Un éclair zébra le ciel qui, dans une plainte aussi lointaine qu'elle était caverneuse, sembla être comme déchiré. Telle une adolescente fugueuse et éhontée la tempête paraissait en vouloir à l'Écosse entière, déversant sur la lande des torrents de larmes et faisant trembler les cieux de tout le poids de sa colère. Déferlaient, innombrables et inlassables, les rafales humides et gelées sur le château. En cette soirée de janvier, le temps était tel que même le plus hardi des fantômes n'aurait eu envie de se promener en extérieur. Pensée prudente et paresseuse qui traversait l'esprit serein du spectral professeur Binns qui, décrochant son regard de la fenêtre, aurait volontiers laissé échapper un frisson s'il en eut été seulement capable. Son regard se promena avec nostalgie autour de la pièce, salle des professeurs de sa fonction première. Il n'y avait pour ainsi dire pas âme qui vive, les bureaux étaient sinistrement ordonnés et, détail d'importance de par sa rareté, quelques viennoiseries demeuraient sur un plan de travail improvisé jadis et depuis bien accepté. Aucuns de ses collègues n'étaient apparemment venu partager soucis et satisfactions autour d'un thé la fin des cours venue. Le fantôme conclut que tous devaient préférer le confort douillet et rassurant qu'offrait leurs appartements et plus particulièrement leurs chambres. Alors il lança un soupir éthéré. Lui aussi avait eu une chambre, mais aujourd'hui et depuis des décennies cette dernière ne lui offrait plus rien d'autres que quelques souvenirs de vivants. Les souvenirs étaient d'ailleurs la seule chose que la mort avait eu la clémence de ne pas en emporter dans son sillage, un lien fragile qui, malgré les apparences, faisaient bel et bien de lui un vivant. Transparent peut-être, il existait.

Un nouvel éclair se dessina dans le lointain, illuminant la pièce alors plongée dans l'obscurité. Binns existait, s'y trouvait, mais n'avait su éclairer les lieux que de sa présence, hélas. Le quotidien d'un fantôme était à la fois infiniment simple et compliqué...

Dans un bâillement fatigué, comme dérangée dans son sommeil, la porte grinça en s'ouvrant.

- Bonsoir Sigmund, concéda un Binns rassuré de voir l'un de ses collègues perpétuait la vieille habitude voulant que les professeurs se retrouvent et discutent entre l'heure du thé et celle du repas. Vos serres doivent subir un véritable martyr. Je me souviens que lors d'une autre tempête, l'été 1873 me semble-t-il, les dégâts avaient été tels que... Oh, veuillez excuser mon manque de courtoisie, peut-être en sortez-vous à l'instant... Allez vous bien cher ami ?

Bachelard était tranquillement en train d'arracher les mauvaises herbes de la cinquième serre en essayant de ne pas se faire dévorer par une énorme Népenthes. Après avoir nettoyé la moitié de la serre et avoir passé le balai dans l'entrée, Bachelard s'assit deux minutes pour prendre un petit verre de rhum, quand soudain le ciel passa du bleu au noir. Bachelard fut étonné de voir ses changements climatiques. Trop rapide pour être naturel. Il but son verre alors et sorti pour se diriger vers la serre numéro quatre, quand soudain la pluie arriva et se transforma à une vitesse impressionnante en grêle, déchirant les plantes du papy Bachelard. Bachelard regarda à nouveau le ciel et jeta un rapide sort pour éviter que la grêle ne transforme ses plantes en soupe. Puis tout s'arrêta. Bachelard s'interrogea sur ses faits hors du commun, et reparti en direction de sa serre, quand soudain derrière lui le ciel se déchira et les éclairs commencèrent à arriver, et la pluie revint, le ciel se déchirait transformé en lambeaux par les éclairs fessant trembler le sol par le tonnerre, trouant la terre par la foudre qui commença à tomber au loin. Bachelard referma les serres, assurant ainsi leurs protections et couru vers Poudlard. Le grand père se sécha et se dirigea vers la grande salle des professeurs. Arrivant devant la salle des professeurs, Bachelard fut heureux de voir que celle ci semblait déjà occuper, une occasion pire lui de prendre des nouvelles de ce qui se passaient ce moment. Il fut encore plus heureux de voir sa entité e collègue, le professeur Binns enseignant l'histoire de la magie à Poudlard depuis d'innombrables années:

- Bonjour Professeur Binns. Bachelard chercha des yeux une chaise pour s’asseoir il était habitué à parler longuement avec son collègue. Je vais très bien, je suis rentré juste à temps, avant que la tempête ne s'abatte. Les serres quand à elles sont en sécurité de nombreux sortilèges les protègent des caprices de mère nature. Cependant, je suis moins rassurer par rapport au changement climatique que nous subissons en ce moment dans notre monde. J'ai peur que ceci annonce de bien tristes nouvelles... Qu'en pensez-vous?

Ce que Binns en pensait ? La météo était sans doute le plus commun des sujets qu'il puisse exister lors d'une conversation, anodin pour ne pas dire banal, passe partout... Ou bien, d'un point de vue plus élogieux, un sujet de discussion indémodable, d'actualité quelque soit le jour ou même la nuit... Un sujet sur lequel le fantôme était intarissable.

