si elle ne lui avait pas plu, au même titre qu’elle n’aurait pas attendu qu’il s’évade afin de la rejoindre. Ou alors il s’agissait d’un vilain opportuniste. Que du bon.

La carte dans les mains, le sourire doucement appréciateur aux lèvres, la jeune mariée eut un léger moment de flottement lorsqu’il lui lança son attaque de conclusion amoureuse directement après la manœuvre de séduction par compliments. Holà ! Il pouvait aussi lui jeter les clefs de sa garçonnière sur la table et lui demander, non exiger, de la voir en tenue et en position à sept heures tapantes ce soir. Cela dit, bon prince, il lui laissait la possibilité d’accepter de coquiner avec lui, ce à quoi elle allait répondre par…

Le regard de Jezabel se fit soudain plus clair et elle l’abaissa rapidement sur les lettres d’argent du programme gustatif avant de le relever sur le visage de son interlocuteur. Surtout ne pas rire.


-Il y a tellement de petites gâteries qui me feraient plaisir. , décréta-t-elle avec un beau sourire, les yeux baissés sur le menu et persuadée d’être vraiment toute seule dans son délire, mais je sais déjà par quelles douceurs je vais me laisser tenter, oui.

Une petite moue chiffonna sa bouche alors qu’elle garrottait d’office un sourire d’avantage narquois en croisant le regard de son cher Dorian. Il ne lui parlait plus de choses très gaies concernant sa personne, mais depuis sa méprise la sorcière avait définitivement le cœur à rire. Elle jeta un bref coup d’œil à la silhouette du serveur en approche, puis inclina légèrement la tête sur le côté dans une expression pensive. On avait déjà essayé de l’allonger définitivement sur divers surfaces très inconfortables.

-Dearest, vous n’avez pas idée. J’ai la peau tellement sensible que si on me pince, je griffe. Une affaire de nerfs peut-être. Imaginez ce que je ferais à celui ou celle qui voudrait achever ma vie. Un café crème pour moi et ceci, demanda-t-elle au serveur parvenu jusqu’à eux en pointant un nom sur la carte qu’elle n’était pas sûre de savoir prononcer convenablement.

L’agitation de la foule dispersée par la police magique attira brièvement son attention dans l’intervalle de temps dédié à l’expression des désirs de Dorian. Une silhouette accrocha plus particulièrement son coup d’œil, mais disparut à sa vue avant qu’elle ait pu creuser son sentiment de déjà-vu. A ce sujet, elle était au tiers certaine d’avoir déjà ouï le nom de Maverick. Elle opta donc pour l’option la plus directe :


-Votre nom fait écho dans ma mémoire. Une impression de déjà entendu. Vous ne seriez pas quelqu’un de vraiment important ?

Autre part et autrement que dans la douillette intimité de son esprit…
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MessageSujet: Re: Celui qui regardait le ciel et ne se souciait plusdes autres   Celui qui regardait le ciel et ne se souciait plusdes autres EmptyMer 12 Aoû - 13:24:46

Ce n'était, certes pas, pour une histoire de pâtisserie qu'il avait fait venir la belle dans le café raisonnablement éclairé qu'était le Focifère. Si les dents de la jeune femme étaient aussi remarquablement blanches que son comportement le promettait, ce n'était dans un gâteau qu'il désirait la voir mordre. Les femmes et la pomme, c'était vieux comme le monde, et un peu trop moldu pour lui, mais la légende prêtait ainsi le vice originel à la gent féminine. C'était avantageux pour l'homme et sa manie de devoir rabaisser et rejeter la faute sur sa compagne. Si la décence avait pu faire dire que la femme se devait à présent de ramper pour racheter sa faute, qu'elle était elle-même le Serpent, nul doute que cela aurait été fait. A tort, commenterait Dorian, une femme avec le visage sur le sol, ça n'était pas la bonne hauteur pour une quelconque activité dépassant le cirage de pompe à coups de joues affectueuses. Car bien sûr, une femme devait être contente de son sort.

Au lieu de ça, Quelqu'un tout la haut, avait cru bon de les doter de jambes, de courbes et d'une langue bien pendue. La palabre était définitivement l'art féminin par excellence, et pour en revenir à ce qui avait été dit plus tôt : ramper tenait plus des activités masculines. De plus, le blond pensait très sérieusement qu'il n'y avait guère plus triste que d'écraser la tête d'une femme sous un talon. Les écrivains de la Bible semblait d'ailleurs s'accorder sur ce trait puisque c'était Bobonne qui se devait d'aplatir le Rampant. Beaucoup d'individus mâles s'étaient prêtés à l'exercice, en guise de répétition pour le moment fatidique, mais très peu pour Dorian. Non merci, jamais avant midi et pas après midi deux. Il aimait tenir quelques distances respectueuses avec son entourage, même quand ce dernier était le plus charmant des félins.

Le sourire sur les lèvres de Jezabel Darling, lui fit demander ce qui se passerait s'il la grattait derrière l'oreille. Ou sous le menton? Se mettrait-elle à ronronner? La demoiselle avait déjà prouvé avoir les pattes trainantes, la mimine expansive et volubile –au diapason du nom du café, somme toute-, mais la pilosité différait, aussi, il ne se risquerait pas à lister les points communs et les différences entre une chatte et miss... Madame Wilford. La réponse que sa compagne du moment lui offrit quant au menu étira subrepticement les zygomatiques du sire, qui joignit les mains et posa ses deux index contre ses fines lèvres. Peine perdue, Dorian laissa éclater un petit rire bas avant de hocher la tête positivement, comme s'il prenait note.

Nul doute qu'elle le faisait exprès, mais quel plaisir. Le blond n'aimait pas les pimbêches, c'était du temps et de l'attention perdus. La belle brune qui lui faisait face, semblait suffisamment sûre d'elle pour déshabiller quelques invitations à la folie des sens, sans se sentir coupable. Il fallait juste espérer qu'elle ne fasse pas partie de celles qui promettent beaucoup et reprennent plus encore, le tout sans se soulager les poches une seule fois. C'était peut être un jeu amusant pour certaines -bien que cela dépassait Dorian-, mais cela manquait d'envergure. Et quand le sorcier parlait d'envergure, il ne parlait de celle du fessier remarquable de la digne épousée en sa compagnie. A croquer, au propre comme au figuré. Non vraiment, pas une histoire de pâtisserie. Les lèvres du Maverick, toujours dissimulée derrière ses doigts, se tirèrent à nouveau dans un mince sourire :


« Voyez-vous ça. Aucune raison de vous en privez, en ce cas. »

Il était étonnant de remarquer qu'il était plutôt bien vu pour un homme d'avoir un tableau de chasse étendue en matière de séduction, quitte à grossir le nombre de gazelles chassées et terrassées sous les mains grossières et peu délicates des individus de sexe masculin. L'inverse n'était pas vrai et les filles devaient afficher une mine chaste. Si l'on appréciait peu la bigote, la femme avait pour rôle de ne pas collectionner les amants et de ne pas se montrer gourmande. Une fille qui « savait ce qu'elle voulait » ne pouvait être autre chose qu'une catin, ou une fille facile. Le genre dont on se refilait le nom et l'adresse entre 'amis'. Délicat et frais comportement. Pourtant, encore une fois et sans se faire le défenseur de la gent féminine -elle se débrouillait très bien toute seule, merci-, mélanger le fait qu'une femme sache faire comprendre ses intentions et celui qu'elle soit une Marie-couche-toi-là, n'avait strictement rien à voir. De plus, si le pédigrée de la Wilford correspond à l'assurance et au verbe qu'elle affectionnait, Dorian doutait que beaucoup d'hommes aient pu se vanter d'avoir fait un aller et retour dans son lit.

