Septembre. Cela faisait maintenant plus d'un moins que Torin avait changé de métier. Étant passé d'ensorcelleur à employé stagiaire du ministère, il avait désormais ses week-end de libres. Cela avait été étrange au début de retrouver un rythme normal, des horaires fixes et un métier ne s'effectuant non plus à domicile mais dans un bureau. Mais tout ceci était très bon pour les affaires, tout du moins celles d'un mangemort. Le Seigneur des Ténèbres lui avait dit d'obtenir une place au ministère, peu à peu se frayer un chemin dans la hiérarchie, et pourquoi pas obtenir une certaine influence, un bon poste. Il n'était actuellement qu'au bas de l'échellon mais les choses lui semblaient favorables.
En effet, il commençait dores et déjà a jouer de son sens du relationnel. Un membre du Magenmagot avait vu en lui un excellent penseur et l'avait prit sous son aile. Bien entendu, Torin avait joué le jeu et se comportait avec l'homme comme s'il lui inspirait un profond respect. Ce qui n'était pas le cas. Ce vieillard était comme tous ces bureaucrates verreux, gâteux et avides de flaterie, si malléables par l'esprit mal intentionné du jeune mangemort. Bientôt il serait certain d'obtenir le droit d'assister à une audience en tant que spectateur. Il serait à côté du vieillard en question et ce dernier lui en expliquerait davantage sur les méthodes du ministère, du Magenmagot. Le jeune sorcier pourrait ainsi faire un rapport détaillé et satisfaire Lord Voldemort, se montrer à la hauteur de ses espérances.

Tout était une question de temps... Et de savoir faire. Le vieillard pensait avoir trouvé un ami et l'ombre d'un conseiller au travers de Torin. Ainsi, pour discuter plus librement, autrepart qu'au ministère, l'homme l'avait invité à venir prendre un verre aux Trois Balais le week-end prochain. Le samedi plus précisément, jour qui arriva bientôt. Il se trouve qu'il s'agissait également du week-end de sortie à Pré-au-Lard autorisé par Poudlard. Fort heureusement une table leur était réservée dans la partie du bar réservée aux adultes. Le jeune mangemort n'avait pas envie de perdre en crédibilité s'il venait à croiser quelques élèves malvenus, sa soeur par exemple...
Et il ne fit pas de ces mauvaises rencontres. Il passa un certain temps à parler politique, paperasse et loi avec ce membre du Magenmagot, un verre d'hydromel vieillit en fut de chêne massif à la main. Le temps passa assez lentement mais enfin le sorcier explica qu'il devait rendre visite à sa petite fille, élève à Poudlard, pour lui offrir un balai neuf de grande valeur. Il était effectivement très gâteux.

Soulagé, Torin sortit du bar et commença à avancer, ressentant quelques gouttes de pluie perlant. Il vit un flot d'élèves se diriger à l'interieur de Honeydukes pour se mettre à l'abris. Et parmis ces jeunes gens, une tête lui fut familière. Mais il était impossible de voir si c'était bien l'élève à qui il songeait. Intrigué, il entra à son tour dans le magazin. Ce que cette foule, cette ambiance joyeuse, pouvaient être agaçants. Combien de sangs de bourbe y avait-il ici? Surement trop au goût de Torin.
Il parcourut donc les lieux à la recherche d'un tête d'élève familière, mais rien. Il avait du confondre, ou alors la personne avait fuit car il ne portait pas de capuche, habillé de manière très professionnelle, rien à voir avec la tenue de mangemort. N'ayant donc rien trouvé, il fit demi tour lorsque ses yeux d'acier s'attardèrent vers une personne de taille adulte, glissant sa main discrètement dans sa poche, après l'avoir plongée dans un bocal de friandises. Un sourire mauvais se dessina sur son visage. Il s'approcha à quelques centimètres de la voleuse et murmura discrètement, sans faire attention dans un premier temps à son identité.

« Quel bon exemple vous faites pour notre chère jeunesse... »

Torin était habitué à porter un capuche, mais lorsqu'il n'en avait pas, se tenant face à quelqu'un en portant une, cela devenait vite agaçant. Car masquer son visage dans un tel lieu n'était pas souvent le fruit du hazard. La seule chose visible de la voleuse était donc ce mince sourire qui se dessina sur la partie visible de son visage. Du peu que Torin voyait, les traits semblaient féminins. Il eut très bientôt confirmation car la demoiselle ota sa capuche, revelant l'intégralité de son visage ainsi que cette sombre et longue cheveulure. Après quelques secondes de reflexion, cette personne semblait être familière à Torin. Peut-être même était-ce reciproque. Le fait qu'elle vole et porte une capuche lui retirait le doute, il l'avait déjà vue au repère des mangemorts. La mémoire photo du jeune homme était excellente et il n'avait pas besoin de s'être entretenu avec elle auparavant pour lui donner le nom de Sin sans se tromper.
Si il n'avait pas croisé la mangemorte, il serait certainement déjà sortit de l'échoppe, mais le fait de voir une telle personne ici l'intriguait. Il lança donc un regard interrogateur à la demoiselle, sans oublier d'avoir au préalable répondu à son hochement de tête. Elle avait probablement comprit quelle question se posait Torin puisque bientôt elle désigna les bonbons en parlant de souvenirs. Il acquiesça d'un simple haussement de sourcils. Ce n'était pas ses affaires, elle faisait ce qu'elle voulait.

Sans qu'il n'ait le temps de songer à la suite des évènements, la dénommée Mescaline Sin lui fit un signe de tête, semblant lui montrer une direction. Il la suivit donc, sans rechigner, pourvu qu'elle n'ait pas de sombres idées derrière la tête. Car Torin, aussi mangemort soit-il, avait une réputation déjà fragile à conserver. Mieux vallait ne pas commettre d'erreur alors qu'il s'était récemment infiltré au ministère, le département de la justice magique, celui où aucune erreur n'était permise, sa couverture si frêle.
Il ne pû s'empecher de racler sa gorge en la voyant une nouvelle fois dérober quelques friandises. Toujours aussi passivement, il se contentait de suivre le regard de la demoiselle. Elle semblait vouloir sortir mais se ravisa aux vues du temps. Torin, lui, ne connaissait pas vraiment la boutique et ne remarqua pas immédiatement la trappe qu'elle lorgnait. C'est seulement lorsqu'elle se tourna vers lui qu'il comprit qu'elle avait remarqué quelque chose. Oui, plus loin, au fond du magazin, bien à l'écart de quelques pieds se trouvait donc la fameuse trappe. Il hocha la tête et lui fit signe de passer la première. Honneur aux dames, galanterie oblige, puis c'était son idée à elle. Ils s'avancèrent donc, devant traverser ce flot de marmaille empestant la joie de vivre, l'innocence et certainement l'impureté du sang. Ceci étant dit, Torin les ignora royalement, pour l'instant plus préoccupé par la manière dont ils réussiraient à se faufiler dans cette trappe.

Toute initiative serait laissée à la demoiselle. Lui, presque amusé de cette sorte de jeu, se contentait de rester à ses côtés, ne s'adossant pas pour autant au comptoire. Il conservait cet air serieux auquel ses traits s'étaient habitués depuis son admission au ministère. Voyant l'étrange grimace que sa complice adressait à la vendeuse, suivit d'un clin d'oeil, il esquissa un mince sourire l'air de dire que tout allait bien. D'ailleurs, la commerçante sembla rassurée de voir deux adultes parmi tous ces gamins puisqu'elle daigna quitter son poste pour... S'engouffrer dans la trappe.
Torin s'attendait à ce qu'ils rebroussent finalement chemin, mais miss Sin n'avait pas l'air du même avis. Y avait-il par hazard quelque chose d'interessant dans ce sous-sol, mis à part des friandises à voler? Le jeune mangemort ignorait totalement la présence d'un passage secret mais se dit que Mescaline, elle, avait une bonne raison d'y aller. Il chercha d'ailleurs à savoir, se faufilant l'espace d'un bref instant dans les pensées les plus audibles de la demoiselle [hj: si tu es contre, j'édite]. Ne voulant pas se faire repérer, il cessa d'utiliser la légilimencie après avoir entendu une simple phrase. Mais il n'eut pas le temps d'y réagir qu'elle se précipita dans la trape. Aussitôt il la suivit à pas de chat, s'arretant juste derrière elle sans avoir été non plus remarqué.

« ... »

Il voulut lui dire de ne pas tuer la femme comme il en avait entendu la supposition dans les pensées de la belle brune, mais elle lui fit signe de ne pas parler. En effet, étant donné la proximité de la supposée vendeuse, mieux vallait ne pas se faire repérer car ce serait dans ce cas qu'ils devraient la tuer. Une chance d'ailleurs que malgrès ses coups d'oeil, la femme ne les ait pas vus. Ils eurent même le temps d'aller se cacher derrière une pile de caisses. Maintenant, restait à esperer que l'employée n'ai pas besoin des boites en question, ne les repère pas. Torin garda d'ailleurs une main près de sa baguette et l'autre au-dessus du poignet de la mangemorte. Sait-on jamais qu'elle veuille tuer la commerçante. Un sortilège d'amnésie serait bien plus efficace et leur éviterait de nombreux soucis.
Enfin, après quelques minutes d'une longue attente, la femme remonta à l'étage, refermant la trappe derrière elle. Tous problèmes étant écartés, Torin soupira silencieusement. Ayant dû se baisser pour ne pas être vu, il s'appuya au rebord d'une vieille étagère pour se relever. Puis il pesta interieurement contre une douleur subitement apparue à son index. Regardant la cause de ce mal, il remarqua la présence d'une belle écharde venue de l'étagère, planté au bout de son doigt. Sans s'en plaindre, il l'arracha d'un coup sec, ne se mefiant pas de la goutte de sang qui se mit à perler. Débarassé de ce petit désagrément, il put reporter son attention sur Mescaline. De nouveau un air interrogateur apparut sur son visage, cherchant à comprendre pourquoi s'être rendus dans la réserve d'une confiserie en ayant malgrès tout prit quelques légers risques.

« Et maintenant? »

[Pardonne moi la longueur ridicule de ce post, je me rattraperai, je vais acheter Harry Potter là. ^^ Bonne lecture.]

Le temps d'expulser le feu de ses poumons, elle reprit assez vite ses esprits. L'envie d'aventures tiraillait toujours l'estomac de la Belle, mais elle essaya de ne pas y penser. Elle regarda le jeune homme et hocha la tête, contente qu'il n'ait pas tenté d'esquiver le risque. Avec des gestes rapides mais grâcieux, elle dégaina une cigarette de sa poche en pensant qu'elle n'aurait peut-être pas dû se vêtir de la sorte. Une longue cape noire à capuche. Il n'y avait pas beaucoup de sorciers qui aimaient ce genre de tenue... A part ceux de son espèce. En tout cas, elle était pratique et seyante. La chaleur des lieux la poussa à quitter la masse de tissu qui l'enveloppait, révélant des épaules de blanches comme la porcelaine. La jolie robe noire en satin qu'elle portait dessous servait bien sûr à être vue, voire regardée... Mescaline porta le précieux batonnêt cancérigène entre ses lèvres et l'alluma avec sa baguette. Ils étaient en sécurité, derrière cet entremêlement de cartons et de caisses. Mescaline fouilla dans les poches de sa cape et en sortit une poignée de sucreries.

"Et maintenant ?"

Elle le regarda, sans expression, puis murmura :

- Sers toi, Bower.

Elle tira une nouvelle bouffée relaxante sur sa cigarette et s'adossa contre le mur, finissant par fermer les yeux. Elle avait de nombreuses questions qui lui trottaient dans la tête, à propos du Lord, de tous ses fidèles. Comparé à l'homme qui se trouvait dans cet... entrepôt de friandises avec elle, elle n'était que novice. Elle venait tout juste de débuter, ses preuves auprès du Seigneur des Ténèbres n'étant pas encore commencées. Elle sentait qu'elle avait besoin de conseils de la part de quelqu'un de plus confirmé, sans oser s'adresser au Lord, bien sûr. Il penserait qu'elle n'était qu'une moins que rien. Bower, en revanche, pourrait lui être d'une grande utilité s'il était d'accord pour jouer le jeu. Elle plongea son regard dans le sien durant quelques minutes. Dieu savait comment il allait réagir, car les hommes étaient parfois impulsifs sans raison valable.

- J'aurais besoin de ton aide.

Elle aspira à nouveau une volupte de fumée sans quitter l'homme du regard.

- Tu es confirmé, non ? Tu es un bon serviteur, à ce que j'ai entendu...

Elle prit le soin de laisser des pauses entre chacune de ses phrases, histoire de faire durer la conversation. Quoi de plus agréable que de discuter du Lord, en présence d'une personne si séduisante, respirant l'odeur du goudron mêlée à celle délicieuse du sucre.
Elle reprit enfin, un mince sourire dessiné sur son visage.

- Moi je suis considérée par le Lord comme... Apprentie. Alors que mes capacités sont hors du commun.

Un bruit retint l'attention de la jeune femme. Un bruit de cliquetis, provenant de derrière la trappe. Après un moment d'hésitation, elle se recroquevilla davantage sur elle-même en conservant une position confortable.

- Tu as des qualités, je suppose ? demanda-t-elle en reportant son attention sur le jeune Bower.

