Titre : Un p'tit verre entre anciens copains
Thème choisit : Thème 5
Personnages : Revan Austen, William Faith, Page et Helen McHenry, Kaelir Gammach, William Craig, Lellia Windfall, June Galdwin.
Mentionnés : tout plein ^^
Résumé : Pour les trente-deux ans de Page, ses amis ont organisé une petite soirée en son honneur.
Cadre : Londres, dans une salle des fêtes du Ministère.
Année : 2017
Complet : Ouii

[ J'espère que tu seras pas déçue Page, j'ai fait un peu ça à l'arrache ]

-Bouge toi !
-Non !
-Allez !
-J'ai pas envie !
-Billy, si tu bouges pas tout de suite j'te balance un maléfice dans un endroit très bien placé !

Un gémissement répondit à la brune. Affalé à plat ventre sur le canapé, William Faith avait enfoui son visage dans un coussin et refusait de se lever, tel un gamin d'une dizaine d'années. Ni une, ni deux, sa compagne dégaina sa baguette magique et lança un sortilège d'Explosion sur l'endroit juste à côté de la tête du trentenaire, déclenchant un cri de surprise accompagné d'un violent sursaut de sa part.

-Mais t'es folle ? Beugla-t-il, lui jetant un coup d'œil effaré par dessus le dossier du canapé ; elle lui rendit un regard tellement menaçant qu'il se releva en grommelant : bon d'accord, j'arrive...
-C'est bien, répondit-elle. Si c'était TON anniversaire qu'on fêtait, t'aimerais que tes amis viennent, non ? Ben c'est pareil pour Page...
-Je sais, mais on aurait pu organiser ça un jour plus tard, non ? J'suis crevé...
-Certainement pas ! Demain je dois passer à Canterbury rendre visite à mes parents.

Sur cette réplique sans appel, elle le laissa s'habiller dans le salon (ou plutôt, ramasser et enfiler le reste de ses vêtements qui avaient volé un peu plus loin dans la pièce une petite heure auparavant). Ils ne s'étaient pas vu depuis quelques semaines, car Billy avait été très pris avec ses entraînements et matches de Quidditch, dans son pays natal ; maintenant qu'il était rentré pour quelques temps, elle en profitait. Elle aurait aimé le suivre en Irlande et s'y installer un peu après leur sortie de l'UMA, mais son emploi d'organisatrice du Commerce Magique au Ministère l'en empêchait. Aussi le couple jonglait-il entre périodes d'absences et moments de retrouvailles à Dublin ou dans le studio de la brune, à Londres.
Quelques minutes plus tard, il la rejoignit, prêt à partir. Il lui saisit le bras, et avec une hésitation et un regard vers le ventre de sa compagne, il demanda :

-T'es vraiment sûre que ça risque rien ?
-Oh, je t'en prie, j'suis pas en sucre ! J'suis enceinte, pas impotente.
-Bon, d'accord. Alors on y va.

Et avec un « crac » sonore, le couple transplana.

Ils avaient prévu de rejoindre la troupe d'amis de Page et Helen dans une des salles fréquemment utilisées par le Ministère pour organiser des réceptions ; comme l'ancienne préfète de Gryffondor et plusieurs de ses amis y travaillaient, obtenir la réservation n'avait pas été trop compliqué, bien que le nombre d'invités soit restreint (Page, comme Revan, n'était pas fan des galas en grande pompe et tout le tralala). Pourquoi louer une salle du Ministère si la fête se faisait en petit commité ? Tout simplement parce qu'ils avaient plusieurs choses à fêter : en plus du double anniversaire des Irlandaises, ils trinqueraient à la nouvelle promotion de William Craig comme directeur du département de la Coopération Magique Internationale, au futur mariage d'Helen avec Gauvain Gammach, au bébé à venir de Revan et Billy, et, accessoirement, de la récente victoire de l'équipe de Quidditch nationale d'Irlande dans laquelle celui-ci jouait comme attrapeur (c'était du moins l'argument imbattable que la brune avait trouvé pour faire fondre les résistances de son compagnon). En vérité, les hommes et femmes présents ce soir étaient tous réellement contents d'avoir une bonne raison de se retrouver tous ensemble et de penser à autre chose qu'au boulot -Dieu savait que certains d'entre eux en avaient vraiment besoin.

Ils apparurent donc dans le périmètre sécurisé (on était à Londres tout de même, on ne pouvait pas se permettre de transplaner n'importe où), et prirent la direction de ladite salle, à l'intérieur de laquelle un homme et un femme attendaient déjà, en pleine discussion animée. Ils s'interrompirent en les voyant arriver ; aussitôt, les visages s'éclairèrent de sourires chaleureux. Billy oublia instantanément qu'il avait refusé de venir quelques instants auparavant, et serra chaleureusement la main à son ancien préfet, tandis que Revan saluait gaiement Lellia Windfall.