… Pas forcément dans le sien car la dame était marié. Celui du sieur alors. Mais ça ne changeait pas le problème. Si problème, il y avait, ce qui n'était pas le cas. Le Mangemort, vaudou et Directeur -programme et emploi du temps garantis chargés, Ennui aux abonnés absents- leva à son tour la tête. Son visage anguleux pris dans une expression rigide jaugeait le serveur et réfléchissait. A ce qu'il allait prendre en fait, mais cela ne le dérangeait absolument pas de risquer de mettre le pauvre homme mal à l'aise. L'homme déplia les mains et soupira, les reposants sur les accoudoirs de son fauteuil :


« Une théière de thé de Ceylan pour moi et un panier de scones. » Il tourna ensuite son minois vers celui plus réjouissant de Jezabel. « Si vous désirez vous servir dedans... Des fois que votre choix ne satisfasse pas votre appétit... Je me suis mal exprimé : Des fois que cela vous fasse envie. »

Il espérait bien qu'un simple gâteau n'ait pas raison de son appétit. Si le sentiment de satiété venait aussi vite, il lui restait au moins le fort joli morceau de tissu crème, qui faisait office de serviette pour pleurer. Sur ce, son aimable brunette était repartie à l'appeler Dearest. Le surnom lui plaisait assez. La buveuse de café avait par ailleurs porté son attention sur l'extérieur et l'homme ne savait pas si elle avait entendu son invitation. Le petit sourire de tantôt était revenu et accompagnait une lueur amusée dans le regard outrageusement pale du sud africain :

« J'espère qu'à l'avenir, cela pourra faire écho ailleurs qu'à votre mémoire mais... Maverick est le nom d'une famille de diplomates et aristocrates... Sang Purs » Il opina du chef. « Dont les membres actuels les plus connus sont Grayson Maverick -mon père-, qui siège au conseil international des sorciers... et moi-même, Dorian en tant que Directeur du Département des Transports Magiques... depuis quelques années déjà. »

Et puisque sa vis-à-vis n'appréciait pas l'hypocrisie -Dorian plissa ses yeux calmes-, il n'allait pas lui faire l'injure de lui dire que le nom de Wilford évoquait quoi que ça soit chez lui. Comme dit, il n'appréciait pas les soirées et s'il n'était pas agoraphobe, supportait difficilement la concentration d'imbécilités et de superficialité que l'on trouvait en des lieux trop bien pensants.

« Si cela suffit à éclairer votre lanterne. Quant à un autre type de célébrité, je crains que hormis par mon travail, je tente de ne pas trop faire parler de moi. Ceci dit, je n'ai rien contre les questions si vous n'êtes pas membre d'un journal, je parle plutôt librement. Votre vie est-elle beaucoup plus passionnante Jezabel? »

En fait, la personne assise à ses cotés avait un fort beau prénom, très agréable sur la langue. Un mot qui vous roulait sur l'appendice et venait fondre au fond de votre gorge. Plaisant, indubitablement.


Dernière édition par Dorian Maverick le Jeu 18 Fév - 20:43:18, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Celui qui regardait le ciel et ne se souciait plusdes autres   Celui qui regardait le ciel et ne se souciait plusdes autres EmptySam 22 Aoû - 22:50:46

Un homme de goût ce charmant monsieur. Comprenez : capable de l’apprécier à sa juste valeur. Ce qu’elle attisait de façon toute gentillette ne tombait pas dans l’oreille d’un prude. Certes, elle ne s’était pas attendue à ce qu’il lui fouettât le dos de sa main avec sa serviette de table, ainsi qu’on punirait une petite peste un peu leste de ne pas retenir ses insinuations polissonnes. Mais elle avait cru que peut-être il feindrait de ne pas percevoir les allusions libertines, qu’il les snoberait sans même un haussement de sourcil, sans relever l’indécence, en la noyant dans sa profonde indifférence. Éventuellement avec une petite remarque, l’air de rien, en jetant un coup d’œil négligeant par la fenêtre de cette place qu’il avait choisi, sans doute dans l’idée de profiter d’un déjeuner spectacle avec la scène doucement macabre du dehors. Un mort, le soleil et le ballet de la brigade contre la foule.

What a man. Troublant de paradoxes. Lui qui semblait à première vue aisément catégorisable échappait à la mise en boîte car la demoiselle, du haut de ses vingt ans quasi révolus, ne connaissait personne d’autre de son acabit. Ou plutôt de sa qualité. Nouveau, différent et attirant. Jusqu’à quel point ? Elle le rencontrait à peine, mais elle était sûre et certaine de ceci : Mr Maverick n’avait rien, absolument rien d’un redresseur de vice, aussi tiré à quatre épingles fût-il. Et ce mélange ambigu de connivence et de retenue qu’elle ressentait entre eux la magnétisait. D’où l’étrange sensation fourmillante taraudant ses doigts. Mrs Wilford, on vous a déjà stipulé de n’apprécier qu’avec les yeux. Elémentaire civilité que l’éducation sibérienne de son père lui avait inculqué à grande peine. Elle savait se tenir. Une Jezabel petite fille se serait déjà faufilée jusqu’à ses genoux pour y trôner et jouer avec sa cravate, fouiller dans ses poches et décocher des sourires enjôleurs à l’élu de son affection capricieuse. Ces sourires exquis crevassés de dents de lait manquantes…

Un pli nettement plus discret que ces impertinences édentées répondit à l’offre de Dorian alors qu’elle zieutait la ruelle avec attention et il aurait été facile de croire qu’elle ne souriait qu’à son reflet. Pourtant, elle l’avait reçu dix sur dix, un sans faute dans l’art de la communication. Elle ne passait jamais à côté d’aucunes propositions, même celles que ses interlocuteurs ne formulaient pas. L’important était que Miss l’ancienne boutiquière des Embrumes les perçoive ainsi, en opportunités à saisir. En tout cas, charmant de sa part, vraiment. On voulait être gentil avec elle en l’incitant à la gourmandise ? Comme ce serait flatteur. Ou pas. Preuve avait déjà été faite tantôt que la gentillesse était bien souvent le moyen d’atteindre un but. S’il voulait manger à son râtelier, ou plutôt goûter le fruit défendu puisqu’il semblait être un spécimen évolué, apte à se délecter là où le mâle primaire bâfrait et donnait à ces dames l’impression que leur gracieuse anatomie n’était rien de plus considérable que l’auge du cochon, il l’invitait logiquement à une petite mise en bouche.

Bredouille de son observation, la jeune femme en revint à son vis-à-vis. Un écho ailleurs que dans sa mémoire ? Dans quelle cible le Cupidon de la délicatesse voulait-il ficher son dard ? Il devait probablement songer à son petit cœur palpitant de jouvencelle, battant au rythme folâtre d’une amourette candide et elle pervertissait la sentimentalité pure et parfaite dont il faisait preuve. Les dents de Jezabel s’imprimèrent dans la pulpe de ses lèvres étirées en demi-lune, cherchant à ravaler un peu du sourire qui lui dévorait le visage. Quelque chose lui disait qu’il se montrerait déçu s’il ne réussissait à épingler que des sentiments incorporels au bout de sa flèche. Quand bien même les croyances populaires accordaient toute l’innocence de l’enfance à la blondeur, le sorcier manquait de caractéristiques propres aux chérubins pour que Mrs Wilford lui accorda le qualificatif « Angelot » de mise avec pareille complexion, pâle de la pointe des cheveux aux mirettes. Ce mot était en antithèse totale avec tout ce que dégageait Dorian et ne pourrait être tamponné sur son front que par moquerie. Car il en racontait, des choses… De grandes choses pour contrebalancer le badinage.

Directeur du Département des Transports Magiques. A trente ans ou presque. Il deviendrait maître du monde avant sa retraite. Elle aimait véritablement la façon dont il avait présenté ces vérités, et était…sensible à ce qu’il avait choisi de mettre en valeur. Bien qu’elle eût l’habitude de côtoyer le grand patron de Truc et le propriétaire de Machin depuis les langes, à tel point qu’elle n’avait jamais su s’impressionner ou s’intimider d’un titre ronflant, elle appréciait le pouvoir et reconnaissait le mérite. Pour le coup, Dorian cumulait follement ces deux "vertus". Ça, c’était réellement flatteur. L’étudiante esquissa un sourire saupoudré d’autodérision.


-Eh bien…Moi qui voulais me moquer, je suis bien attrapée. Vous êtes beaucoup trop respectable pour les persiflages.

Sa confiance en lui était amplement justifiée et elle n’aurait aucune baudruche d’orgueil abusif à crever. Elle pourrait presque demander au serveur de ramener un piédestal avec coussin de velours pour Sa Majesté. Furtivement, ses yeux cherchèrent l’alliance aux doigts de l’homme bardé de tant de qualités. Il devait être prodigieusement riche ! N’était-ce pas terriblement attractif conjugué à son taux de séduction ? Ses réflexions dérivèrent sournoisement au-delà de son inspection de situation matrimoniale alors qu’elle constatait l’absence assez surprenante d’anneau d’engagement mutuel. Que ressentirait-elle si ces mains la touchaient ? A part pour la héler à distance plus que décente depuis la foule, il n’avait fait aucun geste vers elle et l’anglaise d’adoption en était légèrement frustrée.

