Invasion de la Bibili [PV Faboubou] [Terminé]

« La Bibliothèque c’est pour les nazes »

Voilà ce que répondait Nathan à toute personne lui demandant de l’accompagner à la bibliothèque habituellement. Il préférait autant étudier dans la salle commune vu que les livres nécessaires aux cours ils les avaient achetés. Et puis il ne voyait aucune utilité à pousser les recherches avec d’autres livres qui ne faisaient que répéter les mêmes choses avec d’autres mots et phrases. Sans compter qu’il ne supportait le cri de guerre de la surveillante, ce « chuuut » agressif, revenant sans cesses et dans chaque coin plus dérangeant généralement que les faibles murmures de fond.

Et puis il se disait que la bibliothèque était le second nid des Serdaigles, qui ne semblaient d’ailleurs pas forcément y aller pour des livres de cours… Toujours dans leurs mondes ceux là ! A croire qu’ils étaient vraiment dans un monde parallèle et envolé.

Mais ce jour était un jour différent. Nathan était installé à une table de la bibliothèque avec une pile de livres devant lui. Pourquoi ? Et bien car il avait eu la réalisation le matin même qu’il voulait connaitre plein de sorts pour savoir faire plein de choses. Dans les cours on apprenait des techniques, les sorts de base, certes, mais il voulait être plus fort que tout le monde et pouvoir inventer plein de chose ! ~~un jour il serait le plus grand inventeur du Monde~~

Mais un Nathan qui va à la bibliothèque, il ne fait pas les choses à moitié. Il avait investit une table entière de quatre places dans un coin de la bibliothèque situé à une distance de sécurité de la vieille et des autres tables. Toute personne manifestant ne serait-ce que le moindre petit regard vers l’une des places vide à côté se prenait un :

« C’est occupé, vas ailleurs »

Il avait mit sa cape sur l’une des chaises, son sac sur une autre, des livres sur la troisième et ses fesses sur la dernière.

Il était alors plongé dans un livre de sortilèges, mais baillait de plus en plus souvent. Il commençait à sauter une ligne sur deux et à regarder les lettres sans savoir ce qu’il lisait. Il était là depuis une demi-heure à peine et sa bonne intention du matin semblait déjà très loin et complètement stupide. Quel intérêt de savoir la vie de ceux qui avaient inventé tel ou tel sort. Pourquoi à aucun endroit il n’était écrit exactement : « pour changer quelqu’un en crapaud il faut faire tel sort de telle manière …

Nathan leva la tête, il se dit qu’il faisait une petite pause puis qu’il essaierait de trouver quelque chose de plus intéressant dans un autre livre. Durant sa petite pause, il se dit qu’il valait autant s’amuser. Il déchira un petit bout d’une page d’un livre d’une de ses piles, le mit en boule puis lança un wingardium leviosa deçu et le dirigea vers la table un peu plus loin avant de le laisser tomber .

Il fit ensuite mine de se replonger dans son livre en regardant en coin si son bout de papier avait touché quelqu ‘un...

[HRP]Voilà, c’est pas ce qui se fait de mieux sur le marché en ce moment, mais je m’y remets doucement. J’espère que ça t’iras.[/HRP]

La fin d’année approchait à grand pas, et les élèves qui passaient leurs examens au mois de juin venait brusquement de se rendre compte qu’il ne leur restait plus que quelques semaines pour enfin savoir réaliser correctement un Philtre de Paix qui n’exploserait pas au bout de la cinquième minute, un sortilège de Disparition si possible suivit de celui d’Apparition, ou encore un sortilège d’Oubliette qui n’irait pas se retourner contre eux. Autant dire que presque le tiers de la population poudlarienne avait déserté le parc et les rives du lac pour aller envahir les bancs, fauteuils, chaises, tapis et parquets des salles communes et de la bibliothèque. C’était cette subite effervescence qui avait jeté Fabula hors de la Tour Ouest : si d’ordinaire la coexistence entre les plus jeunes années et les plus vieilles se faisait de manière assez pacifique à Serdaigle, les examens avait ravivé la flamme du "chacun pour soi", et beaucoup s’étaient vus priés de libérer les lieux. Fabula avait donc pris plumes, parchemins et bouquins pour se rendre à la Bibliothèque, espérant que les nombreuses réprimandes de l’irritable Mrs Pince avait fait fuir assez de monde pour qu’elle y trouve une place.

Malheureusement, les révisions avaient eu raison de la vieille bibliothécaire, et la démographie de la salle avait explosé. Fabula erra quelques instants entre les tables sans apercevoir la moindre chaise libre. Alors qu’elle sentait le moment venir où elle allait devoir travailler dans le parc, installée inconfortablement par terre, seule avec le soleil et les fourmis, elle entrevit le vol gracieux d’une boulette de papier. Un peu plus loin une chevelure blonde dépassait de derrière un livre où l’intitulé apparaissait à l’envers. Ces trois éléments pris en compte n’importe quel élève, même de Poufsouffle, aurait pu deviner de qui il s’agissait, bien que le fait de le trouver dans un tel endroit était assez surprenant. Vérifiant que Mrs Pince était trop occupée à sermonner cinq Gryffondor qui avait eu le malheur de s’installer à une table de quatre, elle sortit sa baguette et murmura un « Waddiwasi » en direction de la boulette qui s’était échouée par terre. Celle-ci fusa pour rebondir sur le front à découvert de Nathan.

- Je crois que tu as perdu quelque chose, McLane, lui dit-elle froidement en dégageant la cape qui occupait l’une des dernières chaises restées libres.

