[Cours 1]Les problèmes et l'éthique de la métamorphose.

Nabil était accepté. Vraiment. En voila une bonne chose.
Il avait parcouru les cours anarchiques de son prédécesseur et en avait imaginé le niveau des élèves. Il grimaça avec équivoque en lisant le cours sur la slimofiction, la chose en serait presque comique s'il ne savait pas qu'il était de son devoir de rattraper les bavures de l'homme qui avait dû se faire dévorer par un loup garou, du moins, c'était ce qu'il espérait, pour l'honneur de la métamorphose avancée en tant que matière sérieuse. La salle avait été réaménagé selon ses soins, et oui, savoir faire pousser le mobilier, ça aide parfois. Il avait été secondé par quelques professeurs de l'université. La salle était à présent un amphi d'une cinquantaine de place sur quatre niveaux. Tout devant, en bas était posé le bureau du professeur avec derrière lui, un immense tableau. A droite du tableau, une armoire. Nabil était plutôt fier de lui.
Il posa ses livres et documents sur le bureau et alla marquer au tableau :

Premier Cours. Les problèmes et l'éthique de la métamorphose.

Il se frotta les mains pour faire disparaitre la poussière de craie qui les maculaient. Son écriture était fine et agréable à l'oeil. il avait pris son temps pour ce titre, d'habitude son écriture ressemblait à une longue ligne agrémenté de quelques sursauts.
Il attrapa sa baguette magique, son paquet de clopes et sortit en dehors, devant le bâtiment où commençait à affluer les élèves. Il glissa un filtre entre ses lèvres et alluma la tueuse, dame de nicotine que le Moldu craignent autant qu'ils l'adore. Il souffla devant lui un panache de fumée. Un mardi matin ,et malgré le mois de Mai, en Angleterre il valait mieux se cacher de l'ombre et rester sous les rayons hospitaliers du soleil pour ne pas attraper froid. Un peu de vent complétait la charmante scène des élèves mal réveillés ou non, arrivant à huit heure pour trois longues heures de rappel et de théorie sur la métamorphose. Il espérait tout de même que personne ne s'endormirait. Du moins, pas en ronflant de façon sonore. Il regarda sa montre, huit heure, il rentra de nouveau dans le bâtiment, monta les escaliers jusqu'à sa salle où les élèves attendaient patiemment, en discutant. Il ferma la porte après lui et remarqua qu'il avait encore sa cigarette aux lèvres, il l'écrasa contre sa chaussure et la jeta dans une corbeille. Le temps qu'il aille derrière le bureau, les élèves s'étaient tous plus ou moins calmés.

« Bonjour à tous. Je suis donc Nabil Hastet, votre nouveau professeur de Métamorphose. Je suis là pour vous enseigner cette noble matière, que tout le monde soit au courant, la métamorphose n'est pas destinée en premier venu. »

Il remis ses lunettes en place sur son nez dans un tic, regarda les rangs d'élèves. Il étala d'un geste de la main, une liasse de papier posée sur son bureau, attrapa sa baguette magique.

« J'ai lu les notes du professeur précédents et-Vous allez trouver ma remarque déplacée- mais cela a induit quelques doutes quand à votre niveau. Sachez m'étonner. C'est pourquoi nous commençons par de la théorie, histoire de bien poser les bases qui vous permettrons d'exceller dans cette matière. Elle demandera rigueur et patience, il y aura beaucoup de difficulté à passer. Apprendre le sort ne suffit pas à le rendre totalement opérant. Contrairement aux sortilèges, où votre puissance magique vous permet de rendre un sort plus efficace, la métamorphose se base beaucoup plus sur de la technique. Il est donc possible à tous de réussir. Il va de soi que la métamorphose sert plus aux aurors qu'au médicomage, aussi vos évaluations et cours seront sans doute différents selon votre filière. Mais le vivant est intéressant pour tous. »

Il remua sa baguette magique et la craie se mouva pour aller écrire au tableau:

I.La vie en métamorphose.
II.Les trois théories.
Annexe de fin de cours : La différence entre Métamorphose et Alchimie.

« Bien. L'annexe est destiné à tous ceux qui ont mentionnés le principe de l'équivalence dans le formulaire, mais les confondre est courant. Ce petit rappel vaudra donc pour tous le monde. »

Il ouvrit alors une armoire sur le coté du tableau et en sortit un verre a pied qu'il posa sur le bureau. Il donna une pichenette dedans, le verre émit un son pur.

« Des questions avant que l'on commence réellement le cours ? »

Nouveau professeur de métamorphose. Les changements d'enseignants étaient toujours intéressants, car il y avait parfois des différences énormes entre deux professeurs, alors qu'ils enseignaient la même matière aux même étudiants. Lorsqu'il ne s'agissait pas d'une différence d'approche, il s'agissait d'une différence de personalité ; parfois, deux professeurs utilisant la même méthode n'obtenaient pas du tout les mêmes résultats de la part des élèves, parce que leur manière d'être était différente. La pédagogie était quelque chose qui échappait un peu à Faith, et elle aimait comparer les méthodes de chaque professeur. Celui-ci, le professeur Hastet, serait-il souple ou intransigeant ? Parviendrait-il à rendre la matière intéressante, à faire progrésser ses étudiants ? L'Anglaise était bien impatiente de le découvrir. Elle aimait la métamorphose -comme elle aimait la plupart des matières en fait- et la pratiquer était toujours un plaisir.

Elle arriva donc tranquillement à l'heure dans la "salle" de cours (qui tenait plus de l'amphithéâtre à présent), salua l'enseignant de son habituel signe de tête, et alla s'installa presque devant, comme à l'accoutumée. Elle sortit plume et parchemin, posa son sac à côté de sa chaise et croisa les jambes, prête à entamer ce nouveau cours. Les problèmes et l'éthique de la métamorphose ? De la théorie, donc. Contrairement à la plupart de ses camarades (et ce, depuis Poudlard), Faith n'avait rien contre la théorie, puisque celle-ci menait naturellement à la pratique lorsqu'on était logique et patient. Les étudiants ne tardèrent pas à remplir les lieux, et Hastet put commencer.

-Bonjour à tous. Je suis donc Nabil Hastet, votre nouveau professeur de Métamorphose. Je suis là pour vous enseigner cette noble matière, que tout le monde soit au courant, la métamorphose n'est pas destinée en premier venu.

Rien qu'avec cette phrase, le personnage était cerné. Direct, passionné, exigeant. Il continua dans la même veine, et Faith put ainsi deviner que malgré son exigeance, il n'hésiterait pas à aider ses étudiants. Une bonne chose, donc. Première impression : pas trop mal. Il termina en demanda si les élèves avaient des questions. Faith n'en avait pas ; d'ailleurs, même lorsqu'elle en avait, elle ne les posait pas. Elle finissait toujours par avoir une réponse plus tard durant le cours.

Ces derniers temps il n'était pas rare que les professeurs soient remplacés en milieu d'année scolaire, par crainte peut être en ces temps de guerre ? Toujours est il que ces changements répétitifs nuisaient considérablement à la continuité des cours et à l'avancement du programme, chacun ayant bien évidemment ces propres méthodes et ses propres exigences. Tout ce qu'espérait la belle demoiselle était que le nouvel enseignant Monsieur Hastet ne les lâcherait pas en cours de route et qu'il se montrerait compétent. Contrairement à ce qu'on aurait pu croire si on savait vraiment qui était Ella, la jeune allemande accordait une importance à son statut d'étudiante à l'UMA indépendante du fait qu'il s'agissait de sa couverture de mangemorte.

La demoiselle était vraiment impliquée dans ce qu'elle entreprenait, désireuse d'apprendre et découvrir, soucieuse du travail bien fait, réfléchie et prévoyante. Sa volonté que tout soit toujours parfait en devenait presque une manie, car elle était incroyablement exigeante envers elle-même. De l'audace, de l'ambition, du talent, Ella ne manquait de rien pour réussir. La jeune femme avait l'âme d'une tueuse, froide, déterminée et organisée. Si elle mettait ses talents au service du Seigneur des Ténèbres, le premier maître qu'elle servait restait son intérêt personnel et son goût du pouvoir, appliquant à la perfection le dicton: la fin justifie les moyens.

Arrivant avec une minute d'avance pour avoir le temps de s'installer juste avant que le cours ne commence, la ténébreuse traversa l'amphithéâtre d'un pas serein et fier pour venir s'installer au deuxième rang. Elle accrocha son sac au dossier de la chaise et lissa d'un geste désinvolte et fluide sa robe avant de prendre place, croisant les jambes. Le cours étant théorique, Ella ne sortit qu'une grande plume d'aigle de première qualité et un parchemin, laissant sa baguette dans la poche de sa cape.

Ses iris de jade se posèrent sur le professeur Hastet alors que celui ci débutait son cours. Il insista sur le caractère rigoureux et technique de la métamorphose; en effet dans cette discipline la théorie se révélait la plupart du temps primordiale pour la maîtrise du sortilège car il convenait de comprendre le principe de la transformation. Ella fut agréablement surprise par le professeur Hastet qui semblait véritablement savoir ce quoi il parlait et avait surtout prit soin de regarder ce que les étudiants avaient déjà pu apprendre en cours avec ces prédécesseurs pour adapter son programme. Pour l'instant, la ténébreuse ne voyait aucune question pertinente à poser, elle se contenta donc d'attendre la suite en silence. Les questions d'éthiques représentaient toujours un débat intéressant selon la demoiselle à la limite entre le faisable, le légal et le possible..

La coccinelle s’élançait à l’assaut du pic de son index, trottinante sur la pente abrupte du long doigt relevé, futur tremplin de son envol.

*1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10.*

Maussade, Jez n’était pourtant pas en train de compter les secondes de vie restant au petit insecte avant qu’elle ne l’écrase sous sa phalange, mais simplement en train de dénombrer les points noirs dessinés sur ses élytres couleur cerise. Le visage lové au creux de son coude, elle observait de biais l’ascension de la demoiselle en rouge, n’ayant rien de mieux à faire pour patienter avant que le cours ne commence. La petite bête arriva finalement au sommet de son escalade, hésitante sur le rebord arrondi de son ongle limé, sans doute à la recherche d’un vent qu’il n’y avait pas à l’abri de la salle de cours transformée en amphithéâtre. Relevant légèrement la tête, la jeune femme souffla une douce brise qui fit trembler les ailes fragiles de la coccinelle, laquelle accomplit un demi-tour et s’envola, poussée par l’alizé Jezabel. Les yeux clairs de la sorcière suivirent sa trajectoire de son départ à son atterrissage dans la chevelure de son voisin du dessous, au troisième rang. Tout ça pour ça. C’était un peu l’Histoire du Monde. Beaucoup de tergiversions pour n’avancer qu’à pas de nain.