Et maintenant, il lui renvoyait le cognard. S’il mesurait le piquant d’une vie avec le seul élément de ses performances de bureau, la jeune femme pourrait lui rétorquer un assuré : « Mon petit vieux, je te laisse loin derrière. » Elle avait certes moins de prospérité à étaler, mais un bref regard en direction de son passé lui conférait la palme du trépidant. Néanmoins, tenter de ne pas faire parler de lui ne voulait pas dire qu’il n’y avait pas matière à faire les gros titres avec ce qu’il pouvait cacher. Comment la voyaient ceux qui ne savaient rien de ses pensées, rien de ce qu’elle avait fait ? Le minois montrait l’âme ou la masquait.

L’étudiante pensive imita le précédent geste de son interlocuteur et joignit les mains devant ses lèvres amusées, index pressés contre son petit sourire en coin. Épatant ce qu’elle pouvait lui faire risette sur tous les tons à cet homme. Ses paupières recouvrirent de moitié ses iris, comme si elle se fut absorbée dans une transe méditative, à l’écoute du flux hallucino-divinatoire décryptant les mystérieuses pensées Dorianesques.


-Hum. Je dirais…que ma vie vaut tout au moins la votre, mon cher ami. Mais je dois aussi dire qu’ici je ne rayonne pas comme je le devrais. Peut-être que si le Ministère poursuit sur sa lancée et organise un concours de généalogie à qui sera le plus racé, je pourrais finir avec une jolie coupe en or à poser sur mon chevet. En attendant ce jour glorieux, je ne suis qu’une petite étudiante et l’épouse de mon mari.

Sans la moindre, infime, minuscule note d’amoindrissement dans la voix. Même tapineuse, elle vaudrait encore plus que la première bourbeuse venue. Simplement parce qu'elle était Elle, faite d'une belle étoffe.

-Il travaille au Ministère aussi, d’ailleurs.

Son compagnon avait peut-être déjà remarqué la bague témoin à son annulaire sans faire de commentaire. Sinon, il était informé à présent. Jezabel ne voulait pas rater une miette de sa réaction. S’il partait en courant sans régler sa note, elle saurait qu’elle aurait vraiment dû attendre la fin de ce charmant petit intermède avant les cours pour lui jeter son statut d’épousée dans la conversation. Peut-être qu’il lui ferait des yeux de hibou éberlué ou qu’elle aurait le droit à un inflexible regard de serpent pendant toute la collation parce qu’il se sentirait roulé d’avoir levé la mauvaise lapine déjà prise au collet d’un autre chasseur. Ou peut-être encore qu’il s’en ficherait comme de sa première Bièraubeurre.

Doucement, elle étendit la main pour la poser sur le poignet de Monseigneur Maverick sans toucher sa peau, comme elle l’aurait fait pour retenir quelqu’un prêt à se lever. Ce n’était qu’une invitation à rester près d’elle, au propre comme au figuré. Elle ne voulait pas qu'il boude. Bien sûr, la tentation de laisser ses doigts découvrir mieux que tout à l’heure le grain de sa peau, savoir si elle serait un rien rugueuse ou satinée comme celle d’un minet, la titilla grandement. Mais elle se retint, en brave petit soldat.


-Vous me plaisez, vous savez…Tiens, notre aimable serviteur…, remarqua la jeune femme en jouant avec une frisette échappée de la masse disciplinée de ses boucles, avisant le retour de l’homme au sourire élastique qui pour une raison inconnue ne semblait plus aussi réjoui en s’approchant de leur table.
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MessageSujet: Re: Celui qui regardait le ciel et ne se souciait plusdes autres   Celui qui regardait le ciel et ne se souciait plusdes autres EmptyVen 13 Nov - 20:55:40

[ C'est plus du retard à ce stade Fou Je m'en excuse ! Et j'aide pas beaucoup pour la conversation. ]

Face à cette provocation narrative évidente et peu délicate, l'on se permettra un écart fort peu naturel dans le récit, mais n'est pas homme qui résisterait à pareille remarque. Dorian avait, depuis quelques années déjà, passé et oublié l'illusion de vouloir s'accorder les faveurs du Cupidon et son charmant petit arc. Il plantait volontiers son dard si l'invitation était courtoise, plaisante, pleine de ce velours si typique des femmes bien éduquées, il ne visait cependant que très rarement le coeur, y préférant de loin une autre partie de l'anatomie. Si cela arrivait, ce n'était que par mégarde. Il ne prenait plaisir au jeu de la séduction que dans ce qu'il y avait de sensuel et d'érotique. Le blond préférait Pothos à Eros.

Quel plaisir de convertir une âme trop fragile, trop aimante? Aucun, il n'y avait là qu'une partie facile et de mauvais goût. Quant à la femme plus habile, plus rodée au jeu des sentiments, l'on avait certes un peu d'amusement à lui faire oublier son carcan, à briser ses réticences et à s'introduire avec insolence sous sa robe, les mains agrippant avec fermeté les cuisses amies, à faire usage encore un peu de force, s'arroger le titre de maitre du domaine. Ceci dit, avait-on accompli grand chose? On avait fait beaucoup de mal inutile pour une créature que l'on n'avait jamais eu l'intention de garder. L'homme aux yeux clairs n'était pas un enfant de coeur, mais la souffrance d'une femme pour le vide laissé par un imbécile en manque de reconnaissance ne l'intéressait que peu, le répugnait même. Il y avait d'autres façons de se divertir plus distrayantes et infiniment moins nocives.

Dorian acceptait le sexe comme créateur de liens avec la personne langoureusement allongée auprès de vous. Pour peu que la séance soit agréable, une sorte de confiance, de fidélité corporelle, le besoin d'y revenir, la main qui s'égarait doucement en présence de l'autre. Un besoin physique, tempéré par l'absence de sentiments plus profonds, c'était la définition d'une relation sensuelle qu'il appréciait et acceptait dans toute sa magnanimité d'homme. Cela pouvait aussi être l'affaire d'une fois, la circonstance agréable, mais il trouvait la finition un peu dommage.

Chercherait-il à savoir ce qui se cachait derrière les paupières à demi-closes de sa charmante compagne? Partageait-elle ses convictions en matière de relations, était-elle sur la même longueur d'onde ou ses intentions étaient plus celles de jeunes femmes accrochées à leurs romans de gare. Il en doutait, il se dégageait quelque chose de fascinant de la belle Vénus assise à ses cotés, de l'esprit, de l'audace et l'absence de cette pénible innocence de la gent féminine, mais sans la vulgarité suintante des femmes ayant cessées de courir après l'ombre du grand Amour. La vulgarité, ou l'aridité de certaines, où ne subsistait plus qu'une terre sèche et impropre aux jeux de l'amour et des sens. Madame Willford était autre chose. C'était une aura et quelques mots échangés, cela n'avait aucune fondation solide si ce n'était le désir de se laisser guider par une impression, le désir de pousser la porte d'un jardin inconnu aux parfums enivrants.

Un picotement familier dans les doigts, un étrange pincement dans la poitrine et un sourire qui se transforma en un rire bas, léger en entendant parler du mari. La belle cru même bon de préciser que le sieur travaillait au ministère. Dorian opina du chef, il avait remarqué l'alliance depuis un moment. Ce n'était toutefois pas à lui de rendre compte de l'emploi du temps de l'épousée. L'homme plaça rapidement une main devant sa bouche pour faire taire l'éclat de rire imprévu :


« Pardonnez moi. » Le sorcier se racla rapidement la gorge. « Voyez-vous ça. »

Il ne voyait pas l'intérêt de demander où. Du moins, pas pour le moment. Peut-être que si les choses avançaient à sa convenance, il trouverait amusant d'aller saluer Monsieur Willford en sa qualité d'amant, sans chercher à semer le moindre trouble. Juste une visite courtoise d'un homme rencontré au hasard des longs couloirs du ministère. Dorian Maverick n'était pas en reste en matière d'égo, mais il n'avait en aucun cas la prétention de savoir ce qui se passait dans le coeur et la tête de la brune en face de lui. Jezabel ne paraissait pas bien âgée, et ce qui la poussait à chercher déjà l'adultère, il ne l'appréciait pas assez pour s'en soucier, et pensait que la femme lui aurait plutôt arraché les yeux qu'un inconnu se permette de commenter ses choix de vie.

