Tout en balançant une pile de bouquins, traitant sur l’histoire de la magie, les sortilèges d’attaques ou même sur quelconques créatures magiques, Anazel passa une main nerveuse dans ses cheveux. Elle s’était installée dans un coin reculé de la bibliothèque (parce que y’a trop de bruit sinon) pour emplifier sa connaissance du monde de son père, autrement qu’avec les cours. Ces derniers, ennuyeux qu’ils étaient, n’avaient plus lieu en raison des examens, BUSE et ASPIC. Ca lui évitait de voir les sales tronches des profs et des gosses qui « partageaient sa vie ».

Elle tira la chaise qui racla le vieux parquet sombre, posa son sac sur la table, en sortit sa trousse en peau de serpent (HAHAHAHA j’avais envie… u_u), et déballa de quoi prendre des notes. Elle ouvrit le livre sur l’histoire de la magie et le feuilleta.

-C’est bientôt les vacances d’été. Je vais pouvoir retourner à Blackpool...

La brunette retint un sourire. Même un fou rire. Elle repensait à sa pauvre mère en train de moisir dans sa grande maison et elle espéra qu’elle prendrait feu à cause du soleil de l’été. Mais bon... en Ecosse... le soleil... Elle n'avait qu'à espérer qu'un domestique maladroit oublie un truc cramer dans la cuisine.

Bref.

-Il y a plusieurs domaines d’étude en magie… Comme l’arithmancie, les potions, la botanique, la divination… La métamorphose, c’était intéressant aussi.

Anazel notait n’importe quel détail susceptible de lui en apprendre toujours plus. Dans un rayon, elle était passée devant quelques livres sur la « cuisine magique » : un titre l’avait marqué, « Comment ensorceler son fromage ? ». Quel idiot fallait-il être pour s’intéresser à ce genre de truk ?

Elle soupira.
Elle en avait assez.
Elle voulait rentrer chez elle.

Elle avait passé l’année à se borner à écouter les cours, à réussir. Mais elle était seule. Toujours toute seule.
Elle posa son front contre son épais livre et son cahier de notes. Elle sentait son cœur s’essouffler, c’était douloureux.

Elle en avait assez.
Elle ne voulait plus être seule.

Mais s’attacher à des gens ? Qu’est ce que ça fait ? C’est dangereux ?

Elle eut envie de pleurer. Elle ne savait même pas ce que c’était que d’avoir quelqu’un sur qui compter.

Ses pensées dérivèrent sur sa dernière aventure aux toilettes. Avec les jumeaux aux cheveux blancs. Parfois, elle les croisait dans les couloirs. Et elle les regardait avec envie.

Elle ramena ses bras sur la table et mis sa tête dedans.
Elle en avait assez.

Elle entendit quelqu’un tirer une chaise et s’asseoir devant elle. C’est en relevant la tête qu’elle se rendit compte que les larmes dévalaient sur la peau blafarde de ses joues.

Anazel fut capturée par le regard d'un des jumeaux McGween. Elle avait de suite cru à Kelsey, la fille. Elle fut mise en doute quand elle dit :

-Alors, toujours avec le ciseau de ma soeur ?

Mais le doute fut remplacer par la gène: elle pleurait. Merde.
Un sanglot incontrolable la pris.
Elle baissa la tête, retombant dans un vlasque souvenir. La dernière fois qu'elle avait pleuré comme ça, c'était à la première lettre de son père, quand elle avait 8 ans. Dans la lettre, son père lui avait envoyé une chanson.

« J'ai vu une version de moi-même que je ne reconnaissais même pas.
Une étoile tombe sur le chagrin de quelqu'un qu'on ne verra jamais plus.
S'il te plait, ne pars pas, quelle que soit la force de ton cri,
Tout ce qu'il fera, c'est remuer silencieusement les pétales oranges.
J'envoie au loin les souvenirs dans ma paume,
Un adieu éternel alors que je continue à jouer.
Sur ma guitare, je joue le chagrin de quelqu'un qui est parti,
Et les cordes de mon coeur sont violemment pincées.
Dans le blanc pur tâché de chagrin,
Je traverserai le sable lointain et rouge... »

-...Le rythme de l'adieu..., chantonna Anazel d'une voix sourde et brisée.

Un raclement de gorge lui rappela qu'elle n'était pas seule. Elle leva alors la tête vers une mine interrogative.
Ses yeux lui faisaient mal. Les larmes dégoulinaient sur ses joues, incontrolables les traitresses, puis s'écrasaient sur son cahier. Son expression était béate, sa bouche était ouverte, son dos était courbé, ses bras sous la table. Elle ressemblait à une cinglée amnésique.
Après un clignement d'oeil qui laissa déborder une autre larme, elle dit d'une voix neutre :

-Pourquoi tu portes un uniforme masculin ? Et c'est un frère que tu as, pas une soeur... non ?

