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 Par un matin froid et clair [PV]
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MessageSujet: Par un matin froid et clair [PV]   Par un matin froid et clair [PV] EmptySam 12 Avr - 23:15:29

C’était un matin d’avril froid et clair. Nikolaï se massa le crâne et bailla, venant tout juste de se réveiller. Il regarda par la fenêtre de la chambre d’hôtel miteuse et contempla un moment Londres, assit dans son lit. Il n’avait qu’une envie : retourner dans la Londres magique. Malheureusement pour lui, l’argent moldu était beaucoup plus facile à gagner en peu de temps, surtout avec ses talents magiques, que les galions et il lui fallait payer, soir après soir, une chambre d’hôtel.
Quelle heure était-il ? Combien d’heures avait-il pu dormir ? Ses souvenirs de la veille se précipitaient, flous et désordonnés dans sa tête et il n’aimait pas trop ça. Le russe rejeta les couvertures sur la droite du lit et il se leva en direction de la salle de bain.

Une heure plus tard il refermait la porte derrière lui, fraîchement lavé, ses vêtements également. Il plissa un œil face au soleil de midi qui avait réussi une percée et il laissa passer une masse d’anglais, tous accrochés les uns aux autres pour soutenir leurs corps imbibés d’alcool, qui avançaient en sautant, chantant et criant. Ils arboraient tous les mêmes couleurs et personne ne pouvait ignorer le fait qu’ils célébraient la victoire du « Manchester United ». Ils criaient trop fort.


Qu’ils sont bruyants… stupides moldus…

Il remonta la rue un instant et tourna dans la première ruelle sombre qu’il vit. Il jeta un dernier coup d’œil derrière lui et disparu. Il se sentit quitter le monde réel en une fraction de seconde et se dématérialiser pour finalement re-apparaître au milieu du chemin de traverse.

Il respira profondément les odeurs du monde magique, si différentes de celles du monde pollué et malodorant des moldus. Les mains dans les poches de son long manteau noir, il remonta la rue jusqu'à un petit établissement qui se trouvait juste au coin entre l’allée des embrumes et le reste du chemin de traverse.

Il poussa la lourde porte de bois qui grinça douloureusement sur ses gonds avant de se refermer en un bruit sourd. La première année de son arrivée à la Londres magique –et même la Londres tout court-, Nikolaï s’était retrouvé coupé d’absolument tout ce qu’il connaissait. Lui qui avait vécu une grande partie de son apprentissage magique dans les environs de la Sibérie, avec son maître, s’étonnait encore de voir que son manteau lui était parfois inutile tellement il pouvait faire chaud. Son anglais, depuis longtemps oublié, avait du être réapprit car ce n’était pas la même langue, pas les mêmes gens, pas la même culture ni le même train de vie.
Et pas la même nourriture…
Malheureusement, après la mort de son maître et la fin officielle du CCCP, Nikolaï avait du penser à lui et avait cru trouver un avenir pour le sorcier qu’il était en Angleterre.
Mais c’était surtout la nourriture lui manquait et c’était pourquoi il se rendait dans ce bar miteux : pour manger la meilleur solyanka de toute la ville, le seul endroit qui en faisait une presque aussi bonne que celles qu’il avait pu manger pendant son long séjour au nord-est ou que celles que sa mère préparait autrefois.

Une fois à l’intérieur, le tenancier l’accueilli avec joie. Après tout, Nikolaï était un client régulier : il venait à chaque jour, ou presque, pour acheter toujours la même chose, ou presque.
Et le russe lui serra chaleureusement la main, quand même un peu gêné de l’accueil de l’homme.

- Comment ça va, Nikolaï ? dit-il en ruinant la fin de son nom.
- Bien, merci. Et vous ? répondit Nikolai, toujours un peu gêné, en ruinant magnifiquement la langue anglaise de son accent.
- Oui, oui. Assieds-toi, ta solyanka est déjà en train de cuir et je te l’apporte dans cinq minutes, poursuivit le tenancier en faisant le tour de son comptoir pour servir un verre d’eau à son client.
- Vous ne devriez pas, dit le Russe, à la fois heureux de pouvoir manger plus tôt et de plus en plus gêné par cette intention. Que feriez-vous si je serais pas venu ?
- Ah ! Mais j’aurais mangé cette excellente solyanka moi-même. C’est un bon plat, ajouta-t-il avec un clin d’œil alors qu’il refaisait le tour du comptoir pour se diriger vers la porte des cuisines.

Nikolai porta le verre d’eau à ses lèvres, un sourire sur son visage. Il savait que le tenancier mentait : il fallait être russe pour pouvoir apprécier une bonne solyanka. Les autres n’avaient pas les goûts assez développés pour pouvoir manger la cuisine slave.

Il reposa son verre et regarda autour de lui. Il n’y avait pas grand monde, comme d’habitude, surtout depuis cette histoire d’évasion : les gens étaient prudents et on évitait même de s’approcher un tant soit peu de l’allée des embrumes. Tant mieux, ça faisait toujours moins de gêneurs.

Néanmoins, il vit une femme qui ne semblait pas exactement du coin, une cliente jamais vue auparavant. Il la contempla un moment. Nikolaï regarda son verre et posa à nouveau ses yeux sombres sur la jeune femme. Il finit par se lever de son siège, verre en main, et prit place à coté d’elle.


- Bonjour. C’est la première fois que je vous vois ici, je me trompe ?
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MessageSujet: Re: Par un matin froid et clair [PV]   Par un matin froid et clair [PV] EmptyDim 13 Avr - 15:40:42

Quelques mois plus tôt...

<< Quelle bande d'abrutis !!!! >>
s'étrangla Catherine.

Une mauvaise nouvelle venait de tomber, au bureau des aurors. Il semblait que les détenus les plus dangereux d'Azkaban se soient échappés. Et maintenant, que ce stupides Détraqueurs avaient laissé s'échapper une bande de meurtriers en mal d'assassinats, d'attentats et autres atrocités, comment allait réagir Fudge ? Le Ministre de la Magie s'était montré plus que passif ces derniers temps en ce qui concernait la sécurité de l'Angleterre. Il fallait dire que dénigrer Albus Dumbledore et Harry Potter était bien plus important compte tenu des évènements ! Et d'après la réputation qu'avait le petit homme aux chapeaux hauts de forme d'être complètement borné, il allait certainement tenter d'apaiser la population magique à l'aide de discours fumistes, avant d'enchaîner sur les rapports remis par sa Grande Inquisitrice sur l'enseignement médiocre qui était donné aux élèves à Poudlard. Du flan tout ça... Ombrage donnait surtout à son supérieur, les informations qu'il voulait entendre. Mais cette fois, le couple ne s'en sortirait pas comme ça. Les rumeurs couraient vite... et celle-ci ne tarderait pas à s'échapper des bâtiments du Ministère de la Magie pour se répandre et susciter l'effroi, la curiosité, et pire, la panique. C'était sans aucun doute ce qu'il leur fallait éviter soigneusement. Fudge pouvait commencer à préparer sa déclaration...

La jeune femme quitta les lieux, d'un pas vif, dans lequel se ressentait sa colère. C'était l'heure de sa pause, et il fallait qu'elle sorte d'ici. Déjà, les regards de certains de ses collègues la suivait, sans doute pensaient-ils, naïfs, qu'elle allait d'ores et déjà pouvoir prendre des mesures radicales, qu'ils avaient déjà repéré l'un des évadés... Pauvres fous ! Si seulement la traque des mangemorts pouvait être aussi simple...


* * *
La nouvelle s'était largement répandue depuis. Et le Ministre avait incombé l'échec de ses fidèles Détraqueurs à Sirius Black. Un sourire narquois avait étiré les lèvres de Cathy, lorsque comme tous, elle avait lue le discours de Fudge sur son exemplaire de la Gazette du Sorcier. Exemplaire, qui avait aussitôt rejoint la corbeille en papier dans l'angle de son bureau. C'était pathétique. En rejetant son erreur sur Sirius Black, ce cher Cornélius be faisait que raviver les souvenirs de la première évasion, qui avait eu lieu deux ans auparavant. Evidemment, en étant membre de l'Ordre, la jeune femme savait pertinemment que Black était aussi innocent qu'elle, dans les douze meurtres qu'on lui avait attribués quatorze ans auparavant, comme dans cette évasion "massive" de la prison des sorciers. En attendant, c'était à eux, aurors, de retrouver les détenus, et de les ramener à la maison... Un souvenir d'enfance revint à sa mémoire. Lucky Luke... une bande dessinée dans laquelle le héros, un cow-boy, ne cessait de ramener quatre bandits, les Daltons, dans leur pénitencier. A côté de leurs prisonniers, les quatre frères étaient des enfants de choeur. L'auror avait secoué la tête, s'efforçant de renvoyer ce souvenir à sa place, dans les limbes de l'oubli. Elle n'avait plus eu de relation avec ses parents, depuis maintenant deux ans, depuis ce qu'elle appelait pudiquement "l'accident".

Ils avaient toujours désapprouvé le fait qu'elle soit une sorcière. Ses parents. Une fois la surprise passée, lorsqu'elle avait reçu sa lettre, ils n'avaient pas caché leur peur à l'égard de la magie. Il ne la pensait pas maléfique, seulement dangereuse. L'inconnu suscite toujours des frayeurs, et ils ne pourraient jamais comprendre ce qu'elle vivait, aussi la fillette ne s'était-elle pas formalisée des soupçons de ses parents. Il voulait ce qu'il y avait de mieux pour elle, la protéger, et supposer qu'ils étaient impuissants face à d'autre, ne pouvait que les dérouter. Il était normal qu'ils aient préféré, et tout tenté, pour la garder auprès d'eux, dans le calme d'une vie morne dépourvue de toute magie. Cependant, quand Cathy s'était entêtée à retourner à Poudlard chaque année, ils l'avaient laissé partir, la soutenant autant qu'ils le pouvaient. Ils faisaient tant d'efforts pour se montrer "cools", comme les parents sorciers de ses meilleurs amis, que la petite fille, devenue grande, n'avait jamais eu le courage de leur parler des moments durs qu'elle avait vécu. Les insultes à propos de ses origines notamment. Ils auraient fait un scandale avant de la retirer de l'école. Ce que craignait beaucoup la petite.

Mais comment leur cacher l'agression dont elle avait été victime deux ans auparavant ? Si elle aurait pu trouver un mensonge à débiter sur la disparition de Julian, en trouver un sur la disparition du bébé dans son ventre était nettement plus compliqué. Ses parents connaissaient Julian, et savaient parfaitement qu'il n'était pas du genre à l'abandonner après une fausse couche. L'abandonner tout court d'ailleurs, aurait été impossible au jeune homme... Aussi, lorsqu'elle leur avait tout raconté, ils avaient insisté pour qu'elle abandonne la magie. Qu'elle se délaisse elle-même. Une dispute violente avait éclatée, à la suite de laquelle Catherine était partie, craignant les effets de sa propre fureur.

Dans cette fâcheuse affaire, une chose la réjouissait vraiment. Les mangemorts libres et tous rassemblés, ne pourraient tenir bien longtemps sans fomenter quelque mauvais coup. Mais tout plan avait ses failles, et elle comptait bien les attendre au détour... La vengeance, qu'elle dissimulait sous l'amour de son travail, était devenue une priorité à laquelle elle accordait chacun de ses instants. Dans la solitude, elle avait trouvé le remède à son état psychologique, parfois instable, et qu'elle tâchait de contrôler au mieux. Il y avait peu de chance pour qu'elle tombe sur un mangemort furieux, aussi serait-elle sans doute parfaitement calme au moment de leur faire payer. A vrai dire, elle ignorait si les responsables des pertes qu'elle avait subies étaient réellement les partisans du Seigneur des Ténèbres. Et elle évitait d'y réfléchir tant que ce pouvait. N'était-ce pas plus simple ainsi ? Attribuer son malheur à ceux qu'on accablait déjà de tous les défauts... Alors, elle se rendait dans tous les lieux discrets, pour ne pas dire miteux et glauques, qu'elle pouvait trouver afin de dénicher quelque suspect. Des lieux miteux comme ce bar dans lequel elle avait atterri, à la suite de ses divagations sur le chemin de Traverse. En plus, les prix proposés dans ces établissements d'apparence, certes douteuse, mais qui ne l'étaient pas toujours, défiaient toute concurrence. Ne roulant pas sur les gallions, elle s'y était adaptée sans rechigner...

