En voilà une surprise ! [PV Law']

Le ciel était dégagé et le temps doux. Nous étions samedi, au commencement du week-end et c'était, pour Josh, synonyme de jour d'ennui. Réveillé tôt - vers sept heures environ, il avait tourné encore et encore dans son lit jusqu'à se résigner à se lever. L'immeuble était silencieux, seuls les voisins en-dessous de lui avaient quitté le pays des songes. Le couple de retraités était toujours debout aux aurores et les jours d'été, on pouvait sentir jusque chez lui la bonne odeur du pain grillé. Mais le printemps s'était installé et ne laisserait pas sa place à l'été de sitôt, aussi les petits enfants desdits voisins n'étaient-ils pas là et il ne sentit, en ouvrant ses volets, que l'odeur de la pollution mêlée à la senteur des arbres qui bordaient l'allée.

Son quartier était un quartier tranquille, aisé sans trop l'être. Il n'y avait que rarement des incidents notables aux alentours et les bruits de circulation parvenaient étouffés à ses oreilles, freinés dans leur route par les fenêtres impeccablement isolées. Ce fut donc sans qu'il ne s'en rende compte que sa lecture l'endormit sur la canapé, son livre chutant au sol dans un bruit mat qui ne lui fit même pas cligner des paupières. Lui qui avait le sommeil si léger en temps normal ne se réveilla qu'une fois que Rosalie commença à lui grignoter les doigts. La contraction de ceux-ci la fit s'écarter un peu, mais pas suffisamment longtemps et elle revint presque immédiatement à la charge, réveillant ainsi l'endormi.

Il ouvrit un œil vitreux qu'il referma aussitôt. La vive lumière du jour lui agressait les pupilles, il préférait les mettre à l'abri. L'homme se tourna sur le côté, jusqu'à faire face au dossier au canapé et là, doucement, prudemment, il entrouvrit les yeux en papillonnant. Un léger grognement fit vibrer ses cordes vocales, son cerveau, lui, se remettait en route. Quelle heure était-il ? Il s'assit sur la sofa et jeta un bref regard sur le petit réveil près de la télé. Dix heures. Josh se pencha doucement et récupéra le livre qu'il déposa sur la table basse, sans un regard ni pour la magnifique couverture de l'ouvrage, ni pour le verre sale qu'il n'avait pas mis dans l'évier avant d'aller se coucher la veille. A côté de lui trônait, superbe d'indifférence, sa bouteille à peine entamée de scotch. Il se redressa.

Josh s'étira alors comme un chat et se dirigea sans se presser vers la salle de bain, ignorant la souris qui, depuis cinq bonnes minutes peut-être, essayait de traverser l'un des murs, en vain. Même lorsqu'il sortit de la pièce, nu mais sec, alors qu'elle cherchait maintenant à s'accoupler avec un objet quelconque qui trainait au sol, il ne s'y intéressa que très moyennement. Tout juste songea-t-il à noter une information pertinente à ses yeux, lui dont la métamorphose n'avait jamais été son fort. Les rouleaux de papier toilette transformés en souris pouvaient avoir un sexe. Rosalie était, pour ce qu'il pouvait en voir, un mâle. Un fin sourire amusé élargit ses lèvres. Dire que « l'animal » devait son nom à la fille Wainwright...

Heureusement, elle ne serait jamais au courant de ce fait. Il pouvait dorénavant travailler en paix et ce fut ce qu'il alla faire après s'être habillé. Le bureau de sa chambre était couvert d'une monticules de papiers et parchemins divers. Ces derniers n'était généralement que des copies de documents divers ou piètres tentatives de retrouver les données perdues dans l'incendie. Difficile toutefois de recréer des dossiers divers quand on n'en avait plus que quelques bribes, en cas de chance. Pour la plupart cependant, il ne restait rien, sinon la mémoire quasi infaillible d'un archiviste passionné qui ne connaissait ni l'existence de week-end sans travail, ni la notion de vacances loin de ses précieux ouvrages.

Ce samedi n'y fit pas défaut. Il fallut attendre que son estomac crie famine pour qu'il daigne arrêter. Josh reposa alors sa plume sur un buvard et referma le pot d'encre avant de se laisser aller contre le dossier de sa chaise. Au-dessous du bureau, l'horloge mural indiquait midi trente passé. Il leva les yeux sur le plafond et resta quelques minutes ainsi, indécis.

***

Le repas avait été vraiment bon. Josh avait pris son temps au restaurant, pas encore assez affamé pour se montrer impatient, mais suffisamment pour ne pas avoir le courage de se faire à manger. C'était ce manque d'enthousiasme qui l'avait poussé à sortir si tôt, alors qu'il n'était au départ pas prévu qu'il aille hors de chez lui avant l'après-midi. Cette dernière commençait maintenant tout juste. On ne devait dépassé les quatorze heures. Le soleil était haut dans le ciel et les températures agréables du matin avaient fait place à une chaleur qu'il supportait avec peine. L'archiviste n'était pourtant pas très couvert, portant en tout et pour tout un simple pantalon noire tout à fait classique et une chemise blanche aux premiers boutons ouverts. Sa longue cape n'était plus sur lui, mais à son bras qu'elle réchauffait bien trop de l'avis du brun. Il pénétra avec bonheur dans l'échoppe de l'apothicaire le plus connu des environs.

Là, liste en main, Josh fit son choix. Les ingrédients étaler dans la boutique n'étaient pas particulièrement ragoûtants, mais ce fut d'un œil connaisseur qu'il les choisit. Si les potions n'avaient jamais été sa matière préférée du temps de Poudlard, les années passées à seconder Andrew et éviter des catastrophes avaient combler ses lacunes. Le « Piètre » obtenu aux A.S.P.I.Cs était loin derrière lui.

« Merci. Au plaisir de vous r'voir bientôt M'sieur Hepburn. »

Le brun salua l'homme d'un signe de tête et sortit, un sac remplit d'ingrédients à la main. Il pressa le pas pour rejoindre Fleury et Bott sans trop s'attarder sous le soleil. Les reflets sur ses lunettes l'obligeaient à garder sans cesse les sourcils froncés et les yeux au sol. Quand il put de nouveau regarder devant lui normalement, ce fut pour voir des livres à foison. Un sourire satisfait fleurit sur ses lèvres et il s'engouffra sans hésiter dans un rayon où un homme se trouvait déjà.

« Le Directeur du Département de la Justice Magique feuilletant un livre de droit... En voilà une surprise ! » lança-t-il d'une voix enjouée, mais juste audible par le concerné et lui-même.

Il se rapprocha.

« Félicitations pour ta nomination au fait Hawkesworth. »

Samedi. Jour de week-end, synonyme de repos pour beaucoup de gens. Lawrence n'était pas une exception à cette règle. Bien qu'il lui était déjà arrivé de travailler le samedi matin, pour boucler quelques dossiers urgents et délicats. Le brun aimait ces deux jours de pauses, de détente. Ils étaient nécessaires pour régler quelques petites affaires, dont il ne pouvait pas se charger pendant la semaine. Son emploi était vraiment chronovore. Il laissait peu de place à d'autres activités.
C'était aussi le jour de bals et des réceptions, ce qui était une autre sorte de travail. Celui-ci était toutefois bien plus plaisant et plus détendus que le premier. Quoique dans les deux cas, un bon sens de l'élocution était nécessaire et il fallait éviter les faux pas.

Ce soir, le brun se rendait à une garden party organisée par ce cher juge Abberley. Ce magistrat avait toujours compté le cadet des Hawkesworth, quand celui-ci était un avocat. À présent que l'homme était un directeur de département, il n'allait sûrement pas l'oublier. Le brun répondait toujours positivement à ses invitations. Le juge invitait des gens prometteurs ou connus de tout horizon. Lors de ces soirées, il y avait la possibilité de se faire de multiples contacts, tous assez bien positionné. L'organisateur de la soirée avait un nez assez fin dans ce domaine.
Ce soir, Le juge Abberley recevrait comme écrivaine, un certain Aaron. Bien sûre c'était un nom de plume. Il était cependant indiscret de révéler le vrai nom d'un artiste. Le jeune auteur se dévoilerait de lui-même dans la soirée. Il était l'invité d'honneur.

Il y avait toutefois un hic. Lawrence n'avait lu aucun ouvrage du jeune artiste. Il avait su tirer les titres de différents livres au juge. Le jeune homme avait donc décidé, cet après-midi, de se rendre à Fleury et Botts. Le directeur ne pouvait décemment pas arriver en ignorant . Il lirait donc au moins un ouvrage.

L'après-midi arriva rapidement. L'homme prit sa cape d'été. Sous celle-ci, il portait un pantalon droit de costume et une chemise, toujours impeccable. C'était sa tenue détente du week end.
L'homme rentra dans la boutique. Il avait malheureusement compris le genre littéraire dans lequel l'auteur se situait. Des titre comme au coeur de Poudlard, Amour Interdit ou Au-delà des espèces, ne laissaient pas de place au doute. Aaron était dans la catégorie amour. Lawrence n'avait jamais été fan de lecture, encore moins quand celle-ci était mièvre. Il s'approcha de ce rayons, l'air toujours aussi sérieux. Il y avait là quelques femmes de tout âge. C'était un des mystère de cette gent. Comment faisaient-elles pour aimer ce genre d'ouvrage?

Lawrence s'arrêta devant l'étagère et prit les trois ouvrages. Il lut chacun des résumés. Une histoire d'amour entre gamin, une histoire d'amour entre fille qui vient d'une famille d'Auror et un mangemort. Quant au dernier, pour changer, une histoire d'amour entre une vélane et un centaure. Pour l'avocat, les trois étaient surtout bons pour la poubelle. Celui qui avait remporté un prix littéraire était l'histoire avec les Aurors et les mangemorts. En plein dans l'air du temps.

La directeur quitta ce rayon, avec le dernier livre à la main. Ce qui était déjà beaucoup. Le jeune homme se dirigea vers les étagères réservées aux droits. Il avait fréquenté trop longtemps ce type de rayon, pour ne pas garder le réflexe d'y faire régulièrement un tour. Un certain nombres de livres était corrigé tous les ans. L'ancien avocat ne se les achetait pas tous, il conservait les modifications avec l'ouvrage qu'il possédait. Toutefois, quand le nombre de pages de modifications atteignait la moitié de celle du livre d'origine. Investir dans un nouveau code ne lui paraissait pas de trop.

Le brun s'arrêta en chemin. Une petite tranche jaune criarde venait d'attirer son attention. Le droit pour les Trolls. Cette collection s'étendait dans de nombreux domaine, c'était au tour du droit. Par curiosité, le directeur de la justice magique saisit l'ouvrage et commença à le feuilleter. Il fallait reconnaître aux auteurs une bonne capacité d'analyse. Le livre n'était pas complet, mais contenait toutes les bases. Le jeune homme lut plus en détail les droits du suspect lors de l'arrestation. C'était clair et bien décrit. L'essentiel et le Béaba y était. Lawrence se demandait s'il ne devait pas acheter se livre pour son aîné. Lacey brisait facilement ses bases. Une petite piqûre de rappel ne lui ferait aucun mal.

De plus son aîné serait ravi du cadeau. Il y avait deux raisons à cela. La première, c'était que la surprise venait de lui. La seconde, c'était un livre. De quoi combler l'Auror. De plus Lawrence n'avait pas vu beaucoup de livres sur le droit dans la bibliothèque du plus vieux des Hawkesworth. Il en avait quelques-uns, à cause des études qu'il avait suivis, mais pas tellement.

Une voix familière fit lever le nez au magistrat. Josh était l'archiviste du ministère, mais surtout, il avait le même âge que le cadet Hawkesworth. Les deux anciens serdaigles avait passé sept ans dans la même salle communes, à suivre les mêmes cours et à côtoyer les mêmes personnes.

« Rien ne vaut les bases, Monsieur Hepburn, les bases »

L'ancien avocat avait prononcé cette phrase de manière un peu pète sec, mais à voix basse. C'était un vieux souvenir de cours de défense contre les forces du mal. Ils avaient eu pendant une année, une enseignante qui n'avait pas cessé de rabâcher cette phrase, en leur conseillant de relire leurs ouvrages de première année. Heureusement que ce poste-là était déjà maudit à l'époque. La dame était partie au bout d'un an, au grand soulagement de la part de ses étudiants.