De toute façon, l'anglais n'était pas homme à considérer victoire acquise tant qu'il n'avait pas ce qu'il désirait entre les mains. Les informations sur la pureté de sang n'était pas tombé dans l'oreille d'un sourd et il se surprit à se demander combien de qualités l'étudiante lui cachait encore. Présentement, ce qu'il désirait était assis en face, et semblait vouloir faire un mouvement de rapprochement, puisqu'elle tendait le bras vers lui. Un geste sensible, où la peau de la dame ne touchait pas la sienne. Dorian retourna le bras, de façon à ce que sa main attrape et sert doucement le bras de sa compagne avant de le relâcher. L'homme préférait s'abstenir de commentaires, il laissa juste un mince sourire apparaître et éclairer quelques instants son visage. Il n'était ni rassurant, ni ironique. Ce n'était rien d'autre que sa façon personnelle de dire qu'il ne jugeait pas. Cela ne le regardait pas après tout, une lueur dans son regard exprimait cependant de l'intérêt.

Jezabel avait, à sa façon, semer maintes promesses qu'un simple anneau ne retirait absolument pas. Qu'elle soit mariée? Bien, mes félicitations, madame Willford, vous êtes tout de même assise depuis un moment avec un autre homme que votre mari et pas uniquement dans l'optique d'une œillade et d'un repas gratuit. Le sorcier caressa encore un instant négligemment le bras de la jeune femme, l'entendant, avant de le laisser retomber sur la table en voyant le serveur arriver.

Impossible de manquer l'absence du sourire obligatoire, cela ferait un mauvais point sur sa carte de personnel. Toutefois, certaines circonstances exigeaient des visages particuliers : peut être venaient-ils leur annoncer la mort du premier ministre, le retour de la peste ou la mort du petit hyppogriphe. Toutefois, l'absence de la commande de sa vis à vis alors qu'il ramenait le thé et les scones laissait à présages une raison plus prosaïque.

Il fallut quelques instants à Dorian pour remarquer que le visage du serveur était en fait le masque contrôlé et parfaitement au point de l'homme confus de ne pouvoir satisfaire une demande. La fausseté poussée à l'échelle d'art comme l'ont trouve parfois chez les gens du commun, habitué à servir le peuple et à devoir dompter les réactions de fauves peu amènes des clients. L'homme exposa posément, calmement et avec une douleur touchante que certains soucis en cuisine rendaient sensiblement impossible de délivrer la commande de madame. La Maison s'en voulait du délai et de son incapacité à la satisfaire ( *qu'il me laisse ce plaisir* songea distraitement le directeur tandis qu'il regardait Jezabel, attendant une réaction de sa part ) et qu'il allait de soi que la maison lui offrait ce qu'elle voulait dans la carte, histoire de se faire pardonner. Bonne Maison, non?

Le serveur disposa ensuite ce qu'il pouvait amener, à savoir les boissons et le panier de scones avant de donner la carte à sa compagne, qu'elle choisisse.


« Fort ennuyant de vous inviter si ce genre de chose arrive souvent avec vous, darling. On se sentirait presque inutile. »

Grand dilemme de l'espèce masculine depuis que ses dames parlaient parité, égalité et toutes autres sottises du même genre. Le sourire sur les lèvres de Dorian était malgré tout suffisamment condescendant que l'ironie présente dans sa phrase soit on ne peut plus compréhensible.
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MessageSujet: Re: Celui qui regardait le ciel et ne se souciait plusdes autres   Celui qui regardait le ciel et ne se souciait plusdes autres EmptySam 5 Déc - 1:05:54

Ah, Mr Maverick…Il ne connaissait pas sa chance. Qu’elle fût l’exclusivité légalement acquise d’un comparse ne semblait pas lui inspirer le moindre embarras moral, ni la moindre frustration dans l’hypothèse où cette inconnue enjôleuse aurait été séductrice, mais peu gourmande, en pleine crise de la jeune mariée recherchant la confirmation que son charme opérait toujours sur les autres hommes. Une aguicheuse fidèle. Trouverait-il toujours matière à rire s’il devait éteindre sa flamme sous une bonne douche froide plutôt qu’entre ses…bras ? Restons poétiques. Cet homme ne doutait donc vraiment de rien ? L’idée de faire courir le chien après la friandise qu’il n’attraperait jamais, peu importe les hectolitres de bave qu’il saliverait ou la longueur de la langue qu’il tirerait, était pourtant extrêmement amusante. Avec les idiots arrogants. Vrai, il était bien chanceux de posséder un tel esprit, bien chanceux de lui plaire avec ses airs qu’elle n’avait jamais vu chez aucune autre personne. Et Merlin savait combien elle en voyait défiler, des têtes.

Rien que pour le plaisir tout spirituel que lui apportait leur rencontre, elle était prête à lui "pardonner" bien plus qu’un petit rire léger qui lui allait si bien. Un rire singulier, toujours précédé ou suivi d’une main portée à la bouche, comme pour retenir ou rattraper cette spontanéité. N’était-ce pas une manie tout à fait adorable ? Certes, il n’était plus à l’âge où l’on pinçait les joues rondes en signe d’attendrissement, mais d’autres parties charnues se substitueraient agréablement pour contenter sa main malicieuse.

Celle de Dorian sur son bras fit apparaître une vague de petits dômes de chair sous la manche légère de sa robe, malgré la simplicité du geste attendu avec une certaine impatience. Une onde trouble caressa son ventre. Pour une si petit chose. Le frisson intérieur qui la secoua, s’il s’avérait plus discret que la pâmoison d’une adolescente frémissante, partageait ce côté à fleur de peau par lequel on s’émouvait du souffle au creux de son cou ou d’une main chaude sur sa hanche. Si elle avait encore des doutes sur ses réels désirs vis-à-vis de Monsieur le Directeur de département…Un sourire discret répondit à celui de l’homme, un regard joueur amarré au sien après avoir dérivé des doigts caressants à ses lèvres fines. Elle savait parfaitement ce dont elle avait envie, cependant, il lui restait encore à découvrir comment ses appétits seraient comblés. Et elle devait à peu près autant avoir envie de tremper ses fesses dans un bac à glace que Dorian de se passer au jet d’eau froide.

Elle était parfaitement bien comme cela : des rayons de soleil matinal pour réchauffer sa peau et la main de son compagnon, qui la touchait enfin, qui lui offrait ce rapprochement, si infime soit-il, qu’elle espérait le voir initier depuis un moment. Mais qui ne dura qu’un instant, mort avec le retour du serveur à la mine basse, amenant les collations en même temps que le terme du geste câlin de Dorian. Ah ! Il pouvait même se moucher, le larbin ! Où était son assiette de biscuits au nom inarticulable ? Elle restait sur sa faim de caresse et il ne lui apportait rien de consistant à se mettre sous la dent en échange. Misère qu’il semblait partager au plus haut point.

Jezabel dut se retenir pour ne pas écraser de son pouce la larme fictive perlant à l’œil de cocker de l’homme accablé. Elle avait toujours eu un petit quelque chose pour les serveurs et les vendeurs, comme certains enfants raffolaient des hochets ou des toupies à faire tourner en bourrique. Qu’ils soient en devoir de se plier à tous ses caprices devait sans doute favoriser sa sympathie. Jusqu’à un certain degré. Toutefois, jouer la diva dragonne serait tout à fait idiot alors que la maison rattrapait aussi habilement son manquement…à la satisfaire.

La jeune femme croisa brièvement le regard du sorcier blond posé sur elle, un frémissement à la commissure de ses lèvres souriantes, et s’arrêta sur des caractères argentés, irisés de lumière solaire sur le carton blanc du menu revenu entre ses mains. Un signe céleste. Shetland bride's bonn. Un nom fort à propos. Pour la remettre dans le droit chemin ? Eh bien, la pécheresse avait trouvé son plat de remplacement. Ce qu’elle en faisait des avertissements du Ciel.