[HJ: pas de soucis, bonne lecture à toi aussi ]

Le calme revenu, la demoiselle en profita pour s'emparer d'un cigarette, sous l'oeil inquisiteur de Torin. Comme si elle n'en avait pas déjà fait assez pour attirer les soupçons, elle voulait en plus enfumer la pièce. Certes il existait des sorts pour masquer les volutes blanches et leur odeur, mais tout de même. Il ne s'attarda pas plus longtemps sur ce détail, ses yeux métalliques attirés par autre chose. Miss Sin avait laissé sa cigarette encore éteinte pour se débarasser d'une couche superflue de tissus. Il est clair qu'une cape de cette ampleur pouvait dissimule tous les atouts d'une dame. Mais une fois otée, c'était une bien meilleure vue qui s'offrait au mangemort. Non seulement le textile épousait les formes de la demoiselle mais en plus un certain décolleté laissait deviner la naissance d'une poitrine à laquelle le regard de Torin ne put échapper. Un sourire imperceptible était passé sur son visage alors qu'il relevait l'air de rien ses yeux vers le visage de son alliée.
Ainsi débarassée, elle daigna enfin allumer sa cigarette. Le sorcier préfera détourner sa tête de ce signe de décadence. Il se deplaça vers un endroit proche, où les caisses plus hautes masqueraient sa tête s'il restait debout. Il ne manqua pas de jeter au passage un nouveau regard à la robe, ou plutôt ce qu'elle recouvrait. Regard qui se posa ensuite sur une main tendue, emplie de friandises. Il entendit la voix feminine lui dire de se servir. Les bonbons n'étaient pas vraiment son fort, cependant l'un d'entre eux attira son attention. Il prit entre ses doigts une sucette d'un rouge sombrâtre, l'examinant quelques instants avant de rediriger son regard vers celui de la brune.

« Je me rappelle de celle-ci. Une confiserie pour vampire, chaque année dans la salle commune, les troisième années se vantaient d'en consommer sans faim. »

L'air perplexe, il reposa la sucette là où il l'avait prise. Honeydukes le répugnait maintenant plus qu'autre chose, il y était entré uniquement parce qu'il croyait avoir vu quelqu'un. Il n'était pas là pour consommer des friandises, chose qui aurait horriblement juré avec cet arrière goût du vin bu aux Trois Balais. Il n'était pas là non plus pour avoir à respirer des odeurs de cigarette, aussi se déplaça-t-il une nouvelle fois, cessant de faire face à la novice pour venir s'adosser contre le mur, à ses côtés. Il continuait de sentir cette fumée, mais moins fort, donc il en serait moins incommodé.
Sa tête n'en restait pas moins orientée vers celle de Mescaline, leur regard se croisant ainsi pendant plusieurs instants avant qu'elle ne se décide à réveler la raison pour laquelle ils étaient arrivés ici. Elle cherchait donc de l'aide, les traits d'une légère curiosité se dessinant sur le visage de Torin. Mais quel genre d'aide? Il dut attendre qu'elle encombre l'air d'une nouvelle bouffée de fumée pour le savoir. Soutenant son regard il écouta la suite de la question. Confirmé était un grand mot, il faisait certes honneur à son statut de mangemort, mais il n'aurait pas osé dire qu'il avait l'experience des Lestrange ou même juste celle de son père et de ce genre d'individu qui, comme Malefoy et d'autres, avaient renié leur marque des Ténèbres pour ne pas finir à Azkaban. Cependant il se savait valloir bien plus qu'eux car lui aurait justement agit comme les Lestrange à la chute du Seigneur des Ténèbres. Ainsi, oui, il pouvait être considéré comme bon serviteur. Mais il conservait assez de fausse modestie pour ne pas s'en vanter, son visage restant parfaitement neutre en écoutant la brune. Cette dernière fit d'ailleurs une pause après sa remarque sur ce qui se disait, Torin montra donc qu'il n'avait rien à ajouter.

« Continues. »

Elle reprit donc avec ce qui semblait être un sourire. En effet, en tant que nouvelle, elle était apprentie, quoi de plus logique? Désirait-elle obtenir la confiance absolue sans avoir auparavant réellement fait ses preuves? L'ancienneté jouait aussi. Quant à ses soit-disant grandes capacités... C'était tout de même culoté, croyait-elle que les autres étaient plus faibles? Elle était jeune et donc probablement encore trop inconsciente de ce que signifiait de jurer allégiance au Lord Noir. Torin lui-même quelques mois auparavent se sentait tout-puissant, emplit d'une confiance en soi sans limites. Mais c'est lors de l'apposition de la Marque des Ténèbres qu'il avait réalisé oh combien il était insignifiant face à un véritable mage noir, tel Lord Voldemort.
Elle l'apprendrait bien assez vite sans qu'il n'ait à le lui dire. Il avait pourtant faillit lui expliquer le fond de sa pensée mais un son venait de se faire entendre. Torin leva les yeux vers la trappe et songea que, si personne n'entrait, c'est qu'ils venaient probablement de verouiller l'acces. Au moins si quelqu'un venait, ils seraient avertis à l'avance par un nouveau bruit. Et fuir ne serait pas un problème, à eux deux ils connaitraient assez de sortilèges necessaires à déverouiller une trappe. Alors que son regard était encore posé vers l'entrée de la réserve, la voix de de la belle brune résonna de nouveau. La question portait sur lui. Il avait bien entendu de grandes qualités, mais préferant conserver le mystère sur sa personne, il ne les énuméra pas, repondant vaguement tout en observant les marches les plus hautes des escaliers.

« Et des défauts, comme nous tous. Au fait, quitte à me proposer des bonbons, tu peux également m'appeler Torin. »

C'est à ce moment là qu'il détourna son regard de l'escalier pour le diriger vers Mescaline, esquissant un mince sourire. Puis avant de lui laisser le temps pour poursuivre, il s'empara de la cigarette qu'elle tenait. Il la fit tourner entre ses doigts quelques seconde avant de se décider à en prendre une bouffée. Il laissa la fumée emplir son être et leva la tête vers le plafond pour lentement la souffler, formant au passage un rond blanc. Torin ne fumait en principe jamais, aussi laissa-t-il tomber la cigarette à terre pour l'écraser entièrement.
Maintenant il n'y avait plus rien de gênant, et le regard qu'il porta à la novice se voulait sombre, presque inquietant si elle n'avait pas été dans le même camp. Il pouvait donc à présent prendre à son tour la parole, esperant ne pas être interrompu. Se sentant superieur, il n'éprouverait aucune pitié à l'égard de la brune, il n'hésiterait même pas à fouiller dans son esprit si elle ne semblait pas sincère. Pour se donner un air plus important, il quitta le mur auquel il s'était aussi adossé et vint se mettre face à elle, à bien moins d'un mètre de distance. Un sourire pourvu d'un certain sadisme se dessina sur son visage angélique. Sa main gauche s'éleva lentement pour se plaquer contre le mur, proche de la tête de la demoiselle. Si la veste de Torin n'avait pas masqué son avant bras, Mescaline aurait pû avoir une vue de choix sur sa marque des Ténèbres. Marque qui lui donnait d'ailleurs un avantage, lui permettait de ne pas craindre le moins du monde cette frêle personne vers laquelle il s'approchait un peu plus. Leurs visages étaient à présent à moins d'une dizaine de centimètres d'écart, le sourire maléfique du mangemort semblant avoir été depuis toujours gravé sur ses lèvres tant il lui allait à merveille. Sa bouche s'approcha encore tandis que sa vue détaillait la belle brune, remontant lentement depuis le décolleté, marquant une pause devant ses lèvres, terminant par ses yeux. Et, alors qu'il était si proche, sa tête dévia vers la droite, la bouche de Torin venant au creux de l'oreille bordée d'une longue cheveulure sombre. Dans un inquietant murmure, il daigna lui adresser la parole.

« Ton sang, est-il aussi pur que ta détermination? »

Sans qu'elle ne puisse le voir, son sourire s'était encore agrandit. Elle n'était pour le moment qu'une créature du sexe faible à ses yeux, un simple jouet. Ce serait à elle de prouver qu'elle vallait plus comme elle l'avait affirmé auparavant. Si elle y parvenait, Torin daignerait la libérer de son opressante proximité et peut-être même l'aide. Si elle échouait, elle perdrait à son propre jeu. Cette dernière solution conviendrait d'autant plus au mangemort qui, ayant vu de plus près les levres de la demoiselle, commençait à ressentir le tendre désir d'en trancher les commissures.

[J'adooore ]

Le temps se gâtait à l'extérieur. Malgré le fait qu'ils étaient au sous-sol, dans la cave qui servait d'entrepôt à la marchandise, ils pouvaient entendre quelques bruits qui leur parvenaient de l'extérieur : la pluie qui martèle la vitrine de la boutique, le vent qui commençait à se lever violemment, et le brouhaha provenant des gamins de chez Honeydukes. Mescaline réprima une grimace. Le temps se gâtait et ce sous toutes les coutures...
Elle ne fut pas surprise par le regard en biais que lança Torin vers sa poitrine. Il n'était pas le seul garçon à réagir de cette façon face à cette robe. A croire qu'elle faisait partie du pouvoir de séduction de la jeune femme, mais en aucune façon. Bower ne cessait de se déplacer de droite à gauche, la regardant, détournant la tête, évitant les nuages toxiques, et finit par rester proche d'elle.
Lorsqu'elle avait proposé une poignée de bonbons au jeune homme, celui-ci avait pioché une sucette rouge. Elle la connaissait bien, elle aussi, cette friandise. Qui ne la connaissait pas ? Tous les amateurs de chair comme Mescaline l'adulaient. Une sucette au sang. Une sucette ensanglantée façonnée en l'honneur des vampires, d'une couleur écarlate étrangement brumée. Le Mangemort prit alors la parole en se remémorant un souvenir. Mescaline ne répondit pas. Elle se souvenait juste en avoir fait une indigestion lorsqu'elle était petite et que le bout de sa langue s'était retrouvé bien irrité, brûlant et sanguinolent. Elle les adorait pourtant toujours.
L'homme n'en choisit aucun finalement. Elle rengaina les précieux délices dans la poche de son manteau, lui-même en boule sur le sol poussiéreux. Elle se baissa, le secoua en détournant la tête pour éviter d'aspirer les résidus et le reposa sur un caisson à côté d'elle.
Bower avait l'air d'apprécier de jouer le modeste lorsqu'elle le complimenta sur ses fonctions auprès du Lord, et il faisait bien. Mescaline avait toujours méprisé les personnes qui se vantaient. Elle pensait que si, un beau jour, quelqu'un devait faire une bonne action, agir de manière remarquable pour quelque chose, il ne devait pas se vanter. Elle regarda le garçon, mêlant ses yeux bleus aux siens d'acier, inquiétant et tellement charmeur. Celui-ci se déplaça à nouveau et vint se poster à côté d'elle, apparemment gêné par la fumée, mais la Belle n'y prêta pas attention. Il avait l'air plongé dans de nombreuses pensées pendant qu'elle parlait. Elle aurait tant voulu pouvoir percer les mystères cachés derrière l'épaisseur de l'esprit, dévoiler au grand jour les plus intimes secrets de chaque être... Notamment de son interlocuteur. Oui, comme il l'avoua lui-même, il possédait des défauts. Mais Mescaline remarqua qu'il ne les énuméra pas. Il garda le silence là dessus, se contentant de parler de façon générale.
Il s'appelait Torin. Torin Bower. Voilà au moins quelque chose qu'elle aurait apprit sur lui. Si elle avait voulu découvrir quoi que ce soit, elle aurait dû recourir à la magie. Mais ce n'était pas vraiment le moment, encore moins la personne sur laquelle s'exercer. Il était dans son camp. Et elle n'était pas assez performante pour l'utiliser, voire pratiquement pas. Elle allait devoir employer les bonnes vieilles méthodes, celles qui ne nécessitaient pas l'emploi de la magie, mais pas pour le moment. Pour le moment, elle souhaitait juste profiter de ce privilège.
Torin commença alors à se prendre au jeu. Il lui sourit et lui prit la cigarette des doigts. Elle croisa les bras et posa un talon contre le mur, le regardant tirer dessus. Il avait l'air de prendre plaisir à fumer mais elle pouvait facilement voir que ce n'était pas une habitude pour lui. Il la laissa tomber et l'écrasa sans scrupules alors qu'elle était presque entière. Elle n'avait pas tout perdu. Elle détourna à nouveau la tête vers Torin et lui fit de même. Il ne la lâcha pas du regard, la détailla sous tous les angles, et vînt finalement se placer face à elle. La Belle ne put plus bouger, paralysée par ce sentiment qu'elle connaissait assez peu. Il s'approchait, avec cet air mesquin, voire pervers qu'elle n'appréciait pas tellement de sa part. Pourtant, elle ne broncha pas. Elle continuait de le dévisageait, mélangée entre l'envie de lui sauter au cou et celle de se défendre. Les deux seraient certainement mal vues par le jeune Mangemort. Elle s'abstint donc et le laissa faire. Alors qu'il s'aventurait un peu trop près de sa bouche, Mescaline faillit craquer et céder à la tentation. Elle avait fermé les yeux, l'arrière du crâne toujours plaqué contre le mur.
Mais Torin avait finit par venir lui murmurer quelques paroles peu chaleureuses dans l'oreille. Mescaline soupira intérieurement. Elle n'avait vraiment aucune envie d'en parler. Ce n'était pas un sujet qu'elle aimé abordé. Alors, bien qu'il faisait partie des fidèles du Lord, Torin Bower et elle ne se connaissaient pas. Il avait découvert une petite partie de son anatomie, rien de plus, mais rien de moins. Pour le moment, elle voulait qu'il s'éloigne un peu. En effet, elle s'était retrouvée emprisonnée sans vraiment s'en rendre compte. Le bras de l'homme lui bloquait l'accès sur sa droite et sa tête était encore penchée sur son oreille gauche. Elle avait envie de lui dire ce qu'elle pensait, sachant qu'elle n'en sortirait pas indemne. Mais si il fallait qu'elle souffre pour rentrer dans les rangs en gardant sa fierté, elle le ferait.
Elle resta un petit moment sans bouger, coincée entre les bras de Torin. Certes, l'odeur parfumée que dégageait le jeune homme lui faisait d'autant plus plaisir que celle des friandises. Mais le côté sensuel, elle allait l'oublier pendant un petit moment. Elle ne pouvait pas le repousser mais elle se risqua à essayer. L'homme se décala de quelques centimètres et retomba sur elle. Il fallait qu'elle agisse. Son charme agissait toujours à plein régime, mais il risquait de devenir étouffant à la longue. Elle devait agir.

- Torin. Je suis désolée, mais il y a une partie de ma vie que je me force à oublier. Je n'en dirai pas plus...

Elle esquiva le bras gauche de l'homme qui était posé contre le mur et se glissa hors de son emprise. Enfin libérée, elle se retourna le plus rapidement qu'elle pu pour lui faire face, si jamais il lui venait à l'idée de recommencer.