Officiellement, Catherine ne travaillait pas. Raison pour laquelle elle se permettait de délaisser ses sombres pensées, et ses soupçons sur ceux qui l'entouraient un instant. Dans un verre de vodka. Son troisième. Sans être alcoolique, elle avait tendance toutefois à boire un peu trop ces derniers temps. Elle refusait cependant, de penser qu'une part d'elle-même était lasse de ne vivre que pour la haine. Mais où trouverait-elle ailleurs que dans la colère et le ressentiment, la force de se battre ? Elle ne croyait pas en l'utopie. Et la justice, en était un concept. L'ombre et la lumière n'existaient pas l'une sans l'autre. Et personne n'était parfait. Ses doigts tapotaient sur la table en bois, la mélodie d'une musique qui se jouait dans sa tête. Oublier à jamais, un infini qui durerait un instant...


- Bonjour. C'est la première fois que je vous vois ici, je me trompe ?


Il était donc un habitué de l'endroit...

<< En effet, c'est la première fois que je viens ici... Mais aurais-je l'honneur de savoir à qui je m'adresse ? >>

Elle leva ses yeux bleus sur l'inconnu qui venait de lui adresser la parole. Il ne semblait guère plus âgé qu'elle... il était désormais rare que les gens osent s'adresser à des personnes qu'ils ne connaissaient pas, surtout par les temps qui couraient...


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MessageSujet: Re: Par un matin froid et clair [PV]   Par un matin froid et clair [PV] EmptyDim 13 Avr - 23:21:04

Le regard de Nikolaï se posa sur le verre qui se trouvait devant la jeune femme et il sentit l’odeur de la vodka. Il se mordit distraitement l’intérieur de la joue, songeant à son propre verre du précieux breuvage qui arriverait en même temps que son repas. La vodka, l'eau de vie, la merveille qui vous engourdissait, vous réchauffait assez pour oublier les vents durs et la neige froide. Ses yeux se posèrent sur les doigts fins qui pianotaient sur la table et remontèrent ensuite vers le visage de son interlocutrice. Son regard se coula dans ses yeux bleus.

Elle semblait très jeune mais préoccupée. Nikolaï savait ce qui arrivait aux gens qui s’en faisaient trop et qui se tourmentaient pour toutes sortes de raisons : il vieillissaient plus rapidement que la moyenne et ça pouvait devenir très laid. Peut-être avait-elle besoin de penser a autre chose ? D'oublier un moment ce qui pouvait la tracasser. Le slave fronça les sourcils et se massa lentement la nuque.

Il s’arrêta et se concentra a nouveau sur sa vis-à-vis, ayant l’air de se détendre soudainement sur sa chaise.


- Oh… l’honneur ? Pas vraiment, non. Je suis un sorcier ordinaire, mademoiselle, dit-il toujours avec un fort accent. On ne trouve pas beaucoup de gens d’exception, ici. C’est d’ailleurs rare de voir de belles femmes dans cet endroit.

Il avait magnifiquement contourné sa question en s’en rendant plus ou moins compte. Il ne s’était que rarement présenté à une personne en déclinant immédiatement son identité. Bien qu’il avait été renvoyé de Poudlard sous le nom de Nicholas –et non Nikolaï- Dmitriev, il n’osait pas prendre le risque que l’on fasse le rapprochement et qu’on pense à lui briser sa nouvelle baguette… surtout que ses présentes façons de faire de l’argent n’étaient pas toujours ce qu’il y avait de plus légales. Mais, eh ! Il fallait bien manger et se loger ! Il était cependant moins dérangé de donner son prénom mais voulait avoir le temps d'évaluer un peu la jeune femme avant de le faire. On ne pouvait jamais vraiment savoir à qui on avait a faire, après tout.
Le tenancier, par exemple, avait apprit son nom après maintes conversations et ça avait prit un peu de temps. Ce qui avait tant fait hésiter Nikolaï c'était le risque que l'homme communique ses soupçons vis-a-vis de son statut d'étranger au Ministère vu le temps que le dit étranger passait en Angleterre. Le slave n'avait aucunement envie de faire des démarches pour une quelconque citoyenneté ou quelconques papiers futiles si cela pouvait risquer de réduire sa liberté et, surtout, sa baguette. De toute façon, quel propriétaire d’une boutique de l’Allée des Embrumes, ou presque, forçait les gens à se présenter ? Bien peu… heureusement pour la tranquillité de Nikolaï.


- C’est un peu fort pour une jeune femme comme vous, non ? dit-il en désignant le verre avec un regard. Peut-être pourrais-je vous offrir un verre de quelque chose de moins dur ? Ou peut-être quelque chose à manger ?

Le russe offrit son plus beau sourire à la jeune femme, la regardant toujours dans les yeux. A ce moment là, le tenancier arriva avec un gros bol dans lequel était fichue une grosse cuillère de bois et, dans son autre main, il tenait un verre contenant un liquide complètement translucide. Il déposa le tout devant le russe qui se frotta les mains sous la table en regardant l’assiette d’un air gourmand. Il saisit la cuillère sans plus de cérémonie et dégusta le mélange fortement épicé et un brin aigre.

Il se releva finalement de son repas, après avoir mangé le quart de l’épaisse mixture, et s’essuya la bouche avant de prendre une bonne gorgée de vodka. Si la soupe lui donnait une impression de chaleur dans son ventre, le puissant alcool lui en donnait une dans la tête et surtout dans la gorge. C’était bon.


- Ce que vous faites avec vos doigts, reprit-il calmement, le boulanger de mon village avait la même habitude. Mademoiselle ?

Non pas que c'était agaçant mais Nikolaï ne pouvait s'empêcher de repenser au fameux boulanger en regardant les doigts s'agiter sur la table, même s'ils étaient loin d'avoir les mêmes mains. Il se pencha à nouveau sur sa soupe sans quitter les yeux de la jeune femme.
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MessageSujet: Re: Par un matin froid et clair [PV]   Par un matin froid et clair [PV] EmptyMer 16 Avr - 23:10:34

Il n'était qu'un sorcier ordinaire. Faux ! Personne n'était réellement ordinaire. Chacun avait sa petite partie d'histoire, "qui dérange", plus importante que les autres ou non. Elle aurait bien sûr pu, jouer les Maugrey Fol-Oeil, et s'inquiéter du fait que son interlocuteur reporte à une autre fois l'étape des présentations, mais elle ne s'en formalisa pas. Elle avait depuis longtemps dépassé le stade de "ma maman m'a dit de ne jamais parler aux inconnus". Nombreuses étaient les personnes préférant garder pour elles leur identité. La plupart d'entre elles, d'accord, avaient tendance à côtoyer, voir à tremper, dans des activités illégales. Hors, elle n'était pas de service. Mensonge, qu'elle avait du mal à se servir à elle-même. Il était pourtant si joliment présenté, sur le plateau argent de la vérité. Elle était toujours sur le qui-vive. Son métier avait fini par lui rentrer dans la peau, avec la peur, poison exquis qui pénétrait ses veines, y rallumait les braises de la haine, et se dissimulait derrière la colère...

Il lui arrivait de se dire, que la clé de son instabilité était là. La vengeance, c'est comme une mouche qui se cogne contre la vitre, sans voir que la fenêtre est grande ouverte, disait un proverbe arménien. Mais comment se sentir utile au-dehors, libérée, certes, mais loin de l'action ? Serait-elle capable... d'oublier ? D'évacuer les remous de rancoeurs qui se brisaient sur son âme, jour après jour ? Sans résister plus longtemps ? Une part en elle, aspirait à retrouver l'insouciance, criait qu'à se rythme là, elle finirait seule et toujours aussi peinée. L'autre, se refusait à admettre qu'elle pouvait recommencer à vivre, différemment, certes, mais qu'elle pouvait essayer de trouver le bonheur autre part que dans des effusions de sang.

Penser, penser... et au final, ne jamais parler. Bien sûr, la jeune femme l'aurait pu, si l'idée de se confier à un parfait inconnu, tel l'alcoolique moyen, ne l'avait pas tant répulsé. Et puis, personne ne ressuscitait les morts. Voilà encore une chose dont elle se souvenait, tandis que les vapeurs de l'alcool, remontaient doucement dans son cerveau, engourdissant peu à peu ses sens et réchauffant son coeur. Elle aurait été fâchée que cet homme, qui était venu engager la conversation, ait ressenti des émotions particulièrement fortes, qui l'auraient perturbée, sans aucun doute, et l'auraient placée dans une position bien inconfortable. Hors, il était parfaitement calme. Il était apaisant de quitter l'atmosphère de stress à laquelle elle devait se confronter chaque jou au ministère. Mais, eh ! Il fallait bien manger, et se loger ! Hors, Cathy était bien consciente que chaque lieu de travail avait sa part d'angoisses, et qu'à moins de se faire ermite, elle n'y couperait pas. Quoi que consciente... dans l'immédiat, elle sentait sa capacité de réaction diminuer doucement, mais sûrement...

Le slave, puisque son accent l'indiquait comme tel, sembla s'inquiéter du contenu de son verre. Il était clair, qu'elle n'avait pas choisi la boisson la plus neutre que l'établissement proposait. Et à voir le monde qui tanguait doucement en dessous de sa chaise, il était plus sage d'accepter la proposition du jeune homme, et de se laisser servir quelque chose de plus...de plus... de mieux. Lorsqu'elle détacha son regard des yeux de l'inconnu, elle constata qu'il lui adressait un sourire charmant. De ceux qui vous poussent à reconnaître que vous avez tort. Elle eut un léger soupir.


<< Je suppose que vous avez raison. Dans ce cas, va pour quelque chose de moins dur... En revanche, je n'ai pas faim, merci, et je ne voudrais pas abuser... >>

C'est à cet instant que le plat du jeune homme fut apporté par le tenancier. Le jeune homme semblait se régaler d'avance. Cathy le regarda manger, silencieuse, le regard vague. Si elle buvait trop ces dernières semaines, elle n'était pas habituée en revanche à la vodka. Il lui fallait se concentrer pour ce qu'elle voyait n'apparaissent qu'en un seul exemplaire, mais ne parvenait pas à les faire s'arrêter de bouger. C'était donc ça, "boire pour oublier" ? Lorsqu'elle vit, trouble, certes, mais elle le vit, le verre de vodka du jeune homme, elle ne put réprimer un sourire.

<< C'est un peu fort pour un jeune homme comme vous, non ? >>

A la différence qu'il n'en était qu'à son premier verre, lui. Mais à moins qu'il ne l'ait suivie des yeux depuis son arrivée au bar, il était peu probable qu'il sache qu'elle avait ingurgité deux verres et demie de vodka. Elle planta de nouveau ses yeux bleus dans ceux de l'inconnu, qui avait stoppé son déjeuner pour l'observer de nouveau. Il fit une remarque sur ses doigts, qui pianotaient toujours le bois de la table. Aussitôt, sa main se détendit, comme si une autre, apaisante, s'était posée par-dessus.

<< Vous êtes en Angleterre depuis longtemps ? >> demanda-t-elle.

C'était la deuxième phrase en cinq minutes, qu'elle n'aurait certainement pas prononcée si elle avait été totalement sobre. Taquiner un inconnu, peut-être l'aurait-elle fait avant. Mais sous-entendre qu'il était étranger, même lorsque c'était évident de part son accent était tout à fait incorrect. A cet instant précis, la franchise avait tendance à primer sur la politesse, et elle n'avait pas sous la main, d'autres mots plus politiquement corrects à employer pour exprimer ses pensées. Et puis après tout, elle ne le connaissait pas, et ne le reverrait peut-être jamais. Pourtant, une ancienne curiosité lui revenait. La curiosité de connaître l'autre. Et la jeune femme aurait volontier fait tomber le masque de mystère qui voilait les yeux noirs du jeune homme.
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MessageSujet: Re: Par un matin froid et clair [PV]   Par un matin froid et clair [PV] EmptyJeu 17 Avr - 4:20:40

Nikolaï sourit de plus belle au soupir de sa vis-à-vis, penchant les yeux sur sa poche d’où il sortait maintenant deux gallion et trois mornilles. Il déposa les cinq pièces à côté de son bol de solyanka et prit sa cuillère à nouveau, la replongeant ensuite dans l’épaisse mixture et continuant de manger. Il prit une longue gorgée de sa vodka et prit la serviette de table posée à sa droite pour s’essuyer la bouche.

