L'année scolaire de Poudlard s'était terminé en beauté avec le décès de Dumbledore et l'attaque de Poudlard: un victoire pour les mangemorts même si les actions avaient été ciblées. Torin n'avait certes pas participé mais il faut dire qu'il était en ce moment très pris par son travail: l'effectif du Magenmagot réduirait tôt ou tard et il fallait qu'il soit totalement apte à assurer la relève d'un ancien membre. Car oui, après avoir quitté le Dark Shop il y a plusieurs années afin d'établir un projet professionnel plus ambitieux et répondre aux ordres du Lord, l'ainé des Bower se devait de gravir les échelons du ministère: et quoi de mieux que de devenir un juge éminent dont la voix serait décisive dans les procès les plus passionnants?
Seulement, la fin de cette année scolaire ne se résumait pas qu'au travail. Cela signifiait le retour d'Ailin au manoir familial. Le garçon pourrait être très prometteur si Torin arrivait enfin à manipuler son esprit tout entier pour faire de lui un véritable Bower, ce qui n'était pas gagné: le garçon démontrait encore son intelligence en obtenant de très bons résultats aux BUSEs, bien que ceux-ci ne soient pas aussi excellents que ceux de l'ex préfet en chef des Serpentards, il y a de cela presque une dizaine d'années. Mais au sujet des frères et des examens, il y avait une autre préoccupation -moindre- dont Torin devrait se soucier quand il aurait le temps. Il n'avait même pas vu les résultats de Ultan qui lui passait ses ASPICs: ayant déserté le manoir Bower il ne donnait pas signe de vie. Torin aurait juste voulu vérifier qu'il n'obtienne pas des notes trop élevés, pour s'assurer qu'il avait bien fait de le laisser filer et de ne pas compter sur lui pour devenir un bras droit. Trop sensible ce garçon -sous ses airs de brutes épaisse- pour réagir ainsi à la mort de leur père, mais aussi trop irréfléchi pour se rabaisser à briser les baguettes magiques de ses camarades. Enfin, le mangemort pourrait toujours se renseigner sur son cas au repaire où il venait semble-t-il d'être intronisé, d'une manière qui nécessiterait quelques explications entre les deux jeunes hommes.

Passons. La famille avait toujours été un fardeau et Torin, probablement le seul rescapé en terme de tares, il savait désormais qu'il lui faudrait ne pas commettre la même erreur que son père: il devrait épouser une sang pur afin que sa descendance soit saine et digne de son nom. Le sang du mangemort ayant été purifié par le Lord, il n'y avait plus aucun risque de dégénérescence dans sa future lignée. Encore fallait-il trouver une sorcière digne de lui, ce qui sous entendait deux cas: une femme assez forte pour lui tenir tête (ce qui ne devait pas exister étant donné la nature du sexe faible), ou une brave sang pur parfaitement soumise à ses moindres désirs, qui ne lui causerait aucun tord. Et qui sait, peut-être trouverait-il cette denrée rare au sein même de la communauté mangemort, bien que les femmes membres soient en principe fort caractérielles.

En parlant de mangemorts, il avait été appelé par le Lord pour une mission bien particulière. A peine les vacances scolaires avaient-elles débuté pour les élèves, il devait se rendre chez l'une d'entre eux. Une prometteuse recrue selon le Seigneur des Ténèbres, s'étant chargé lui-même de la contacter pour l'engager. Mais le Mage étant surchargé de travail, il ne pouvait pas s'occuper d'une mission si peu importante. Il avait donc laissé le soin à Torin de se rendre chez la demoiselle pour lui annoncer la mort de ses parents, l'évènement n'était pas si récent, mais afin de ne pas entraver sa scolarité -la 5ème année étant rude- mieux valait lui cacher tant qu'elle n'aurait pas passé ses BUSEs. Ce qui était désormais chose faite.

Durant la première quinzaine de Juillet, Torin transplana donc devant le manoir où avaient vécu les Bodom et où la jeune Narcissa habitait toujours. Un extérieur glauque pour cette propriété qui aurait certainement fait fuir le plus aventureux des sangs de bourbe, mais qui en revanche avait le don de mettre Torin à l'aise, cette atmosphère malsaine lui convenant à merveille. Il traversa l'allée menant à la porte d'entrée en observant les quelques ornements du jardin, sans s'attarder pour autant. C'est une fois face à la grande porte qu'il n'eut plus de doutes sur l'endroit dans lequel il se trouvait: l'ornement de métal massif qui permettait de frapper à l'entrée démontrait parfaitement l'appartenance de la famille à une digne lignée de sang pur.
Torin frappa donc à cette porte, patientant jusqu'à ce qu'une elfe de maison aux airs malheureux ne vienne lui ouvrir, le saluant et lui expliquant (sans même mentionner ses défunts maitres) que sa jeune maitresse dormait et ne serait probablement pas encline à recevoir de la visite. Le mangemort insista et la créature visiblement effrayée n'eut d'autre choix que de le laisser entrer. L'intérieur semblait pire que l'extérieur. Même si la décoration était parfaitement typique de ce genre de manoir, le fait que la poussière vole sous les pas et les toiles d'araignées soient en surnombre déplaisait à l'ainé des Bower. Même durant le deuil et la solitude une maison se devait d'être entretenue, ce qu'il n'oublia pas de rappeler à l'elfe tandis que tous deux traversaient le sombre couloir. Bien entendu la créature n'était pas à ses ordres et se contentait d'acquiescer sans agir, c'était à sa maitresse qu'il devrait mentionner ces points.

En parlant de ça, Torin fit enfin son apparition dans la grande salle pourvue d'une superbe cheminée et d'un mobilier à faire pâlir les plus fins amateurs de luxe. C'était sur l'un des fauteuils -sans doutes le plus imposant- que demeurait l'héritière des Bodom, assise et non pas assoupie comme l'avait mentionné l'elfe. Soit cette dernière avait tenté de protéger sa maitresse, soit les bruits venant de l'entrée avait suffit à réveiller la demoiselle.
Torin s'approcha, faisant maintenant face à la jeune diplômée qui demeurait assise. Il la fixa un certain temps, sans la moindre expression pour déformer ses traits. Depuis que Torin était devenu le maitre de la maison Bower, une sorte d'engouement pour les bonnes manières et la rigueur s'était éveillé en lui.