Anazel eut peur de faire une bêtise, mais c'était Kelsey en face d'elle, pas son frère.
C'était Kelsey McGween en face d'elle, pas son frère.
Pas son frère.
Pas son frère.

Mais avec la chanson de son père dans la tête, l'erreur ne pouvait pas être admise. Elle était sure d'elle. Elle était toujours sure d'elle.

Les roues de l'aube.

Kelsey sentit son coeur rater un battement. Elle n'en laissa rien paraitre et sortit par automatisme :

-Toudouum, game over, try again. Moi c'est Gabriel pas Kelsey, donc j'ai une soeur.

Pourtant à l'intérieur, ça bouillonnait.

Comment avait-elle pu dire ça alors que même les profs ne voyait rien ? Elle, qu'elle n'avait croisée qu'une fois ? Un coup de chance ? Sans doute. Une mémoire visuelle importante ? Sans doute pas.

Juste, ne nie pas. N'essaie pas de me me trouver.
Fait avec cette partie de lui.
Il peut être mort ou vivant...

Je m'en fiche. Je m'en fiche.

-Alors, ces ciseaux ? Ils sont où ?

Tu espères n'en avoir rien à faire.

Ne dit rien et part. Tu peux être mort ou vivant, j'en ai rien à faire.

-C'est tout ? continua Kelsey d'un ton neutre après avoir fouillé la trousse, tu les a foutu où McFly ?

Elle soupira en passant une main dans sa frange puis s'assoya en face de la gamine qui pourtant bien qu'elle disait "gamine" avait le même age qu'elle.

Elle arrêta de regarder autour d'elle pour fuir le regard mouillé d'Anazel puis la fixa intensemment.

-Raconte. Qu'est ce que tu as ?

-Raconte. Qu'est ce que tu as ?

L'albinos avait fouillé dans sa trousse, insistant pour récupérer les ciseaux de la dernière fois.

Désolée Kelsey McGween, les ciseaux, je les garde pour moi, pour l'instant uwu.

-J'crois que je cherche quelqu'un.

Kelsey forma un "oh" avec ses lèvres mais ne le laissa pas sortir car Anazel, de sa voix de fillette sortit:

-... Mais tu es Kelsey, pas Gabriel.

C'est Kelsey, pas son frère.

Elle s'était rassise en face d'elle, et lui avait demandé pourquoi elle pleurait. Anazel lui avait répondu avec une moue défaillante. Kelsey, sous sa réponse, serra les poings. Pourquoi ?

J'veux entendre une voix dans ma tête, qui me dit c'que j'dois faire.
J'ai peur, peur, très peur.
"Aime-moi" et je t'obéirais. Je t'obéirais.

Le seul problème pour Anazel: "C'était quoi aimer ?"

Son père, c'était sa famille, et elle l'admirait plus qu'elle ne l'aimait. Sa mère et sa villa pourrie, elle détestait. Les élèves qu'elle cotoyaient, elle haïssait. La routine, elle méprisait.

J'veux entendre cette voix dans ma tête.
"Capture moi s'il te plait."

Puis posant son menton sur ses paumes, elle regarda Kelsey l'albinos, leurs yeux bleus respectifs en connexion.

-Tu t'inquiètes ?

Et vas-y. Encore une affirmation. Cette gamine était bien prétentieuse pour affirmer son identité sans se poser le moindre doute. Et puis, bon saang, où était donc sa paire de ciseaux ?!

Sale mioche plus petite qu'elle (l'exploit !) qui la volait !

Elle cherchait quelqu'un ? Et c'est pour ça qu'elle pleurait ? Mais...

-C'est pas en te terrant à la bibliothèque pour réviser les exam's inexistant de fin d'année que tu vas le trouver ce "quelqu'un" !

Kelsey croisa ses bras sur la table en bois et fixa son acolyte d'un regard colérique, froid et distant. Elle ne saurait dire pourquoi, mais elle était énervé. C'était rare qu'elle le montre aux gens, et c'était encore plus rare ces temps-ci qu'elle montre quoique ce soit.

-Pour ta gouverne, non, devant toi c'est bel et bien le seul et unique Gabriel. Et je ne m'inquiète pas pour toi. C'est juste qu'avec la mort de Dumby, un élève mort en plus.. c'est triste à dire mais dans le journal, ton nom ne serait même pas cité. Ca doit être ce qu'on appel de la pitié.