Car il n’y avait à vrai dire aucune autre raison pour que Fabula s’approche de cet ahuri qui se croyait malin (les pires de tous…). Entre les fourmis et Nathan elle avait choisi ; sans doute car elle n’imaginait pas encore le quart de ce que le garçon était capable de faire. De toute façon, il n’était pas en position avantagée cette fois, Mrs Pince faisait preuve de la même impartiale partialité quand il s’agissait de jeter les élèves dehors. Si Nathan allait la dénoncer pour son retour de boulette, ou se mettait à râler un peu trop fort parce qu’elle s’installait, ils se feraient renvoyer tous les deux. Ainsi elle n’aurait rien gagné mais entraînerait Nathan dans sa chute, ce qui serait au moins un lot de consolation. Elle n’avait pas oublié l’épisode de la plume, et elle était mauvaise perdante. Mais elle n’allait pas non plus gaspiller son temps à tramer une quelconque vengeance, et jusqu’à là elle s’était simplement appliquée à le détester avec soin, sans rien tenter. Sans prêter attention au Serpentard, elle commença à déballer ses affaires : un parchemin ou seul le titre « Etude simplifiée des sortilèges de défense magique » trônait, une plume, et l’ouvrage d’Eskivdur. D’ailleurs c’était sa faute s’ils devaient maintenant s’imposer mutuellement leurs présences, alors mieux valait-il pour lui qu’il ne se fasse pas trop entendre.

Regard se voulant innocent et concentré sur le livre de sortilèges. Vif détournement des yeux dans la direction de la table d’en face. Aucune réaction des occupants

Chpouic un truc sur le front. Aie.

Nathan fit un bon en arrière et grogna sous le choc du projectile sur son fragile visage. Il se massa ensuite le front pour faire passer la douleur tout en scrutant le périmètre, l’air beaucoup moins amusé. On pouvait lire la perplexité dans son attitude, bien que l’ignorance de la raison de son mal le retenait d’exposer plus vivement son énervement. Personne mieux que lui ne savait que l’extase du fouteur de merde réside en grande partie dans la réaction stupide et paumée du piégé. Il n’avait généralement pas l’habitude d’être de ce côté, ce qui était d’autant plus rageant. Il aperçu le petit coupable sur sa table et le reconnu comme sien. C’est ce que l’on peut appeler un beau retour à l’envoyeur.

A peine le temps de faire la girouette à la recherche du renvoyeur, il vit Fabula venir vers lui. Elle avait eu l’immense honneur de servir de cobaye pour une expérience plumiesque des plus intéressantes… Sa remarque lui confirma qu’elle était la seule et unique suspecte de sa courte investigation.

Il ne broncha pas alors qu’elle s’installait à côté de lui et déplaçait sa très chère cape de façon assez brusque. Il se contenta d’un sourcil levé tout en la fixant pendant son manège. Il prit ensuite délicatement sa cape pour la replier à sa façon et la mettre à côté de lui de l’autre côté de Fabula. Il s’assit confortablement sur le fond de sa chaise et mit son livre debout sur la table. Puis, fixant la page devant lui, il lui dit d’un ton calme et bas pour éviter d’énerver la Pince :

« Bien installée? »

Il vérifiait que tout témoin ne les entendant pas ne voit que deux élèves assis dans la bibliothèque avec des livres.Il continua comme s'il lui parlait de la pluie et du beau temps, tournant les pages une à une:

« Tu sais que tu n’es pas bienvenue à cette chaise »

« Tu devine que je ne vais pas te laisser travailler tranquillement »

« Alors si on passait directement à la phase où tu te lève ? »

Il tourna alors légèrement la tête vers elle pour marquer sa dernière phrase en lui faisant un grand sourire des plus faux. Il prit ensuite une plume à lui qui n’avait rien de plus qu’une plume normale et la lui tendit en lui faisant un petit clin d’œil.

« Cadeau d'au revoir »

Il était difficile de faire une scène dans la bibliothèque avec l’autre bulldog qui ne faisait que grogner à chaque murmure un ton trop haut. S’il avait été facile de virer des élèves de sa table (la plupart plus jeunes ou tout simplement facilement intimidables) depuis son installation dans la bibliothèque, il était plus qu’évident que la Serdaigle serait plus résistante et surtout qu’elle avait des raisons de ne pas vouloir lui faire de cadeau.

Il avait donc décidé de commencer par une petite intimidation et surtout par un rappel de leur première rencontre qui devait rester encore au travers de la gorge de la jeune fille. Avec un peu de chance elle préfèrerait ne pas le tenter, même si Nathan lui même n’avait absolument aucune idée de ce qu’il pourrait faire. Encore mieux, il réussirait peut être à la pousser à bout pour qu’elle se fasse virer sans qu’il n’ait à lever le petit doigt.

Mais peut être avait-il prit trop confiance en lui pendant cette année et ne savait-il pas non plus la force et la patience dont pouvaient être capables des oisillons …

Le sortilège de Waddiwasi avait fonctionné à merveille. Certes, la puissance de ses sorts laissait encore un peu à désirer, mais la trace rouge qui commençait à se dessiner sur le front de Nathan, la première d’une longue série si le garçon avait décidé de s’acharner, la satisfaisait amplement. C’est qu’il commençait sérieusement à lui casser la baguette, celui-là. Tiens, elle aurait dû lui faire le même retour à l’envoyeur avec l’histoire de la plume. C’était bien ce qu’elle s’était dit à un moment, avant de conclure qu’il n’en valait pas la peine. A vrai dire, c’était plus parce qu’elle n’avait strictement aucune idée du sortilège qu’il avait employé que par désintérêt. Apprendre des enchantements, oui ; travailler leur puissance, bien sûr. Mais de là à en bricoler de nouveau… Il fallait être un idiot sans autre ressource pour tomber aussi bas. Et elle avait bien décidé de le traiter comme tel.