-Yooo, comment va le nouveau promu du Ministère ?
-Ma foi, on fait aller... Et toi le futur papa ?
-M'en parle pas, je stresse déjà, et Revan est insupportable...
-Je suis pas sourdre ! Intervint la brune. Alors Léllé, comment se porte ton équipe ? Pas trop au bord du suicide ?
-Oh tu sais, ils ont fini par s'y faire... Ils ont compris que du moment qu'on gagnait, je leur menais pas trop la vie dure, plaisanta l'ancienne Gryffondor.

Ces railleries sur le caractère insupportable de Lellia n'étaient qu'une vieille blague datant de Poudlard, lorsque la « Mégère » était capitaine de l'équipe de Gryffondor et qu'elle leur concoctait des entraînements mémorables. Si elle n'avait jamais abandonné son poste de Capitaine (elle dirigeait à présent l'équipe des Tornades de Tutshill), tous savaient que son caractère facilement irritable s'était assouplit avec le temps, mais ils ne parvenaient pas à lui retirer son vieux surnom. C'était le genre de choses qui restaient à vie. Lellia s'était mise à charrier Billy -les premiers temps, lorsque le brun n'était qu'un première année intenable, les deux jeunes gens avaient eu le plus grand mal à s'entendre, et la Captain avait eu son attrapeur dans le collimateur pendant longtemps ; mais leurs relations s'étaient améliorées avec le temps, au fur et à mesure que Billy faisait ses preuves- et Revan papotait joyeusement avec le rouquin lorsque la porte s'ouvrit de nouveau.

-M'sieur l'avocat ! S'exclama William à l'apparition de son ancien camarade préfet.

Kaelir Gammach, moins blond que pendant ses années Poudlard mais toujours souriant, venait d'apparaître au bras de sa femme June. Ils vinrent saluer et agrandir le petit groupe d'anciens camarades, serrant les mains et embrassant les joues. Il ne manquait plus que les deux reines de la soirée, qui savaient se faire attendre.

-Alors, j'ai entendu dire que les jumelles laissaient leurs compagnons au placard ce soir ? Interrogea Lellia.
-Oui, mon cher cousin a été retenu par une tonne de paperasse, et Morgan a un petit souci de pleine lune, répondit Kaelir en souriant.

Personne ne releva cette dernière affirmation ; sans être tabou, le problème garouesque de l'ancien Serpentard n'était jamais trop évoqué. Imaginer leur camarade tapit au fond de la cave sous l'effet de la potion tue-loup n'était pas une image très réjouissante.

-Alors, il est prévu pour quand ce petit bout ? Demanda June.
-Le mois de mai, normalement... répondit Revan en passant une main sur son ventre.
-Vous avez une idée du prénom ?
-Billy veut un prénom Irlandais... Si c'est une fille, je pense qu'on l'appellera Cordelia, et si c'est un garçon, Arthur -et comme je sens que ce sera un garçon... Comment vont les tiens ?
-C'est joli. Oh, très bien... La grande se plaît tellement à Poudlard qu'elle ne veut pas rentrer pendant les vacances, et le deuxième est bien parti pour suivre le même chemin.

Les deux femmes éclatèrent de rire ; ils avaient tous connu ça. C'était l'effet Poudlard...

Nouveau bruit de porte qui s'ouvre.

-Yop les copains ! Lança Page à la cantonnade.
-Ah ! S'écrièrent les sorciers dans un bel ensemble.
-Voilà les plus belles ! beugla Billy en se précipitant pour accueillir les jumelles.

Page et Helen paraissaient rayonnantes de les voir ainsi, bien que l'ancienne Gryffondor eut les traits un peu tirés. En s'orientant vers le métier d'Auror, elle s'était attendue à manquer de sommeil à cause des missions qu'on lui confierait ; malheureusement, c'était surtout les tracas du bureau qui l'empêchaient de dormir. Sans compter les gamines turbulentes, mais là, elle pouvait compter sur Morgan. Le sale gosse devenu Briseur de sorts savait curieusement se montrer adulte lorsqu'il s'agissait de ses deux filles, dont la première, Cathleen, venait de faire sa rentrée à Poudlard -en tant que Gryffondor, ce qui n'était pas sans flatter Page. Morgan ne pouvait que râler et espérer très fort que la cadette, Erin, suivrait le chemin de son père et serait envoyée chez les Tout Verts.