- Ah !… abuser… Mais qu’est-ce que l’abus ? Ne vous gênez pas pour dire, si vous avez faim, répondit-il tranquillement.

Il releva les yeux sur son interlocutrice. Après tout, ce n’était pas très poli de manger devant quelqu’un sans que la personne ne consomma quoi que ce soit et c’était encore pire de ne rien lui offrir ou de ne pas partager son repas… mais dans le présent cas, il savait que sa solyanka n’entrerait pas dans les goûts de la jeune femme et ne considéra pas de lui en offrir. Ça le mettait un peu mal à l’aise qu’elle refuse et il oublia sa cuillère pour un moment.
Il continua de la regarder. Il la trouvait un peu pâle et elle n’avait pas l’air dans son assiette, en fait. Était-ce l’alcool ? Était-ce autre chose ? Sûrement que manger l’aurait aidé à reprendre un peu de couleur, se dit le slave. On ne peut nourrir un corps et un esprit uniquement avec de l’air et de l’eau… même de l’eau de vie.
Il leva la main pour faire un signe au tenancier lorsqu’il vit que celui-ci jetait enfin un regard dans leur direction et il prit délicatement le verre de la jeune femme pour le placer à côté du sien. Il regardait ce qu’il faisait et lorsqu’elle reprit à nouveau la parole, un sourire doux se dessina à nouveau sur son visage. Il porta le verre nouvellement acquis à ses lèvres et le finit. C’était bon et ça faisait du bien. Comment cela aurait-il pu être fort pour quelqu’un qui, comme lui, consommait chaque jour ce liquide qui était devenu son principal et presque unique désaltérant ?


- Ah… la petite eau ? demanda-t-il avec le sourire en levant son verre à la hauteur de ses yeux, regardant son interlocutrice au travers du liquide translucide. Si on n’aurait pas peur d’en manquer, chez moi, les petits en auraient aussi au lieu du lait.

Il ne pouvait se résoudre à poser son verre ainsi. Cela aurait signifié qu’il l’avait levé pour rien et c’était trop absurde rien que d’y penser. Il bu une gorgée raisonnable, ne voulant pas finir tout son breuvage avant sa solyanka.

Elle était directe, en tout cas. Nikolaï aimait ça : la subtilité et les chemins détournés pour dire quelque chose n’étaient pas son fort. Pourquoi ne pas dire les choses comme elles le sont lorsque l'on veut les dire ? . C’était un concept qui venait avec toute cette société occidentale qu’il avait parfois du mal à saisir et à accepter. Les gens se donnaient tellement de mal pour rien… et ils étaient tellement peu vivants, rien ne les affectait ici. Il avait pu assister à quelques scènes, dans le métro des moldus autant que dans certaines tavernes de sorciers et trouvait souvent le comportement des anglais trop hypocrite et trop … trop … pas assez vivant. Après tout, parfois valait mieux une bonne bagarre et un traitement choc pour qu’un problème soit réglé immédiatement que de laisser traîner les choses interminablement et laisser s’accumuler les détails et les contradictions qui finissaient tout simplement par entraîner les protagonistes dans une spirale infernale qui n’aboutissait… nulle part… sinon à sa continuité.

Bien sur, il n’était pas un rustre, loin de là. Les siens n’étaient pas des sauvages ou des animaux et il espérait bien au fond de lui-même que personne n’aurait jamais le culot de présenter ainsi les choses en sa présence.
Non, la façon qu’il avait connue et apprise de son peuple pour traiter les problèmes, les relations, les dilemmes et les émotions était complexe dans sa simplicité et c’était ce qui la faisait si belle. Après tout, n’avait-on pas besoin de simplement dire « je t’aime » pour exprimer l’émotion la plus puissante que nous puissions ressentir ? L’agrémenter de n’importe quel adjectif, de n’importe quel autre mot ne faisait que diminuer l’idée, tuer un peu l’image de tout ce que représentait ces simples deux mots.
Et pourtant, pourtant, c’était un concept et une signification très complexes qu’avaient ces deux mots alignés dans cet ordre… Complexes dans leur simplicité. Les paroles sincères étaient les plus difficiles mais les plus belles à parler et ce n’était pas quelque chose qu’il aurait pu faire comprendre à n’importe quel Londonien, pensait-il.

Il continuait de remuer distraitement sa cuillère dans sa solyanka, regardant les morceaux de multiples aliments suivre le courant qu’il avait doucement créé. Le menton appuyé contre son poing, le coude sur la table, il releva finalement les yeux vers la jeune femme. Il haussa les épaules d’un air un peu fatigué, l’air pensif. Il parla toujours aussi calmement, ne se laissant pas démonter par la question posée directement. Il aimait cette franchise.

- Depuis environ deux ans mais je me suis promené un peu partout et j’ai voyagé à l’étranger entre temps. J’ai fais l’aller-retour, comme on dit, ajouta-t-il avec un doux rire.

Il gardait son regard ancré dans les yeux bleus de son interlocutrice et se dit qu’il pouvait bien se permettre de poser quelques questions, lui aussi.


- Et vous, qu’est-ce que vous faites ici ? Je veux dire…

Il sembla chercher ses mots et son regard se perdit dans le vide alors qu’il essayait en vain de faire aller plus vite son esprit en décrivant nerveusement un petit cercle qui aurait roulé en direction de la jeune femme avec sa main droite. Il n'était toujours pas à l'aise avec l'idéologie d'une petite vie bien rangée avec un emploi stable et confortable et une petite famille. Il n'était pas encore habitué, lui qui n'avait pas vraiment de point d'attache sinon cet endroit miteux ou il venait se nourrir pratiquement tous les jours.


- C’est quoi votre job ? dit-il avec une voix à l’accent diminué, comme s’il aurait brillamment cité un passage d’un livre.

Il avait concentré à nouveau son regard dans celui de sa vis-à-vis et dévia à peine une fraction de seconde pour remarquer le tenancier qui s’en venait finalement dans leur direction.


- Et je vous offre quoi ? Bièreaubeurre, Mademoiselle… ?
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MessageSujet: Re: Par un matin froid et clair [PV]   Par un matin froid et clair [PV] EmptyMar 22 Avr - 20:41:02

Qu’est-ce que l’abus ? Il n’y avait pas de réponse précise à cette question, et comme il en manquait souvent, on tentait tout de même d’expliquer cette absence. Un mince sourire étira les lèvres de la jeune femme, qui, malgré les effets de l’alcool, parvenait encore à s’y retrouver dans son esprit, et à formuler des pensées correctes.

« Tout est relatif, n’est-ce pas… »

Un concept, certes, juste, mais qui n’en apprenait pas plus sur la personne qui l’énonçait. Car à partir du moment où quelqu’un expliquait ce qu’était pour lui telle ou telle chose, relative bien sûr, on pouvait le définir. Et si Cathy n’avait pas bronché lorsque l’homme avait repoussé une à une ses questions, par des réponses évasives, elle ne tenait pas non plus à être la première à se révéler.

Il semblait toutefois gêné qu’elle n’ait pas accepté sa proposition, et n’osait pas continuer à manger. Elle lui avait déjà dit qu’elle n’avait pas faim, bien sûr, mais se voyait mal le rassurer en lui expliquant qu’elle n’était déjà pas au meilleur de sa forme, et que la simple idée d’avaler quoi que ce soit accentuait sa nausée… Une conversation charmante en somme. Il ne reprit pas sa cuillère, mais s’empara en revanche avec délicatesse de son verre, comme pour lui laisser encore l’initiative de changer d’avis, et de continuer à se saouler. Non merci.


A sa remarque, son interlocuteur eut un nouveau sourire. Il déclara, que s’il y en avait eut en quantité suffisante de là où il venait, on en aurait donné aux nourrissons. En traduisant le mot, traduction qui donnait
littéralement « petite eau », il semblait rendre cet alcool dérisoire. Un peu comme s’il ne s’était agi que d’une simple bière. Un rictus vint orner les lèvres de Catherine. Petite eau… petite eau, qui malgré sa transparence, rendaient les regards troubles, faisaient tourner, têtes, cœurs et… estomacs. Une apparence innocente, et des effets qui pouvaient être dévastateurs. L’hypocrisie du monde, rassemblée dans un seul verre, un goût fort, qui pouvait amener des grimaces sur les visages des buveurs qui s’étaient gardés d’adoucir ce goût à l’aide de mièvreries sucrées. Mais quel autre choix que de s’adapter avait-on dans cette société parfois si fermée, qui pourtant avait le don d’ignorer les problèmes les plus importants ? Le regard des autres semblait dicter la conduite à suivre sans arrêt, sans qu’aucun écart ne soit permis. Tous, pauvres êtres insignifiants, avaient sans doute signé un pacte avec Satan, le jour de venir au monde. Et sans doute, y avait-il eu, à la fin du contrat, cette petite mention, si peu importante qu’ils avaient tous négligé de la lire, imbéciles qu’ils étaient. « Vous n’avez pas le droit à l’erreur. » Le diable se cache dans les détails, comme aurait dit ce cher Napoléon.


Il semblait étrangement pensif tout à coup. Dans l’état où elle sombrait doucement, la jeune Auror aurait bien été en peine de le constater, s’il n’y avait pas eu dans leur dialogue, un bref silence, pendant lequel elle tenta de reprendre pied. Peine perdue, puisque nous le savons, sa question suivante aurait été censurée par n’importe quel Anglais possédant un minimum de tact. Tact. Un mot qui sonnait un peu comme cette onomatopée si connue… Tic tact, tic tact, tic tact… boum. Autant de dérivés, d’euphémismes employés pour détourner les chemins, qui finissaient par vous éclater au visage une fois le premier verre d’alcool ingurgité. Lui, continuait de remuer son épaisse mixture. Elle, suivait le voyage d’une olive qui plongeait et remontait à la surface successivement suivant les mouvements de la cuillère de l’inconnu. Quel goût ce plat pouvait-il bien avoir ?

Et soudain, le jeune homme reprit la parole, comme si aucun silence n’avait interrompu leur discussion. Le silence… c’était une absence étonnante que le son laissait derrière lui. Tantôt déplorée, tantôt célébrée, il semblait qu’elle serve toutes les causes. Ainsi, il arrivait parfois qu’un blanc survienne dans la conversation, tout simplement parce que ses protagonistes n’avaient plus rien à ajouter. Une scène embarrassante, durant laquelle chacun tentait de placer la première phrase qui lui parvenait à l’esprit, les yeux criants au secours. D’autre fois, comme celle-ci, on s’absorbait dans les pensées auxquelles nous avaient menées les dernières réflexions. Au final, ce n’était pas forcément une mauvaise chose, de philosopher un peu. Conclusion du jour ; la politesse est une hypocrite.

Il répondit donc à sa question. De nombreuses autres auraient pu suivre, sans doute aussi indiscrètes, mais il se prêta à son tour au jeu. Et posa LA mauvaise question. Enfin voyons, pourquoi celle-ci en particulier ? Maintenant il allait fuir. Une représentante de l’ordre, du Ministère… Cathy eut un sourire amer. Ordre et Ministère, deux mots, deux conceptions qui n’allaient guère de paire depuis quelques temps. De tous temps les Aurors chez les sorciers, la police chez les moldus, avaient été tournés en dérision, et ils n’étaient guère portés dans les cœurs, sauf quand ils amenaient la « bonne » nouvelle de l’arrestation ou de la mort (meurtre aurait été plus approprié) d’un criminel. Certes, seules les familles des arrêtés déploraient ces actions, mais c’était déjà trop. Aujourd’hui, il lui arrivait de se remémorer pourquoi elle avait choisi de faire ce métier.

Nouveau sourire. Elle avait voulu une vie pleine de vie, d’action, de rebonds et autres surprises. L’optimisme avait toujours été son fort. Avant. Avant qu’elle ne soit trompée, brisée, et laissée amère et déçue, devant un avenir qui avait perdu son beau sourire. Il s’était avérée qu’elle passait beaucoup plus de temps derrière un bureau qu’elle ne l’avait souhaité. C’était toujours mieux que d’être dans les services du Magenmagot par exemple. Quant à sa vie privée… pouvait-on toujours parler d’une vie ? Vide aurait été plus exact. La jeune femme n’avait jamais prévu de quitter son travail pour s’occuper de son enfant, même si elle ne pensait pas le délaisser pour autant. Et si elle n’avait jamais eu d’habitudes de petite vieille à la retraite, elle s’était pourtant laissée aller à en imaginer. Finalement, ça ne lui aurait sans doute pas convenu. C’était surtout le côté famille qu’elle avait aimé, sans partir dans des délires grandiloquents de grandes maisons remplies d'enfants. Même s’il ne s’agissait que de Julian et de leur enfant, il était confortant de se savoir entouré.