Dans la famille Bower, les femmes avaient toujours été perçues comme inferieures, ainsi la mère, une moldue, avait été esclavagée. Les deux plus jeunes enfants avait eu le malheur de naître filles, l'une n'était qu'un nourisson, mais l'autre avait fuit suite aux tortures infligées, elle était le souffre douleur des hommes de la maison. Torin avait ainsi grandit dans une atmosphère machiste, même mysogine. N'éprouvant aucun sentiment à l'égard de la gente féminine, aucune pitié, il aimait à les utiliser, les manipuler. Son physique n'était qu'une arme de plus pour ses sombres desseins. Il en avait séduit plus d'une et savait désormais comment la plupart fonctionnaient, ce que leur regard indiquait, quelles limites ne pas franchir pour obtenir d'elles ce qu'il en attendait.
Mais il se trouve que de celle qui lui faisait face, il n'attendait rien en particulier. Juste s'amuser un peu, voir quel mangemort il était. Il cherchait encore ses limites, ignorant ce qu'il ne pouvait se permettre face à une novice. Le Seigneur des Ténèbres n'approuverait certainement pas que l'un de ses serviteurs s'amuse à faire fuir ses recrues. Torin ne cherchait à agir de la sorte, il voulait simplement s'assurer, au cas où, qu'elle n'était pas une traitresse. Après tout, c'est elle qui l'avait conduit jusqu'ici, elle l'avait cherché et ne récoltait que ce qu'elle méritait. Ce n'était pour le moment pas une punition, juste un prologue à l'initiation, qu'elle ait une idée su genre de cérémonie, Lord Voldemort se montrait bien moins clément que lui. Mais d'un autre côté il n'avait pas à juger du traîtement qui devait être appliqué à la belle. Il agissait là de son plein grès. Il était inutile de cacher qu'il avait oublié en cet instant quelques unes des règles du comportement en société. Cela n'arrivait que rarement, il s'était déjà retrouvé seul avec une disciple du Lord Noir sans pour autant chercher à l'intimider. Mais Sin, elle dégageait quelque chose le poussant à réagir ainsi. Peut-être ses longs cheveux sombres rappelant ceux d'une soeur détéstée. Ou cette façon de se comporter, de voler, de fumer, d'entrer par effraction dans une cave. Elle n'était pas assez discrète, la leçon qu'il s'apprétait à lui donner était une faveur dirons nous.

Il avait donc utilisé le recours le plus classique, le plus amusant: faire croire à la seduction jusqu'au dernier instant pour ensuite lui faire réaliser qu'elle était tombée dans un traquenard. Cela avait marché, il avait cru remarquer avant de se pencher vers son oreille ses yeux se fermer. Avait-elle réellement cru ça de lui? Si elle tenait vraiment à devenir mangemorte, il faudrait qu'elle évite de se laisser duper de la sorte à l'avenir. Car Torin Bower ne faisait jamais le premier pas lorsqu'il attendait d'une femme qu'elle le séduise, il la laissait simplement venir à lui. Et si la demoiselle avait cru le contraire, elle n'obtiendrait pas satisafaction, il ne la laisserait s'approcher que si elle prouvait sa valeur, si elle repondait sagement à sa question.
Au lieu de ça, elle tenta une première fois de se débattre après quelques instants de silence. Torin n'était bien sûr pas du même avis. Lorsqu'il se sentit repoussé d'une pourtant faible distance, il pressa plus fort sa main contre le mur, repliant un peu son coude, se rapprochant davantage. Avait-elle des choses à cacher sur ses origines? Elle aurait mieux fait de directement parler à coeur ouvert, comme Torin l'avait fait devant le Seigneur des Ténèbres. Mais les circonstances étaient différentes, Lord Voldemort avait eu connaissance de la nature de son sang avant qu'il ne vienne au monde, il lui avait fait subir les pires tortures pour... L'anoblir dirons nous. Il n'était désormais plus de sang mêlé et avait donc des droits sur ces derniers.

Peut-être sous la pression, la novice parla enfin. Elle disait exactement ce qu'il ne fallait pas prononcer pour eveiller la curiosité du jeune mangemort. Elle voulait oublier quelque chose? Mais la meilleure solution pour y parvenir n'était-ce pas d'y faire face, de l'avouer pour s'en repentir? De se montrer sans coeur face au passé. Oui, comme lui l'avait fait auparavent, entre la souillure de son sang et les souvenirs qu'il avait justement oublié, lorsque ceux-là avaient refait surface durant l'apprentissage de la légilimencie. Elle pourrait considérer qu'il l'aidait, elle le lui avait demandé après tout, mais ce ne serait pas de tout repos. Si elle voulait de l'aide, elle devrait en accepter le prix.
La jeune Sin profita alors d'un court instant d'innatention pour s'extirper des griffes du mangemort. Torin ne manifesta aucune réaction, se tournant lentement vers elle. Ils furent bientôt face à face. Son sombre sourire s'amenuisa, restant présent mais moins impressionnant. Il haussa simplement les épaules comme si le fait qu'elle se soit dégagée ne le dérange pas, puis une idée traversa son esprit. Malgrès le mauvais temps, la température était plus que convenable, entre la chaleur dégagée par la masse humaine au-dessus de la trappe et celle d'une probable cheminée quelque par dans le bâtiment. Torin enleva donc sa veste. Il portait en dessous une chemise dont les manches étaient dotées de quelques boutons à leurs extrêmités. Il dépata ceux de gauche et retroussa le tissus jusqu'au dessus de son coude. Ainsi sa marque des Ténèbres était clairement visible aux yeux de la demoiselle. En tendant son avant bras à sa vue, il leva les yeux vers son visage pour découvrir sa réaction.

« Est-ce réellement ça que tu veux? »

Elle en avait tout interêt car si finalement tel n'était pas son désir, il devrait la tuer et dissimuler son cadavre ici, dans la réserve d'une confiserie. Sans rabaisser sa manche, il s'avança lentement vers elle, s'arretant cette fois à une distance plus honorable. C'était pour le moment plus amusant sans la magie, nettement plus divertissant. Torin ignorait s'il réussirait encore à user de son charme pour la duper sans qu'elle n'ait de soupçons. Chose difficilement crédible, mais s'il y avait une chose dont il ne manquait pas, c'était bel et bien la confiance en soi. Il se remit à approcher, plus lentement, l'air à présent mielleux.

« De toutes manières tu ne pourras pas dissimuler tes intentions ni la nature de ton sang très longtemps. Raconte moi et, comme tu me l'as demandé, je t'aiderai à présenter la chose au Seigneur des Ténèbres. »

Son ton inspirait presque la confiance, ainsi que son sourire qui s'était adoucit. Il n'avait pas spécialement envie de plonger dans les pensées de la belle pour assouvir sa curiosité. Son bras gauche était retombé le long de son corps, il était proche, mais pas assez pour que la brune ne craigne encore quoi que ce soit. Ses yeux détaillèrent de nouveau le visage féminin. Son nez, ses joues, ses lèvres. Il n'avait décemment pas le droit de la défigurer tant qu'elle ne lui donnerait pas une bonne raison de le faire puis si elle se montrait coopérative, cette sombre idée quitterait ses songes.
Alors doucement, presque timidement même, son bras droit se tendit comme s'il tentait d'amadouer la jeune brune. Il alla délicatement poser sa main sur la joue de la demoiselle. Son pouce glissa sous le frêle menton. A ce geste, l'image de sa main descendant se refermer sur la gorge traversa son esprit, mais ce n'était que son imagination, il n'y avait toujours rien qui lui en donnerait le droit. Surtout si elle acceptait de mettre un terme aux hostilités en déliant sa langue.

« Ce serait dommage qu'il décide d'éteindre un si beau visage... »

Les femmes aimaient qu'on les complimente. La menace aurait peut-être un effet plus convainquant.

Mescaline ne pouvait s'empêcher de penser à un coup traître, à une simple ruse de la part du Mangemort. Ses yeux gris étaient perçants et pourtant si sombres. Ils n'effrayaient pas la jeune femme. Ce qui l'inquiétait le plus, c'était ce sourire scotché sur ses lèvres, un sourire qui étirait ses traits d'une façon étrange et impressionnante. L'homme finit par le perdre petit à petit, lorsque la jeune femme s'était échappée de la cage humaine qu'avait formé Torin, et ils s'étaient lentement retrouvés face à face. Peut-être allait-il agir : dégainer sa baguette et l'abattre si soudainement qu'elle n'aurait pas le temps de s'en rendre compte. Mais cet homme avait l'air tout simplement vil, comme si sa seule joie était celle de voir les autres subir.
Il ôta le monceau de tissu qui lui tenait chaud et lui montra sa marque. Il la regarda et Mescaline resta encore une fois immobile, sans daigner réagir à ce geste qu'il venait de faire. Elle ne cherchait pas à le provoquer, mais elle cherchait encore moins à lui procurer du plaisir en paniquant. Elle demeura ainsi sans chercher à fuir encore une fois. Elle ne pouvait pas fuir. Elle ne s'était pas prise à son propre piège. Elle savait encore se défendre. Mais elle ne s'imaginait pas combattre un autre Mangemort. Elle venait tout juste de débarquer et déjà les hommes du Camp la cherchaient et s'amusaient à jouer avec la Belle. Elle était bien jeune, tout juste dix-neuf ans. Pourtant elle avait rêvait durant toute son enfance de devenir ce qu'elle était. Et encore... Elle n'était qu'au premier niveau. Il allait falloir qu'elle gravisse les échelons, et apparemment, elle n'avait pas finit de recevoir des bâtons entre ses roues.
L'espace d'un moment, elle avait eut un doute. A présent, elle était certaine. Ce n'était qu'un jeu. Un adorable petit jeu qui finirait peut-être en sanglant carnage si l'un des deux ne coopérait pas. Il voulait qu'elle parle ? Elle n'y comptait pas. Son passé n'avait été que trop sombre, elle détestait le remettre sur le tapis. Son père, un simple croque mort, sa mère une vendeuse dans l'Allée des Embrumes. Pas de quoi se vanter. Mescaline n'avait aucune raison d'être fière de ses parents. Quant à ses ancêtres, personne ne lui en avait jamais parlé. Elle ignorait totalement d'où elle venait, qui elle était réellement, et sa mère Grace lui avait toujours prohibé de s'y intéresser.
Torin continuait de s'approcher dangereusement. La jeune femme venait de ressasser son histoire dans sa mémoire, essayant de récupérer de quelconques informations qui pourraient l'aider à accepter son histoire telle qu'elle était. Mais aucune ne convenait. Tout ce qu'elle pouvait voir, c'était des images qu'elle aurait tout fait pour oublier. Mais Bower était obstiné. Il semblait vouloir qu'elle se souvienne... Ce fut alors qu'elle vit le couteau posé sur le comptoir de la cuisine... La lame luisante... Le coup violent qu'elle porta à son géniteur... Le sang qui coulait... Beaucoup de flashes qui lui firent dresser les poils sur les avant-bras, mais la jeune femme ne put s'empêcher de se délecter de ses souvenirs. Bien qu'elle eut extrêmement offensé sa mère en faisant cela, elle n'avait rien à se reprocher et était fière d'elle.
L'homme haussa les épaules lorsqu'elle s'était glissée tel une couleuvre hors de ses bras. Mais... Il n'avait pas eut de réaction brutale comme elle s'y était attendue. Elle avait pensé qu'il la rattraperait, aussi s'était-elle retournée vivement pour éviter le contact. Mais il était resté de marbre. La marque du jeune homme ne changeait rien à ce que Mescaline pensait de lui, de plus, elle savait déjà qu'il la portait. Elle ne fut pas surprise pour un clou. Elle haussa un sourcil et esquissa un fin sourire.

"Est-ce réellement ça que tu veux ?"

Il avança vers elle, un masque noir et grave sur le visage. Les yeux de la Belle s'écarquillèrent encore davantage et elle hocha lentement la tête de haut en bas en guise de réponse. Elle s'était battue durant son enfance pour découvrir ce qu'elle valait. Le nombre de crimes superficiels qu'elle avait commis avait finalement révélé son côté sombre, le côté meurtrier de Mescaline Sin. La raison pour laquelle elle avait tué son propre père, en quelque sorte... Depuis cette période, elle n'avait cessé de penser devenir Mangemort. Son but. Son désir. La plupart des personnes à qui elle aurait confié cette pensée l'aurait immédiatement internée. Mais elle avait nourrit ce secret au plus profond de ses chairs jusqu'à ce qu'elle soit en mesure de servir le Seigneur des Ténèbres. Elle avait connu de rares personnes qui avaient commencé tôt et qui avaient réussi. Elle pensait donc qu'à dix-neuf ans elle pourrait satisfaire le Mage Noir. Peut-être se trompait-elle. Mais elle allait tout faire pour prouver ce qu'elle valait, même si elle devait subir les foudres de tous.
Torin semblait s'amuser de la jeune femme. Il ne cessait de jouer de ses charmes pour parvenir au but. Au collège, Mescaline l'aurait qualifié de Python : rapide, rusé, et mesquin, mais surtout... Venimeux. Elle devait s'en méfier. Il était de plus en plus proche, tout de même moins que lorsqu'il l'avait piégée. Elle garda la main dans sa poche droite, sa paume chaude contre le bois glacé de sa baguette. Elle était prête à attaquer si il le fallait.

"Raconte moi" lui dit-il.

Peut-être devait-elle abdiquer et baisser les yeux, finalement. Peut-être il était mieux qu'elle lui raconte. Comme il l'avait dit, il pourrait l'aider. C'était un Mangemort, et elle était nouvelle. Il n'allait quand même pas la rejeter alors qu'elle était prête à servir et à faire don de ses capacités. Il ne pouvait pas... Pour éviter qu'il ne s'approche trop d'elle, Mescaline accepta. Du moins, elle espérait qu'il cesse de la prendre pour un misérable petit jouet.

- D'accord... D'accord ! D'accord !