-J'ai refourgué ma petite à ma mère, lança l'Auror d'un air faussement soulagé, je suis tranquille pour la soirée !
-Pinpin s'excuse, intervint Kaelir, elle n'a pas pu venir... Des problèmes avec son appartement qui aurait pris feu « accidentellement » si j'ai bien compris...
-Je sais, elle m'a prévenue par hibou express... C'est dommage, mais on fera sans elle !
-J'espère quand même qu'elle n'a pas tout fait sauter... Bon, on démarre ? Interrogea Helen.
-A ton service, répondit Lellia.

D'un coup de baguette magique, elle fit apparaître un plateau où trônaient fièrement huit coupes de champagne. Ils se servirent joyeusement, et William leva sa coupe :

-J'porte un toast aux jumelles McHenry qui avancent la tête haute à travers leur trentaine ! Et toutes mes félicitations à Helen qui a le courage d'associer sa vie de propriétaire de pub avec une vie de femme mariée ! Petite pensée pour Gauvain qui n'est malheureusement pas là ce soir...

Ils trinquèrent. En effet, Helen avait repris le pub de sa mère et ce n'était pas de tout repos ; mais elle gérait tous les fronts de main de maître, et trouverait même bientôt le temps de tomber enceinte. L'ancienne Poufsouffle leva à son tour son verre pour faire un petit discours :

-Et moi, je trinque à William qui a pris du galon, et au futur bébé de Bill et Revan ! Il était temps...

Tout le monde approuva. Oui, ils avaient mis du temps à se mettre ensemble, ces deux-là... Le brun s'approcha de sa compagne et posa son menton sur l'épaule de celle-ci. Il lui avait fallu patienter très longtemps, mais elle avait cédé, finalement ! Et il n'avait jamais été aussi heureux...
Après que tout le monde eut bu sa gorgée, les conversations reprirent. Billy et Lellia se lançaient dans une discussion passionnée sur les matches à venir de leurs équipes respectives, Kaelir et William critiquaient le Ministère, et le reste des filles parlaient mariage.

-Tu as déjà choisi ta robe ? Interrogea Revan, curieuse.
-Choisi, non... En fait, je l'ai commandée. Chez Deniel's Creations. Il a dit qu'elle serait prête dans deux semaines, j'ai vraiment hâte de la voir !

Ses interlocutrices approuvèrent. Oui, Isaac Deniel avait beau être un ancien Serpentard gay, c'était indéniable, il avait un talent fou. Même Page n'hésitait pas à le reconnaître ; les vieux ennemis avaient enterré la hache de guerre durant l'année de l'occupation des Mangemorts à Poudlard, lorsque Deniel avait combattu à leurs côtés. A présent, le trentenaire était un styliste de renom dans le monde sorcier, admiré pour ses créations délirantes et connu de tous comme un collectionneur de conquêtes invétéré depuis que Grim Wolkoff, l'amour de sa vie, était mort, et de nombreuses mariées avaient recours à ses services. Il avait un don pour faire de chaque robe quelque chose d'unique, et c'était bien ce que recherchaient la plupart des jeunes femmes prêtes à sauter le pas.

-Et... Comment va son assistante ? Demanda la future maman, un sourire en coin.
-Oh, on ne peut mieux, répondit Page en lui rendant son sourire. Il lui fait vivre un véritable enfer.

Elles échangèrent un regard entendu. L'éternelle assistante de Deniel n'était autre que Précieuse McLane ; l'horrible bimbo blonde qui avait entretenu une haine cordiale avec les préfets de Gryffondor avait pensé se faire un nom dans le monde de la mode sorcière en se faisant engager par son ex-camarade Isaac. Malheureusement, le styliste était aussi dur que le fer, et non seulement il ne l'avait pas aidée à se faire un nom dans le mannequinat, mais il l'empêchait également de se faire des relations dans le métier (autrement dit, il lui serrait suffisamment la vis et lui assurait une réputation suffisamment pourrie pour qu'elle ne parviennent pas à percer même en vendant son corps). McLane n'avait donc pu que s'écraser devant sa personnalité et son talent, condamnée à rester dans l'ombre du créateur. Rien ne pouvait faire plus plaisir à Page, et cela suffisait à ravir son ancienne camarade. C'était une belle victoire.

-Au fait, j'ai entendu la dernière chanson d'Ange Dawster à la radio... Elle s'arrange pas, intervint June. Cette fille a couché avec son producteur, c'est obligé.
-Bien sûr, approuva Revan. Elle est bonne qu'à chanter des trucs mielleux pour ados émotives,et je peux vous assurer qu'elle a pas été repérée pour son talent au chant. Je plains son mari.
-D'ailleurs, je l'ai recroisé, lui ; intervint Helen. Il a toujours l'air malade, il marche avec une canne, mais il a une certaine maturité. Il vieillit plutôt bien, ajouta-t-elle.
-J'aurais plutôt pensé que sortir avec cette fille suffirait à l'achever ; il avait déjà l'air à moitié mort à Poudlard, renchérit-la brune.