« Une bièraubeurre, c’est parfait, merci. »

Elle avait laissé un suspens délibérément, ne répondant pas tout de suite à sa première question, et ignorant le fait que pour la deuxième fois, il avait suspendu sa phrase après le « mademoiselle », comme pour l’inviter à se présenter. Puis lorsqu’il détourna la tête du barman, elle planta son regard bleu dans le sien, un air parfaitement neutre sur le visage.

« Je suis Auror. »

Cathy avait parlé avec détachement, comme si cela n’avait aucun intérêt. Au final, c’était le cas. N’importe qui travaillant au Ministère connaissait son poste. Elle était cependant curieuse de savoir quelle tête allait tirer son inconnu dans les deux ou trois secondes qui suivraient. La franchise déroutait souvent les gens. Surtout lorsqu’on se trouvait dans un petit bar, sans doute un peu mal famé, où son interlocuteur était sans doute un escroc dans son genre. Elle eut un sourire doux, un tantinet moqueur. Elle ne s’était pas amusée comme ça depuis un certain temps. Même si c’était au dépend de quelqu’un d’autre, il fallait bien que ça revienne un jour.

« Et vous ? »

Celle-dont-on-connaissait-désormais-le-métier ne lui demanda pas s’il était marié. Il ne portait pas d’anneau, et ses fréquents allers-retours l’empêchaient sans doute d’avoir une relation stable. Il était toujours difficile de coordonner un emploi qui nécessitait de bouger régulièrement et une petite amie. Si elle aimait surprendre, elle n’avait aucune intention de blesser les gens qu’elle croisait. N’ayant jamais parlé au jeune homme une heure auparavant, il lui était difficile de dire s’il souffrait de solitude. Il aurait d’ailleurs tout aussi bien pu gérer sa situation. Pourtant, une discussion autours de relation amoureuse aurait sans doute été plus amusante que celle de boulot.
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MessageSujet: Re: Par un matin froid et clair [PV]   Par un matin froid et clair [PV] EmptySam 3 Mai - 22:01:58

Nikolaï sourit, les yeux posés sur cette bande de bois, le centre de la table, qui séparait cet espace imaginaire qui était réservé aux deux individus. Une Auror. C’était bien tombé, quand même. Le Russe n’était pas un être violent ni haineux et il n’entretenait aucun ressentiment envers les forces de l’ordre. La plupart du temps, il savait les éviter et continuait ses affaires tranquillement. Il n’avait jamais eu de problèmes avec les Aurors et le ministère, en fait.

… Enfin… jamais depuis son retour d’exil. Jamais depuis l’unique fois ou il en avait eu. D’ailleurs, pouvait-on considérer cela comme un exil ? C’avait été un véritable accomplissement, pour lui. C’avait été un retour aux sources, un air vivifiant et transportant la meilleure odeur imaginable : celle de la patrie et de la liberté. C’était un exquis mélange qu’il avait pu respirer pendant quelques années avant qu’il ne devienne plus lourd, plus chaud et moins bon. Son air, celui qu’il devait respirer, avait dépassé sa date d’expiration et il s’était vu obligé de partir. Il ne pouvait pas rester là-bas à regarder son monde se décomposer. Il était donc revenu en Angleterre, le seul autre endroit qu’il connaissait bien.

Une Auror… Qu’étaient les Aurors comparativement à la police Russe ? Le Komitet Gossoudarstvennoï Bezopasnosti, le dernier descendant de la Tchéka, avait été beaucoup plus redoutable qu’avaient pu l’être ses ancêtres. Pour quiconque qui ne vivait pas complètement selon la loi et ce qui était recommandé, la trop fameuse organisation était le pire de ce qu’il y avait à craindre. De plus, il ne fallait pas être dupe… comme si le KGB ignorait l’existence du monde sorcier et que son équivalent magique n’existait pas…

Nikolaï prit donc la nouvelle comme si elle lui avait annoncé que le temps était mauvais. Il ne semblait pas surpris ni choqué. Se retrouver face à un Auror, c’était comme se retrouver devant un policier moldu : face à une personne qui avait ses valeurs et qui s’occupait de coffrer certains malfrats et de faire respecter l’ordre dans les rues pour gagner son pain. Si on était assez intelligent pour être discret et ne pas chercher les ennuis auprès d’eux, il n’y avait pas de problème. Quelqu’un qui, comme Nikolaï, ne s’arrangeait pas pour se faire remarquer et qui avait assez de jugeote et de valeurs pour savoir ce qu’il pouvait faire sans grand risque et… et le reste, ne pouvait pas se faire prendre. Après tout, ce que craignait le Russe, c’était ceux qui pourraient le traquer pour la moindre petite chose, ceux qui viendraient le chercher et qui ne le lâcheraient pas au lieu de se contenter d’être sur son dos s’il venait un jour à faire une grosse connerie. C’était eux qui étaient dangereux et jamais il n’avait vu ni entendu parler d’une organisation aussi redoutable chez les sorciers et moldus d’Angleterre… Ni nulle part ailleurs.

Le slave souleva lentement son verre et prit une nouvelle gorgée de vodka, replongeant ses yeux sombres dans ceux bleus de son interlocutrice, la regardant par-dessus son verre. Il reposa finalement sa boisson et indiqua au tenancier qu’il prendrait une bièreaubeurre simplement en prononçant le mot d’une voix calme tapant deux coups de son index sur la surface de bois.


- Auror, hein ? Vous avez beaucoup de travail ces temps-ci, non ? dit-t-il d’une voix toujours aussi calme et toujours aussi lentement, son accent n’en étant que plus fort.

Oui, avec l’évasion dont on ne cessait de parler depuis quelques semaines, il était impossible que les Aurors placent les gens comme lui dans leurs priorités. Et que faisait-elle ici ? C’était son heure de dîner ? Elle fréquentait régulièrement ce genre d’endroits dans ses temps libres ? Le coin gauche de sa bouche s’étira en un sourire qui ne voulait pas dire grand-chose et ses yeux glissèrent sous le visage de son interlocutrice et ensuite vers son épaule pour finalement revenir à son visage tandis qu’il songeait à ce qu’il allait lui répondre concernant son métier.

Qu’est-ce que c’était son métier, d’ailleurs ? Il transportait un carton du point A au point B, d’un homme à l’autre, pour quelques gallions, il reconduisait certaines personnes chez eux pour quelques sterlings et il s’était déjà occupé de cacher certains autres colis le temps que leur propriétaire les veuille à nouveau. Il faisait à peu près n’importe quoi et ses « contacts » lui offraient régulièrement des offres pour ce genre de petit boulot. Très souvent, trop souvent, il déclinait… selon ses employeurs, en tout cas. Lui continuait simplement de se dire qu’il pouvait bien faire quelques boulots sans poser de questions mais qu’il y avait certaines tâches dont il refusait et refuserait toujours de s’acquitter, que ça leur plaise ou non.


- Moi ? Un peu de tout et de rien. Il n’y a pas beaucoup de travail en ce moment pour quelqu’un comme moi. Je me débrouille avec ce que je trouve. Un genre de journalier urbain, si vous voulez.

Il n’en dit pas plus. Il en avait dit assez, de toute façon. C’était ce qu’il faisait et c’était ce qu’il était. Si elle désirait en savoir plus, elle poserait des questions et Nikolaï verrait alors s’il voulait y répondre ou non ou comment y répondre. Il décrivit un nouveau cercle lent dans sa solyanka et remonta finalement sa cuillère qui contenait maintenant une bonne bouchée de soupe. Il mangea à nouveau et s’essuya la bouche avec le bout de tissu destiné à cet usage. Il n’avait même pas la bouche sale mais c’était une habitude pour lui, à table. Pendant qu’il finissait de passer le tissu au-dessus de sa lèvre supérieur, il releva les yeux de sa soupe pour les poser sur l’Auror. Elle n'avait peut-être pas l'air au mieux de sa forme mais elle était loin d'être désagréable à l'œil du slave.

- Est-ce que les Aurors qu’ils engagent sont toutes aussi jolies, au ministère ? dit le russe, toujours de sa voix calme, en reposant l’essuie à sa droite.
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MessageSujet: Re: Par un matin froid et clair [PV]   Par un matin froid et clair [PV] EmptyDim 11 Mai - 23:27:48

Même pas drôle ! L’inconnu s’était contenté d’esquisser un sourire, et pas un instant il ne s’était laissé aller à la surprise, restant complètement stoïque, elle l’avait senti. A cet instant, il n’y avait que deux solutions possibles, avait analysé Cathy. Première option : il était complètement honnête, ce qui était impossible, car auquel cas il aurait manifesté un minimum d’inquiétude ; ce genre de personne craignait par-dessus tout d’être inculpé à tort ou d’être soupçonné. La deuxième voie était bien plus réaliste. Il trempait sans doute dans activités plus ou moins illégales, en avait conscience, mais était suffisamment malin pour savoir qu’il ne se ferait pas prendre. Oui, elle penchait plutôt pour cette dernière hypothèse. Techniquement, elle avait de quoi être contente : elle n’était pas tombée sur le dernier des abrutis. De cela elle était sûre, quant au reste… elle ne connaissait pas son nom, et qui lui disait que son apparence était la sienne ? Aha… c’était dans ses occasions là que l’on déplorait l’invention du polynectar. Aussi se contenta-t-elle d’acquiescer en guise de réponse à la nouvelle question de son interlocuteur. Sa langue pâteuse risquait de lui jouer des tours, et il était hors de question qu’elle divulgue quoi que ce soit quant à l’avancée des recherches des aurors. Qui en étaient toujours au point mort. Elle venait simplement de confirmer ce qui était déjà une affirmation. Il semblait évident qu’ils avaient beaucoup de travail…

Entre-temps, le Slave avait commandé la bierraubeurre, et avait répondu à sa question. « Journalier Urbain ». Une manière de répondre aussi évasive que la sienne. Leur conversation étai partie pour être bien animée ! La jeune femme sourit. Tous deux pouvaient donner un nom à leur métier mais se gardaient bien d’en révéler la nature. Jusqu’à quel point pouvaient-ils se faire confiance, eux, deux inconnus ? Etait-il possible d’oublier l’amertume, la méfiance et l’hypocrisie le temps d’une conversation ? Malheureusement, les enjeux étaient bien trop importants. On ne s’amusait pas à miser la sécurité de l’Etat dans des jeux de hasard. Mais lui, pouvait se douter de ses activités quotidiennes, de son but « arrêter les méchants ». En revanche, il était dur de placer un but précis sur les mots « journalier urbain ». Il s’en tirait finalement bien à ce petit jeu, puisqu’elle ne savait toujours rien de lui, et que ses hypothèses n’étaient que des quasi-certitudes. Et le quasi était de trop. D’ailleurs, ces soupçons n’étaient pas très précis. Elle ne savait pas quel genre de « travail » il pouvait bien accomplir. D’ailleurs, le savait-il lui-même ? On avait déjà vu quelques hommes gagner leur pain en accomplissant des tâches pour les autres, sans se renseigner plus que ça, afin d’être incapable de fournir des informations le jour où on leur en réclamerait.


« Vous m’en direz tant… »


Catherine sentit un instant le regard de l’inconnu qui se posait sur elle, puis soudainement, il l’interrogea, glissant un compliment dans sa question. Pour la première fois, elle était prise de court. Elle, jolie ? Voilà bien longtemps qu’elle n’avait pas entendu ces mots là, employés pour la qualifier. Son teint, déjà naturellement pâle, n’avait pas gagné de couleur dans le surmenage, et ses yeux bleus, autrefois vifs avaient été ternis par le deuil. Certes, le fait qu’elle se soit un peu amusée durant la conversation, aurait pu arranger son physique si elle n’avait pas bu avant, et ne s’était pas senti aussi mal. Que devait-elle répondre ? Voilà une question qu’elle ne s’était pas posée depuis longtemps… Ce n’était pas à cela qu’elle songeait en pensant parler de relations amoureuses ! Il aurait été bien plus amusant d’entendre des histoires qui ne la concernaient pas. La jeune auror tenta de reprendre contenance, et répondit tant bien que mal.