Comme prévu, il ne réagit pas lorsqu’elle s’installa, récupérant sa cape d’un air offusqué. S’il n’était pas content, il n’avait qu’à faire la punition qu’elle s’était récoltée en Défense Contre les Forces du Mal à cause de lui. Pendant que Fabula déballait ses affaires, on n’entendait plus que le bourdonnement des autres élèves, rythmé par les réprimandes de la bibliothécaire. Puis le grattement de la plume vint couvrir le silence tendu qui régnait à leur table. « La défense magique constitue un art subtil, dont la finesse et la subtilité ne peuvent être en totalité relevées par les sorciers de trop jeune âge. C’est pourquoi nous commencerons leur étude sur une base simplifiée, compréhensible par tous les esprits. »

- Bien installée ?

Il avait donc décidé d’être chiant, aujourd’hui aussi.

- Très bien, McLane, lui dit-elle sans relever la tête, merci.

« Contrairement à ce que d’aucun pourrait penser, la défense magique n’use, et par ailleurs n’abuse, pas de magie. Bien au contraire, si sa pratique vise effectivement à préserver de toute atteinte magique sa propre personne, il n’y a ni nécessité ni corrélation qui puisse établir que, pour s’en protéger, il faille user de magie. »

- Tu sais que tu n’es pas bienvenue à cette chaise ?

Est-ce que quelqu’un pourrait-il mettre un terme aux souffrances de cette pauvre bête, et la faire taire une bonne fois pour toute ?

- Bien sûr que je le sais, idiot, rétorqua-t-elle d’un air indolent, encore une fois sans relever la tête, je suis à Serdaigle, je sais tout.

« Ainsi, la meilleure stratégie de défense reste encore la parole, ce don aussi précieux et émouvant que celui de la magie. »

- Tu te devines que je ne vais pas te laisser travailler tranquillement.

Fabula crispa légèrement sa main qui tenait la plume, faisant un pâté sur son parchemin, ce qui l’énerva d’autant plus. Ne pas réagir, l’ignorer… Sans réaction, il finira sûrement par se lasser tout seul. Si elle tenait jusqu’à là. « Mais si, en dernier recours, votre interlocuteur semble ne pas pouvoir ou ne pas vouloir privilégier l’échange par la parole, alors peut-être vaut-il mieux préférer la fuite. Sans être un acte de lâcheté, ce que beaucoup pense à tord, la fuite est un acte de courage et de respect envers autrui et soi-même : ne pas riposter, c’est préserver l’autre et se préserver soi-même. »

-Alors si on passait directement à la phase où tu te lèves ?

Et si elle passait directement à la phase où elle lui écrasait le bouquin d’Eskivdur sur sa tête blonde, histoire de faire d’une pierre deux coups ? Non mais c’est vrai à la fin ; tant de débilités et d’élucubrations qui lui tombaient ainsi dessus en même temps, elle ne l’avait pas mérité. Bon d’accord, elle n’avait pas toujours été très correcte avec ses tuteurs, elle ne finissait jamais les plats qu’elle n’aimait pas, et n’hésitait pas à mentir quand ça l’arrangeait, mais elle n’avait jamais dépassé la limite, du moins celle qu’elle s’était fixée. Elle releva la tête, juste à temps pour croiser le sourire carnassier de Nathan.

- Cadeau d’au revoir, lui dit-il en lui tendant une plume.

Le regard de Fabula se figea.

- Vraiment très drôle ! s’exclama-t-elle sans plus faire attention.

Elle lui arracha la plume des mains, la brisa et jeta ses débris par terre. Aussitôt, elle sentit quelque chose de froid et de piquant se planter dans son dos. Se retournant précautionneusement, elle aperçut Mrs Pince l’observer au-dessus de ses lunettes. Cible lockée, prêt à faire feu. Fabula s’empressa de se lever en marmonnant quelques excuses et ramassa les détritus pour les jeter dans une poubelle, un peu plus loin. Maintenant, ça suffisait. Elle ne cherchait pas les ennuis – généralement c’étaient eux qui la trouvaient – mais elle savait y répondre. Petit à petit, elle sentait la colère s’insinuer en elle, lui chauffer les joues et faire courir des fourmis dans ses doigts. Mais maintenant c’était une grande fille, elle savait se contrôler, et elle n’avait plus eu qu’une seule vraie crise de colère cette année. N’empêche, ça s’était tout-de-même soldé par un Lancétincelles lâché dans un couloir, heureusement désert.

De retour à table, elle avait décidé de contre-attaquer. Parler ne servait à rien, elle en tenait pour seule preuve qu’Ombrage leur avait enseigné le contraire. Il fallait donc agir. Environnement hostile, ennemi de type troll – pas particulièrement intelligent, mais tenace et néanmoins dangereux. Les circonstances lui laissait peu de marge de manœuvre.

- Qu’est-ce que c’est que ça ? demanda-t-elle sans attendre la réponse en lui arrachant le livre qu’il tenait.

