« Cher Josh,

Comment vas-tu ? Ta mère m'a dit que tu travaillais aux archives du Ministère. J'espère que tu ne t'y ennuies pas trop. Je sais que ta vie n'a jamais été palpitante, mais je compatis à ton sort. Enfermé avec toutes ces vieilleries, tu dois trouver le temps long.

De notre côté, il passe bien trop vite. Savais-tu que je me suis marié ? Cassie et moi sommes en lune de miel aux Caraïbes actuellement. J'avais demandé à ton frère de te transmettre une invitation, mais il m'a dit que tu ne pourrais sans doute pas venir. Je me demande ce que tu pouvais faire pour ne pas être là pour ton cousin préféré. »

Josh émit un rire assez semblable à un grincement. Son cousin préféré, hein ?

« Nous étions un peu déçus de ne pas te voir. J'espère que tu pourras te rattraper très vite. Bon, nous sommes pris jusqu'au mois de mai – je sais, nous ne sommes qu'en juin, ça paraît un peu improbable de ne pas avoir davantage de temps. En tout cas, nous serons ravi de t'accueillir au manoir. Ça te changera un peu de ta vieille bicoque. Sais-tu que je connais d'excellents artisans ? Ils pourraient lui redonner de l'allure, tu ferais un peu plus honneur à la famille comme ça.

Enfin ça n'est pas pour ça que je t'écrivais. J'ai glissé avec le parchemin une photo de notre plage privée. L'oncle Alwyn nous l'a offerte en cadeau de mariage, avec la maison qui l'accompagne. Tu la verrais, tu en serais vert de jalousie ! Je t'enverrai peut-être une photographie de Cassie et moi sur la terrasse. Te faire visiter serait un peu long, elle est vraiment grande. Les moldus n'ont pas de chance de ne pas pouvoir agrandir leurs demeures. D'ailleurs, tu y as pensé ? C'est vraiment tout petit chez toi si je me souviens bien. »

Alex était effectivement venu visiter cinq ans auparavant. Depuis, l'archiviste avait déménagé deux fois et son appartement actuel était clair et spacieux. Mais ça, il ne comptait pas l'annoncer à sa famille. Tous étaient encore persuadés qu'il vivait dans son logement d'étudiant...

« Mais voilà que je digresse encore. En fait, je voulais seulement te demander si tu étais toujours aussi bon en sortilèges. Le grenier du manoir est infesté d'on ne sait trop quoi et personne n'ose aller voir. Je sais que tu n'es pas très courageux et ça m'ennuie de te demander une telle chose vu les efforts que ça te coûtera – car tu accepteras, n'est-ce pas ? Tu as toujours été très gentil. En tout cas, nous comptons sur toi, tu es véritablement notre dernier espoir. Les bruits sont insupportables et Cassie est vraiment sur les nerfs. Et ça nous ennuie d'autant plus que nous essayons d'avoir un enfant. Le stress, ça n'est pas bon, surtout en pleine grossesse alors ce serait bien si ça pouvait être réglé assez vite. Bien sûr, nous avons prévenu Garfield de ta visite prochaine – c'est notre elfe de maison, un cadeau de tante Bea.

D'ailleurs, Josh, il serait temps de te marier non ? Tu vas sur tes 27 ans, ça n'est pas sérieux de ne pas assurer la descendance. C'est tout de même toi l'aîné de la fratrie de la famille principale. C'était bien quand tu étais adolescent de t'amuser avec les hommes, mais ce n'est plus vraiment de ton âge. Et pense à tante Jo' un peu. Tu sais qu'elle s'inquiète de ne te voir avec aucune femme. C'est tout de même ta mère, tu pourrais t'en soucier un peu plus. Cela dit, il est vrai que ce n'est pas à moi de te faire la leçon. Je suis de toute façon certain que tu as déjà quelqu'un en vue. Et trouves-en une jolie. Non que je critique tes goûts, mais John sera plus objectif que toi dans ce domaine.

Sur ce, je te laisse. Cassie a envie que nous allions nous baigner un peu.

En espérant que cette lettre t'apporte un peu de notre soleil.
Amitiés,
Ton cousin Alex. »

- Mr Hepburn ?
- Hum ?
- Le département de la justice magique vous envoie un nouveau carton d'archives à classer. Et je crois que le département des sports cherche le manuscrit original de la loi L402 du Code de Quidditch.
- J'irai chercher ça. Déposez votre fardeau avec les autres.
- Bien. A plus tard.
- Hmm.