L'homme referma le droit pour les Troll après cette petite autodérision, mais ne remit pas l'ouvrage dans les rayons. Ce soir Lacey retrouverait ce charmant ouvrage sur sa table en rentrant chez lui.

« Merci Josh. J'ai appris que les archives avait en partie brulée. Ce n'est pas trop dur en ce moment »

[Merci \o/ C'est désespérant d'être à jour ! lol]

Josh haussa un sourcil à la première phrase de son vis-à-vis, tandis qu'un léger sourire entrouvrait ses lèvres. La phrase le ramenait bien des années en arrière, à une époque où ses seuls soucis étaient de ne pas trop raté ses examens. Avec cette professeur-là, il avait du échoué à pratiquement tous les tests théoriques, tant elle l'ennuyait. Elle n'avait pourtant pas fondamentalement tort, mais voilà, les élèves avaient envie de regarder vers l'avant, pas vers l'arrière. Le départ de l'enseignante n'avait donc attristé personne.

Cela dit, le temps était largement passé depuis. L'archiviste avait grandit et ses problèmes étaient un peu plus sérieux. Hawkesworth avait même mis le doigt dessus, en quelques phrases. L'incendie des archives était en effet problématique, même si moins qu'on ne le pensait souvent. Du moins pour ceux qui y prêtaient plus qu'une attention polie.

« Moins qu'on ne le croit. La plupart des documents avaient des doubles, entreposé dans d'autres lieux, mais la perte des originaux est toujours grave. »

Le mot était même faible, de son point de vue. C'était un crime de lèse-majesté, plutôt. Pourtant, on ne pouvait pas dire que les Aurors qui enquêtaient là-dessus se montrent particulièrement intéressés. A leurs yeux, ça ne devait pas avoir autant d'intérêt que courir après des voleurs ou assassins. Ce n'était que du parchemin, après tout. L'un des enquêteurs le lui avait dit textuellement. Josh avait eu, ce jour-là, bien du mal à se retenir de lui mettre son poing dans la figure. Parfois, les bonnes vieilles méthodes moldues soulageaient mieux que des sorts, si élaborés soient-ils. Il s'était retenu, toutefois, mais il ne savait toujours pas s'il avait bien fait. Des mois après, il n'avait pas plus de réponses qu'au départ.

« Je ne remets pas en cause ton département, mais tes Aurors ne paraissent pas très... pressés de retrouver ceux qui ont fait ça. Ça ne doit pas être assez mouvementé, j'imagine. »

Ou bien les commanditaires étaient trop haut placés. Josh n'avait toujours pas lâché la piste Wainwright, bien qu'il n'en dise rien. Les menaces du père flottaient toujours au-dessus de sa tête et avoir coupé les ponts avec la fille ne garantissait qu'une protection très réduite. Surtout avec la dispute dans les couloirs de son immeuble. Vraiment, le couple aurait pu choisir un autre endroit.

« Parfois, je me dis que je ferai tout aussi bien que chercher de mon côté, mais il vaut probablement mieux pour le ou les coupables que ce ne soit pas le cas. Enfin, je suppose que ce n'est pas quelque chose que je devrais te dire. » ajouta-t-il avec un sourire amusé.

Il n'y avait pas grand risque qu'on le prenne au mot. Nombreux étaient ceux qui disaient ce genre de choses lorsqu'ils avaient des problèmes. Le problème venait simplement du fait que Lawrence le connaissait suffisamment pour savoir qu'il parlait rarement sans penser ce qu'il disait. Contrairement à lui, Josh n'était pas un fervent défenseur des lois. Y obéir importait somme toute assez peu à ses yeux, même si dans l'ensemble il n'y dérogeait pas. Toutefois, là, il était parfaitement capable de tenir parole et il ne mentait pas en affirmant que les coupables se portaient mieux en ne croisant pas sa route. Heureusement, l'humour existait.

« Mais voilà que je monologue. Parlons de choses plus gaies. Tu as des nouvelles de quelques personnes de Poudlard ? Je n'ai plus gardé contact avec grand monde, je dois dire, alors je n'ai pas la moindre idée de ce qu'ils ont pu devenir. »

Il fallait bien dire, aussi, qu'il ne s'entendait plus avec grand monde à la fin de sa scolarité. N'ayant jamais eu la langue dans sa poche ni la moindre volonté de s'intégrer au reste du troupeau, Josh en avait envoyé paître plus d'un. Ses sarcasmes ou son indifférence en avaient découragé beaucoup, au point qu'en sortant de Poudlard, rares étaient ceux qui s'adressaient encore aimablement à lui. Et ceux-là étaient, aux yeux de l'archiviste, plus intéressants que les autres, d'où la relative bonne entente. Il pouvait bien faire des efforts quand la personne en face n'était pas un parfait crétin.

« Il n'y a guère qu'Andy à qui je parle régulièrement, si tu te souviens de lui... et sa femme Mary aussi, mais elle était plus discrète. »

Il n'y avait pas photo. Entre une blonde aux cheveux ondulés qui passait son temps avec ses amies et un garçon jovial aux cheveux blancs qui faisait constamment exploser des choses, on retenait bien mieux le deuxième.

La plupart des documents avaient des doubles. Il n'y avait que l'archiviste pour avoir fait des copies. L'administration gardait, en général, un seul exemplaire. Heureusement pour le ministère que Josh occupait cette place. Les pertes étaient ainsi minimales. Il y avait tout de même quelques documents perdu à jamais. Il était certain que l'on avait mis le feu aux archives pour que certains de ces bouts de papiers disparaissent, sans laisser de traces. Il ne restait plus qu'à espérer que les parchemins que le criminel avait voulu faire disparaître, aient des doubles.

Le brun faillit rigoler quand Josh employa le ton du 'je ne critique pas'. Si, il critiquait son département. Plainte tout à fait recevable et justifiée. Josh faisait des remarques pertinentes.

Son interlocuteur se plaignit de l'attitude des Aurors. Ils étaient peu nombreux et en permanence sur le terrain. De plus, cette élite ne s'occupait que des mangemorts. Lawrence doutait que les cagoulés soient responsables de cet incendie et les enquêteurs avaient dû parvenir à la même conclusion. Ils auraient laissé plus de trace. Ils auraient montré leur puissance. Que même le ministère n'était pas hors de leur portée. Il l'avait déjà prouvé par leur intrusion dans le département des mystère. Ce genre d'adversaire n'était pas contre un piqûre de rappel, surtout dans ce genre-là. La peur était une arme souvent employée par ces individus.

L'enquête sur l'incendie aurait dû changer de service. C'était aux membres de la brigade de police magique de s'en occuper. Ce genre de crime était de leur ressort. Normalement, les dossier passaient automatiquement d'une filière à l'autre. Il y avait des enquête, que l'on commençait avec la brigade. Quelques éléments plus tard, il s'avérait que les mangemorts trempaient peut-être dans l'histoire. Les policiers étaient alors automatiquement retirés de l'enquête. Elle allait droit vers le bureau des Aurors. Le chemin pouvait aussi se faire dans l'autre sens. On soupçonnait d'abord l'armée de sa sinistrerie, puis cela s'avérait être un boulot de la pègre. Le dossier passait du bureau des Aurors à celui de la brigade. Chacun avait son travail bien définit.

Ce problème de communication entre les deux cellules embêtait le directeur. Il devrait veiller à ce que le dossier gagne la bonne branche. Au passage, il devrait vérifier si d'autres affaires n'étaient pas dans le même cas. Sans oublier qu'il devrait toucher un petit mot aux directeur du bureau des Aurors et au chef de la brigades. Ces deux hommes devaient s'assurer de la bonne liaison entre les deux cellules. Lawrence ne leur demandait pas de s'entendre. Il existait des rivalités entre les deux. Ile directeur du département voulait juste faire passer correctement les dossiers de l'une à l'autre. Le temps était toujours précieux au cours d'un enquête. Il était idiot d'en perdre, pour des motifs aussi puérils.

« Pour l'enquête, je vais m'en occuper. Une fois celui-ci sur la table de la brigade, ça va accélérer un peu. »

Les menaces de Josh étaient sérieuses. Son interlocuteur n'était pas quelqu'un qui parlait à la légère. L'ancien avocat n'était pas pour que son collègue se lance dans cette vendetta. C'était certain, l'archiviste les ferait payer.

« Ce serait stupide de risquer gros pour se venger. Tu peux me croire. Les gens ne savent pas ce qu'ils risquent lorsqu'ils font une vendetta. »

Lawrence appréciait l'individu en face de lui, mais pas au point de le couvrir gratuitement. Par contre, s'il trouvait un échange de bon procédés, ils pouvaient s'arranger. Cela aurait tout de même des limites, il ne faut jamais dépasser celles du raisonnables.

L'archiviste changea brutalement de sujet de conversation, pour demander des nouvelles des autres élèves de Poudlard. Son interlocuteur avait fini sa scolarité en s'embrouillant avec la plupart des autres élève de l'école. Le problème n'était pas qu'il les considérait comme des crétins. Beaucoup de gens intelligents étaient d'accord sur la bêtise de la masse. La soucis, c'était que Josh montrait son opinion. C'était amusant de le voir demander des nouvelles. Comme si le Hepburn se souciait vraiment de cu'il étaient devenus. L'homme demanda non sans malice.

« Tu veux vraiment que je t'assommes de détails sur la vie des autres, à qui tu accordes tant d'importance? »

Le nom d'Andy rappelait bien des souvenirs à l'ancien préfet. Il avait dû infliger quelques heures de colles à l'inventeur, pour ses bêtises. Faire exploser une énième trouvaille, n'était pas contre le règlement et n'avait guère de conséquence. Que le chaudron passe par la fenêtre et finisse par faire une pauvre victime. Cela avait une tout autre répercussion, surtout si c'était le crâne d'un préfet, préfet en chef ou d'un professeur.

« Andy a réussit à trouver une invention qui n'explose pas depuis le temps? Enfin, je suppose qu'il poursuit ces expériences. »

Le serdaigle aux cheveux blancs n'avait jamais lâché le morceau jusqu'en septième année. Lawrence n'arrivait pas à imagine Andy faire autre chose de sa vie. L'épouse ne lui disait rien. Ce devait être une femme avec beaucoup de patience. Les génies étaient toujours un peu spéciaux. La femme n'avait pas laissé un souvenir impérissable au magistrat. La demoiselle n'avait pas dû faire partie de leur année, mais se trouver dans une classe supérieure ou inférieure.

« J'avoue ne pas avoir conservé de souvenir de Mary. Elle doit avoir son caractère pour rester avec Andy. »

Lawrence Hawkesworth était perspicace. La surprise n'était pas grande, Josh avait conscience de cela depuis Poudlard. Il savait aussi qu'argumenté sur la valeur d'une vendetta ne servirait pas à grand chose, d'autant qu'aussi peu scrupuleux qu'il soit, il se savait dans son tort en faisant ça. L'époque n'était plus aux règlements de compte entre les partis. Parfois il se prenait à le regretter.

Heureusement, l'autre homme accepta le changement de sujet. L'éventuelle raison qui les aurait poussé à une discussion plus enflammée fut laissée de côté au profit de quelques remarques amusées, signe que 'archiviste avait tout de même été bien cerné par son vis-à-vis. Effectivement, il se moquait de ce qu'avait réellement pu devenir les imbéciles fréquentés à Poudlard. Certains s'en étaient somme toute bien sortis, mais on ne mesurait pas l'intelligence des gens à leur QI. Il était tout à fait possible d'être un con fini avec un quotient intellectuel de 130, ça n'avait rien d'incompatible. Dommage, d'ailleurs.

« Mary a son caractère, oui. Tu avais du la croiser une fois au moins. Il me semble que tu nous avais collé quand elle s'était pris une potion rétrécissante en pleine tête. »

C'était l'une des rares fois où Josh avait participé plus activement aux « essais sur être vivant » d'Andy. Ou, en tout cas, l'une des rares fois où il l'avait fait en n'étant pas le cobaye. Son ami et lui étaient à l'époque les principaux « animaux de laboratoire ». Ça les avait envoyé à l'infirmerie assez souvent, mais de temps en temps, quand l'issue était trop incertaine, les élèves de Poudlard en pâtissaient. C'était rare et on ne devinait pas qu'il s'agissait-là de quelque chose de volontaire de la part des deux garçons. Il y avait tellement d'accidents malencontreux, à l'époque...