La brune étudiante se redressa et se calla au dossier de son siège, ramenant derrière ses oreilles la masse de ses cheveux, gestuelle archétypale de l’écoute attentive. Pile poil. Le nouveau prof s’avançait, respectant son timing personnel. La clope au bec. Etait-il nerveux ou bien était-ce un substitut à la shisha qu’il avait dû laisser au souk, avec bobonne numéro un et bobonne numéro deux, attachées à garder les huit marmots de la couvée ? Il ouvrit la bouche, sans doute pour laisser place à la parole ou à une grosse quinte de toux. Jezabel, occupée à reclasser des parchemins noircis d’écritures flirtant avec le patte de mouche, observait le visage mate de Mister Hastet d’un œil luisant. Et non, il n’avait pas l’accent et le ton rauque digne du hennissement de la brèle, c’était toujours un bon point vu son discours qui se voulait professionnel, mais dommage pour la rigolade.

« J'ai lu les notes du professeur précédents et-Vous allez trouver ma remarque déplacée- mais cela a induit quelques doutes quand à votre niveau. »

Depuis quand la misère d’un seul rejaillissait sur les autres ? La remarque était légitime uniquement si les capacités du nouvel importé surpassaient celles de l’ancien. Le cas échéant, il pouvait avoir des doutes au jugé de l’incapacité de son prédécesseur, c’était logique. Si leur ex-professeur était une truffe reconnue, forcément ses étudiants avaient été notés en tant que surdoués mention futurs Génis de la Magie qui allaient révolutionner la face du monde. Ou alors ils étaient peut-être tout simplement chevronnés, la nouvelle génération aboutissement d’une nouvelle évolution. Ne disait-on pas qu’ils se trouvaient à la charnière entre l’Avant et l’Après en cette époque troublée ? Jez joignit les mains sur sa tablette, attentive au programme.

I.La vie en métamorphose.

*C’est un clin d’œil à la vie en rose ou c’est parti pour de la zoologie ?*

Elle reposa ses mirettes sur sa copine la coccinelle, perdue dans la forêt de cheveux du jeune homme. Nan, il avait l’air de faire dans le spirituel, l’intellectuel, le recherché, l’allégorique, le tordu. Une impression comme ça.

II.Les trois théories.

Un papillon gentiment dévastateur se promena dans ses pensées. Sans doute quelqu’un allait-il faire une crise cardiaque à l’autre bout de la terre. Elle était intéressée jusqu’ici et sortit sa plume pour la peine.

Annexe de fin de cours : La différence entre Métamorphose et Alchimie.

Ça faisait jamais de mal. Enfin, elle ne savait pas ce qu’avait blablaté les autres, mais quand elle pensait au phénomène de récupération dans l’optique de la métamorphose, elle s’arrêtait au sens premier : le recyclage de l’inutile à l’utile. Du genre « Et ton pauvre mari ? » « Clamsé la semaine dernière. Tu es assise dessus. ». Un registre loin des eaux de la Panacée.

Le professeur pichenetta son verre pour leur donner le La, exprimant sans le savoir sa vocation avortée de chef d'orchestre au jeu du "psychanalyse ton voisin". Entre ça et la coccinelle, elle aurait de quoi tuer la triade d'heures dévolues à ce cours si jamais elles s'allongeaient en siècles.

Métamorphose... L’art de transformer la matière. Discipline noble et complexe qui n’était pas vraiment le fort d’Andrzej, ou plutôt dont les méandres théoriques lui étaient souvent hermétiques. Il appréciait évidemment la Métamorphose, qui ne le faisait pas ? Cependant, il avait été toujours été un homme d’action et tous les pourquoi du comment ne l’intéressaient pas plus que ça. L’important pour lui était le résultat, tant qu’il arrivait à transformer une cible A en cible B, le reste n’avait aucune importance. De ce fait, le russe avait eu fréquemment des difficultés dans cette matière, ce qui ne l’avait pas empêché pourtant de passer ses examens haut la main. Certes, ses compétences en pratique y étaient pour quelque chose, il était loin d’être un manchot avec sa baguette après tout, mais c’était surtout ses talents de persuasion qui lui avaient fait réussir ses Aspics... Aussi le brun ne se faisait pas du souci. Si le personnel éducationnel de Durmstrang pouvait être séduit, acheté ou ensorcelé, il n’y avait aucun doute dans l’esprit du soviétique que cela pouvait être aussi le cas en Angleterre.

D’ailleurs, jusqu’ici cela s’était plutôt bien déroulé. Ses notes avaient été excellentes... Par contre, Andrzej venait d’apprendre que leur professeur avait été remplacé. Est-ce que leurs "arrangements" avaient été découverts ? Le slave l’ignorait, mais il n’avait jamais été inquiété. Le problème étant qu’il fallait de nouveau tout recommencer. Dans un premier temps, tenter par soi-même et jauger l’enseignant. Si les notes ensuite n’étaient pas correctes, agir en conséquence... De toute manière, il y avait toujours quelque chose à faire. Finissant son petit déjeuner, l’étudiant attrapa une pomme et se dirigea à pas lents vers la salle de cours en croquant à pleines dents dans son fruit.

Entrant d’un pas nonchalant dans la classe, Andrzej jeta son trognon de pomme dans la poubelle et chercha du regard où il pourrait s’asseoir. Il avait pour habitude de toujours s’installer auprès d’une jolie fille. Quitte à rester enfermé pendant des heures dans une pièce, autant être à côté d’une belle créature. Le temps passait beaucoup plus vite ainsi. Adressant des sourires charmeurs aux autres demoiselles, le slave finit par s’installer auprès de Jezabel qui avait l’air fasciné par il ne savait quoi. S’asseyant sans plus de cérémonies à ses côtés, il déballa aussitôt ses affaires d’écriture.

- Salut ! Ca te dérange pas que je me mets là ?

De toute manière, elle n’avait pas le choix puisque le nouveau prof venait d’arriver, la cigarette au bec. Cependant, cette attitude apparemment cool n’était justement qu’apparence car vu l’intitulé du cours, ils n’allaient guère s’amuser. Les problèmes et l’éthique de la métamorphose... Justement tous les débats qu’Andrzej détestait sur le sujet. Pourquoi ils ne s’en tenaient pas aux simples parties pratiques ? Enoncer juste le mouvement et la formule, et s’entraîner ! Le soviétique n’éprouvait pas le besoin de disserter pendant des heures dessus. Soupirant déjà d’ennui, il nota tout de même le programme du jour.

Citation :: I. La vie en métamorphose.
II. Les trois théories.
Annexe de fin de cours : La différence entre Métamorphose et Alchimie.

Métamorphose avancée

La jeune médicomage poussa un soupir à fendre l'âme en découvrant son emploi du temps au petit déjeuner. Sa cuillère tomba dans son bol de céréales et sa tête rejoignit sa main dans une lamentation désespérante. Sa tante leva les yeux au ciel et son oncle ne releva même pas ses yeux de la gazette du sorcier, habitué au comportement parfois bizarre et enfantin de sa nièce de 22ans. Et dire qu'il pensait en avoir plus que deux sur les bras, il s'était lourdement trompé en revenant à Londres.

Tu veux pas faire mine de t’intéresser un minimum à ton avenir ?

Cette fois-ci ce fut au tour de la brunette de lever les yeux au ciel. Ben voyons, comme si elle était là pour les vacances donc. Elle ne releva pas, trop habitué elle aussi au comportement bizarroïde et vieux jeu de son oncle. Il faisait la pair ces deux-là ! Dans un élan surhumain de bonne volonté, un peu comme si elle allait vivre sa dernière heure de vie, Elanor envoya son bol dans l’évier, fit léviter son sac jusqu’à elle et s’engouffra par la porte de la maison en lançant un vague « salut » à ses parents de substitution. Arrivée sur le perron, elle hésita. Consultât sa montre, poussa un nouveau soupir désespérant et transplana ; tirant la langue pour se concentrer convenablement.

BOUUUM !!

Comme à son habitude, l’étudiante se retrouva assise sur les fesses, une grimace de douleur traversant son visage devenu tout rouge pour la peine. Poussant un juron, elle se releva, s’épousseta et entama la traversée de la cour d’un pas vif et énervée. Jamais, au grand jamais elle n’avait réussi à effectuer un transplanage sans s’étaler lamentablement par terre. C’était à se demander si l’oncle Edward n’avait pas payé le type qui leur faisait passer leur permis. Elle se promit de lui en toucher un mot à l’occasion.

La mine sombre, les fesses douloureuses et les cheveux en bataille, Elanor entra dans la salle de classe au moment où la cloche sonnait. Son radar fit le tour de l’auditoire en moins de temps qu’il n’en fallait pour que ses yeux suivent le mouvement. Elle repéra Andrzej assit au 4e rang près de Jezabel et s’avança donc très logiquement et comme si cela coulait de source vers l’endroit le plus opposé du jeune homme qui s’avérait être une petite place entre Faith et Ella au 2e rang de l’auditoire. En passant près de lui, elle ne manqua pas de lui tirer la langue gentiment, lui montrant bien qu’il allait s’ennuyer durant ce cours sauf si Jezabel était d’accord de lui prêter sa coccinelle.

Un semblant de sourire apparut sur ses lèvres alors qu’elle rejoignit le 2e rang et s’installait entre ses deux camarades de classe.

Salut les filles !

Son sac fit un jolie boum en atterrissant sur son pupitre et la chaise racla le sol lorsqu’elle la tira vers elle pour s’asseoir. Alors que le professeur commençait son charabilla, elle vida le contenu de son sac sur son pupitre et envoya valser celui-ci sous sa chaise. Elle tira vers elle un morceau de parchemin, trouva une plume convenable et piqua de l’encre noir à Faith, ne trouvant pas la sienne dans le bordel qui envahissait son pupitre. Elle lui glissa un merci tout en commençant à inscrire l’intitulé du cours en haut de la page.