Elles rirent. Cela faisait partie des choses incompréhensibles ; à Poudlard, personne n'aurait parié un sou sur le couple Dawster-Taylor. Damien ne semblait pas assez fort pour supporter une telle calamité. Mais curieusement, il s'en était accommodé, et cette relation semblait même lui réussir. Lorsqu'elle le croisait, Revan et lui s'adressaient toujours un signe de tête poli et un regard entendu. L'aventure qu'ils avaient partagé durant leur première année les avait liés et ils ne pouvaient s'ignorer, aussi la brune compatissait en le voyant avec sa chanteuse à deux francs.

-D'ailleurs, en parlant d'homme qui vieillit bien... avança Page, avec un regard appuyé vers Revan. J'ai revu Arsène Vawdrey. Il est toujours aussi charmant. Directeur de l'UMA, ça lui va bien comme poste.

La lionne fit la moue. Charmant était un euphémisme. Le médicomage était magnifique. Du genre à qui la cinquantaine va superbement bien, à la Georges Clooney (j'aurais aimé dire Brad Pitt *bave* mais il est pas brun...). Et Page avait raison, les mots « directeur de l'Université de Magie Avancée » lui allaient à ravir. Elle tenta de prendre un air détaché pour répondre.

-Oui, moi aussi je l'ai vu il y a quelques temps... On a parlé un petit peu. Il m'a demandé comment je m'en sortais, et tout... Il avait l'air enchanté d'apprendre ma grossesse. Enfin, il a dit ça parce qu'il m'a vue maintenant ; j'suis contente de pas l'avoir croisé avec un bide digne d'un cachalot.

Les femmes éclatèrent de rire.

-Et tu t'es sentie comment ? S'enquit la flamboyante Auror.
-Je sais pas. J'étais contente, mais un peu triste, comme à chaque fois que je le revois.

Avec un regard à Billy qui faisait de grands gestes un peu plus loin, elle s'interrompit. Il était au courant bien sûr, il savait tout. Il savait qu'elle avait aimé Vawdrey pendant des années, il savait qu'elle l'avait repoussé à cause de ça, il savait qu'elle avait séché ses cours à l'UMA pour suivre ceux du médicomage, il savait qu'elle avait eu droit à un baiser de sa part pendant sa dernière année à l'université. Il savait qu'elle avait tourné la page et qu'elle ne l'aimait plus, mais qu'elle l'admirerait toujours. N'empêche que ce n'était jamais franchement délicat de parler d'Arsène lorsque Bill était dans les parages. Elle ne mentionna pas la fiancée de Vawdrey qui était présente lors de leur entrevue ; la voir était toujours très étrange. Le séducteur avait commencé à sortir avec elle alors que Revan était à l'université, et nul doute que Faith Baxter était au courant du baiser échangé entre son compagnon et son élève. Pourtant, elle ne regardait jamais la brune comme une rivale, et réciproquement. Toutes deux semblaient se comprendre. Elles aimait et avait aimé le même homme. Faith admirait la jeune Austen pour avoir su aimer de façon si totale et inconditionnelle ; Revan remerciait intérieurement la charmante Baxter de prendre soin du médicomage. Les choses étaient en ordre.
A ce moment-là, Kaelir et William hélèrent les autres pour quérir leur avis sur un des projets de réforme du Ministère, et elles abandonnèrent leur sujet de conversation pour les rejoindre, tandis que Lellia faisait apparaître d'autres rafraîchissements.

Ils discutèrent longtemps. Personne ne mentionna le beau grec qui partageait la vie de la capitaine des Tornades depuis quelques temps, parce que parler d'engagement au milieu de gens qui s'engageaient la rendait folle. Page osa demander à William comment allait Bangkok, et il lui répondit à demi mots en souriant, parce que leur relation était récente et pas franchement officielle, et qu'il n'était pas très expansif sur ce sujet. Ils se plaignirent vertement de leurs collègues insupportables du Ministère, de la tonne de paperasse sous laquelle ils étaient noyés, du bon vieux temps à Poudlard. Ils parlèrent jusque tard dans la nuit, sans vraiment voir le temps passer.

Ils se quittèrent finalement à grand concert de rires et joyeusetés, faisant comme si le boulot et les enfants ne les attendaient pas à la maison, comme s'ils n'allaient pas retrouver leur routine d'adultes, comme s'ils étaient encore une bande d'apprentis sorciers avec rien d'autres devant eux que leur devoir de potion à rendre pour le lendemain.


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