Ce bon souvenir en tête, l'archiviste sourit. Il devrait peut-être rappeler cette anecdote à la blonde, un jour où elle l'agacerait un peu trop. En cherchant bien, il devait même encore avoir la photo (il fallait bien un support plus fiable que les souvenirs pour travailler...). Son appartement regorgeait de petits carnets avec l'ensemble des expérience menées à l'époque de Poudlard. Il en avait quelques autres pour celles qui avaient suivi ces années-là, mais les voies différentes prises par Andy et lui faisait qu'il avait pu participer moins souvent.

Les quelques secondes écoulées depuis sa dernière prise de parole étaient faites de silence. Il brisa celui-ci en précisant davantage.

« Souviens-toi, une - très - petite boule de nerfs avec une voix devenue suraiguë qui lâchait des jurons très... inventifs – entre nous, j'ai du en apprendre ce jour-là. C'est une chose qui n'a pas beaucoup changé, d'ailleurs. Elle a toujours un vocabulaire très fleuri. »

Il en faisait les frais bien assez souvent. Parfois, Josh la soupçonnait même d'inventer de nouvelles insultes juste pour lui (ce qui était de bonne guerre, vu ce qu'il pouvait lui faire, mais ça il ne consentirait jamais à l'admettre).

« Heureusement elle ne travaille pas avec Andy. Les clients ne resteraient pas fidèles à la boutique bien longtemps s'il devait la croiser. » Il garda le silence un instant. « Ah oui, je ne l'avais pas dit je crois. Andrew a une boutique, même s'il fait plutôt de la vente à domicile. Il vend les quelques découvertes qui n'explosent pas. Cela dit, c'est un miracle qu'ils soient toujours entiers, son atelier et lui. »

Josh réfléchit un instant. Il n'avait pas grand chose à dire, il ne fréquentait personne d'autre. Estimant donc qu'il pouvait clore le sujet, il regarda du côté des étagères, alors qu'il reprenait la parole.

« Tu devrais passer les voir, je suis sûr que vous trouverez des choses à vous dire. »

Sa main s'arrêta sur le livre qu'il cherchait. Il le tira vers lui et se tourna vers son interlocuteur à qui il décocha un sourire amusé. Des choses à se dire ? Lawrence et Andrew risquaient d'en avoir. Le brun se demanda un instant si le Directeur de département face à lui supportait bien l'alcool. Fallait-il le prévenir que son meilleur ami tenterait de le saouler ? Il décida que non.

« Et toi ? Tu dois bien voir quelques personnes encore ? Tu avais quand même un certain don pour attirer les personnalités intéressantes. Don que tu n'as pas perdu, si j'en juge par ta promotion. »

Josh tentait de raviver les souvenirs de Lawrence sur la fameuse Mary. Déjà, l'archiviste évoquait un souvenir de Poudlard. La femme avait un âge donc relativement près du leur. L'anecdote qu'amena son interlocuteur, fit sourire le directeur. Il en avait plusieurs du genre sous la main. Andy n'était pas le seul à employer ces camarades d'école comme cobayes. Le brun fit un petit effort de concentration. En tant qu'ancien préfet, il avait à son compteur pas mal d'heures de colles, des points en moins. Aussi bien pour des potions que des sorts ou d'autres coups-bas magiques. Pour emmerder leur prochain, les enfants étaient particulièrement créatifs. Lawrence n'avait bien sûre pas échappé à la règle.
Une potion rétrecissante. Cet événement aurait dû le marquer. Ce n'était pas quelque chose de courant, car elle nécessitait un certain niveau. À moins d'être particulièrement chanceux et maladroit pour obtenir le résultat. Pendant sa réflexion, un véritable blanc s'instaura. Il illustrait à merveille les souvenirs et les pensées du jeune homme sur cette fameuse Mary.

Le cadet des Hawkesworth retrouva la minuscule fille au vocabulaire très fleurit. Ainsi, c'était elle la fameuse Mary. Le jour où il l'avait rencontré, il s'était promis de ne jamais la présenter à son aîné. Lacey voudrait prouver qu'il pouvait atteindre le même niveau de vocabulaire. L'Auror aimait le coloré, voir le très coloré. L'ancien préfet se souvint qu'il avait dû retenir la demoiselle. Cela n'avait pas été difficile au vu de la taille de celle-ci. Josh et Andy n'avait pas craint pas grand-chose de leur adversaire, la volonté meurtrière de leur victime avait été bien présente. L'ancien serdaigle avait dû amener la poufsouffle à l'infirmerie et collé les deux compères. Heureusement, c'était un professeur qui les avait surveillés.

« C'est vraiment un miracle qu'il soit encore entier »

Lawrence avait dit cela aussi bien pour les inventions explosives, que pour le caractère de la femme de l'inventeur. La demoiselle s'était sûrement calmée avec le temps, puisqu'elle avait épousé l'ancien serdaigle aux cheveux blancs. Ce genre de personne gardait néanmoins certains traits de leur caractère très longtemps, si ce n'était jusqu'à la fin de leur vie. Lawrence était très bien placé pour le savoir et avait un magnifique exemple qui piquait régulièrement dans son frigo. Andrew aimait vivre dangereusement ou devait être irrémédiablement attiré par ceux qui risquaient d'exploser.

L'inventeur avait donc continué son rêve. Il avait même ouvert sa propre boutique. C'était bien. Lawrence avait donc tiré les bonnes conclusions. L'archiviste l'invita à passer une fois dire bonjour à l'inventeur. Pourquoi pas. Cela pouvait être sympa, surtout que les deux hommes avaient eu d'assez bons rapports quand ils étaient à Poudlard. Bien qu'avec Andy, il avait toujours fallu être sur ses gardes. Préfet ou pas, quand ils avaient été à l'école, Lawrence avait aussi fait partie des cobayes potentiels. Sauf que le serdaigle n'était pas tombé dans les mailles de l'inventeur. Le brun les avait toujours esquivés. Il faut dire qu'il n'avait pas été précisément visé. Avant de lui dire bonjour, le directeur se promit de ne pas oublier de prendre quelques précautions.

« Il faudrait que tu me passes l'adresse de la boutique, pour que j'aille voir. »

Quant à la résistance de Lawrence à l'alcool, elle était très bonne. Sauf les soirs avec son frère où ils regardaient des matchs de quidditchs. Seuls occasions où le plus jeune des Hawkesworth s'autorisait à se prendre une cuite. Personne d'autre ne l'avait vu bourré et personne d'autre ne le verrait dans cet état.
De plus, le directeur était passé par plusieurs négociations alcoolisées, fêtes et autres pour parvenir à ce poste. À ce petit jeu, l'homme savait tirer son épingle du jeu. Josh ne le prévenait pas, cela ne changeait rien. Quand une personne tentait de vous rendre ivre, cela se voyait.

Lawrence eut un petit sourire à la remarque de son ancien camarade de dortoir. Un don pour repérer les personnes. Il allait surtout voir énormément de monde. Plus vous connaissiez de gens, plus les chances d'en avoir quelques utiles augmentait. En plus, vous passiez pour quelqu'un de pas trop intéressé, puisque vous aviez aussi des connaissances inutiles.

« Tu te souviens de Grace. Une fille de notre promo qui s'amusait à tout le temps changer d'apparence »

La serveuse du retourneur du temps n'avait pas perdu cette habitude. Depuis Poudlard, elle s'amusait à changer la couleur de ses cheveux, la forme de son nez, de ses joue, ses oreilles, la couleur de ses yeux, son âge. Le tout grâce à une panoplie complexe de sorts et de potions. La demoiselle était une professionnelle de la métamorphose. C'était son dada depuis qu'elle s'était découverte sorcière. Grace avait des parents moldus.
Cette habitude, elle ne l'avait pas perdue. La dernière fois qu'il était allé voir le couple, cela remontait à quelque mois, elle s'était amusée à se vieillir. Cela avait été charmant, puisqu'elle avait mis ses vêtements habituelles de midinette, alors qu'elle paraissait avoir la cinquantaine.

« Elle s'est mariée avec un poufsouffle du nom de Fergus. Ils tiennent tous deux un salon de thé. La décoration est à leur goût, mais les pâtisseries sont remarquables. »

Lawrence n'avait pas osé insulter la décoration hideuse du salon. Si l'archiviste y mettait les pieds un jour, il verrait bien. Le directeur avait laissé un indice de taille quant à la beauté du lieu. Les goûts très particuliers de la patronne ne dataient pas d'hier.

Ah Grace ! Tout ceux qui la rencontraient ne serait-ce qu'une fois dans leur vie s'en souvenait longtemps. L'ayant fréquenté pendant sept années, Josh risquait de ne jamais l'oublier. Les deux adolescents qu'ils étaient ne s'étaient jamais très bien entendus, sans pour autant avoir des relations conflictuelles. Ils s'ignoraient la plupart du temps, se montraient relativement cordiaux s'ils devaient se parler. La jeune fille faisait partie des personnes dont le brun n'avait pas vraiment d'avis et sur lesquelles il ne tenait pas à en avoir.

Comme Andy, elle tenait du phénomène. A eux deux, ils auraient pu abattre l'idée que les Serdaigles n'étaient que des intellos dont le seul jeu semblait être de lire de gros pavés. Contrairement à l'inventeur cependant, elle n'avait jamais réussi à s'entendre comme larron en foire avec Josh. Il y avait veillé. Un génie un peu barré dans son entourage suffisait, et géniale et barrée, elle l'était, du moins de l'avis de l'archiviste. Ses capacités en métamorphose étaient telles qu'il avait tout d'abord pensé avoir affaire à une métamorphomage. Sa surprise avait été grande quand il avait compris qu'elle juste douée.

La femme qu'elle était devenue, il ne la connaissait pas. Les deux adultes n'avaient du se croiser que quelques fois à Gringotts ou sur le Chemin de traverse. Josh sortait peu et les salons de thé n'étant pas dans ses destinations préférées, il n'aurait probablement jamais su où elle travaillait s'il n'avait pas rencontré Lawrence. L'information lui fit hausser un sourcil d'étonnement. Avec les capacités de la jeune femme, il aurait cru qu'elle ferait un métier plus en rapport avec son hobby. Cela dit, si elle était en charge de la décoration, il craignait ce qui pouvait se cacher sous le « à leur goût ».

« Je me souviens bien de Grace, mais son mari ne m'évoque rien de particulier. »

A sa décharge, il n'avait guère fréquenté de Poufsouffle. Il y en avait bien eu quelques uns, mais rarement pour des relations prolongées... sauf si on les comptait en heures. Étant cependant certain de n'avoir jamais mis de Fergus dans son lit (ou tout autre endroit aussi plaisant pour diverses activités manuelles) et ne voyant aucun visage à coller sur ce nom, il dut se rendre à l'évidence, l'homme lui était tout à fait inconnu.

« Cela dit, je retiens ce que tu dis. J'irai peut-être faire un tour dans leur salon de thé, un de ces jours. Il faudra juste me donner son nom »

Après tout, sans être un grand gourmet, il appréciait la bonne nourriture et les pâtisseries. Puisque celles-ci étaient remarquables aux dires de l'autre brun, il pouvait bien y goûter. Ça pourrait aussi lui permettre de revoir l'ancienne Serdaigle et mettre un visage sur le prénom de son époux. A cette pensée, Josh se sentit bien plus vieux. Il appréhendait déjà le jour où ses anciens camarades auraient des enfants. Le temps passait plus vite qu'on ne le croyait...

« Au fait, tu n'avais pas un frère ? Un aîné, il me semble, à Gryffondor. Il me semble que je le vois parfois au Ministère ? »

L'archiviste sourit légèrement. Les conversations badines n'étaient clairement pas son fort, surtout sans formuler la moindre critique. Il estimait s'en sortir plutôt bien, pour une fois et sans poser de questions réellement ennuyeuses. Avec un peu de chance, il y gagnerait même une adresse où se régaler si l'envie lui prenait.