Finalement, le cours s’annonçait peut être moins pire qu’elle l’avait pensé. Parler d’éthique lui plaisait énormément et elle pensa même à aller proposer à ce Nabil d’en parler à leur cher et tendre professeur de Magie Noire qui en manquait très clairement.

Métamorphose avancée...

Cadfael finissait de se préparer, encore dans son dortoir. Ils avaient enfin un nouveau prof de métamorphoses. C'était un coups à ne pas manquer. Il avala sa dernière gorgée de jus d'orange fraîchement pressé, avant de vérifier s'il avait bien pris ses affaires.

- Cours de Métamorphose Avancée... ça faisait longtemps.

Il mit son sac sur son épaule droite, et se dépêcha d'aller en cours.

Pour l'instant, il n'avait jamais eu de soucis avec les cours de métamorphose. Ce n'était pas un nouveau professeur qui remettrai cela en cause. Il s'avança et entra dans la salle. Il y avait déjà plusieurs élèves, impatients de voir ce que donnerait ce nouveau professeur.

Il jaugea ses camarades, et se décida finalement à s'approcher d'une de ses camarades. Le prof, il l'avait entendu, ne voulait pas de bavardages. Mais Cadfael n'était pas du genre à bavarder. Il se contenta de s'installer à une table de différence d'Ella. Avoir une si forte personnalité à ses côté l'empêcherai de se faire trop remarquer.. normalement.

Il déballa ses affaires, observant au passage l'attitude du professeur.

- Des questions avant que l'on commence réellement le cours ?

Cad leva la main, en fixant le professeur.

- On ne fait que de la théorie aujourd'hui?

Question Idiote, il le savait, c'était clair dans ce que le professeur avait dit. Mais il était tot.. il avait besoin de se délier la langue. Il se demandait si le livre de théorie allait vraiment lui servir..
Quand à son niveau, il n'avait jamais eu de traitement de faveur, et comptait bien le faire comprendre au nouvel enseignant.

Comme le disait le célèbre char roux à rayures : j’aime pas les lundis. Il se trouvait que Lucy Ann n’aimait pas les mardis non plus.
En effet, elle avait passé le week-end à roucouler comme une tourterelle au printemps avec Manu, tantôt sous la couette, tantôt sur la couette, mais jamais à son bureau.
Résultat des courses, elle avait accumulé un retard tout à fait fascinant dans son travail à accomplir. Après avoir passé le lundi matin à dormir pour récupérer, profitant que son homme ait cours et pas elle, il avait fallu aller en botanique avancée, puis la bibliothèque pour tenter de racheter son week-end sportif par une saine attitude studieuse.

Elle avait englouti bon nombre de pavés de botanique, histoire de se tenir à jour et de faire honneur à Sigmund, et aussi accessoirement de ne pas avoir l’air d’une cruche finie devant les élèves de Poudlard. Tous ces objectifs réunis lui avaient valu une bonne dose de travail, et une fois cette tâche accomplie, elle avait du se mettre à l’étude des créatures magiques, qui restait sa matière principale… Le tout l’avait mené jusqu’à 4h du matin, et elle était rentrée se coucher tel Hercule après ses 12 travaux. Seul problème, le réveil se réveilla aussi être une tâche titanesque. La tête totalement dans le coton, elle avait du user de toute sa volonté pour ne pas retomber lourdement sur l’oreiller et se diriger en mode « shawn of the dead » vers la salle de sortilèges… Avant de se rappeler qu’elle avait cours de métamorphose.

*Ouais, maintenant je sais pourquoi je voulais rester célibataire jusqu’à la fin de mes études…*

C’est donc un œil ouvert sur les deux qu’elle pénétra en salle de cours, ne prêtant aucune attention au monde alentour, enclenchée en mode « économie totale d’énergie ».
Elle s’affala sur une table du fond, sortit un parchemin et un crayon noir, et tenta de suivre le nouveau professeur dans son cours. Malheureusement, ses efforts ne furent pas récompensés et son attention rencontra plusieurs obstacles insurmontables : théorie- rigueur- patience- difficulté. Autant de mots clés qui allumèrent la petit lumière « Warning, cours barbant » dans l’esprit de l’étudiante.

*Finalement, je ne regrette pas mon week-end de débauche, parce que c’est visiblement pas à ce cours que je vais prendre mon pied…* pensa-t-elle en se tassant un peu plus sur sa chaise, attendant la suite des hostilités.

Un regard inquisiteur aurait eu du mal à repérer la silhouette pâle qui se tenait en haut de l’Amphithéâtre. Deux yeux bruns scrutaient la place encore vide, des souvenirs plein la tête. Le Cirque de Rome, Carmen dans les arènes de Vérone, l’Italie, le désordre, le bruit et le monde. Les latins n’avaient pas beaucoup plus à la jeune celtique. Ils étaient trop nombreux, trop agités, trop surs d’eux, bien loin de la gentillesse douce d’Odysseus. Mais pourquoi fallait-il que ce cours ne commence pas comme les autres ? Pourtant elle avait tout prévu pour affronter enfin le regard de James et se faire pardonner. Le décors neutre d’un cours, une heure matinale pourqu’ils soient tranquille, un professeur inconnu. Elle s’était forcée à affronter la foule et le chaos d’un cours de métamorphose pour pouvoir lui parler et voila que c’était la métamorphose qui la touchait en plein cœur. Saleté de prof. Saleté de salle. Et matière pourrie.

C’était Cad’ le métamorphe de la famille d’abord. Elle ne trouvait aucune utilité à cette matière et ne comprenait d’ailleurs pas très bien pourquoi ils l’imposaient aux médicomages. Ils étaient là pour soigner, pas pour décorer un appartement. Par chance, la jeune fille savait se contraindre au travail et, en bonne intellectuelle, elle arrivait à se débrouiller plutôt pas mal en théorie mais la pratique était une autre chose. Ce n’était pas tant qu’elle se trompait de formule ou de geste, simplement qu’elle n’avait pas la bonne magie pour tout ça. Comme en magie noire, le résultat manquait de puissance. Tant pis.

Dehors il faisait beau. Le moi de mai inclinait plus à la romance qu’au travail et les couples passaient de plus en plus de temps à sécher els cours. Ça, l’heure matinale et l’espoir fou que leur professeur n’ait pas reçu la liste des inscrits allaient probablement pousser bon nombre d’étudiants à briller par leur absence. Tel était au moins le calcul de la jeune fille. Et pourtant, un nombre conséquent d’élèves passèrent la porte, bavardant joyeusement ou baillant à s’en décrocher la mâchoire. Elle n’en connaissait pas énormément pas plus qu’elle ne l’aurait cru ; Faith s’installa à l’avant, comme toujours, Ella bien en vue, histoire de ne pas rompre les bonnes habitudes, Andrzej à coté… oui, vous avez deviné, d’une jolie fille un peu plus loin. Elanor rejoignit le groupe des studieux au premier rang, et Cad se glissa discrètement près des trois filles. Ce fut la goutte d’eau qui fit fuir la clepsydre. Cet idiot d’ancien Gryffondor n’allait pas s’en tirer comme ça. Elle n’allait pas le laisser draguer ses amies (et ennemie) sans réagir tout de même. Marchant d’un pas fier, elle passa devant Lucy-Ann, n’accorda pas un regard à Andr’ ni même à un autre garçon qui la regardait en riant et s’installa derrière son frère, au troisième rang. Elle n’était pas assez méchante pour le priver de tout amusement mais elle entendait bien garder un œil sur ses agissements. Et puis ainsi, elle pourrait discrètement lui demander de l’aide, en cas de besoin.

Finalement, huit heures sonnèrent sur une Deryn bien éveillée et motivée pour montrer de quoi elle était capable. L’enseignant entra. Brun de peau. Très brun pour un anglais mais pas de cette teinte que l’on voit chez les indiens qui peuplaient certains quartiers de Londres. Pour le coup et bien qu’elle ne soit pas raciste (ou presque, y avait les gallois et les autres), elle se demanda d’où il venait et si la langue n’allait pas être un problème. Il était plutôt beau soit dit en passant si on arrivait à faire abstraction des énormes hublots qui lui couvraient le visage.

Ses premières paroles la rassurèrent rapidement sur son niveau en langue. Il s’exprimait bien, avec un style à la fois concis et agréable. Il n’avait pas commencé le cours depuis plus de cinq minutes qu’il était déjà en passe de devenir un de ses professeurs préférés. Après le professeur Wyrd mais pas bien loin derrière. Il n’avait pas la langue de bois et sa théorie promettait d’être passionnante. Souriante, la jeune femme se tourna vers James pour lui faire part de ses premières impressions lorsqu’elle s’aperçu qu’il n’était pas là. Ça ne lui ressemblait pas de sécher. Et dire qu’elle voulait se faire pardonner. Non mais il le faisait exprès ou quoi ? Allons, pas la peine de se mettre martel en tête, elle trouverait bien un moyen. Elle n’entendait pas continuer à l’éviter comme ça, ils n’étaient tout de même plus des mômes.

Cad’ l’interrompit soudain, en posant une question joyeuse dénotant son impatience à se servir de sa baguette. Bien qu’il ne put la voir, elle lui sourit gentiment. Livious et James c’était pas mal mais Cad’ restait son frère. Celui qui ne l’abandonnerait jamais pour des bêtises. Son protecteur et son gardien.

[Vous pouvez toujours poster sans arriver en retard mais je n'ajouterais pas de points pour présence en cours.]

"On ne fait que de la théorie aujourd'hui?"

Dans la catégorie, je l'ouvre sans raison probante, je demande mister Cadell. Apparemment, il avait une fratrie puisqu'il remarquera sa sœur à ses cotés, il feuilleta la liste des inscrits et leur portraits magiques. Fallait-il vraiment répondre à cela ?