Dans la famille Aegis, c’était le frère qui aimait se donner du mal et perdre son temps pour les jeux d’échecs et les stratégies retorses, pas elle. Le plus simple était de contrer Nathan à son propre jeu. Il voulait l’empêcher de travailler, elle ferait de même. Elle regarda le titre du livre que Nathan était en train de "lire" (Nathan pouvait-il seulement lire ?) : Sorts et contre-sorts (ensorcelez vos amis et stupéfiez vos ennemis avec les sortilèges de Crâne Chauve, Jambencoton, Langue de plomb et bien d’autres encore). Parmi la pile d’ouvrages installée sur une chaise, on pouvait encore lire, entre autre, Les pouvoirs que vous avez toujours eu sans le savoir et comment les utiliser maintenant que vous êtes un peu plus sage, ou Roueries ou fourberies pour sorciers hardis. Incroyable. Nathan avait-il donc des velléités de devenir un sorcier, un vrai ?

- Et c’est maintenant que tu te réveilles ? Enfin, on est doué ou on ne l’est pas.

Quoiqu’il en soit, elle plaignait sincèrement ses nouvelles victimes, et encore plus ses proches (qui devaient certainement entrer dans cette catégorie). Il planait désormais sur le monde poudlarien une menace bien plus grande que celle dont ce Potter ne se lassait pas de clamer. Tandis qu’elle lui rendait son livre d’un air mi-amusé, mi-dégoûté, une idée lui traversa l’esprit.

- Si tu veux, je pourrais t’en apprendre un ou deux…

Sourire poli et inexpressif dont elle avait fait sa spécialité au fil des mois auprès des professeurs.

- Mais crois-moi, rien ne vaut la pratique. Regarde bien, tout est dans le poignet.

Elle effectua quelques mouvements de poignet dans le vide, avant de chuchoter une nouvelle fois « Waddiwasi » en visant la boulette de papier échouée. Celle-ci fusa pour s’écraser cette fois sur la tempe gauche de Nathan.

- Bon, et maintenant que je travaille, entraine-toi un peu, conclua-t-elle d’un air presque maternelle en parvenant difficilement à réprimander un rictus.

C’était risqué ; mais il lui avait fallu des mois pour maîtriser ce sortilège, alors nul doute que le Serpentard mettrait des années. Elle reprit sa plume, et recommença à gratter le parchemin des précieux enseignements d’Eskivdur.

Faboubou VS Nathoutou, suite :

Le moineau était tenace et résistait aux réflexions de Nathan. Elle ne répondit pas à son invitation de dégager les lieux et trouva même réponse à tout. Mais avec la plume il avait touché un point sensible, vu ce qu’elle venait de réserver à celle qu’il venait de lui tendre : décapitation sans procès.

« Ce n’est pas très gentil de casser un cadeau », avait-il répondu en réprimant difficilement un grand sourire victorieux.

Mais elle ne quitta pas le navire pour autant et prit le vent ouest pour lui revenir droit dessus (pas de remarque sur la super métaphore ). Elle lui prit son livre. Il était un peu gêné car il ne voulait pas passer pour un élève studieux, il préférait le type "je m’en fou mais je suis meilleur que tout le monde sans bosser, et toc". Plus facile en théorie.

Il joua donc avec son pot d’encre sans faire attention aux réflexions de la jeune fille. Il sentit bien la boulette sur sa joue tout de même et retint la phrase "t’apprendre des trucs". Il prit avec rage la petite boulette de papier qui était retombée sur la table avec la grande envie de lui faire avaler. Mais Pince semblait regarder de leur côté. Il fit donc un grand sourire des plus faux et tapota nerveusement sur l’épaule de Fabula pour faire croire à Pince que tout était ok.

D’où connaissait-elle le sort wadiwasi ? Comment ça elle allait lui apprendre des trucs ? Il avait bien un an de plus qu'elle, ce n’était pas juste qu’elle en sache plus que lui. Elle devait prendre de l’avance dans toutes les matières pour savoir des trucs qu’il n’avait jamais vus en cours. Il se dit qu’il devait vraiment commencer à faire lui aussi des cours tout seul, on n’apprenait rien dans cette école !!

« Manière je suis sûr que tu peux même pas viser le lustre là bas au bout avec ce sort »

Mieux valait ne pas suivre son jeu. Il ne voulait pas qu’elle le voit rater. Mais il avait bien retenu ce sort et comptait bien s’entrainer le soir tout seul, il semblait bien plus pratique que wingardium leviosa dans certaines situations et qui sait quand les professeurs daigneraient leur apprendre.

Mais sur le coup, il avait l’air malin à en connaitre moins qu’elle. Beaucoup de noms d’oiseaux lui vinrent en tête pour qualifier sa voisine. L’envie lui prit même de lui lancer un crane chauve, appris récemment, rien que pour voir sa tête. Mais ce serait trop visible et il risquait bien trop.

Une fois Pince partie dans un coin éloigné à classer des bouquins probablement, Nathan s’empara lui aussi du livre de la Serdaigle. Pas très original sur le coup, mais elle savait ce qu’il lisait, lui aussi voulait savoir ce à quoi elle s’occupait, juste pour se sentir à égalité de connaissance de l'autre.

C’était un livre d’Eskivdur. C’était le bouquin qu’Ombrage leur faisait lire en cours. D’un air moqueur, il lui dit :

« Tu t’entraines aussi à lire pour le cours? Et tu le recopies en plus ? C’est pour ça que vous êtes toujours si "bons" en classe, vous faites tout avant pour faire genre vous êtes les meilleurs au moment du cours . Pff !! C’est que vous êtes peureux et avez besoin de plus de temps pour réussir en fait. Des poules mouillées vous êtes oui, pas des aigles.»

Si une balance imaginaire symbolisait qui avait l'avantage, Nathan se visualisait en train de la faire retomber franchement de son côté. Fesses de Pince en vue au loin, il ferma le livre avant de le mettre à plat devant lui et de pousser un grand coup pour le faire tomber de l’autre côté de la table.