« Miss Bodom, je présume. Torin Bower. Est-ce vraiment digne que d'accueillir ses visiteurs ainsi assise? Sans ordonner à l'elfe de faire son travail? »

Certes la demoiselle était orpheline, peut-être cette demeure vide le lui avait faire comprendre, mais en tant que sang pur elle ne devait sous aucun prétexte relâcher son image, et la soigner autant que possible. Torin lui-même n'avait jamais été aussi « rayonnant » (si l'on pouvait dire cela étant donné la noirceur du jeune homme) que depuis le décès de ses géniteurs.

Le mangemort, après avoir effectué une entrée en matière des plus strictes, observa l'héritière Bodom qui semblait -contrairement au manoir- relativement propre sur elle. Ne restait plus qu'à obtenir une réaction suite aux remontrances. Lorsqu'elle l'inviterait poliment à s'assoir ou se lèverait à son tour, ils pourraient engager la conversation qui faisait l'objet de la venue du mangemort. Et le temps de ce dernier étant précieux, mieux valait ne pas lui en faire perdre.

[scuse, c'est pas très long]

Le jeune mangemort ne fut pas dérangé le moins du monde par le fait que la demoiselle se soit montré méfiante. Même s’il n’en avait pas tenu rigueur, la pâle main de la brune ainsi dissimulée sous l’étoffe noire ne pouvait être synonyme que d’un réflexe légitime à tout sorcier qui se respecte : elle tenait probablement sa baguette. Elle comprendrait cependant très vite que les intentions de l’ainé des Bower n’avaient rien de belliqueuses. Il pouvait d’ailleurs la comprendre quelque part, une demoiselle à peine diplômée des BUSEs se retrouvant ainsi seule dans un manoir dont la froideur n’avait d’égal que le luxe, même si elle y avait toujours vécu, pouvait naturellement se montrer méfiante face aux étrangers.
Torin avait donc osé, l’air de rien, deux remarques qui n’avaient rien de bien amicales. Mais il est vrai que la demoiselle, aussi propre soit-elle, n’allait pas avec ce décor poussiéreux inspirant une atmosphère mortuaire, tandis que la vie y suivait son cours. Il remarqua également le laps le temps qui s’écoula avant qu’elle ne lui réponde.

Le mangemort, curieux, avait osé laisser trainer ses oreilles de légilimens. Il n’osa pas pour autant -et il n’y avait aucune raison pour qu’il s’y ose- réellement plonger dans l’esprit de la demoiselle, juste l’écouteur alors qu’il se présentait. Il n’avait pas été compliqué d’entendre un nom résonner, un nom que Torin se serait bien passé de voir surgir de nouveau. L’orpheline connaissait donc Ultan, ce cher idiot de frère dont il n’était possible d’avoir des nouvelles que par les autres alors qu’il fréquentait lui aussi le repaire du Lord depuis peu. Cela pouvait paraitre risible d’avoir chaque fois des nouvelles du jeune diplômé sans que ce dernier ne s’en doute.
Là où la chose était devenue vraiment distrayante, c’est au moment où le mangemort comprit que finalement son jeune frère n’avait pas que des défauts, voir même une aptitude qu’ils partageaient. Car si son don de legilimencie, bien qu’utilisé à très légère dose en cet instant, ne le trompait pas, l’héritière Bodom aurait connu Ultan d’une manière plus physique que ne le présume l’amitié. Cependant Torin ne s’aventura pas à chercher davantage d’informations, les histoires de son frère ne concernaient désormais plus que ce dernier.

Il cessa donc de méditer sur les pensées de la demoiselle pour se recentrer sur l’instant présent, la réponse de l’orpheline se faisant enfin entendre. Une chance pour elle qu’en ce jour Torin se montre calme et reposé car le fait qu’elle dise être incorrigible tout en le fixant avec un petit sourire n’était pas la manière la plus intelligente de le saluer. L’insolence était selon lui l’un des pires défauts que l’humain puisse posséder.
Fort heureusement elle se rattrapa en l’invitant à prendre place sur un fauteuil non loin d’elle. Il s’exécuta, se mettant quelque peu à ses aises tout en conservant un air froid, désireux de lui montrer qu’il était inutile de jouer la peste avec lui. D’ailleurs elle se montrerait peut-être moins « incorrigible » lorsqu’il lui dévoilerait la raison de sa venue, puisque après s’être présentée elle avait enfin posé la fameuse question.

Le mangemort détourna son regard de l’orpheline, semblant presque l’ignorer, dirigeant ses yeux d’acier vers la large cheminée, presque pensif. Il savait très bien s’exprimer, ses paroles pouvant quelquefois sembler manipulatrices, mais dans cette situation les choses étaient différentes. Personne ne lui avait un jour confié pour mission d’annoncer le décès de ses parents à une adolescente, car pour l’instant l’héritière Bodom n’avait pas fait preuve à ses yeux de maturité.
Torin inspira donc, totalement neutre face à la situation, il choisirait de s’exprimer sur un ton monocorde. De toutes façons, une fois l’annonce faite, sa mission serait terminée et il repartirait, il n’aurait pas à subir d’éventuelles larmes, il n’en avait aucune envie d’ailleurs.