Mais le jeune Torin n'arrêta pas pour autant de s'avancer vers elle, avec cet air trop doucereux pour être crédible. Elle recula de quelques pas et se retrouva bloquée contre le mur. Bower se trouvait à nouveau trop près, beaucoup trop près d'elle ! Elle sortit sa baguette et la pointa sur le ventre du Mangemort, sans savoir si il l'avait vue. L'homme continua d'avancer et lorsque le morceau de bois s'enfonça légèrement dans son diaphragme, il s'arrêta. Enfin.
Mescaline appuya un peu en proférant un juron.

- Bower. J'ai dit d'accord. Je vais tout te raconter. Éloigne toi.

Une fois plus détendue, Mescaline s'assit, le dos contre le mur et les jambes regroupées sous elle. Par où allait-elle commencer ?

- Je ne connais pas trop mes origines. Je sais simplement que je suis née de deux parents américains, un croque mort, une vendeuse. Ils m'ont toujours traité comme une bête, rien de plus. Comme si je n'étais pas assez digne d'être leur enfant. Mais je valais beaucoup plus cher qu'eux deux réunis.

Elle détourna la tête pour ne pas voir la réaction de Torin. Si elle avait dit cela, dans ces circonstances, quelques mois auparavant, elle n'aurait certainement pas retenu ses larmes. Mais ici, aucune émotion ne filtrait. Le visage dur et les yeux fusillant tout ce qu'elle pouvait voir - ce étant certainement dû à la tension et à l'énervement dont elle venait d'être la victime - elle poursuivit :

- Je n'ai rien à cacher, tu peux me croire.

A moins que le fait qu'elle ait assassiné son père était quelque chose qu'elle devait énoncer, il n'y avait pas grand chose à ajouter. Mescaline avait lu beaucoup de livres sur la Magie Noire, et il existait de nombreux pouvoirs dont elle n'avait pas soupçonné l'existence. Torin devait certainement en posséder un. Elle n'osa pourtant pas lui demander, surtout après toutes ces révélations. Mais si c'était le cas, il pourrait bien voir de lui même ce qu'elle n'avait pas encore avoué, sinon il ne l'aurait pas menacée.
Il la complimenta pendant un moment, cherchant la faille chez la femme, le sexe inférieur et soumis. Mais malheureusement, Mescaline ne se classait pas dans ce lot. Elle préféra ne pas se faire d'idées. Si il pensait réellement la duper à nouveau, après cette frasque, c'était qu'il la connaissait mal.

*"Un si beau visage"... Non, arrête, Mesc' ! Il se fiche de toi !...*

Elle fronça les sourcils tandis qu'il parcourait son menton de ses doigts.

[HJ: désolé, c'est pas aussi long que les précédents]

Le duel improvisé qui à son origine se voulait être un jeu prenait peu à peu des dimensions inquietantes, il était impossible de déterminer jusqu'où en viendraient les deux jeunes gens pour défendre leurs interets. De toutes manières il arrivait même aux anciens mangemorts d'encore se disputer, voire rivaliser. Le climat s'étant instauré entre ses deux là n'avait donc rien de bien alarmant, Torin sachant que l'ultime limite était de ne pas donner la mort à la demoiselle. Mais elle, le savait-elle? Esperons le.
Elle avait donc sourit lorsqu'il lui présentait sa marque des Ténèbres, hochant ensuite la tête pour confirmer son désir de posseder la sienne. Pourvu que ce ne soit pas la peur qui la pousse à affirmer cela, Torin pensant qu'elle ne mentait tout de même pas. Pour le vérifier il avait tenté une nouvelle approche, ne faisant aucunement attention à la frêle main glissée dans une poche pour avoir un acces direct à la baguette magique. Non, il était trop préoccupé par elle, lui demandant une seconde fois de lui parler de ses origines. Elle avait beau lui dire qu'elle était d'accord, cela ne suffisait pas, il continuerait sa progression jusqu'à ce qu'elle parle à coeur ouvert.

Elle avait ainsi finit par reculer et se retrouver une seconde fois plaquée au mur, l'acces de nouveau libre à Torin. Recommençant son manège, il réduisit la distance séparant les deux corps, il commençait même à se pencher au-dessus d'elle lorsqu'un étrange contact se forma contre son abdomen. Sentant cette pointe à la forme familière, il baissa les yeux pour découvrir la baguette de la belle planté dans le tissus, contre sa peau. Elle n'oserait pas. Il releva la tête vers son visage, peu incommodé du désagrément. Elle parlerait donc à la condition qu'il s'éloigne. Mais qu'elle n'aille pas croire que c'est sous la menace qu'il cedait, sinon il aurait déjà sortit sa propre arme pour lui faire regretter.
C'est l'air léger qu'il se décala pour rendre à la brune son espace vital. Il n'y avait rien de bien agressif sur ses traits, cela apparaitrait uniquement si elle lui avait mentit. La voyant s'asseoir, il prit place non loin, lui-même assit sur une petite caisse aux airs robustes. Ainsi il continuerait de la dominer par la hauteur. Mais peu importe. Car elle tint parole et daigna dire plus ou moins ce qu'il voulait entendre. Enfin vouloir était un mot un peu trop fort car il était impossible de déterminer aux travers de ces quelques mots si ses parents étaient sorciers. C'est en résumé ce qu'il avait demandé. Son passé à elle, qu'elle ait été traitée d'une manière peu décente, il s'en contrefichait. A moins que ses parents n'eurent été moldus et que par le traitement infligé elle ait apprit à détester cette espèce répugnante. Ce point restait à éclaircir.

Après avoir parlé, la brune cacha son visage, orientant sa tête vers une autre direction. Ce geste avait amusé Torin qui n'avait cessé de la fixer. C'est sans doutes la pudeur de la demoiselle qui l'avait poussé à tendre sa main vers son visage, ce même si elle disait ne posséder aucun secret. Soit, elle ne révéla rien de plus, se contentant de froncer les sourcils à l'écoute de sa remarque. Presque aussitôt, la main du jeune homme retomba, comme s'il n'avait rien de plus à ajouter. Dommage, elle n'avait pas envie de jouer.
Assit sur sa caisse, les bras pendant à présent le long du corps, Torin soupira. Il était temps de passer à la suite. Hélas, il savait pertinemment que son jeu ne marcherait plus et qu'il ne pouvait pas faire preuve de violence. Peut importe, maigre consolation: elle semblait encline à parler. C'est donc nettement plus calme que le jeune mangemort poursuivit son questionnement.

« Tout ce que je voulais savoir c'est si tu avais des parents moldus, Sin. »

Ou pas. Il fallait juste esperer qu'elle ait moins de mal à l'avouer que ce dont elle avait parlé précédemment. Si elle disait être une sang de bourbe, il masquerait toute haine et en informerait le Seigneur des Ténèbres pou lui tendre un piège au repère et ainsi gagner en estime auprès du maître. Si elle était de sang mêlé, il ne lui révèlerait même pas à quoi s'attendre de la part du Lord. Si elle était sang pur, elle aurait peut-être le droit à de fausses excuses, bien qu'elle ait dit ne pas vraiment connaître ses origines... Mais pour le moment, Torin avait quelque peu détaché son attention d'elle, posant ses yeux d'acier dans le vague de la résèrve, ne conservant que son ouïe pour entendre.

[T'en fais pas ]

Mescaline. Sa mère l'avait nommée ainsi il y a dix-neuf ans. Cela pouvait paraître un prénom peu ordinaire, car c'était celui d'une drogue ravageuse. Pas étonnant que beaucoup de personnes étaient intoxiquées à la jeune femme, comme accros - surtout des hommes, d'ailleurs... La jeune femme regarda brèvement Torin qui avait enfin stoppé ses stupides jeux de séduction. Il s'était assis sur une caisse et soupirait. Son attitude de chien battu n'allait pas non plus la rendre plus affective. Elle se fichait de ce qu'il pensait actuellement.
Elle eut un frisson en pensant que quelques minutes auparavant, elle se laissait séduire comme une jeune adolescente en manque d'affection. C'était une vraie maladie chez elle ! Il fallait qu'elle se contrôle, qu'elle arrête de se laisser marcher dessus. Le Mangemort, quant à lui, paraissait plus calme, plus serein. Il n'avait pas l'air d'avoir des idées derrière la tête. Elle l'espérait. Pourquoi les avait-elle emmenés ici alors qu'elle se doutait que deux Mangemorts ne feraient rien de très bon ? Elle ne risquait rien en la compagnie de Torin, du moins elle ne risquait pas la mort...
Lorsqu'il prit la parole, il recommença à parler des origines de Mescaline alors qu'elle lui avait dit l'essentiel. Elle n'était pas sûre. Elle ne faisait rien d'autre que de penser, et ne voulait rien avancer qui pourrait lui nuire. Sa mère était pure. Son père, elle le pensait également mais qui le savait vraiment à part lui ? Peut-être que son éducation médiocre témoignait d'une adoption, ou même pire. Elle ne pouvait pas le savoir, si on ne lui avait jamais dit.

- Je ne peux que supposer. Ma mère est certainement pure. Mon père, je n'en suis pas certaine. A supposer qu'il était de sang-mêlé, il est mort.

Mescaline tourna sa tête vers le jeune homme. Ses yeux auraient pu devenir rouge sang lorsqu'elle prononça des paroles qui semblaient venir du fin fond des Ténèbres :

- Je le haissais. De tout mon être.

Elle reporta son attention sur ses ongles qu'elle limait méticuleusement. Soudain, un bruit déchirant de tonerre lui parvînt de l'extérieur de la bâtisse. Elle n'aurait pas aimé se trouver sous la pluie à cet instant. Le bruit de l'orage l'horripilait. La lumière fut instantanément coupée et Mescaline soupira. Elle espérait bien que Bower avait une solution à cela. En attendant, elle articula l'incantation :

- Lumos...

Elle se mit à rire - rire jaune ou sincère, elle riait, ce qui était peu commun de sa part.

- Nous voilà dans de beaux draps, maintenant... Inutile de préciser que c'est à cause de moi.

Elle essayait malgré elle de détendre l'atmosphère lugubre qui avait envahi la pièce. Elle tourna lentement le jet de lumière bleutée vers le visage de Torin, histoire d'observer sa réaction. Ne le voyant plus, elle devait avouer se sentir seule et délaissée. Elle projeta la lumière vers tous les angles de la pièce, suivie de son propre regard. Elle allait devoir agir rapidement si quelqu'un descendait au sous-sol pour chercher des bougies, des lampes à huile, ou d'autres objets pouvant illuminer. Agir ne voulait pas dire tuer ou quoi que ce soit de ce genre, à cet instant. Mais simplement éteindre la lumière et se cacher, car même leurs deux silhouettes masquées par une montagne de caissons, il n'étaient toujours pas à l'abri.

- Si quelqu'un se débrouille pour rentrer ici, tu veux tenter une sortie ? Ou bien as-tu encore des questions à me poser ?

Elle marqua une pause et se surprit à rougir. Encore une chance que sa baguette n'était pas pointée vers elle.

- Je dois avouer que ta compagnie me plait, Torin.

Elle ne savait pas tellement si c'était bien elle qui faisait jaillir ces paroles de sa bouche - quelque chose de peu crédible venant d'une femme comme elle, aspirant à devenir Mangemorte - mais elle le pensait bel et bien. Elle tourna son regard vers le jeune homme et attendit une réaction qu'elle doutait de voir arriver.

La demoiselle semblait beaucoup plus facilement délier sa langue sans être sous la pression d'une quelconque menace. A moins qu'elle n'ait deviné que Torin ne la laisserait pas en paix sans entendre ce qu'il désirait savoir. Le fait est que maintenant il n'avait plus qu'à rester tranquillement assit en écoutant la brune réveler la nature de son sang. Sang qui obsedait le jeune homme plus qu'à la normale depuis que sa marque des Ténèbres lui avait été apposée. Auparavant, il s'était assuré que personne ne découvrirait que sa mère était moldue. Depuis son entrée à Poudlard, tous avaient toujours cru à la pureté de son sang, lui dénigrant les sangs de bourbe pour mieux duper une peuplade d'élèves naïfs. Jamais ses camarades n'avaient osé remettre en doute ses origines et c'était bien mieux ainsi. Mais il existait une personne à qui il était impossible de dissimuler la sombre vérité. Le Seigneur des Ténèbres s'était montré sans pitié, pourtant, n'était-ce pas lui et un de ses serviteurs qui avait suggéré à Devin Bower d'épouser une moldue pour évacuer les soupçons? Pour ensuite humilier sa descendance en privé. Ou, comme il en avait donné l'honneur à Torin, racheter sa dignité, éliminer les impurs.
Son sang ainsi purifié, le jeune mangemort s'était accordé une certaine légitimité. De par ce qu'il était devenu, de par cette sombre allégiance. Il se déléctait de pouvoir affirmer une certaine superiorité face à ceux qui n'étaient pas de sang pur. Mais celle qui était en sa présence, comment la juger? Elle ne faisait que supposer mais avait dit que son sang serait probablement pur aux trois quarts. C'était déjà ça, il n'avait ainsi -par chance pour elle- pas grande matière à la rabaisser.

La jeune Sin s'était même mise à parler plus qu'on ne l'aurait soupçonné quelques instants auparavant. Elle parlait de son père, le probable sang impur, disait qu'il était mort... Et qu'elle le detestait au plus profond d'elle. Sans qu'il n'en prenne conscience, le visage de Torin se faisait compréhensif. Qui mieux que lui pouvait savoir ce qu'était de haïr ses géniteurs? Une mère moldue qui par chance était morte par elle même, sans que personne ne s'attèle à la basse besogne qu'aurait été son meurtre. Et son père... Un fourbe, un lache, un traître à sa race, si méprisable qu'il avait osé salir sa descendance et renier ses convictions pour préserver son âme des detraqueurs.
Il aurait aimé pouvoir répondre à la brune qu'à lui aussi, son père si méprisé était mort. Mais il ne pouvait pas en prétendre autant et le faire aurait été pure folie. Qui sait si la novice ne croiserait pas Devin Bower dans les couloirs du repaire et lui révelerait les intentions de son fils? Il vallait mieux éviter le sujet. Cependant, Torin ne put s'empecher une remarque sur le père de la demoiselle.