« Oups »

Gamin sûrement, mais qui a dit que pour irriter quelqu'un il fallait être fin ?

La pensée d’abandonner, de quitter sa place et Nathan d’un air hautain et dédaigneux, signifiant clairement « tiens regarde, moi je sais m’arrêter, je suis plus intelligente et plus adulte que toi, alors continue de jouer tout seul dans ton bac à sable » l’avait bien effleurée l’espace d’un instant. Mais juste un instant, car Fabula n’était pas une adulte et n’avait jamais eu la prétention de l’être, comme toutes ces gamines horripilantes qui jouaient à la poupée et surveillaient leur petit frère, non pas pour veiller sur lui mais pour le simple plaisir de lui commander. Et puis surtout, elle ne savait pas s’arrêter. Partir maintenant, cela revenait à voir s’abattre la honte et le déshonneur sur son nom. Jamais elle ne l’aurait supporté. Nathan venait de déclencher une guerre à Poudlard, une guerre d’envergure certes limitée mais meurtrière, dont l’issue était aussi incertaine que les deux belligérants étaient entêtés. Et aujourd’hui, lors de cette nouvelle bataille qui avait lieu à la Bibliothèque, née des répercussions de celle du cours d’Ombrage, ce serait le premier qui se lèvera qu’aura perdu. Nathan tendit une main faussement amicale qui vint se poser et rebondir mollement sur l’épaule de Fabula, geste ayant pour seul but d’apaiser la colère des dieux gardiens du lieu, dieux acariâtres qui supportaient difficilement de voir leur sanctuaire ainsi profané.

- Pauvre tâche, lui adressa-t-elle simplement d’un air indolent en lui pinçant le dos de la main.

Un emprunt de livre et quelques autres bassesses plus tard, Nathan descendit encore de quelques étages dans l’estime de Fabula, si tant était qu’il le pouvait encore (plus bas que le sous-sol, qu’est-ce qu’il y avait ? les Enfers ? il y avait effectivement sa place cela dit – un bon Nathan étant un Nathan mort).

- Manière je suis sûr que tu peux même pas viser le lustre là-bas au bout avec ce sort.

Après une telle démonstration de finesse et d’esprit, Hagrid et les Scroutts à Pétards du monde entier pouvaient aller se rhabiller, ils avaient trouvé leur maître.

- Tu me prends vraiment pour une bavboule, ou quoi ? Bien sûr que je le peux, mais je le ferai pas.

Comment pouvait-on être niais à ce point ? Ou Nathan était particulièrement stupide, ou bien il la prenait pour quelqu’un de particulièrement stupide. Dans tous les cas, elle se ferait un plaisir de lui démontrer à nouveau qu’elle lui était en tout point supérieur. En fait, elle n’eût même pas à intervenir, et le Serpentard prit seul l’initiative de se rabaisser un peu plus : comme elle l’avait fait quelques instants auparavant, Nathan ne trouva rien de mieux à faire que s’emparer à son tour de son propre livre. Typique du gamin qui se retrouve dos au mur, et qui ne trouve rien d’autre à faire pour riposter que de copier les faits et gestes de son agresseur. Et aussi par la même occasion excessivement exécrant. Puis arriva la contre-attaque orale. ~~Et là, c’est le drame.~~

- Espèce de… fils de troll… laissa-t-elle échapper entre ses dents (et lorsqu’elle devenait grossière, on était jamais loin de se prendre un sortilège de Lancétincelles dans laggle). Tu sais très bien à cause de quel crétin attardé je dois recopier ce cours de bouse.

Et comme un coup bas n’arrivait jamais seul, Nathan en profita pour envoyer le livre s’écraser à l’autre bout de la table. Le bruit mat fut suivi de celui plus aigu d’une chaise qu’on fait reculer. Fabula se leva mécaniquement, sans souffler un mot ou même jeter un regard en direction de Nathan – il lui fallait à cet instant mobiliser toutes ses forces pour ne pas laisser éclater une colère qu’elle s’efforçait de contenir froidement. Elle se dirigea vers l’ouvrage d’Eskivdur et se baissa pour le ramasser, sa main tremblait légèrement. Au passage, son regard croisa les livres que Nathan avait empilés sur une chaise. Non… Les renverser à son tour, cela reviendrait à patauger dans la même mare que lui. Et c’était exactement le genre de comportement enfantin qu’elle blâmait. Elle devait trouver quelque chose d’autre.

De retour à sa place, son livre désormais corné en main, Fabula adressa son plus beau sourire à Nathan. Pas celui qu’elle réservait aux professeurs en entrant en classe, ni celui qu’elle avait lorsqu’un de ses camarades faisait ou disait quelque chose de particulièrement idiot. Elle souriait de la même façon qu’elle l’aurait fait devant un plat appétissant.

- Bon, on est parti sur de mauvaises bases tous les deux… Enfin, c’est sûr que tu ne m’aimes pas, et je ne t’aime pas non plus. Mais ça n’empêche pas… ça n’empêche pas qu’on puisse s’entendre. J’ai un marché à te proposer.

Elle fit une légère pause. Un silence interrogateur s’installa sur leur table tandis qu’elle continuait de fixer Nathan dans les yeux, tout en souriant.

- Alors… Tu veux que je t’apprenne le sortilège Waddiwasi, pour de vrai je veux dire ? Et puis… tiens, je pourrai aussi faire tes devoirs de Défense Contre les Forces du Mal pendant deux semaines – pas plus hein.