« Lors d’une mission périlleuse, tes parents ont été attaqués par des dragons. Un bref silence s’installa, le mangemort inspirant sans faire de bruit. Je suis sincèrement navré. »

Il y était finalement parvenu, il n’avait pas su comment s’y prendre puisque le décès des Bodom ne l’avait pas affecté personnellement –il faisait partie de la nouvelle génération mangemort, il ne connaissait que très peu les anciens et savait que la mort était omniprésente lorsque l’on choisissait de servir le Lord- mais il pensait s’en être à peu près bien sorti. Restait à voir la réaction de l’orpheline, peut-être qu’elle le prendrait très mal. Les ordres du Seigneur des Ténèbres étaient clairs, avant de partir il devait aussi s’assurer de l’état de la jeune ténébreuse. Il aurait en effet été dommage qu’une future recrue se rétracte de ses promesses suite à une telle nouvelle.
C’est pour cela qu’il se sentit dans l’obligation d’ajouter un détail avant de laisser l’héritière Bodom répondre en réaction à cette annonce. Ses yeux quittèrent la cheminée pour se rediriger vers ceux de la brune. Son air impassible semblait s’être adoucit pour inspirer le calme afin de parer à une éventuelle réaction virulente.

« Toutes nos condoléances. »

Sa voix s’était elle aussi faite un peu plus douce, pas au point de la compassion, mais parfaitement adaptée à la situation. Si son esprit restait clair suite aux aveux, Narcissa comprendrait quels noms étaient inclus dans ce mystérieux « nos ».

Nombreux sont les individus qui en apprenant la mort d’un proche fondent en larmes, à croire que pleurer serait une seconde nature chez le commun des mortels. Mais personne ici ne faisait partie de ce soit disant « commun ». Ils étaient avant tout des sorciers, mais aussi des défenseurs convaincus de la noble cause du sang pur. Cependant, l’héritière Bodom, encore bien jeune, d’une apparence fragile de par la blancheur de sa peau, ne démontra pas le moindre signe visible d’une quelconque souffrance. Cela facilitait énormément les choses pour le mangemort, il aurait même osé songer que cette « mission se déroulait à merveille ». Seulement la situation ne se prêtait pas exactement à ce genre de commentaire, aussi ne manifesta-t-il aucune expression, laissant la parole à la demoiselle.

Elle exprimait sa reconnaissance, se montrant bien plus polie qu’à l’arrivée de Torin. Elle s’était même approché comme si une proximité renforcée pouvait argumenter la véracité de ses dires. L’ainé des Bower n’en demandait pas tant. En tous cas, si aucune question ni aucun reproche ne venaient, il était temps pour lui de partir vaquer à ses occupations. Les temps qui courraient se montraient de plus en plus propices à une élimination des individus néfastes qui passerait inaperçue auprès de la loi. Il devait retrouver certaines personnes pour leur faire payer les multiples offenses dont elles étaient coupables. Seulement, au moment même où le mangemort s’apprêtait à se relever pour quitter les lieux, l’orpheline l’invitait à prendre le thé.

« Volontiers. »

Tandis que la brune lançait l’ordre à son elfe sur un ton des moins aimables, Torin l’observait, curieux. Elle aurait très bien pu ne rien proposer et il serait parti, mais la nouvelle qu’il lui avait annoncé –et dont elle se doutait déjà certainement vu son attitude- ne l’affectait pas d’un point de vue extérieur. Et il n’allait certainement pas utiliser la légilimencie pour savoir ce que disait réellement son cœur, il était inutile de gâcher son énergie pour cela et la voir se comporter ainsi lui convenait parfaitement.
Torin continua donc son observation, s’attardant cette fois-ci sur le physique de la demoiselle qui se recoiffait et qu’il n’avait pas détaillé auparavant. Elle était propre sur elle, cela crevait les yeux, au point de se recoiffer en public. Le fait d’habiter une maison aussi délaissée n’affectait pas non plus la rigueur de son maquillage et l’élégance de sa tenue, ce qui pouvait sembler paradoxal tout en inspirant une analyse psychologique : certains disaient que l’intérieur d’une maison reflétait l’intérieur de l’esprit, allez savoir si cela était réaliste… Puis les yeux du mangemort, qui restaient ceux d’un homme, ne manquèrent pas de se poser l’espace d’un bref instant sur ce qui aurait pu s’appeler une maturité généreuse. La brune, si elle venait de passer ses BUSEs, ne devait guère avoir plus de 16 ans, mais déjà son corps semblait taillé comme celui d’une femme.

L’elfe se présenta rapidement avec un somptueux service à thé, ce dernier témoignant de la classe sociale des Bodom, il était agréable d’être ainsi reçu même si Torin avait du achever son observation. Il se servit donc, rajoutant un nuage de lait dans sa tasse sans y ajouter de sucre. Après avoir mélangé le breuvage, il but une gorgée de thé et, voyant que la demoiselle ne semblait pas encline à entamer la conversation, il jugea bon de le faire car la tradition voulait qu’on ne déguste pas le thé en silence. Il déposa donc sa tasse sur la table basse la plus proche et enleva dans un premier temps sa veste qu’il donna à l’elfe. Il se trouvait maintenant vêtu d’un chemisier blanc à manches courtes –le thé lui donnait toujours un peu chaud, surtout en ce mois de juillet- et ne cherchait absolument pas à cacher ses bras. Car il va sans dire qu’il venait de mettre en évidence la marque des ténèbres qui ornait la majorité de son avant-bras gauche, comme si la présence d’un tel tatouage avait été chose anodine et non passible de peine d’emprisonnement à Azkaban. Il voulait simplement voir la réaction qu’aurait la jeune Bodom en voyant la marque, même s’il n’espérait pas grand-chose de la part de quelqu’un qui n’avait pas sourcillé en apprenant la mort de ses parents.

Ainsi, confortablement installé, le mangemort pouvait enfin engager la conversation. Le sujet, il en avait eu l’idée il y a plusieurs minutes. Même si la conversation ne serait pas passionnante, elle pouvait être distrayante. Car en effet, Torin comptait parler de Ultan bien qu’il n’ait que faire des agissements d’un déserteur. Le garçon avait fuit lorsque leur père était mort, il n’avait toujours été que le vulgaire fils à papa, sans intérêt ni initiative, alors forcément lorsque les deux autres frères –duo tellement improbable- se liguaient pour assassiner Devin Bower, alors la troisième roue de la bicyclette faisait savoir sa non-approbation en quittant le manoir familial. Mais peu importe, il était temps de voir ce qu’une autre Serpentarde pouvait penser de ce frère casseur de baguettes.