« Sa mort a dû te soulager... »

Sa phrase à peine achevée, un orage se manifesta par le son du tonerre. Comme s'il avait pu voir le ciel au travers des fondations, l'ainé des fils Bower leva la tête en hauteur, peut-être pour entendre avec quelle intensité martellait la pluie. C'est ensuite la lumière qui se mit à faire des siennes. Un mince sourire amusé naquit sur les lèvres de Torin, il pensait à tous ces sangs de bourbe abrités à l'étage, si l'obscurité avait été complète, il serait venu les illuminer d'une dernière lueur verte. Avec un peu de chance, Lynn et Ailin auraient été dans le lot... Mais tout ceci n'était qu'un simple songe, un tel massacre n'était pas chose envisageable pour le moment, ce que lui fit réaliser une nouvelle source de lumière.
En effet, la belle brune avait lancé un lumos. Se retrouver seule avec lui dans l'obscurité l'aurait-elle inquiétée? La tonalité de son rire pouvait inciter à se poser la question. Mais peu importait, Torin se contentant d'éloigner son regard de la source lumineuse, lui ne daignant pas agir de même avec sa propre baguette. Lorsque la novice dit être responsable de la situation dans laquelle ils se trouvaient, le mangemort daigna seulement lui répondre à son tour par un très leger rire, se voulant ironique. Après tout, c'était elle qui semblait le plus regretter, lui ne s'en souciait pas et savait qu'il suffirait d'attendre la fermeture du magazin pour s'échapper, les lieux étant probablement protégés contre le transplanage afin d'éviter les vols.

Alors que Torin avait tenté d'échapper au faisseau lumineux, celui-ci fut bientôt dirigé vers son visage. Il n'hésita pas à montrer sa désapprobation en plaquant une main au-dessus de son front afin de ne pas être éblouit. Fort heureusement la propriétaire de la baguette semblait avoir comprit, déviant la pointe illuminée vers d'autres endroits, son visage à elle y comprit. Elle posa d'ailleurs une question fort intéressante... Il n'avait plus rien à lui demander en particulier, mais quitter les lieux serait légèrement plus compliqué que lorsqu'ils étaient entrés. Et fallait-il encore que quelqu'un daigne descendre.
Torin tentait de discerner le visage de la belle brune au travers de la faible luminosité, réflechissant en même temps à un éventuel plan d'évasion. Mais avant qu'il ne puisse répondre, la voix féminine s'éleva de nouveau. A cet instant, le mangemort se sentit triomphant. Elle venait de céder, revelant ainsi sa faiblesse, avouant une telle chose malgrès la manière dont il s'était joué d'elle il y a quelques instants. Cette sincerité ne touchait bien entendu pas Torin, mais le fait qu'elle en fasse mention pouvait rendre la suite des évènements interessante. Il lui sourit donc, l'air charmeur, le timbre de sa voix adoucit.

« Dans ce cas là, pourquoi se risquer à sortir alors que les lieux sont encore surpeuplés? »

Un nouveau jeu venait de se lancer. La belle brune n'était autre que le jouet et l'intrigue était de savoir combien de temps elle résisterait à ce genre de sous entendu. Et malgrès le peu de considération qu'il portait à la gente féminine, il n'en restait pas moins un homme, ayant les mêmes instincts. De plus ces derniers temps il n'avait été que trop préoccupé par le travail et les affaires. Un peu de distraction ne serait pas de refus. Alors tant que cela restait entre eux deux, pourquoi ne pas profiter de la situation? Tout du moins s'il réussisait à être assez convaincant pour la faire ceder à son charme...

Au bout d'un petit moment, la Belle se rendit compte qu'elle parlait au mur. Peut-être qu'il l'écoutait mais il ne réagissait que très ponctuellement. Les pas distincts au dessus de leurs têtes s'étaient transformés en martèlement de masse, signe que de plus en plus de personnes venaient se protéger des foudres de la météo. Mescaline pensa même qu'ils allaient peut-être finir noyés sous les torrents si il y avait une fuite dans la pièce. La lumière ne revenait toujours pas, elle finit donc par se lasser de cette lumière bleue aveuglante. Elle annula l'enchantement en marmonnant un "Nox" à peine audible et ferma les yeux. Elle aurait très bien pu sombrer si Torin n'avait pas été là, mais elle sentait que ses pupilles ne voulaient pas plonger dans les gouffres du sommeil. Elle gardait une oreille et parvenait à capter le moindre son. Torin se mouvait, elle entendait un froissement d'étoffe. Les murs craquaient et, pour une fois, elle ne frissonna pas. Son esprit commença à s'emballer et plusieurs pensées vinrent embrouiller la sérénité de son âme. Elle put ainsi voir le château de Poudlard, deux ans auparavant lorsqu'elle l'avait quitté. Sa vue s'orientait vers la forêt et elle vit les flammes, grandes et magnifiques, ravageant le bois, chassant les créatures de leur territoire. Mais où donc allait-elle chercher tout ça ?
Une image, bien plus nette et plus concrète, s'afficha dans sa tête. Le Lord était debout devant elle. Du moins ce qu'elle pensait être le Lord, car la seule et unique fois où elle l'avait vu, une large capuche plongeait son visage dans l'obscurité la plus profonde et seules ses mains blanches étaient visibles. Ainsi, le portrait qu'elle s'était faite du Lord lui apparut, et la jeune Mescaline était agenouillée du mieux qu'elle pouvait à ses pieds. Elle n'avait jamais vu cette scène. Elle ne l'avait jamais vécu elle-même. A cet instant, un craquement suffit à la tirer de ses songes avec un léger sursaut.

- Oui, sa mort m'a soulagée en effet...

Elle posa ses yeux sur ce qu'elle put voir du jeune homme et elle se décida à enchaîner, à dévoiler sa vie sur un plateau. On aurait dit qu'il attendait que cela, qu'elle lui exhibe ses secrets. S'il y tenait tant que ça... Elle n'avait rien de spécial à cacher devant un autre Mangemort.

- Je l'ai assassiné.

La réaction à laquelle elle s'attendait se devait d'être explosive. Pas pour le meurtre. Le meurtre constituait le quotidien de la Belle. Mais tuer son propre père était insensé. Ce n'était même pas la colère qui l'avait poussée à commettre un tel acte, mais l'accumulation de ces années perdues en sa compagnie. Si elle avait pu, elle aurait fait de même pour sa famille. Mais sa traînée de mère avait camouflé le meurtre en suicide, évitant à sa fille une peine de prison. Mescaline n'avait rien à faire en prison, selon elle.

- Maintenant que j'ai exposé les points importants de ma vie alors que je ne t'avais jamais parlé auparavant... Peux-tu me parler de toi ?

Son ton était charmeur et mielleux, pourtant sincère. L'obscurité ravalait la chaleur qui s'était installée quelques minutes plus tôt et déversait des torrents de gel, le froid mordant la chair, comme si le vent filtrait à travers la bâtisse. Il n'y avait que la présence du Bower pour rassurer son être. Elle s'imaginait assez mal seule en ce lieu, et ressentait un besoin de proximité corporelle. Il ne fallait pas compter sur le Mangemort pour s'en charger. Elle eut un léger frisson et s'apprêtait à remettre sa cape par dessus ses épaules lorsqu'un nouveau cliquetis résonna dans l'antre de bois.

*C'est pas vrai... Ils ne comptent pas nous laisser tranquille jusqu'à la fermeture ?*

Mescaline n'avait strictement aucune idée de l'heure qu'il pouvait être. La foule se faisait toujours aussi dense au dessus d'eux. Les claquements de talons retentissaient plus fort de temps à autres, mais l'atmosphère de la pièce était plutôt calme. Un silence à la limite de l'effrayant s'était imiscié entre les deux personnes. La Belle crut même percevoir un scintillement dans l'oeil du garçon. Lorsqu'elle révéla son état d'âme, elle ne put voir la réaction de Torin. Il avait un coeur de pierre, elle en était certaine. Mais un Mangemort à l'eau de rose ne serait que trop peu efficace. Elle-même ne se connaissait pas vraiment elle-même. Elle avait toujours vécu avec ce qu'elle savait de son existence et n'avait jamais cherché ce qui n'allait pas. Mais depuis sa plus tendre enfance, elle ne faisait que des choses étranges. Des choses horribles même. Plusieurs fois, elle avait tué les animaux de compagnie de ses jumeaux de frères, par pur plaisir. Elle s'était forgé une réputation de "folle" lorsqu'elle allait à l'école. Même à Poudlard... Mais elle se contrôlait lorsqu'elle le pouvait et faisait tout pour exercer ses activités morbides en dehors du collège, histoire de ne pas faire de tort à Serpentard et à tous ceux qui l'entouraient. La Belle n'avait jamais été de nature trop agressive. Elle agissait toujours après réflexion. Du moins... Quand ses sens n'étaient pas perturbés. Le jeune Torin se tenant à ses côtés lui avait fait dire des choses qu'elle n'aurait peut-être pas dû dire.

- On reste, alors, se contenta de répondre Mescaline à la question de l'homme.

Le temps défilait. Dire qu'au début, la jeune femme voulait simplement s'assurer qu'il était bien Mangemort. Maintenant, au moins, elle le savait. Mais ils allaient devoir attendre encore des heures dans cette pièce close. L'odeur des sucreries se fit à nouveau sentir. La Belle respira lentement l'air, savourant chaque bouffée...



[Je te laisse le champ libre pour la suite du récit ]

L'obscurité... N'est-ce pas une chose merveilleuse lorsque l'on sait ce qu'elle peut receler. Contrairement à la lumière, elle laissait paraître maintes choses aux mortels qui, privés de la vue, avaient recours à leur imagination. C'était l'une des raisons pour laquelle le Nox de la novice fut bien accueillit par Torin. Au moins la lumière émanant de la baguette ne risquait plus de l'éblouir, il pouvait ainsi mener un jeu plus amusant. Peut-être suprendre la belle brune en se glissant silencieusement à ses côtés dans le but de la faire sursauter. Il y avait certes peu de chances que cela fonctionne, aussi cette idée s'echappa rapidement de son esprit.
Le mince silence, seulement percé par les intempéries et la foule à l'étage laissa bientôt place à la voix de Mescaline, allant toujours plus loin dans ses révélations. Il avait suffit d'une phrase aux airs compatissants pour qu'elle explique ce qui était réellement arrivé, le fait qu'elle eut été la meurtrière de son propre père. Malgrès ce qui avait bien pu se passer, Torin ressentit un élan de sympathie pour la demoiselle, elle avait osé passer à l'acte. Le mangemort s'imagina un instant le jour où lui tuerait son père, ce qu'il pourrait bien ressentir, mais tout était trop flou pour qu'il le sache réellement. De plus, la voix de la sorcière vint perturber ses songes, exigeant à son tour qu'il lui parle de lui. Mais que pouvait-il révéler qui ne soit pas confidentiel? Son regard s'était assombrit alors qu'il s'apprétait à répondre, même s'il était dur de le voir.

« Je crois que tu l'as mérité. Si c'est de mes origines que tu veux entendre parler, eh bien mon sang est pur. Ce qui n'est pas le cas de certains de mes frères et soeurs. Ils auront le châtiment mérité en temps voulu... »

Cela était suffisant. Torin avait éprouvé une certaine fièreté en parlant de son sang comme s'il avait été d'une pureté irréprochable. N'était-ce pas le cas maintenant? Si. Il n'avait pas été compliqué de deviner dans le ton de sa voix quel genre de destin il réservait à ses frères et soeurs, Lord Voldemort avait été clair. Cependant, il avait évité d'évoquer ses parents, ceux dont il était encore plus écoeuré que ceux qu'il appelait encore pour on ne sait quelle raison ses frères et soeurs. En esperant que la novice n'en demande pas plus, mais pour cela il faudrait changer de sujet...
Ce que Torin n'eu pas besoin de faire puisqu'un son, semblable à celui qu'il avait assimilé au verrou de la trappe, venait de retentir. Son regard se dirigea -en dépis de l'obscurité- vers l'entrée des lieux. Sa main posée sur sa baguette au cas où, il attendit san faire de bruit. Mais personne ne fit son apparition. Il faut dire qu'avec tous les cartons transportés par la vendeuse, s'ils n'avaient pas assez de stock c'est que tout ce rafut à l'étage signifiait qu'ils venaient d'être dévalisés. Ce qui était fort peu probable. Donc pas d'inquiétudes pour le moment, et même si quelqu'un venait à descendre, entre l'obscurité et l'entassement de caisses derrière lequel ils avaient choisit de s'installer, il serait facile de passer innaperçut.

C'était décidé, suite à la confirmation de la brune, ils restaient ici pour le moment. Et si la faim venait à se manifester, étant donné la quantité de nourriture stockée dans le lieux, ils n'auraient aucun mal à s'organiser un repas tout ce qu'il y a de moins ordinaire. Les friandises n'étant pas le fort de Torin, cela ne l'empêchait pas de s'en repaître si necessaire, leur goût n'était pas non plus repoussant.
Mais pour le moment, ce n'était pas des bonbons qu'il voulait. Il avait tenté une approche infructueuse, la novice ne semblant pas vouloir se mêler à son petit jeu. Heureusement que le mangemort n'était pas du genre à abandonner aussi vite. Aussi futile pouvait paraître l'amusement pour un être comme lui, cela n'empechait pas qu'il aime profiter de certaines situations. Ainsi son regard avait quitté la trappe pour de nouveau se poser vers Mescaline. Il se rappela à cet instant qu'il avait oublié de lui poser une question, ce qui était l'occasion idéale pour retenter une approche. Mais il serait plus suggestif cette fois-ci. Il était persuadé de pouvoir l'envouter à son insu et tenait à s'y essayer dès maintenant.