Kelsey jaugea du regard sa comparse au regard encore un peu brillant d'humidité. Pas d'pitié. Pas d'tact. Pas envie d'être gentille et patiente.

Tanpis. La potion d'Haley n'allait pas fonctionnait indéfiniment non plus. Fallait bien qu'un jour Kelsey redevienne Kelsey. Enfin, ici, Gabriel.

L'albinos se tendit en pensant le prénom de son frère. Ne pas y penser. Ne pas y penser. Ne pas penser à lui, sinon c'est pétage de plombs en live contre les murs avec crise de larmes et jetage without dignity sur Mc Fly pour un baiser langoureux -_- (... et si on oubliait simplement de penser tout court à la moindre chose ?)

[hors rp : désolé, vraiment pas d'inspi.]

Ils avaient encore un sourire aux lèvres. Pas vraiment de méchanceté (quoi que ?) . C'est simplement que c'était vraiment trop drôle ! Surtout avec lui. Monsieur impassible et fier qui se casse la gueule, devant eux en plus, ça c'est bon. Ils avaient expiré leur dernières rafale de rire et regardait Morgan qui beugait sérieusement sur les jambes de Gabriel. Celui ci fronça les sourcils en se rapprochant de sa soeur, tandis que Morgan ramassait ses livres un air satisfait. Gabriel haussait un sourcil (oui, qu'un seul XD) perplexe. Morgan s'était redressé, avec beaucoup de calme, et avait même épousté son pantalon. Putain, il devrait être mort de honte là. Il avait vraiment aucun honneur ou quoi ? Il était prêt à se fondre dans le sol y a un instant, et voila qu'il me fixe....
Pourquoi il me regarde comme ça o_o

Gabriel fronça les sourcils dans une mine colérique. Morgan le regardait avec énormément de satisfaction genre '' ahahaaaaa moi je sais et pas toiiii tes deg hein ? '' ou autre. En tout cas, comme quelqu'un qui a des cartes en main. ( gab le sait, il a souvent ce genre d'attitude, quand il sait qu'il gagnera. Le genre posé, presque mielleux et horriblement sur de soit ). Peut être que Morgan allait se servir de ''l'incident'', passé l'autre soir pour lui en foutre pleins la gueule. Il serra le poing, réflexe de défense. Il ne se laisserait pas faire. Il n'aimait pas. Quoi il ne savait pas vraiment, mais il s'amusait beaucoup moins, là. Et l'ennui, il a Horreur de ça. Il se retourna vers sa soeur, un air hautain accroché aux lèvres. Comme si il allait perdre de la partie, peuh uou

- Faudrait vraiment qu'ils pensent a faire attention quand ils posent les tapisseries. Un peu plus, et Morgan se serait blessé, c'aurait été trop dommage de perdre le jouet du moment o0o
- Alalala, que font les gens de l'entretiens, vraiment ? Fit Kelsey en fermant les yeux et haussant les épaules, les bras pliées, paumes vers le haut. On a trouvé un bon demeuré en plus ( elle pointa Morgan de son pouce , derrière elle ) on en croise pas tous les jours !

Gabriel se tourna vers Morgan, se pencha, ses bras tendus prenant appuis sur ses genoux légèrement pliés, vers lui qui restait droit comme un I, et prit un air faussement paniqué.

- Ca va ? tes sur, tu t'es pas fait mal ? On peut t'emmener à l'infirmerie sinon ! Il finit sa phrase un sourire aux lèvres. ( genre ''vieeeent, on va jouer avec les lapins et la dynamite!'')

C'est après avoir admirer l'arrivé du jumeau de Kelsey et d'un mec aux cheveux noirs qu'Anazel décida de partir dans la forêt en laissant toutes ses affaires dans la bibliothèque et faisant claquer le ciseau de Mademoiselle McGween sur la table.

La vie était dure.

Trop dure.

C'est pour ça que...

Elle revint pas dans c't'endroit avec ces personnes. Pis c'est tout -_-.

Tout se passa beucoup trop vite. Comme si elle était soudain prise d'une léthargie paralysant entièrement son corps sauf ses yeux. Ses capacités mentales semblaient également tourner au ralenti. Elle se serait crue dans un mauvais thriller tourné au ralenti. Son regard suivit doucement la scène. Son corps incapable de bouger, sa main s'était juste crispé de haine sur sa baguette. Elle n'avait rien pu faire. Et ça.

Voir ça.

Ici.

Comme ça.

C'était répugnant, abject, vomissable. Incroyablement dégueulasse.