Josh lâcha la lettre sur son bureau et se leva de sa chaise en direction des immenses rayons des archives. Un léger sourire apparut sur ses lèvres alors qu'il se déplaçait en direction de ce qui l'intéressait. Ici, il était chez lui. Personne ne connaissait mieux le classement que lui, personne ne s'y repérait plus vite. Ce travail lui plaisait et, contrairement à l'idée couramment répandue, il n'avait pas du tout le temps de s'y ennuyer. Lorsque parfois il n'avait plus rien à faire, il avait sous la main l'une des mines d'informations les plus riches de tout le Royaume Uni. Inutile de dire que jamais il ne laisserait sa place à quelqu'un d'autre.

Il ne tarda pas à revenir à sa place avec le précieux document. Le parchemin un peu abîmé par le temps passé était recouvert d'un voile protecteur destiné à lui éviter des ravages supplémentaires. Le brun n'aimait guère sortir ses joyaux des archives. Trop peu de gens voyaient l'importance qu'ils avaient et bien moins encore en prenaient soin. Il envoya donc une note à la seule personne susceptible de vouloir lire cette fameuse loi lui annonçant qu'il faudra descendre jusque dans son antre pour poser ses yeux dessus. Il n'y avait pas une salle de lecture pour rien, après tout.

Ceci étant fait, il débuta le rangement des ouvrages qu'on venait de lui confier. La curiosité le piquait parfois et il perdit quelques minutes à feuilleter certains livres, se promettant de les consulter avec plus d'attention plus tard. Puis, une fois les piles faites, il les protégea et les envoya d'un sort dans les rayons appropriés, en chantonnant doucement.

- Mr Hepburn ? Vous m'avez demandé de descendre. Pourrais-je avoir le manuscrit s'il-vous-plait ?

Il leva les yeux sur son interlocuteur – un homme pataud aux tempes grisonnantes.

- Bien sûr. Je vous l'amène dans la salle de lecture. C'est la porte à droite, là-bas.

Il indiqua ladite porte avec une main et attendit que la personne se soit rendu dans la pièce pour l'y rejoindre, document en main. La prudence était de mise depuis qu'un auror avait essayé de se jouer de lui en partant avec un ouvrage. Il n'avait guère apprécier et prenait bien soin de vérifier que personne ne s'en allait avec ses trésors. Mais son visiteur avait obéit sagement et avait commencé à sortir ses affaires lorsqu'il le retrouva. Il lui fit un sourire poli et lui donna le parchemin avant de faire demi-tour. Une fois arrivé à son bureau, il s'empara lui-même d'un rouleau vierge et de sa plus belle plume.

« Cher Alex,

Tu me vois profondément navré de ne pas t'avoir répondu plus tôt. J'espère que durant ces onze derniers mois, ta santé n'a pas perdue de sa superbe. J'ai appris que Cassandra avait accouché d'un charmant petit garçon. Connor, me semble-t-il. J'en viens à supposer que ce problème de goules – car ce devait être ça – a été résolu depuis tout ce temps. Je me ferai un plaisir de venir le régler si tel n'est pas le cas. Je peux bien mettre mes peurs de côté pour mon cousin préféré.

Cela mis à part, je confirme les dires de maman. Je suis effectivement archiviste et c'est là un métier que je trouve tout à fait passionnant. Bien sûr, je ne m'attends pas à ce que tu comprennes l'immense bonheur que procure le fait d'être au milieu de toutes ces informations. Les vieilleries n'ont jamais été ton fort – sauf peut-être ta dernière maîtresse, elle a duré plus de deux semaines.

Tu remarqueras que j'ai écouté les conseils que tu m'as prodigué dans ton avant-dernière lettre. Bien que je ne puisse – à mon grand regret – être présent aux réunions de famille, je prête attention à ce qui peut se passer chez les Hepburn. C'est ainsi que j'ai appris l'incendie dans ta maison, aux Caraïbes. C'est tout à fait regrettable, j'aurais véritablement été heureux de pouvoir la visiter, ainsi que tu me l'as proposé. Je suis toutefois intimement persuadé que les artisans dont tu me vantais les mérites sauront lui redonner tout le charme qu'elle avait avant. Cela ne remplacera jamais vos biens, à Cassandra et toi, mais peut-être cela vous permettra-t-il de prendre un nouveau départ après votre dernière semi-rupture.

J'ai joint à cette lettre – via un autre hibou, c'était un peu encombrant – un objet que j'ai trouvé tout à fait intéressant. Il permet de savoir quand une personne est sincère ou non, à partir du moment où elle est face à toi. La lumière devient rouge lorsqu'elle ment, mais je ne garantis pas son fonctionnement. Tu connais Andy (souviens-toi, il était à Serdaigle avec moi), il a l'esprit un peu fantasque dès qu'il s'agit d'inventions. Cependant, il est particulièrement brillant et cette fois, ça devrait bien fonctionner. J'espère juste que si tel n'est pas le cas, l'orbe ne t'explosera pas dans les mains comme l'avait faite sa dernière expérience.

En attente de tes nouvelles,
Josh. »