Damné Mr Maverick. Il n’était pas qu’un exemple à suivre sur le chemin de la réussite, il avait définitivement une chance insolente. Jezabel n’était-elle pas une bonne pioche, consentante, pire, désireuse ? Déjà épouse, il ne risquait pas d'être obligé de la jeter hors de sa maison avec les draps de son lit qu’elle ne voudrait pas quitter au petit matin. S'ils étaient immaculés, la pauvrette déçue pourrait s'en faire une robe de mariée consolatrice après une "nuit de noce" amplement consommée. On pouvait même considérer qu’il l’obtenait pour une bouchée de scone, que la sorcière venait de piocher pour la tremper dans son café, crémeux en abondance. Si jamais elle avait été à vendre et n’avait pas cédé uniquement par hédonisme.


-Oh, Dorian. Vous sentiriez vous accessoire, mon très cher ?

Triste constat pour un homme d’autorité, quand les choses se faisaient sans l’action de sa volonté suprême. Répondant à l’ironie par l’ironie, elle entortilla une boucle châtaine autour de son index et de son majeur, la simulation d’une réflexion intense sur son visage. La gravité de la Parque décidant du destin d’un mortel.

-Ne vous inquiétez pas, nous allons vous trouver une utilité. Merlin, quel usage peut on faire d’un beau spécimen masculin à la peau certainement très tendre et bien savonnée ?

Elle déroula en sens inverse la bande de cheveux tirebouchonnée, débobinant le fil de ses pensées.

-Je ne peux pas vous dévorer et ne laisser que les os, on m’a donné une certaine éducation. Pour être tout à fait honnête, je préférerais vous garder pour plus tard…Ne dit-on pas "le meilleur pour la fin" ?

Et pour sa faim, bien particulière. Son cœur battait étrangement. Pas d’amourette, mais du délice de l’avoir rencontré. De réjouissance à jouissance, il n’y avait que Dorian. Lui, ses mains , sa cravate. Et le reste…que ses vêtements préservaient pudiquement à son regard, peut-être un peu trop convoiteux pour être décent.
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MessageSujet: Re: Celui qui regardait le ciel et ne se souciait plusdes autres   Celui qui regardait le ciel et ne se souciait plusdes autres EmptyJeu 18 Fév - 21:34:38

Tandis que l'indigne épousée était repartie à l'exploration de la carte -Dorian lui souhaitait bonne pioche-, le sorcier se permettait des considérations parfaitement étrangères au choix du menu. S'il admettait que la femme était allée trop loin pour qu'un simple 'non', sorti de ses lèvres en bouton de rose, soit suffisant pour lui permettre de prendre la poudre d'escampette, après l'avoir poliment remercié. Il voyait mal la femme lui planter un joli et sonore baiser comme sait si bien les distribuer un bambin aux joues roses.

Madame Wilford n'avait rien d'un poupon ou d'une créature en bas âge. Elle avait toutes les formes d'un corps adulte, beau et délicat, éduqué à faire tourner la tête de plus d'un homme, qui avant de s'arrêter à l'aspect intellectuel de la femme, s'intéressait d'abord à la forme parfaite d'un sein convenablement maintenu par un sous-vêtement approprié ( peu importait la taille au fond, du moment que l'on avait quelque chose à se mettre sous la main -sauf exception pour trop grande largesse de la nature, ou son contraire- ), à la courbe d'une hanche, d'un sourcil, la couleur d'une pupille, ou encore à la fermeté d'une paire de lèvres charnues. La beauté était une critère subjectif, nul ne dirait le contraire et le blond était sélectif. Il n'était pas éduqué à la demi mesure, il voulait tout ce qui était écrit précédemment, il voulait en plus de l'esprit et du maintien, une certaine façon de penser qui feraient s'éveiller son esprit à l'intérêt.

La femme avait choisi d'elle-même d'entrer dans sa toile, il ne l'y avait nullement poussé. Certes, elle était sa perle sortie de la foule, remarquée dans son moment de détresse momentanée. Il l'avait étiqueté comme 'différente'. Maintenant, il avait accepté de s'intéresser un peu plus à sa compagne. Sur la toile de l'araignée, elle paraissait incroyablement à l'aise. Dorian la laissait s'y balancer avec la grâce d'une enfant, lui sachant parfaitement les intentions d'une femme adulte. Il cherchait toutefois des signes pour traduire avec justesse le comportement et les envies de la dame. L'activité n'était pas aisée, elle était aussi loin d'être déplaisante, lui tirant parfois un mince sourire que lui seul comprenait.

Il l'intéressait, il en était sûr. Le sorcier n'était pas sot, ou si jeune qu'il en venait à manquer les signes d'intérêts dans l'attitude corporelle d'une femme. Et à plus forte raison, d'une femme qui lui plaisait et qu'il convoitait. Il n'était pas aisé de susciter l'intérêt du directeur, il était encore plus difficile de le garder les quelques phrases de politesse obligatoires passées. A sa façon de ne rien faire comme tout le monde, tout en restant gentiment dans le cercle des convenances, l'autre était une source d'intérêts et de mystères à part entière. Le fait qu'après un temps raisonnable de conversation, elle jouait la carte de la patte blanche, tout en le considérant à travers ses mimiques de chat joueur prêt à sauter sur la souris qui se baladerait en face de lui. Dorian se prit encore à sourire et passa la main devant ses lèvres pour faire descendre ses zygomatiques traitresses. L'image d'une Jezabel, les fesses en l'air, oscillant de droite à gauche, comme un chaton près à sauter sur une mouche imaginaire n'était guère sérieuse, mais au combien distrayante. Un peu de tenue, Sir Maverick, encore un peu et toute cette hilarité saurait nuire à votre charisme.

Sans compter que la femme semblait avoir trouvé le dessert de son choix. Le sorcier se retint de sourire. Son regard s'alluma d'un éclat amusé avant de retomber. Sa vis-à-vis devait le faire exprès, il pencha légèrement la tête sur le coté, s'intéressant à la femme puis à la commande que le serveur inscrivait scrupuleusement sur son papier -avait-il peur de l'oublier d'ici le trajet jusqu'aux cuisines? Ou peut être avait-il l'intention de faire le tour des tables pour prendre les commandes et seulement ensuite satisfaire la demande de l'éconduite du gâteau au nom imprononçable. Dorian espérait sincèrement pour lui que ça ne fut pas le cas, c'était risquer l'ire de la dame.-. Fort heureusement pour lui et pour la réputation de l'établissement, l'homme reparti aussitôt aux cuisines pour satisfaire la commande, tandis que le blond contemplait l'étendue de sa tasse vide.

Avait-il trop l'habitude qu'on le mouche ou est ce que le serveur avait effectivement oublié quelque chose? Dans son acte de contrition à l'égard de la brune étudiante, il semblait avoir oublié qu'il était censé lui verser son thé. Toujours près à servir les femmes, mais pas plus loin, le service s'arrêtait au décolleté et au sourire.

La posture rigide de l'homme trahit une légère agitation, un mouvement d'épaules discret. Il riait encore, le regard tourné vers la porte derrière laquelle l'autre avait disparu. Il se reprit, un moment après que Jezabel eut pour la première fois ouvert sa jolie bouche. Il lui dédia à nouveau sa complète attention pendant qu'il regardait sous le couvercle de sa théière en métal. Le sorcier adopta un air peiné, tout à fait feint, pour répondre à la phrase, avant de reprendre un visage normal et la laissa poursuivre, son visage ré-adoptant sainte neutralité.

Les feuilles étaient bien infusée, l'odeur du thé de Ceylan montait à ses narines, probablement à celle de la brune aussi. Il aimait cette odeur en ce qu'elle avait de changeante. Un thé dont chaque établissement lui offrait une fragrance différente. C'était un thé qui allait de commun à raffiné, il n'avait pas de préférence obligatoire pour celui qui coutait le plus cher et se contentait de découvrir à chaque fois. L'appellation recouvrait tous les thés du Sri Lanka, à partir de là, on pouvait avoir quelques surprises. Comme avec la femme à ses cotés.

