La jeune Bangkok Applegate n'était pas du genre à décrétée, à peine sortie du lit, que la journée à venir allait être lamentable. Elle n'était pas de ceux qui, juste éveillés, songent qu'ils feraient mieux de se recoucher parce que les heures à suivre n'apporteront rien de bon. Pourtant, ce matin-là, elle sut qu'il allait se produire quelque chose. Pas un truc grave, non. Juste ennuyeux. Et même pas quelque chose de précis. Une succession de petites broutilles qui lui donneraient envie d'aller provoquer un bon gros troll des montagnes, histoire d'en finir avec tout ça. Cette fois, elle le sentait aussi sûrement qu'une bombabouse juste sous son nez, ça allait être horrible, atroce, épouvantable. Et encore, c'était peu dire. Elle s'était donc retournée dans son lit, plaquant son oreiller sur son visage pour se protéger des rayons de soleil bien trop sournois à son goût. C'était malheureusement sans compter sur les adorables jeunes donzelles occupant son dortoir. En dix minutes, c'était comme si un troupeau de centaures avait traversé la pièce au galop. Affreusement irritant. La jeune fille avait donc fait un pacte avec le grand Merlin. Si elle se levait, elle ne voulait plus entendre ce boucan ! Visiblement, le dit-grand Merlin n'apprécia pas l'ultimatum, et lorsque la jeune fille posa le pied par terre, elle glissa sur une carte de chocogrenouille (celle de Merlin, justement) négligemment laissée sur le plancher et Badaboum ! Elle se retrouva le derrière sur le sol et les quatre fers en l'air.

- La première qui se marre je lui lance un cheveux drux bien senti, gronda-t-elle.

Peur ou désintérêt, aucune ne se moqua ouvertement et la jeune fille se releva, maudissant Merlin. Si seulement ça avait pu s'arrêter là ! Mais lorsqu'elle était descendue, elle était tombée sur deux colosses de Serpentard qui semblaient trouver vraiment drôle le fait qu'elle soit incapable d'accéder à la grande salle. Résultat des courses, elle avait dû sauter le petit déjeuner, et cela la mettait encore plus en rogne. Ensuite, tout s'était enchaîné. Elle avait perdu son sachet de dragées surprises, avait trébuché et s'était étalée de tout son long juste devant un groupe de verts ravis de sa maladresse. Elle n'avait pas réussi à manger quoique ce soit à midi, trop énervée pour pouvoir avaler le moindre aliment, et ce n'était pourtant pas la faim qui manquait, et elle s'était fait attaquer par un hibou quand, après avoir reçu une beuglante de sa mère appréciant peu le manque de nouvelle de sa fille, elle s'était rendue dans la volière pour cracher son venin et répondre à son horripilante génitrice qu'elle n'avait pas que ça à faire, non mais oh ! Elle avait alors trop serré le lien à la patte de la chouette qui l'avait pincée, et une autre avait dû prendre son sac qu'elle avait laissé par terre pour de la litière, et elle avait donc fini par retourner dans sa salle commune, exténuée, pour qu'une deuxième année puisse lancer un récurvite sur son sac souillé. Tout un roman, et un mauvais, en plus.

Elle avait fini par se laisse tomber sur une chaise, face à une camarade plongée dans une pile de bouquin, et sans lui prêter vraiment attention, avait lâché

- Nan mais t'imagines même pas l'horreur de cette journée. Et ces trolls de serpentards, j'comprend toujours pas comment ils peuvent être aussi stupides ! Même un gnome et plus futé. Et pourtant, Merlin qu'y sont cons ! 

Elle s'était ébrouée, comme pour vider son esprit de toutes ses mésaventures, puis s'était penchée sur la table basse, tentant de lire à l'envers sur le parchemin d'Amy. Elle leva les yeux vers sa camarade, soudain intéressée, puis demanda.

- Tu fais quoi ?

- Nan mais t'imagines même pas l'horreur de cette journée. Et ces trolls de serpentards, j'comprends toujours pas comment ils peuvent être aussi stupides ! Même un gnome et plus futé. Et pourtant, Merlin qu'y sont cons !

Amy regarda Bangkok se secouer un peu en signe de mécontentement, puis se pencher sur les premières lignes – minables – de son devoir.

- Tu fais quoi ?

- Le devoir de potions, répondit-elle avec une grimace de dégoût. Et on peut dire que tu arrives pour me sauver, parce que je cherchais désespérément un moyen de ne pas pouvoir m’y mettre !

D’un air ravi, elle repoussa son parchemin et sa plume plus au centre de la table basse, et observa sa camarade quelques instants. Elle semblait dans un piteux état : elle avait les traits tirés, était plutôt décoiffée, ses vêtements étaient froissés et elle semblait avoir une bosse sur le front. Sa journée devait en effet avoir été plutôt agitée...

- Si les serpentards n’étaient que stupides, ça irait encore, ils ne seraient pas bien dangereux... Mais comme en plus ils ont toutes les mauvaises intentions du monde, là ils deviennent vraiment insupportables ! Enfin pour le peu que j’en ai fréquenté... Mais parfois je me demande si quelque part, ce n’est pas un genre qu’ils se donnent, de paraître si bêtes et méchants...

Elle regarda ses affaires : donner un devoir comme ça relevait très manifestement d’une profonde volonté de se faire détester. Ca marchait d’ailleurs très bien.

- Et toi, demanda-t-elle en relevant la tête, que t’ont-ils fait ?