« Pour tout vous avouer, je ne regarde pas vraiment les femmes… Après, je n’en sais rien… si vous me trouvez jolie, vous trouverez sans doute les autres magnifiques… encore une chose relative je suppose » marmonna-t-elle.

Elle avait du mal à articuler, et avait légèrement bafouillé lorsqu’elle avait pris la parole. Tout tanguait au-dessous d’elle. Elle avait chaud, voyait toujours trouble, et s’était mise à avoir légèrement mal à la tête. Elle ferma les yeux, les rouvrit. Plus jamais de vodka. Pour autant, la situation était comique. Elle ne s’était pas amusée comme ça au cours d’une conversation depuis un bon moment, et pourtant, il lui avait fallu d’être aussi mal en point. Cathy se leva, sa main tâtonnant pour toujours être à proximité d’une table. Ses jambes manquèrent de se dérober sous son corps, mais elle se rattrapa de justesse. Tout tournait trop vite… De l’eau fraîche… c’était la bonne solution. Elle voulait juste se rafraîchir. Elle inspira un bon coup pour pouvoir parler sans trop buter sur les mots.

« Je crois que vous aviez raison, c’était un peu fort. Ca m’apprendra… Si ça ne vous dérange pas, je vais m’abstenir de boire en plus ne serait-ce qu’une bierraubeurre et me contenter d’un peu d’eau. Ce sera plus sage… »


La jeune femme s’approcha du comptoir en vacillant, et réclama une grand bouteille d’eau fraîche ainsi qu’un verre au barman, qui les lui apporta immédiatement. Ah quand on venait jusqu’à lui on était servit bien plus vite hein ! Elle se servit de l’eau dans le verre, en but une gorgée, avant de sortir son portefeuille. Elle en sortit quelques pièces. Gallions, mornilles, noises… c’était une pièce de combien ça déjà ? Tandis qu’elle se concentrait pour rendre la somme exacte qu’elle devait au tenancier, elle lança au jeune homme:


« Au moins, vous n’auriez certainement pas trouvé une de mes collègues ici, ou même dans mon état ! »

Elle se tourna ensuite de nouveau vers lui, son verre dans une main, la bouteille dans l’autre, but de nouveau une gorgée, et évalua du regard la distance qu’il lui faudrait parcourir sans tomber. Elle en était capable, ce dont elle était moins sûre, c’était de ne pas renverser son verre. Catherine le termina donc, avant de s’avancer de nouveau entre les tables, et de se rasseoir sur sa chaise. Ca allait déjà un peu mieux… Elle passa une main dans ses boucles noires, songeuse, et adressa un sourire à son inconnu. Il ne lui apparaissait de nouveau plus qu’en un seul exemplaire. Elle n’était plus vraiment « pompette », mais il subsistait de son état l’envie de mieux connaître son interlocuteur et de le faire marcher. Après tout, maintenant qu’il n’avait plus qu’une tête, il lui semblait plutôt beau… Même si elle n’aurait sans doute aucune autre occasion de le revoir.

« Il n’y a donc aucune journalière urbaine qui vous trouve à son goût ? Vous n’avez pourtant rien à envier à de nombreux autres » dit-elle, comme si rien n’avait interrompu leur conversation.

Depuis combien de temps n’avait-elle pas ainsi sourit ? On était loin du fou rire, mais elle ne s’était pas sentie aussi à l’aise depuis tous ces évènements qui avaient marqué un tournant dans sa vie. Cela lui paraissait étrange, improbable : était-il possible de retrouver un minimum le goût de vivre grâce à un inconnu ? Oh, bien sûr, elle ne s’imaginait certainement pas déjà en couple avec lui ou autre. Simplement, elle n’avait plus admiré le physique d’un homme depuis un bon moment et retrouver tant de choses à la fois était légèrement déroutant. L’était également, le fait qu’il ne lui transmette aucune émotion distincte. Il était simplement sûr de lui, tranquille. Et toujours aussi mystérieux…


« Votre accent… il fait penser aux pays de l’est… avez-vous fait vos études à Durmstrang ? »

Voilà un autre sujet avec lequel elle pourrait peut plus cerner le jeune homme… Il disait n’être en Angleterre que depuis deux ans, aussi n’avait-il certainement pas été à Poudlard, et cette autre académie de magie était peut-être la plus proche de son pays d’origine. Le passé d’une personne était toujours intéressant à décrypter, et il était peu probable qu’il ne puisse pas s’exprimer librement sur celui-ci après tout… il n’avait pas l’air d’un grand criminel, et avait sans doute passé une adolescence un tant soit peu normale, comme les sorciers de son âge… Elle était revenue à son but premier, duquel il l’avait écarté. En connaître plus sur lui.
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MessageSujet: Re: Par un matin froid et clair [PV]   Par un matin froid et clair [PV] EmptyLun 12 Mai - 2:57:01

Nikolaï continuait de regarder son interlocutrice d’un air distrait... Il lui en dirait tant… Oui, il restait évasif, naturellement. À quoi s’attendait-elle ? Mais cet entretien dépassait largement la conversation formelle et anodine d’une représentante de l’ordre et d’un citoyen… enfin… presque citoyen : le Slave avait pris un sérieux goût à cette rencontre et il s’intéressait plus à la jeune femme elle-même qu’à son emploi et à ce qu’elle pouvait bien avoir comme tâches quotidiennes.

Il ne se formalisa pas du fait qu’elle ne lui répondit pas et remarqua plutôt cette façon maladroite et incertaine qu’elle avait eu de répondre au compliment qu’il lui avait fait. Était-ce la surprise du compliment ou la gêne ? Était-ce son état qui s’empirait ? Sûrement que le composé éthylique se retrouvait en trop haut taux dans son sang et avait fait tranquillement son chemin jusqu’au foie de son interlocutrice.

Ses yeux scrutaient maintenant le visage de sa compagne de table avec attention. La trouvait-elle jolie ? Oui, à n’en pas douter. Sinon, pourquoi lui avoir dit ? Pourquoi lui avoir fait ce compliment ?


- Oui, tout est relatif… C’est seulement que je trouve que beaucoup de choses, tant de femmes ici manquent de … de vie, de substance, confia-t-il à son interlocutrice. Peu ont cette chance d’être "magnifiques", comme vous dites.

Nikolaï avait eu sa surprise lorsqu’il était arrivé en Angleterre… enfin… de retour. Lorsqu’il était plus jeune, avant son départ, il n’avait jamais remarqué ce genre de choses mais cela l’avait frappé lorsqu’il avait fréquenté les premiers bars moldus et les premières tavernes sorcières de Londres. Des fausses brunes, des fausses blondes, de faux yeux, même ! On s’attardait trop sur la troisième couche de maquillage à ajouter ou sur la nouvelle collection tendance de robes à venir, sans oublier le dernier balai sortit sur le marché. Nikolaï s’était retrouvé loin de chez lui ou les femmes participaient aussi bien à la guerre qu’aux chants des lendemains. Bien sur, Москва regorgeait également de mode et de tendances superficielles mais les proportions étaient moindres. Il avait vécu une ville ou les gens avaient une trop grande conscience de leur société et du reste des leurs pour se limiter à ces simples objets.

Sa vis-à-vis était belle, il n’y avait aucun doute à cela et même si elle n’apparaissait pas au meilleur de sa forme, elle avait l’air naturelle. Elle apparaissait comme humaine, comme une vraie femme devant lui et le Russe avait bien plus l’impression d’observer une peau chaude et douce qu’un pouce de fard trop uni, qu’une illusion. Il eut soudainement envie de passer sa main sur la joue de son interlocutrice, de presser ses lèvres contre les siennes, de voir à quelle point elle était vivante malgré son état, malgré ce qu’elle croyait manquer d’éclat.

Mais elle l’informa qu’elle ne goûterait pas la bièreaubeurre et se dirigea vers le comptoir. Nikolaï appuya le menton contre son poing, coude sur la table, et regarda la jeune femme s’éloigner en direction du bar ou elle reçut finalement l’eau qu’elle était allée y chercher.

- Ce n’est pas grave. Personne n’y a touché, à cette bièreaubeurre, il voudra certainement la reprendre, dit-il simplement en posant ses yeux sur la bouteille.

Lorsqu’il coula de nouveau son regard sur le visage de la jeune femme, il réfléchit un instant à cette rencontre. Au fond, ça ne lui déplaisait aucunement de l’avoir rencontré elle, même dans cet état, plutôt qu’un ou une autre de ses collègues. Il n’avait rien contre les forces de l’ordre, bien entendu, c’est simplement que certains étaient plus affables que d’autres et se permettaient de s’écarter de leur travail, par moments. Il appréciait de plus en plus la conversation qu’il avait avec elle et sûrement qu’il n’aurait pu l’avoir avec une autre personne.
Malheureusement, il aurait été déplacé de le confier à son interlocutrice, surtout que ces occidentaux avaient tant de mal à accepter des sentiments sincères, sûrement qu’elle y verrait une forme de manipulation, de flatterie dans le but de ne pas avoir d’ennuis. Et tout aussi malheureusement, Nikolaï n’était pas comme ça et ne craignait pas les questions qu’aurait pu avoir l’Auror. Il s’amusait, pour le moment, il jouait à ne rien préciser sur ce qu’il faisait (quoi que tout ce qui fut dit par lui était complètement vrai) mais ne craindrait aucunement une approche violente ou une obligation à répondre.

Il se contenta de lui sourire. Surtout qu’elle lui retournait le compliment : la conversation avançait sur un autre niveau et ce n’était en rien pour déplaire au Russe. Il passa une main distraite sur sa mâchoire mal rasée et tendit la main vers son verre de vodka.


- Je ne sais pas. Je n’ai jamais travaillé avec l’une de ces « journalières urbaines », dit-il simplement en haussant les épaules. Mais on peut dire, encore là, que c’est aussi relatif pour moi que pour vous. Surement que vous devez en trouver beaucoup d’autres qui ont encore moins à envier.

Il porta finalement son verre à ses lèvres et bu une gorgée de vodka. Elle enchaîna avec une seconde question et Nikolaï laissa passer une autre bonne gorgée du liquide. Il reposa son verre sur la table et releva les yeux dans ceux de son interlocutrice. Les études… C’était un souvenir assez particulier dans la mémoire du Slave, la seule chose sur laquelle il ne pouvait aucunement se permettre d’être évasif : c’était trop clair, trop réel, trop concret. Les études… Les souvenirs de Poudlard lui revinrent et il se rappela son expulsion, sa baguette brisée ainsi que cet évènement qui l’avait condamné à être renvoyé de l’école de sorcellerie.
Durmstrang… Oui, il en avait souvent entendu parler. Non, ce ne serait absolument pas judicieux de prétendre venir de là-bas car elle risquait d’en connaître plus sur cette école que lui-même. Il ne pouvait cependant pas lui dire qu’il avait fait ses études à Poudlard, ça ne serait pas cohérent et il risquait trop de questions indiscrètes. De toute façon, son passage à Poudlard avait été archivé sous le nom de « Nicholas Dmitriev » et non de « Nikolaï Dmitriev »… ces idiots d’occidentaux et son idiot de père qui avaient anglicisé son nom… Mais, après tout, si ça pouvait lui servir aujourd’hui…


- Oui, je suis de Russie. Je n’ai pas étudié à Durmstrang, j’ai étudié avec un maître qui m’a apprit tout ce que j’avais besoin de savoir, en Russie, répondit le Slave d’un ton calme. Vous, vous avez étudier à la fameuse Poudlard, j'imagine...

Un autre demi-mensonge. Ou plutôt une demi-vérité ? Après tout, comment aurait-il pu inventer Alexeï Molotov ainsi que toutes les épreuves auquel ce dernier l’avait soumis ? Il avait apprit beaucoup, de son maître, presque tout. Il avait simplement omis de mentionner son passage à Poudlard. Ça n’avait rien de dramatique, au fond.

Il fixa son interlocutrice un instant, un sourire se dessinant sur ses lèvres. Elle continuait de jouer avec lui ? Elle procédait à un simulacre d’enquête ? Cela lui faisait un drôle d’effet. Jamais Nikolaï n’aurait eu plus envie de clore cette conversation, de couper ces paroles inutiles qui se prolongeaient dans ce petit jeu subtile pour goûter aux lèvres de la jeune femme, l’étendre sur la table et mettre fin à cet entretien.