Le prix qu’elle venait de fixer était cher, très cher à ses yeux et pour son amour-propre. Mais si ça marchait, le jeu en valait la chandelle.

- En échange… je voudrais que tu m’apprennes ton sortilège, avec la plume ensorcelée.

Joignant le geste à la parole, elle ouvrit son livre de DCFM à la première page, presque vierge hormis le titre, et fit glisser l’ouvrage jusque sous ses yeux. Puis elle lui tendit une plume.

- Pour ta démonstration… Alors, qu’est-ce que tu pourrais écrire comme première phrase… Pour rire un peu, elle baissa encore un peu la voix, si bien qu’à la fin elle murmurait à peine, quelque chose comme « Pince est une dinde rageuse qui en pince pour Rusard ».

La manœuvre était toute aussi grossière que celle employée par Nathan il y avait de cela quelques instants à peine, et vu comme cela, il n’y avait absolument pas de quoi être fier.

Situation :
Flash back d’environ un an :sifle: Nous sommes dans la bibliothèque, ~~la coupe de quidditch n’est pas encore totalement perdue pour Serpentard~~. Faboubou n’est pas encore ridée et Nathoutou, hum, a un an d’innocence supplémentaire

Cette serdaigle devenait agaçante, entre le bout de papier sur le front et le pincement, elle commençait à s’en prendre physiquement à notre pauvre Nathou qui n’avait rien demandé Il ne répliqua pas et attendit de voir ce que cela donnait, tout en restant sur ses gardes pour être paré à la prochaine attaque. Elle n’était pas tombée dans le piège du lustre, ce qui était à prévoir, au moins il aurait tenté. Il ne pu contenir plus longtemps son sourire lorsqu’elle expliqua pourquoi elle lisait et recopiait le livre de Défense contre les forces du mal. Il avait complètement oublié la punition qu’elle avait eu au cours où il l’avait piégée avec la plume. Le fait de la voir si énervée et d’avoir involontairement amené le sujet de façon innocente était un délice. Sourire qu’il garda ensuite lorsqu’elle se leva pour aller chercher le livre balancé par terre quelques secondes avant. Des tonnes de répliques titillaient ses lèvres, mais au final le simple fait de la regarder de sa chaise était satisfaisant. Par contre ce n’était pas normal qu’elle se mette à sourire aussi ensuite. Cela enlevait le brin de plaisir supplémentaire qui faisait tout l’intérêt d’embêter les gens.

Le moment qui suivit fit balancer la situation présente de petits coups bas entre deux ennemis vers tout autre chose. Elle lui proposait un marché. Etait-il raisonnable de considérer un échange proposé par une Serdaigle ? Pouvait-on vraiment faire affaire avec des corbeaux ? Nathan la regarda sérieusement cette fois pendant tout son exposé du deal. Elle voulait donc sa formule de la plume ensorcelée ? La recherche de savoir Serdaiglesque n’avait donc aucune limite ? Cela semblait donc vrai qu’ils étaient la maison la plus proche de Serpentard finalement. Il fit durer le silence après la proposition de Fabula, la fixant pour faire durer le suspense et surtout pour réfléchir à ce qu’il allait répondre.

« Pas les devoirs de Défense contre les forces du mal mais les devoirs d’histoire de la magie et puis pendant un mois, pas deux semaines. »

Autant essayer de négocier un minimum, Nathan n’aimait pas dire oui franchement. Elle voulait qu’il lui montre tout de suite le sort de la plume, ce qui risquait d’être problématique.

« Tu sauras la moitié aujourd’hui, la moitié à la fin du deal. Sinon je n’ai aucune garantie que tu feras ce que tu as promis.»

Il ne pouvait pas lui avouer que le fameux sort il ne le connaissait pas puisque la plume était un des nombreux gadgets disponibles en grande quantité dans un magasin de farces et attrapes. Il fallait donc y aller par étape. Il essaya de trouver quelque chose à lui raconter pour rester convainquant. Il doutait que cela marche mais il ne pouvait de toute façon rien lui donner de concret.

« Alors déjà, il faut prendre la plume en main et écrire soit même les mots que l’on veut lui faire écrire une première fois, comme ça : »

Il écrivit donc avec la plume :

Citation :: Pince est une dinde rageuse qui en pince pour Rusard

« Il faut ensuite poser la plume sur la phrase écrite, comme ça puis avec la baguette viser et dire : Plumiae … hum

« Le mot à la place du "hum", tu le sauras dans un mois »

Il espérait en avoir assez fait sans être convaincu lui même que cela passe. Elle voudrait probablement une preuve un peu plus tengible elle aussi. Mais comment faire affaire lorsque aucun ne fait confiance à l'autre? Tellement concentré à trouver une entourloupe, il ne pensa pas une minute qu’il venait d’écrire un mot de lui même sur Pince … Tel fut alors pris qui croyait prendre ou bien l’aiglonne était-elle vraiment sincère ?

« Et sinon waddiwasi là, faut le dire rapidement et sèchement ou plus doucement en prononçant distinctement ? »

Après qu’elle lui eût proposé le marché, Nathan laissa le silence planer à leur table. C’est qu’il fallait laisser le temps à l’information de remonter jusqu’à son cerveau, puis à ce dernie celui de l’analyser. Mieux valait ne pas être pressé. Fabula fixait attentivement son voisin, un sourire léger mais intéressé accroché aux lèvres, tandis que ses doigts pianotaient d’un rythme régulier sur la surface de bois en signe de son impatience. Il lui était difficile au possible de ne pas éclater de rire en cet instant, d’une part face à ce visage qui mêlait de façon presque attendrissante perplexité et méfiante, et d’autre part à l’idée du mauvais coup qu’elle lui préparait. Vraiment, son génie n’avait aucune limite, et avant même d’avoir la certitude de pouvoir réellement mener son opération à bien elle avait déjà prévu d’en raconter les moindres détails à Tobias. Enfin une vraie histoire drôle, ça allait les changer de celles qu’ils avaient l’habitude de trouver dans les emballages de ces bonbons moldus qu’ils dévoraient (toujours les mêmes, et d’une spiritualité navrante) – jusqu’à l’entrée à Poudlard de Fabula et leur découverte des bonbons sorciers, cent fois meilleurs.