« Du peu dont je me souvienne, il était assez... enthousiaste. »

Le mot était faible. Le contraste entre les deux frères l'avait toujours saisi lorsqu'il les avait vu ensemble. L'un était clairement plus excité que l'autre, moins policé aussi. Le cadet, d'ailleurs, était devenu préfet à l'inverse de son frère et même dans leurs façons de se tenir, on percevait en parti les différences de caractère.

Lawrence fit un vague geste de la main quand Josh avoua que Fergus ne lui rappelait rien. L'ancien poufsouffle n'avait pas le même âge qu'eux et n'avait rien de particulièrement remarquable. Il n'était donc pas étonnant que son interlocuteur n'en conserve aucun souvenir.
Fergus était un homme calme et avec du bon sens. Il calmait un peu la pile, qui lui servait de femme. Bien qu'il se laissait parfois entraîner par la fougue de celle-ci. Bon vivant, il était d'une compagnie agréable et l'homme avait une certaine vivacité d'esprit. C'était un homme simple, les pieds ancrés sur le sol et qui s'attachait à rester simple. Son air modeste n'attirait pas l'attention. Lawrence trouvait que c'était un homme avec beaucoup de qualités. Il fallait cependant discuter avec l'homme pour s'en rendre compte.

Josh demanda l'adresse. Le temps avait un peu calmé l'asociabilité de son interlocuteur. L'adolescence était plus extrême et emport. Cette période était entière et sans pitié. Lawrence connaissait les phrases acerbes de l'archiviste. Il avait vu son interlocuteur faire mouche, sans s'encombrer de tact.
Les deux serdaigles avaient vieilli et gagné en maturité. Ils avaient appris à composer. Le directeur le savait. Discuter avec son ancien camarade d'école rendait cette connaissance plus concrète. Le temps passait.

Ce constat fit presque sourire le jeune homme, qui retint ses lèvres. Pour l'instant, il ne regrettait pas son chemin. Chaque époque avait connu ses joies et ses peines. Son histoire était ce qu'elle était. Il ne pouvait pas la rejeter. Refuser son passé, s'était refuser l'être que l'on était au présent. L'individualité n'était pas seulement des très de caractère inscrit dans l'individu, mais le résultat de son histoire.

Quant à l'avenir. Il serait sans doute difficile. L'époque était rude et le poste qu'il occupait le mettait dans les premières lignes. Le brun ne savait pas de quoi demain était. Il serait probablement chargé.

« Le salon est assez facile à trouver. Il est sur le chemin de traverse. L'enseigne est le retourneur de temps. C'était un ancien bar. »

L'ancien serdaigle lui demanda des nouvelles de Lacey. Josh avait été délicat pour qualifier son frère. À Poudlards, l'aîné des Hawkesworth n'avait pas été enthousiaste, mais une vraie brute épaisse. L'Auror avait cultivé avec grand soin, un air de pitbull, ou d'ours mal léché, au choix. Il n'avait pas eu que l'air d'ailleurs. L'ancien gryffon devait être parmi les élèves ayant donné le plus de coups dans sa scolarité. Le semi-irlandais, avait été crains par une partie de ses camarades, même dans sa propre maison. La chose la plus extraordinaire, c'était qu'il avait eu quelques camarades à ses côtés.

Lacey s'était calmé en vieillissant. Lawrence s'en était rendu compte, au retour de ses études à l'étranger. Le châtain avait conservé tout de même ces traits de caractère principaux. Jouer au con, complètement se foutre d'emmerder son monde et sa fâcheuse manie de distribuer des tatanes. Il ne fallait pas non plus abuser. Son frère n'était pas un crétin finit doublé d'un type méchant. Certes, il était violent, mais c'était ce qu'on appelait un gars bien. Honnête, droit, franc, bon, généreux, courageux. Il était également vif, intelligent, perspicace et fin observateur. Son côté maladroit et borné faisait du mal à son image. Lawrence soupçonnait le fumeur, de tout faire pour ne pas se montrer sous son meilleur jour. Son frère avait sans doute la plus belle des qualités: La force de suivre ses désirs. La liberté. Son cadet pâtissait de cette dernière, mais Lacey, sans ça, n'était plus son frère.

« Tu n'es pas encore devenu sénile Josh. »

La directeur ne précise pas à son interlocuteur qu'il avait été euphémisme en parlant de Lacey. Quoique le mot enthousiasme convenait bien à l'adulte.

«Lacey est devenu Auror »

En général, brute épaisse et bosseur étaient deux mots antithétiques. Lacey avait allier les deux, son carnet de notes et son métier actuel le prouvait. Son frère n'était pas le genre d'individu à rentrer dans un moule.

« Il doit déjà être descendu aux archives pour chercher quelques dossiers. En reparlant de ça. Tu peux me dire quelle partie exact a brûlé et quel types de documents. Je n'ai même pas encore eut un bout de rapport concernant cette histoire »

Lacey, auror. Si ça n'était pas incompatible, ça restait surprenant. Ou pas. C'était un Gryffondor et nombre d'entre eux avaient visiblement pour vocation de le devenir un jour, même les moins réceptifs aux règlements. Josh hésita à demander si ça s'était arrangé avec le temps. Les années qui passaient changeaient énormément de choses, mais il peinait à s'imaginer l'aîné des Hawkesworth calme et réfléchi. On ne pouvait probablement pas changer à ce point.

Il n'y avait qu'à le voir lui. Plus jeune, il disait les choses quand et comme il les pensait. Toute notion de tact avait été rayé de son vocabulaire et ça ne l'avait pas forcément servi. Pour compenser son manque de force physique – encore une chose qui avait persisté d'ailleurs, il s'était amélioré en terme de magie. Ça ne l'avait pas empêche de devenir un peu plus sage, un peu plus mature. Il attendait et tournait ses phrases avec davantage de subtilité. L'idée était de faire passer le message clairement, sans pour autant être trop brut de décoffrage. Il était cependant difficile de réellement le qualifier de diplomate, il s'était plutôt tourné vers les railleries et le sarcasme, là où plus jeune il n'était que franchise et effronterie.

L'afflux de souvenirs s'arrêta là. Lawrence embrayait sur un sujet autrement plus sensible, un sujet que les deux hommes avaient quitté auparavant pour s'entretenir du bon vieux temps. Josh ne répondit pas tout de suite. Se laissant quelques instants pour réfléchir, il baissa les yeux sur le livre qu'il tenait et il le remit sur l'étagère. A quelques pas de là, le libraire les observait, visiblement mécontent. Le brun décidé de l'ignorer.

« Une bonne partie des archives brûlées n'étaient que les rapports de séances de votes entre législateurs. Rien qui ne soit particulièrement compromettant à mon sens : les plus récents dataient d'un bon siècle. »

Il se tut un instant, pensif. Ses doigts coururent sur la reliure de quelques ouvrages, mais il laissa finalement tomber son bras le lot de son corps et regarda son interlocuteur.

« Il s'agissait de toute la partie centrale basse. L'idée était certainement que ça se propage dans toute la salle. Nous avons eu de la chance qu'il y a quelques personnes dans les parages pour sentir la fumée, il n'y a eu que 23% des archives qui se sont envolées. »

C'était déjà bien trop. Le feu s'était répandu peu à peu et les intervenants avaient cherché à l'éteindre à l'eau. Une bonne part des parchemins trop abîmés pour être autre chose que de vieux parchemins sans guère de valeur n'était dans cet état qu'à cause de dégâts collatéraux. Ce n'était pas le feu qui avait fait le plus de dégâts, mais le fait était que bon nombre de documents était irrémédiablement fichus.

« Ce n'est même pas le feu qui a abîmé le plus d'archives, mais je suppose que les dégâts auraient été plus importants si on ne s'était pas servi d'eau. »

Le ton était amer. Après coup, Josh trouvait bien quelques moyens pour s'extirper de la situation sans mettre à sac ses précieux trésors. On ne lui avait pas demandé son avis cependant, alors il gardait sa rancune pour lui. La rencontre avec l'ancien préfet était de toute façon trop agréable pour la gâcher avec sa mauvaise humeur. Il ne se permit qu'une dernière raillerie en guise de fin de discussion, ou de tentative de fin de discussion. Le brun n'était pas dupe, si Lawrence avait abordé le sujet, c'est qu'il y avait autre chose qui se cachait derrière la question.

« Fort heureusement, les dossiers du personnel actuel du personnel du Ministère sont intacts. »

La moquerie était bien présente dans sa voix. Josh se moquait éperdument des hommes du présent. Le passé avait plus de saveurs, mais ce n'était pas l'avis de ceux qui s'étaient inquiétés de ses archives. Non, il fallait que le présent soit préservés, qu'importait le passé. Ce n'était que des vieilleries sans importance, tout juste bonnes à intéresser quelques énergumènes dans son genre. Et pourtant... Il se cachait parfois plus de choses dans ces anciens parchemins qu'on ne le croyait. Notamment de vieux contre-rendus d'expérience ou de sortilèges ratés/oubliés qu'il expérimentait plus tard. Ça, il ne le précisa pas à son ancien camarade de maison.

« Je suppose que tu ne me demandes pas ça pour rien : tu pourrais obtenir la réponse très vite en retournant travailler. »

L'archiviste garda un air sérieux, quoi qu'assez neutre. Derrière lui, la porte s'ouvrait en faisant tinter la petite clochette. Un couple bruyant venait d'entrer et d'apostropher le libraire.

« Il y a quelque chose que tu veux savoir en particulier ? »

Le bruit produit par les deux sorciers qui venait de pénétrer dans la boutique couvrait presque sa voix, mais il savait que Lawrence l'aurait entendu. Les yeux rivés dans ceux de son vis-à-vis, il attendait la réponse à sa question sans réelle impatience, mais sans vraie curiosité non plus.

Lawrence eut un rapport précis et concis des faits. L’archiviste poussa le détail jusqu’à lui préciser où exactement le feu avait commencé et le pourcentage exact de documents disparus. C’était efficace. Le directeur regrettait une chose, ne pas avoir que des hommes aussi compétents sous la main. Le brun n’avait pas non plus trop à se plaindre. Il avait l’élite sous ses ordres. Le problème de l’élite n’était pas ses capacités, mais son comportement. Il avait aussi sous la main des incompétents, mais c’était une autre histoire et une autre affaire. Il fallait les cantonner à des domaines limités et petits, pour minimiser l’impacte de leurs défauts sur l’efficacité du système. Le jeune homme avait tout de même un souci. Des grains de sables rouillaient la machine bien huilée, la rendant inefficace. Le directeur venait d’être promus, il faudrait donc qu’il cherche l’origine des problèmes.

La partie centrale basse. Les criminelles avaient voulu plus protéger leurs identités. Le feu se propageait vers le haut, mais la rapidité d’un incendie en lieu clos pouvait être amoindrie par le manque d'oxygène, surtout avec un aussi bon combustible que le papier. Il était heureux que les commanditaires n’aient pas pensé à utiliser le vent pour aider à propager l’incendie. Les flammes auraient alors fait bien plus de ravage. Pour les détails plus précis sur le sort et autre, le directeur le verrait sans doute sur le dossier lundi. Puisqu’il allait s’occuper de cette histoire dès qu’il reprendrait le travail. Deux directeurs à remettre sur le droit chemin et un dossier à analyser en plus. Au cas où son emploi du temps n’était pas encore assez chargé. C’était gentil d’y penser.

Le cadet des Hawkesworth entendit la plainte souterraine de l'ancien Serdaigle. Ainsi, c’était l’eau utilisé pour éteindre l’incendie qui avait causé le plus de dégâts. Le directeur avait du mal à comprendre l’amour de l’autre pour les parchemins. L’archiviste avait quand même eut la chance que des sorciers soient encore là pour sentir quelques choses.
Malheureusement, les sauveteurs avaient fait des dégâts. Josh était amer, mais il devait reconnaître qu’ils avaient sans doute sauvé une grande partie des archives. S’ils n’avaient pas été là, le ministère aurait sans doute tout perdu et l'archiviste aurait peut-être été renvoyé. Cela aurait été bien plus catastrophique que des comptes-rendus de séances trop vieux pour avoir un autre intérêt que celui historique.
De plus, il n’y avait pas beaucoup de moyens de luttes contre un incendie de ce type-là, dans un environnement aussi propice.