Pourtant ses yeux ne pouvait pas lâcher la main qui glisser en remontant sur la cuisse de son frère. Lorsqu'elle disparue de son champ de vision en passant sous la jupe, elle monta rapidement vers le visage de Gab et la transformation de l'expression faciale de son frère lui fit comprendre qu'il l'avait fait. Il avait osé. Ce sale vermisseau.

Qu'il crève.

Sa main se serra un peu plus autour de sa baguette et sa machoire crissa tant elle la serrait. Le voir comme ça, rouge, se retenant de respirer et se cambrant ainsi. Kelsey ne put s'empécher de se demander venimeusement s'il rougissait de honte, de gêne, de colère ou simplement à cause du plaisir. Le soir de la fête, ces deux là s'étaient vu. Elle en était sure. Pour faire quoi, elle ne le savait toujours pas et ceci, ne lui donna pas envie de savoir en détail. Dirty little secret.

En cet instant, Kelsey ne savait pas qui des deux elle répugnait le plus. Il était à elle. Rien qu'à elle. Il lui avait menti, elle lui en voulait. Mais, et sans doute se rendit-elle compte qu'elle avait sa réponse à sa précédente question, l'autre lui donnait envie de lui éclater sa tête contre du verre pillé sans s'arrêter.

Le ciseau tomba, et Gab fut libérer. Un faible soulagement. Ils auraient à discuter plus tard. Dirty little secret. Cependant, son frère venait vers elle, une expression affolée sur le visage. Surprise. Etonnement. Rouge de honte et de colère alors ? Il se colla à elle en lui serrant fort son poignet de libre. Bien sur qu'elle ne l'abandonnerait pas. Ce type n'était pas capable d'être humain.

Enfin sans bouclier, Kelsey fut vaguement tentée de lever sa baguette et de lui faire la plus grosse honte de sa vie. Le saucissonner, le désaper et l'installer au milieu du Hall en slip ? Pas mauvais. Mais quelque chose dans le fait que Gab lui tenait le poignet la dissuada ne serais-ce que de lever sa baguette. Pourquoi fallait-il qu'il ai tant d'emprise sur elle ?

C'est à ce moment là qu'Anazel posa bruyament la paire de ciseaux de Kel sur sa table et partie sans dire un mot, laissant en plan ses affaires. Kelsey la suivit du regard vaguement, se disant qu'il n'était pas trop tôt qu'elle se décide à lui rendre ses affaires. Mais en attendant, leur charmante discution était reportée.

Une fois la jeune fille bien en dehors de son champ, elle se tourna vers Gabriel, se foutant ouvertement de la présence de Morgan. Elle prit en coupe le visage de son frère et le fixa dans les yeux, cherchant quoi que ce soit dans son regard qui pourrait lui prouver qu'il était bien, sain, sauf et pas traumatisé (pour ça c'est rapé).
-Ca va ? lui chuchota-t-elle.

Et alors, la colère qu'elle avait éprouvé disparut d'un bloc, tombant en bas de ses pieds. Et son amertume pour son mensonge lui sembla dérisoire. Elle posa son front sur l'épaule de son frère, de sorte que Morgan ne la voit pas de trop, ses mains glissant vers son cou pour l'enlacer du plus qu'elle pouvait. Contre toute attente, Kelsey trembla de tout son être, même ses lèvres, même sa voix chuchotant.

-J'ai eu... si peur Gab.

Elle ne dit rien d'autre, beaucoup trop choquée. Une sensation d'étau dans le coeur et d'étouffement l'avait assailli durant tout celà. Elle avait l'impression de sortir la tête de l'eau, après être resté en apné l'équivalent d'années, dans un complet océan de solitude, peurs et angoisses. Qu'est-ce qu'on se sent seul au monde.

Elle serra un peu plus Gabriel contre elle alors que quelques larmes lui échappé avec nerveusité. C'était son frère. Pas touche. Son frère. A elle. Rien qu'à elle. Rien qu'à... elle. C'était peut-être stupide. Mais c'était sa raison d'être.

Il pouvait sentir la hargne de Kelsey à deux kilomètres. Elle fusillait Morgan du regard, tandis que sa main, agrippée à mort sur sa baguette, était parcouru de veines bleuâtres et de jointures tremblantes et crispées.
Un nerf sur sa joue palpitait. Ça fait souvent ça, quand elle est furieuse. Tout son corps est tendu comme la corde d'un arc, prêt à partir et à toucher sa proie en pleins coeur. Tic de la famille. Nous ne sentons pas la haine..
On la Vit.
Et puis elle se retourna vers Gabriel qui était encore pantelant, mais fermement sur ses gardes.
Elle prit son visage en coupe, des yeux inquiets, et des lueurs de tristesse dans les prunelles.