Mais le Russe repoussa cette envie et continua de sourire à la jeune femme. Cela l’agacait de ne pas savoir son nom, il avait l’impression de parler dans le vide. Après tout, si elle disparaissait, il ne la reverrait jamais et elle ne serait plus qu’un souvenir flou. Il ne pouvait laisser cela comme ça. Il avait besoin d’avoir au moins son prénom.


- Je ne sais toujours pas votre nom, quand j’y repense. C’est un peu inconfortable, vu notre conversation. Je m’appelle Nikolaï, Nikolaï Levovitch.

Son patronyme. Cela faisait longtemps qu’il ne l’avait pas utilisé mais c’était toujours sa roue de secours. Après tout, c’était la vérité : il avait hérité de ce que les anglais qualifieraient un « middle name » à cause de son père, Lev, comme tout autre Russe. Par contre, les relations tendues qu’avait eu Nikolaï avec son paternel, avant de couper les ponts, ne l’incitaient guère a se présenter constamment avec ce nom qu’il ne sentait pas complètement sien.

Mais il pouvait toujours être très utile. Encore une fois, une demi vérité, un demi mensonge, l’omission d’un simple détail. Rien de bien méchant et ça ne pourrait pas faire de mal à son interlocutrice.
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MessageSujet: Re: Par un matin froid et clair [PV]   Par un matin froid et clair [PV] EmptySam 17 Mai - 23:23:48

Son interlocuteur rejeta sa remarque quant au fait que beaucoup de femmes étaient sans doute bien plus belles qu'elle. Il fit remarquer que beaucoup manquaient de "vie", une constation qui entraîna un rictus amer sur les lèvres de la jeune femme. Elle ne releva pas, mais n'en pensait pas moins, et n'avait pas pu réprimer cette ironie. Ici, dans cette étrange rencontre, il lui expliquait, à elle, qui n'avait plus de vie sociale, qu'elle était bien plus vivante que d'autres ? La situation avait de quoi prêter à sourire, même sans joie aucune.

Cependant, elle comprenait parfaitement ce qu'il voulait lui dire. Trop de femmes voulaient ressembler aux modèles qui posaient pour leur magazine favori et qui suscitaient tant d'admiration - tant dans le monde moldu que dans le monde sorcier -, pour au final, s'oublier elles-mêmes dans un océan de superficialité. Elles ne s'assumaient plus, et se contentaient de vouloir être de pâles copies de ces autres femmes. Ainsi, il fallait soit cacher son corps à grand coups de blush, ou complètement le transformer, en subissant des opérations de chrirugie esthétique. Encore une fois, c'était le regard des autres qui avait tendance à influencer ces attitudes. Tout était tellement sujet à critique que de nos jours, on ne pouvait plus se permettre de posséder un physique ingrat. Alors les gens tâchaient d'être conforme aux attentes de leurs semblables, s'efforçaient de rentrer dans le moule, d'être accepté, au risque de se perdre totalement. Peut-être fallait-il à présent être aimé des autres pour s'apprécier soi-même ?

En attendant, ce cas majoritaire ne touchait pas Cathy, qui pensait fermement que pour plaire aux autres, il fallait avant tout être à l'aise avec soi-même. Un esprit sain dans un corps sain ASICS. Elle se moquait donc complètement de suivre les mouvements de foule s'ils ne lui plaisaient pas, tantôt se laissant dériver, tantôt nageant à contre-courant. Elle ne s'était jamais trouvée particulièrement belle, mais savait qu'elle n'était pas hideuse non plus, loin de là. On trouve toujours plus petit que soi, n'est-ce pas ? Même si cette vérité était triste à dire, elle permettait à la jeune Auror d'être suffisamment satisfaite d'elle-même pour ne pas passer une demie-heure devant la glace chaque matin, tout ça pour se tartiner la figure. Elle se contentait très bien d'un maquillage léger, cachant un bouton lorsque c'était nécessaire, et se soulignant les yeux d'un trait noir, fin. Quant à la mode... elle s'habillait comme il lui plaisait. Elle n'était ni particulièrement extravagante, ni trop classique. Pour le coup, elle se rangeait dans le moule, la situation lui convenant.

Elle sentait son regard qui suivait chacun de ses mouvements, ne la quittait pas des yeux, et s'en sentait déroutée, tout en agissant de même. Le manège cessa un instant lorsqu'elle se leva pour aller chercher de l'eau, du moins le crut-elle. Pourtant, elle sentait encore son regard dans son dos, et aussitôt qu'elle fut rassise, ses yeux noirs revinrent se planter dans son regard bleu. Elle le trouvait beau, charmant malgré sa mâchoire mal rasée, et elle en était encore plus étonnée. Elle se référait peut-être trop souvent à ce tournant de sa vie, mais n'était-ce pas normal ? Bref, depuis la mort de Julian, elle avait eu beau constater platement que certains hommes qu'elle croisait n'étaient pas monstrueux, aucun ne l'avait fasciné comme lui. Personne ne lui plaisait, et à vrai dire, elle s'en moquait totalement, puisque rien ne comptait tant que sa vengeance. Alors pourquoi, aujourd'hui, où elle était venue dans ce bar en partie pour tenter de donner forme à ses noirs desseins, était-elle aussi subjuguée ? Comment se faisait-il qu'alors même qu'elle ne le connaissait pas, il lui avait redonné le sourire ?

Son inconnu eut la même réaction qu'elle, quelques minutes auparavant, en assurant qu'on trouvait bien d'autres personnes bien plus belles. Peut-être ? Mais elles semblaient... vides. Mortes. Catherine comprenait enfin réellement ce qu'avait voulu dire le Slave lorsqu'il avait évoqué vies et susbtances. Il était à la fois naturel, tranquille, et rien ne semblait pouvoir le perturber. Assurément, c'était une sensation très agréable... la seule que la jeune femme eut senti émaner de lui malgré son empathie qui continuait de se développer, depuis... Depuis. Elle reprit donc la parole, après avoir été silencieuse lors des dernières remarques.


« Vous aviez raison tout à l'heure, quand vous parliez de "substance". Et je puis vous assurer, que s'il y en a d'autres qui ont moins encore à envier, ils sont loin d'être nombreux. »

Peut-être était-ce pour cela, qu'elle avait aimé Julian ? Pour son naturel, en plus de sa gentillesse et sa générosité ? Il lui avait apporté ce qui lui manquait: du calme. Et il n'en aurait certainement pas eu si lui aussi s'était préoccupé de se faire remarquer de la populace anglaise. C'était une qualité trop rare, qu'elle aurait adoré posséder. Malheureusement, elle en avait une autre, qui lui valait de se faire beaucoup trop remarquer à son goût. Peut-être était-ce pour cela qu'elle était également naturelle ? Parce qu'une fois submergée par les émotions elle ne pouvait pas être hypocrite ?

Plus songeuse que jamais, l'Auror continuait son semblant d'interrogatoire. Oui, elle jouait, mais elle tentait également de satisfaire son insatiable curiosité pour le jeune homme, qui avait réussi l'exploit de lui insuffler de nouveau un peu de vie. Il n'avait pas été à Durmstrang mais avait étudié chez lui, avec l'aide d'un maître. Voilà qui n'était guère courant, du moins en Angleterre. D'ailleurs, il supposait juste en disant qu'elle avait probablement fait ses études à Poudlard. Poudlard... elle avait à peine vingt-deux ans et cela lui paraissait pourtant si lointain... il fallait dire que les évènements lui avaient arrachés une part de sa jeunesse, et qu'au lieu d'aller faire la fête avec le autres, comme elle le faisait auparavant, elle s'était entièrement focalisée sur sa réussite en tant qu'auror, et surtout, son combat contre ceux qu'elle tenait pour responsables.


« En effet, j'y ai été. Comme la plupart des sorciers anglais. »

Il souriait. Avait-il conscience d'être aussi intriguant ? Et qu'est-ce qui attire plus que l'intrigue, je vous le demande... Pourtant, chose extraordinaire, il finit par se présenter ! Il disait s'appeler Nikolaï Levovitch. Un sourire vainqueur se dessina sur les lèvres de Cathy, même si sa victoire n'était due qu'à la curiosité réciproque de son interlocuteur.

« Nikolaï... » murmura-t-elle, plus pou elle-même qu'autre chose.

C'était un prénom agréable, qu'elle trouvait nettement plus beau en russe que son équivalent en anglais ou même en français. Le nom semblait être dans sa tête depuis toujours, caressant ses lèvres lorsqu'elle le prononça, toujours songeuse. Comme se faisait-il qu'il lui fut si doux de l'appeler par son prénom ? L'alcool lui faisait-il encore de l'effet sans qu'elle s'en rende-compte ? En attendant de trouver une réponse à toutes ces questions, elle échangea l'information contre une autre, se présentant à son tour, comme il le lui demandait. Il fallait parfois savoir faire des concessions.


« Je m'appelle Catherine Ewing. Et je suis enchantée de vous rencontrer, Nikolaï. » ajouta-t-elle avec un sourire.



« Ah eh, puis-je vous poser une dernière question ? Après c'est promis, je vous laisse la main, plaisanta-t-elle, mais êtes-vous toujours aussi posé, calme... ? »


Il fallait qu'elle sache. Ses yeux glissèrent sur le visage de Nikolaï, pour venir se planter dans son regard, presque suppliant tant elle voulait que cette dernière question, il ne l'élude pas. Etait-ce possible ? Elle ne le connaissait que depuis peu de temps, mais lui devait déjà beaucoup. Etait-il en mesure de le percevoir ?
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MessageSujet: Re: Par un matin froid et clair [PV]   Par un matin froid et clair [PV] EmptyDim 18 Mai - 4:09:16

Nikolaï continuait d’observer doucement son interlocutrice et elle le lui rendait bien. Elle n’avait prononcé mot depuis quelques secondes et cela rajoutait à son envie, à son intérêt, à ses sens intrigués : il était impatient qu’elle parle. Il ne l’avait pas quitté des yeux, en effet, et il ne s’en sentait nullement coupable. Même lorsqu’elle s’était levée pour aller chercher son eau, il avait suivit tranquillement sa fine silhouette jusqu’au comptoir et ça ne lui avait pas déplu de voir qu’elle n’était en rien venue contredire ce que cette moitié de corps, cou, épaules, buste, qu’il avait eu en face de lui pendant la durée de leur conversation, avait laissée présager.

Le coin gauche de ses lèvres s’étira légèrement en un doux sourire alors qu’elle lui confirmait qu’elle était aussi intelligente que ce qu’il avait sentit. Bien sur qu’elle comprenait parfaitement… et bien sur qu’il avait raison. Il était heureux de voir que, d’une certaine façon, ils parlaient un même langage, vivaient une même réalité malgré tout ce qui leur était propre et tout ce qui pouvait les séparer, à la base. Loin de s’entretenir avec l’une de ces fausses blondes dans le métro Londonien qui ne comprenaient absolument rien à ce qui faisait même la vie, Nikolaï ne pouvait qu’être content. C’était une belle rencontre, qu’il avait fait.

Il aurait bien voulut ajouter quelque chose mais ne trouva rien. C’était un peu gênant mais au moins s’ils s’entendaient là-dessus, il n’y avait plus grand-chose à rajouter. Le Slave songea néanmoins au compliment de la jeune femme mais ne sut pas exactement le lui retourner. Il lui avait déjà fait part de ses impressions et elle devait être complètement consciente de ce qu’il pensait.

Poudlard. Oui, elle y avait été. Son œil se fit lentement plus précis et il scruta son visage pour essayer de voir quel age elle pouvait avoir. Peut-être avaient-ils même fréquenté l’établissement en même temps ? Peu probable. Après tout, Nikolaï n’avait même pas rentré en quatrième année et il ne lui aurait pas prêté le même age que lui ou même d’être un peu plus vieille. Peu probable, donc. Même à cela, probablement qu’ils ne s’étaient pas croisés et que de grandir, que les transformations subis à la liberté avaient effacées toutes traces de ce qu’ils avaient pu être à treize ans d’âge.

Catherine… c’était ainsi qu’elle se nommait. Catherine Ewing. Il se répéta encore le nom et l'eut finalement gravé en tête. Ce n'était pas dur a retenir et assez agréable comme nom, après tout.


- Très enchanté également, Miss Ewing, dit-il toujours avec le sourire, inclinant légèrement la tête sans perdre les yeux de la jeune femme des siens, en un salut respectueux.