« Il me semble que tu connais Ultan, mon frère ? »

Cette simple question suffirait à lui faire dire ce qu’elle voudrait, espérant établir une conversation plus intéressante que les brefs échanges qui avaient précédé. Et s’il s’ennuyait, il pourrait toujours repartir, mais le thé avait bon gout, d’ailleurs il se saisit de sa tasse pour en boire une nouvelle gorgée, à l’aide de sa main gauche comme pour une nouvelle fois attirer le regard de la brune sur sa marque des ténèbres.

L'effet désiré avait été obtenu, les yeux de l'héritière Bodom s'étaient posés un instant sur la marque des ténèbres. Elle n'eut peut-être pas de réaction digne de ce nom, mais Torin cru apercevoir quelque chose dans son regard, lui laissant penser que ce tatouage ne la laissait pas totalement de marbre. Cependant la demoiselle avait quitté l'observation de la marque pour répondre lorsque le mangemort évoqua Ultan. Sa réponse fut positive, elle admettait s'être déjà entretenu avec lui: pas étonnant, il l'avait lu quelques instants auparavant dans ses pensées. Mais elle n'en dit pas plus, ce qui avait poussé Torin à boire de nouveau pour lui montrer qu'il attendait une réponse plus étoffée.

Réponse qui vint bientôt, accompagnée d'un autre regard en direction de la marque des ténèbres. Cela va sans dire que Torin n'eut pas besoin d'activer ses méninges pour comprendre que par le terme « élite », l'orpheline définissait les mangemorts. Il avait désormais confirmation de la fidelité de la demoiselle vis à vis du Lord, le décès de ses parents ne l'ayant pas poussée à retourner sa veste comme cela pouvait être le cas chez certains individus.
Torin remarqua également que les mots de la brune avaient été au passé, comme si Ultan n'était plus de ce monde, ou bien un vieillard. Ou peut-être démesurait-elle la notion de passé, qui sait? Cependant le mangemort restait en contradiction avec le terme élite. Certes il était possible de considérer que servir le Lord revenait à faire partie de l'élite, mais la véritable élite s'élevait bien plus haut que cela. Il en toucherait deux mots à l'héritière Bodom plus tard.

Pour le moment, la jeune ténébreuse l'avait laissé sur sa soif de ragots, comme coupée dans son discours, ce qui intrigua le mangemort. Se demandant pourquoi elle n'en disait pas plus, il ouvrit un peu plus grand ses oreilles pour entendre tout haut ce qu'elle pensait tout bas. Alors comme ça, Ultan, cet être déjà si primitif, se rabaissait toujours et encore au point de prononcer la phrase la plus ridicule qui puisse être entendue de la bouche d'un Bower: « je t'aime ». Torin ne put s'empêcher d'émettre un léger rire sonore, même si son interlocutrice ne comprendrait probablement pas vu qu'elle ignorait son don pour la légilimencie.
D'ailleurs, le mangemort ne put s'empêcher de commenter la pensée qu'il venait de voler après avoir porté une gorgée de thé à sa bouche.

« Vraiment? A-t-il au moins la moindre idée de ce qu'est l'amour? J'ai quelquefois encore du mal à croire qu'il puisse porter mon nom tant ses manies sont ridicules. Pauvre garçon... »

Torin était bien placé pour le savoir: chez les Bower, l'amour n'existait pas et l'éprouver était une tare. Comment pouvait-on accorder la moindre crédibilité à un futur mangemort exprimant son amour à voix haute? Cette famille était véritablement désespérante, à croire qu'il serait bon pour ses frères et soeurs de subir le même sort que leur père. Restait encore la petite Lean, mais à voir le comportement de Lynn, il serait peu probablement que l'enfant sauve l'honneur que Torin essayait en vain de donner au nom Bower.
De nouveau, il but une gorgée de thé, un coup d'oeil lui faisant constater que sa tasse était déjà presque vide. Puis il fixa l'orpheline en repensant au terme d'élite qu'elle avait emprunté. Elle voulait en être membre, cela se voyait, et d'après ce qu'il avait comprit, c'était déjà en théorie plus ou moins le cas. Mais plusieurs questions lui vinrent à l'esprit: était-ce simplement pour suivre ses défunts parents ou par pure conviction? Car bien souvent cela faisait partie des moeurs et, une fois le rite d'initiation venu, le novice se retrouvait incapable de la moindre dignité. Un eu comme le fils Malefoy qui s'était montré bien trop faible et lâche pour oser porter le coup de grâce à Dumbledore. Et pourtant, avait-il eut au moins conscience de l'honneur qui lui avait été offert, quel mangemort n'aurait pas rêvé d'être à sa place, tenant en joute le vieillard, maitre de la vie du défenseur des sangs de bourbe et autres immondices? Non, il ne l'avait pas fait.

Aussi Torin jugea nécessaire de s'attirer une nouvelle mission, son initiative pourrait ainsi plaire au Lord. Il allait profiter de cette entrevue avec la jeune Bodom pour s'assurer de ses convictions. Cela n'était pas simple sans mise à l'épreuve directe, mais Torin disposait de ses propres outils.
Il s'installa tout d'abord dans une position davantage imposante après avoir posé la tasse presque vide sur la même table basse qu'il avait utilisé précédemment. Il se leva ensuite du fauteuil et sortit sa baguette pour déplace le meuble face à celui de la brune, suffisamment proche. Enfin, il reprit place dans le siège, au fond de celui-ci, s'appuyant contre le dossier en conservant une posture droite et haute. Il rangea sa baguette et posa ses bras sur les accoudoirs pour enfin reprendre la conversation.