Le sorcier nota que quand la demoiselle se faisait joueuse, elle avait la fâcheuse manie de jouer avec sa tignasse brune, d'entortiller ses épaisses boucles. C'était mignon, tant s'en était presque cliché. Mais le cliché n'allait mal à la personne que si cette dernière ne vivait que par lui. Un petit élément de pittoresque dans l'individu n'était jamais là que pour rajouter à son charme. C'était un coup d'essai réussi pour la femme, l'homme suivit un instant le mouvement des cheveux autour du doigt, avant de repartir à ses lèvres. Le siennes s'étirèrent en un mince sourire qu'il assuma et laissa trôner :


« Je crains que pour cette faim là, il faudra vous faire aux scones et à votre commande... à condition bien sûr, qu'il n'amène pas la Bride du Shetland. Au quel cas, on peut encore attendre longtemps. Néanmoins, votre compagnie est plus que plaisante, je devrais pouvoir me faire à ce cas de figure. »

Il trempa ses lèvres dans sa tasse après s'en être versé raisonnablement, un sucre pour accompagner, le tout remuer deux fois calmement. Pas le meilleur qu'il ait gouté, mais loin d'être le pire. Le sorcier resta un moment à la fixer sans lui répondre, épaté par ce qu'il découvrait dans les yeux de sa vis-à-vis. Sans lui rendre son regard, il tendit à nouveau le bras à travers de la table, pour reprendre leur position précédant l'arrivée du serveur. L'invitation était ouverte.

De son autre main, le sorcier attrapa un scone et mordit dedans. Ces derniers étaient à son goût, le gateau fit un tour par le thé avant que l'homme ne morde à nouveau dedans. Il le reposa ensuite et saisit encore sa tasse et bu.


« Mais je suis flatté que mon sort vous préoccupe autant. Je tacherai de ne pas décevoir. Je m'en voudrais, Jezabel. »

Quel joli prénom enfin de compte, il se trouvait vouloir l'entendre dans un autre cadre que celui d'un aimable troquet du chemin de traverse, en face d'un cadavre encore frais et d'une police magique qui semblait enfin trouver le calme nécessaire pour gérer cette sinistre affaire.
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MessageSujet: Re: Celui qui regardait le ciel et ne se souciait plusdes autres   Celui qui regardait le ciel et ne se souciait plusdes autres EmptyLun 1 Mar - 14:31:33

Tellement masculin. Bien sûr, il serait probablement heureux de s’acclimater à n’importe quel "cas de figure", pour peu qu’elle y mette les formes, si elle respectait l’équilibre entre le sens littéral et le sens figuré pour convenir au goût raffiné de son Altesse. Un décolleté hissé au balcon ne ferait pas tout. Faire pigeonner la marchandise pour voir si le blond louchait en proportion, les pupilles en cardioïde, serait amusant, mais elle ambitionnait un peu plus haut que la condition de "must have" en objet de luxure. Non, elle voulait foncièrement lui tenir…à cœur. Elle ne se satisferait pas d’un manque de considération envers son inusuelle personnalité. Ce qui était typiquement féminin.

Jezabel observa Dorian par-dessus le bord de sa tasse immaculée de propreté. Le rituel pittoresque de l’angliche imperturbable préparant son tea aromatique la fit sourire de toute ses dents alors qu’elle buvait une gorgée presque déglutie de son café. Et pour aller avec son sucre et le touillage orchestré, un slip souvenir Big Ben ? Elle noya le nœud de rire coincé dans sa gorge avec la volupté onctueuse d’une dose supplémentaire de liquide mordoré. La jeune femme se promit de lui envoyer du crumble par hibou. Si vraiment elle n’arrivait à rien produire d’autre qu’une boule de graisse pour volatile, elle demanderait à son mari de mettre la main à la pâte. Geoffrey était médaille d’or des arts culinaires. Un directeur de département le valait bien. L’étudiante était d’ailleurs curieuse de savoir combien il pouvait ramasser de pièces dorées à chaque fin de mois. Elle ne doutait pas qu’il fût richissime. La bonne santé financière de monsieur contribuait à asseoir la souveraineté de son assurance en lui faisant une auréole de suprématie particulièrement attractive pour la minette assise en face de lui. S’il y avait plus d’hommes comme lui…Elle croirait peut-être au paradis.

La main de son interlocuteur retrouva finalement sa place sur son bras et la demoiselle releva un sourcil, l’épiant à travers un immatériel rideau de vapeur translucide qui s’élevait de sa tasse. Oui, c’était bien un air triomphant et pourtant amadoué trônant sur le visage de la brune. La décevoir ? Comment ? Un…petit défaut de fabrication ? Que se soit par l’action des phéromones en suspension ou tout autre substance du corps humain régissant l’activité sexuelle, ses iris prirent une teinte très printanière alors qu’elle zieutait un point précis du côté de chez Dorian que la table ne lui permettait pas d’évaluer. Effectivement, elle pourrait être déçue. Que restait-il du sieur Maverick une fois dépouillé de son joli plumage et de son éventuel caleçon à cœurs/en tweed ? Elle savait sa peau tiède. Et avait le loisir d’en jauger l’agréabilité pour les câlineries.

Elle libéra doucement son bras pour entremêler ses doigts à ceux de son amant en devenir et retourna la main de l’homme sur la table de façon à ce qu’elle puisse scruter sa paume.


-Hmm-hmm.


Jezabel s’accorda une gorgée de café pour l’effet dramatique.

-Un vrai misanthrope, hein ? Qui a ses préférences, je vois, pronostiqua la chiromancienne amatrice en caressant de l’index le mont charnu entre la ligne de vie et le pouce supposé être le reflet de la sensualité, Je le savais. On réserve l’amour avec son prochain aux belles occasions et on sait le distribuer avec largesse. C’est un plaisir de faire partie du genre privilégié. Je ne serai pas déçue, dearest.

Avec la confiance aveugle qu’elle y mettait, il ne s’en voudrait jamais autant qu’elle pourrait lui en tenir rigueur en cas de désillusion de ses fantasmes. Et concernant l’aspect intellectuel de leur relation, aspect indiscernable du charnel pour madame, à moins qu’il ne lui demande une cotisation à la société de soutien aux Cracmols, il y avait peu de chance que disparût l’étincelle énamourée de ses yeux. Pas même un refus de batifolage.

Pfft ! Un vulgaire délai d’attente !

Acharnée, elle ? Mais comment renoncer à ce que l’on désirait ? L’autre jour, elle avait repéré une petite paires de chaussure aux lignes si pures et si féminines, elle n’avait pas hésité une seconde pour sortir la bourse à Gallions et mettre le glamour à ses pieds, quand bien même le compte en banque n’était pas d’accord. Si Geoffrey dépensait moins d’argent pour des choses inutiles aussi. Son ex-famille entre autre. Que Mister le Golden Boy dans la force de l’âge soit coopératif épargnait simplement à l’entourage de la marâtre de subir le mordant de son impatience insatisfaite, le temps qu’elle parvienne à lui faire prendre conscience qu’il pourrait toujours allumer un cierge pour lui tenir chaud jusqu’au linceul s’il espérait trouver plus désirable et plus intéressante dans sa vie entière. Fort heureusement, le misanthrope sélectif avait bonne vue et savait reconnaître une plaisante opportunité quand elle se tenait à quelques pas de lui.

C’est en regardant affectueusement par la fenêtre le lieu précis de leur rencontre qu’elle le vit.


-Oh ! Visez ça ! , s’exclama-t-elle en pointant un quelque chose à travers la vitre.

Le cadavre ne venait pas de se redresser du plancher et de transformer une boîte crânienne en œuf coque, fui par une foule terrorisée après s’être tellement pressée autour du mort bien mort. Elle venait tout juste de distinguer en détail ce qui avait attiré son œil tantôt. La miss frappa le rebord de la table de son autre main. Évidemment !


-Vous voyez le jeune homme châtain en uniforme…qui emmène la vieille barbe à l’écart ? Pour la petite anecdote, c’est le numéro un de la nombreuse couvée Wilford. Je veux dire celle de mon mari et de l’ancienne porteuse du titre.

Jez n’était pas prête de mettre bas quoi que ce fût quant à elle…Encore moins en telle quantité.

-Il est superbe, fagoté en représentant de l’ordre et de la justice, non ? Même s’il n’a rien eu de plus impitoyable à affronter qu’un mort tout propre et le pudding des braves gens amalgamés par le sang coulé. Le Ministère prend soin de ses nouvelles recrues.