Torin se leva donc de la caisse où il s'était assit précédemment. Il fit mine de s'étirer, de se dégourdir les jambes quelques instants. Après quoi il se dirigea vers la demoiselle, debout face à elle qui était restée assise contre son mur. Il ne comptait pas s'y prendre comme lorsqu'il avait voulu la faire parler, il aurait été sûr de se faire repousser. Alors il vint finalement s'asseoir à ses côtés, s'adossant lui aussi contre le mur. Il avait choisit de s'installer à une moindre distance, tournant la tête vers elle pour tenter de la discerner à l'aide d'un très mince rayon de lumière traversant le plafond, plus loin.
Son visage, bien qu'il soit à pein visible, avait prit un air étrange, celui du prédateur, sans pour atant inspirer la menace. Il prit soin de faire patienter la demoiselle avant de lui adresser la parole. Il en profita d'ailleurs pour glisser silencieusement sa main, avec discretion et lenteur, vers la cuisse de sa proie. Le contact s'effectua peu à peu, pressant légèrement le textile pour percevoir la peau sans pour autant y avoir accès. Mais avait que la brune ne puisse réagir, Torin porta sa bouche son oreille, comme il l'avait déjà fait plus tôt. A ceci près que cette fois-ci il s'exprima par un chuchotement à peine audible.

« Accepterais tu de me dire ce que ça fait, de tuer son propre père? Ou tu préfères... Parler de choses plus interessantes? »

En fin de compte, le Mangemort ne parut pas offusqué à l'idée que l'on puisse tuer son géniteur. Bien que la noirceur ne permettait pas bien la distinction de ses traits, la Belle put voir qu'il affichait un calme étrange. Il s'agita soudain sur sa chaise, souriant malgré lui; comme si il approuvait son geste. Si c'était bien le cas, elle n'en était que plus ravie. Lui-même avoua qu'il était de sang pur. La couleur du sang importait beaucoup à Mescaline, même si elle n'était pas sûre de ses origines. Peut-être qu'elle avait des arrières grands-parents moldus, ou autre. Torin n'hésiterait pas à la tuer sur le champ, elle en était certaine. Mais une phrase la perturba. Ses frères et soeurs. Un châtiment. Elle n'était pas sûre de pouvoir fouiller davantage dans la vie du jeune homme, et pourtant elle se risqua à taquiner le serpent.

- Comment as-tu été purifié ?

C'était la seule solution plausible dans cette situation. Il avait certain dû acquérir quelque chose pour devenir pur... La question resta en suspens dans l'air. Ce n'était qu'une simple curiosité de la part de la novice. Elle espérait avoir une réponse, car si, comme elle le redoutait, elle n'était pas elle-même une sorcière de pure souche, elle risquait gros auprès du Seigneur des Ténèbres. Il valait mieux qu'elle trouve une faille à exploiter...
Un silence tomba à nouveau, celui-ci plus gênant que les précédents. Heureusement, il fut assez bref. L'homme s'était levé, il fit un rapide tour de la salle histoire de s'étirer et de faire quelque peu fonctionner ses jambes. La Belle se contenta d'étendre les siennes - chose tellement appréciable après être restée longtemps sans bouger - et leva les bras au plafond en serrant les poings. C'était son petit rituel du matin... A croire qu'ils venaient de se réveiller. Lui, s'approchant avec un malin stratagème, elle, ramenant à nouveau ses talons contre elle, ils se turent. Torin se trouvait à présent debout devant elle. Mescaline lui sourit, levant les yeux pour essayer de le voir. Il semblait attendre quelque chose de sa part, mais la jeune femme ne broncha pas, continuant de le regarder avec un petit sourire innocent en coin. Il finit par se déplacer et s'assit à ses côtés. Elle tenta de ne pas lâcher ses yeux du regard tandis qu'il détaillait son visage. Elle dessina mentalement son visage dans les airs, observant les moindres battements de cils, le plus petit frémissement de sa bouche, le contour de sa mâchoire. Il n'était pas simplement charmant, il était beau comme un dieu. Mais lui était bien vivant, un air de guépard suspendu à ses traits. Comparé à leur premier contact, il ne paraissait pas effrayant. Soudain, elle sentit la main glacée de l'homme se poser sur sa cuisse. L'obscurité ne l'empêcherait pas de ressentir le léger sursaut qu'eut Mescaline à ce contact, pourtant si agréable. Elle ne le repoussa pas, et il vint à nouveau lui parler dans l'oreille, comme il l'avait fait précédemment.
Un souffle chaud se propagea dans sa chevelure et un chuchotement la fit sourire. Elle ne put s'empêcher d'éprouver un sentiment de bien-être. Oui, elle avait tué son père et elle était fière de porter ce soi-disant fardeau.
Elle pouvait en dire quelques mots à Torin, qui semblait attiré par ce sujet. Ils auraient à nouveau le temps de parler de choses plus intéressantes.

- Tuer son père... Beaucoup de gens diront que c'est horrible. Pour moi ça a été une victoire. En plus ce n'était pas par la magie, mais avec une lame bien réelle, ce qui a rendu le moment bien plus apaisant. Un Avada Kedavra est efficace, mais ce n'est pas un bon sortilège quand on désire faire souffrir autant que l'on a souffert... Mais je peux te dire que c'est... Grisant. Plus que tout ce que j'ai déjà vécu. En plus, ce simple geste a fait naître en moi une passion pour la dissection, l'anatomie et un peu pour la taxidermie...

Elle eut une pensée pour sa chambre - véritable musée d'horreurs - dont les murs était tapissés de peaux d'animaux, de photographies morbides et dont le bureau était recouvert de paperasses - genre : dossiers d'études et autres bouquins sur l'anatomie que son professeur de biologie lui avait conseillé. Elle reporta son attention sur le Mangemort, dont les yeux semblaient encore et toujours luire dans l'obscurité.

- Qu'est-ce que tu entendais par "choses plus intéressantes" ? demanda-t-elle avec un discret sourire au coin des lèvres.

La main de Torin n'avait pas bougé de là où elle était et Mescaline dû, pendant un instant, contrôler sa respiration. Elle ne savait pas trop ce qu'elle devait penser. Elle se décida à saisir la main du Mangemort entre le pouce et l'index, regarda le Mangemort avec le même rictus, et se leva, sa cape tombant à nouveau de ses épaules. Elle rejeta en arrière ses longs cheveux noirs. Elle passa sa main sur l'un des cartons.

"Chocogrenouilles" était inscrit sur l'emballage, ainsi que sur tous les autres.

Ses préférés, pour sûr. Mais à cet instant précis, elle n'avait aucunement envie de ces petits amphibiens fondants, mais de chair humaine. Rien de commun avec le cannibalisme. Elle tourna la tête pour reporter son regard sur l'ombre inquiétante que formait le corps de Torin, tapie dans l'ombre tel un prédateur...

Torin avait espéré que la brune ne lise pas entre les mots, mais c'était chose vaine et très vite une question gênante arriva. Elle venait de déduire qu'il avait autrefois un sang impur du fait que les autres enfant Bower soient dans ce cas. Pourtant il avait bien fait la différence entre eux et lui. Il avait maintenant deux solution pour rattraper son erreur. La première était de mentir en disant qu'il ne s'agissait que de demi frères et demi soeurs et la seconde était d'être sincère. Cela ne l'empechait pas d'enjoliver le récit et de mettre un point d'honneur sur le fait que maintenant la pureté de son sang soit incontestable.
L'envie de ne pas évoquer un passé lui faisant honte l'emporta. Il devait tout simplement esquiver la question, ce qui ne serait pas compliqué. Il ne mentirait pas non plus, enfin pas en apparence si l'on pouvait dire ça. Ce fut donc d'un ton sans appel qu'il répondit.

« Je n'ai jamais dit que j'étais né impur. »

Ni qu'il était né pur. Mais la fermeté de son ton montrait qu'il ne désirait pas épiloguer. Le silence s'était ensuite instauré, propice à quelques dégourdissements musculaires. Au travers de l'obscurité, Torin avait cru discerner un sourire sur le visage de la novice. Il esperait bientôt savoir ce qui en était la cause mais en attendant il continua son petit jeu. Ainsi il avait glissé sa main sur la cuisse de la belle, un petit rictus passant sur son visage en sentant le sursaut. Mais à quoi était dû ce dernier? Peu importait tous comptes faits.
La demoiselle répondit ensuite à sa question. En plus de dire ce qu'elle pensait du meurtre de son père, elle expliquait comment elle avait procédé, ce qui donna à réflechir à Torin. En effet, une lame faisait certes plus souffrir qu'un Avada Kedavra, mais si elle allait dans ce sens-là, le Doloris aurait été plus approprié. Enfin, ce n'était pas la manière dont elle avait procédé qui importait, c'était d'avoir une idée de ce que l'on pouvait bien ressentir en commettant un tel meurtre. Elle disait ensuite que cet acte était grisant, lui ayant donné un certain goût pour des pratiques plutôt glauques. Finalement tout ceci n'était pas suffisamment divertissant à entendre, ce à moins que part dissection elle entende ouvrir les corps à vif, ceux des humains impurs. Peut-être aurait-il un jour l'occasion de la voir à l'oeuvre.

Lui savait qu'il n'en serait pas de même lorsqu'il assassinerait son propre père, il ne l'avait pas fait soufrir, loin de là, contrairement à celui de la brune. Ce n'était en fait pas comparable et par chance Mescaline changea de sujet. Alors qu'il avait décalé sa bouche de l'oreille, il vit qu'elle le regardait à nouveau, mais pour poser une question. Il remarqua malgrès l'obscurité les traits féminins se mouvoir en un sourire. Sans doutes avait-elle déjà une idée mais voulait l'entendre de la bouche du mangemort.
Il sourit également en un rictus mysterieux, elle verrait bien. Puis, alors qu'il allait pour mouvoir sa main lentement contre la cuisse de la demoiselle, quelque chose l'en empecha, venait-elle de le repousser ou ses intention étaient autres? Quelque peu dérangé, Torin l'observa se lever sans bouger d'un centimètre. Il se demanda en la voyant poser la main sur un carton si elle n'allait pas dérober plus de friandises que lorsqu'ils étaient dans la boutique, mais elle ne semblait pas daigner ouvrir l'une des nombreuses boites. Au lieu de ça elle reporta son regard sur le mangemort.

Torin se leva à son tour, restant un instant adossé au mur. Il soutint le regard de la demoiselle au travers de la pénombre et s'avança lentement pour découvrir sur quelle boîte elle avait posé sa main. Des chocogrenouilles. Comptait-elle vraiment improviser un repas maintenant? Il tenait à rappeller sa présence, continuer son petit jeu jusqu'à l'attirer dans ses mailles.
Ainsi, il se détourna, marchant avec une lenteur extrême pour finalement passer dans le dos de la belle bune. De là, il s'arreta. Il fixa la longue chevelure quelques instants. Puis il y fit glisser le revers de sa main, avant de poser cette dernière sur l'épaule de la novice. Il exerça ue certaine pression pour la forcer à se détourner des caisses de chocogrenouilles, afin d'avoir toute son attention. C'est seulement maintenant qu'il daigna répondre à propos de la question sur les choses qui seraient plus interessantes .

« A toi de voir... »

L'homme n'était pas idiot, pour sûr. Mais la prétendue menace qu'il représentait ne faisait - pratiquement - aucun effet sur la Belle brune. Elle le regardait à travers la couche sombre d'obscurité, tentant toujours de discerner les contours de sa silhouette. L'affirmation qu'il lança quant à son sang glaça celui de Mescaline. Il mentait, certainement, mais elle préféra ne rien rajouter à ce propos. L'air redevenait étouffant. La météo n'avait rien à voir avec ces brusques changements de température, ni même la foule qui s'amassait au rez-de-chaussée. La masse de chair constituant son propre corps était glacial, tout comme son sang, et ce en permanence. La raison probable pour laquelle sa mère la surnommait la couleuvre, bien qu'elle fut à Serpentard. Elle regarda le bel homme se lever de son caisson. La main sur la cuisse l'avait mise légèrement mal à l'aise, comme perturbée par un de ces gestes qu'elle appréciait tant. Son sursaut avait certainement été dû à la froideur de la main du jeune homme, ou alors simplement au fait qu'elle ne s'attendait pas de cela de la part de quelqu'un comme lui. n'empêche qu'elle ne pouvait qu'apprécier. Elle plissa les yeux tandis qu'il se dirigeait vers elle, mais même si sa tête était dirigée vers Torin, elle lui tournait toujours le dos.

Que dire de plus ? Certains gestes ne trompaient pas et se suffisaient à eux seuls. Elle n'envisageait pas de remettre la question du sang sur la tapis. Les descriptions de la mort de son père la fascinaient et l'absorbaient totalement lorsqu'elle en parlait. Mais elle ne pensait pas que un récit trop poussé plairait à Bower. La Belle détourna le regard lorsqu'elle put capter celui du Mangemort, d'un gris d'acier, pourtant extrêmement sombre.

Lorsque Mescaline demanda le sujet de conversation qu'il voulait aborder, il resta silencieux. Mais elle pu aisément distinguer le fin sourire étrangement charmeur se dessinant sur ses lèvres. Elle avait conservé son petit rictus et s'était détourner vers une montagne de cartons remplis de friandises. Elle regarda l'étiquette et entendit Torin s'avancer lentement vers elle, claquant ses talons doucement sur le plancher. Lorsqu'elle sentit un bloc de glace se promener sur son épaule, elle ne broncha pas, mais soupira discrètement de contentement. La main finit par se poser, et elle sentit la pression exercée par Torin. Selon les intentions du jeune homme, elle se retourna, faisant face au Mangemort.

" A toi de voir..."

Elle ne put pas faire grand chose, si ce n'était découvrir des dents blanches en un sourire aimable.

- A moi de voir ? Possible que je te déçoive...

Le regard de son interlocuteur était sûrement hypnotisant. Il devait avoir un pouvoir, peut-être avait-il utiliser le fameux philtre de séduction ou d'amour avant de sortir du repère. Mescaline n'était pas tellement du genre à se laisser embobiner par les hommes. Elle savait que ce qu'elle vivait n'était qu'un jeu et qu'elle était devenue, en deux quarts d'heure, l'adorable jouet de Bower. Elle savait qu'à peine avoir mit le pied hors de cette pièce, ils ne se reverraient plus dans des conditions aussi idéales. Ils ne se croiseraient uniquement pendant les missions, et ce serait à peine si il lui adresserait à nouveau la parole. Elle cogita ces pensées durant quelques secondes et finit par abdiquer. Son cerveau était toujours agité de réflexions, de pensées qui faisaient d'elle une femme réfléchie, mais qui, par la même occasion, la bloquaient dans ses actions. Voilà pourquoi elle désira ne plus penser, ne serait-ce que pendant quelques minutes.