« Oui, que de la théorie. Trois longues heures de théorie. Vous aurez pas mal de pratique à faire chez vous mais nous verrons cela à la fin du cours. Si vous permettez. »

Sourire, l'élève n'avait rien à permettre, formule d'usage pour demander un peu de patience à celui qui semblait en manquer terriblement. Il attrapa un livre dans son cartable et le posa sans délicatesse sur le bureau à coté du verre à pied. Il l'ouvrit d'un coup de baguette magique, la couverture se posa sur le bois avec un petit « poc » étouffé dans la salle silencieuse. Un peu de stress nouait le ventre de Nabil, c'était son premier cours. Et malgré le détachement affiché sur son visage, il l'espérait un minimum intéressant. Non que le fait d'être détesté des élèves le dérange, cela, il s'en foutait royalement, celui d'être un mauvais professeur le dérangeait bien plus. Il ne pris même pas conscience que sa couleur de peau interrogeait certain dans la pièce.

« Dans votre bouquin, a la page 56. Il y a le chapitre III donc. Vous pouvez le lire chez vous, c'est du récapitulatif de la manière d'enchanter les bestioles. Contrainte de la volonté chez le sujet, difficulté du métabolisme et tout ce qui s'ensuit. Révisions de Poudlard en somme. »

Il referma alors le livre et posa le verre en cristal sur la couverture.

« Commençons par décrasser vos neurones. Ceci est un verre. »

Il tapota sa baguette magique sur l'objet qui se métamorphosa en oiseau. Celui-ci alla voleter au dessus de Nabil en poussant de petits cris de piaf heureux.

« Ceci un oiseau. »

Il fit un mouvement de baguette et l'oiseau arrêta de voler et tandis qu'il se dirigeait vers le sol, la bestiole eu le temps de se remétamorphoser en verre à pied. Celui-ci se brisa sur le sol, à quelques mètres sur la droite du professeur. Les morceaux de cristal volèrent contre le mur et autour du point d'impact, tandis que certains se dirigeaient vers les élèves, une barrière invisible les arrêta. Nabil n'avait pas prévu que la chute se disperse autant, mais les quelques protections qu'il avait pris étaient efficace. Il eu un sourire ravi.

« Question : Est-ce que l'oiseau est mort ? »

Tiens, le bonbon slave de l’UMA. Si la présence du jeune homme l’avait réellement incommodée, elle aurait simplement jeté un sort de glu perpétuelle sur l’assise de la chaise qu’il tenait tellement à occuper et se serait décalée de quelques places. Mais lui ou un autre c’était du pareil au même, Jezabel n’ayant au terme de cette première année d’université que deux bêtes noires à écraser salement parmi ses confrères étudiants.

-Oui, que de la théorie. Trois longues heures de théorie.

Finalement, il était bien marrant le Mr Hastet, mais tapait dans un autre registre que le grotesque. Ça, c’était de l’humour grinçant ou bien elle était une petite bergère de boursoufs, candide et douce.

La demoiselle regarda leur professeur sortir un banal verre, le transformer en gentil petit piaf cuicuitant le printemps, puis l’envoyer s’écraser au sol, où il éclata en brisures, revenu à l’état de récipient fracassable. C’était bien d’être dans le fond. Même s’il semblait avoir prévu son coup, nul n’était à la merci du petit « Oops, désolé ! » et se retrouver avec des bouts de verre dans les yeux n’était l’envie de personne.

La démonstration du professeur ramena un vieux souvenir à sa mémoire. Du temps où Callista était encore vivante, du temps où sa sœur croyait encore en elle pour la défendre contre la terre entière. C’était cette nuit où elle avait perdu toute la confiance de la triste médicomage, avec le même genre de jeu que celui du professeur Hastet appliqué à un sujet humain. Elle savait qu’une fois mort, il était impossible de recoller les morceaux. A vrai dire, elle n’avait pas essayé. Pourquoi vouloir sauver celui qu’on voulait voir mourir ? Mais le cas de figure était un tantinet différent présentement, étant parti d’un verre et non d’un être vivant. Drôles de questionnements auxquels elle n’avait jamais réfléchi jusqu’alors.

-Eh bien, non, je pense…A la base, il s’agissait d’un verre inanimé. Je considérerais que l’oiseau est mort si en utilisant le processus inverse pour faire revenir la cible à sa forme d'origine on obtenait une charpie de petits bouts éparpillés. Ici, il n’y a rien à rétablir. Il serait possible de faire "revivre" autant d’oiseaux qu’il y a d’éclats.

Comme les miettes de pain des pique-niques qu’on transformait en éphémères.

-Par contre, si l’être de départ avait été l’oiseau, vous auriez assassiné la pauvre bête. Altérer la forme donne d’autres résistances et d’autres faiblesses à un corps, les répercussions sont définitives quelque soit la forme de ce corps. Mais dans le fond, je ne sais pas, je n’ai jamais essayé de transformer mes voisins de table en verre pour les lancer au sol et voir s’ils se recollaient d’eux même quand on leur redonnait leur apparence première…Peut-être que si on les ressoude avant de les "démétamorphoser", y’a des chances…Mais ce ne serait pas très éthique.

D'ailleurs, moins que la morale en jeu, la possibilité de réparer son désastre était intéressante. Un coup de sang, on chope le gamin transformé en assiette pour la lancer à la face de son mari...et "blang". Tragédie ménagère.

Ayant très peu dormi cette nuit là, Jeremy se pointa au cours de métamorphose en trainant des pieds. Ses cheveux blonds étaient en bataille et sa chemise à moitié rentrée dans son pantalon, signe d’un réveil plus que difficile. Il poussa la porte de la salle de cours tout en baillant et adressa un bref salut à ses camarades de promos avant de se diriger tout naturellement vers le fond. Il chercha du regard une petite place tranquille idéale pour terminer sa nuit sans se faire trop remarquer mais fut forcé de constater qu’il n’y en avait aucune. La poisse.

Apercevant son ancienne amie Lucy Ann, il alla s’asseoir à côté d’elle. Sachant qu’il ne prendrait aucune note de la journée, il ne s’était pas encombré d’un sac et s’était contenté de venir en cours les mains dans les poches.

« Hey Lucy Ann ça faisait longtemps ! Alors comment vas-tu depuis ? Ca se passe toujours bien avec Manu ? » lui demanda-t-il d’une voix malicieuse tout en lui donnant un coup de coude amical.

La voix du professeur lui fit redresser la tête et tendre l’oreille. Celui-ci évoqua le niveau plus que douteux de l’ancien instituteur ce qui fit sourire l’étudiant qui ne se souvenait même pas l’avoir rencontré une seule fois dans sa vie. Il faut dire qu’il avait tellement séché de cours ces derniers temps que la tête de certains profs lui était quasiment inconnue.

Après avoir fait davantage connaissance avec les étudiants, les choses sérieuses commencèrent. Tout d’abord le professeur changea un verre en oiseau avec une facilité déconcertante. Puis il laissa la bête s’envoler jusqu’à ce qu’elle se transforme à nouveau en verre et s’éclate sur le sol. Jeremy regarda bouche bée les éclats de verre s’éparpiller par terre et songea qu’il lui faudrait sans doute encore pas mal d’entrainements avant de maitriser la métamorphose d’un objet inanimé à animé. Autant l’inverse était facile, autant cet ordre là demandait un plus grand savoir.

Quand les questions fusèrent, Jezabel fut la première à répondre. Son explication était plus que convaincante ce qui laissait peu de chances aux autres de se faire bien voir par le nouveau professeur. Jeremy la regarda d’un air dubitatif quand elle parla de tester la métamorphose sur ses voisins de table. Il fut bien content d’avoir eu la bonne idée de se placer dans le fond, cette fille bizarre ne lui inspirant pas confiance.

« Je suis globalement tout à fait d’accord avec l’explication de Jezabel. L’oiseau ne peut pas être mort vu qu’il n’est que la métamorphose d’un verre et non un être vivant à part entière.
Je souhaiterais aussi ajouter qu’il n’est pas possible de faire réapparaitre ce même oiseau après le cassage du verre. On peut en faire réapparaitre une multitude correspondant au nombre de débris mais un seul et unique, c’est impossible. Le cassage du verre a donc provoqué l’impossibilité de revenir exactement en arrière. »

Il préféra se taire, jugeant qu’il était en train de s’embrouiller et que parler davantage ne ferait que lui emmêler encore plus les pinceaux.

Un frisson d’horreur sembla parcourir l’amphi lorsque le Professeur Hastet annonça trois heures entières de théorie. Deryn, de son côté, se contenta de sourire. Si, pour la plupart de ses camarades, théorique était synonyme de soporifique (surtout à 8h du matin), pour la rouquine, c’était presque le paradis. Cela voulait dire de la réflexion, du silence et de la concentration. C’était un moment où l’on pouvait s’interroger sur des choses qu’elle portait en elle sans le savoir. Car, bien souvent, les réponses étaient déjà là, quelque part dans son esprit mais n’ayant pas besoin de les utiliser, elle ne les connaissait pas.

Docilement et bien qu’on ne le lui ai pas vraiment demandé, Deryn ouvrit son livre à la page indiquée et survola rapidement ce qui s’y disait. Elle avait un vague souvenir de l’IT et de tout ce qui s’en suivait. C’était ce genre de choses qui la rendait moyenne en pratique. Proche de la nature, elle avait du mal à vraiment vouloir changer ce qui fonctionnait déjà très bien. On avait beau lui prouver sans cesse que c’était une matière utile, elle avait franchement du mal à s’y mettre a fond.

Par exemple, et sans réfléchir, quel intérêt de transformer un verre en oiseau ? Et puis était-ce vraiment un oiseau ou une illusion collective ? Le vivant n’était-il qu’une machine ? Curieuse de connaître l’opinion de son frère à ce sujet, elle lui posa une main sur l’épaule. Main qui se crispa violement sur ladite épaule lorsque l’oiseau se brisa en mille éclats de verre sur le sol. Elle ne cria pas mais pâlit visiblement et la question du professeur la transperça comme une flèche en pleine gorge. Comment ça…l’oiseau mort ? Mais pourquoi ? Pourquoi tuer ou briser ? Non, ce n’était pas ça la vraie question. Elle ne devait pas se laisser emporter par ses propres angoisses. Ils parlaient là de théorie. Rien que des mots. Aucun verre n’a été blessé pendant l’expérience Mesdames et Messieurs. Un simple réparo et il n’y paraîtra plus.