« Et toi, Narcissa, désires tu appartenir à la véritable élite? Serais-tu prête à éradiquer la souillure au prix même de ta vie et de tout ce qui t'est le plus cher? En sachant que cela implique de nombreux sacrifices... »

Il savait parfaitement ce qu'il entendait par sacrifices. Car lui même, en rejoignant les rangs du Seigneur des Ténèbres, avait du faire une croix sur son rêve le plus cher: atteindre le même grade que le Lord. Il n'y avait de la place que pour un maitre, elle était déjà prise, aussi ne pourrait-il jamais devenir guère plus qu'un mangemort parmi les plus influents. L'autre sacrifice qu'il devait commettre concernait Ultan: le lord l'avait déjà autorisé à s'arranger pour supprimer Devin Bower, il ne lui laisserait certainement pas s'attaquer à du sang frais. Enfin, ce n'était pas bien grave, Ultan pourrait toujours être utile, tant qu'il ne reproduisait pas les erreurs de leur père, ce que craignait fortement Torin.

Vu le comportement qu'avait eu l'orpheline jusqu'à maintenant, Torin ne doutait que peu de ses convictions, il désirait simplement l'entendre à voix haute afin de vérifier que son ton faiblissait pas, qu'elle se montrait motivée. D'ailleurs, il fut plus que satisfait de la réponse qu'apporta la demoiselle. Il n'y avait pas besoin de légilimencie pour deviner qu'elle appartenait à la plus noble des maisons, encore une fois fière gagnante de la coupe, Serpentard. Car son ambition était digne des vers et argent les plus accomplis. Sa motivation à servir la cause, elle, ne laissait pas de doutes puisque l'héritière Bodom disait vouloir se surpasser, elle mais aussi ses parents. La tâche ne serait toutefois pas simple, les Bodom semblaient avoir conservé leur fidélité envers le Lord depuis toujours, si Torin comprenait bien la situation. Lui ne pouvait pas en dire autant de son père, ce lâche qui avait préféré souiller sa descendance en épousant une molude afin de paraitre propre aux yeux du ministère. En victime, le jeune mangemort avait du payer pour l'infamie de son géniteur, car si ce dernier avait sali la lignée Bower, alors ça avait été le tour de Torin de subir d'atroces souffrances engendrées par le Seigneur des Ténèbres pour laver son sang. Et c'est en cela que la mort de Devin Bower ne serait jamais suffisante à éteindre la haine qui brulait au coeur du jeune homme.

Narcissa, elle avait énormément de chance, s'en rendait-elle compte? Peut-être, ce qui se résumerait sous la forme d'une puissante motivation à lutter pour la Noble cause. Torin en était presque étonné, elle avait déjà tout mais désirait faire ses preuves... Faire ses preuves. Une expression qui pouvait aller comme un gant au jeune mangemort qui désirait plus que quiconque montrer ses valeurs comme si cela achèverait la purification de son sang.
Ils avaient peut-être un point commun à ce niveau là, mais ce n'est pas pour autant qu'il aurait cru la demoiselle capable de le tutoyer. Lui était adulte, et qui plus est, possédait la marque des ténèbres gravées à jamais sur son avait-bras, il était normal qu'il se permette de la tutoyer, mais elle, non. Il fronça donc légèrement les sourcils en entendant un premier « tu », mais n'interrompit pas son discours, immobile.

Lorsqu'elle eut terminé de parler, la brune se servit une tasse de thé. Non seulement elle se permettait de tutoyer le mangemort, mais en plus elle ne lui proposait pas une autre tasse. Soit. Toujours sans émettre le moindre mot, et minimisant ses efforts, Torin utilisa sa baguette pour se resservir à son tour -thé et lait- et faire venir la tasse jusqu'à lui. Il rangea son arme dans sa poche puis porta le liquide à ses lèvres, l'aspirant avec légèreté tout en dirigeant son regard vers l'héritière Bodom.
Regard qui fut bientôt attiré par la frêle main venue se poser sur son genoux. Il haussa les sourcils, l'air légèrement perplexe. Il faut dire qu'il ne s'attendait pas à un tel geste de la part de la brune, cependant il ne la connaissait pas: peut-être faisait-elle partie de ces gens qui avaient un perpétuel besoin d'établir un contact physique avec leurs interlocuteurs. Finalement, ses yeux d'acier, après quelques instants, se détournèrent de cette main pour se diriger vers ceux de l'orpheline. Un sourire mystérieux se dessina sur ses lèvres lorsqu'elle lui demanda son avis.

« Je pense... Que tu devrais me demander la permission... »

Torin, resté tout ce temps au fond de son fauteuil, se redressa pour poser sa tasse, sans quitter des yeux la brune. Il s'avança lentement vers elle tandis que sa propre main vint se poser sur celle de l'héritière Bodom.

« ...Avant de... »

Plus l'espace qui séparait les deux êtres s'amincissait, plus la main de Torin se resserrait sur celle de Narcissa, bientôt fort compressée, prisonnière, tandis que le visage du mangemort stoppait, à quelques centimètres seulement de celui de la demoiselle. Son sourire mystérieux avait peu à peu prit la forme d'un rictus mauvais. Il savait qu'il faisait probablement très mal à sa proie en serrant ainsi sa main.

« ...Me tutoyer. »

La pression se relâcha légèrement, mais il continuait de serrer la pauvre main afin que sa propriétaire ne puisse fuir son emprise. Ces jeunes étaient tous aussi arrogants, il se permettaient des choses qu'ils ne devraient pas. C'était là un service que rendait Torin en donnant une petite leçon de respect à la Serpentarde.

« Je ne suis pas Ultan. Je ne suis pas l'un de tes vulgaires camarades de classe. Je suis encore moins ton ami. Je suis ton ainé. Tu me dois le respect. Je suis un mangemort. Tu ne pourras savoir ce que cela signifie que lorsque le Seigneur des Ténèbres t'aura aposé sa marque. Il n'y a rien à penser, sinon tout à observer. »

Il serra de nouveau la main de la brune, mais cette fois-ci, la souleva pour venir la placer sur son genou à elle. Puis il acheva sa tirade sans relâcher la pression.