Lawrence ne fit aucun commentaires. Il n’était pas nécessaire de focaliser son interlocuteur sur cette partie là de l’évènement. Cela ne faisait visiblement pas plaisir à Josh et le directeur n’avait aucun intérêt pour cette partie précise.

L’archiviste se fit sarcastique sur les dossiers du personnel, ce qui fit sourire l’ancien préfet. Son ancien camarade était enfin plus ironique. Il montrait aussi clairement son désintérêt pour ses contemporains. Son interlocuteur n’avait jamais été philanthrope, bien qu’il ait fait des progrès. Plus jeune, il n’aurait pas demandé des nouvelles de camarades perdus de vue.

Il avait aussi gardé sa perspicacité. Son interlocuteur avait touché du doigt le sujet sur lequel le brun voulait le conduire. Lawrence aimait discuter avec Josh. L'archiviste n'avait jamais eu besoin de beaucoup d'éléments pour arriver là où on souhaitait le faire venir.

« Je n’aurais pas eu mes réponses avant lundi.De plus, il aurait été dommage de se priver de renseignements avant de voir le dossier, surtout quand ils sont précis.»

e ton n’avait été ni ironique, ni flatteur. Le jeune homme décrivait sérieusement ce qui était. Lawrence pourrait également avoir un œil un peu plus critique sur le dossier. Le directeur pourrait ainsi vérifier rapidement, si les enquêteurs avaient été un minimum sérieux. Si les détails donnés par l’archiviste manquaient, le début de semaine serait joyeux. Du moins, pour certain.

Un couple plus bruyant entra dans la librairie. La voix de son interlocuteur, aussi basse que la sienne depuis le début, se retrouva quasiment couverte par le chahut du couple. Deux individus qui ne respectaient pas le calme des lieux dédiés à la lecture. Lawrence n’allait pas s’en plaindre.

La dernière question de son interlocuteur était directe, mais pas exact. Sans le savoir, Josh avait déjà répondu à sa question. Les documents du personnel étaient tous intacts. Ce qui n’arrangeait pas les affaires du brun. Il savait que son camarade pouvait l’aider, bien que le directeur ne comptait pas le demander de manière aussi franche. Ils avaient beaux être d’ancien camarades de dortoir, le sujet était délicat.

« Josh, vu le contexte actuel, que penses-tu du fait d’être sang-mêlé et occuper une haute position ?»

Son camarade ne connaissait pas son statut de sang, à moins d’avoir ouvert son dossier. Le brun n’en avait jamais parlé. La plupart des gens le pensaient de sang pur, grâce à son nom de famille et l'adoption par Rendfort. L’archiviste déduirait sans doute la vérité par sa question. Il pourrait même voir vers quoi le directeur voulait le conduire.

Nous y étions. Leur discussion prenait enfin une tournure intéressante, une un peu plus surprenante. L'intérêt de Josh s'accrut, mais pas un trait de son visage ne fut modifié. Il écoutait avec intérêt et se laissait le temps de réfléchir, de trouver la réponse appropriée. Il aurait pu se montrer aussi direct qu'à l'accoutumée, mais c'était risquer d'étouffer la conversation dans l'œuf. Il lui fallait trouver les bons mots, ne pas trop laisser voir son étonnement. La question de son interlocuteur ne pouvait pas être simplement anodine et il doutait qu'il lui demandât son avis si ça ne concernait qu'un tiers. Il était vrai que jamais l'archiviste n'avait entendu l'ancien préfet parler de ses origines. On le pensait sang-pur, sans confirmation pourtant. Josh n'avait jamais creusé la question suffisamment pour en savoir davantage.

Dans le contexte politique actuel, l'interrogation avait une toute autre ampleur. S'il n'allait pas changer d'avis pour ça, se ranger dans l'un ou l'autre camp, il pouvait tout de même réfléchir à la situation. Ce qu'il en pensait ? Pas grand chose. Un sang-mêlé risquait toujours moins qu'un né-moldus ou un hybride, c'était certain. Mais, bien sûr, à haut-niveau on cherchait plutôt des sangs-purs ou, à défaut, des sorciers dont le dernier croisement généalogique avec un moldu remontait à bon nombre de générations.

Cependant, ça, Lawrence le savait et s'il connaissait assez l'archiviste, la question était alors plus rhétorique qu'autre chose. Josh n'avait jamais caché son désintérêt total pour toutes ces histoires de pureté de sang. A Poudlard, à l'UMA et même au Ministère, on savait pour peu qu'on l'ait croisé qu'il s'en moquait bien. Ça ne le rendait pas aveugle pour autant, mais il n'avait à répondre qu'une simple évidence.

« Je n'en pense pas grand chose, d'un point de vue strictement personnel. Je suppose que l'idée dérangerait certains hauts dignitaires, mais toujours moins qu'en étant né moldu. »

Ses yeux accrochèrent ceux de son vis-à-vis. L'archiviste était tranquille, alors que derrière lui s'excitait la femme qui venait d'entrer. Le livre qu'elle cherchait n'était pas arrivé à temps, si elle comprenait bien. C'était dramatique, véritablement et Josh compatissait. Ne pas pouvoir lire « Les aventures de Suzie la malaimée » l'empêcherait probablement de dormir également...

Il hésita un court instant à se retourner pour lui intimer l'ordre de se taire, mais le boucan qu'elle provoquait avait ses avantages. Il souhaita juste très fort que son mari parvienne à la museler, pour que tout de même les deux hommes puissent s'entendre parler. La conversation prenait un tournant inattendu, mais intéressant. Il sentait aussi que ça devait rester entre eux, bien que rien ne soit dit jusqu'à présent allant dans ce sens.

Il se sentait devenir curieux et l'idée lui prit d'en savoir un peu plus, d'approfondir. Lawrence n'avait, à ses yeux en tout cas, vraiment rien à craindre pour son poste dans l'immédiat. Et même si, dans le pire des cas, le Ministère finissait par être régit selon les idées du Lord Noir, il était aux yeux de tous un Sang-pur. Il était vrai cependant que Josh avait accès aux dossiers du personnel du Ministère, quoi qu'avec l'interdiction de lire ceux des employés toujours présents. D'autres ne montreraient peut-être pas tant de scrupules et son interlocuteur semblait craindre pour sa carrière. Vraiment, tout ceci était intéressant.

« Cela dit, il me semble que tu n'as rien à craindre. D'aussi l... »

La voix de la femme monta d'un coup dans les aigus, alors qu'elle manifestait son mécontentement ou, plus précisément, hurlait à qui voulait (ou non...) l'entendre que c'était une honte et qu'elle déconseillerait vivement la librairie à ses amies. Le mari, lui, babillait seulement quelques « Mais enfin Chérie, calme-toi, le monsieur a dit que ton livre arriverait demain ». Cela ne sembla pas calmer son épouse, mais au moins baissa-t-elle d'un ton. Ce fut suffisant pour que l'archiviste puisse terminé sa phrase, las, en haussant légèrement la voix pour se faire comprendre.

« D'aussi loin que je me souvienne, disais-je, il n'a jamais été fait mention d'origines moldues dans ton cas. »

La manœuvre était évidente, mais suffisamment subtile pour qu'il s'en estimât satisfait. Josh n'était pas de ceux qui privilégiait la discrétion à outrance, jusque dans leur manigance. Peu importait qu'on devine clairement où il allait, il voulait uniquement des réponses. Le tout était de parvenir à dire les choses simplement, clairement, mais sans la finesse d'un troll des montagnes. En l'occurrence, Lawrence comprendrait vite où il voulait en venir et, avec un peu de chance, la question ferait avancer les choses.

Son interlocuteur prit son temps avant de répondre. Josh réfléchissait au sens réelle que pouvait avoir cette question. La réponse de l'archiviste était intelligente, mais prouvait son désintérêt pour ses contemporains.

Le problème de sang ne concernait pas que les supérieurs. Certaines personnes inférieures en poste, mais au sang-pure se permettaient de traiter leur chef d'une manière inadmissible. L'administration d'ailleurs ne faisait rien pour décourager un tel comportement. Il fallait dire que les parents de ces personnes mal éduqués occupaient soit des postes plis important, soit avaient bien plus de moyen. Lawrence n'avait jamais eu de problème avec ce genre de merdeux, pour la simple raison, que personne ne savait qu'il était sang-mêlée. Le jeune homme aurai certainement des adversaires en plus, si quelqu'un découvrait la vérité.

Ne pas être de sang-pure fermait des portes et des milieux, puisqu'il y avait une idéologie de race. Être de sang-pure, par contre ne bloquait rien. Les gens qui se battaient contre ce genre d'idée ne regardaient pas le sang. Ils n'expulsaient personne, du moment qu'on se montrait en accord avec leur idéologie. Il y avait de multiples avantages sociaux et politiques qui accompagnaient cette condition.
Le brun se fichait bien de son sang, tout comme de son nom de famille. Ces deux éléments constituaient pourtant des outils de pouvoir, l'ancien préfet ne pouvait donc pas les laisser de côté. Il n'allait sûrement pas les ignorer.

Le jeune homme en avait également besoin pour des raisons plus personnelles et familiales. Ils étaient encore en avril. Lawrence avait prit place sur le fauteuil de directeur depuis peu de temps. Le brun avait déjà programmé un retour au manoir. Le cadet des Hawkesworth avait besoin de quelques préparatifs.

Un fin sourire se traça néanmoins sur le visage du politicien à la première réponse de l'ancien serdaigle qui lui faisait face . Son interlocuteur était bien arrivé là où Lawrence voulait en venir.

La femme qui était rentrée quelques minutes plus tôt se mit à hurler. Le regard du directeur dévia pendant quelques secondes sur l'origine du boucan. Un tel bruit attirait forcément l'attention, ce qui arrangeait bien le jeune homme.

La cliente était cependant bien déraisonnable et surtout ridicule. Elle voulait déconseiller à ses amis la bibliothèque, mais le directeur conseillerait aux gens qui la fréquentaient de s'éloigner d'elle. Lawrence était plus intéressé parce que l'archiviste voulait lui dire que par la détresse, profonde n'en doutons pas, de la demoiselle.

L'archiviste haussa légèrement le volume sonore tandis que la demoiselle avait légèrement baissé le sien. Le directeur put ainsi comprendre son interlocuteur. Ce qui était tout plus pratique pour converser.

« À l'oral certainement, mais les dossiers sont moins discrets sur ce point et racontent une tout autre histoire. Du moins, pour ce qui nous concerne moi et mon frère. »

La colérique parlait moins fort. Elle continuait cependant à assurer le spectacle, la demoiselle tentait d'obtenir des avantages. D'après elle, il fallait compenser le préjudice que la librairie lui faisait subir.

« D'ailleurs, plus d'une personne préfèrent se fier aux papiers bien que cela soit interdit. Ils sont plus sûrs et bien bavards. »

Les yeux marron du juriste n'avait pas quitté ceux de l'archiviste depuis qu'il avait commencé à lui répondre. Lawrence arrivait au cœur du problème.

« Il faut dire que peu de personnes savent faire mentir ces parchemins, n'est-ce pas Josh? »

La dernière question était la demande. L'ancien préfet connaissait les talents de faussaire de son ancien camarade de dortoir et son interlocuteur était au courant de cela. Le brun qui lui faisait face comprendrait alors aisément la requête. La logique qui permettait cette déduction était simple.

Les déboires de la femme étaient oubliés. Josh haussa un sourcil de surprise autant que d'amusement, sans pour autant sourire. Ainsi, le Directeur était au courant de ces quelques activités illégales. Non qu'il le fasse souvent, à dire vrai et ça n'était jamais que pour son intérêt personnel, sans but lucratif et sans mêler personne à l'affaire. La seule exception avait été Rosalie Wainwright, mais théoriquement, l'intéressée elle-même n'était pas au courant. Là encore, ça n'avait été que parce que ça l'arrangeait. Il voulait se débarrasser d'elle sans qu'aucun document ne quitte ses archives, que le dossier doive ou non s'y trouver à la base. Il avait fait ce qu'il fallait. L'intérêt scientifique de l'affaire était moindre, il le reconnaissait mais ça n'était pas son but. Il n'aurait toutefois jamais cru qu'on vienne un jour lui demander de réitérer la chose, encore moins que l'ancien préfet soit la personne qui solliciterait son aide.