Tandis qu’elle réfléchissait à cette épineuse question, JEzabel puis Jeremy se levèrent et lancèrent les premières idées. L’oiseau n’était pas mort et l’on ne pouvait le faire revivre était ce qui se dégageait de leurs paroles mais Deryn n’était pas sûre de leurs explications. Parce qu’on pouvait toujours réparer le verre et recommencer mais même si on arrivait à faire apparaître un oiseau en tout point identique, comment être sur qu’il s’agisse du même ? La vie, l’âme, n’était pas liée qu’à la forme. Elle se leva à son tour.

« Deryn Cadell, en première année de magicosoin, Professeur »

Le professeur Wyrd leur avait apprit à se présenter avant de répondre et ce genre de phrase était devenu un automatisme pour la jeune fille lorsqu’elle se trouvait devant un enseignant qu’elle ne connaissait pas, ou peu. Après tout, apprendre ne devait pas faire oublier la politesse.

« La question que vous nous posez, à savoir si l’oiseau est mort revient à demander s’il était vivant. La métamorphose peut en effet animer des objets et en changer la forme mais donne-t-il la vie vraiment ? Est-il possible de faire apparaître une âme à partir d’objets ? Je ne pense pas. D’autant plus que si vous réparez le verre et relancez votre sort, rien ne dit que le même oiseau en sortira. Qu’il sera capable de pourvoir à sa propre survie ou qu’il est régit par les mêmes instincts que ceux dont il a prit la forme. Certes il vole et il chante mais peut-être cela s’arrête-t-il là. De plus, vous ne pouvez pas lui avoir donné l’expérience d’un oiseau – puisque, sauf votre respect Professeur – vous n’en êtes pas un. Je pense donc que non, l’oiseau n’est pas mort pour la simple raison qu’il n’a jamais été vivant. Si vous aviez tué le verre durant sa transformation en oiseau, le verre aurait-il réapparut cassé ? »

Elle prit une profonde inspiration, ferma les yeux pour contrôler l’angoisse qui la saisissait toujours et continua avec ce qu’elle pensait être une raison majeure de son raisonnement.

« L’une des cinq limitations de la métamorphose données par la loi de Gamp consiste en l’apparition de nourriture, or il ne devrait pas être très difficile à partir d’une semelle de faire apparaître un steak, je suppose donc qu’il s’agit d’une impossibilité qui vient de la source même de la matière. Même métamorphosé, un objet garde son identité propre. Le verre reste donc un verre et l’oiseau n’ayant jamais été vivant n’a pas pu mourir. »

Elle se rassit, le rouge aux joues, consciente que ses arguments se recoupaient, manquaient de logique et de recherches. Les lois de Gamp avaient pourtant été vues pour les ASPICs mais très rapidement et ils n’avaient guère eu les moyens de se pencher dessus. Cela suffirait-il ? Parce que bon, finalement, Aiken était plus avancé qu’elle dans ses études. A tous les coups il en savait plus.

L'amphi c'était bien rempli sous les yeux de Faith ; il y avait même certains élèves qu'elle n'avait encore que très peu vu -le grand bonheur de l'étudiant, pouvoir sécher tous les cours que l'on voulait. La plupart ne se faisaient pas prier. Elle-même n'avait séché aucun cours ou quasiment aucun... Elle ne pouvait pas. Ce n'était pas dans sa nature. Elle avait trop le sentiment de rater quelque chose de bien, d'intéressant : et de toute manière, elle n'en avait que rarement éprouvé l'envie, donc en règle générale la question ne se posait pas.

L'Anglaise salua Elanor d'un signe de main et d'un sourire. Elle s'était fixé pour objectif de se réconcilier avec l'espèce humaine en entrant à l'UMA, et Elanor était la preuve du succès de son entreprise. La jeune Suisse était du genre ouverte et n'avait pas tardé à adresser la parole Faith ; celle-ci avait mis plus de temps à accepter ce raprochement. Mais alors que la fin de l'année approchait, la jeune femme osait se dire, non sans un certain ravissement, qu'Elanor et elle étaient devenues copines. Le gala n'y était pas étranger. Elles s'y étaient rendues ensemble et avaient partagé leurs impressions, et avaient ensuite passé de nombreux cours l'une à côté de l'autre. La Suisse n'agaçait pas Faith. Elle la faisait sourire, sa compagnie était vraiment plaisante. Elle ne pouvait pas en dire autant des autres étudiants, qu'elle ne fréquentait pas assez, mais cette première ébauhe d'amitié lui suffisait et l'encourageait. Elle était patiente ; si elle devait se lier à d'autres personnes, cela viendrait en temps voulu.

Elle poussa donc son sac du bout du pied pour laisser la place à sa camarade de s'installer, sachant maintenant combien celle-ci pouvait... s'étaler. Sans la moindre douceur, Elanor s'installa avec sa manière habituelle qui arracha un sourire amusé à l'Angaise,qui lui glissa :

-T'as l'air prête à attaquer vaillamment ces trois heures de théorie...

L'ironie perçait à peine dans sa voix ; puisqu'elle-même ne trouvait pas ça insurmontable, il n'y avait pas de raison pour que les autres trouvent ça cauchemardesque. Néanmoins, elle était consciente qu'il valait mieux être en forme pour affronter un tel programme, faute de quoi on avait vite envie de s'endormir, ou de passer à autre chose.

Pendant ce temps, le professeur avait entamé son cours. Il passa sans s'attarder sur la partie "révisions" et démarra avec une démonstration qui laissa tout le monde un peu perplexe. Oui, décidément ce prof était direct, clair et précis. L'oiseau était-il mort ? Question intéressante... Au premier abord, on pouvait le penser. De toute évidence, si on tentait de retransformer les morceaux de verre, on ne réobtiendrait pas l'oiseau, il avait disparu. Mais il n'était pas vraiment "mort", puisqu'il n'avait pas été vraiment vivant. Il serait mort si la forme originelle du verre avait été l'oiseau. Pas l'inverse. La métamorphose transformait la matière, elle ne la remplaçait pas...

En se faisait ces réflexions, l'étudiante grattouillait quelques phrases résumant ses idées sur un parchemin, comme à son habitude. Elle écouta les réponses pertinentes de ses camarades, qui rejoignaient sa propre idée, et attendit le verdict du professeur.

Andrzej haussa un sourcil à la question stupide du frère Cadell, surpris qu’un quatrième année demande ce genre d’évidence. Bien entendu, ils n’allaient faire que de la théorie, au plus grand malheur du slave d’ailleurs qui se serait bien passé de ces trois longues heures de torture ! Si ça ne tenait qu’à lui, la théorie serait réduite au maximum laissant libre place à la pratique. Cependant, Hastet faisait visiblement partie de cette race d’enseignants aimant les longs débats pointus sur de tous petits détails insignifiants et était donc plutôt de l’avis contraire. En tout cas, Andrzej se demandait comment Cadfael avait pu avoir le moindre doute, c’était pourtant écrit en toutes lettres sur le tableau !

En attendant, cette question eut tout de même le mérite de faire débuter le cours. Pas que le slave était impatient, mais ne disait-on pas plus vite commencé plus vite fini ? Ce n’était pas sûr que cela soit applicable pour un tel cours, mais sait-on jamais... Vu que sa voisine de table n’était pas très causante, bizarrement elle préférait s’intéresser à l'insipide prof plutôt qu’à lui, Andrzej regarda attentivement la démonstration de Hastet. Sur le plan pratique, c’était bien évidemment quelque chose qu’il avait appris à faire depuis un moment. Aussi, il se demanda où il voulait bien en venir.

- Question : Est-ce que l'oiseau est mort ?

A cette interrogation, le jeune Miaskovski dût se retenir pour ne pas rire. C’était hilarant ! Comme si une transformation d’un objet pouvait créer la vie ! C’était la base de la discipline avec toutes les lois fondamentales de la métamorphose dont on lui avait rabaché les oreilles durant toute sa scolarité. On ne pouvait pas créer de la vie à partir d’une matière non organique. Par contre, on pouvait en donner l’illusion. Le volatile que Hastet avait fait apparaître avait tout l’air d’un oiseau, mais voilà ce n’était qu’une apparence. C’était bien pour ça que toute métamorphose avait une durée éphémère.

Ce concept était d’une évidence et d’une telle simplicité que tout le monde se précipita pour répondre, Jezabel la première, certains n’hésitant pas à redire ce que quelqu’un avait déjà dit avant lui. A croire qu’ils allaient gagner quelque chose s’ils disaient quelque chose d’intelligent... Se calant contre son siège, avec un petit sourire aux lèvres, le soviétique attendit tranquillement que le prof se décide à les interrompre enfin. Andrzej lui n’éprouvait nullement le besoin de répondre à une telle question. Cependant, il commença à apprécier un peu plus Hastet. S’il comptait faire ce genre de choses pendant trois heures, le temps passera certainement plus vite.

Son parchemin et sa plume d'aigle, Ella n'attendait que le début du cours pour prendre des notes, patientant avec un air désinvolte et vaguement intéressé. La salle se remplissait rapidement et une étudiante qu'elle avait déjà eu le loisir de croiser en cours vient s'installer entre elle et une fille plutôt discrète, Faith quelque chose.. Enfin s'installer était un bien grand mot, l'Allemande aurait plutôt dit qu'Elanor avait balancé en vrac ses affaires sur le bureau.. La ténébreuse se retient toutefois de faire le moindre commentaire, car après tout ce n'était pas ces affaires, elle se demandait juste comment on pouvait s'y retrouver dans un tel bordel, mais chacun son truc ^^ L'attention de la demoiselle fut rapidement détournée cependant par l'arrivée d'un étudiant plutôt charmant qui s'assit juste à côté d'elle d'un air désinvolte. Pourtant Ella se contenta de le saluer d'un sourire charmeur sans l'aborder, n'ayant pas vraiment la tête à draguer. Quitte à venir en cours autant essayer de suivre, suivant c'est une totale perte de temps.