« Surpasse toi, et je te dirai ce que j'en pense, gamine. »

Elle l'avait cherché, elle l'avait provoqué. Et s'il est une chose qu'il ne fallait pas faire, c'était bien provoquer l'ainé des Bower, qui plus est venant d'une femme, et plus précisément d'une adolescente. Car Torin, même si son sang était aussi froid que celui du serpent, pouvait très vite faire ressurgir ses plus sombres aspects. Aussi Narcissa n'aurait plus qu'à aller dans son sens, ou subir son courroux. Oui, il était mangemort. Cela lui octroyait des droits auxquels beaucoup ne pourraient jamais prétendre.

Le mangemort avait profité de sa promiscuité et de son emprise sur la brune pour plonger dans ses yeux, à la recherche de quelques pensées. Il aurait voulu y trouver de la peur dans le but de s'en nourrir, mais il n'en était rien, tout comme l'annonce du décès de ses parents l'avait laissé de marbre, l'attitude de Torin ne l'effrayait pas. Si jeune et déjà si glaciale, elle semblait déjà prometteuse, mais aussi fort imprudente. Elle qui avait dit plus tôt vouloir préserver sa vie, ce n'était pas en ne respectant que la volonté du Lord qu'elle se mettrait à l'abri de dangers inutiles. Il lui fallait apprendre à se contrôler et à rester à sa place, au moins en apparence, car si le mangemort ne craignait pas les remontrances du Seigneur des Ténèbres -elle semblait lui être fort utile- il se serait déjà montré sous un jour bien plus violent.
Mais il l'avait l'avantage de pouvoir se venger par le biais de la légilimencie, aussi continua-t-il à explorer l'esprit de la demoiselle. Il tomba bientôt sur une scène de « torture » durant laquelle la brune s'amusait avec un élève. Soit, elle était certes capable de se montrer cruelle, mais cela ne pardonnait en rien son affront. Elle ne méritait qu'une leçon, qu'il se chargerait de lui enseigner.

Il avait espéré susciter quelques réactions négative chez l'orpheline en tentant de lui faire mal, en la rabaissant au titre de gamine. Mais d'une part la douleur n'avait pas l'air de la perturber, sinon le contraire et d'autre part elle restait insensible à l'insulte, le mangemort percevant une nouvelle pointe d'insolence au travers des yeux océan. Il fut même surpris de lire dans les pensée de la ténébreuse son propre prénom associé au désir, provoquant chez lui un petit rire insonore. Les femmes avaient toutes cette même faiblesse, y compris les plus jeunes, la convoitise.
Son but était donc de jouer avec lui, mais comment pouvait-elle oser penser que l'on puisse encore apprendre à faire les potions aux vieux mages? Croyait-elle pouvoir l'aguicher en se recoiffant ainsi, comme si de rien n'était, alors qu'il continuait de resserrer sa main sur la sienne? L'héritière Bodom avait bel et bien besoin d'une leçon, car elle pourrait bien penser ce qu'elle voudrait, il restait tout de même plus âgé qu'elle.

Mais avant qu'il ne puisse faire quoi que ce soit de plus, comme tenter d'humilier la brune, une légère brulure vint surprendre sa main qui se retira par réflex de celle de la Serpentarde. Un lashlabask. Après quoi elle s'était levée comme pour esquiver une potentielle réplique.
Étrangement, Torin ne bougea pas, conservant son rictus, comme s'il ne s'était rien passé à son encontre. Il continuait de fixer la ténébreuse, maintenant à bonne distance, sans agir. Il lui avait fait comprendre plus tôt son don pour la légilimencie, qu'elle semblait vouloir utiliser puisqu'elle ne prononçait pas mot. Cela sonnait comme une invitation aux portes de son esprit, et effectivement, elle lui fit entendre ce qui pouvait être assimilé à une moquerie. Le fait que Ultan sache s'y prendre avec les femmes... Cette fois, ce fut un rire parfaitement audible qui résonna dans la gorge du mangemort.

« Lorsque le désir ne vient que d'un côté, il ne faut pas s'attendre à recevoir la moindre attention venant de l'autre part. »

Torin, lui, n'avait rien à prouver. Il avait toujours eu celles qu'il désirait sans avoir à proférer des immondices sur le thème de l'amour. Mais en quoi pouvait-il la désirer, elle? En quoi pouvait-il désirer la moindre femme puisqu'elles venaient toutes d'elles-même? Il était donc resté assis, en seigneur, face à la brune désormais debout. Savait-elle au moins à quoi elle se risquait en le provoquant de le sorte? Cherchait-elle à confirmer cette maturité dont elle pensait être pourvue par une voie charnelle qui impliquerait un individu plus âgé? Ou s'agissait-il d'un simple caprice comme en avaient souvent ces filles uniques pourries gâtées?
Le mystère restait entier et Torin ne chercha pas d'avantage à trouver une réponse dans l'esprit de la brune. Elle semblait avoir la protection du Lord, il fallait donc lui faire payer son impudence d'une manière subtile, ce à moins qu'elle ne finisse par céder. Pour cela, la mangemort daigna enfin se lever à son tour, s'approchant de l'orpheline tel le prédateur face à sa proie.

« Il y a quelque chose qu'il faut que tu saches à propos de moi. »

En parlant ainsi de sa personne, il espérait lui faire comprendre qu'il ne serait plus nécessaire de le comparer à Ultan, il n'avait rien à voir avec son frère, car si ce dernier était capable de sentiments, ce n'était absolument pas le cas de Torin. Il n'était pas même capable de la moindre délicatesse -sauf cas exceptionnel, mais il ne la percevrait jamais comme telle- ce qu'il démontra en s'emparant des poignets de la brune, rapidement, au cas où elle essayerait de se défendre. Il la poussa ensuite à reculer, jusqu'à la plaquer contre le mur. Il maintenait également les frêles poignets disposés le long du corps, toujours contre la pierre froide.