L'idée était aussi surprenante que séduisante. Cependant, si Lawrence savait, pourquoi n'avoir jamais agi à son encontre ? Le brun se demanda un instant si le jeune homme face à lui avait prévu de lui en toucher un mot depuis longtemps. Après tout, il n'avait pas développé ses capacités en la matière depuis peu. C'était tout de même depuis Poudlard qu'il passait du temps à recréer des choses à l'identique, mais à l'époque, seul Andy était au courant. Ou bien le préfet en avait-il eu vent aussi, durant leurs études ? Peut-être ne savait-il même pas pour les quelques écarts de conduite de Josh aux archives, après tout. Personne d'autre que lui ne regardait les parchemins et ouvrages et rares étaient ceux à s'inquiéter des recueils qui intéressaient l'archiviste.

L'homme sourit finalement, d'un léger sourire qui signifiait : "j'ai bien compris le message, mais ne compte pas sur moi pour te faciliter la tâche". Il n'avait, concrètement, aucune raison de rendre ce service. La seule chose qui puisse l'y contraindre serait que son ancien camarade de dortoir lui proposât un échange intéressant. Acquiescer trop rapidement serait comme indiquer qu'il avait l'habitude de falsifier des documents, mais c'était trop simple pour qu'il agisse si inconsciemment. Oui, il savait faire et il était non seulement l'un des rares capables de faire mentir un parchemin sans vraiment craindre de se faire prendre, mais, en prime, il était le seul qui puisse s'occuper d'un dossier aux archives sans que qui que ce soit y voit quelque chose. Il n'avait seulement rien à y gagner, d'une quelconque façon que ce soit.

« Je vois. Ce serait effectivement un problème si le parchemin en révélait trop à un indiscret. »

Ce fut une impression grisante qui s'empara de lui alors. Évitant ses pairs, il n'avait que rarement l'occasion de se sentir puissant face à quelqu'un d'autre. En cet instant, c'était pourtant ce qu'il ressentait. C'était... agréable. Il comprenait un peu mieux pourquoi certains se plaisaient à obtenir un meilleur poste, avoir des personnes à leurs ordres. A ses yeux, ça ne valait pas l'excitation qui s'emparait d'un être lorsqu'il faisait une découverte capitale, mais ça lui paraissait moins obscur, comme désir.

« Ce serait d'autant plus ennuyeux que faire mentir un document est contraignant et particulièrement risqué. »

Et même si le Directeur le couvrait, ça ne durerait qu'un temps. Josh n'avait aucune confiance sur la durée de leur entente. Quand bien même faisait-il ce que l'autre voulait, qui lui disait qu'une fois les problèmes derrière eux, derrière la communauté magique du pays, ça ne se retournerait pas contre lui. Lawrence Hawkesworth était l'une des rares personnes à qui il accordait de l'estime, mais il ne comptait pas lui mettre sa liberté entre les mains à la légère, surtout compte tenu de l'emploi de son interlocuteur.

L'archiviste était lucide. Les temps ne restaient jamais durs bien longtemps, quelques années au plus mais toute guerre, sourde ou affirmée finissait un jour par s'achever. Et l'après-guerre était toujours injuste. Il n'y avait qu'à voir le nombre d'arrestations et les procès tous plus inéquitables les uns que les autres qui avaient suivi le dernier conflit contre Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom. Du reste, rien ne lui garantissait que l'ancien préfet ne fasse pas n'importe quoi et il ne comptait pas plonger pour complicité. La prison ne l'effrayait pas vraiment – surtout depuis qu'il n'y avait plus de détraqueurs, mais il était clair qu'il tenait à rester libre.

Ainsi, les yeux toujours rivés dans les pupilles marrons de son vis-à-vis, Josh coupa le léger silence qui s'était installé entre eux. Son visage, quant à lui, était on ne peut plus sérieux.

« Je serai direct. Les risques sans avantages n'ont aucun intérêt, ni pour toi, ni pour moi. Je comprends bien ta requête, mais je vois mal ce qu'il y a à la clé, si ce n'est de ton point de vue. »

[En espérant que ça te convienne *_*]

Lawrence comprit parfaitement le message de son interlocuteur. L'ancien préfet ne rendait aucun service gratuitement. Le brun avait prévu de payer l'archiviste pour que le service soit fait correctement. Le cadet des Hawkesworth savait d'autant plus qu'il devrait négocier qu'il connaissait son interlocuteur. Josh avait comme tout le monde des qualités, mais il n'était ni philanthrope, ni gentil et encore moins généreux. Bref, ce n'était pas le genre d'individus à faire des actions sans en tirer profits, surtout quand celles-ci pouvaient être dangereuses. Il fallait tout de même noter que la notion de profit, pour l'archiviste prenait d'autres formes que de sonnants et trébuchants gallions. Sur ce point-là, le jeune homme connaissait assez bien son interlocuteur. Il y avait des choses qui ne changeaient pas, même avec les années. De même qu'Andy n'avait pas abandonné ses recherches, Josh était resté un amoureux de la connaissance sans autre but que le savoir, un amoureux du passé et de l'histoire des hommes et de leurs inventions. C'était assez ironique de savoir à quel point le brun n'aimait pas ses contemporains, mais idolâtrait les hommes du passés et leurs mystères.

L'attitude de l'ancien serdaigle amusait le directeur. Les deux phrases de l'archiviste étaient à mourir de rire. S'il n'avait pas été en pleine négociation, le brun aurait franchement rit. Josh le croyait-il si désespéré et en son pouvoir? Que l'archiviste se rassure, il n'était pas le seul faussaire. L'ancien camarade de maison représentait cependant un certain nombre d'avantages. C'était pour cette raison que le brun était venu le voir et s'était préparé à la négociation.

Le plus jeune des Hawkesworth savait suffisamment se maîtriser pour ne pas se trahir. Ce ne fut qu'à la dernière phrase de son interlocuteur qu'un mince sourire se traça sur les lèvres de celui-ci. C'était un sourire complice et entendu plus qu'amusé. Le jeune homme montrait bien qu'il avait prévu le coup et qu'il ne venait pas les mains vides.

« Un Mehen inviolé. »

Seul les passionnés d'histoire ou les personnes un peu plus âgés étaient au courant de l'affaire. Il fallait dire qu'elle avait fait grand bruit à l'époque.

Cette histoire tournait autour d'un jeu de société, le mehen. Ce jeu était l'ancêtre des jeux de l'oie actuel. Un serpent enroulé sur lui-même faisait office de plateau, les joueurs lançaient des baguettes ce qui faisait avancer ou reculer le pion, car les dés n'existaient pas. Ce jeu avait été inventé avant le premier empire égyptiens, puis avait subitement disparut. Il réapparut tout aussi soudainement quelques millénaires plus tard, mais les égyptiens avaient perdu la signification réelle de ces jeux.
Le serpent donnait le nom au jeu puisqu'il portait le nom de Mehen. Ce reptile avait une symbolique particulière, car c'était l'animal qui entourait la cabine de la barque de Ré pendant son passage dans l'univers inférieur. Ainsi, il représentait une protection, mais également les déambulations de l'âme des défunts dans le monde de l'au-delà.

Il existait plusieurs plateaux de jeux trouvés lors de fouilles effectuées aussi bien chez les sorciers que chez les moldus. De sortes que les informations dites au-dessus étaient connues dans les deux mondes.
Les plateaux de jeux sorciers avaient cependant quelque chose en plus. Sur tous les plateaux appartenant au monde magique, qui n'en comptait que trois, une oie était gravée sur le côté. Sous elles, il y avait des coffrets. Aucun sorcier, jusqu'à présent n'avait réussi à en ouvrir un et à savoir son contenu. Certain sorcier pensaient qu'il y avait un pouvoir bien trop puissant scellé là. Les oies, pour les égyptiens, couvaient l'œuf de la création. C'était pour cette raison que ces trois jeux étaient surnommés les mehens inviolés.

Les trois avaient été jalousement gardé et étudié par les égyptiens. Il a de cela une vingtaine d'années, un vol s'était produit et deux des mehens inviolés disparurent des circuits officiels. Les médias s'emparèrent aussitôt de l'histoire et à son époque, elle fit grand bruit.
Le dernier propriétaire d'un des jeux avait dû se montrer trop imprudent. Il n'était pas mort, mais l'homme n'était plus comme avant. La famille cherchait à se débarrasser de l'objet. Une vente aux enchères au sein du marché noire s'était révélée l'option la plus sûre, mais également la plus avantageuse pécuniairement parlant.

Quant à Lawrence, il avait les contacts nécessaires pour être au courant de ce genre de marché. Il avait également les moyens d'y participer et d'avoir l'objet en question.

Un Mehen inviolé. Lawrence semblait vraiment tenir à ce que les documents soient modifiés pour en arriver à lui proposer une telle rareté. Un Mehen inviolé... Autant dire qu'avec la disparition de deux des trois plateaux sorciers, beaucoup auraient vendu père et mère pour en obtenir un. Josh y compris. Il ne se serait pas posé beaucoup de questions si ça lui avait permis de pouvoir s'approprier une telle merveille, et voilà qu'on lui en proposait un. Pour un service minime, à ses yeux du moins. Deux yeux qui d'ailleurs détaillaient son vis-à-vis comme s'il le voyait pour la première fois et qu'il lui était, soudainement, poussé une paire d'elle. Dire qu'il était incrédule serait encore faible pour qualifier l'archiviste en cet instant. Ça lui sembla trop beau pour être vrai.

Le cadet des Hawkesworth n'était pour ainsi dire pas des moins scrupuleux, lui semblait-il. Il n'arrivait pas à s'imaginer que le brun face à lui ait pu mettre la main sur un Mehen inviolé, alors même qu'il ne pouvait pas s'agir du dernier restant sur le circuit officiel. Et il le lui proposait, en prime, alors que jamais Josh n'aurait consenti à offrir quoi que ce soit d'aussi précieux à une tiers personne. Étaient-ils à ce point différents ou le jeu en valait-il à ce point la chandelle aux yeux de son vis-à-vis. Tout ceci semblait trop incroyable.

Pour se donner contenance, l'archiviste fit quelques pas, alla derrière Lawrence et laissa courir ses doigts sur la tranche des livres entreposés sur l'étagère. Un Mehen inviolé... Un sourire épanoui apparut sur ses lèvres, mais s'effaça lorsqu'il se tourna vers son vis-à-vis. Maintenant face à la porte, il put voir le couple bruyant s'en aller, lui rappelant alors que les deux hommes n'étaient pas seuls. Le libraire lui aussi sembla en prendre conscience et leur regard se croisèrent un instant, avant que Josh ne détourne les yeux pour fixer son ancien camarade de dortoir.

« Un Mehen inviolé... Hawkesworth, tu es véritablement plein de surprises. »

Sa voix n'était plus qu'un souffle et déjà, ses lèvres s'incurvaient à nouveau. Ses pupilles dilatées sous la surprise retrouvaient leur aspect normal, alors qu'on fond de son regard brillait toujours cette lueur tellement si identique à celle d'un enfant devant ses cadeaux de Noël. Qu'importait le moyen par lequel Lawrence s'était approprié l'objet. Josh n'avait jamais été de ces hommes qui se soucient de détails si infimes. C'était juste un peu surprenant de la part de l'ancien préfet, mais il lui en était gré.

« Mais j'accepte. »

L'affaire était vite emballée. Il n'avait jamais été parmi les plus difficiles à convaincre lorsque l'on avait besoin de lui, pourvu que l'on soit capable d'avancer les bons arguments. L'homme aimait trop apprendre, tant dans les bonnes choses que dans les mauvaises pour ne pas être facilement mis dans sa poche, dans ces moments-là. Non qu'il s'attachât de quelque façon aux personnes, mais au moins obtenait-on ce que l'on désirait. Lawrence l'avait bien compris et, en lui proposant ce marché, il s'était assuré d'une victoire totale sur les maigres réticences de l'ancien Serdaigle.

Ce que ce dernier ne lui répondit pas, toutefois, tenait en quelques mots. Il n'y avait pas nécessairement besoin de lui offrir en contrepartie un objet obtenu en tout illégalité – car dans le cas présent, il ne pouvait être possible que c'en soit autrement. Un simple livre rare, mais parfaitement légal aurait pu le convaincre, bien que la proposition de l'autre brun ait eu l'effet escompté encore plus efficacement.