Le nouvel enseignant ne tarda pas à débuter son cours, faisant une petite démonstration qui lui évoqua vaguement les cours de McGonagal lors de ses années à Poudlard, transformant un verre en un oiseau avant d'inverser la métamorphose, laissant le cristal se briser sur le sol, suivit d'une seule et unique question à savoir l'oiseau est il mort. La question n'était pas sotte en soi puisqu'elle permettait de faire réfléchir aux tenant et aux aboutissants de la métamorphose et chercher à comprendre les mécanismes. Evidemment la réponse à la question semblait s'imposer telle une évidence: l'oiseau n'était pas mort, pour la simple et bonne raison que comme ses camardes l'avaient fait remarquer l'animal n'était pas un véritable oiseau. Certes il avait en avait toutes les caractéristiques, mais le fait est qu'on ne peut créer la vie. Quel statut alors attribuer à cet oiseau si on l'avait laissé sous cette forme ? Ella n'avait bien sur pas la réponse à ces questions, mais c'était bien là le sujet de ce cours, l'éthique de la métamorphose.. D'ailleurs, il était probable que si on avait voulu tuer l'oiseau apparut, il aurait repris sa forme de morceau de verre originelle.. Il faudrait tenter l'expérience.

- Je suis d'accord pour dire que l'oiseau n'est pas mort dans la mesure où il ne s'est jamais agit d'un véritable animal mais d'un verre et qu'il suffirait d'un réparo pour lui rendre son aspect initial. Ce n'est pas comme si l'on avait métamorphosé un réel oiseau en verre à pied et brisé celui ci...

L’étudiante était doucement en train de retourner dans les bars de Morphée quand un coup de coude la ramena brusquement à la dure réalité des choses.
Elle leva la tête, prête à râler sur l’empêcheur de rêver en rond, quand elle reconnut Mister Aiken, qui avait comme elle le point commun de disparaître de la circulation en un clin d’œil.

Jerem ! Ca c’est une surprise, depuis le temps que je ne t’avais pas vu, j’avais fini par croire que tu t’étais fait séquestrer dans la cave d’une jeune fille en fleur qui ne voulait plus te laisser repartir…
A peine le temps d’accueillir son voisin, que le prof se lança dans une petite démo très théâtrale, et aborda le B-A-BA de la métamorphose.

*Ben tiens, si c’était aussi facile de créer des êtres vivants, on jouerait tous au docteur Frankenstein*.

Le reste de l’assemblée avait l’air tout à fait motivé par le sujet, et les réponses fusèrent de toute part, décourageant Lucy Ann de tenter une quelconque prise de note pour le moment, son cerveau ne se connectait pas assez vite avec son bras pour ça, autant attendre le speech du prof. Même Jerem se mit à participer, trahissant ainsi sa réputation de glandeur numéro 1.

He beh, on a muté en graine de premier de la classe ? Demanda-t-elle d’un air taquin, tout en écoutant d’une oreille le reste de l’assemblée. Tous disaient des choses très justes, mais une petite phrase manquait au tableau, un petit quelque chose de rien du tout mais qui la démangeait quand même… Bon allez, au pire parler pour ne rien dire ne serait pas si dramatique…

Comme dit la loi de conservation de la matière, rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme… On a donc juste transformé le verre en oiseau, mais on n’en a en aucun cas créé un, il s’agit juste d’une transformation temporelle de matière. De plus, il n’est pas possible de créer du vivant à partir de l’inerte, enfin je crois…

Tout d’un coup, elle n’était plus si sure d’elle, comme un doute vint planer au-dessus de sa tête.

Nabil écoutait les réponses en notant les idées donnés par les élèves aux tableau à l'aide de sa craie. L'écriture plus rapide qu'il devait soumettre à la vitesse de parole des élèves était penchée mais lisible, son bras s'agitait frénétiquement jusqu'à ce que les élèves se taisent avec la remarque de Donovan, remarque à laquelle un sourire déchira son visage restée impassible jusqu'ici. Il regarda le tableau avec un haussement de sourcil et attrapa sa baguette magique.

"Bien, il semblerais que vos neurones soit encore en état de marche, ou presque."

Il tapota avec sa baguette sur la phrase : Processus inverse = Bout de verres éparpillés. Celle-ci se transforma en un verre à pied puis en oiseau de craie, d'un coup sec, l'oiseau tomba dans le bas du tableau, mort. D'un deuxième coup de baguette, il apparu un verre à pied intact.

"Lorsque l'on découpe son invocation, l'objet d'origine est altéré, mais s'il n'est pas vivant, il est facile de le réparer avec un Reparo. Mais si l'on tue l'invocation, non. Ce que vous n'avez pas dis c'est que la mort d'une invocation en métarmophose n'est pas vraiment une mort. C'est une deuxième métamorphose. Je métamorphose l'animal vivant en animal mort. Là, le verre à été brisé car c'est lui que j'ai brisé, remarquez que si l'oiseau avait eu des os brisés, le verre aurait été altéré aussi. "
[Cours 1]Les problèmes et l'éthique de la métamorphose. Mta

[Cours 1]Les problèmes et l'éthique de la métamorphose. Mta

"Même le dernier des sortilèges interdit n'altère pas l'objet d'origine, il ne fait que retirer la vie de celui-ci."

Un dernier coup de baguette magique et le schéma s'effaça. Il posa sa baguette sur : On peux faire apparaitre autant d'oiseaux que d'éclats.

"Ca, c'est totalement vrai. "

Il valida la phrase et la plaça à droite, dans un espace vide. Il arriva à un texte dense qu'il avait écrit lorsque Miss Cadell avait parlée, il lâcha un petit "Ah" et eu un sourire.

"L'oiseau est-il un oiseau ? Est-il vivant ?D'où vient la vie de cet animal ? Ce sont de bonnes questions. La métamorphose n'est qu'une illusion, elle imite la vie et la mort. Mais d'où vient cette illusion ? C'est la question fondamentale, à laquelle vous allez me répondre. Mais avant..."

Il se pencha vers des phrases qu'il avait marqué en dernier dans un coin, à gauche du tableau : La loi de conservation de la matière.

"Pour ceux qui aurait des bases de latin, gauche se dit sinistra en latin, ce qui est à gauche est mauvais. Le prochain qui me parle du principe d'équivalence, de la loi de la conservation de la matière ou que sais-je de synonyme me fera trente centimètres de parchemin sur : Comment un humain peut-il se transformer en chat ?En me précisant bien où se trouve la matière et la masse manquante."

Il donna un coup de baguette magique et les mots s'entredévorèrent d'eux même. Il attrapa de nouveau la craie.

"Deuxième débat d'idée, après nous passerons au II. Comment l'oiseau vit-il ?"

Jeremy laissa échapper un petit rire étouffé en entendant la réponse de Lucy Ann à son coup de coude amical. Séquestré dans la cave d’une jeune fille… Bah voyons.

« Ca ne m’aurait pas déplu mais malheureusement c’est davantage ma légendaire fainéantise qui a eu raison de moi », répondit-il en prenant un faux air blasé.

En réalité, Jeremy n’avait pas séché les cours uniquement par flemmardise. Depuis presque deux ans, l’écossais participait à un grand réseau de trafic d’alcool et de magie noire lui permettant d’arrondir ses fins de mois sans trop d’efforts. Il lui suffisait de recueillir les colis et de les cacher dans l’université le temps qu’un autre trafiquant vienne les récupérer pour les emmener dans un lieu inconnu. Jusque là tout allait bien… Malheureusement en octobre 96, les soucis commencèrent à cause d’une histoire de colis perdus. Jeremy fut donc forcé de se faire discret en cours et même plus généralement dans la vie étudiante pour ne pas subir de représailles.

Puis le prof commença son cours et Jeremy parvint même à en placer une. D’autres suivirent, ainsi que Lucy Ann, pourtant peu habituée à participer elle aussi.

« Premier de la classe ? MOI ? Le jour où les hippogriffes auront des dents, peut-être…
Plus sérieusement, ma modeste contribution au cours s’arrête là. Au moins, on pourra pas me reprocher de n’avoir pas participé. »

La suite du cours prouva d’ailleurs qu’il n’avait pas tord. Le prof entra dans un discours métaphysique sur la conservation de la matière qui demandait trop d’effort intellectuel pour que l’écossais daigne s’y intéresser. Et puis vu le nombre de participants à la dernière question, il y aurait bien au moins un élève pour proposer une réponse.

« Au fait, ne crois pas que je n’ai pas remarqué avec quel audace tu as innocemment ignoré ma précédente question. Tu me connais pourtant suffisamment pour savoir que je ne lâche jamais l’affaire aussi facilement quand quelque chose me tient à coeur, non ? »

Il lui lança un petit regard entendu, et ajouta d’un air solennel tout en imitant la voix des journalistes à potins :

« Lucy Ann, la belle qui noyait autrefois sa solitude dans un verre de Bierraubeurre au 3 balais, à présent sagement rangée avec le séduisant Emmanuel Perks... mais que s’est-il donc passé ? »

Lucy Ann leva un sourcil blasé à l’encontre du professeur

"Pour ceux qui aurait des bases de latin, gauche se dit sinistra en latin, ce qui est à gauche est mauvais. Le prochain qui me parle du principe d'équivalence, de la loi de la conservation de la matière ou que sais-je de synonyme me fera trente centimètres de parchemin sur : Comment un humain peut-il se transformer en chat ? En me précisant bien où se trouve la matière et la masse manquante."

He beh, ça vaut le coup de participer si c’est pour se faire traiter d’andouille devant tout le monde… Il est beau le prof qui se permet de bafouer la plus grande loi de la physique dès le premier cours, je suis heureuse d’apprendre que si je me transforme en chat je perdrais une partie de moi-même… N'importe quoi...

Elle avait marmonné ça plus pour elle-même que pour être partagé, mais le professeur venait de se classer à ses yeux comme « nabot prétentieux sans envergure », la faisant instantanément décrocher de tout ce qu’il pourrait bien raconter. Son attention se reporta alors toute entière sur son camarade, et elle remarqua avec un certain plaisir qu'il n'avait pas changé. Entre les réformes et les années qui défilaient à toute vitesse, c'était presque rassurant. Enfin dans la mesure où un étudiant je-m'en-foutiste pouvait l'être...

Pour ma part toute forme de contribution à ce blabla ennuyeux vient de prendre fin aussi, heureuse coïncidence… Enfin ça fait plaisir de voir que tes instincts de feignasse ont suffisamment régressé pour te ramener parmi le commun des étudiants, j’irais pas jusqu’à dire que tu m’as manqué par contre, fit-elle en un petit sourire taquin. Surtout si c’est pour que tu te mettes à te moquer de moi et de mes bierraubeurres !