« Je ne supporte pas que l'on se fiche de moi ainsi. »

Sa main libéra un poignet, venant délicatement se poser contre la robe de l'orpheline. Elle se glissa lentement, effectuant une légère pression contre le textile afin d'y sentir le contact avec ce corps, jusqu'à rencontrer un obstacle sur lequel les doigts du mangemort se refermèrent. L'instant aurait pu sembler sensuel, si son seul but n'avait pas était de s'emparer de la baguette de la brune. Baguette que Torin jeta loin derrière lui sans se soucier de l'endroit où elle atterrirait. Cela constituait une première vengeance, lui faire croire à l'intimité du contact pour au final la duper. Mais il ne s'arrêtait pas là, plaquant sa main désormais libre à côté de la tête de la Serpentarde, son autre main restant posée sur le dernier poignet immobilisé.
Le mangemort avait compris qu'il lui serait impossible d'éveiller la peur chez la demoiselle car elle semblait dépourvue de ce sentiment pourtant si humain. Alors peut-être l'aurait-il au chantage, oui par la voie d'une fausse sympathie.

« Il n'est rien qui ne s'obtienne sans rien. Si tu veux prouver ta dignité, démontre déjà du respect pour ceux qui t'accordent de leur précieux temps. »

Il sous-entendait par là qu'elle n'aurait ce qu'elle voulait qu'à une seule condition: s'excuser.

Enfin! Il l'avait trouvé, il savait comment l'exploiter. La faille de l'héritière Bodom ne se trouvait pas être celle à laquelle il s'attendait. Il en avait pris note, mais n'avait pas poursuivi. En effet, il avait senti cette gêne apparaître lorsque sa main s'était éternisée sur le corps de la brune. Elle semblait d'abord avoir apprécié la chose, mais s'il n'avait pas cessé pour subtiliser sa baguette, sans doute la jeune Serpentarde aurait-elle protesté. Il avait bel et bien raison, elle était jeune. Ou non, peut-être pas, peut-être était-elle simplement frigide, bien que le fait qu'il ai senti une once de désir puisse partiellement prouver le contraire.
Si ça avait été une autre, Torin aurait certainement poussé le vice à outrance, jusqu'à salir ce corps et le déshonorer comme il aimait tant à le faire avec les représentantes de la gente féminine. Mais ici, il s'agissait d'une sang pur, d'une fidèle à la Cause. Elle était dores et déjà dévouée au Seigneur des Ténèbres et probablement ce dernier l'avait-il compris. Elle était donc intouchable, même inviolable. Ce à moins de vouloir s'attirer le courroux du Lord. Torin n'en avait aucune envie, il ne la toucherait donc plus et se contenterait de l'impressionner.

Il se tenait donc face à elle, leur regard s'affrontant, la main du mangemort plaquée près de la tête de celle qu'il dominait par sa taille. Elle savait de quoi ses mains était capables, aussi avait-il fait une nouvelle tentative de demande d'excuses. Quand on y réfléchissait de plus près, cela pouvait paraitre ridicule, un tel cinéma simplement pour un léger manque de respect. Mais il s'agissait là d'une sorte d'enseignement, si elle désirait vraiment être plus qu'une gamine, Narcissa devrait apprendre à courber l'échine en dépit de son tempérament.
Ce qu'elle sembla bientôt faire en se remettant à vouvoyer Torin. Elle soulevait d'ailleurs une question plein de sens, non le mangemort n'avait pas été respectueux ces dernières minutes. Mais c'est elle qui avait commencé, elle l'avait provoqué, aussi ne récoltait-elle que le fruit de ses actes. Il se fit donc ferme pour lui répondre, plus de rictus, plus de sourire, juste une moue froide.

« J'ai fait mes preuves, moi. Je ne répond qu'à tes écarts de conduite. Un peu plus d'humilité ne te ferait pas de mal. Montre toi digne d'être une dame si tu ne veux plus être traitée de gamine. »

Ses conseils n'avaient absolument rien de méchants, il lui montrait en parlant ainsi une porte ouverte qui menait à son respect. Mais elle était jeune, peut-être l'âge n'avait-il pas encore raisonné cette vivacité qui l'emplissait. Cela pouvait être une bonne chose quelque part, elle serait impitoyable. Mais cette qualité n'était pas suffisante pour gravir les échelons mangemorts, elle avait tout intérêt à gagner en tact si elle désirait être aussi proche du Lord qu'elle ne le disait.

Commençait alors une confrontation, la demoiselle soutenait son regard, lui lançait une invitation à laquelle il cédait volontiers. Elle lui montrait ce qu'elle était, son caractère, ses qualités, mais aussi ses défauts. Si peu de temps passés ensembles qu'il connaissait déjà la personnalité de celle qui lui faisait face. Elle ajouta même des mots, argumentant la raison pour laquelle elle ne donnerai pas d'excuses. Soit, il s'agissait là de pure et simple mauvaise volonté. Mais cette mauvaise volonté, n'était-ce pas un trait de caractère propre à l'héritière Bodom?

Laissons la donc dans son ignorance pour le moment, elle comprendrait un jour, elle comprendrait que si elle avait eu face à elle le Seigneur des Ténèbres masqué par du polynectar, la donne n'aurait pas été la même, elle serait probablement en train de souffrir. Mais Torin n'avait pas obtenu une telle autorisation. Il lança donc un regard mauvais à la brune avant de se détourner en soupirant, pour regagner le fauteuil qu'il avait précédemment utilisé.
Il réfléchit quelques instants en observant les décors de la grande salle, après quoi il reporta ses yeux d'acier vers l'orpheline, restant neutre. Il avait recréé cette distance en s'éloignant afin de perturber le raisonnement de la Serpentarde. Le calme était donc revenu, il n'avait de toutes façons pas la possibilité de jouer avec elle.

« Narcissa... Bien loin de moi l'idée d'une simple vengeance. Tu as prouvé ta détermination, mais il faut que tu comprennes, cela ne suffit pas. Tu dois apprendre à te contrôler et à ne pas laisser ton caractère empiéter sur tes réactions. »

Le monstre qui sommeillait en Torin et qui s'était éveillé auparavant semblait s'être rendormit subitement, alors que ses pulsions violentes se faisaient enivrantes. C'était ici un bel exemple de la leçon qu'il tentait d'inculquer à la brune. Pouvoir changer de tempérament à volonté, sans que les instincts les plus basiques ne reprennent le dessus.
Il lui fit ensuite signe de s'approcher.