- Pas les devoirs de Défense Contre les Forces du Mal mais les devoir d’Histoire de la Magie et puis pendant un mois, pas deux semaines.

La réponse de Nathan la fit redescendre sur terre en même temps que son sourire se figea. Bah, de toute façon si son plan fonctionnait tout serait terminé dans les cinq ~~mois~~ minutes à venir. Elle n’avait donc pas à s’en faire. Et si cela ne marchait pas, tant pis, rien ne l’obligerait à faire les devoirs de cet abruti. Après tout, ce n’était pas comme si le mystère de cette plume ensorcelée l’intéressait vraiment. Mais elle ne devait pas non plus avoir l’air de réagir positivement aux conditions du Serpentard – qui attestaient qu’il allait accepter le marché – sinon son bel effet serait ruiné. Pinçant les lèvres et fronçant légèrement les sourcils dans une moue mécontente, comme lorsqu’elle perdait une partie de belotte sorcière contre son frère, elle ajouta pour la forme :

- Trois semaines et pas un jour de plus.

Si elle avait accepté directement cela aurait sans doute semblé louche, comme si ça l’arrangeait – ce qui au fond était le cas. Le ton était sec et la phrase affirmative : plus aucune contestation ne serait admise. Nathan acheva de poser ses conditions préalables, ne lui promettant de lui expliquer dans un premier temps que la moitié de son petit tour de passe-passe. Pour être sûr qu’elle fasse ce qu’elle lui avait dit, qu’il disait… Finalement peut-être que le Serpentard était l’heureux possesseur d’un peu plus de deux pauvres neurones qui se battaient en duel. C’était une sage décision ; du moins ça l’aurait été en temps normal, mais aujourd’hui elle ne le sauverait en rien. Fabula acquiesça d’un bref « Bien sûr » en soupirant et levant les yeux au ciel afin d’essayer de faire passer son impatience pour de l’exaspération. Toute fixée qu’elle l’était sur son objectif final, elle ne remarqua pas non plus l’air hésitant mais calculateur à peine voilé sur le visage de Nathan. A vrai dire, elle ne fit plus attention à grand-chose lorsqu’elle le vit s’emparer de la plume et commencer à écrire. « Pince… dinde… en… Rusard… » Incroyable, il avait été jusqu’à retranscrire exactement la phrase qu’elle lui avait citée en exemple. Même en élaborant son plan elle n’en avait pas espéré tant de sa part, la cerise sur le gâteau en quelque sorte. Puis il posa la plume et lui expliqua quelque chose. Fabula ne l’écoutait plus qu’à moitié : elle avait réussi.

- Merci Nathan, mais je voudrais d’abord te montrer un autre sortilège, lui dit-elle dans un sourire presque amical pour toute réponse à sa dernière question.

Elle se pencha au-dessus de la table pour récupérer le livre qui se trouvait encore sous le nez de son voisin en le laissant ouvert et en le faisant glisser jusqu’à elle, comme elle l’avait fait un peu plus tôt pour le lui donner. Le titre « Théorie des stratégies de défense magique » ne trônait plus seul sur la première page désormais, tristement accompagné qu’il l’était de la dédicace de Nathan. Fabula sortit sa baguette, la pointa en direction du livre et prononça en murmurant la formule « Finite Incantatem ». A cet instant, les lettres se métamorphosèrent, l’encre serpenta sur le papier, et le titre original mais préalablement camouflé par les soins de Fabula reprit ses droits : « Roueries et fourberies pour sorciers hardis ».

- Mince, je crois qu’on s’est trompé Nathan, fit-elle remarquer en se mordant la lèvre inférieur d’un air sérieux. Ce n’était pas mon manuel de DCFM sur lequel tu viens d’écrire, mais un des livres que tu as emprunté. Quand tu as balancé cette œuvre exceptionnelle d’Eskivdur (qui mériterait un peu plus de respect de ta part quand même) à l’autre bout de la table, j’ai dû ramasser par erreur un de tes bouquins à la place. Et au passage j’ai dû, par erreur aussi, le soumettre à l’un des sortilèges qu’on a étudié cette année en Métamorphose, celui qui portait sur l’encre.

Ainsi, elle avait profité de disparaître l’espace d’un instant aux yeux de Nathan pour effectuer rapidement sa petite manipulation. Peut-être avait-il pensé alors qu’elle avait utilisé ce temps pour se calmer, respirer un bon coup, d’autant plus qu’elle était soudainement réapparue de derrière la table le visage serein et avenant. Mais c’était l’idée qui venait de germer dans sa tête qui avait surtout joué là-dessus.

- Bon tu m’excuseras, mais je m’en vais faire ce que tu sais sûrement que je vais faire. Tu m’as collé Ombrage, je te colle Pince.