En fait, elle aurait du avouer qu’elle-même n’avait pas été très présente ces derniers mois, mais ne souhaitant pas évoquer les raisons de son absence elle préféra passer ce détail en ellipse et faire comme si de rien n’était, même si elle brûlait d'envie d'en demander plus sur l'absence de son camarade. Mais mieux valait ne pas se risquer sur une pente savonneuse quand on ne pouvait pas se permettre de dégringoler et continuer sur la voie déjà tracée...

Ce qui s’est passé ? Bah tu sais, à force d’hurler mon désespoir de louve solitaire à la lune j’ai fini par être entendue… En fait non, je suis un vilain méchant loup qui en avait marre d’être toute seule, alors j’ai semé des chocogrenouilles le long d’un couloir pour faire un appât, et tout naturellement c’est le candy killer qui est tombé dans le piège !
Mais pourquoi tu poses cette question ? Moi en couple c’est si improbable que ça ? J’ai tant le profil de la vieille fille avec son chat que ça ? demanda-t-elle d’un air faussement apitoyé, la lèvre facticement tremblotante.

Et toi alors, « Mister president », rien de neuf côté cœur ? Toujours fidèle à ta réputation de « womanizer » ou alors as-tu une petite « first lady » cachée quelque part qui t’a aidé à combler ton emploi du temps pendant que tu faisais l’école buissonnière ?

Les potins, toujours les potins. Bah oui, Lucy Ann était une fille comme les autres, et quitte à discuter pendant un cours, autant que ce soit pour quelque chose qui en vaille la peine, comme la vie sentimentale du président de BDE par exemple.

Avachi dans sa chaise, Andrzej étouffa discrètement un bâillement. L’approche de Hastet vis-à-vis de la métamorphose était certes peu conventionnelle et assez distrayante par rapport aux cours mortellement ennuyeux qu’il avait eu précédemment dans cette matière, mais la théorie avait tout de même ce pouvoir incontrôlé chez le russe. Une tendance à se décrocher la mâchoire et à ses paupières de se fermer... Rien qu’à l’idée qu’ils allaient devoir supporter tous ces charabias théoriques et autres débats éthiques pendant trois longues heures, le slave n’avait qu’une envie, aller se plonger dans son lit. Malgré le temps qui s’était déjà écoulé, Andrzej avait l’impression que cela ne faisait que commencer et que les minutes passaient à reculons au lieu d’avancer comme il se devrait.

Pourtant, le brun n’était pas un ennemi de la métamorphose. Il aimait bien cette discipline qui offrait plein de possibilités mais voilà ce n’était que la pratique qui l’intéressait. Aussi, même si c’était amusant au début, les beaux discours d’Hastet sur l’état du volatile, à savoir s’il était vivant ou mort, lui passait bien au-dessus de la tête.

- Le prochain qui me parle du principe d'équivalence, de la loi de la conservation de la matière ou que sais-je de synonyme me fera trente centimètres de parchemin sur : Comment un humain peut-il se transformer en chat ? En me précisant bien où se trouve la matière et la masse manquante.

A cette remarque, Andrzej se réveilla suffisamment pour hausser un sourcil. La loi de la conservation de la matière était quand même une des bases primordiales de la Métamorphose...

*D’où il sort ce mec...*

Bientôt il allait leur dire qu’il n’y avait aucune règle, que c’était tout simplement magique et qu’on pouvait donc tout faire. Or, c’était loin d’être le cas. La magie permet tout un tas de choses toutes aussi incroyables les unes que les autres, mais elle avait tout de même des limites. Néanmoins, le slave préféra rester silencieux sur ce sujet. Même si la problématique d’une métamorphose humaine en chat était intéressante, Andrzej n’avait nulle envie de perdre son temps à réfléchir sur la question. Les devoirs normaux étaient suffisants et il ne voulait certainement pas se coltiner un devoir supplémentaire !

- Comment l'oiseau vit-il ?

Poussant un soupir exagéré, le soviétique leva les yeux au ciel. Mais qu’on le fasse taire ! Ce satané oiseau n’était pas réel ! Il n’était pas mort et ne vivait pas non plus avant. Ce n’était qu’une simple illusion, une transformation de la matière. D’ailleurs, le brun n’était pas le seul à rester interdit devant les notions qu’exposait Hastet. Par rapport à précédemment où pratiquement tout le monde avait participé, maintenant les bouches étaient closes – par rapport à la question du prof évidemment car les bavardages restaient nombreux. Finalement, Andrzej se décida à intervenir bien que sa réponse était légèrement ironique et ne restera certainement pas dans les annales, mais au moins il avait évité de mentionner les Lois et les Règles absolues de la Métamorphose.

- Il vit tout simplement par la Magie. A partir d’un autre objet, elle l’a transformé et animé, et donne ainsi l’apparence d’un oiseau.

Apparemment, tout le monde était d'accord en ce qui concernait la mort de l'oiseau. Non loin d'elle, deux étudiants d'années supérieures discutaient joyeusement ; Ella prenait conscienseusement de notes, et Andrzej avait l'air de s'ennuyer ferme. Le professeur Hastet lui ne se démontait pas. Attentif à toutes les réponses, il les répertoriait soigneusement sur son tableau, son bras imitant un TGV, et attendit que les étudiants aient fini d'émettre leurs propositions. Enfin, il sourit.

Faith observa le shéma mouvant avec intérêt, avant de rapidement reproduire celui-ci sur son parchemin. Elle écouta ensuite l'explication du professeur, et s'étonna qu'on n'observe pas les choses sous cet angle à Poudlard. Bien sûr, les apprentis sorciers avaient assez à faire avec les bases de cette matière compliquée, qu'il paraissait normal qu'on ne les assome pas avec de tels discours, mais elle trouvait cela si intéressant... Tout en parlant, le professeur tapotait des phrases au tableau, les ordonnait selon ses convenances, attirait leur attention sur certaines remarques. Il ponctua son discours en plaçant la remarque de Lcuy dans le négatif, et conclut sur une mise en garde qui sembla exaspérer certains élèves -elle ne voyait pas ceux qui se trouvaient derrière elle, mais les soupirs étaient parfaitement audibles.

Andrzey tenta donc en premier une réponse à la dernière question posée, et la jeune femme perçut une touche d'ironie dans le ton de son camarade. Nabil Hastet énervait plus d'un élève, et elle faillit s'autoriser un soupir. Pour elle n'était pas fana des interventions orales, mais si on se décidait à participer, autant que ce soit sérieux, tout de même. Elle ne savait pas comment répondre à la question. Comment l'oiseau vivait-il ? Mais il ne "vivait" pas vraiment... Alors comment prendre cette question ? Elle s'interrogea une seconde ou deux, puisc Cédant à une impulsion (chose rare chez elle), elle leva sa main et et proposa :

-Il vit tant qu'on maintient l'illusion...

Elle abaissa sa main, sans laisser transparaître son hésitation. Elle s'était lancée, tant pis si son intuition était mauvaise, elle avait toujours préféré répondre directement plutôt que de poser une question avant. Elle ne s'expliquait pas cette manie, mais à l'écrit comme à l'oral, elle avait toujours agit ainsi.

-T'as l'air prête à attaquer vaillamment ces trois heures de théorie...

C’était le cas de le dire, le professeur venait de fracasser un verre par terre après l’avoir métamorphosé en oiseau. Elanor n’avait pas vraiment suivi ce qu’il s’était passé mais apparemment l’oiseau était mort. A moins qu’il n’ait jamais existé ? Bonne question. Dans tous les cas, un zosio couinait en volant quelques instants avant que le verre ne se brise en mille morceaux sur le sol. L’étudiante regardait les débris, les yeux écarquillés, se demandant où pouvait bien se trouver l’éthique dans ce geste et cette image qu’il venait de donner à la classe.

Franchement, elle ne s’était jamais vraiment intéressée à la métamorphose en dehors de sa pratique. La question la laissa donc sans voix et se fut dans un geste frénétique qu’elle se lança dans une prise de note éperdue sur les commentaires que faisaient ses camarades. Mais, son geste se suspendit et son regard se tourna vers l’arrière de la classe lorsque Jeremy pris la parole pour étaler sa science. Ça alors, et depuis quand faisait-il gagner des points à sa formation ? Et depuis quand prenait-il la parole en classe ? Son œil suspect se détendit lorsqu’elle remarqua qu’il n’avait même pas prit de quoi écrire pour le cours. Ce geste devait n’être que spontané et sans aucun fondement intellectuel, c’était certain.

Pratiquement tout le monde prit la parole, mais Ela resta silencieuse, un peu perplexe face à la question et aux interventions de ses camarades qui semblaient assez correctes au final. Que rajouter après tant de bonnes réponses ?

Puis, le professeur continua son discours et ne fut cependant pas très satisfait de l’intervention de Lucy Ann concernant la conservation de la matière. Annotant sur son parchemin, elle tendit pourtant l’oreille, un peu réglée au radar et surpris les paroles de Lucy Ann qui questionnait Jeremy.

Et toi alors, « Mister president », rien de neuf côté cœur ? Toujours fidèle à ta réputation de « womanizer » ou alors as-tu une petite « first lady » cachée quelque part qui t’a aidé à combler ton emploi du temps pendant que tu faisais l’école buissonnière ?

Evidemment, la réponse ne l’intéressait pas le moins du monde, mais elle ne pu s’empêcher de rester attentive tout en notant les questions du professeur et les réponses données par ses camarades. Faith la tira de son écoute attentive lorsqu’elle prit la parole. Mâchouillant le bout de sa plume, Elanor s’interrogea sur cette affirmation qui semblait assez vrai, mais dans ce cas, la magie n’est-elle qu’illusion ? Rien n’existe ? Soudainement, l’étudiante décida de se lancer et de lâcher cette question.

Mais, si l’oiseau n’existe pas. Comment savoir si ce qui est en face de nous existe bien réellement ou pas ? Comment savoir si ce n’est qu’illusion ou la réalité ? Et dans ce cas, la magie n’est-elle qu’illusion dans certains cas ?

Les réponses fusaient en un rythme soutenu, laissant à peine le temps de noter les différences propositions. Le Professeur Hastet semblait les écouter tous, sans montrer de préférences sur telle ou telle théorie. Toutefois, ils se rejoignaient tous sur un point très important. L’oiseau n’étant pas vivant, il ne pouvait pas mourir. Tout se passait bien en somme, jusqu’à ce que Lucy-Ann se réfère à l’alchimie. Ce n’était pas une théorie idiote ou inintéressante mais le Professeur avait très clairement sous entendu qu’il ne voulait pas entendre parler de cette loi aussi tous avaient prudemment omit de la citer. Une sorte de silence tomba quelques secondes seulement ou même moins avant que leur intervenant ne reprenne les rênes du cours.

