Il eut l’écoulement du temps, de l’eau, de la paresse mais aussi de l’impatience, de l’indifférence et de peur, qui devait sans aucun doute se répandre lentement dans le corps du jeune Lionceau qui n’arborait pas une mine très réjouit en voyant que c’était un aiglon qui s’érigeait face à lui, mais pas un simple Serdaigle, le Serdaigle qui avait fait fuir Page, celui qui avait rendu fou bon nombre d’élève d’année supérieure en les épiant sans pour autant révéler sa présence, celui qui avait enduré milles souffrances dans le simple but de se montrer comme aimable et courtois, alors qu’il n’en était rien. Personne ne savait ce qu’il pensait, ce qu’il savait ou se qu’il s’apprêtait à faire, il était même possible de se demander s’il était lui-même conscient de son existence et du simple fait qu’il réfléchissait. Cette vague impression de léthargie constante, comme accroché entre la vie et la mort, ne sachant pas vraiment s’il devait tomber un peu plus bas dans le noir, qui l’avait accueilli depuis bien longtemps, ou s’il se devait de tenter, peut être vainement de remonter le rebords, un peu plus infime chaque jour, s’apprêtant à céder tôt ou tard, sous les petites mains aigries du jeune garçon un peu trop taciturne pour le reste de son entourage, enfin, était-ce vraiment un entourage : une peluche décapitée, un cadre brisé, une rouquine croisée une ou deux fois en cours, un grand maigre au cheveux hirsutes exhibant sa balafre à qui le souhaitait ainsi qu’une flegmatique chronique, jalousant les autres qui eux avaient eu la brillante idée de faire leur devoir pour ainsi profiter de celui-qui-se-promenait-dans-le-ciel.

Alors que le temps se déversait lentement dans le grand sablier de l’inadvertance, ne permettant pas de l’attraper pour le retenir un instant, Qare sembla se décider, pour quelque chose, le duel, sa vie, son envie ? Qui le savait, il ne montrait jamais rien, gardant très jalousement tout ce qu’il entreprenait ou tout ce qu’il trouvait, secret, terré au fond de son manteau noir aux milles et une poches. En faite, jamais personne, à part Harry, n’avait vu à nu Qare, et peut être que cette vision aurait pu dissuader bon nombre d’élève, les poussant ainsi peut être à mieux le comprendre, ou peut être pas. Puis, sans prévenir, il recula de plusieurs pas en arrière, sans se presser, comme s’il avait tout son temps, la vie et la mort n’était qu’un phénomène prévisible pour lui, alors que les deux autres individus semblaient étriqués par l’horaire qui rapidement risquerait de les étouffer dans une spirale de désarroi, ne laissant pas le choix au duel de définir la fin, lorsqu’elle n’était pas arrivée. Et lentement, il se baissa, jusqu’à se qu’il ne tienne plus que sur ses pieds, devant supporter un peu plus rudement son corps, son torse touchant ses genoux maintenant pointées vers la porte opposée à celle d’entrée. Alors que ses longues mèches de cheveux fuyantes, se collaient sur ses joues et sur son front, bien que ces dernières ne fussent aucunement mouillées, Qare posa deux doigts sur ses lèvres, comme pour exprimer à la fois sa curiosité mais aussi son hésitation. L’hésitation de savoir s’il devait combattre ou renoncer ? Nullement, simplement celle de savoir quel sort serait le plus puissant pour endommager au mieux l’adversaire. Ce n’était pas de l’inconscience, plutôt la réalité, mots qui n’allaient pas souvent de pair.

Et il resta un long moment ainsi, recroquevillé dans son coin, fixant d’un seul œil, à peine brillant mais vide, le rouge et or qui restait perplexe partiellement face à la posture de l’aiglon. Et que pouvait-on voir au font de ces yeux creux et sans vie ? Un parapluie, une pluie presque acide, et deux petits hommes*. C’est ce qu’on appeler avoir des étoiles dans les yeux, mais était-ce le cas pour Qare ? Puis le temps passa, les secondes futiles s’accumulèrent en minutes, accouchant au final d’une petite dizaine de minutes, au bout desquelles, Qare finit par réagir. Se tournant de son long vers son adversaire, il posa ses deux mains au sol, sa baguette ne semblait plus présente entre ses doigts, et tout en rabaissant un genou un peu plus vers le sol, l’autre se relevant légèrement, Qare levant délicatement la tête comme pour poser son regard sur le plafond fissuré de part en part, ce qui laissait à se demander comment ce dernier supportait encore les murs. Et tout en tournant les yeux derrière lui, vers sa gauche, il put constater que les chaînes qu’il avait remarqué dés son arrivée étaient toujours là. Alors, sans prévenir, ce dernier commença à se lancer dans une course effrainée, dont il était assez difficile à suivre à cause de la noirceur de la pièce. Arrivé devant les de rongeurs, il dégaina sans prévenir les cages qui volèrent dans les airs, à sa hauteur, juste le temps pour lui de prendre appuie sur deux d’entre elles et ainsi se projeter dans un coin du cachot. De là, il agrippa aisément les chaînes rouillées laissées à l’abandon dans l’angle de la pièce, et tout en retombant agilement au sol, un genou à terre accompagné d’une main, Qare détenait dans l’autre les liens de métal.