- Mais maintenant, c'est trop tard, Torin. Tu as dit que c'était à moi de voir...

Elle s'approcha de Torin, se retrouvant à tout juste un mètre de lui. Elle hésita une dernière fois, et finit par approcher légèrement ses mains du visage du Mangemort en s'approchant davantage, sans pour autant le toucher. Ses mains vinrent s'aggriper l'une à l'autre sur la nuque de l'homme. Sa peau était glaciale, mais celle de la Belle l'était tout autant, ainsi elle ne remarqua pas de contraste entre leurs chaleurs corporelles. Mescaline était grande, son regard parvenant aisément au niveau du menton. Elle resta un petit moment, fixant le jeune Bower dans les yeux, mais elle ne fit rien de plus. Elle n'osait pas en faire des tonnes, elle n'osait pas l'approcher trop. Elle conserva son corps à une petite distance, ses bras toujours accrochés autour de son cou, seule zone de contact avec le Mangemort.
Ne sachant pas tellement si il était consentant, elle préféra le laisser faire par la suite...

La frêle épaule ne resista pas à la pression émise, la demoiselle se tournant bientôt vers Torin. Une chance qu'elle veuille devenir mangemorte car il aurait été si simple en cet instant de profiter de l'influence qu'il exerçait pour la détruire. Oui, détruire, cela lui manquait. Il ne pouvait que rarement s'épanouir à des pratiques tel la torture sur des personnes avec qui cela n'aurait pas semblé lassant. Pour ce qui était des inconnus, des innocents ignorant quel genre de monstre il pouvait devenir, il ne pouvait pas encore vraiment s'y attaquer. Lord Voldemort avait été clair, la discrétion s'imposait tant que le Ministère continuait de se montrer si naïf.
Il fallait donc combler ce manque de loisirs par d'autres activités, non moins divertissantes... L'occasion de se divertir ne se présentait que rarement en cette periode et Torin était loin de se douter que sa journée s'acheverait ainsi, dans la réserve de Honeydukes. Il s'était déjà ennuyé un certain temps à discuter avec ce vieux membre du Magenmagot et ne pensait pas que les choses s'arrangeraient quand il rentrerait au manoir. Il devrait probablement prendre le relai et s'occuper à son tour de ce stupide nourisson qu'était sa soit disant soeur, si elle venait à pleurer. Mais le destin en avait décidé autrement, il était entré dans cette boutique, avait croisé cette novice, l'avait suivit. Oh son père serait certainement furieux losqu'il rentrerait car il avait dit être de retour en milieu d'après midi, mais qu'importe? Bientôt cet idiot ne serait comme cette moldue qu'il avait épousé qu'un abject souvenir, et l'on rirait sur sa tombe. Il pouvait bien encore montrer son mécontentement tant qu'il vivait, cela n'affecterait pas Torin. Non, il n'allait pas laisser passer une si belle occasion de se divertir...

Et la belle occasion lui répondit bientôt en souriant, craignant de le décevoir. Tout dépendait du genre de décéption à laquelle il fallait s'attendre, Torin n'aimait pas perdre à ses propres jeux. Il se pouvait aussi que les mots de la novice ne soient qu'une douce taquinerie, aussi haussa-t-il les sourcils, presque intrigué. Mais la réponse ne vint pas tout de suite, la belle brune semblant réfléchir plus murement avant de se décider. Le mangemort en profita pour la fixer avec plus d'intensité, tentant de faire fondre la glace qui pouvait bien la refroidir et ainsi aiguiser la lame de la victoire.
Après quelques secondes, la voix du triomphe s'éleva de nouveau, avec des mots toujours aussi enigmatiques. La belle se décidait à prendre les rennes, disant presque imposer sa décision. Fallait-il esperer que cette dernière soit la bonne car une fois trop proche, elle ne pourrait plus reculer. Et si elle le tentait, qui sait ce qui s'ensuivrait... Torin préferait ne pas jouer aux devinettes et se focaliser sur l'instant présent, prêt à accueillir celle qui s'approchait encore. Le contact qu'il attendait ne s'effectuait pas encore, ses yeux metalliques se posant tour à tour sur les deux mains qui ne se trouvaient qu'à quelques centimètres de son visage. Il semblait chercher à les attirer pour en diriger les mouvements. S'approprier l'espace d'un moment celle qui lui faisait face, sentir ô combien la faiblesse des femmes les rendait vulnérables, malléables. Des marionnettes dévouées si l'on savait s'approrier leur volonté...

Ce qui se produisit en cet instant, lorsque les deux mains de la novice se rendirent sur sa nuque. Oui, rendre était le verbe approprié car il s'agissait là de sa victoire. En sentant le contact des mains fraîches contre sa peau, le mangemort esquissa un léger rictus, satisfait. Il attendait plus mais le demoiselle semblait timide, au point de ne même pas venir resserer son corps contre le sien. Cela avait quelque chose d'amusant, la voir ainsi suspendue à son cou, le fixant pendant que lui penchait légèrement la tête pour mieux lui rendre son regard. Il aurait très bien pû ne pas faire un geste de plus et la laisser ainsi pour se moquer du vice qu'était cette faiblesse. Mais lui aussi était emprunt à un vice, celui de la chair qu'il aimait à sacager ou quelquefois simplement à parcourir.
À cet effet, sa main vint discrètement se glisser dans le dos de la belle brune, se plaquant au bas de ce dernier pour supprimer les derniers centimètres les séparant. Il exerçait une certaine pression pour la maintenir tout contre lui, en profitant pour ensuite déplacer sa seconde main, restée sur l'épaule de la novice. Il la glissa sous le menton de cette dernière pour lentement le relever un peu plus haut. Après quoi il pencha sa tête pour dominer celle de sa partenaire, leurs visages proches, le regard du mangemort perçant celui de sa proie. Puis il murmura.

« Tu sembles pourtant indécise... N'aie pas peur. »

Le rictus qu'il avait auparavant esquissé devint sourire, ses traits étaient encore doux mais semblaient peu à peu vouloir laisser place à la perversion. Ce qu'il s'efforça de masquer par un unique geste. Sa main glissa du menton vers l'arrière du crâne de la demoiselle, l'englobant sans se soucier de l'épaisse cheveulure, se mêlant à elle. Et tout comme il avait préssé le bas de son dos pour la faire venir à lui, ce fut le visage de la novice qu'il attira dans ses mailles, ne lui laissant pas une seconde répis pour venir joindre ses lèvres aux siennes.
Cela n'avait rien de ces baisers tendres typiques des jeunes couples insouciants, Torin était bien plus ferme, un tantinet fougueux et imposant. Il était clair que ses gestes n'étaient pas dirigés par un quelconque sentiment, mais un instinct presque primtif. Ainsi sa main se recroquevilla telle une serre pour empoigner quelques cheveux, prendre un peu plus de contrôle et commencer à diriger la tête de la belle brune. Puis légèrement la tirer en arrière pour cesser brutalement de l'embrasser. Cette fois elle pourrait parfaitement distinguer les traits du mangemort, ceux du prédateur s'apprétant à donner le coup de grace à sa proie. Il profita de ce répit pour glisser son autre main plus bas, quittant le dos de la novice pour rejoindre des formes plus généreuses, continuant de la presser contre lui. Ses yeux quant à eux ne lachaient plus ceux de la belle brune, attendant de voir quelle serait sa réaction à ce premier contact.

Suspendue au cou du Mangemort, Mescaline attendait une réponse de l'homme, et ce sous n'importe quelle forme. Il parut hésiter un court instant, quelques secondes qui parurent extrêmement longues aux yeux de la Belle. Elle ne bougea pourtant pas plus de là où elle était. Elle n'aurait pas tellement pensé atterrir en ce lieu, entourée de poussière, de marchandises en grande quantité et en compagnie de ce Bower. Elle était venue chez Honeydukes, espérant simplement pouvoir repérer, fouiner et récupérer quelques biens qui ne lui appartenaient pas, ce qu'elle adorait faire régulièrement. Elle n'avait pas suspecter de finir ici. Rien de déplaisant, bien au contraire. Elle était au cou d'un beau jeune homme, et elle comptait bien en profiter. Lui devait penser qu'il allait l'avoir, qu'il était aisé de l'attraper dans ses filets. Mais Mescaline était tout de même rusée. Elle ne savait pas où cela la mènerait et c'était cela plus que tout qui l'attirait. L'affront de l'inconnu, l'attraction irrésistible de ce qu'elle n'avait encore jamais côtoyé. Bien sûr, des conquêtes, elle en avait eu et ne s'amusait plus à les compter. Mais cet attrait, celui du danger - s'en prendre à un Mangemort n'était pas de tout repos - elle ne le connaissait pas. Peut-être était-elle en train de céder à la tentation, mais la seule chose qui la rassurait était que Torin, lui aussi, était en train de céder. Autrement, il aurait certainement eut mieux à faire que de rester des lustres avec la Belle...

En attendant, il ne s'attarda pas trop longtemps à la contempler de haut, jaugeant un instant sa posture pour le moins incommodante. Il finit par passer au stade supérieur. Mescaline sentit sa main se poser au bas de son dos, la fraîcheur agréable de sa peau traversant facilement le tissus. Il l'approcha de lui, collant leurs deux corps. Elle pouvait difficilement imaginer meilleur scénario. Les deux partis du même camp, se rejoignant dans un endroit très improbable, et se rapprochant à un tel point.

"N'aie pas peur."

Peur ? C'est ce qu'il pensait... Mescaline haussa imperceptiblement les sourcils. Savourant ce moment d'approche douce et brutale à la fois, elle se laissa diriger, sans aucune résistance. Il empoigna ses cheveux à l'arrière de son crâne et approcha lentement ses lèvres des siennes, sans les toucher. Certes, depuis le début de l'entretient, Mescaline n'avait pas eu cette unique pensée, et contrairement aux apparences, elle n'avait pas espérer que ce moment viendrait. Au tout début, cette escapade originale vers le fin fond de chez Honeydukes avait pour seul but de connaître l'identité du bel inconnu. Elle était certaine de le connaître de par le repère des Mangemorts, mais cette certitude ne lui avait pas suffit. Elle l'avait entraîné par le bout du nez dans cette cave sinistre et ils... avaient révélé les plus grandes parties de leur vie, au plus vite pour passer à la suite.

Une expression étrange rôdait sur les traits du jeune homme. Un mélange d'envie, d'excitation qu'il essayait de masquer, mêlées à la brutalité de l'homme. Elle se considérait elle-même comme la proie de Torin, et lui était son prédateur favori, bien qu'elle détestait royalement être contrôlée et dominée par un individu. Elle envisageait assez mal la rébellion et la force avec Torin, soit. Elle opta pour plus de soumission. Si il lui en laissait l'occasion, elle n'hésiterait pas à prendre le dessus. Au moment clé, il appuya sa poigne sur la chevelure noire de la Belle, la contraignant à avancer sa tête et à lui donner un baiser. Émettant une légère résistance au début, simplement destinée à raviver davantage la flamme qui dansait en lui, elle s'avança ensuite presque brutalement pour poser ses lèvres pulpeuses sur les siennes, fines et tendres. Le baiser fut fougueux, sensuel, et bref. Un baiser comme les femmes les aimaient. Ce fut Torin qui y mit fin, tirant d'un coup sur les mèches de Mescaline, lui imposant ensuite le recul. Leurs visages se trouvant toujours à quelques centimètres l'un de l'autre, la Mangemort pouvait observer les contours du visage de l'homme qui se dessinaient tels une peinture dans les ténèbres. Quel contraste, quel scène magnifiquement orchestrée... Les joues de Mescaline se fendirent en un sourire léger, puis plus appuyé, et se transforma finalement et discrètement en un rire démentiel. Elle plongea son regard à nouveau dans celui de Torin, et tous ses traits retrouvèrent leur gravité et leur calme.

- Crois-tu vraiment m'effrayer, Torin ? J'en ai connu de pires que toi. Beaucoup plus sauvages, beaucoup plus... agressifs.

La jeune femme n'en sut pas la raison, mais elle éprouvait un profond désir de provoquer l'homme qui se trouvait en face d'elle. Elle aimait le risque et avait envie de prendre ce risque, même si elle ne savait pas vraiment de quel risque elle voulait parler. Elle regarda à nouveau brièvement les traits sculptés du garçon et reporta ses yeux dans les siens. Sa tête légèrement penchée en arrière, elle guettait le moindre geste dans une position peu agréable, mais elle n'y prêtait pas attention. Après avoir parlé, elle s'empressa d'ajouter d'un ton serein :

- Pas si mal, pour un jeune garçon comme toi...

Elle dégagea lentement sa main de la nuque de Torin et la laissa se promener sur sa joue, caressant délicatement la douce peau qui lui servait de couverture. Couverture à une âme toute aussi noire que la pièce où ils se trouvaient. Elle parvint à desserrer l'étau qui lui maintenait la tête en arrière, ne voulant pas éloigner son corps de celui du Mangemort. Une mèche fut ramenée par un mouvement brusque sur la tempe de la Belle. Elle observa un instant la réaction du jeune homme, continuant à balader sa main sur son joue et la fit finalement glisser sur sa gorge, approchant à nouveau ses lèvres. Elle les déposa doucement sur la commissure de celles de Torin, fixant encore et encore ses pupilles argentées et métalliques.