Des lettres de craies apparurent enfin sur le tableau, attirant l’attention de la plupart des étudiants de l’amphithéâtre. Elles formèrent des mots, se déplacèrent, s’entre-dévorèrent ou se modifièrent selon un schéma complexe. Au début Deryn essaya de retranscrire leurs mouvements puis comprit qu’il ne s’agissait que d’un effet de style et laissa tomber. Elle avait vraiment l’esprit ailleurs. L’absence de James la tourmentait plus qu’elle ne voulait se l’avouer et… et…et puis c’était bien suffisant. Il y eut un nouveau silence tandis que tous essayaient de saisir les concepts abordés puis une nouvelle question fut lancée.

Le débat avait déjà ralentit. Les mains qui se levaient étaient moins nombreuses et les prises de paroles moins argumentées. Pourtant, la seconde question était tout aussi palpitante que la première, voire même plus. Mais également plus complexe derrière son apparente simplicité. Le Professeur Hastet avait la manie de transformer un concept plutôt simple en question philosophique des plus compliqués. Il y eut un nouveau moment de silence interrompu seulement par quelques bavardages au fond de l’amphi.

Les yeux baissés sur sa copie, les sourcils froncés, Deryn essayait de saisir ce que l’on venait de lui expliquer. Elle ne comprenait pas très bien pourquoi casser les os de l’oiseau abîmerait le verre alors que le tuer ne faisait rien. Cela devait avoir à faire avec ce qu’il avait dit de l’illusion de la vie. Parce que l’oiseau était tout de même réel, enfin fait de matière, palpable disons, et que cette matière venait de quelque part. Même sans utiliser la loi d’équivalence des alchimistes (cette loi que l’étrange professeur semblait mépriser) il y avait quelque chose dans tout cela qui la perturbait. Aussi leva-t-elle à nouveau la main avant de se lancer :

« Ce qui veut dire que si l’objet de départ était vivant, comme par exemple une souris, alors la mort de l’oiseau serait réelle puisqu’il y avait déjà de la vie réelle dans l’objet source ? Ou est ce que le modifications se font uniquement sur le plan matériel, palpable de l’objet ? »

Elle inspira une nouvelle foi, hésitante, puis, défiant presque l’adulte de ses yeux brun, elle entreprit d’essayer à son tour de répondre à la question.

« Vous l’avez dit vous-même, dans cet exemple il ne s’agit pas de vie à proprement parler mais de l’illusion de la vie. Je pense qu’elle vient du fait que nous sommes vivants. De ce fait, nous avons comme une sensation, une idée même vague et imprécise de ce que nous pensons être la vie. Nous imposons cette idée, ce…euh… comportement à l’oiseau-verre. C’est à peu près la même chose que le sortilège de colorisation, on peut crier « rouge », si nous pensons « bleu » alors la couleur restera le bleu non ? Il ne « vit » donc que par notre propre projection de ce qu’est un oiseau et/ou de ce qu’est la vie. »

Elle ne savait pas trop elle-même ou elle voulait en venir et sa voix mourrut soudain tandis que le rouge lui montait aux joues. Evidemment qu’ils étaient vivants en même temps, on avait souvent vu des morts lancer des sorts ? Franchement, il y avait des jours où il aurait mieux fallu qu’elle s’enterre vivante. Genre Vestale. Oubliée de tous et de tous dans son tombeau éternel.

Rien de plus désagréable que des discussions alors que l'on parle. Mais Hastet ne disait rien, rien du tout, il fixait simplement les deux élèves qui parlaient chiffons dans le fond de la classe avec un regard rêveur. Deux Magico-Soin, un capital peu intéressant pour tout vous avouer. Il pourrait changer le garçon en mangouste et la fille en pie.
Celle-ci n'avait apparemment pas apprécié que le professeur ne la traite d'idiote. Pour ce coup, il ne s'en voulait pas, au contraire, le quotient intellectuel que la mademoiselle voudra bien consacrer à la métamorphose semblait proche de zéro. Si elle revenait au prochain cour, ce serait assez étonnant, sinon pour discutailler du dernier article de Rita Skeeter avec son voisin. Génial, il allait pouvoir utiliser la "trop pleine d'ego" comme la personne butée qu'elle voulait être, y comprendre comme une soufre douleur potentiel. Et si demain le directeur de l'Uma venait le voir pour se plaindre, il hausserait les épaules. Après tout, les vacances arrivent.
Un élève qu'il n'avait pas entendu depuis le début du cour avec un petit air slave très aristocratique voulu bien décrocher quelques mots avec dédain. Une réponse. Oh, joie ! Sa majesté est trop bonne. Une évidence pour sa majesté, Nabil était désolé d'embêter sa majesté avec des questions stupides. Une deuxième élève pris la parole, soumettant une deuxième proposition, tout aussi intéressante. Nabil ne montrait pas ses pensées, il acquiesçait simplement les élèves parlant. Une autre leva la main pour poser des questions sur le monde de l'illusion, il eut un petit sourire. Et le débat se termina par l'intervention de Deryn Cadell. Une nouvelle question et une théorie bancale.

« Bien. »

Il effaça ce qui était écris au tableau d'un coup de baguette magique.

« Nous avons donc, la Magie et l'illusion. Avant de passer au II. Je répond à la question de Miss Cadell. Nous parlons ici d'objet inanimé, transformer un être vivant en un autre être vivant est totalement différent de la notion de métamorphose que nous étudions en ce moment. Nous verrons ce genre de métamorphose dans un cours ultérieur. N'allons pas trop vite. Mais les modification atteignent la vie de l'objet d'origine en cas général. »

Il écrivit au tableau : « II.Les trois théories » puis se frotta les mains pour retirer la craie qu'il collait contre ses paumes. Le soleil commençait à entrer par les fenêtres de façon plus visible. Nabil regarda par la fenêtre et commença son discours.

« Nous entrons dans les méandres de la théorie pure. Pour ce qui est de la vie en métamorphose, il y a trois grandes théories. La plus défendue et la plus officielle de celle-ci est celle que nous à succinctement présenté Monsieur...Il se pencha vers une feuille sur son bureauMiaskovski -excusez moi si je prononce mal-, cela fait 10 point pour votre filière. Cette théorie constitue à tout imputer à la magie. Absolument tout. C'est donc non pas la vie qui anime l'oiseau mais la magie qui fait office de cœur, de la même manière que la magie lave ce tableau, elle fait voler l'oiseau. Bien entendu, là encore, il y a une ramification entre ceux qui voit la magie comme un flux global passant par certains individus et ceux que pense que la magie est le flux du sorcier. Pour les deuxième, cela voudrait dire qu'une part de nous se met dans l'oiseau pour le faire voler mais qu'elle nous rejoint ensuite, une fois l'enchantement levé. Mais entre temps, nous avons quelqu'un qui contient notre essence devant nous. Fut-il un oiseau, c'est souvent troublant d'envisager la métamorphose de cette manière. »

Il attendit un instant que ceux qui prenait de notes et marqua la phrase : « La magie, c'est la vie » au tableau.

« Avant de parler de la théorie de l'illusion, il y a celle défendue par les marabouts africains, les chaman indiens et certains autre sorciers chinois. La théorie animiste. Selon eux, la vie est déjà contenue dans l'objet à partir du moment où l vient de la nature. Papier, verre en cristal, cabine de douche, tous ces objets ont une âme puisqu'à l'origine ils étaient part de nature. Et si l'un d'eux est brisé, son âme est divisée selon les morceaux qu'il reste. La métamorphose ne fait donc que donner à cette âme les moyens de s'épanouir et les lui retire lors de sa mort. La métamorphose de ces pays est totalement basée sur ces principes et le caractère des être invoqués dépend souvent du matériaux de base. Ce n'est pas le cas pour nous. Mais il est sympathique d'en parler car ce genre de magie est très répandu à travers le monde et en est même devenu une religion chez les moldus. »

Il écrivit une deuxième phrase au tableau : « Chaque objet à une âme. »

« Dernière théorie, difficile à manier, celle de la métamorphose qui n'est qu'illusion. Cinq points en plus pour Faith Baxer, cinq point pour Elanor qui à soulevé les limites de cette théorie et dix autres points pour Miss Cadell qui a tenté d'utiliser sa tête pour trouver une réponse cohérente. »

Il passa son regard par dessus ses lunettes pour observer les silhouettes floues de ses élèves, il les posa sur son bureau et s'assit. Il semblait réfléchir à la façon là plus simple pour faire comprendre les tenants et aboutis de cette théorie. Il avait les yeux fermés. Il les rouvrit à peine trente secondes plus tard, le regard un peu vide.

« Un philosophe moldu a un jour dit : Cogito ergo sum. Je pense donc je suis. En substance, nous savons que nous existons car il faut que quelqu'un pense. Nous somme le point de départ de la reflexion, il faut obligatoirement un point de départ, donc nous existons, notre esprit existe. C'est certain. Maintenant, est-ce que l'oiseau existe ? D'un point de vue proprement logique, oui. Il y a eu matière au début, il a une base d'existence, il existe donc. Sa vie n'existe pas, il n'y a aucune base, pas de point de départ. »

Nabil repris ses lunettes et les posa sur son nez. Cette théorie était la plus difficile à saisir. Il fit un sourire désolé aux élèves qu'il voyait en difficulté avec leurs prise de note.

« L'oiseau n'a que des mouvements qui font l'illusion d'une vie. Tout ces mouvements sont indépendants et non pas généraux. Il y a un mouvement qui fait battre le cœur de l'oiseau, mais si on retire ce mouvement, le reste continuerait indépendamment. Ce n'est pas la vie mais un simulacre de vie. Une illusion. Une marionnette organique de la magie. »

Il écrivit au tableau : « Marionnette magique. »

« Fini avec ce cours là. Des questions avant que je ne vous dise pourquoi je hais la loi d'équivalence ? »

[La suite et fin sera postée le 31. Bous pouvez répondre en attendant ^^]