« Il te faut ça pour quand ? »

Car il ne s'attarderait pas. Josh comptait en finir vite, mais bien avec tout ceci pour obtenir sa récompense. L'idée qu'en cet instant, il était un peu comme un chien à qui l'on faisait manger un sucre pour une bonne action lui effleura bien l'esprit, mais il la chasse d'un geste de la main mental. L'heure n'était pas aux images farfelues et dégradantes, il pourrait se fustiger de son comportement une autre fois. En lieu et place, il observa simplement le préfet en face, alors que du coin de l'œil, il percevait la silhouette mouvante du vendeur. Ce dernier, d'ailleurs, venait droit vers eux. L'archiviste fit claquer sa langue de mécontentement alors que l'homme les rejoignait.

« Vous cherchez quelque chose de particulier, Messieurs ?
- Non, merci. »

Le ton un peu sec, agacé, avait visiblement surpris le commerçant, mais il ne dit rien à l'archiviste mécontent. En lieu et place, il chercha Lawrence des yeux pour obtenir sa réponse, impatientant un peu plus le brun déjà peu disposé à attendre. Dans un effort peu commun pour lui, il prit sur lui pour ne pas être trop désagréable et laisser le soin à son vis-à-vis d'envoyer promener l'homme. Nul doute qu'il y mettrait davantage de formes que lui.

Toute l'attitude de son interlocuteur indiquait son excitation, son étonnement. Lawrence pouvait se vanter d'avoir surpris l'archiviste, chose dont peu de personne pouvait se vanter. L'autre homme parti derrière lui et le directeur ne se retourna pas. Il laissait à l'autre le brun le temps de s'en remettre. La réaction et les phrases de son interlocuteur auraient put le faire sourire. Un certain nombre de gens lui disaient cela. Il faut dire que quand personne ne vous connaissait réellement, il était plus facile de surprendre.

L'ancien serdaigle revint face à lui, de nouveau inexpressif. L'archiviste avait vite repris le contrôle. Les yeux brillant de celui-ci trahissait néanmoins la joie et l'excitation. L'éclat que le brun voyaient dans les pupilles de son interlocuteur ressemblait assez à celui qu'avait June ou Lacey au moment où il leur offrait des cadeaux.
Le cadet des Hawkesworth savait parfaitement la valeur de l'objet qu'il proposait. Le brun n'allait pas échanger simplement une action, contre un tel présent. L'archiviste avait dit qu'il acceptait les conditions, sans que celles-ci soient clairement posées. Il allait bien trop vite en besogne.

Lawrence allait mettre les holà à son ancien camarade quand le libraire eut la mauvaise idée des les interrompre. L'autre ancien Serdaigle répondit sèchement au libraire, qui fut assez surpris. Il fronça les sourcils, après la bonne femme de tout à l'heure, le monsieur. Il commençait à en avoir marre des clients irascibles. Il tourna son regard vers le directeur et se trouva face à un visage calme et souriant.

« Je vous remercie pour votre proposition, mais cela est inutile. »

Il y avait au moins un qui était aimable. Le début de mauvaise humeur du garçon en service se dissipa un peu. Il se tourna pour partir, quand le client polis sembla avoir changé d'avis.

« Excusez-moi, j'ai presque oublié ce détail. Auriez-vous de quoi écrire s'il vous plaît. »

Le vendeur aurait pu grogner, mais la demande avait été prononcée d'une manière telle, qu'aucun son ne franchit ses lèvres. Il y avait l'autorité, mais également la politesse et le respect. Il alla chercher le parchemin, le papier et l'encre en se disant que ce gars devait avoir l'habitude de diriger. Lawrence n'avait pas fait plus attention au vendeur partit exécuter sa demande. Le visage du directeur redevint plus sérieux quand il se tourna vers celui de l'archiviste.

« Il est malencontreux d'être interrompus en plein milieu d'une conversation. »

Les yeux du directeur se fixèrent bien dans ceux de son interlocuteur. L'autre brun ne pourrait pas se plaindre d'une injustice. Le jeune Hawkesworth allait être très claire et lui donner une chance de revenir sur ses pas.

« Un objet aussi importants ne peut pas être payé en une seule fois. »

Le oui de l'archiviste n'était pas seulement pour aujourd'hui. S'il acceptait l'offre du directeur, alors le falsificateur devrait obligatoirement rendre d'autres services. Lawrence n'avait pas d'autres tâches à lui confier pour l'instant. L'ancien préfet trouvait pertinent de garder un homme de ce genre et efficace sous le coude en cette période dangereuse.

Le vendeur revenait. Lawrence ajouta avec un sourire aux lèvres.

« Je vais te donner mon adresse et je prendrais la tienne. Nous n'allons pas attendre à chaque fois de nous recroiser par hasard à la librairie pour prendre des nouvelles. »

Le garçon qui se ramenait avec le matériel n'entendit que la dernière phrase. C'était pour ça que ces deux-là étaient entrain de papotter depuis tout à l'heure. Le plus gentleman des deux se tourna vers lui et lui fit un sourire.

« Le libraire viendrait sans doute à nous en vouloir de confondre son échoppe avec un salon de thé. »

Le vendeur eut un sourire et fit un signe négatif de la tête. Un client aimable, ça pouvait vous rendre de meilleure humeur. Lawrence poursuivit, toujours avec la même gentillesse.

« Merci. Je vous ramènerai tout ça au moment où j'achèterai mes ouvrages, à la caisse. »

Le vendeur approuva d'un signe de tête. Il n'avait rien contre la proposition. Son poste lui imposait de rester là-bas. Il s'éloigna laissant les deux hommes entre eux. Le cadet des Hawkesworth allait pouvoir obtenir la réponse définitive.

Le vendeur avait visiblement été plus heureux de faire face à Lawrence. Amusé par les changements d'expression faciale du commerçant, l'archiviste parvint à contenir un peu mieux son impatience. Il lui fallait s'occuper l'esprit pour ne pas souhaiter trop ardemment le départ du libraire et en devenir trop désagréable. Heureusement, le Directeur l'envoya vite faire une « course », laissant un Josh perplexe face à lui. Une plume et du parchemin ?

Laissant là son interrogation, il fixa Lawrence sans laisser transparaître ses doutes. Les yeux dans les yeux, les deux homems s'affrontaient du regard alors que son vis-à-vis mettait les points sur les i, arrachant un très léger sourire à l'archiviste. C'eût été trop simple, bien sûr, mais ça le satisfaisait, finalement. Il aurait été déçu que Lawrence n'ait pas plus conscience de la valeur de ce qu'il lui proposait. Alors, évidemment, même s'il aurait préféré que leur association ne perdure pas trop longtemps, il ne put qu'acquiescer d'un signe de tête, perdant le sourire par la même occasion.

Mais déjà, le vendeur revenait avec ce qui lui avait demandé Hawkesworth. On ne pouvait qu'admirer la façon avec laquelle il gérait l'homme. C'était intéressant d'ailleurs aux yeux de Josh, trop peu habitué à fréquenter qui que ce soit. Bien sûr, il y avait Andy et depuis peu sa femme, mais c'était différent. Il s'agissait plus de catastrophes et de cris, de quelques rires et plaisanteries lâchés par un inventeur décidément tête en l'air. Il y avait aussi les quelques personnes qui descendaient dans son antre, mais il était trop occupé à veiller sur leur comportement avec ses précieuses archives plutôt que sur leurs relations. Et ses souvenirs de Poudlard étaient assez vagues, en fait. Il n'avait jamais prêter attention à ça auparavant, mais puisque ça s'imposait à lui aujourd'hui, il prit le temps d'en apprécier la nouveauté. Lawrence avait tout d'un chef d'orchestre et c'était, pour ainsi dire, assez amusant à observer.

Alors que le jeune vendeur repartait à la caisse après l'aimable proposition de l'ancien Préfet, Josh s'en détourna complètement. Il posa à nouveau ses yeux noirs sur le visage fin de son ancien condisciple, sans toutefois briser le silence léger qui s'instaurait entre eux. L'instant n'était pas grave, quoiqu'un peu solennel. L'archiviste acceptait, bien entendu. Il n'était pas assez stupide pour penser que le Directeur n'avait pas anticipé sa réponse, mais c'eût été un peu simple de la lui donner immédiatement. La surprise de la proposition était passée et si l'enthousiasme persistait, il avait au moins retrouvé son calme habituel.

« Tu t'en doutes, je suis d'accord. »

Son très léger accent gallois venait de refaire surface, lui arrachant un subtil quoique furtif haussement de sourcil. Sans y prêter davantage attention, il continua, toujours aussi serein, le regard rivé dans celui de son interlocuteur. Au moins pouvait-il y lire la promesse silencieuse qu'il lui faisait. Josh tiendrait parole, bien sûr, mais il restait au fond de ses pupilles un soupçon d'avertissement. S'il y avait quoi que ce soit que Lawrence ne lui ait pas dit, c'était le moment de se rattraper car il garantissait rien en cas d'entourloupe ou de manque d'informations.

« Je présume que tu ne me caches rien, ni sur le plateau, ni sur vos dossiers... Cependant, tu ne m'as pas répondu. »

Il nota mentalement que son accent avait déjà fait demi-tour pour laisser place à celui, moins marqué, qu'il avait pris en arrivant à Poudlard et à Londres. Une image s'imposa à son esprit pour s'évader aussitôt, le laissant frustré. Josh n'aimait pas les mystères de son propre esprit et ça n'était clairement pas le moment de lui jouer des tours. Mettant toutefois ça sur le compte de la trivialité, il repoussa à plus tard le moment de trouver la réponse, pour à la place reprendre la parole après un très court silence.

« Jusqu'à quand ai-je pour te préparer ça ? »

Car ce n'était pas le tout de donner son adresse ou d'avoir celle du jeune homme, mieux valait lui donner une date butoir. Il avait bien plus intéressant à faire qu'une falsification de dossiers, même si l'activité pouvait avoir un certain charme. Les souvenirs qu'un grimoire qu'il lui restait à restaurer et d'un livre qu'il devait finir faisait largement concurrence à la perspective de s'occuper de parchemins concernant des contemporains, fussent-ils d'anciens camarades de dortoirs comme Lawrence.

« Et puisque nous y sommes, jusqu'où suis-je supposé remonté dans ta généaologie ? »

Le silence devint le maître de la conversation après le départ du vendeur. Le visage du directeur, comme celui de son interlocuteur ne révélait pas de sentiment. Les yeux marron du brun fixaient calmement l'ancien Serdaigle. Il laissait à Josh le temps de la réflexion. Lawrence était sûre de son résultat. Il savait que son ancien camarade de maison ne pourrait pas renier cet objet. L'archiviste était très discret et secret sur lui-même. C'était cependant et contre toute apparence, un passionné. Il suffisait de voir les réactions parfois violentes qu'il pouvait avoir pour des grimoires, des mystères du passé ou des sujets de recherches. L'homme toujours calme et inexpressif pouvait alors avoir des gestes surprenants.

Le regard que lui rendit l'archiviste ne causait aucun problème d'interprétation. L'homme paraissait fidèle sur ses engagements. Le ton qu'employa le faussaire pendant quelques secondes ressembla à de la mise en garde. S'il n'y avait aucune entour loupe sur les dossiers et le plateau. Josh avait eu l'intelligence de poser la question.

Sur le socle de l'objet, Lawrence appliquerait un sort qu'il avait mis plusieurs années à maîtriser. Il était masqué avec soin, pour qu' un tierce ne l'enlève pas. Tout objet avec un contrat en cours avaient cette marque. C'était une sorte de garanti. Pour que la personne se souvienne de sa dette, jusqu'à ce qu'il l'ait épongé. Selon les personnes et les négociations, le brun se donnait la peine de révéler ou non la présence de cet enchantement. Il ne fallait cependant pas être surdoué pour se douter de la présence d'un tel sortilège dans ce genre de contrat. Le milieu des affaires avait une gamme assez étendue de sortilèges divers et variés pour garantir les promesses et faire tenir les serments.