Nikolaï tourna son regard en direction de la fenêtre de l’établissement, fixant le ciel gris d’un air absent. C’était un matin d’avril froid et clair et le ciel était gris. Il prit distraitement une bouchée de sa solyanka, la question lui rappelant son maître. C’était un matin froid et clair également et le Slave avait rejoins son maitre en haut d’une colline non loin de la demeure. La neige et le sol gelé s’étendaient à perte de vue et le ciel gris et clair venait s’y confondre : on se retrouvait au milieu d’un décor uni et on avait l’impression de se retrouver au milieu du vide infini.

… Et il était si calme. Nikolaï se rappelait encore parfaitement de ses paroles : « entre ciel et terre, là ou les deux se confondent et que l’on ne sait plus exactement ce que l’on voit, c’est là que l’on voit à quel point nous sommes petits et que l’on se demande pourquoi nous sommes ici. Certains parlent d’un paradis, d’autres de l’enfer… c’est ici que l’on réalise que tout ceci n’est qu’un purgatoire ou nous sommes condamnés à survivre et à souffrir du mieux que l’on peut… »

Il s’était ensuite retourné vers lui et son visage était toujours changé. Il avait un sourire dément et ses traits n’étaient plus les mêmes. Il l’avait alors fixé droit dans les yeux et avait poursuivit : « … et je te conseil d’avoir finis d’expier toutes tes fautes avant de le quitter, ce purgatoire… nous devons survivre et souffrir mais sans offenses, sans erreurs… Il faut être calme comme ciel et terre face à la vie si on veut pouvoir rester entre les deux… ». C’était l’un de ses derniers souvenirs avec Alexeï Molotov. Son maître dérapait de plus en plus, dans ses derniers jours, mais il avait des moments de grande lucidité et de pensées folles qui pouvaient prendre tout leur sens lorsque le Russe prenait le temps d’y penser.

Nikolaï reposa ses yeux sur Catherine, appuyant le menton dans sa paume et passant distraitement les doigts sur sa mâchoire mal rasée. Il fixait le « no man’s land » de bois entre eux deux d’un air absent, cette portion de la table qui n’entrait dans l’espace personnel d’aucun. Il déglutit lentement. Était-il toujours aussi calme, aussi posé ? C’était une bonne question et dans la mémoire du Slave défilèrent mille et un souvenirs, mille et une journée, mille et une nuit…

Il avait été encouragé et s’était toujours fait sa propre vision du monde, ses propres opinions. Il n’était manipulé par aucun mouvement, ne respirait aucun « opium populaire », il n’était pas énervé ou surexcité comme certains qui pouvaient vous regarder, l’œil juste au-dessus du chien d’un revolver ou du bout de leur baguette, le doigt tremblant sur la gâchette ou la gorge impatiente de prononcer un sortilège. Il avait fait assez d’introspections du genre de celle à laquelle il s’adonnait rapidement, à ce moment même, pour connaître presque parfaitement ses moyens et jusqu’où il en était en possession. Il ne se prenait pas la tête avec les problèmes trop loin de lui ou les choses sur laquelle il n’avait aucune influence et il ne vivait pas dans le stress ou la peur. Il vivait tranquillement car il ne provoquait pas le danger, il embrassait le calme et était assez intelligent pour se faire responsable de cette vie sans grands soucis. Il n’avait pas besoin d’être calme et posé, quand il y repensait, car aucune situation ne lui montrait ou ne lui demandait autrement… et il ne cherchait jamais délibérément ces situations qui auraient exigé d’être nerveux ou surexcité.

Il releva finalement les yeux sur demoiselle Ewing, un sourire franc étirant ses lèvres. C’était une question tout aussi étrange et compliquée qu’intrigante. Il ne manquerait pas de lui demander d’expliquer pourquoi elle la lui posait mais pour l’instant il se contenterait de répondre.

- Je pourrais encore dire que c’est relatif, dit-il toujours avec le sourire. Parfois il n’y a pas d’autres choix que d’agir promptement…

Si l’on veut s’en sortir d’une autre manière qu’au fond de la rivière ou enterré dans un parc quelconque, pensa-t-il.

- Mais je dirais que oui. Je ne vois pourquoi il faudrait être énervé… Prendre le temps de regarder autour de soi, de remarquer, de réfléchir… c’est de vivre, au fond. Rien ne presse.

Et il ne chercherait aucunement à provoquer ces situations qui forçaient à agir promptement. Il aimait trop pouvoir jouir de ce luxe qu’était la tranquillité et le temps, son temps, pour agir et vivre. Voilà en partie pourquoi certains boulots qu’il refusait catégoriquement de remplir, voila en partie pourquoi il ne considérait pas encore de mener une vie routinière occidentale ou il aurait à subir la publicité, le temps et le rythme de la ville, d’une entreprise, des autres, et ou il ne serait plus réellement maître de lui-même. Suivre ses goûts et les envies du ciel et des astres lui convenait parfaitement : vivre de nuit ou de jour et ne pas vivre de routine ni d’horaires compliqués en fonction d’un patron qui enlevaient toute substance à la vie.

- Mais, pourquoi cette question ? Si je peux me permettre…
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MessageSujet: Re: Par un matin froid et clair [PV]   Par un matin froid et clair [PV] EmptyMar 17 Juin - 21:36:26

Nikolaï semblait être aussi satisfait qu'elle de cette rencontre. Lorsqu'il sourit, Cathy fut prise d'une étrange envie de se pencher et d'embrasser ses lèvres, de voir si en plus d'insuffler la vie elles lui rendraient également la passion. Au vu de ce désir soudain, il semblait que ce soit effectivement le cas. Comment se fait-il qu'après avoir songé à se noyer dans un verre, elle désirât si ardemment sombrer dans son regard noir ? Aucun doute, l'alcool était sans doute encore en train d'agir sur ses sens, de les charmer, et de donner à la scène des allures follement romantiques. Dans le genre deux étrangers sur une avenue dans une taverne, le coeur ouvert à l'inconnu... et là, la rencontre. Le coup de foudre. Un peu trop magique pour être vrai n'est-ce pas ? Même dans le monde sorcier les choses se passaient rarement comme ça. Alors disons que si ce premier contact n'était pas foudroyant, il n'empêchait que le contact passait bien entre nos deux jeunes gens.

Il sembla se faire plus intéressé lorsque la jeune sorcière mentionna Poudlard. Il était vrai que le système éducatif de l'école n'était pas banal; répartir les élèves dans plusieurs maisons était courant, il était plus rare en revanche que ce soit selon leurs différentes aptitudes. La jeune auror se souviendrait toujours de cette journée-là. L'une des plus extraordinaire qu'elle ait connu, sans aucun doute. Jusqu'à ce matin de septembre, elle n'avait été qu'une fillette qui provoquait des phénomènes étranges autours d'elle, en plus d'être trop sensible, réagissant violemment aux émotions des autres. Elle pouvait être une petite fille douce, attentionnée, puis s'énerver et devenir une vraie furie lorsque son interlocuteur s'avisait d'être en colère et de lui parler d'un ton sec. Aussitôt elle se renfrognait et se repliait sur elle-même, avant d'exploser en véritable petite bombe de nerf. Elle n'était pas une enfant facile, et n'avait pas beaucoup d'amis. Plusieurs connaissances de ses parents leur avaient même conseillé de la mettre dans un établissement spécialisé pour jeunes enfants en difficulté. Aussi quand ils avaient reçu cette lettre, donnée par un hibou, les parents Ewing avaient-ils cru à une mauvaise blague. Ce n'est qu'après qu'Albus Dumbledore leur ait rendu visite afin de présenter Poudlard qu'ils consentirent à accepter la vérité.

Dans les yeux de Nikolaï, Cathy retrouvait la pénombre de la pièce dans laquelle on avait laissé les premières années avant de les faire entrer dans la grande salle. Les souvenirs ressurgirent un à un... L'émotion du moment, cette impression qu'elle avait eu de vivre un rêve tout au long du trajet qu'avait parcouru le Poudlard Express pour relier Londres au château. Ses derniers doutes, ses peurs. Parce qu'après tout, il subsistait en elle cette terrible crainte qu'elle soit folle. Après tout, ses camarades avouaient tous être l'objet d'évènements paranormaux, la plupart sans même en avoir honte, et même si ce grand homme aux lunettes en demi-lune lui avait affirmé que c'était normal, qu'est-ce qui lui garantissait à elle, petite fille de onze ans, qu'on ne lui mentait pas ? Alors elle avait craint de se retrouver dans un asile, que ses parents en aient eu assez de devoir gérer ses crises. Elle en avait les larmes aux yeux lorsqu'on leur avait fait traverser la grande salle. Mais après avoir tremblé comme une feuille pendant dix bonnes minutes, elle s'était apaisée, et avait décidé, la lèvre tremblante et l'œil brillant, qu'il lui fallait faire face à ce qui l'attendait, aussi courageusement que possible.


*Je vois un coeur farouche, fier mais courageux... tu ne manques pas de détermination !!! Sans hésitation, pour toi ce sera... GRYFFONDOR !*
avait décidé le Choixpeau, dont la voix résonnait encore dans la tête de Catherine.

Les sept années suivantes lui avaient permis de s'épanouir, de se trouver en compagnie de personnes qui comme elle, provoquaient parfois d'étranges réactions, mais avec la pratique et le temps, ces derniers s'estompèrent. Une seule peur subsistait; celle d'être folle. En effet, elle n'avait jamais constaté d'empathie chez aucun de ses camarades, et si son caractère volcanique lui donnait du charme, il lui valait aussi de nombreux commentaires, par devant comme par derrière. «Elle est incapable de se contrôler » « Tout à fait d’accord, pourquoi n’est-elle pas Ste Mangouste ? » « Elle est pire qu’un loup-garou » « Tu m’étonnes, c’est une sang-de-bourbe… ». Toutes ces phrases tournèrent dans sa tête avant de s’effacer et de redonner une place au présent.

Il était également enchanté de la rencontrer disait-il, et son sourire ne quitta ses lèvres que lorsque lui même se plongea à son tour dans l'abîme d'un souvenir. Le silence criait dans la pièce, qui aurait traditionnellement du être remplie de cris, de rires et de bagarres et de copieux quatre heures pour que son gérant soit satisfait de l'établissement. Mais à cette heure-ci, pas âme qui vive. Y avait-il plus de clients d'ordinaire ? Ou bien était-ce toujours aussi mort ? Sûrement que non, sinon, elle n'aurait certainement pas eu l'occasion de venir ici, elle aurait trouvé la pancarte « fermé pour cause de faillite ». Il y avait donc sûrement plus de monde le soir. Il faudrait qu'elle revienne, voir quel autre genre de personne pouvait fréquenter les lieux. Et pourquoi pas pour le revoir lui aussi, tout simplement… Si elle en avait toujours envie.

Nikolaï émergea alors de son mutisme éloquent, et délaissant ses pensées, lui répondit d’abord, qu’il agissait selon la situation. Puis il ajouta qu’en général, il prenait son temps, et savourait les instants présents. Carpe Diem. Les paroles d'une chanson ressurgirent à leur tour des flots béants de l'oubli, pour venir s'échouer sur les oreilles de Cathy. « Prends le temps, tout le temps que t'as, va, sinon tu vois, c'est le temps qui t'aura ! ». Pourquoi des souvenirs sans intérêt pouvaient-ils vous marquer à vie ? En attendant, sa mentalité lui plaisait, et il semblait qu'ils aient plusieurs points de vue communs. Cela ne rendrait la discussion que plus intéressante s'ils venaient à être en désaccord. Quels arguments deux esprits proches pouvaient-ils s'opposer ? Alors, il lui demanda pourquoi elle avait posé cette question intrigante. Comment présenter la chose ? Comment se présenter ?


« Imaginez une antenne de radio, qui au lieu de capter les fréquences une par une, les recevrait toutes en même temps, et serait incapable de se stabiliser. Ce serait une sacrée pagaille n'est-ce pas ? »

*C'est déjà galère à expliquer*

Comprendrait-il ? Elle eut un soupir, et le regarda remuer doucement la soupe qui restait au fond de son assiette, contempla ses yeux qui la traquaient inlassablement, et reprit.