Jezabel détailla un bref instant encore celui qu’elle estimait comme le plus réussi de ses beaux-fils. Si elle avait parfois le désir de lui envoyer la tête contre le mur, ce n’était jamais parce qu’il lui prenait la sienne, mais plutôt pour y remettre de l’ordre. Il tenait trop de son père, croix de bois, croix de fer, si t’es méchant, je t’expédie en Enfer. Et ce beau gâchis était aussi jeune qu’elle. Si elle avait réussi à le lasser de son ancienne dulcinée, elle savait que ce n’était qu’une question de semaines avant que le demi-sang doté d’un quart de jugeote ne retrouve quelque chose pour l’agacer. Car les trois quatrièmes restant de sa personnalité étaient utilisés pour faire chier le beau monde. Effrayante loi de l’hérédité.

-Il doit concrétiser le rêve que font plein de petits garçons, défendre la veuve et l’orphelin. Quelle était votre utopie Dorian ? Immoler vos méchants camarades de jeu d’un froncement de nez ? Devenir Maître Suprême de l’Univers ? Vaincre la Grande Faucheuse ? , demanda-t-elle en arrêtant de toiser Wilford Junior N°1 et revenant caresser du regard le visage de son vis-à-vis.
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MessageSujet: Re: Celui qui regardait le ciel et ne se souciait plusdes autres   Celui qui regardait le ciel et ne se souciait plusdes autres EmptyDim 21 Mar - 0:35:48

Une autre différence posée, assumée et installée entre femmes et hommes, était cette capacité étonnante que la gente féminine avait de broder autour d'une situation. A trouver que non, oui, peut être, sait-on jamais, et si, malgré que, pourtant, et à ne jamais prendre les choses comme elles venaient. C'était fatiguant une femme, bien pour cela que Dorian trouvait préférable que beaucoup se taisent, ou soient mignonnes, et laissent tomber le tricotage intellectuel. Si ces mesdames étaient douées pour le point de croix : qu'elles s'en contentent. Un homme ne réfléchissait pas tant et ne s'en portait que mieux, il gardait les réflexions pour d'autres sujets et quand on parlait de plaisir, il fonçait. C'était basique, certes, mais cela empêchait bien des maux de têtes et des ulcères inutiles, encore plus si c'était gratuit et sans conséquence.

Dorian était d'avis qu'en matière de chose posée, assumée et installée : lorsque l'une femme posait ses fesses quelque part, bien malgré les hésitations et les simagrées qu'elle faisait sur le sujet, elle revenait. Sauf si l'homme s'y prenait comme un manche. Plus, s'il s'y prenait mal avec son manche, en fait. Ce vocabulaire pouvait surprendre pour un îndividu tel que le sieur Maverick, mais sous tout le verni de directeur de département, il n'en restait pas moins un homme. Un homme exigeant qui trouvait peu souvent chaussure à son pied, mais gardait des considérations bassement masculines. Il ne comprenait pas cette course folle des demoiselles qui cherchaient l'amant pour la relation sérieuse, le long terme. Il songeait avec frayeur et fuyait comme la peste l'idée de l'âme soeur et de la moitié, et si cette personne devait exister, il espérait la rencontrer le plus tard possible, qu'elle le laisse vivre en paix pour un moment encore. Son titre de directeur le rendait parfois témoin des spectacles les plus étranges, des jupes qui raccourcissaient mystérieusement quand certaines femmes se trouvaient être conviées à son bureau, des décolletés impossibles, de la fausse pudeur au regard appuyé, sans compter la charmante teinte rosée ou carmine qu'adoptait les joues des timides. Cette obsession à se faire enfiler la bague au doigt était tout simplement effrayante. Un homme n'en demandait pas tant, et c'était rarement une bague qu'il désirait enfiler à sa dame. C'était là, cependant une toute autre histoire.

Bien sûr, il n'approuvait pas et ne trouvait aucun attrait à celles qui écartaient les jambes aux quatre vents. La pudeur n'était pas un défaut, la réserve non plus et l'exigence encore moins. Savoir ce que l'on voulait, sans jouer la mijaurée; lui pensait en avoir un bel exemple sous les yeux. Et beau à plus d'un titre, la femme lui plaisait autant physiquement que spirituellement. Il n'avait pas ressenti un tel désir depuis un moment et son esprit voyageait à la regarder; du cou pale, il passait à la clavicule, imaginait l'épaule et dessinait la courbe d'un sein. Le blond se demanda vaguement quelle goût elle avait, avant que les deux croissants de lune de sa vis-à-vis ne se remettent à bouger. Il avait apprécié le contact bref de ses doigts mêlés au sien et regardait la chiromancienne auto-proclamée avec un soupçon d'amusement alors qu'il l'écoutait.

Elle n'avait pas tort, mais il doutait qu'elle ait lu ça dans les lignes de sa main. Un petit sourire ourlait ses lèvres, s'étirant à l'occasion d'un bon mot ou d'une expression qui lui plaisait. Dorian n'avait toutefois pas la moindre envie de répondre. Donner les clés de sa personnalité? Qu'elle les déduise à leur conversation était une chose, qu'elle s'attende à ce qu'il acquiesce stupidement comme un âne devant sa carotte, la brune pouvait rêver. Le sorcier espérait par ailleurs que les rêves de l'étudiante comprenait autre chose que de le voir secouer la tête gentiment et de se découvrir à tel point que la nudité physique pourrait paraitre pudique à coté.

L'attention de sa compagne se détourna de sa personne, autorisant le vaudou à reprendre son visage habituel. L'exclamation le fit tourner le regard alors qu'il récupérait sa main pour boire son thé. Son sourcil se souleva doucement, tandis qu'il cherchait ce qui avait pu attirer l'oeil de Jezabel. La belle n'était pas avare en paroles et répondit à son interrogation muette presque aussitôt. Il ne mit pas longtemps à repérer le jeune homme. Une lueur d'amusement parcourut à nouveau son regard : la scène était touchante. Dorian n'avait rien contre les hommes dévoués à aider leur prochain.

En fait, il trouvait extraordinaire et merveilleux les idiots qui avaient encore foi en l'humanité et œuvraient pour la belle composition, le bien, l'équilibre entre les peuples et la justice. Pas de jalousie pour lui, il appréciait la compagnie des gens clairvoyants comme il l'était lui, mais ne démentait l'intérêt d'une boule d'énergie prête à défendre la veuve et l'orphelin. Dans la grande famille des imbéciles, c'était celle qu'il préférait. Il rayait de cette catégorie ceux qui se croyaient obligés de faire des vagues et dérangeaient l'autorité mise en place. Toutefois, un valeureux policier du ministère, faute d'avoir son estime, était estampillé par Dorian comme utile à la société.


Sans commenter encore une fois les propos de l'épouse infidèle, il observait le fils Wilford, tout en gardant son oreille pour la femme à ses cotés. Garder l'homme à l'abri de trop grand périple alors qu'il était trop bleu lui paraissait la logique même, et il se contenta de hocher la tête imperceptiblement. La question de la femme sur sa personne referma la bulle sur eux, sortant le tiers de ses considérations. Son regard pale se posa à nouveau sur son amante-en-devenir alors qu'il reposait sa tasse :


« Nullement. »

Répondit-il avec une intonation d'innocence et d'honnêteté rare dans le timbre calme et bas du directeur. Il s'interrogeait et s'autorisa quelques secondes de silence pour réfléchir à la question, croisant les bras en signe externe de réflexion, un pli interrogateur sur le front. Avait-il un jour rêvé de quelque chose? Il avait du mal à se souvenir, c'était comme essayer de se rappeler le nom du chien que l'on avait abandonné sur l'autoroute quand on était petit -si l'on pouvait se permettre une image moldue-. Comme tous les enfants, il en avait probablement eu. Il cherchait bien le secret de la vie et de la mort, comme tout vaudou qui se respectait, mais voyait plus cela comme un passe-temps que comme un véritable but à son existence :

« Si l'on parle au passé, je dirais que mon utopie aurait été de voir les moldus s'entredéchirer, sans que leur imbécilité ne touche la communauté dont je faisais parti. Rêve bien égoïste, puisque purement intéressé, mais puisque les altruistes m'agacent au plus haut point, je m'en contente bien. »

Il s'accorda un petit sourire et remis sa main sur la table, renouvelant son invitation à mettre leur peau en contact. Dorian appréciait la chaleur corporelle de sa compagne, et la douceur de sa peau. C'était un plaisir simple, mais guère suffisant.