Josh lui posa toutes les questions nécessaires pour le travail. Le regard du directeur resta fixé sur son interlocuteur. Il réfléchissait. L'ancien Serdaigle paraissait suffisamment honnête pour respecter le contrat. Il fallait toujours se méfier des apparences. Il avait aussi l'air d'être le genre d'individu parfaitement capable de défaire le sort apposé sur l'objet. Quoiqu'au vu du nombre d'années passées sur la conception, il faudrait du temps à l'archiviste pour s'en débarrasser. La dette serait sans doute épongée avant que le brun ne se débarrasse du sort. Un doute sur le dernier point pouvait être émit. L'objet valait très cher, la dette était par conséquent assez lourde.

S'il prévenait Josh, le risque était que le brun ne paye pas sa dette. Si l'archiviste découvrait le sort lui-même... Lawrence avait vu la lueur d'avertissement. Le directeur n'avait donc aucun moyen d'évaluer les risques. Il savait que Josh pouvait frapper fort, même si Lawrence n'était pas faible. Le brun avait toujours évité ce genre de conflits stériles, qui pouvaient amener de gros ennuis. De plus, l'archiviste allait analyser l'objet sous toutes ses coutures. Le risque qu'il découvre le sortilège s'en trouvait accru.

« Le plateau portera seulement un sort afin d'être certain que tu payeras bien ta dette. Il disparaitra seulement quand tout sera remboursé »

Qui avait dit que pour obtenir ce qu'on voulait des gens, il fallait automatiquement mentir. C'était en réalité un mauvais postulat. Pour bien mener son monde sans se faire manger le bras, il fallait tisser des liens entre le mensonge et la réalité. Il fallait cerner les interlocuteurs et la situation. Juger correctement ce qui devait être dit et surtout quand cela devait être prononcé. Le mensonge faisait bien sûr partie de l'arsenal, mais la vérité ne faisait pas que desservir cet art difficile qu'était celui de la manipulation.

« Tu as jusqu'à fin avril, début mai pour régler le travail. »

Lawrence jugea ce temps suffisant pour faire un travail correct. L'homme ne devait que modifier leurs extraits de naissances, qui comportaient le nom de leurs parents pour remplacer celui de la mère. Il devrait aussi changer leur statut. Ils devenaient des bâtards puisque leurs parents administratifs ne seraient plus mariés. Ils seraient cependant de sang pur, ce qui était le plus important. Il faudrait également changer la date de mariage de son père.
Les dossier administratifs des enfants comportaient toujours des traces sur l'identité des parents. Par contre, ceux des parents ne comportaient aucune trace sur leurs progénitures. Fait, qui arrangeait bien les affaires du directeur.

«Pour mon père, il y a une erreur de date pour son mariage, celui-ci s'est passé bien plus tard. Il n'a épousé la moldue qu'après le décès de ma mère. »

Sur le morceau de parchemin qu'il tendit à l'archiviste il y avait son adresse, mais également le nom d'une sorcière Diana Abatucci. Une charmante femme qui avait fini vieille fille. Il faut dire que la pauvrette était morte avant ces trente ans. La date du décès de la demoiselle se situait après la naissance des deux petits Hawkesworth, mais avant la mort des leurs véritables parents. Les archives du ministère n'avait que la date de la mort de son père. Il n'y avait aucun papier sur sa mère biologique.

Pour la généalogie de la demoiselle, il était difficile de remonter bien loin. Elle était issue d'une liaison extra conjugale. Le père n'était pas déclaré, la mère de Diana venait cependant d'une famille de sang pur. L'italienne portait donc un nom de famille correct. Elle était d'origine étrangère, le ministère ne pouvait donc pas accéder aux dossiers des concernées. Il suffirait d'être un peu évasif. Le nom de
Hawkesworth ferait pencher la balance du bon côté.

Cette femme aurait accouchée vers les vingt-cinq ans. Un peu jeune, mais rien de trop déraisonnable. La nouvelle histoire, une fois les dossiers modifiés, serait un peu triste. Un couple de sorcier, non marié mais avec deux enfant. La mère se ferait emporter en première. Le père se serait reconstruit, puis marié avec une autre femme. Une alliance qui finirait par les perdre tout les deux.

Au finale, cela ne changeait pas grand chose. Leur histoire était seulement un peu plus tragique. Le cynisme du brun le portait à rire. Ce n'était cependant pas le moment. Le visage, toujours aussi sérieux, le directeur compléta

« Fait étrange d'ailleurs quand on songe qu'il n'a pas osé franchir ce pas avec Cassie, qui était la mère de ses enfants. Heureusement que le statut de bâtard ne conduit pas à de trops lourdes conséquences.»

Il était plus simple de retoucher seulement deux documents, que de devoir en inventer un nouveau.

Aussi inexpressif l'un que l'autre, les deux hommes se jaugeaient du regard alors que Josh réfléchissait à la proposition du brun. Bien sûr, il avait accepté et il avait alors interrogé l'autre homme pour savoir tout ce qu'il avait besoin de connaître dans le but de s'acquitter de sa tâche. Il préférait ne pas trop songer à ce que le Directeur trouverait le moyen de lui demander par la suite, car une chose était certaine à ses yeux : Lawrence ne l'oublierait pas. Il ne passerait pas au-travers des mailles du filet, il le savait. D'ailleurs il ne comptait pas essayer.

L'ancien préfet lui répondit alors, confirmant les doutes que Josh avait. Bien sûr, l'objet ne serait pas dénué de sécurité. Un sourire désabusé éclaira furtivement le visage de l'archiviste, avant qu'il ne retrouve son expression faciale favorite : la neutralité. Celui qui fut à une époque passée son camarade de dortoir enchainait déjà sur la suite, lui donnant une date butoir un peu floue, sans plus. Bien. C'était très largement faisable. Il hocha donc légèrement la tête pour confirmer que ce serait fait dans les temps, sans prendre la parole et sans trop appuyer le signe. De toute façon, Hawkesworth lui tendait déjà le papier avec son adresse et un nom dont Josh devina l'importance avant que son interlocuteur ne précise. Là encore, il ne fit rien qui puisse particulièrement indiqué ce à quoi il pensait, sinon récupéré un bout de parchemin, le ranger dans une poche et prendre de quoi écrire pour indiquer l'adresse de son appartement, en plein cœur du Londres moldu. Lawrence aurait peut-être quelques surprises en situant le lieu exact, car s'il était communément admis que l'archiviste n'était pas intolérant, il n'est pas prouvé qu'il appréciât vraiment la compagnie des non-sorciers.

A dire vrai, il ne les aimait pas plus que le reste du monde.

« Je t'écrirai quand j'aurais terminé » répondit-il simplement en ignorant la remarque cynique de l'autre homme.

Il n'avait rien de plus à y ajouter et faisait confiance à son vis-à-vis pour comprendre ça. Josh n'avait jamais été un grand sociable et il économisait ses mots, sans être d'un taciturne affolant. Parler pour ne rien dire avait juste toujours eu tendance à l'agacer. Ne pensant guère qu'en terme de profit – rarement pécuniaire cela dit – il n'y trouvait guère d'intérêt. Et ce qui ne l'intéressait pas lui portait assez vite sur les nerfs, malgré son calme apparent.

« Tu me feras parvenir le plateau après ça. L'adresse est là. »

Il tendit la main, serrant sans grande fermeté le parchemin avec ses coordonnées et la plume. Sans-gêne, Josh ne s'embarrassait donc pas vraiment en rendant clairement l'objet à Lawrence pour qu'il la retourne à son propriétaire. Qu'il s'en offense lui importait peu, l'autre était de toute façon habitué à son caractère.

S'avançant de quelques pas, il contourna son ancien condisciple et récupéra le livre qu'il voulait en arrivant dans la librairie. Celui-là même qu'il avait reposé une fois sans raison, ou peut-être juste pour occuper ses mains. Il se tourna alors vers l'autre homme, à qui il adressa un signe de tête un peu plus prononcé pour le saluer. Ni signe de main, ni franche camaraderie. Égal à lui-même, Josh lui disait au-revoir sans trop s'en approcher, gratifiant seulement le Directeur d'un :

« Sur ce, je suppose qu'il est temps de se quitter. Bonne lecture. »

La dernière phrase avait été lancé alors qu'il observait le livre que Lawrence tenait toujours (je crois XD), puis il s'en détourna et se rendit directement à la caisse où le vendeur se rembrunit légèrement en l'accueillant. L'agacement passé semblait avoir laissé une impression plus marquante que prévu sur l'homme, mais peu importait.

Très vite, le brun fut dehors, la tête pleine de pensées pour ce qu'il avait à accomplir et, plus important encore pour le Mehen qu'il aurait bientôt en main, et ce fut de bonne humeur qu'il rentra chez lui en fin d'après-midi, après avoir longuement flâné en ville.

[Terminé pour ma part Wink

]

Le rapide sourire blasé de Josh n'échappa pas au directeur. Lawrence avait dû confirmer des soupçons. L'archiviste n'était pas un comédien. Il abordait peu d'expressions, mais cela était plus dû à sa nature cynique et nonchalante qu'à une réelle volonté de tout cacher. L'ancien préfet soupçonnait son interlocuteur d'avoir fait quelques progrès sur la maîtrise de soi. Les réactions de l'archiviste montraient que l'individu n'était pas complètement insensible, surtout quand on touchait du doigt des sujets qui le passionnaient. La plupart du temps, il était difficile de savoir ce que pensait l'archiviste, car le cheminement de pensés était plus intellectuel que sentimental.

Lawrence faisait confiance à l'intelligence de l'autre homme. Aucune phrase n'avait été dite au hasard et elles avaient toutes trait à la falsification qui devait être faite. L'ancien avocat avait fourni toutes les consignes. Josh n'avait pas donné plus de signe particulier. Son interlocuteur n'avait fait qu'un bref geste de la tête pour lui indiquer qu'il respecterait les délais. Le brun n'avait pas besoin de plus de la part de son ancien camarade d'école.

Le directeur regarda l'adresse, mais n'en s'émut pas plus que cela. L'ancien préfet ne s'attendait pas à ce que l'autre bleu vive parmi des moldus, mais cela n'avait rien de surprenant. Il était certain que Josh ne considérait pas plus les moldus que les sorciers contemporains, ni moins d'ailleurs. À partir de là, pourquoi vivre au milieu des uns plutôt que des autres.

Josh répondit de manière direct et termina rapidement la conversation. Lawrence ne s'en offusqua pas. Il reconnaissait plus l'ancien élève à cet instant, qu'au début. Les conversations futiles et superflues n'étaient pas du goût de son interlocuteur depuis longtemps.
Lawrence avait également reprit la plume que lui avait tendu Josh. Il avait dit au vendeur qu'il rapporterait le matériel. Ce n'était donc pas à l'autre Serdaigle de le faire.

L'archiviste fit la conclusion et le brun se contenta de hocher la tête. Il était à présent inutile pour les deux hommes de s'attardaient plus longtemps en ces lieux. Un sourire apparut sur les lèvres du plus jeune des Hawkesworth. Un roman à l'eau de roses à deux sous. Le plus jeune de la fratrie pensa avec ironie que la lecture serait forcement bonne. Quant aux droits pour les trolls Lawrence n'était pas le genre d'homme à lire les livres qu'il comptait offrir.

« Passe une bonne fin de journée. »

Josh alla directement en caisse. Lawrence regarda encore le rayon spécialisé sur le droit. Il nota sur le morceau de parchemin restant deux codes et son adresse, puis se dirigea de nouveau vers la caisse. Un sourire aux lèvres, il remercia le vendeur, qui lui répondit avec la même amabilité. Le brun paya ses articles et demanda s'il était possible que la librairie lui envoie les ouvrages inscrits sur le parchemin à l'adresse indiquée. Le vendeur fut surpris de la demande, car les livres étaient en rayon. Lawrence lui expliqua que de nouvelles éditions étaient sorties, il y avait déjà quelques jours. Le jeune vendeur avoua alors son ignorance sur le sujet, mais affirma que le patron devait le savoir. Le directeur lui répliqua gentiment qu'il ne doutait pas de la compétence des libraires et qu'il comptait sur eux pour obtenir les bons livres. Le vendeur répondit qu'il pouvait avoir confiance.

Le cadet des Hawkesworth le remercia avant de rentrer chez lui. Ce n'était pas tout ça, mai il était obligé de lire un mauvais ouvrage avant la réception.

[Topic terminé]