- Mère nature n'a pas fini de nous surprendre... Je commencerai à m'inquiéter le jour où après la pluie sera absent le beau temps. Comme tout bon britannique je fus bercé au doux clapotis de l'eau sur les toits, le tendre tumulte de l'eau battant les fenêtres, le lointain ruissellement de quelques rues en crue. Je vois la pluie tomber depuis des siècles et elle tombait déjà avant que je ne sois là pour la voir. Nous ne pouvons que nous y résigner sans toutefois nous nous laisser abattre : En ce qui concerne le temps il faut avouer que sur notre belle île nous ne sommes pas des mieux lotis, alors que diable cher ami ! Ne nous laissons pas démonter par les flots que déverse la tempête, tremblons tant que le ciel gronde et rions les jours meilleurs.

Un discours quelque peu surréaliste dans la bouche d'un mort, or Binns se réclame plus vivant qu'il n'est mort, bien que le fait qu'il soit décédé soit hélas indéniable. Mais si le temps, la météo, n'a plus aucune influence sur son être physique il en est tout autrement de son for intérieur, ce qui subsiste de lui sous une forme éthérée, son immatérielle essence, j'ai nommé son âme. Oui, le temps qu'il faisait dehors tout comme peut-être les astres avaient une influence sur le fantôme, il le pensait du moins ou faisait, selon quelques défuntes mauvaises langues, comme si...

Or ce soir là, si l'on disait souvent que la mer était démontée, nul adjectif ne semblait convenir au ciel qui, dans un style qui lui était propre, n'avait rien à envier d'une mer "en vrac". Inversion des rôles, ironie, les cieux semblaient haïr la terre entière !
Le tonnerre laissa d'ailleurs explosé sa hargne.

Mais je dois avouer que dans l'immédiat... Cela ne présage rien de bon. N'avez vous pas une sortie prévue dans la forêt bientôt ? J'espère que les caprices du temps ne saboteront pas vos projets ou pire, rendent les sentiers connus inutilisables... Les élèves seraient déçus.

- Du... du Lord mon ami ? Bredouilla Binns quelque peu décontenancé par la théorie fantaisiste de son collègue. Quels genres de pouvoir pouvait bien exercer un être aussi ténébreux sur les cieux ? Et à quels fins ? Le fantôme avait du mal à s'imaginer un meurtrier faire s'entredéchirer les cieux dans le seul but de contrarier les activités récréatives des populations britanniques. A moins que sa terrible puissance perturbe le ciel lui même, provocant tempêtes et pluies diluviennes...

Je n'ose partager votre avis... Mais... Je tremble et concède avec peine que les dires de Potter et quelques détails troublants dissimulés dans notre quotidien ont su me faire douter. Peut-être ne contrôle-t-il pas encore les cieux mais... Il est de retour.

Secrètement, Binns remerciait chaque jour Merlin d'avoir eu une mort paisible, en un lieu sain et chaleureux, son foyer pour être précis, le seul qu'il eut peut-être jamais eu. Il connaissait suffisamment bien la mort et les hommes pour cela, oui... Le retour du Lord sèmerait la terreur et la mort, cette dernière cachera alors sous son linceul les pires atrocités que l'esprit puisse concevoir. Pire encore probablement. S'il eut été vivant Cuthbert aurait tremblé volontiers.

Dumbledore sait à qu'il a à faire, oh oui... Je le sais tout aussi bien. Nous devons tous nous faire du soucis, il est honteux que Potter eut été discrédité à ce point et que le ministère permette que la presse s'amuse de la situation. Le regard éteint du professeur se faufila derrière la fenêtre pour se perdre au loin. La tempête est un véritable enchantement à côté des ténèbres que les temps présagent.

Le professeur Bachelard regarda autour de lui, s'interrogeant sur l'âge que pouvait avoir son vieux collègue. Sigmund lui donnait environ trois cents hivers cependant vu sa connaissance en histoire de la magie celui ci devait avoir plus, à vrai dire l'âge de Binns importait peu, le but premier de leur conversation était le mage noir et son infuence sur le monde des sorciers. Bachelard écouta donc le récit de son vieil ami. Il remarqua que celui ci avait comme tout les autres peur du mage, alors qu'il était déjà mort. Binns faisait pour une fois preuve d'un peu d'ironie, Bachelard se demandait que dans son cas que pouvait il craindre vu qu'il était déjà mort. Cependant Bachelard fut heureux de voir qu'il était tout les deux sur de son retour. Bachelard répondit à son collègue sur ce point:

- Mon cher ami, nous pouvons être sur d'une chose, c'est qu'il est de retour. Il est sur qu'il ne peut agir sur le climat, cependant le Mal qui se dégage de son retour influence enormément notre monde en ce moment. Nous avons à craindre les évenements à venir.

Puis le Professeur Binns poursuivit immédiatement sur l'indifférence dont avait fait preuve le monde des sorciers à l'egard du jeune Potter. Bachelard tout comme Dumbledore avait toujours soutenu le jeune Harry. Il l'avait cru dès lors qu'il l'avait annoncé aprés sa victoire au tournoi des trois sorciers. Cuthbert conclut sur un petite note de philosophie, Sigmund relança donc la conversation:

- En effet, il est totalement honteux d'avoir mis Harry de coté à ce point. Depuis le début je l'ai cru, cependant maintenat il est trop tard pour avoir des regrets, j'espere que les aurors vont faire leur travail et protéger un maximum Azkaban. Je ne sais pas quels sont les plans du Lord mais nous avons à craindre pour notre école et notre monde. Imaginez qu'il vienne à prendre le contrôle de l'école. Que deviendrait Poudlard et ses professeurs?

Le professeur Bachelard fut parcouru par un frisson, il regarda son charmant collégue afin d'avoir sa réaction. Tout deux semblait ne pas se mentir sur leur avenir dans ce monde. Bachelard savait qu'en intégrant l'Ordre il pourrait trouver un but à sa vie.