Tendant alors son acquisition devant son adversaire, l’aiglon les lança pour finir dans le vide au dessus de sa tête, et tout en gardant une posture droite et formelle, il leva le bras le plus haut et le plus raide possible, et ainsi, laissant toujours paraître la vacuité de son regard, il prononça à mi-voix :

Et voilà, les chaînes de métal s’agitèrent un instant, cliquetant rapidement, jusqu’à ce qu’elles se dirigent frénétiquement en direction du jeune garçon. Peut être allait-il l’encercler et le maintenir jusqu’à torture s’en suive, ou alors il parviendrait à s’en défaire. Qui le savait ? Mais le plus étrange fut que durant un court instant, à la lumière vacillante des torches, le visage de Qare ne fut que plus éclairé, révélant non pas des crocs ni des dents, mais un sourire. Un sourire sincère, un sourire de gaité, un sourire de net amusement, montrant qu’il aimait et prenait plaisir à utiliser la magie, car sans doute était-ce tout ce qu’il lui restait de sa mère. Mais lorsque la longue manche de sa robe passage devant son visage pour pointer sa baguette, ce sourire avait disparu, étrange, mais d’où elle était, Page l’avait sans doute vue.

Il eut la supériorité inévitable, entre les deux élèves. Il avait bien entendu parlait de l’infériorité des Gryffondors pour lancer des sorts, manier la magie était sans doute pour eux quelque chose de difficile et de subsidiaire, le physique ainsi que le courage semblaient bien trop prôner sur ce qui faisait un vrai sorcier aux yeux de Qare : la magie. Il savait que rouges et or passaient beaucoup plus de temps à jouer dehors, à glaner les fleurs ou encore à enfreindre le règlement, plutôt que de s’attacher à manier leur baguette magique. Et bien qu’il ne vivait pas dans le dortoir de ces derniers, le petit être se doutait que la seule occupation de ces derniers étaient des plaisirs nouveaux pour certains, des futurs docteurs disait-on, une vilaine curiosité sans doute, alors que chez les Serdaigles, chaque élève montrer sa dévotion permanente à sa maison en parvenant à user d’un sort tout à fait nouveau et dont personne d’autre n’avait réussi. A à peine 11 ans, Qare était parvenu à lancer un « Locomotor » quelque peu raté puisqu’il avait visé son lit au lieu de la boite de chocolat qu’il avait souhaité jeté par la fenêtre, et la puissance non dosé du sort avait projeté Qare au font du dortoir alors que son propre lit, avant même d’avoir était élu sien, se retrouva écarté de l’alcôve obscure pour se rapprocher un peu plus de la fenêtre et s’écarter un peu plus des humains.

Etait-il vraiment possible de dire que cela était de l’ingéniosité, ou simplement un recours plus que pauvre pour tenter d’échapper à l’étreinte infernale des chaines rouillées qui auraient bien fini par rompre, évitant au rouge et or de descendre un échelon de plus dans le classement des élèves les plus décadents de l’école. Et cela semblait empirer puisque qu’après avoir usé d’un sort de métamorphose mineur, il se ruait sauvagement sur celui qu’il prenait pour sa proie. Sa réaction futile et non réfléchie montrait clairement qu’il ne connaissait pas Qare, et encore moins son comportement face aux agressions externes. Voyant arriver son jouet lentement, comme si son œil avait le temps de décomposer morceau par morceau tout ce qui pouvait se dérouler dans l’espace, il savait très bien qu’il avait tout intérêt à déstabiliser son adversaire dans le but de frapper encore, toujours plus fort. Ayant à peine le temps de fléchir ses jambes, le petit homme noir croisa ses deux bras face à son visage, comme pour éviter par tous les moyens d’être défigurer, ne savait-on jamais, si ce rustre d’élève s’empressait de déformer habillement le physique du jeune garçon, qui au font n’avait rien demandé.

Puis, vint le grand fracas, l’épaule du combattant heurta de plein fouet les avants bras encore meurtris intérieurement par le duel face à Page, qui avait attaqué de toutes ses forces, ayant percés ici et là la fine peau de Qare. Cette fois-ci, l’épaule du rouge et or frotta un instant les longues manches qui cachaient avec discrétion les membres de Qare, pour ensuite faire reculer de quelque pas le receveur de cette attaque physique et plus qu’inutile. Le corps presque sans vie, du moins c’était l’impression qu’il en donnait, retombant doucement sur son postérieur, les bras flasques, les jambes de coton , alors que la tête tombait, comme si aucune force n’était capable de la tenir dressée. Quelques secondes s’écoulèrent, presque interminable, poussant l’adversaire à se demander si ce dernier était inconscient ou peut être même mort. Mais soudain, Qare recula de quelques pas, pointa sa baguette en direction de son adversaire et chuchota :

« Fur…un…culus… »

Qare admira un instant le jais de pustule florissante filant dans l’air, avant de reculer et d’espérer que le sort atteigne sa cible.