« Et toi, as-tu quelque chose à me rendre sur cet aveu? »

L'homme était passé aisément du 'vous' au 'tu', il trouvait étrange de jouer au culbuto avec quelqu'un que l'on se cantonnait avec bravoure à vouvoyer, pour passer au tutoiement quand l'intimité était consommée. Cela lui faisait le même effet que de dire « bonjour mademoiselle » pour achever sur un « aurevoir madame ». L'homme était une créature arrogante. Il n'avait néanmoins pas manqué la tentative de regard sur la partie basse de son anatomie, avait remercié la table de sa présence avec un jeu certain pour ce que cela contrariait les projets visuels de la blanche oiselle. Il jeta un oeil rapide au serveur qui revenait cette fois-ci avec la commande tant attendue.
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MessageSujet: Re: Celui qui regardait le ciel et ne se souciait plusdes autres   Celui qui regardait le ciel et ne se souciait plusdes autres EmptySam 29 Mai - 14:47:43

HJ : YEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEES !!! cheers


Pause dramatique avant l’instant de vérité. Elle allait tout savoir des rêves et ambitions infantiles de l’homme qui posait chaque matin son arrière-train sur le fauteuil molletonné du grand chef de département, alias celui qu’elle avait le plaisir de couver de son regard le plus langoureux. Aurait-elle été plus près de lui qu’elle aurait lissé de l’index le pli songeur apparu au front de son partenaire de discussion et plus puisque affinités. Sa petite question ne méritait pas d’amorcer ce qui serait le ravin d’une ride d’expression dix ans plus tard. Ce n’était pas comme si elle lui annonçait, les cils papillons et le sein palpitant d’émotion, qu’il était l’heureux papounet de ses jumeaux et s’il pensait, en se basant sur son expérience du pouvoir, que Lloyd et Rowan faisaient suffisamment prénoms de gagnants. Situation cauchemardesque qui, en plus de vous noyer d’un seul coup sous les eaux noires de la dépression, vous faisait vieillir de cinquante ans sous le poids des tourments à venir. Heureusement, avec Mrs Wilford, cette menace n’avait aucune chance de dépasser le stade embryonnaire. Mr Maverick pouvait donc conserver sa belle peau lumineuse de blondinet autant d’années qu’il lui plairait.

La révélation tomba bientôt et Jezabel en fut quelque peu étonnée. Pas d’illustre confession, ni de glorieux destin à graver sur des pages d’or et frappé du gigantisme halluciné des émois aux hormones d’un jeune garçon en passe de succomber au côté obscur des étapes de la vie : l’adolescence. Elle souffla doucement sur les dernières volutes légères de son café crémeux, un demi sourire aux lèvres. Pas de dragon à terrasser dans les rêves de milord, mais plutôt une hydre aux innombrables têtes. Des courageux s’y essayaient déjà plus activement, et si la jeune dame leur souhaitait de tout son cœur le juste triomphe escompté, elle n’avait tout simplement pas assez d’abnégation pour s’investir dans l’éradication aventureuse des vermines au détriment de ses projets et loisirs. Elle s’ennuierait passionnément à Azkaban.


-Un rêve que je légitime. L’honneur est sauf, dear. , déclara la jeune femme sur le ton de l’impératrice graciant un sujet de son approbation, tout en sachant pertinemment que son avis sur ce point vaudrait tout juste un haussement de sourcil. Il était simplement amusant de l’entendre s’absoudre son égoïsme que tant d’autres auraient cherché à justifier dans le but de recueillir le suffrage de l’auditoire. Piteusement. Détestablement. L’attitude de Dorian était…rafraîchissante.

Quant à ce qu’elle pouvait en déduire…Beaucoup de choses. Un passé suffisamment houleux pour donner de tels désirs à un enfant, l’opportunisme intelligent, possiblement mûri depuis cet âge tendre en une volonté plus calculatrice. Peut-être aurait-elle le loisir d’affirmer ou d’infirmer plus avant s’ils devaient se côtoyer régulièrement. La sorcière n’avait pas eu quelqu’un d’aussi original à découvrir depuis…Un tic nerveux crispa sa mâchoire. Depuis l’autre fou furieux méthodique de Jugson et elle prendrait certainement un plaisir moins irritant à se frotter à Dorian. Qu’il puisse potentiellement raviver une flamme passionnée dans son existence peuplée de rasants faisait frémir son intérêt. Encore un petit effort, une touche de sordide, une note d’aimable vice et elle se pourlècherait les babines.

Awww…Et ils en venaient au "tu", avant d’en venir au lit, brisant au passage une des sacro-saintes règles du roman de gare qui préconisait, pour accomplir le rituel de familiarité, le petit matin ensoleillé baignant de sa lumière dorée le nid d’amour des amants. L’avantage étant qu’à présent peu importe jusqu’où monterait ou descendrait le thermomètre de leur relation, grâce à la promiscuité amicale de ce tutoiement ils se quitteraient comme des bons amis. How sweet. Il ne manquait plus que leurs mains réunies pour compléter l’instant plein de bons sentiments et Jezabel vint gentiment redonner sa patte de velours. Pourquoi refuserait-elle d’apporter un peu de douceur à ce monde virulent ? Même si elle s’en moquait totalement.

Et son paradis enfantin alors ? Tour à tour, elle avait ardemment désiré voir disparaître sous une pluie de feu, de rocs ou un lustre les méchants qui servaient rien qu’à l’enquiquiner. Mais lors l’hécatombe vengeresse n’était pas son ambition ultime. Rester la favorite de papa ? Oho, il n’y avait pas eu plus fluctuant que cet amour qui de toute façon n’était pas utopique, mais un fait avéré. Jusqu’aux dernières nuits, mais y penser allait singulièrement l’énerver et Dorian apprécierait sûrement peu qu’elle plante ses ongles dans la chair de sa main innocente pour se défouler. Ce qu’elle aurait voulu, elle qui avait été suffisamment bien née pour porter la couronne sans même pouvoir s’offrir une toque en hermine ? Non pas qu’elle est été miséreuse au point de devoir se tailler des robes dans les nappes comme une elfe de maison, pourtant la richesse éculée de son patrimoine n’était pas différente d’un tableau de maître qu’on aurait laissé pourrir au dépotoir. La sensation d’habiter un musée d’une gloire passée, avoir tout en nom et rien dans les mains, était l’évidence qui avait percuté très jeune sa petite tête bouclée. La fadeur des autres aussi.


-J’aurais voulu plus. De tout. Mon utopie de cette époque en jupon semble sûrement aussi brillamment traditionnelle que n’importe quel rêve de princesse, mais j’aurais vraiment voulu beaucoup plus que ce que j’ai pu avoir. En fait…mon petit monde _et ceux qui y gravitaient_ n’étaient pas fréquemment à la hauteur de mes attentes. Etais-je pétrie de grandeur ou de vanité ? Qui s’en soucie ?

Les intéressés étaient tous morts. Cette rétrospective montrait juste à quel point elle avait su rester fidèle à elle-même. Très Mignon. Il lui était aussi possible de mesurer combien les choses étaient restées inchangées. Et ce n’était pas sur les bancs de l’université qu’elle était en position de modifier quoi que ce fût au côté matériel de son existence, moins exigu, mais un petit peu à l’étroit tout de même. Quant à l’aspect relationnel, elle n’était pas responsable du cheptel d’abrutis peuplant la Grande Bretagne.

Sur ces réjouissances, le serveur ramenait fièrement son trophée des cuisines. Amoureusement disposées au centre exact de l’assiette, trônaient cinq jolies parts en pétales de pâquerette d’un sablé rutilant de sucre. Le dos de sa main libre soutenant son menton, Jezabel battit des cils, faussement émerveillée à son approche. Cela voulait dire qu’une fois le panier de scones vidés de ses provisions, la peau de son vis-à-vis resterait sur ses os puisque son petit-déjeuner attitré était arrivé.


-Je suis curieuse…,commença-t-elle une fois les banalités du service expédiées,…à propos de ce que tu m’as dit. Je n’ai que l’amorce et j’aimerais entendre l’histoire tirée de l’anecdote. Y a-t-il un happy ending à l’imbécillité moldue ?

A défaut de suspens, puisque aussi grand qu’ait pu être le massacre/conflit/nettoyage il y avait toujours un troupeau de ces animaux occupé à paître sur les plates-bandes des sorciers de Londres. De plus, glaner un peu d’histoire concernant son pays d’adoption serait toujours bon pour sa culture générale.
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