« Je peux t'y aider si tu le désires. Tu verras bien vite qu'ainsi, les choses te sembleront beaucoup plus simples. Des voies improbables s'ouvriront à toi. Si tu gagnes en sagesse, alors tu n'auras plus rien à craindre. Car nous avons tous des craintes. »

Elle ne pouvait pas nier cette dernière affirmation, sinon Torin serait tenté d'imposer de nouveau ses mains sur ce corps bien plus sensible que l'âme qu'il abritait. Mais elle semblait s'être calmée comme le montrait ses précédents vouvoiements. Alors, d'un accio, le mangemort récupéra la baguette de l'orpheline. Puis il la lui tendit afin qu'elle s'approche pour en reprendre possession.

La demoiselle venait enfin d'être amadouée, tout du moins en apparence puisqu'elle approchait. Certes, la baguette que tendait Torin était un peu l'image de ce que l'on surnommait la carotte, mais il savait que la situation n'allait pas encore une fois dégénérer et que les explications allaient avoir lieu au calme. D'ailleurs, après avoir récupéré son arme, Narcissa prenait la parole pour expliquer son point de vue. Et sa dernière remarque, sur le fait que ses actions eurent été bridées lorsqu'elle était à Poudlard, lui fit hocher la tête. Oui, il connaissait parfaitement cela puisqu'il avait du attendre l'obtention des ses ASPICs pour se venger d'une sang de bourbe qui lui avait longtemps causé du tord durant sa scolarité. Mais il était inutile de parler de cela devant l'héritière Bodom puisqu'il était censé lui donner l'idée qu'on puisse devenir sage et réfléchi sans pour autant être majeur ou encore adulte.

Il attendit donc qu'elle daigne s'assoir pour poursuivre leur conversation mais un autre élément perturba la situation. Une tasse renversée, un léger désordre, assez pour que Narcissa s'en prenne à son elfe. Torin observa sans rien dire. Voilà qui était mieux: si elle désirait passer ses nerfs ou se défouler, elle savait qu'elle pouvait le faire sur les faibles. Mais pas seulement qu'elle pouvait: elle devait. Cela lui permettrait de calmer ses nerfs pour ensuite ne pas avoir à répondre ou s'énerver devant ceux qui pourraient le lui faire payer.

Le mangemort esquissa donc un sourire, après avoir observé la créature se faire frapper. Il patienta de nouveau, le temps que mademoiselle se refasse une beauté et s'installe dans son fauteuil. Ils pouvaient enfin discuter calmement, en espérant toutefois que le situation ne soit pas de nouveau troublée. Car l'orpheline semblait encline à l'écouter, lui et ses conseils. Il était donc temps de reprendre.

Je pourrais éventuellement comprendre, mais cela ne te pardonne en rien. Tu peux frapper ton elfe tant que tu veux, tant que tu parviens à te comporter correctement lorsque tu es en « bonne » compagnie. Et justement, n'hésites pas à te défouler sur les faibles si cela peut t'aider. Profites-en pour t'entrainer à la torture et découvrir les points sensibles. Sache qu'une bonne séance de torture débute d'ailleurs toujours par une attitude calme et reposée: tu peux mieux te concentrer et les résultats n'en deviennent que meilleurs.
Il est aussi bon de savoir que seules tes démonstrations de sang froid et d'impassibilité t'aideront à atteindre des objectifs qui te sembleraient jusqu'ici parfaitement improbables...

Torin fixa la demoiselle tout en marquant une longue pause. Son visage redevint neutre, impassible, rien n'y transperçait si ce n'est une lueur mystérieuse dans le gris métallique de ses yeux. Narcissa pouvait maintenant ressentir une étrange sensation, celle de l'infini, comme si elle se retrouvait au-dessus de tout, dans un monde à part, là où rien ne pourrait plus l'atteindre, où elle n'aurait plus jamais à se rebeller car aucun idiot ne s'aventurerait à la traiter de gamine, là où même la souillure du sang n'existait plus.
Cette sensation, c'était grâce à la légilimencie que le mangemort la lui faisait ressentir. Il lui offrait ici une partie de son secret, se sentant lui-même effectivement supérieur à tout, inébranlable, les insultes rentrant par une oreille pour aussitôt ressortir par l'autre, royalement ignorées. Puis il poursuivit sa phrase précédente, cette fois-ci sans bouger ses lèvres, sa voix résonnant simplement dans l'esprit de la ténébreuse.

Comme celui-ci.

Tel une énigme, il évoquait un exemple d'objectif, le sien en l'occurrence, celui qu'il avait atteint après avoir gagné en sagesse et en contrôle de soi-même: la légilimencie. Mais aussitôt sa phrase achevée, les sensations offertes à Narcissa stoppèrent, la réalité reprenant ses droits tandis que Torin venait de se lever de son siège. Il s'approcha d'un simple pas de l'orpheline, esquissant un sourire bienveillant quoique malsain, presque invisible.

Bien, je crois que cela suffit pour aujourd'hui: il me semble que je t'ai déjà donné beaucoup de sujets sur lesquels réfléchir. Merci pour le thé, je suis certain que nous nous reverrons, lorsque tu seras prête...

Encore une fois, la fin de sa phrase resta énigmatique puisqu'il se mit directement à marcher en direction de la sortie sans laisser à la demoiselle le temps de lui répondre, l'ignorant, sa démarche hautaine. Une autre leçon s'y dissimulait: le meilleur moyen de ne pas être nerveusement déstabilisé par un individu, c'était de l'énerver davantage en premier afin de prendre le contrôle de la situation. Et quelquefois il n'y avait rien de plus déstabilisant qu'un faux respect aux airs mielleux.

Une fois la porte d'entrée passé, Torin transplana sans plus de cérémonie.

[HJ: fini pour ma part, ce fut un plaisir de rp avec toi Cissa je suis d'accord pour remettre ça quand tu veux, mais aussi quand j'aurais plus de temps car cet été j'aurais trop de boulot!]