« L'antenne de radio foireuse, c'est moi. Je suppose que vous avez déjà du entendre parler d'empathie... il n'y a qu'en présence de personnes calmes, apaisées comme vous, que je parviens à m'affranchir des émotions d'autrui. Alors vous devez vous douter que c'est assez... reposant quant on reçoit toutes les angoisses et le stress des passants que l'on croise dans la rue, jour après jour. Votre tranquillité d'esprit est une qualité précieuse. »

Comme si elle parvenait à en parler tranquillement... comme si. En réalité, son coeur battait la chamade, comme à chaque fois qu'elle révélait cette tare à quelqu'un. On lui avait dit un jour que c'était un don, et elle ne voyait toujours pas en quoi. Etre incapable de se contrôler, de résister aux émotions extérieures... La jeune femme avait entendu parler de l'occlumancie, une technique de protection qui l'avait intéressée. Mais si tout le monde la connaissait de nom, il était bien plus rare de trouver quelqu'un qui sache l'employer et l'enseigner. Aussi, sans renoncer, s'était-elle empêchée de vivre d'espoirs illusoires.

A présent, il manquait à notre auror une dernière question. Une seule, qui selon elle, avait souvent la faculté de vous montrer quels mérites vantait la personne assise en face de vous. Une question cruciale pour Cathy, qui craignait d'être déçue de son intriguant interlocuteur. Mais après tout, enlever sa part de mystère à quelqu'un revenait toujours à prendre un risque, alors autant se lancer, et advienne que pourra. En revanche, il fallait trouver le moyen de poser cette question, sans elle-même passer pour quelqu'un qu'elle n'était pas.


*Êtes-vous un sang-pur Mr Levovitch ?* s'interrogeait-elle, se demandant comment aborder la question.

Et s'il répondait oui d'un ton suffisant, comme pour démontrer une évidence... que ferait-elle ?


La suite au prochain épisode... c'était nul hein ?!
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MessageSujet: Re: Par un matin froid et clair [PV]   Par un matin froid et clair [PV] EmptyMar 24 Juin - 20:08:11

Catherine semblait perdue dans quelques lointains souvenirs et Nikolaï, le coude sur la table et le menton appuyé contre son poing, la regardait sans parler, un léger sourire aux lèvres. Et à quoi pouvait-elle bien être en train de réfléchir ? Quels souvenirs avaient pu éveiller sa question ? Ou quel questionnement encore plus grand, peut-être ? Il n’osait pas interrompre son silence et se décida d’attendre, baissant les yeux sur ce qui restait de vodka dans son verre son autre main faisant lentement tourner le contenant de vitre.

C’était une rencontre assez étrange. Assez inattendu. Déjà que l’on ne croisait pas beaucoup de personnes de son apparence dans un lieu tel que celui-ci, il était d’autant plus rare que ce soit des gens travaillant au ministère ou occupant tout simplement une profession honnête… des personnes avec quelques valeurs morales… Il devait bien en falloir pour occuper le métier d’Auror.

Mais d’habitude, pour ceux qui venaient l’aborder, il s’agissait le plus souvent pour eux d’être utiles plutôt qu’intéressants, d’avoir un job ou quelques informations particulièrement captivantes plutôt qu’une personnalité sur laquelle on s’accrochait, un visage sur lequel l’œil s’attardait. Catherine ne lui était sans aucun doute d’aucune utilité et il ne la voyait pas comme ca non plus. Pour le moment, il aimait à perdre le temps qu’il aurait déjà été en train d’employer à trouver ce qu’il allait faire pour le reste de la journée ou pour régler certaines choses. C’était l’une de ces rencontres qui n’étaient poursuivis par leurs protagonistes que pour le plaisir et non pas pour un intérêt quelconque, ni même celui d’un besoin physique après les besoins monétaires.

La voix de son interlocutrice s’éleva à nouveau, le rappelant à la conversation. Il releva les yeux sur son visage et l’écouta attentivement. Au début, il avait l’air quelque peu prit de court par l’analogie tentée par la jeune femme mais il acquiesça doucement du chef, un sourire de compréhension se dessinant sur son visage. Pauvre fille, elle ne devait, en effet, pas aller du mieux si elle était condamnée à être aussi émotive aussitôt en contact avec une personne le moindrement agitée. Ce ne devait pas être la joie tous les jours. Peut-être cela expliquait-il cette tentative avec l’alcool qu’elle avait fait ce jour-là ? En même temps, Nikolaï arrivait quelque peu à comprendre ce qu’elle voulait dire. L’analogie de l’antenne de radio foireuse n’avait pas été la meilleure pour sa compréhension mais il arrivait à comprendre. Lui aussi, parfois, était un peu comme ca : beaucoup concerné par les autres. Et d’ailleurs, ce que lui confiait Catherine le concernait beaucoup.

Il lui sourit tendrement.


- Oui, je crois que je comprends, commença-t-il lentement, toujours avec son fort accent.

Son coude posé sur la table, celui sur lequel il avait le menton appuyé depuis quelques minutes, se détendit et sa main vint lentement se placer contre celle de Catherine, attrapant doucement ses doigts et refermant les siens dessus. Il savait que les simples contacts de ce genre pouvaient être réconfortants et également que de repenser à ses propres problèmes n’avait jamais rien de bien joyeux, surtout pas pour la pauvre jeune femme et il se sentait toujours aussi concerné de son cas. Un peu de douceur ne pouvait faire de mal. Après tout, Russe ne rime pas avec rustre.

- Vous savez, chaque personne a ses petits problèmes. Si votre est que vous êtes sensible à ceux d’autrui, à émotions et états d’âmes, je crois que certains ont pu connaître bien pire comme défauts.

C’était peut-être la plus longue réponse qu’il lui faisait depuis le début de leur conversation et il en était parfaitement conscient, parfaitement conscient qu’il ouvrait peut-être un peu trop la bouche à ce moment là. Certaines personnes détestaient qu’on s’attarde à leur cas de cette façon, qu’on essaie de les conseiller, se connaissant trop bien pour accepter qu’une personne extérieure puisse détenir une certaine vérité sur eux-mêmes. C’était un défaut qu’il connaissait très bien… il en avait souffert pendant longtemps, très longtemps. Jusqu'à ce qu’il rencontre Alexeï Molotov, en tout cas. Après cela, jamais il n’eut de nouveau la certitude de pouvoir détenir toute vérité sur quoi que ce soit, pas même sur lui-même et lorsque sensés, il prenait les avis d’autrui sous un œil critique mais avec l’ouverture d’esprit pour les accepter.

- Vous semblez être une personne très humaine, Katya. C’est qualité importante, surtout de nos jours et surement essentielle au métier que vous faites.

Il lui tapota un peu la main avant de finalement la relâcher et de lui sourire à nouveau. Tiens, parlant de main… c’était son tour de questions, s’il le voulait bien. Et il le voulait bien : son interlocutrice avait tout de fascinant.

- J’imagine que vous êtes passée par Gryffondor, avec ce genre de « défaut ». Cela me surprendrait qu’il ne date que de tout récemment.
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MessageSujet: Re: Par un matin froid et clair [PV]   Par un matin froid et clair [PV] EmptyMar 4 Nov - 14:09:02

[Je suis vraiment, vraiment désolée Yeux]

Il était séduisant, c’était indéniable. Et Cathy avait appris à se méfier des apparences. Personne n’était parfait n’est-ce pas ? Aussi d’ordinaire, préférait-elle rester méfiante à l’égard de jeunes hommes aussi agréables à l’œil qu’à la conversation. Les beaux parleurs ne couraient pas les rues, et peu étaient sincères. Pourtant, lui ne cherchait pas à la complimenter particulièrement, et elle lui sentait une part aussi réservée qu’elle-même l’était. Quant à son sourire… il paraissait aussi franc que compatissant, comme s’il comprenait vraiment ce qu’elle entendait par ses explications brouillées. Nikolaï saisit délicatement sa main, dans un geste de réconfort qui fit chaud au cœur à la jeune Aurore. Son interlocuteur restait simple, et semblait ne pas avoir besoin de disposer d'empathie pour faire attention à ceux qui l’entouraient. Il dit lui comprendre, son accent arrachant un sourire tout aussi tendre à Cathy que celui qu'il lui avait adressé quelques instants auparavant.

La jeune femme aimait sentir sa main sur la sienne, réconfortante et protectrice. Voilà bien longtemps qu'elle ne s'était pas laissée aller, qu'elle avait refusé toute protection de la part de ceux qui l'entouraient. De peur de s'attacher à eux et qu'à leur tour, ils soient blessés. Car son statut n'était-il pas dangereux pour eux ? Ses colères si promptes, notamment. Pourtant, était-il possible de ressentir une quelconque fureur devant un contact aussi doux et aussi apaisant ? Des tas de questions fourmillaient dans la tête de notre auror, sans qu'elle ne détienne aucune réponse. Il lui expliqua également que ce n'était pas vraiment un défaut qu'elle avait là, et elle sentait qu'il se préoccupait d'elle, et qu'il mettait toute sa conviction dans ses paroles. Elle fut touchée par cette tirade, mais émit cependant un petit sourire sceptique, loin d'être moqueur devant ses grands yeux bleus désespérément tristes.

Nikolaï termina en lui disant qu'elle était simplement très humaine, et que c'était une qualité. Il ne la considérait donc pas comme une malédiction ambulante, même après qu'elle se soit confiée à lui... La situation n'était-elle pas ironique ? Elle qui ne s'était ouverte à personne pendant plusieurs années dévoilaient ses états d'âme à un parfait inconnu, qui n'était ni effrayé, ni moqueur. Elle aima sa manière de prononcer son prénom, à la Russe, ce son doux, sortant de ses lèvres, tout comme elle aimait la présence de sa main dans la sienne. Il était ensorcelant... apaisant... Etait-il réellement sage de lui accorder aussi rapidement sa confiance ? Pourtant, elle se sentait réconfortée, et pour la première fois depuis tant de temps, le voile de mélancolie dans ses yeux, s'évapora, même lorsqu'il ôta délicatement sa main.

La jeune Auror faillit manquer à sa promesse, et enchaîner avec d'autres questions, mais il la prit de vitesse, et elle le laissa faire, bonne joueuse. Une promesse était une promesse après tout. Le jeune homme lui dit qu'il l'imaginait à Gryffondor, et pensait que son défaut n'était pas récent. Elle sourit. Il tapait dans le mille, et était d'une perspicacité étonnante pour quelqu'un qui n'avait jamais mis les pieds à Poudlard.


<< En effet, j'ai fait mes sept années d'études à Poudlard à Gryffondor. Quand à mon empathie... je capte les émotions des gens que je croise depuis ma naissance, j'ignore pourquoi. >>

La jeune femme qui n'aimait pas parler d'elle, n'y vit soudain aucun inconvénient, elle savait que Nikolaï, aussi mystérieux qu'il pouvait être, quelle que soit sa profession, était un homme digne de confiance. Car malgré l'ombre qui planait sur lui, le fait qu'il laissait délibérément des détails de son existence dans l'obscurité, il n'était ni fuyant, ni anxieux, ce qui caractérisait les traîtres et les lâches. Il ne voyait aucun inconvénient à ce qu'elle plonge son regard dans le sien. Il en révélait peut-être peu, mais était franc, au moins dans ce qu'il disait. Peut-être craignait-il de lui révéler qu'il n'était pas parfait. Comme si elle ne s'en doutait pas. D'ailleurs, il était temps qu'elle assume son côté sauvage aussi...

<< Vous avez dit tout à l'heure que c'était une qualité dans mon métier, mais je vous assure que c'est plus un fardeau qu'autre chose. Etre incapable de garder son sang-froid, se laisser dominer par la colère... c'est... dangereux. Par moments, je ne vaux pas mieux qu'une criminelle, et il s'en faut parfois peu pour que je ne... >>

Sa voix se brisa.

<< Pour que je n'agresse pas les criminels que j'arrête. >>

Un doux euphémisme. Alors qu'il lui eût été si facile de leur ôter la vie d'un coup de baguette ou de les torturer. Il suffisait qu'ils soient en colère, ou aient des envies de violence pour qu'elle manque de chavirer et de tomber dans leur jeu. Devenir une criminelle à son tour. Et pour des raisons bien loin de la noblesse, puisqu'il ne s'agissait là que d'assouvir ses désirs, et non de répandre la justice. Voilà. Et maintenant, il la considérerait sans aucun doute comme une folle dangereuse. Cathy lui adressa un regard dans lequel brillait une lueur de défi. Elle n'était pas folle. Elle lui prouverait.
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