-J'ai eu... si peur Gab.

Elle posa son front sur son épaule, en enlaçant son cou, les épaules secouées. Kelsey pleure rarement. Presque jamais. Les seules fois où il l'a vit pleurer, c'était pour lui.
Pour lui.
Il passa ses bras autours de ses hanches et l'attira contre lui, une main sur le haut de son dos, l'autre perdue dans les reflets blanc de son propre reflet. Il la serrait toujours plus fort contre lui, l'entourant de ses bras comme d'un bouclier. Il ne savait pas quoi faire, la situation lui échappait totalement. Et plus les reniflement de sa soeur étaient rapides, plus il tombait dans le terrier sans fin du lapin. Il avait l'impression qu'on avait planté le décor et qu'on l'avait mis là, en lui implantant un rôle dans une pièce grotesque. Et que tous les personnages autours de lui n'étaient que des acteurs d'une farce de mauvais goût, récitant joyeusement leur tirade.
Mais la suite du texte ? Bordel, il n'a pas la suite ? Qu'est ce qu'il doit dire, qu'est ce qu'il doit faire ?
C'était à s'arracher les cheveux d'indécision.
Il se revoit en image saturée, éternel sourire aux lèvres, toujours rassurant, toujours assuré. Bordel il sait toujours quoi dire, toujours, pour n'importe quelle situation. Il a toujours la belle phrase pour réchauffer le coeur, toujours le mot et le sourire réconfortant. Pourquoi sa gorge reste-t-elle si désespérément vide d'inspiration ? Il avait une mine déconfite, voir paniquée.
Paniqué devant son impuissance.
C'était arrivé à lui, a LUI bordel. A lui, Gabriel.
Et c'était horriblement différent. Comment rassurer quelqu'un sur notre propre sort. Il posait ses yeux où la détresse luisait, sur le haut du crâne de kel, collé contre sa chemise. Ces bras si doux et si lourds qui entouraient son cou. On aurait une corde de pendu qui l'entrainait vers les profondeurs de l'enfer. Et c'était cette enflure qui était à l'autre bout de la corde, tirant dessus avec son sourire de vainqueur ironique.
Et maintenant qu'est ce que je dois faire ?
Quoi faire pour qu'elle arrête de pleurer. Quoi faire ? C'était sa faute, forcément, il l'a fait pleurer. Comment faire pour qu'elle sourit à nouveau, Mon Dieu qu'est ce qu'il doit faire ?
La dernière fois que Kel avait sourit lui paraissait si vieux, d'un coup. Il aurait tout fait pour qu'elle sourit à nouveau. C'était sa faute.
Il tourna la tête sur le côté.
Nan, pas sa faute à lui.
Sa faute à lui
Morgan.
Un élan fulgurant de haine lui brula la gorge, venant saturer son palais de l'odeur âcre de la vengeance.
Tout ça, c'était la faute de cette enflure. Si ils ne l'avait jamais croisé, rien ne se serait passé. Il serrait toujours sa soeur dans ses bras, observant le maestro de tout ce petit drame d'un oeil plus noir que sa rancune. Il avait l'impression de voir le lapin sourire en agitant sa montre dans l'entre sombre de son terrier.
" Tic Tac Tic Tac Gabriel, l'heure tourne, tu n'as plus beaucoup de temps pour la sauver. Toi, tu as déjà perdu ta peau ! ''
Sa baguette lui démangeait méchamment la peau à travers sa jupe. L'humilier, le tuer, le castrer, le dénoncer, l'amputer, l'éventrer, le disséquer, le briser.
Il veut jouer ? Il sera bien servit avec Gabriel. Sauf que les règles ont changées. L'indulgence a été rayée de la carte.
Il serra sa soeur un peu plus fort et se pencha à son oreille.

- Tinquiète pas frangine. Ca va aller. C'est fini. Je ferai en sorte que ça ne recommence pas.

Je ferai en sorte que tu ne pleures plus.
Le moment où il a réellement bafoué son honneur, c'est quand Kelsey commença a pleurer. Lui même, il en avait strictement rien à foutre. Mais pas touche à sa soeur.
Il gardait la tête penchée près de l'oreille de kelsey, tournant ses globes vers Morgan.

< Toi, t'as très mal joué sur ce coup. Tu vas morfler au tour suivant. >

Il détourna le regard vers sa soeur et plongea son visage dans sa chevelure blanche.

< T'inquiète pas frangine. Tu ne pleurera plus. Je gagnerai la partie. Tu ne pleurera plus. >


Que la partie commence.



[Entre <> : pensée ]