Se retenant tout juste de lui tirer la langue de manière infantile, elle fit glisser d’un même geste toutes ses affaires dans son sac et se leva sans s’attarder, le précieux ouvrage souillé de Nathan sous le coude. Leur bibliothécaire entrait déjà dans une rage folle à la moindre page cornée, alors là de l’encre profane, en provenance directe de la plume d’un élève indiscipliné, sans morale, ni foi ni loi, les jeunes d’aujourd’hui j’vous jure ; ou c’était la crise cardiaque ou Nathan n’allait plus pouvoir profiter de ses week-end jusqu’à la fin de l’année. Fabula espérait que le pauvre cœur fragile de Pince survivrait. Alors qu’elle tournait déjà le dos à Nathan pour se diriger d’un même pas triomphant vers la bibliothécaire et sa ligne d’arrivée victorieuse, elle s’arrêta net et se retourna.

- Ah, pour le Waddiwasi, mieux vaut le prononcer rapidement. Mais le plus important c’est de bien se concentrer sur la trajectoire et le point final, en la traçant avec ta baguette et en donnant une petite secousse du poignet à la fin. Ce n’est pas à l’objet de deviner ce que tu veux lui faire faire.

Elle lui devait bien ça, après cette magnifique phrase assassine sur Pince que Nathan lui avait servie sur un plateau d’argent. L’instant d’après, Fabula allait trouver la bibliothécaire. Son casier judiciaire vierge et le petit sourire poli et contrit qu’elle affectait finirent de la disculper dans cette affaire et de signer l’arrêt de mort d’un certain blondinet. Elle ne resta pas pour assister au spectacle qui promettait d’être désolant : elle appartenait à la maison des aigles, pas des vautours. Avoir remporté cette manche lui suffisait amplement, même si elle doutait que Nathan en restât là. L’aiglonne dirigea ses pas en direction de sa salle commune pour y reprendre tranquillement le travail que l’intervention du gêneur avait momentanément interrompu. Elle n’était pas encore prête d’avoir terminé de recopier les chapitres d’Eskivdur donnés en punition par Ombrage. A cause de Nathan, elle en aurait certainement pour tous les soirs de la semaine, et même peut-être le week-end. Mais la sanction de Pince allait désormais tomber de son côté, en juste retour des choses. Le plumeur s’était retrouvé plumé : Nathan 1 – Fabula 1.

C’est ainsi que l’apparente innocente et faible Fabula Aegis révéla sa fourberie ainsi que son côté rancunier. Nathan ne l’avait pas vu venir une seule seconde, trop occupé à essayer de l’embrouiller de son côté. La maline avait préparé son coup et avait joué son jeu tout du long, se moquant de lui de A à Z, ce qui avait de quoi atteindre son égo pendant un bon bout de temps. Si tout ce qu’il avait ressentit pendant son exposition de la farce était de la rage et un sentiment de rat prit au piège, il y avait une pincée d’admiration pour ce tour qui était il faut le dire bien mené.

Il était resté attentif, se voulant impassible pendant qu’elle lui montrait bout à bout à quel point elle le menait par le bout du nez depuis qu’il avait posé ses fesses sur la chaise à côté d’elle. Il bouillonnait pourtant et ne pouvait contenir des rougeurs sur ses joues. Si ses bras avaient pu faire ce que sa tête voulait, il l’aurait étranglée sur le champ pour faire taire ces mots qui le heurtaient à chaque seconde. Mais il ne fallait pas montrer cette rage qu’il savait plus que tous être la récompense attendue du farceur lui-même. Il tenta d’esquisser un sourire forcé qui se voulait au dessus de tout. Le sentiment qu’il devait afficher était qu’il était satisfait de l’avoir poussée à faire un tour tout comme lui avait pu faire à son encontre. Il reste tout de même plus valorisant de ne jamais se faire soit même avoir. La voyant s’éloigner avec le livre à la main, il essaya de trouver rapidement une parade, mais rien ne semblait pouvoir récupérer quoique ce soit, il était fait.

Elle se retourna à propos du sort wadiwasi, le dernier pic qui finissait de l’achever. Non seulement elle se contre fichait de ce qu’il pouvait lui apporter, mais elle insistait sur sa supériorité dans une matière qu’il aimait pourtant particulièrement, tout en marchant vers sa condamnation. Il pensa bien sûr aussi sortir de là en courant, mais c’était trop affirmer la victoire de la bleue. En plus Pince aurait son nom et viendrait le chercher tôt ou tard. Il resta donc assis, attendant le doigt pointé de l’aiglonne dans sa direction puis la rage folle de la bibliothécaire. Il mit ses livres en pile, rapprocha la chaise de la table, posa les coudes et regarda en direction de son bourreau qui se ruait à présent vers lui. Aegis était déjà partie, ne savourant même pas le fruit de sa vengeance. Bien entendu il se fit engueuler sur place pendant dix minutes, recevant de temps à autre des postillons, se vit retirer des points et mis en retenu jusqu’à la fin de l’année pour ranger des livres dans la bibliothèque.

Sous le flot des paroles de Pince, il sentait une envie de sur-vengeance monter, se promettant de préparer de quoi lui rendre au quintuple cet affront. Au fond, ce n’était pas tant le fait de devoir affronter Pince ou toutes les punitions qu’elle pourrait lui donner, mais c’était ne pas perdre cette guerre qu’elle venait de provoquer, ou qu’il avait provoqué sans imaginer une riposte, en cours de défense contre les forces du mal. Il avait toujours cru que l’amusement était le défoulement et le dénigrement des plus faibles tout en étant toujours protégé soit même. Finalement il sentait comme une excitation face à cette ennemie qui se montrait de haut niveau et qui devenait plus une obsession qu’un simple souffre douleur.

*You will hear from me again Aegis !*

[The End]

.