L'espace d'une seconde, Torin avait cru que la belle tenterait de le repousser, emettant une resistance alors qu'il attirait sa tête vers la sienne. Il s'apprétait à forcer un peu plus pour lu faire comprendre qu'arrivée ici, elle ne pouvait plus se dérober, mais la novice prit elle même l'initiative de plonger ses lèvres vers les siennes. Rien n'était sûr pour le moment mais ce petit avant-goût de resistance tentait à prouver que la demoiselle était taquine, ce à moins qu'elle hésite encore. Le savoir-faire du mangemort lui prouverait qu'elle n'avait aucune raison de résister, il en avait fait fondre de plus glaciales.
Il lui avait ensuite fait don de ce baiser, montrant clairement son intention de tenir les rennes. Ce bien sûr sans négliger l'aspect savoureux qu'offrait la bouche de la demoiselle. C'était presque pour la laisser sur sa faim qu'il avait interrompu le contact fougueux, contemplant par la suite le visage de sa proie. Il y dinstinga dans l'obscurité un sourire pour ensuite entendre un léger rire qu'il trouva agaçant. La situation pretait-elle à rire? Torin fixait la belle dans le blanc des yeux, esperant y voir revenir le serieux. Ce qui fut bientôt le cas tandis que leurs regards entraient en confrontation directe.

Et la belle parla, le provocant au sens propre du terme. Avait-elle encore vu quoi que ce soit de lui? Elle n'en savait rien et ne faisait que s'aventurer sur un terrain dangereux en s'adressant à lui de la sorte. Il aurait très bien pû la retenir et la soumettre à sa volonté lorsqu'elle s'était retrouvée coincée entre lui et le mur plus d'une vingtaine de minutes auparavant. S'il l'avait fait, elle n'aurait pas eu le culot de jouer ainsi l'effrontée avec lui. Elle ne payait rien pour attendre. Si elle préferait l'affrontement au rapprochement, cela n'en serait que plus amusant... Et plus naturel, car maintenant que Torin la savait en sa possession, aussi provocante soit-elle, il pourrait agir en répondant à cet instinct belliqueux. Contrôlé par cette haine paradoxale éprouvée à l'encontre du sexe faible.
Agacé par la provocation, son rictus s'était fait plus mauvais, la poigne de ses deux mains se renforçant. Voyant les yeux de la belle glisser sur son visage, il voulut objecter pour attirer de nouveau son regard dans le sien. Mais elle le devança, reprenant rapidement la parole pour ajouter une nouvelle raillerie. Qui avait parlé de jeu? Essayait-elle d'entrer en compétition, le prenant pour le novice alors qu'il s'agissait d'elle? Il ne la laisserait pas faire. Elle risquait même de regretter de s'être exprimée ainsi. Mais pour l'instant il ne laissa rien paraître, desserant finalement sa poigne pour lui laisser croire qu'il abdiquait, lui répondant sur un ton glacial.

« Si j'étais toi, je ne m'aventurerai pas à faire des conclusions trop hâtives car il se pourrait bien... Que tu le regrettes. »

Il ne passa cependant pas tout de suite à l'action, attendant le moment opportun pour réveler une nature plus bestiale. Torin laissait pour le moment sa proie s'amuser avec son visage, restant de marbre au contact de cette douce main, ses yeux en suivant simplement le déplacement. Ayant relaché sa poigne, il s'était attendu à ce qu'elle cherche à se libérer, ce qui se produisit lorsqu'elle rapprocha sa tête de la sienne. Son regard se posa un instant sur la mèche retombée lors du mouvement tandis qu'il la laissait toujours plus avancer, sans effectuer le moindre geste... Jusqu'à ce que succombant, elle repose ses lèvres sur les siennes, le mangemort sentant la fine main se glisser sur sa gorge.
Elle l'avait jugé peu agressif? Lourde erreur car alors qu'elle entamait un nouveau baiser, il dévoila ses crocs qui s'emparèrent de la lèvre inferieure, empêchant ainsi la belle de se débattre alors qu'il soutenait son regard. Il laissa la chair pulpeuse glisser entre ses dents jusqu'à ce qu'elle s'en échappe. Puis il se désinteressa rapidement du visage de la belle, ce n'est pas en l'embrassant qu'il affirmerait son agressivité.

Empoignant de nouveau quelques cheveux sur la gauche de son crâne, il tira sechement vers la droite de manière à liberer le passage vers le cou de la novice. Sans hésiter il y enfouit la tête, palpant d'abord la peau à l'aide de ses lèvres pour ensuite plonger ses dents dans la tendre chair. L'anatomie que dissimulait le derme représentait un vaste terrain de jeu composé de divers muscles, veines et tendons, le mangemort s'amusant bientôt à mordre l'un de ces derniers pour faire mine de l'arracher sans y parvenir, se souciant peu de la douleur occasionnée. Son etreinte se resserait encore sur la belle, ses deux mains venant à présent la soulever par la taille afin qu'il n'ait plus à pencher la tête pour parcourir son cou. Les yeux toujours ouverts il porta sa proie jusqu'à la plaquer violemment contre le mur le plus proche, esperant ainsi lui rappeller la manière dont il il l'avait coincée lorsqu'il avait voulu la faire parler. A ceci près que c'était maintenant pour d'autres raisons qu'il la maintenait prisonnière. D'autant plus que cette fois il ne la laisserait pas s'échapper, car ce n'était plus seulement ses bras qui l'emprisonnaient, mais son corps fermement plaqué contre le sien.
Il cessa enfin de parcourir son cou pour replonger son regard dans le sien, lui donnant le baiser qu'il avait auparavant esquivé en la mordant. Pendant ce temps ses mains avaient quitté la taille de la belle pour glisser sous la robe de satin, se faufilant à l'arrière de ses cuisse pour plus aisément la porter. Il continua de l'embrasser, de manière brutale, reculant quelquefois sa tête, la forçant à réclamer pour ensuite tenter de la mordre. Cependant le petit jeu devenait ennuyeux et tandis que sa main gauche continuait de porter la belle, la droite remonta en glissant sur le satin, jusqu'à atteindre la frêle épaule. D'un geste brusque ses doigts arrachèrent la bretelle, ses lèvres interrompant le baiser dans un même temps, le mangemort venant ensuite ecraser son front contre celui de la novice. Un lambeau de bretelle entre les doigts, il la fixa d'un air mauvais.

« J'éspère que tu n'y tenais pas trop... »

Empoignant un peu plus de tissus, il arracha d'un geste la fine robe...

La provocation... Depuis toute jeune, Mescaline se régalait à l'utiliser. Dans n'importe quelle situation, elle en usait régulièrement, à bon ou mauvais escient. Et justement, les quelques paroles censées provoquer un élan de colère ou d'autre chose, n'auraient cette fois-ci peut-être pas dû sortir de la bouche de la Belle. Quelques minutes après l'avoir embrassé, après avoir prononcé ces mots, elle sentit la main du jeune homme se resserrer encore davantage sur la poignée de cheveux qu'il tenait. Ne craignant pas spécialement les mutilations sur cette zone du corps, elle ne dit rien. Un sourire différent était ensuite apparu sur le visage de Torin, et la jeune femme n'osa pas lui répondre - ne serait-ce que d'esquisser un rictus à son tour - tellement il lui semblait menaçant.

*Tu ne risques rien* se répétait-elle à elle-même.

Pourtant, en se disant cela, elle commettait une grave erreur. La bête qui sommeillait en Torin pouvait se réveiller à n'importe quel moment. A cet instant, les battements cardiaques de Mescaline commencèrent à accélérer leur cadence. Il lui lança une phrase remplie de menaces. L'homme était là, hautain comme un serpent prêt à frapper. La femme, elle, se recroquevillait pratiquement sur elle-même tel un animal traqué, toutes griffes dehors. Elle s'aventura pourtant à promener sa main sur la joue de l'autre, et lorsqu'elle rapprocha encore son visage pour tenter de l'embrasser, un nouvel étau se referma, cette fois-ci sur la lèvre inférieure de la Mangemort. Elle plissa les yeux et fronça légèrement les sourcils. Immobilisée, elle ne put répliquer, et en ressentit une certaine frustration. Ce fut assez court, et elle ne prit pas cet acte comme une marque de méchanceté. Peut-être qu'il avait faim, et que cet amas de bonbons n'était pas à son goût. Elle le comprenait, étant donné que seule la chair tendre et bien rouge pouvait lui faire plaisir. Lorsqu'il la libéra, elle sentit un mince filet au goût de cuivre couler sur son menton. Elle y passa un doigt fin et le lécha en regardant à nouveau le Mangemort dans les yeux. Aucune douleur... Du moins pour l'instant. Car le spectacle, toutes ces démonstrations de force, venait tout juste de commencer. Torin avait l'air empli de ressources, la tête pleine d'innovations en matière de torture. La Belle ne se laissa pas abattre. Si il la torturait, le jeu ne pouvait être que plus amusant et le challenge plus excitant. Elle ne ressentait que très peu la douleur. Son enfance, en compagnie de son frère et de son oncle, avait été pire que tout. Une période de sa vie difficilement oubliable, qui avait laissé des marques physiques mais qui l'avait également rendue plus forte. La seule chose qu'elle ne supportait pas ne s'était pas encore produite. Tant qu'elle pouvait poser son regard où elle voulait, tout allait bien.

Voilà pourquoi elle s'obstinait à garder son regard bleuâtre rivé vers le visage de l'homme. Celui-ci tira le peu de cheveux qui lui restaient en main sur le côté, d'un mouvement sec et brusque. Le choc fut fort, mais sa capillarité n'en était pas affectée. La Belle observait toujours le jeune Mangemort du coin de l'oeil, et lorsque celui-ci approcha sa tête de la gorge qu'elle découvrait, elle ne put toujours pas réagir. Les muscles contractés, chaque parcelle de son corps tendue, elle s'attendait au pire de la part de l'homme. Il déposa quelques baisers sur la gorge blanche de la jeune femme et finit alors par y planter ses canines. Les cordes vocales de Mescaline se libérèrent un tant soit peu. Le contact de sa chair avec les dents aiguisées de Torin la faisait se tortiller légèrement sur place, gémissante. Bien que ce qu'elle subissait était poignant, ça ne valait pas la peine d'un hurlement. Soudain, il se passa quelque chose à laquelle la Belle s'attendait encore moins. Une douleur fulgurante et atroce se propagea dans son corps à partir du cou, où Torin avait plongé la tête. Elle voulut hurler, mais sa propre main se plaqua instinctivement sur sa bouche. Ne devant pas oublier les personnes dans la boutique, inconscientes de ce qui se produisait au dessous, la jeune Mangemort ne put que pousser un gémissement horrifié de douleur. Tous ses membres devinrent soudainement rigides, comme si un poignard lui avait transpercé le dos. Elle ne pouvait pas voir ce que l'homme lui faisait, sa vue se troublant et le regard de Torin étant toujours hors de vue.

Le calvaire prit fin, et l'homme la plaqua brutalement contre ce qui lui semblait un mur. Elle aurait juré que ses vertèbres avaient fait un saut périlleux sous le choc, mais la douleur lancinante dans son cou occupait la totalité de son esprit. Tout en cherchant réconfort auprès du mur, une quelconque chaleur, elle se demandait ce que le beau Mangemort lui avait encore réservé comme surprises. Elle ne pouvait que détester cette perspective de finir comme cadavre, mais le jeu violent qu'il exerçait sur elle était avant tout un jeu. Que pouvait-elle bien risquer en sa compagnie ? Elle avait connu des choses affreuses... Elle n'allait certainement pas se résoudre à abdiquer après avoir subit cela. C'était certainement ce que Torin désirait, mais elle n'allait tout de même pas lui donner. Le pire venait de passer. Elle avait perdu du sang. Et alors ? Il lui en restait encore bien assez. Son regard ne cessait de faire des vas et viens d'un côté à l'autre de la pièce, sautant de caissons en caissons, revenant sur Torin et continuant ainsi à faire le tour du décor. Non, elle ne cherchait pas d'échappatoire. Simplement, elle tentait de retrouver une vue appropriée à l'obscurité. Une fois qu'elle put distinguer à nouveau le beau visage du jeune homme, son corps tout entier fut empli d'une énergie nouvelle. Toujours plaquée contre le mur, Mescaline ne chercha plus à esquiver l'approche, évitant de raviver à nouveau cette obsession de la chair qu'il cultivait. Son corps contre le sien, elle chercha à savourer à nouveau ce moment d'intimité brutale et orgueilleuse. Selon elle, ce genre de jeu se jouait à deux. La femme devait être aussi libre que l'homme, mais lui ne semblait pas avoir la même vision des choses. Mescaline savait ce qui allait se passer et en avait follement envie, envie qui se mêlait à une certaine forme de rébellion.

Enfin, il la regarda lui aussi dans les yeux, cessant de parcourir sa gorge ensanglantée, là où il avait planté ses crocs. La douleur étant toujours vivement présente, elle se força à ne plus y penser et au bout de quelques minutes, la plaie la tiraillait un peu moins. L'homme se mit alors à l'embrasser fougueusement, lui rendant finalement ce baiser qu'elle n'avait pas pu avoir. Ses mains, quant à elles, avaient trouvé place sur des zones plus appropriées encore. L'une s'était placée derrière sa cuisse, l'autre venant également s'y glisser pour qu'il puisse la soulever, la collant toujours contre les briques grises du mur. Un petit jeu plaisant s'installa, mais devint rapidement agaçant... Tels deux enfants jouant à chat, ils essayaient vainement de se mordre mutuellement. La Belle sentit une des mains se déplacer rapidement sur le doux tissus que l'on appelait satin. Un bruit de déchirement lui ouvrit soudainement les yeux et elle put voir un tableau inqualifiable dont elle était le principal personnage. Torin avait l'ai menaçant et il tenait entre ses doigts la bretelle gauche de la Belle. Comme instinctivement, elle vérifia sa robe d'un coup d'oeil et masqua une partie de sa poitrine dévoilée d'un revers de main. Gênant, d'ordinaire... Mais pas dans cette situation là. La Belle se contenta d'esquisser un sourire qui dévoila un émail d'un blanc de neige. Elle regarda la bretelle, retenant toujours le morceau de satin abandonné contre sa peau.

- Je crois que je vais pouvoir m'en passer...

Ce qu'il restait de la robe fut arraché par le jeune homme et la Belle se retrouva délaissée, en sous-vêtements devant Torin. Elle-même, à peu près à la même hauteur, plaqua ses paumes sur la poitrine de son compagnon et défit brutalement les boutons de sa chemise avant de repasser ses bras autour de son cou.


[Je te laisse finalement faire l'ellipse^^]