Ce soir là, Elanor n'était pas allée à la cafétéria, elle ne voulait pas se mêler aux autres qu'elle appréçiait pourtant. Elle était nostalgique et un gros coup de blues l'avait envahie à l'arrivée d'un courrier de la part de son oncle le matin même. Il lui manquait, et oui pour la première fois de sa vie, elle se rendait compte qu'elle était très attaché à ce vieil homme qui pourtant était très froid avec elle. Elle avait erré toute la journée, n'était pas allée en cours, avait préféré marcher sans but, perdue dans ses pensées.

Elle n'avait pas vu le temps passer et lorsqu'elle était retournée dans son dortoir, il était 22h et elle crevait littéralement de faim. Elle décida donc de tenter de trouver les cuisines, qu'elle n'avait encore jamais visitées.

Elle sortit donc doucement, en évitant de reveiller les autres filles qui dormaient déjà. Elle déscendit les escaliers qu'elle connaissait bien à présent. Elle arriva enfin au sous-sol où elle suivit un long couloir. Il faisait sombre et ne voulant pas attirer l'attention, elle alluma sa baguette et commença à explorer l'endroit inconnu.

Génial. J'aurai dû demander à qqn de me montrer où c'était. Pff c'es despérant.

Une demi heure plus tard, le ventre gargouillant et le moral à zéro, elle s'appuya contre le mur et se laissa glisser jusqu'à toucher le sol et se retrouver assise. Elle éteignit la lumière et appuya sa tête contre le mur en poussant un soupir, limite de desespoir.

On ne peut pas dire que sa position était très agréable, le sol de l'UMA était froid et le mur pas du tout accueillant pour une jeune fille en manque de confort en cet instant précis. Ceci ne l'empêcha pourtant pas de somnoler quelques instants entre deux idées noires. Elle avait lâché l'idée de trouver la cuisine, cette recherche s'était avérée trop téméraire et la patience d'Elanor avait des limites. Elle pensait en cet instant à aller réveiller Aude ou même de s'introduire dans le dortoire des étudiants pour aller secourer Jerem qui saurait surement où se trouve la cuisine et qui n'était pas contre des aventures en sa compagnie.

Elle réfléchissait vaguement lorsqu'elle sentie une petite boule de poils toute chaude venir se faufiler pour atteindre ses bras. Elle n'ouvrit pas les yeux, elle connaissait cette douceur et cette chaleur. Une chaleur qui réchauffa son coeur en un instant et qui lui donna presque le tourni. Elle ne voulait pas ouvrir les yeux, de peur de s'apercevoir que ce n'était qu'un reve et que le fléreur n'était pas là.

Elle attendait, paisiblement que son maître se manifeste. Elle avait cessé de penser à tous ces malheurs qui lui arrivaient pour ne profiter que de cet instant présent où rien ne lui semblait plus réel que ce contact de peau à peau avec la petite boule de poils qui lui procurait tant de bonheur.

Au moment où elle allait ouvrir les yeux, Elanor entendit la voix du propriétaire, une voix qui lui rappelait la douceur et la chaleur du petit Archimède qu'elle tenait fort contre elle. Elle sourit, refusant toujours d'ouvrir les yeux pour laisser le rêve s'envoler. Elle sentit un corps à coté d'elle et une légère odeur qu'elle n'arrivait pas à déchiffrer. Une odeur tout à fait charmante et ennivrante.

Livious rompu le charme par sa simple question. Elanor ouvrit les yeux pour voir que l'obscurité les entouraient. Il n'avait pas allumé la lumière et il ne voyait pas les larmes qui coulaient sur ses joues. Archimède était toujours là, fidèle à lui même, lui réchauffant le coeur qui était près à exploser. Elanor ne savait plus vraiment quelles étaient ses émotions en cet instant précis, du desespoir? de la joie? du bonheur? de la peur? de l'amour? autant de mot qui n'avait plus vraiment de sens assis dans l'obsucrité de l'école.

J'ai faim

Ces mots s'étaient échappés de ses lèvres dans un petit murmure. Comme s'ils avaient dû se battre pour sortir, comme si ça avait été douloureux de les faire surgir.

Elle lâcha Archimède pour prendre la main de Livious, une main ferme et chaude qui lui rappelait la douceur et la chaleur d'Archimède. Décidément, ces deux êtres ne faisaient qu'un. Pourtant Elanor ne pouvait vivre les émotions qu'elle vivait au contact avec Archimède, avec son maître. Une barrière les séparait.

Elanor tremblait. Elle avait froid mais surtout elle avait faim. Elle se sentait comme partir dans un long sommeil, comme s'il lui suffisait de fermer les yeux pour oublier tout ce qui l'entoure. Comme s'il lui suffisait d'être près de lui pour oublier ce monde hostile.

Dans le noir, elle sourit. Rien ne lui faisait plus plaisir au monde que d'être assise ici, dans le noir, dans le froid, avec lui. C'était un moment magique, un moment d'une intense émotion qui l'emplissait, l'étouffant presque.

Elle sentit un bruissement autour d'elle puis un léger poids qui pesa sur ses épaules transit de froid. La chaleur de l'instant lui fit reprendre quelque peu ses esprits et elle ouvrit les yeux, enfin. Elle apperçut une ombre, la sienne qui était en face d'elle, ses yeux dans les siens, un léger plis entre ses sourcils, signe d'un profond malaise en lui.

Le fléreur était toujours sur ses genous, il avait séché ses larmes puis s'était couché pour s'endormir, la réchauffant.

De la sueur perlait toujours sur son front moite, seul endroit chaud de son corps. Elle avait avalé le gateau de Livious sans un mot, gardant ses yeux dans les siens, comme hypnotisé par le jeune homme qui lui faisait face.

Pourquoi tu semble si préoccupé ? Ta présence me réchauffe le coeur.

Sa présence ou celle du fléreur, elle n'était pas encore parfaitement sûr d'elle, mais elle penchait plus pour dire que son maître influençait sur ses émotions d'une manière radicale.

Elle sentait le froid se dissiper mais la faim lui tenaillait le corps et la fièvre commençait à lui voiler les yeux, l'épuisant. Elle se serait sentie incapable de remonter jusque dans son dortoir. Elle laissa sa tête aller contre le mur froid et ferma les yeux.

Je crois que je reviendrai chercher la cuisine une autre fois. Je me sens tellement épuisée.

Soudain, elle rouvrit les yeux et les fronça.

Mais au fait, qu'est ce que tu fais là en pleine nuit ?

Le fléreur ne bougeait plus, plongé dans son sommeil. Le contact réel avec Livious pouvait enfin commencer et Elanor ne voulait en rater aucune miète, de cet instant si précieux qu'elle ne pouvait avoir en plein jour devant les autres.